Réflexion-débat-questionnement

  • Apprentissages première partie

     Rappeler comment on a appris-et comment on apprend encore. En insistant sur le fait qu'aucune manière ne devrait être déconsidérée  si elle amène à une création authentique... et personnelle , singulière. Marquée du sceau d'une personnalité. Ce que j'espère sinon  avoir atteint, au moins avoir tenté!
     

     

    Comment a-t-on appris ces gestes des arts du fil,lesquels, pourquoi de cette façon, et dans quelle visée ? Quelles furent nos écoles et nos maîtres, car nul n'apprend de rien-ni de personne et le terme "autodidacte" serait à reconsidérer.Un livre dont on use  est écrit par un auteur, un tuto est fait par quelqu'un!

    La première chose à poser, me concernant c'est qu'un apprentissage n'est pour moi en quelque domaine que ce soit jamais terminé+outre  ce que j'oublie -et que je dois réapprendre car la mémoire quand on vieillit  joue des tours! - ce qu'on découvre (il existe tant de techniques!et même à l'intérieur d'un "genre" -je songe à la broderie blanche ou à la tapisserie à l'aiguille  notamment- ) ce qu'on redécouvre aussi ...  pour moi je ne suis jamais arrivée à un niveau qui me semblerait "suffisant" , et j'ai soif de tout le reste ! Non pas dans un désir de "tout" savoir, c'est impossible mais de diversifier mes approches . Sans doute parce qu'en moi reste fixé ce parallèle avec les mots , les textes, l'écriture. Et que je vis l'acte de créer comme un  chemin d'errance.

     

    Dans la France de l'après guerre, où j'ai grandi, les femmes pour la plupart avaient appris à coudre à l'école ou en famille. c'était quasi une nécessaité, surtout pour celles d'un milieu social qu'on dira défavorisé.  Ce qui me veut pas dire que toutes aimaient  cela, ni que toutes étaient douées pour ce faire. Il existait déjà et j'ai deux cahiers qui en témoignent des enseignements professionnels très pointus pour celles qui désiraient en  faire leur gagne-pain  Pour les autres on apprenait souvent à l'âge dit de raison à enfiler et tenir une aiguille et à tricoter voire crocheter et même des rudiments de tissage -en ce qui me concerne sur un métier jouet marque Tssanova-, broder venait souvent en même temps pour les points basiques; point de croix en tête . A l'école on faisait des alphabets sur du canvas, mais c'est au lycée pour moi que les choses sérieuses ont commencé sous l'égide d'un professeur si sévère qu'elle  nous  terrrorisait  - en  ce cas même si j'apprends , je me sens trop contrainte  pour aimer ce que je fais, je me borne au strict nécessaire mon  imagination est repliée ! . En fait j'ai eu quelques bases de cette manière, mais c'est en expérimentant par moi-même et avec les conseils maternels,et surtout les "leçons" des magazines féminins  que j'ai appris.

    Passé l'âge des torchons et mouchoirs  à ourler (main puis machine) j'ai confectionné mes premières robes. La toute première à 14 ans,c'est celle du poème "Citron vert" dans le recueil Le Cahier débrouillé avec un tissu dont je raconterai l'histoire. On travaillait avec les patrons des magazines j'aimais beaucoup ceux de Femmes d'Aujourd'hui( que j'ai gardés) " . Apprendre à couper en respectant le sens du fil, ce qui n'était pas toujours évident dans un tissu issu d'un autre vêtement, couper, bâtir, essayer (ouille les épingles!)  retoucher, monter ... Je me débrouillais honorablement, mais sans les qualités de finisseuse des vraies professionnelles Ma mère nous  disait "fouturières".

    La machine était une Singer achetée par ma mère en Afrique, électrique, mais nous avions choisi de la tourner à la manivelle à la main,  ce qui permettait d'adapter la vitesse, même si nous n'avions plus qu'une main pour guider. J'ai toujours une timidité envers les machines à coudre, même si celle-là je savais la réparer ....Familière, comme le chat de la maison.

    J'y ai cousu des dizaines de robes pour moi et parfois pour ma soeur quand elle travaillait  et même un manteau avec poches et boutonnières passepoilées! .  Et parfois je créais même entièrement le vêtement , patron compris, tel cet ensemble pour la plage en 1970, avec lequel je pose, en frimant un peu , pour rire! 13681040 10206860130368277 4242288344786939852 n

     

     

    C'est paradoxalemet la découverte du patchwork qui m'a éloignée de la couture des vêtements. Mais c'est la couture utilitaire qui m'a donné le goût des étoffes et les restes de vêtements  de ma jeunesse (voire de celle de ma mère) constituent toujours une  partie de ma collection de  ce que je  nomme mon vocabulaire textile.

     

    Broder fut une autre aventure. Vers mes sept ans j'ai appris outre le point de croix le point de tige , j'ai raconté dans l'article les palettes d'une textilienne les fils ma passion de collectionneuse déjà pour eux (qui incluait les fils à tricoter) . C'était l'époque des napperons et les mêmes magazines fournissaient  des motifs en noir et blanc .  Puis au lycée des tabliers à carreaux rose et blanc sur lesquels il fallait broder nom et prénom en entier et pour moi c'était long !

    Pour nous bodeuses dites domestiques" apprendre à broder  c'était donc apprendre des points. A l'école je n'ai pas souvenir d'en avoir appris beaucoup sauf le point devant (ou avant),  le point arrière, le point lancé basique .. outre les explications des magazines, mon maître fut le Savoir Broder des femmes d'aujourd'hui. je l'ai toujours et je m'en sers toujours. Quand je fus créatrice de modèles je trouvais pratique d'avoir des carnets d'entraînement ou d'échantillons:

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    Chaque brodeuse a ses points de prédilection et ceux qu'elle redoute voire déteste faire ( au début j'évitais le passé empiétant ...) C'est dans ce manuel que j'ai découvert un de mes grands favoris : le point de Palestrina , celui qui a bordé bien  plus tard les blocs de mon crazy L'arlequin fou.

    Arlequin fou art textile dentelles jacqueline fischer

    en lisière de dentelle ledit point de Palestrina

     Aujourd'hui encore il  reste  un me mes favoris. j'ai découvert d'autres points "noués"  liés , ce qui permet justement d'obtenir des textures analogues et nuancées.  Le point de chausson aussi et le point d'épine ... et le feston .. Vers mes 17 ans je maîtrisais suffisamment passé plat plumetis et point de bourdon pour faire quelques initiales en broderie blanche . J'ai perdu la main et surtout l'acuité visuelle.  Je brodais avec deux fils de mouliné DMC quand on en préconisait trois, ce qui rendait mon travail plus fin. Je brodais, à l'ancienne mon trousseau (je n'ai jamais hésité à paraître démodée!) galons sur serviettes de toilettes, bouquets sur draps, nappes )

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    Nappe années 70

    Les outils étaient réduits au strict minimum pas de tambour (et qu'on  ne hurle pas si on sait que beaucoup de broderies perlées de Bretagne notamment  ont été faites ainsi (cf le livre de  Odile Le Goïc Le Guyader Manuel de  broderien°1 : le perlage  ) en tendant le tissu entre ses deux mains ce que fait aussi  parfois la brodeuse Christen Brown  Depuis j'en use pour certains points et d'autres non résolument . J'ai  noté que si je l'avoue on pointe aussi sec son nez ur une éventuelle imperfection. Mes soeurs brodeuses, débarrassez-vous donc de vos préjugés . Cette  libellule a été faite sans tambour  . Est-elle salopée ? 

    demoiselle-photo-1.jpgDemoiselle detail aile

    En revanche  j'ai utilisé un tambour pour le passé plat de ce coussin :

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    C'est selon et pour la même broderie il m'arrive de faire certains points avec  tambour et d'autres sans comme ce tableau Elégance :

     

     

    Elegance 3 jacqueline fischer broderie

    Avec et sans tambour...

    Apprendre c'est aussi  se dégager des diktats tracer ses voies personnelles y compris ans les gestes techniques.. Je n'aurais pas créé toutes ces broderies si je m'étais  oblligée à user d'outils qui ne me convenaient pas, j'ai adapté mes gestes  en  gardant le plaisir de faire qui chez moi vient d'un  sorte de "corps à corps" avec les matières.   Brodeuses mes soeurs prenez vos distances avec les conseils péremptoires. Voyez ce qui vous permet de réussir sans prendre l'activité en dégoût.   Il n'est qu'une mauvaise méthode : celle qui empêche d'avancer, d'expérimenter, qui inhibe. Non ce n'est pas vrai que l'entraînement 'normé" vient à bout de tout (et quel  profit à perdre des heures selon une méthode, quand une autre fonctionnerait mieux pour vous ? ) .  Les anciens  livres d'apprentissage signés cousine Claire dont je possède un exemplaire conseillent de remplacer le tambour par un morceau de moleskine et pourtant Cousine Claire était vraiment une virtuose!  Certaines dentelles à l'aiguille sont faites sur cartons... Au lycée nous brodions aussi sans tambour (il ya aussi sans doute quelque pression commerciale  des fabricants d'accessoires, sait-on ?) . Quant au métier , il faut de la place pour l'installer .. Certes ça vous pose en spécialiste .. mais auun outil ne donne ni la maîtrise, ni l'imagination créatrice et même certains contribuent chez certaines à décourager et donc à abandonner, alors qu'on peut tester d'autres moyens. . L'idée que seule la contrainte dépassée permettrait "l'excellence" est sans doute défendable, mais ce n'est pas la mienne et ça ne m'a nullement empêchée de créer des modèles pour des  revues. J'espère que les broderies ci-dessus et ci -dessous  et le fait que j'ai travaillé pour des magazines vous persuaderont que d'autres méthodes sont possibles et permettant un résultat convenable .  Testez et oubliez les "c'est obligatoire" . Je ne connais que deux cas où un tambour ou métier sont obligatoires : le punch needle et le point de Beauvais (ou le Lunéville) là impossible de faire autrement. 

    De même jamais  de dé. (mais parfois un sparadrap) , j'ai de très petits doigts. En revanche des aiguilles appropriées ...De  bons ciseaux . Des épingles. du fil à bâtir. Aucun gadget pour "faire gagner du temps", j'aime prendre le mien...et  ce, même quand je devais respecter des délais, à titre professionnel.Cela posé, je continue à apprendre... de diverses manières. Je ne trouve pas inutile de découvrir de nouveaux points , de nouveaux genres de "broderie" aussi et si ma vue ne me permet plus de tout  essayer-sinon réussir !  je puis au moins admirer... Mes maîtres ce sont donc le auteurs des livres, passé et présent mêlés . Je les collectionne et même si on y rerouve les mêmes points,le explications varient chaque brodeuse ou brodeur a sa manière d'expliquer, de classer voire son style . Outre les livres il ya les sites celui de Mary Corbet si souvent cité, celui de Sharon Boggon . Je passe sur les innombrables tutoriels ..en videos. J'aime cette variété d'abords et de parcours. Sur les livres de broderie avec lesquels j'ai appris on peut lire sur ce lien quels sont mes favoris.

     

    Je n'ai pas baucoup en revanche, pratiqué la broderie machine sauf pour un usage des points décoratifs, j'en parlerai dans l'article suivant consacré au patchwork.

    Un souhait pour finir -voeu pieux s'il en est-  : que le fait de ne pas savoir coudre ni broder ne soit pas  considéré comme une  forme supériorité en art textile.  on vous expliquera soit qu'il faut savoir  surtout dessiner graver et peindre pour exceller en textile , ou bien encore qu'il faut désapprendre ci ou ça  . Pour moi - j'estime qu'aucune ignorance n'est utile et que toute technique sert à mon expression et étant une artiste textile dans le sens où fils et tissus sont mes matériaux de base, absolumet fondamentaux, et nécessaires autant que suffisants ,  je ne vois pas en quoi la maîtrise de de ce qui permet de créer avec ces matières serait une moins value, d'autant qu'elle est mutltiple, variée et qu'au bout de 40 ans rien que dabs ce domaine-là il me reste encore et toujours à apprendre.  ..Or si on considère ce qui est primé, exposé, les discours autour de cet art, ce qui a le vent en poupe, est coté on s'aperoit que si ce n'est pas une moins value avouée, c'en est une insidieuse(evidemment savoir coudre , ça ne fait pas  contemporain !) . J'ajoute j'admire les savoirs autres qui permettent de magnifiques mixed media. meme si on y cherche parfois ce que justement le textile y dit .   Mais j'ai toujours senti à l'égard de mon tout fils tout tissu comme une sorte de condescendante réticence.qui par miracle s'atténue quand je montre ma polyvalence (je ne prêche donc pas pro domo !) . Je parle appuyée sur une longue expérience de la manière dont ls crations sont regardées, reçues, valorisées par tel ou tel "milieu" .Etudier tout cela fait aussi partie de mes apprentissages.   

     

     

     

     

     

     

     

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  • Echouez-mieux...

     

    "Être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir. Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke "

    Il ya quelques années , j'ai reçu , dans les innombrables mails commerciaux tentant de me persuader de payer quelqu'un pour me promouvoir,ou des murs pour exposer mes chiffons d'art -ou les deux -  cette liste de judicieux  anti-conseils, qui du reste, si on veut "faire carrière" sont souvent parfaitement valables en  prenant naturellement le contrepied de ces affirmations , ou tout simplement si on trouve nécessaire de vendre ses oeuvres, j'entends par là qu'on a vraiment besoin pour vivre ou que tout simplement on pense  que tout travail mérite salaire.  On dira que c'est une "chance" que ce ne soit pas mon cas .   (je rappelle toutefois que ce devrait être un choix et non une obligation pour "compter" dans le monde de l'art ) .

    Je ne VEUX PAS, je n'ai jamais voulu faire une CARRIERE  mais une OEUVRE et je vous rassure, là,  sur mon dessein essentiel j'ai parfaitement réussi  en échouant, donc . C'est à dire que ces conseils ironiques je les ai suivis d'instinct quasi tous, à  la lettre.

    Mais si vous voulez, vous, faire carrière,ou tout au moins vous faire "reconnaître " (pour moi la reconnaissance a un autre sens) c'est tout différent. Il n'est pas indécent de vouloir exposer, avoir un CV de compétition ( mais l'art est-il du sport ?) ;vendre , ni même de rêver qu'on est le Picasso ou le Léonard de Vinci ddu XXI° siècle en sa discipline.  . On a le droit de rêver  à la gloire  et on ne vit pas d'amour de l'art et d'eau fraîche, mais l'important c'est de savoir ce qu'on veut et de déjouer les pièges -ceux de la vanité ne sont pas les moindres. Je n'entends pas comme vanité la légitime fierté du travail accompli .

    A vous de choisir! moi c'est fait et je peux chanter comme  Edith  Piaf : non,  je ne regrette rien ...ce fut au prix du mépris et de l'indifférence des milieux "où ça compte" mais on ne peut tout avoir,non plus. 

    Je comprends parfaitement un parcours inverse et des opinions, à cet égard , diamétralement opposées aux miennes. La preuve : il m'arrive d'acheter aux artistes qui vendent;   et je trouve normal de payer alors leur oeuvre au prix qu'ils en demandent et si ce n'est pas dans mes moyens il me reste la joie gratuite de les avoir admirées.

    J'ajoute certes, je le peux mais pas parce que je suis une nantie, j'ai "acheté" ce droit en quelque sorte et ce n'est pas sans contrepartie ni renoncements.

     NB Je ne rappelle plus le nom de l'auteur qu'il me pardonne, je reçois énormément de courriels tentant de me "commercialiser" et promouvoir contre rétribution, donc j'ai oublié de qui il émanait, mais s'il se reconnaît et  veut   que je cite son nom ou qu'offensé il préfère que j'enlève cet article, je le ferai volontiers.

    Or donc, voici la chose  :

    Comment échouer en tant qu'artiste -
    .

     1-Croire que les artistes ne gagnent jamais leur vie.

    Jeffs Koons, si très bien , merci . Soyons sérieux.

    Je connais des dizaines  d'artistes, beaucoup arrivent à exposer, se disent ou se présentent comme "pros" mais aucun à ma connaissance ne vit uniquement de son art, sauf à donner des cours, organiser des stages de "créativité",  voire en art textile vendre du matériel, des kits etc.  J'ai moi-même vendu des modèles, un moment, je ne juge donc pas cela comme un crime ! Certains m'ont avoué aussi faire des "petits trucs" qui se vendent , eux, bien, alors que par désir profond ils n'adhèrent pas à ce genre de "création", pour faire bouillir la marmite. Si c'est "vivre de son art" je veux bien . Pour moi ce n'est pas ça. .Soyons honnêtes et réalistes,  une oeuvre d'art a une cote qui dépend de la notoriété. Or les vraiment cotés suffisamment pour en vivre sont rarissimes. Je rappellerai aussi que la valeur financière(en l'époque où l'artiste vit !)  et la valeur artistique, non mille fois non, ça n'a rien à voir.  

     Deuxième objection : on fait quoi si on exerce un art qui n'en est pas un ?Un dont les galeristes vous disent "ah non surtout pas de patchwork!" .  On fait comment si on en exerce trois en les reliant ? Bref si on est un sujet artiste non identifiable d'un art relégué ?

    2-Avoir un book de présentation mal préparer(sic)  avec des photos de mauvaise qualité.

    NB - Mettre la bonne orthographe est aussi un plus , pour un commercial. Bon il peut s'agir d'une étourderie .Mais j'ai publié  un excellent livre à ce sujet (je ris!)

     Objection : Là , si vous n'avez pas les  moyens de vous payer  les services d'un pro,  vous êtes voué à l'échec. On me l'a faite celle-là quand j'ai voulu publier mes livres sur le patchwork.  Cela revenait à dépenser des sommes très  importantes  pour un droit d'auteur des plus réduits et seulement en cas de vente. Bref si vous voulez être artiste, soyez riches d'abord (ou trouvez-vous un mécène ). Faut banquer, pour tout ça ! Sans garantie aucune de récupérer la mise. on dira c'est le sens du risque..  Voire ... on peut concevoir le risque autrement, aussi .

    C'est vrai il vaut mieux que l'emballage soit "cadeau" et donc qu'une bonne présentation est indéniablement un plus, on le voit en matière d'accrochage, notamment..  Mais si la valeur de l'oeuvre se juge à la qualité de la photo, c'est le photographe qui est l'artiste !

    D'autre part si votre photo met en  valeur un peu trop une oeuvre qui décevra de visu ... il y a comme un hic ! on ne vend pas une apparence, mais l'oeuvre dans sa réalité ....

    3- Rédiger une présentation vague, décousue, que personne ne comprend et dans laquelle on apparaît prétentieux.

    Ben là, j'avoue, les bras m'en tombent ! Le vague et le décousu, OK , je veux bien. Quand je lis les "discours" qui accompagnent les oeuvres très cotées ou en vue de certains artistes conceptuels  j'avoue que  je ne suis pas du tout d'accord. Quand c'est clairement  documenté,   appuyé sur une connaissance des arts qu'on exerce , c'est là qu'on a toutes les chances d'échouer( c'est honnête et ennuyeux! ).

    Un certain public adore ne pas comprendre, qu'on lui jette de la poudre aux yeux,, du moins celui des snobs  des intelligentsias qui régentent le monde de l'art. Il faut un baratin et si possible bourré de mots abstraits et abscons auquel  nos snobinards de service, n'y comprenant rien -vu que ça ne veut réellement  rien dire!-  s'exclameront : "Mon Dieu que c'est profond!"  C'est même un des rares cas où on rencontre des humains se sentant intelligents plus que les autres parce qu'ils n'y comprennent rien. J'ajouterai  qu' en  art textile, quand c'est venu nous envahir on a atteint des sommets dans l'abscons prétentieux . Et qui plus est péremptoire. Voir notamment L'art textile : les mots confisqués.

    4-Attendre la dernière minute pour répondre aux appels de candidatures ou envoyer vos demandes de stand.

    Là rien à dire . Juste qu'en général ces demandes de stand sont payantes et qu'on dit aussi qu'un vrai artiste ne paie jamais des murs où quoi que ce soit pour exposer. Et même un amateur comme moi : quand j'ai exposé en galerie d'art, c'était gratuit. et pas d'appel de  vendeurs  de prestations mais ... l'heureux hasard des rencontres et affinités. Appel oui mais pas "commercial"  Ce que je faisais plaisait on me l'a demandé. Tant pis si ça paraît "prétentieux" de le dire , c'est la vérité des faits.

    5-Ne pas répondre aux appels téléphoniques ou aux messages.

    Lesquels ? Les commerciaux ?  Parce qu'un vrai galeriste ne va pas venir chez vous vous prier à genoux de bien vouloir condescendre à exposer chez lui ... après avoir vu une de vos oeuvres sur un réseau social. Ne rêvez pas: ce n'est pas leur façon de faire , et nous sommes des millions en lice . (pour moi la lice se borne aux fils du tissage, je ne m'inscris dans aucune course à l'échalote ou au yoyo en bois du Japon..).

     

    6-Ne pas s’occuper des visiteurs lors d’expositions ou de salons – rester à l’écart et distant !

    Là je suis d'accord. Et l'échange avec le public, répondre à ses questions est un moment émouvant, même pour l'amateur indécrottable que je reste farouchement ! Justement quand on n'est pas mû par le désir de se vendre on peut parler de  ce qu'on fait si librement, sans peur de déplaire à un client  éventuel . On doit, même amateur, avoir le respect de son public et le premier respect c'est d'être sincère, et authentique dans ce qu'on crée, pas de servir de l'esbrouffe et de la frime pour impressionner le chaland! Honnête aussi sur ses sources et filiations, le cas échéant.

    4- Ne pas mettre à jour votre blog ou site et avoir les dernières infos qui datent d’un an ou plus !

    Là d'accord aussi ; cependant vous comprenez nous sommes dans une conception de l'art où on veut des perdreaux de l'année , les oeuvres ayant comme les yaourts une date. de péremption,  puisqu'elles suivent les modes tendances et goût du jour  (consolez-vous si vous vivez assez lontemps, vous pourrez les vendre comme vieilleries vaguement patrimoniales d'ici 40 à 50 ans ) .  De plus vous vous devez de tout le temps créer et si possible du nouveau -même si ce nouveau est une exploitation de votre "ancien" ad libitum comme ad nauseam si vous tenez un filon bon sang exploitez-le jusque ce que ça ne soit plus le bon(vérifiez de temps à autre si vous êtes toujours dans le 'ce qui se fait" c'est importantissime !  ) L'art conçu comme un produit ordinaire. C'est ça qu'il faut faire... Produit donc, pas créé.Est-ce encore de l'art, à ce compte ? c'est une question qu'il vaut mieux ne pas (se) poser.

    6-Sous estimez (sic) le prix de ses œuvres.

    7-Surévaluer le prix de ses œuvres.
    Je commenterai ces deux dernières tout ensemble. pour les arts cotés et notamment la peinture , il existe des barêmes;  mais s'évaluer justement demeure mission impossible sauf pour les cotés officiellement . Pour le reste ,le vulgum pecus qui ne l'est pas, coté, moi qui suis aussi  - quand je le peux - acheteuse d'oeuvres-  je vois bien que le prix c'est un peu au hasard Balthazar . Et j'achète selon mon budget et mes coups de coeur .Je me fous de la notoriété, la mienne comme celle des autres. Je l'ai dit mille fois : c'est une affaire d'amour pas de spéculation. On devrait TOUJOURS  acheter une oeuvre parce qu'on l'aime   la choisir comme on choisit un ami. C'est ce que je fais.  Il est vrai je ne choisis pas non plus parce que ça va bien avec la couleur des murs de telle ou telle pièce de ma maison ..Tant d'artistes m'ont raconté le coup du "tu peux pas me faire le même en bleu ? parce qu'en vert, chez moi ça jurerait ..) .

    La coutume veut que le temps de l'artiste ne compte pas (ce préjugé nobiliaire qui fait que l'artiste ne doit à aucun moment se donner l'allure d'un banal artisan  pfft !!mais en même temps se comporter comme un commercial de ses productions , consumérisme oblige., débrouillez-vous avec ça. . Je passe sur l'impossibilité qui existe à évaluer des arts pas jugés Beaux-arts ... qui comme le mien ont le cul entre deux chaises .  On créée  des oeuvres uniques, jaillies  d'une imagination, par les moyens d'un medium et de diverses techniques, mais le medium déjà les déclasse. . et les évaluer devient parfois kafkaïen comme expliqué ici . Lien vers pourquoi je reste amateur

    8-Refuser de participer ou d’être volontaire lors de manifestations concernant l’art.

     NB - Faut déjà qu'on y accepte votre art .  Avec un des miens, c'est  pas gagné ! Il ne figure dans quasi aucun appel à candidatures.
    Lesquelles ? L'art conçu comme une participation au "social" quoi .? L'artiste englué dans son temps ou l'artiste intemporel ? Moi j'ai choisi . De plus j'ajouterai que la récupération des malheurs de notre époque, des "causes" au profit de son oeuvre pour  se montrer militan , généreux, compatissant, bien inclus dans les "problématiques" de son  temps etc. dans la mêlée -apparemment- pas narcissique trop, quoi, je veux bien.  J'aime mieux quand ça va jusqu'à vendre ses oeuvres au profit des grandes causes qu'on dit illustrer ou défendre ...Bref si les actes et les  professions de foi  coïncident. si on est sincère, ça passe, mais passera aussi la mode de ce sujet sociétal-là et dans dix ans voire moins on se demandera parfois pourquoi, le lien sera imperceptible.... .On peut aussi centrer son oeuvre sur des sujets moins connotés contemporains socio-politiques et tous les marronniers qui fleurissent à cet égard (c'est aussi une merveilleuse source d'inspiration pour qui est à court d'idées personnelles ) et aider à côté là où besoin est d'une autre manière. On peut être un artiste "art pour art" et un humain engagé .. aider  ailleurs.et autrement; et même discrètement .  Et si je ne l'avais pas fait je ne sentirais pas le droit de le dire.

     NB : je ne refuse pas, en ce qui me concerne quand ..je me sens moi, concernée mais ma liberté d'abord. Du reste je sais pas créer sur injonction.  La broderie de Philomèle  qui illustre cet article notamment a été  conçue  pour illustrer un article de revue protestant contre les violences faites aux femmes. Mais je  l'aurais faite un jour ou l'autre... ce mythe me tenant à coeur!

    9-Eviter le monde du business et les évènements des réseaux artistiques.

     Plongez-y à fond  donc. Je vous observerai depuis le rivage; S'il vous reste ensuite assez de temps d'energie et de concentration pour, revenu de cette foire aux  vanités,  créer vraiment une vraie oeuvre (pas un produit !) vous me direz !!  Il n'est pas sûr du tout que par ce moyen vous ayez plus que le quart d'heure de gloire dont parle Warhol, ce qui certain c'est que pris par le courant des inévitables mondanités et snobismes et' ce qui se vend et qui plaît, .vous risquez bien de passer à côté de votre oeuvre , la vraie, l'authentique celle qui vous correspond et émane de votre être profond pas des sirènes du monde du buisness qui, on le sait corrompt tout ce qu'il touche puisque c'est le profit , la rentabilité ses axes de vie; pas le diable ;  certes, mais qu'on s'en serve pour vendre du papier toilette alors pas des oeuvres d'art.  C'est mon avis net et là je  ne fais pas dans la dentelle !  Pardon  si je choque.
    Cela posé oui il vous faut un réseau si vous voulez montrer et vendre , mais l'amical et celui par affinités dites électives et sélectives aussi parfois, s'il ne procure ni gloire, ni cote est, je peux en attester tellement plus enrichissant (y compris pour votre oeuvre . par les rencontres et partages desintéressés niveau fric mais intéressés et intéressants niveau démarche.. ). 

    10-Ne pas continuer à se former sur les techniques artistiques et sur la commercialisation de son art.-


    Les techniques OK, et celles du passé aussi Il est bon de suivre ce qu'il est convenu d'appeler "innovation" -et qui en sont rarement, du reste-  mais quel rapport entre les techniques et la commercialisation ?  L'art conçu comme du high tech ? Seul ce qui serait commercalisable vaudrait ?  c'est là que je m'écrie comme Philaminte : "Mon Dieu que cet esprit est d'un étage bas !"

    Soyez plutôt comme Janus un oeil tourné vers le passé-on a créé dans votre art avant vous-  et l'autre vers l'avenir en connaissance du présent mais pas forcément pour suivre. Ne suivez jamais les autres, mais vos instincts à vous, vos envies vos appels ! Sauf évidemment si ça coïncide ...Cela vous fera un joli prétexte !

     11 -Négliger de mettre à jour son site web avec ses dernières créations.

    Rien à dire voir réponse au 4

    12-Trouver des excuses pour dire que son travail ne se vend pas et les mettre souvent en avant.

    Là je ris dans les expos où je suis invitée,  il arrive que je refuse de vendre . D'ailleurs  ça vous rend désirable, si vous saviez !  Et j'ai vendu un tableau à ma première exposition à Paris en galerie d'art . Vous voyez je ne prêche pas "pour ma paroisse" tout à fait. et je parle ni en aigrie ni en amateur qui ne e serait jamais frottée au vrai monde de l'art.  Mais je ne crée pas "pour vendre" .Je crée pour faire exister quelque chose sous cet aspect-là, et qui sans moi n'existerait pas, analogue certes à d'autres oeuvres, mais singulier par mes choix  propres . .  et c'est un droit absolu que je revendique. Je le paye et de la difficulté à montrer mes oeuvres, -  du mépris de certaines  "arrivées" , de l'indifférence, d'un certain nombre d'incompréhensions . qu'on a pour l'amateur quand on se dit "pro" etc pour la non contemporaine et la non conceptuelle que je suis aussi. .  Je rappelle aussi que j'ai demandé qu'après moi tout ce que mes enfants ne voudraient pas garder soit vendu au bénéfice de personnes qui en ont plus besoin que moi . choix fait aussi ya lontemps étant donné qu'aucun lieu de conservation  ne s'encombrera des chiffons d'une quasi inconue . .  La seule raison qui me pousserait à me promouvoir pour donner valeur marchande à ce que je fais serait celle-là :  avoir plus d'argent pour ceux qui manquent du nécessaire. . Naturellement, on n 'en croit rien quand je le dis, mais pourtant, c'est ainsi .

     

    13-S’excuser pour son art – dire que vous n’êtes pas réellement un artiste.

     Oui mais si vous dites que vous en êtes un ou une on vous dira "auto-déclaré"  ou outrecuidant ;  J'ai testé. Si vous être amateur, surtout suivez ce conseil : affectez une fausse modestie.  Vous pouvez aussi expliquer que ce n'est pas un titre de noblesse ni une plus value et qu'il vaut mieux être bon artisan que mauvais artiste !  Vous  pourrez aussi -et c 'est ce que  j'ai fait- attendre que des personnes autorisées vous "adoubent" . Ces choses-là fonctionnent par cooptation interne!Vous ne ferez pas l'unanimité, mais ça garantira votre modestie officielle! Du moins le temps que les critères ayant présidé à votre adoubement  sont en vigueur. C'est pas garanti à vie.

    Soyons sérieux; c'est quoi un artiste ?

    14-Qui a besoin de marketing ? Vous n’êtes pas commercial !

    Non précisément, mais l'auteur de ces conseils, lui l'est. Le but est de vous persuader que vous avez besoin de lui pour vous vendre. et il a raison si vous voulez vous vendre hélas vous êtes dans la spirale du consumérisme. Peu ou prou !

     15- Critiquer les personnes qui ne comprennent rien à votre travail.

    Ne les critiquez pas;. Soupirez.  Personne de toutes façons ne vous comprendra jamais, même vous-même !  Non sans blaguer le monsieur a raison là . Expliquez, montrez et acceptez d'entendre le contraire de ce que vous aimeriez qu'on vous dise. et même si on veut acheter un livre d'art textile  brodé main en soie et tissus fragiles pour en faire un doudou pour un bébé -ça m'est arrivé- souriez, ne vous fâchez pas . ça part d'un bon sentiment (ceux dont l'enfer est parfois pavé mais c'est une autre histoire) . Du reste si vous créez surtout pour vendre,  à quoi diable vous servirait d'être compris ? On ne peut pas tout avoir , non plus!

    16-Avoir un atelier désorganisé et désordonné.
    et Bacon alors ??

    Là je suis morte de rire. On peut être  artiste et aimer le bordel organisé. Moi dans l'ordre je ne crée rien je me sens dans un cimetière ou une clinique. . Vient-on voir un atelier en bonne ménagère ?  Ou  en  respect des modes de créer de l'artiste ?  J'en sais de très grands (quoique pas universellement connus) dont l'atelier est un géant foutoir organique sinon organisé  ! Rangez au millimètre si c'est votre nature , laissez du bordel si ce n'est pas .  le cas. Vous êtres maître chez vous et  vraiment on juge votre oeuvre à cela, je dirai jugez , vous, les critères de ce jugement inadaptés  voire mesquins et étriqués !

     17-Accepter l’échec – vous convaincre que votre art est un échec.

     C'est quoi l'échec ?

     Il y faudrait une dissertation et relire Beckett , aussi.

    Un  échec parce que vous ne vendez-pas ?   ce fut  le lot de tant de  grands ..on sait bien quand même que l'échec commercial n'est que   ce qu'il est : commercial. Le succès quantitatif n'est une preuve de rien, des oeuvres plébiscitées à un moment tombent dans l'oubli le plus total le lendemain . 

    Si l'échec en revanche veut dire : avoir le sentiment que ce  que vous faites est médiocre, que vous n'arrivez jamais à ce que vous voulez ... le doute perpétuel a saisi les plus grands qui du reste n'étaient pas  forcément des tiroirs-caisses (enfin , pas tous!!) .  le sentiment qu'on peut toujours aller plus loin sinon faire "mieux" approcher de ce qu'on voudrait vraiment et qu'on n'atteint jamais -parce que c'est comme l'horizon ça recule au fur et à mesure ça peut être très stimulant aussi , acceptez et accueillez cet "échec-là".

    La réussite d'une oeuvre par apport à votre visée, à vous, n'a rien à voir ni avec l'accueil qu'elle pourra avoir, ni avec le fait qu'elle se vende ou pas. Savoir ce qui vous conduit : avoir des compliments, voire des papiers de critiques , ête hypersollicité là où ça expose dru en ce moment , là où c'est prestigieux, ou encore  approcher sinon atteindre votre "inaccessible étoile !" . Si vous étudiez par exemple l'art au XIX° siècle celui où les marchands d'art ont commencé à se manifester, vous verrez qu'il ya des carrières très réussies à l'époque d'artistes ayant pignon  sur rue et qui aujourd'hui sont complètement oubliés dont on juge les oeuvres  accessoires .. D'autres qui galéraient sont devenus célèbres après leur mort. On trouve tous les cas de figures possibles. Donc cette notion d'échec, il est important de réfléchir à ce qu'on entend par là et croyez-moi c'est une spécialiste de l'échec réussi qui vous parle et qui a eu le temps d'y réfléchir en 40 ans de pratique. Echec sociétalement et dans son siècle (et surtout dans a corporation!) mais épanouissement dans son oeuvre protéiforme. Et honnêtement je préfère mille fois cela à l'inverse. si on a les deux, tant mieux, j'applaudis bien volontiers.  Mais pour moi ce n'était pas possible et je l'ai toujours su. Voyez si ça l'est pour vous.

    18-Ignorer les délais.
    Là d'accord, s vous avez pris un engagement tenez-le. Dans tous les métiers du reste et même dans la vie de tous les jours.

    19-Laisser tomber trop vite.

    Je suppose qu'on veut dire "à tenter de se vendre et de se faire une place sur le marché" , on peut aussi voir les choses autrement ...
    D'accord, il ne faut jamais renoncer mais ..à créer par découragement justement de pas "se vendre" ., de ne pas "plaire" à suffisamment de monde . A l'à quoi bonite,  quoi .    C'est inutile de le dire à qui crée par amour de son art, c'est une vocation si impérieuse ,une nécessité si profonde quu'il le fera;  mais il  faut s'entendre sur ce qu'on "laisse tomber". Pour ne pas laisser tomber l'essentiel, il faut mettre à l'écart tout ce qui pour vous, ne l'est pas.

    Ce que je vous dirai c'est que lorsque d'entrée on renonce à cela  : se promouvoir, on a une liberté si précieuse et totale qu'elle vaut,  si on se place hors optique commerciale, justement ,tous les prix, les ventes les évaluations et que de plus ça n'empêche pas d'être au moins un peu reconnu. Reconnu c'est à dire compris, senti, apprécié pas parce qu'on dit que ça vaudrait mais parce qu'on aime , tout simplement qu'on se sent en   accord en harmonie avec  votre  oeuvre,    et non d'être aimé pour votre renom, dans l'ignorance totale  ou presque de votre  travail de ses visées et démarches; songez que les très célèbres n'ont pas toujours cela qui pour  moi compte tellement .que je  ne l'échangeraisi au prix de nulle gloire ou gloriole fugitive.    Quelqu'un qui est très riche ne saura jamais si c'est lui qu'on aime ou son argent, un artiste qui perce ignorera toujours ensuite pour peu que ça dure (ce qui n'est pas non plus certain) si on l'aime parce que ça fait bien d'en parler et de  le connaître (de faire semblant de..) que d'approcher ses oeuvres pour elles-mêmes en oubliant tout le reste. Idée que j'ai bien du mal à partager, mais à laquelle je tiens même si elles est si contraire aux moeurs de notre temps, et  très paradoxale .Et que même on croit que je triche quand je la dis. Mais moi je sais que je suis sincère. Pas naïve. Sincère.

     

     

     

  • Modèles: une expérience de créatrice

     

     

    Jacqueline fischer modeles 1broderie 

     

     

    Je voudrais évoquer ici une expérience en liaison avec l'article  précédent Modèles.

    Ma première phrase sera pour regretter que dans notre pays,  réaliser des modèles pour des revues de loisirs créatifs soit se déconsidérer, trop souvent, au plan artistique.C'est vrai ça ne fait pas très intellectuel, ni prestigieux , ça !  Les  vrais artistes textiles, souvent plasticiens  de mixed media   ne s'abaissent pas à cette sorte de transmission permettant la reproduction de leurs oeuvres A la rigueur ils  organisent  des stages, ou écrivent des livres.  pour livrer quelques "recettes"censées rendre "créatif" . Quelque chose qui peut se "reproduire" n'est pas à leurs yeux digne du  titre  d'oeuvre d'art (c'est oublier les faussaires ! et tous ceux qui imitent pour s'entraîner ! ) mais chut ne mélangeons pas une fois de plus torchons et toiles de maître , l'ouvrage dit de dames et les Beaux-arts.

    J'aime bien , on le sait, titiller les préjugés ordinaires et universellement admis, lorsqu'ils me semblent non justifiés.

    Ce n'est pas le cas aux USA ou au Royaume-uni où il n'est pas rare dans les revues on voit  passer le nom d'une artiste reconnue (et qui expose parfois en  galerie ou musée ) .Il n'y a pas ce clivage, ou du moins pas autant.  La remarquable revue de broderie britannique Stitch à laquelle je fus longtemps abonnée est un modèle du genre qui allie aussi tradition et modernité . Un autre esprit!  


    J'avais déjà donné à la revue  Les Nouvelles du  patchwork -dès 1992-une petite dizaine de modèles , mais là je fournissais juste les photos et les rédactrices se chargaient du travail explicatif et des schémas.  Et ces modèles étaient fournis gratuitement, tout le monde étant bénévole. Et puis,  on a  mis huit ans pour publier mon quilt Patience dans l'azur et j'ai compris  à  mi-mot ("les temps changent" m'avait-on dit ) qu'on n'en voulait plus, là que j'étais has been, sans doute . La mode ne m'intéressant pas en art ni en littérature, j'ai suivi mon chemin .

    Fin  2007 quand la revue Creation patchwork m'a demandé des modèles , comme pigiste, j'ai un peu hésité .D'autres relations contactées aussi, ont refusé  pas assez prestigieux pas assez remunéré.  On a même parfois sous entendu  qu'on recrutait vraiment n'importe qui.  Sympa pour moi ! On n'évite pas ces rosseries un tantinet mesquines.

    Et puis je me suis rappelée  que j'avais appris à broder et à coudre des robes grâce à des magazines. puis le patchwork non pas en  copiant les modèles des autres mais en y apprenant les techniques  et en m'imprégnant aussi de ce à quoi j'avais alors accès.  

    J'estime que lorsqu'on brode, il vaut mieux savoir maîtriser les points de broderie  et explorer tout ce qu'on peut exprimer avec eux.    Mais pas forcément dans une optique de perfection normée , mais d'expression personnelle. Mais pour explorer un point il faut en connaître l'existence et savoir d'abord le faire ordinairement, si je puis dire, avant de tenter d'en faire autre chose, c'est même à mes yeux ce qui fait la différence entre un(e) artiste qui sait son art  et en joue , et un(e) autre qui fait du salopé ou du maladroit  parce  qu'elle ne sait pas faire autrement.(il est vrai si ça colle à ce qu'il ou elle veut dire, rien à reprocher, je ne  fronce les sourcils que lorsque cela semble donner une plus-value ) , De même quand j'écris, j'aime disposer et d'un vocabulaire précis et riche (même si je n'en use pas toujours!) et maîtriser suffisamment les subtilités syntaxiques de notre langue . Pour écrire si j'ai beaucoup appris de l'imprégnation par la lecture et l'analyse d'oeuvres littéraires, une connaissance pointue de l'étymologie , de la phonétique du français, de la grammaire et de la conjugaison ne m'ont pas semblé inutiles.  Qui peut le plus peut le moins, mais pas souvent  l'inverse . Même s'il faut parfois savoir oublier ce qu'on sait , pour ne pas avoir l'esprit trop encombré. Or les points de broderie,c'est dans les revues et quelques manuels édités par lesdites revues que je les ai appris au fil de ma vie . C'était une transmission hélas féminine et populaire. Hors champ de la culture pour intelligentsias qui plus est . Sauf quand un grand nom de la littérature, je songe à Régine Desforges, vient mettre le phare sur le point compté. Si c'est Madame Lambda evidemment, le regard ne sera pas le même.

    Alors je me suis dit que   je pouvais tenter l'aventure. Mes grands enfants étaient étudiants, ça me faisait aussi un peu de sous pour leurs études.  surtout comme je venais de prendre ma retraite ça me rendait un  rôle "actif" dans la société, même si on peut trouver ce rôle ridicule et dérisoire.   J'avoue que lorsque pénétrant chez mon marchand de journaux, je voyais une de mes créations sur la couverture  (et parfois plusieurs) , j'ai éprouvé comme une naïve fierté .

    En patchwork géométrique, je n'ai pas vraiment créée de modèles exprès pour la revue ,je proposais ce qui était déjà fait vu le temps qu'il me faut j'ai donné le mode d'emploi pour avoir un objet ressemblant. Pas semblable, c'est impossible.  Le but n'était donc pas dans mon esprit d'inciter à une copie sans interprétation personnelle. Ainsi   les rares  fois où j'ai pu voir ce que d'autres en avaient fait,  j'étais heureuse de voir que c'était des adaptations, des interprétations.

    Ces quilts avaient été créés le plus souvent non pas pour la revue, mais comme toute oeuvre d'art unique pour exprimer ce que je voulais dire  avec ces tissus -là dans cette surface-là. En les publiant  comme "Modèles" je leur aurais enlevé, semble-t-il, leur statut d'oeuvre unique, non reproductible etc. En  donnant un  tutoriel, je les dévaluais , selon l'opinion admise.. Je demeure  persuadée que toute oeuvre peut en décomposant chaque étape être l'objet d'un tutoriel (plus ou moins complexe) . Vrai aussi que lorque je créais  ces surfaces, il entrait dans ma composition beaucoup d'instinct et d'improvisation, mais après coup on peut toujours tout decomposer pour expliquer au moins dans les grandes lignes. Le détail appartient à la "patte" de l'artiste ! Et si on songe qu'en cet art c'est le détail qui donne sa vibration, son sens, sa tonalité, son expresion à l'ensemble, mon oeuvre resterait donc "unique".Ainsi ce jardin de l'abeille -un des modèles les plus complexes à expliquer où chaque hexagone ou presque  est différent des autres et signifie, pour moi quelque chose par sa couleur et ses motifs.

     

    Jardin de l abeille jacqueline fischer 1

    Le jardin de l'abeille

     

    Donner la possibilité de reproduire n'était donc pas vraiment permettre de copier ou de démarquer de trop près .

    Le vrai travail, celui qui était rémunéré en droit d'auteur (et non d'artiste!), était un travail de pigiste technique .Ce sont même les droits d'auteur "écrivant" les plus élevés que j'ai jamais  perçus (la littérature ne nourrit que rarement son homme, et on en  est presque à payer pour être édité!) . J'ajouterai perfidement et très immodestement que si tout le monde peut écrire et considérer que c'est original et génial - puisque de soi -moi y compris ! -, rédiger de telles piges exigeait un certain nombre de compétences  spécifiques.  nonobstant celles d'être capable de créer les oeuvres originales (qui ne sont pas le modèle, à elles seules!)

    Il fallait d'abord évaluer le matériel nécessaire, ce qui n'est pas simple quand on use de 2000 tissus différents  ou qu'on mélange les fils ... récupérés un peu partout. Ensuite il y fallait des explications, claires, si possibles  -c'est là où trente ans d'enseignement ne sont pas tout à fait inutiles- et surtout des schémas conçus à l'ordinateur, et  la maîtrise du logiciel quilt- pro, inégalable pour montrer comment monter les morceaux s'est révélée indispensable. Ce qui donnait des pages comme ça dans la revue (après travail de la maquettistepour la mise en page) . Je ne les regarde jamais sans une obscure et vaniteuse satisfaction . (je ris!)  :

     

     

    Jacqueline fischer modele 2

     

    Modele 3 jacqueline fischer

     

     

    S'ajoutaient les photos dites d'ambiance. Celles-ci étaient parfois réalisées par moi parfois par la directrice de la revue ce qui exigeait des envois risqués. J'y ai perdu ainsi  un couvre-livre . Sans proposition d'indemnisation , bien sûr. Et les frais d'envoi à l'aller  étaient aussi à ma charge.  Et même si je garde de cette expérience (qui dura jusqu'en 2012) un excellent souvenir, il y eut forcément les hiatus et les bémols , comme dans tout parcours humain !  Par exemple les titres changés , sans doute pour être plus "accrocheurs", ou bien les photos déformées sur une couverture où  mon quilt Noctambule est passé au miroir déformant .. Les problèmes de résolution (nombre de pixels par centimètre ou de points par pouce. ) La difficulté d'obtenir la mention "création"et non réalisation"  sur ce qui pourtant en était quand on l'attribuant d'office à d'autres , sans doute mieux cotées que moi , même quand je partais d'un dessin original . Mais j'étais toutefois plus chanceuse que les créatrices des années 60 -70 dont le nom n'était même pas cité.  Il y avait eu un progrès.  Plutôt que "réalisation" j'aurais aimé parfois le terme interprétation surtout en broderie où l'essentiel n'est pas, mille fois non, dans le dessin.  Je tiens aussi à la rigueur des mots, et de leur sens. Ce qui me rend très chiante, je le sais.

     

    Les crazys quilts que j'ai créés à cette époque l'ont été à la demande souvent en accord avec un thème : Noël pour cette étoile des neiges :

     

    étoile des neiges photo sup4.jpg

     

     

    ou le thème  Les cérémonies pour Célébration, quilt conçu comme cadeau de mariage.

    Celebration art textile jacqueline fischer red 3

     

     

    Pour les crazys quilts, je n'ai jamais donné de patron de détail , juste le plan d'enemble, car pour moi l'esprit crazy d'origine,  tient aussi à la forme irrégulière de morceaux à sauver et à ennoblir  par la broderie dans leur forme pour en perdre le moins possible. Et trop tenir la main (ou le pied?)  dans ces "pas à pas" c'est bloquer toute initiative personnelle.

    Un peu plus tard la revue Broderie d'art s'est créée et j'ai été aussi  du voyage ! 

     Travail un peu différent, pas de schéma de montage, sauf en la partie couture, mais des  photos décomposant chaque étape d'un point  :

     

    Couvre livres schema 13 point de bouclette explique

    et évidemment l'explication de la répartition des points et des fils par zone  ou détail. C'était très long pour  les créations complexes. Il fallait donner pour chaque détail une photo vierge d'indications et la photo "fléchéé" plus la légende correspondante (trois documents donc pour un détail !)  ,On imagine quand il y avait ue bonne vingtaine de photos (parfois plus) la maquettiste se chargeant de remodeler cela de manière plus esthétique.

     

     

    B schema 3 roderie plumesn flechee

     

     

    Les modèles de broderie, eux , ont tous été  créés -sauf un- selon un cahiér de charges , lequel indiquait souvent une technique , et un  objet dans lequel la broderie devait s'inclure. la France a la passion de l'objet d'art décoratif , tandis que dans les revues du Royaume-Uni on voit beaucoup plus de broderies encadrées. il m'est arrivé de refuser de créer  des maniques en broderie fine . Car si c'est pour servir vraiment de manique on n'use pas d' un ouvrage unique et fragile qui va être abîmé aux premières utlisations, et si c'est pour le  décor fût-ce  celui d'une cuisine autant alors encadrer l'objet et le protéger.

    L'objet était imposé ,  la technique ou le style parfois (précieux, rustique ) mais j'étais libre du reste -ce qui est pour moi l'essentiel; J'ai usé parfois de dessins existant dans les vieilles planches d'ouvrages (toujours en le signalant)  mais le travail de brodeuse était ma création : point couleurs, matières. (et ce n'est pas rien !) .

     

     

    coussin-photo-1jpg.jpg

     

    Coussin rustique, desin emprunté , mais choix personnel de tout le reste.

     

     

     

     

    J'ai aussi usé de dessins personnels  :

     

     

     

     

    broderie-sous-tulle-5.jpg

     

     

     

     

    Ou  de photographies personnelles ou données par ma famille :

     

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    Jardin à Madère sur une photo de Michèle Lefebvre

    J'ai ainsi fait un cetain nombre de sacs et de coussins ,écharpes, châles,  quelques tableaux aussi , des pochettes... En simplifiant ce qui relevait de la couture, je ne suis pas une bonne finisseuse d'objets complexes ! Cette expérience m'a appris à broder plus vite, à adapter mes points et leur régulaité à la visée  de ce que je voulais obtenir.  Quand les commandes arrivaient, j'acceptais ou je refusais, et je m'établissais un planning , il fallait tout envoyer à la date fixée (ah !  l'enfer des x fichiers à télécharger ) . la pensée me vient souvent que de tout ce  que j'ai créé il ne restera pour un public large que ces créations dans quelques revues . Beaucoup vivant dans l'instant, trouvent que c'est vaniteux de vouloir une conservation des oeuvres textiles de la sorte,   autre et digne du temps et de l'imagination qu'on y déploie .Mon avis est inverse . C'est un art aussi qui est à revaloriser, dans toutes ses facettes, pas juste celles qui ressemblent aux Beaux arts ou qui sont exercés par des plasticiennes. Pas que mes chers chiffons personnels . J'ai même rêvé d'une étude autour de tous ces créateurs et créatrices de l'ombre,  d'abord anonymes, et aujourd'hui méconnus encore  et ce n'est guère aisé justement . Si j'étais historienne de l'art, je crois que je me pencherais sur cet aspect-là .

    Et puis un jour, on ne m'a plus passé de commandes et j'ai compris que mon "emploi" n'existait plus .J'ai constaté ultérieurement que la même pige (c'était prévu au contrat) était repassée dans d'autres numéros, voire des livres de "synthèse" sur un thème .  C'est ainsi  et c'était aussi bien !

     

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  • 40 ans d'art textile : L'oeuvre cachée, la part de rêves.

    Il  y a quarante ans quand j'ai commencé mon premier  patchwork-qui n'était pas un quilt -  je n'avais pas idée de la place que cette activité prendrait dans ma vie. comme beaucoup je l'ai pratiquée tout au début,  comme un simple loisir  et avec un but utilitaire. J'espérais pouvoir adopter mon premier enfant (ce qui fut fait en 1983 )  et la rencontre avec le coussin et ce fameux : "je veux assembler des tissus" si impérieux  laissaient pourtant présager que ce deviendrait pour moi, très vite,tout autre chose. Pas de l'occupe doigts donc , mais un appel impérieux vers une activité qui me semblait passionnante et apte à "dire" ce que j'avais à exprimer avec cela. Un medium, des couleurs des motifs , des formes. Il est à noter que ces premières couvertures faites sans aucun modèle étaient donc stricto sensu des créations .  De l'art sans doute pas encore il est un début à tout. Et très vite, j'ai senti que ce n'était plus seulement  faire de jolies couvertures dans mes moments de loisir, mais quelque chose d'aussi important pour moi que l'écriture. Et même pendant une période de multiples occupations et préoccupations professionnelles et familiales, cet art, où la géométrie m'a d'emblée attirée dès que j'en ai  eu connaissance , me permettait de créer par fragments (ce que du reste j'ai toujours fait aussi pour mes récits longs . écrivant sur des post it les phrases, pensées, idées qui me venaient à l'esprit .)

    Dans ma vie d'être humain, née  de sexe féminin , je ne me suis pas une fois  sentie inférieure au seul fait d'être une femme, Je me sens inférieure en compétence, parfois- souvent !  quand je le suis, dans un domaine précis, mais en tant que femme , jamais.Ni supérieure ni destinée à tel art plutôt que tel autre . J'entends par là que j'ai choisi librement , même si  j'ai le sentiment d'avoir plutôt été choisie (je crois à la vocation, à l'appel vers une activité) . Les images numériques ou la poésie ne sont pas non plus des arts connotés "féminins".  Je n'ai jamais considéré non plus que l'acte de  création quand il est surtout exercé  majoritairement dans un domaine par des femmes  était , donc, inférieur de ce fait . . D'exercer un art classé d'office féminin mais où le moindre artiste homme est forcément distingué(et avec l'aval d'une majorité féminine!) , ne m'a pas dès l'abord préoccupée. Pour moi c'était un moyen d'expression personnelle qui m'appelait , et j'y entrevoyais d'infinies possibilités . Je n'ai donc pas eu envie d'en faire quelque chose où je devrais "faire comme les hommes" pour avoir l'illusion d'exercer un  vrai art . Et comme je ne savais pas grand chose de la hierarchie entre les arts avec les Beaux-arts au sommet, je l'ai abordé , d'entrée ou presque comme si c'était un art classé Beaux-arts mais sans le faire ressembler à ce que pour moi, il n'est pas.  et je n'ai pas eu conscience tout e suite du préjugé dont il était victime .

    Je n'ai donc pas percu le patchwork comme une sorte de sous-genre  dont le nom, qui plus est,  fait toujours ricaner, L'exercer ainsi ne me serait même pas venu à l'idée j'étais déjà très attirée par l'abstraction en peinture (j'étais aussi bien avant ma découverte  des quilts , fascinée par l'op art ) mais je sentais dans les abstractions géométriques du patchwork quelque chose de tout différent qui me convenait, qui correspondait à quelque chpse de fort en moi . L'amour des tissus , particulièrement des imprimés,  créés par d'autres humains et  leur mise en relation , donc.  Je suis partie directement des tissus et de ce que j'apprenais d'un art en ce qu'il me semblait justement différent des autres. Si j'avais voulu peindre sur les étoffes, Je serais devenue peintre,, pas assembleuse d'étoffes.  Mais des tissus découpés et rassemblés qui donc mettaient en oeuvre une composition des formes et des couleurs. comme la peinture ? Non pas tout à fait . L'art n'est pas le même du tout, du moins, comme j'aime à l'exercer. 

    Mes carnets de travail ne ressemblent pas donc à ce qu'on voit dans les livres sites et revues "branchées"de magnifiques carnets d'esquisses aquarellées qui débouchent sur des oeuvres txtiles .  J'ai toujours souri devant les conseils de découper du papier ou partir d'une photo qui serait plus  "artistique" que de partir des tissus.  J'ai aussi dessiné mes plans de quilts à la main , mais j'ai dit  combien l'usage et la maîtrise (pas si facile à acquérir) des logiciels de patchwork m'avait libérée Cf l'article composer ou dessiner .

    pict2422.jpg

     

    On peut y ajouter les cahiers d'élaboration dits "de la femme aiguille" qui eux sont élaborés après coup, quand l'ouvrage est terminé Mais eux concernent l'oeuvre achevée pas cette oeuvre secrète., intérieure, sous jacente ou en cours..... d'inachèvement !

    Je travaille sur énormément d'ouvrages à la fois et souvent le même ouvrage m'occupe un temps très long avec des reprises et des abandons lesquels peuvent durer des années.    Et pour ne pas m'y perdre je tiens des sortes de journaux  où je note aussi les idées qui me viennent des réflexions sur l'art textile , des démarches , des recensions de livres .... mes humeurs et mes états d'âme aussi mes espoirs et mes crises d'à quoibonite !

     

    Carnet textile journal de bord j fischer

     

      Au début des années 2000 , j'ai commencé ce que j'appelais des "carnets de rêves" :

     

    Carnet de reves javqueine fischer 1

     

     

    Je décalquais et/Ou redessinais nombre de moifs, l'idée était de m'en servir pour refaire ensuite quelque chose de textile que ce soit une broderie ou un patchwork ou un mélange des deux .  .Les calques numérotés et amovibles sont ainsi rangés après utilisation éventuelle ) .Certains ont servi aussi pour des séries d'images numériques.

    J'ai développé ensuite ces inspirations dans plusieurs autres recueils  tissus collés motifs retracés suggestion d'interprétation et je continue sur ces grands cahiers en papier kraft  où j'ai collé des fragments d'étoffes et des suggestions -qui à présent sont moins pour moi que pour une éventuelle descendance" qui aimerait à en user après moi . Et si ce travail reste oublié et inconnu (probable que celui qui est achevé aussi !)  il nourrit tout de même mon inspiration présente:  ce que je nomme mes "envidées."

    Carnet e motifs 1 jf

     

     

    Lesquelles peuvent jaillir de tout autre chose  et le plus souvent en revenant au fondamental numero 1 : l'envie de mettre ensemble tels tissus dans une surface .Les mêmes cahiers craft servent à réunir les dessins dcoupés ans les cahiers " journaux" où je les ai récemment regroupés , j'y adjoins ce que je retrouve ça et là sur des bouts de papier , et j'y griffonne parfois pour le plaisir des motifs trouvés un peu partout. mais la plupart sont des gribouillages personnels .  Parfois un dessin émerge  et aboutit à une création , la plupart n'ont pas été réalisés, mais j'ai besoin de ce vivier-là où parfois je me promène.

     

    Carnet dessin 1j fischer

     

     

    Cet attrait puissant pour tous les modes d'assemblages et aussi pour les motifs à la fois sur les étoffes mais aussi comme possibiltés d'interprétation en broderie, couplé à la recherche d'une variété toujours plus grande de textiles divers faisait que j'étais prise d'innombrables envies , et d'idées qui me traversaient . Influencées, certes aussi par la lecture des livres et les oeuvres des autres (j'ai aussi des carnets où je stocke des photos d'ouvrages qui m'ont attirée ), il ne s'agit pas là de les reproduire mais souvent tout cela s'infuse se mêle  donne envie d'essayer ... Mon imagination se nourrit aussi de l'admiration que j'ai pour ce que créent d'autres artistes. et si j'emprunte quelque chose de particulier , je le signale. Mais je ne me sens pas tenue à signaler le moindre usage d'une forme simple  .... 

    J'avais  aussi cette particularité de mettre énormément de surfaces ou ouvrages en route , je devais (et dois encore davanatage aujourd'hui où le temps m'est furcément plus compté qu'à 32 ans) me freiner. J'ai bien essayé le système raisonnable qui consiste à ne mettre en route que deux ou trois ouvrages au plus, ou même un seul qu'on termine avant d'en entamer un autre. ça ne fonctionnait pas : j'étais à l'arrêt total.. Je mets douc en route à peu près tout ce qui me  tente . Mais quand on est beaucoup tentée et rraversée de dix idées à la journée, ça finit par faire forcément un stock de "débuts"   considérable. il fut un temps où j'en concevais comme un remords, une sorte de culpabilité (tout ça gâchait du tissu parfois de belles matières et ne servirait à rien, ni personne) . J'ai imaginé la série "les rogatons" et quelques livres comme "en vert et avec tout) pour tenter d'éponger le stock fou de sachets d'inachevés ou de restes de quilts finis (les blocs en surplus) .. périodiquement je retrie, parfois je défais, je note des suggestions de réutlisation ,   Il arrive aussi que j'en associe deux ou trois .. du patchwork d'ouvrages en quelque sorte. Composition en abyme.. Je me dis que somme toute ces inachèvements constituent une oeuvre parallèle certes plus encombrante que les carnets , mais qui sert de point de départ elle aussi à autre chose. Et ce qui ne sera pas utilisé de mon vivant, j'aimerais en faire don à quelque association qui saura en  faire des objets à vendre. Pour l'heure ils dorment là en attente .J'en réveille un de temps à autre.

     

     

     

    Inachevements

     

     

     

    et que si tout ça fnit dans une déchetterie le monde n'en sera ni meilleur, ni pire même si cette pensée m serre forcément le  coeur. . Chanceuse serai-je si un peu de ce qui est terminé échappe au retour aux chiffons . Reste la solution d'en faire des projets vagument "conceptuels" où j'expliquerai que l'inachevé c'est une manière innovante  de finir ou autre subtilité de discours adéquate à justifier tout et n'importe quoi . La capacité ne m'en manque pas, la conviction, si . Si je m'y résous un jour ce sera par jeu, avec un brin de provocation  et d'humour. Qui sait ?

     

  • Jeux d'étoffes : impressions expressions Traditionnel ou géométrie ?

      Avat propos

    J'ai décidé , pour fêter ce quarantième anniversaire  en assemblage d'étoffes,  de publier les introductions aux grandes parties de mon livre paru en 2010 Jeux d'étoffes, impressions, expressions .

    La préface de Jean Paul Gavard Perret est déjà lisible ici .

    Il est évident que ce livre est bien plus "riche" que ces extraits   (200 pages  en couleur ) mais je ne peux pas le republier en version "augmentée" sauf si un éditeur l'acceptait tel quel en se chargeant de la maquette (on peut rêver !) -

    Ces introductions étaient suivies de présentation d'ouvrages  où j'expliquais mes "stratégies" et démarches . Je suis une coloriste et une assortisseuse ,Pour moi l'association des étoffes surtout imprimées est LANGAGE , e  je pense aussi à certains , qui ont su voir émerger autre chose que de jolis petits quilts pas trop mal faits ...

    La géométrie fait toujours partie de mes points de départ ... mais pas exclusivement et ce livre evidemment le montre. et si mes sources sont citées, une source n'est pas un "modèle" qu'on décalque, un motif en noir et blanc qu'on utilise et avec lequel on compose suffit hélas pour qu'on sout taguée "traditionnelle" et donc son corollaire "sans imagnation" , les vraies artistes textiles c'est .. tout le reste.
    Pour la différence entre patchwork et quilt un patchwork textile est un assemblage de tissus -qui n'est pas forcément matelassé, le matelassage se fait un quilt (qui n'est pas forcément assemblé) . Mais l'usage confond assez souvent les deux et il ya un diktat du matelassage "obligatoire" pour tout ce qui est inspiré de la géoméotrie , auquel je ne souscris nullement .J'y reviendrai.

     

    On peut établir sans trop se tromper que tout motif existant est forcément géométrique puisque possible à tracer à l’aide d’une équation mathématique plus ou moins complexe.

                Mais quand on parle géométrie en matière de patchwork ce n’est pas ce qu’on entend. On y regroupe  toutes les surfaces élaborées :

    -à partir d’une ou plusieurs figures simples aisément reconnaissables : carré, triangle, rectangle,losange, trapèze, polygones divers,  cercle…

    - à partir des recueils de carrés –le plus souvent- dans lesquels s’inscrivent des lignes géométriques, appelés « blocs » et généralement attribués à la culture américaine. Il est bien évident que pour beaucoup ces motifs existaient ailleurs, et ce, depuis la nuit des temps parfois, et que ces anthologies ne sont pas exhaustives : on peut toujours tracer tout ce qu’on veut même à l’aide de simples lignes droites à l’intérieur d’un carré(ou d’une autre forme) prédéfini(e). Mais les américaines qui ont utilisé ces géométries les ont  développées, nommées, codifiées, classées et associées à leur vie et leur histoire, aussi quand j’utilise un de ces carrés ou bloc, c’est à  cette culture que je me réfère, comme on le fait d’ordinaire.

                Quand j’ai assemblé mes premiers morceaux d’étoffes cependant, j’ignorais absolument tout de ce qu’on appelle le patchwork américain traditionnel. J’ai pourtant, naturellement, utilisé des formes géométriques tout simplement pour leur facilité d’assemblage.  Je n’ai d’ailleurs découvert la tradition « américaine » que six ans plus tard, et je voudrais dire que si j’ai adopté assez vite, mais pas exclusivement,  la structure en blocs, c’est pour deux raisons. La première était pratique : à l’époque, mes enfants étaient petits et je trouvais plus facile de travailler une surface par fragments, étant très souvent interrompue dans mon travail,  la deuxième étant esthétique. Comme j’aime utiliser énormément de morceaux différents par leurs couleurs et leurs imprimés dans une surface, beaucoup plus que la majorité des quilteuses, j’ai saisi assez vite que la rigueur de la géométrie d’une part, la régularité de la répétition  d’autre part donneraient à mes quilts cette structure forte qui me permettrait toutes les « fantaisies » dans mes choix d’étoffes et de couleurs.

                Faisons un sort à la monotonie et au manque d’imagination qui seraient les corollaires de ces « géométries ». Je  dirai simplement que ce n’est qu’un moyen d’expression comme un autre que je pousse d’ailleurs parfois jusqu’à la redondance voulue; c’est  aussi un élément de stabilité et de « pacification » de mes surfaces, une sorte de halte proposée au regard quand il y a des centaines de tissus différents à appréhender, à la fois unis et dissociés selon qu’on les percevra d’une façon ou d’une autre, en composition avec leurs voisins immédiats ou en relation avec d’autres éléments plus lointains.

                C’est le « carcan » qui me  procure la plus extrême liberté. Sinon la confusion la plus totale règnerait. Je ne l’évite d’ailleurs pas toujours.

               

                Et lorsque j’ai testé d’autres moyens d’assembler les tissus, si je suis restée fidèle pour toute une part de mes ouvrages à cette géométrie, ce n’est pas par obédience à une quelconque tradition, mais parce que  je n’ai toujours pas fini d’en exploiter les infinies possibilités d’expression. Je ne m’inscris absolument pas dans la tendance qui voudrait que les quilts fondés sur des blocs répertoriés soient des ouvrages artisanaux bons uniquement pour un usage utilitaire ou ramenés à leur valeur historique de « copie d’ancien » pour perpétuer un art, dans une optique de transmission d’une certaine perfection technique et un respect absolu de ce qui nous a précédés. C’est une noble-et difficile- entreprise que je salue, mais qui ne m’attire aucunement.

                L’aide des logiciels spécialisés permet d’explorer  les infinis de ces géométries, et il ne s’agit pas seulement de juxtaposer et de colorier, mais de composer à l’aide d’éléments et de manière parfois très complexe, des surfaces expressives et singulières. Ces dessins ne sont évidemment pas de l’art textile, avant d’être transcrits en tissus, mon regret est souvent que ces centaines de schémas que j’ai créés en plus de dix années de recherche  ne donnent pas naissance, chacun, à un ou des quilts. Cependant c’est un vivier, pour moi-même et quelques autres qui n’hésitent pas à y puiser.

                La géométrie n’est pas non plus à mes yeux   un stade par lequel on commence, et auquel, si on veut être artiste, il faudrait obligatoirement   renoncer .On n’y reviendrait que pour des objets pratiques ou comme il m’a été dit souvent « pour se délasser » après s’être confrontée aux affres de la « vraie » création,  car on le perçoit presque  toujours comme une « facilité ». Ce serait dire que pour être écrivain, il faut renoncer à la narration si on veut se mettre à écrire de la poésie ou l’inverse. Et que la poésie c’est plus « facile » que le roman, ou l’inverse. On  voit bien que c’est absurde.

                Pour moi la géométrie n’est pas uniquement de la tradition, pas plus en tout cas que les paysages ou les quilts figuratifs qui sont en ce moment en plein essor,  même si elle repose forcément sur des poncifs et des schèmes rebattus, elle est un « genre » textile parmi les autres et je regrette profondément une évolution qui tend à la nier en tant que moyen d’expression vivant et continuant à se transformer. Ce n’est « figé » que dans l’esprit des personnes qui ne la pratiquant pas ou plus  ignorent son devenir et ses possibilités.

                J’admets  que ses structures fortes et répétitives  puissent ne pas parler à certaines sensibilités. D’autres au contraire s’y attachent comme étant la marque du « vrai » patchwork. Clivage si perceptible qu’à de rares exceptions près, la plupart des personnes qui regardent mes ouvrages « me » coupent en deux, les unes attirées par mes géométries où elles voient soit de la virtuosité technique, soit justement, ce respect raisonnable et rassurant d’une tradition, les autres par mes abstractions plus informelles et presque personne n’établit entre les deux de lien. Aussi un des buts de ce livre sera peut-être de recoudre les parties d’un ensemble qui me représente tout autant dans une tendance que dans une autre. Ou du moins le tenter.

               

                Je n’ai jamais cousu de quilt vraiment « traditionnel » au sens où on achète des étoffes en vue d’une harmonie préétablie, et ou on coud trente fois les mêmes tissus-ou des tissus très ressemblants- aux mêmes endroits. Je n’ai jamais de ma vie cousu deux fois exactement le même bloc.  Je ne veux pas ajouter l’unité à la répétition dans un but décoratif, comme pour un motif de papier peint, par exemple. Je trouve plus passionnant d’introduire, dans mes surfaces, autant de variété que possible, frôlant la confusion, parfois. Si j’y parviens, j’incite l’œil à regarder de manières diverses et surtout en s’appuyant sur des points de départ différents. Il n’y a dans beaucoup de mes surfaces ni début, ni fin, et où que vous les preniez vous pouvez toujours du regard reconstituer vos propres assemblages, et pas seulement par ce qu’on appelle les effets secondaires, c’est à dire ces dessins qui effaçant le carré de base en proposent une autre lecture et qui restent aussi un « poncif » de la tradition des quilts. Ces motifs-là le primaire –celui du bloc et le secondaire- restent « imposés ».

                Ce que j’aime à obtenir, c’est que le spectateur construise  ou reconstruise le quilt tout autant que moi. Et, cette « interactivité » la géométrie, m’aide à la mettre en œuvre, en raison, paradoxalement,  de ses lignes nettes. L’œil qui les suit va un moment les perdre, en raison du jeu sur les couleurs et les étoffes, puis les retrouver et ainsi de suite, mais une autre fois, ce sera un autre parcours. Sans compter que le jeu sur les valeurs crée aussi des reliefs, et des effets de luminosité,

    même si les étoffes sont toutes mates. Et, même si je regarde pour la centième fois le quilt qui me fait face sur le divan du salon, je ne vois jamais exactement la même chose. Pour moi, un quilt est réussi quand il possède ce pouvoir de fascination, de métamorphose infinie. Je ne dis pas que j’y parviens, mais que j’y tends.

                 Ainsi suis-je toujours frustrée d’un regard, malheureusement très fréquent, qui assimile mes surfaces (et pas seulement les miennes) à ce qu’on nomme avec quelque mépris dans notre corporation  des « resucées » de traditionnel au mieux du traditionnel renouvelé ou relooké.

                Ce que je bâtis, dans  tous les cas c’est une surface textile, où je tente de capter quelque chose de mes émotions et de les transmettre. Pas de faire un quilt en rouge et bleu sur le bloc « la patte de l’ours ». Ou de renouveler le dit bloc en utilisant la gamme de tissus à la mode que viennent de sortir les créateurs en tissu spécialisé, des couleurs insolites, ou une disposition inhabituelle. Je sais  bien que d’une certaine façon, on n’y voit aucune différence, surtout si on veut réduire toute œuvre à son genre. Je ne cherche à y mettre ni du nouveau, ni de l’ancien, je me sers des structures géométriques  comme d’une base graphique.

                L’essentiel pour moi est dans le choix et le nombre des tissus mis en œuvre comme un vocabulaire, pour exprimer quelque chose de particulier, il faudrait donc regarder aussi dans l’idéal chaque « tesselle » de tissu une par une et se demander : pourquoi ce tissu-là à cet endroit-là ? Car ce qui est important pour moi, c’est à la fois l’ensemble, saisi dans sa globalité (un quilt dit-on se regarde de loin), mais aussi le détail, en sa signifiance, et entre les deux les amalgames plus ou moins étendus de surfaces qu’on peut saisir. La mode actuelle est de travailler sur des « couches » de matériaux successifs qu’on superpose sur une étoffe, je cherche plutôt à obtenir des profondeurs en restant en surface, en établissant des niveaux de « visions » différents.

                Il y a toujours plusieurs temps dans mon travail ; souvent c’est l’idée des couleurs qui prédomine, se réveiller en se disant « quelque chose en jaune et gris ». A ce stade il n’y a pas encore de forme, mais ça peut être aussi bien « où intégrer cet écossais » ou « ce tissu « vert à pois gris » . Ça peut être une vision plus ou moins nette d’un dessin ou  tout au moins d’une structure ; la vision est toujours floue, à ce stade, c’est ensuite que de proche en proche elle s’organise. Floue au sens que je ne pourrais pas la dessiner, mais exacte au sens que je ressens au fond de moi ce qui, dans mon travail, va m’en éloigner ou m’en rapprocher, et c’est là qu’intervient ce que  je nomme l’instinct ou si on préfère l’intuition. Une œuvre construite au hasard c’est quand on prend tous les tissus sans contrôle aucun, comme ils viennent c’est l’optique de ce qu’on appelle les « scrap quilts »ou quilts faits comme beaucoup des miens avec une multiplicité de chutes variées.           D’autant que beaucoup de scraps quilts traditionnels sont construits sur un fond blanc ou écru justement pour que le dessin apparaisse nettement ce qui n’est pas toujours ce  que je veux obtenir. Une œuvre qui s’élabore par instinct, c’est quand la main et l’œil guidés par le travail intérieur que j’ai évoqué, par cette vision à la fois nette et fluctuante de la surface à atteindre, vont déterminer le choix, repoussant ceci, pour élire cela, déconstruisant et reconstruisant, jusqu’à s’arrêter à ce qui paraît le plus proche de la vision initiale, laquelle, évidemment, si la réalisation s’étale dans le temps , se métamorphose. Il n’y a rien de figé, de prédéterminé dans ce cheminement, sauf peut-être ce que  je nomme la stratégie de départ. Encore souffre-t-elle des dérogations.

                Le dessin, le plan sont pourtant nécessaires, mais souvent ce n’est qu’une cartographie dont on peut s’éloigner. Il est très rare que des modifications n’interviennent pas, et le plan qu’il soit en noir et blanc ou en couleurs, n’est qu’un dessin sur du papier. L’essentiel du travail ne sera jamais là, mais dans un choix précis d’étoffes et de nuances, où chaque chose doit paraître à sa place et que,  même s’il avait été possible d’intervertir les éléments, tout aussi esthétiquement et légitimement, le regard justifie les décisions prises. Il faut de plus, travaillant par fragments sans cesse anticiper dans son esprit l’aspect final. Beaucoup composent après coup en agençant les blocs sur un mur avec du recul. Je procède parfois ainsi, mais le plus souvent je construis des rangées et je couds l’une avec la suivante sous les yeux et ainsi de suite. Arrivée au bout, il peut se produire que j’intervertisse l’ordre premier, que je déplace tel ou tel élément, mais c’est plutôt rare, parce que précisément, le « dessin » principal est en moi, beaucoup plus que sur le papier. Il est en moi déjà, dans l’élaboration de chaque élément. J’ai coutume de dire que si chaque bloc s’équilibre au niveau des couleurs, des valeurs et dans le choix des étoffes, l’ensemble -sauf accident- sera aussi équilibré, harmonieux et signifiant.

                Et surtout, le dessin géométrique  n’est pas l’essentiel il n’est que l’élément structurant d’un ensemble complexe.

                Il faut y ajouter les couleurs bien sûr, dont le choix totalement libre et dépourvu de tabous  non pas par désir de provocation ou de pseudo-originalité, mais par liberté que je m’accorde. J’aime à représenter la même  nuance par un maximum de tissus différents, ce qui n’est pas si simple qu’on peut le penser : les nuances doivent être assez proches pour que l’effet d’ensemble ne se perde pas totalement, mais suffisamment variées justement, pour permettre à l’œil d’autres lectures que celles d’un quilt où le rouge est toujours représenté par la même étoffe ou tout au plus par une presque identique. Il faut jouer sans cesse entre l’effet d’unité et l’effet de dispersion.

                Au dessin de la cartographie première, vont s’ajouter le relief et la profondeur donnés par le choix des valeurs (clair-moyen-foncé), on pourra procurer l’illusion de la profondeur ou au contraire de l’avancée, on pourra aussi choisir de gommer le relief par un choix de valeurs proches avec toutefois des dérogations. Ceci ne m’est bien évidemment pas particulier et nombre de quilteuses jouent avec ces possibilités, mais chacune le fait à sa manière.

                Et ce qu’il y a de plus particulier à notre art, c’est bien précisément le choix des tissus.

                Les tissus unis, ou sans motif trop marqués, accentuent à la fois la géométrie et l’effet de relief.

                C’est un choix respectable, surtout si on songe aux merveilles produites par les Amish, mais  ce n’est pas le mien.

                A ce stade on est encore  très proche d’un dessin  qu’on pourrait peindre et la part du tissu en ce qu’il a de particulier n’est pas primordiale; et pour moi, ce le tissu a de plus particulier en dehors de sa texture (que j’aborderai plus tard) et de sa couleur dominante, ce sont ses motifs.

     Associés à la géométrie, au travail sur le dessin et sur le relief, ce sont eux qui en dernier ressort guident l’œil d’un fragment à un autre. Ainsi y aura-t-il toujours, des rappels de couleurs qui forment un « chemin » parfois interrompu, mais aussi des rappels de formes, aussi bien dans le carré basique qu’on appelle bloc que dans l’assemblage des blocs en zones, puis en rangées, puis en surface. Il y aura des zones plus ou moins saturées en couleurs, plus ou moins compactes, plus ou moins brouillées par les motifs. C’est une construction progressive, où rien n’est au départ figé et préétabli mais où rien non plus n’est l’heureux effet du hasard.

                Ce travail dont on dit à tort qu’il est plus facile « parce que les erreurs se  verraient moins » est presque toujours chez moi une lutte entre le « trop » et le « pas assez », c’est pourquoi, je m’impose au départ des règles. Je ne les détaillerai pas ici, car elles sont expliquées sous chaque ouvrage, mais on peut en donner un exemple « rien que du bleu » mais s’accorder le droit à toutes les nuances de bleu y compris celles qui tirent sur une autre couleur (et c’est là que le classement élaboré au chapitre précédent se trouve précieux) les bleus tels que moi, je les vois et que d’autres verront peut-être gris ou verts…et autour de ces bleus une géométrie stricte qui va permettre de savourer le jeu sur les étoffes .

                J’ajoute à cette variété et à la rigueur des structures, un penchant pour la miniaturisation.  Plus un morceau d’étoffe est petit moins j’ai envie de le jeter et tant qu’il est assez grand pour être assemblé avec des marges de coutures, il n’y a aucune raison pour moi que de pas tenter de le coudre ; cette miniaturisation, à l’égal de la géométrie m’autorise le choix d’un plus grand nombre d’étoffes et me permet de travailler mes fragments en les nuançant autant que je le juge nécessaire, mais en plus de cette notion esthétique, il y a l’idée d’une alchimie du « rien », ce que tout le monde jetterait, j’éprouve une joie indicible à lui donner droit de cité, plus un morceau est petit et négligeable, plus j’ai envie de lui trouver sa place. J’ai beaucoup plus de plaisir à ces minutieux assemblages qu’à découper le plus vite possible une dizaine d’étoffes assorties pour en faire une composition « classique », il est certain que construisant cette surface d’étoffes, je construis ou reconstruit quelque chose en moi et à l’extérieur  de moi. Il faudrait lire aussi mes surfaces géométriques comme un tout-qui serait emblématique de ma vie- et non comme des ouvrages différents, une série de « jolis » petits quilts, comme on me dit si souvent. Une surface composée de surfaces.

    Ps- on peut en voir quelques-unes sur la ligne suivante , mais se promener dans l'index les montrera mieux comme j'aime: faisant partie d'un tout . En égale importance pas en "occupe-doigts" . ou en stade  "bon quand on débute ..."

    Sur les géométries, on peut lire aussi des articles rédigés ultérieurement  :

    art textile et géométrie-1

    art texteile et géométrie-2

     

    Lire la suite

  • Féminisme et écriture inclusive

    Je voudrais aborder ici un sujet qui agite souvent les réseaux sociaux,  où il n'est pas toujours facile de se faire comprendre.Et clarifier ma position.

    Ce blog signale sur bien des pages l'injustice faite aux femmes dans leur reconnaissance artistique.  Et pas seulement en art textile. Je rappelle cette citation de l'historien de l'art Roger Dunn dans le livre Stitching resistance , dont j'ai fait le compte rendu.

    " "de tels arts utiles sont devenus connus comme  "arts mineurs" "arts décoratifs" ou simplement "artisanat" avec le corollaire qu'ils valaient moins  que la peinture, la sculpture ou l'architecture,  les ouvrages en textiles sont rarement inclus dans une philosophie de l'esthétique  ainsi que dans l'histoire et la critique d'art"

    Les mots .sont aussi ma matière. je rappelle que j'ai fait des études de Lettres Classiques, certes je ne suis ni docteur, ni agrégée, mais j'ai choisi d'enseigner en collège à un niveau où la pensée se forme et où le langage -et sa maîtrise sont primordiaux. et je prétends connaître un peu ce que je nomme le système de langue. pas la linguistique absconse, non . La pragmatique, celle qui aide les élèves à s'exprimer clairement et sans trop d'erreurs.  J'ai étudié le grec ancien, le latin, l'ancien français, leurs linguistiques.  J'ai certes sans doute beaucoup oublié mais pas les fondements, pas ce qui structure. J'ai appris à user de l'étymologie pour goûter la saveur d'un mot.. par la racine. J'ai appris à mes élèves à le faire. Quand on écrit  une phrase en sachant pourquoi on l'écrit ainsi, on est aux sources de sa langue maternelle (vous remarquerez qu'on ne dit pas langue paternelle si machiste que soit notre langue)  J'ai écrit un livre poour aider à la maîtrise des difficultés du français en partant des erreurs non pour les fustiger mais pour comprendre pourquoi on se trompe, pourquoi on écrit ainsi . Car oui presque tout peut s'expliquer si l'enseignant  possède lui-même des   bases solides pour le faire. J'ai eu la chance d'étudier à une époque où c'était possible. J'ai complété par moi-même et je continue d'apprendre.

    Je voudrais d'abord affirmer haut et fort qu'être contre le point médian et les pronoms personnels artificiellement inventés ce n'est pas être anti féministe, tout au contraire.   Si on y réfléchit ce que les femmes ont gagné de droits depuis plus de 100 ans, n'en a pas été empêché par le machisme (parfois réel) de quelque langue que ce soit. Nous avons agi  au niveau des droits et des lois, dans un état de langue qui serait redevenu machiste après l'avoir moins été (selon les thèses à la mode) . Et on  se fait traiter de boomer (le mot ringard est ringard ) quand on refuse l'inclusive par des jeunes femmes qui tombent dans l'âgisme ce qui n'est guère mieux que le sexisme .

    L'idée de modifier les mentalités par le langage est à proprement parler ubuesque; on pourra peut-être imposer un usage par matraquage intensif , mais on ne forcera personne à penser ce qu'il n'a pas envie de penser.  Un macho forcé d'utiliser des points médians ou de les lire s'ils envahissent tout, consacrant un usage imposé,  restera macho et peut-être encore plus par réaction Donc c'est défigurer la langue sans  autre profit que le buzz autour de quelques excitées à qui j'ai envie de dire d'apprendre d'abord les régles de la morphologie et de la phonétique. Pour métamorphoser il faut connaître ce qu'on veut changer et ce n'est absolument pas le cas. On coupe les mots hors syllabes et hors radical, déjà , signe qu'oon ne sait pas comment un mot est formé (morphologie) . Or, c'est capital dans les apprentissages de base. Et la manière dont on lit, aussi.

    Il serait plus oppportun de défendre les droits réels gagnés par nos anciennes et nous-mêmes, parce que, comme l'a souligné Simone de Beauvoir, il suffit d'une crise , d'un gouvernement (réellement) réactionnaire voire autoritaire  ou totalitaire  pour que ceux-ci soient en danger. et régressent c'est le principe même de la "réaction"  . On le voit à l'oeuvre dans nombre d'autres pays. Et ce n'est pas en "déconstruisant" notre langue qu'on va améliorer cet état de choses. Ni en  tirant les faits dans le sens de ce qu'on veut imposer, ce qui semble aussi une tendance de certains neo-historiens. Certes ce qu'ils disent est vrai, mais partiellement et surtout partialement .Et ce sont parfois les mêmes qui accusent l'histoire "officielle" de propagande. Qu'on balaie donc d'abord devant sa porte .

    Ce qui m'amène  au livre Madame Eliane Viennot   beaucoup cité dans cette polémique, ouvrage  qui démontrait qu'il y aurait eu une "masculinisation' de la langue au XVII° siècle , notamment , s'appuyant sur les noms de métiers au féminin qui auraient disparu et ce qui serait la preuve qu'à des époques antérieures on respectait mieux les femmes puisque ces noms de métier au féminin existaient (ce qui reste à  établir plus complètement, parce que  pour la condition de la paysanne analphabète j'en doute très fort !) . 

    Ce  fameux masculin qui l'emporterait ensuite et qui donc aurait fait régresser sous la poussée de méchants académiciens et grammairiens  . Je schématise  mais c'est ce que la plupart en ont retenu. Il fallait donc partir en croisade pour venger ces pauvres femmes que la  langue, en regression supposée,  "invisibilise" sic ! Il existe sur  internet beaucoup plus d'articles pour prendre ce livre comme catéchisme et vérité "indiscutable", le titre universitaire  de l'auteur faisant autorité  que d'articles  examinant    ce qui y est affirmé, en recoupant avec d'autres faits de langue et historiques et la linguistique comparée.  .Et qui suis-je donc moi qui ai moins de diplômes pour oser contester cette nouvelle Bible féministe ?
     S'il faut un titre universitaire pour être crédible qu'on lise alors cet article, qui reprend tout point par point, triant ce qui reste fondé de ce qui été "forcé" ou biaisé . Et ce qui l'a été n'est pas négligeable.  .

    Lien vers l'article d'Hélène Merlin-Kajman sur le livre  d'Eliane Viennot.

    A lire absolument pour éviter le célèbre "biais cognitif".

    J'ajouterai encore : acceptons que le   le livre de Madame Viennot   soit  entièrement fondé et objectif , pas du tout militant ni orienté cela ne voudrait pas dire qu'il faille approuver le point médian et la création de pronoms personnels bricolés encore moins à tenter de l'enseigner ou de l'imposer dans certaines instances universitaires . Le savoir comme la langue n'a pas à être confisqué par un groupe militant . c'est une étude, et il en existe d'autres , contradictoires.  Comme expliqué ici dans une interview par le regretté  linguiste Alain Rey qu'on ne peut accuser de conservatisme et qui connaissait l'histoire de la langue frnçaise  tout de même un peu !  Si mon savoir est contestable le sien ne l'est pas.  

    Lien, vers l'opinion d'Alain Rey sur la question

    Je nuancerai son propos : ça dure depuis plus de six mois et ça gagne du  terrain  pour la raison simple que cette évolution fait son lit dans l'ignorance même des bases du français  et de la manière dont il s'est formé. Et c'est un mouvement plus vaste et international . Ne pas se tromper la culture dite "woke" à laquelle ce courant s'apparente est une vraie machine de guerre  qui utilise internet comme arme.  On sait que l'usage repose sur le nombre, mais là il s'agit d'un nombre apparent qui vient non  de la quantité réelle de personnes convaincues  du bien fondé de ces changements., mais du nombre de publications abondant dans ce sens. L'idée c'est que les gens passant leurs vies sur les écrans c'est là qu'il faut  imposer ces transformations catapultées d'un groupe vers l'ensemble et non venu de l'ensemble , sous l'effet d' un besoin collectif réel quant à la langue, d'un "manque". Ce n'est pas l'usage de l'ensemble des usagers mais d'un fraction militante et  .. sur écran . Or une langue se PARLE aussi . Vouloir modifier un usage, juste à l'écrit et  accepter que l'oral soit différent, donc, ne me semble pas logique et complique inutilement un "état de langue". 

     

    J'ajoute je n'ai rien contre la féminisation actuelle des noms de métier exercés par des femmes, si ce n'est que je n'ai pas constaté que cette féminisation influait en  quoi que ce soit sur le regard social  envers les   femmes qui exercent ce métier,  sauf àfaire remarquer ingénument qu'elles aussi le peuvent, ce qui devrait devenir une évidence.  .Il y a des hommes "sage-femme" . Je ne sais s'ils ont revendiqué qu'on masculinise leur nom de métier .

     

    Sur ce masculin et sur les genres et la langue maints articles ont paru et les conséquences plus que fâcheuses de l'écriture inclusive .Je ne cite que celui-ci qui signé par trente -deux linguistes . Il résume clairement ce que j'en pense. Je ne ferai pas mieux .
    lien vers l'article du Journal Marianne

    Et on peut lire une contre argumentation-là (qui ne me convainc nullement)  lien vers la contre argumentation

    On s'est moqué de L'Académie Française qui parlait du danger pour le français  ( évidemment avec l'âgisme habituel) , ses arguments sont pourtant plus pertinents que les quelquues-uns ci-dessus. On peut lire sa position ici

    Le danger signalé par l''Académie n'est pas le seul  et non il n'est pas exagéré. Quoi tout ce foin pour un point médian ? Pour un néologisme (sauf que jusqu'alors les néologismes concernent les mots lexicaux comme noms verbes et adjectifs) et non les mots grammaticaux comme les pronoms personnels. les accords de genre font partie de la syntaxe, non du lexique.

    Admettez  et ce n'est pas si surréaliste, en l'état de mentalité présent,  que demain chaque groupe disposant d'une  particularité qu'il juge "invisibilisée" (être femme en  est une mais à être vieux ou handicapé ou de telle ou telle couleur de peau,  religion,  région, parti poltique  en sont d'autres tout aussi importantes .  Est important pour un individu donné ce qu'il vit comme important dans cette fameuse sensibilité qu'il faut sans cesse ménager (celle des animaux aussi à présent puisque des groupes de véganes extrémistes ont voulu interdire les insultes style "face de rat" si si je n'invente pas ! Vous comprenez les rats qui sont d'une utililité manifeste surtout comme vecteurs de maladies on ne sait pas si ces pauvres bêtes en souffraient dans leur ego bafoué !Et un porc auquel on ose comparer un homme un peu grivois sans doute en a sa sexualité de suidé bouleversée ?  

    Quelle époque vit-on donc où on peut accorder crédit à des revendications aussi ridicules que radicales alors que des enfants meurent encore partout et que la pollution  détruit la Nature et  que les vraies épidémies sévissent ?

    On aurait alors des mots à rallonges avec une kyrielle de points médians ? de mots bricolés? De mots supprimés parce qu'ils offensent tel ou tel groupuscule en mal de visibilité sur le web ? Et dans la vie n'ont-ils pas de moyen de se rendre visibles, utiles, actifs ? Il ne manque pas de causes qui manquent soit de bras, soit de fonds . Y compris les centres d'accueil de femmes battues ...

    Soyons sérieux certes le français a des variantes il n'est pas monolithe, on ne parle pas tout à fait à Marseille comme à Bordeaux ou à Lille ni à 70 ans comme à 18. Ni comme au XVI° siècle mais  il existe moins de différences grammaticales et lexicales entre un texte littéraire du début du  XIX° siècle et du milieu du XX° qu'entre ce que j'écris ici et ce qui s'écrit sur certains blogs   ou sites rédigés par des personnes  nées au début de ce millénaire. Ce n'est plus une évolution, c'est une autre langue    Où est  notre langue commune -et non figée - , celle dans laquelle notre littérature reste écrite ?  Celle que les étrangers apprennent (encore, pour le moment )Et si elle a été fixée tard (argument qu'on  avance pour tout changement artificiel)  c'est je le rappelle   pour qu'on n'ait pas besoin d'un interprète pour se comprendre, pour unifier  les habitants d'un territoire reconnu comme commun d'où qu'ils viennent, quel que soit leur milieu social  et.. leur âge, leurs opinions, leur sexe .  La langue est un outil de pensée pour tous,  pas un territoire à conquérir pour quelque"bonne cause" que ce soit.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • quand une brodeuse fait une mise au point

    L'article publié hier a suscité surtout sur les réseaux sociaux quelques réactions , où je sens bien encore que cet art de broder même quand on l'admire , on ne le comprend pas comme je l'exerce (je et beaucoup d'autres qui me dit-on, ont la sagesse de se taire et de pas s'occuper de ce qu'on en dit) .

     Je ne me  tairai que  lorsqu'il  y aura des patchworks et des broderies de création contemporaine ou pas, témoignant d'une expression personnelle,  de  l'inviduailité (ou du collectif) qui la signe dans musées, et galeries d'art généralistes, pas juste  comme témoignage d'un merveilleux  savoir-faire  etc. On est là à contresens sur ce que je veux dire et faire , bref quand on sortira enfin des préjugés et des ornières, des exclusions, des bornages des à peu près,  je me tairai. 

    Et si nous, nous le disons pas comment nous élaborons, personne ne le dira à notre place, croyez-le bien.  Donc on se tait et on manque l'occasion de faire changer le regard collectif sur ce que nous créons (et non :  faisons).    Je sais beaucoup travaillent en clubs dans un entre soi qui leur suffit  mais je suis un esprit indépendant , défaut ou qualité je ne vois pas en quoi ça rendrait mon avis caduc, ni mes ouvrages sans valeur.

    donc ma mse au point (c'est le cas de le dire)

    "Ce travail des brodeuses professionnelles sur linge à visée utilitaire ou décorative est certes admirable je collectionne les pièces, mais ce n'est pas tout à fait non plus ce que je fais aujourd’hui .(et le patchwork n'est pas non plus de la broderie il y a donc deux arts au moins dans mon art textile  ) .Du reste ma vue ne me le permet plus, même si à 20 ans je faisais cela avec la même perfection au point qu'une brodeuse pro m'avait dit que je devrais en faire mon métier . J'ai même gagné un peu de sous en brodant des initiales sur des draps pour des mariages . Pour moi actuellement l’expression prime la perfection et c'est en cela que c'est pour moi sinon un art ..mais une création personnelle où le choix des motifs, ces points, -il en existe des centaines!- des fils (même chose!) des nuances pour créer des textures qui viennent de moi, pas d'un modèle de revue ( même si j'y ai appris les techniques) . J'aime que mon tempérament se voie dans les points que je brode ou couds. Ce n'est pas une simple "activité manuelle" . Mes mains toutes seules sans l’imagination qui a conçu ne feraient rien il y a le désir de faire exister quelque chose qui n'existe pas déjà sous cette forme qui dépend de mes choix et décisions personnels et d'une vision que j'ai en moi de ce que je veux obtenir (et pas seulement l’exécution parfaite avec points mesurés d'un dessin qu'il soit de moi ou emprunté)-. Que ce soit raté est possible ou moche j'accepte qu'on me le dise, je me le dis plus d'une fois (j'ai de boîtes à ratés qui débordent !!) mais qu'on me mette sur le même plan que quelqu'un qui ne fait pas du tout ce travail de conception me blesse. Je suis incapable d'exécuter le modèle-(le modèle n'est pas le dessin mais les explications de réalisation qui vont avec ) de quelqu’un d'autre ça m'ennuie, ça existe déjà. Je sais comment ça va être, plus de mystère plus de suspense plus de "voyage" .Et ce n'est pas en mettant du bleu à la place du rouge que je me surprendrai ou en changeant de point de base . C'est quand même un peu plus que cela Même avec un dessin en noir et blanc emprunté je recompose Recomposer entièrement n'est pas changer quelques détails pour "personnaliser", là c'est à peu près impossible à faire saisir . . Je ne suis pas mue par l'envie de  posséder un bel objet identique ou ressemblant à celui vu dans livre ou revue, mais comme toute personne qui crée de dire quelque chose avec ces matières-là, disposées et employées ainsi. Si on regarde -vraiment- mon index textile, on comprendra peut-être la différence entre ce que je fais et un drap brodé même plus superbement que je ne saurais jamais le faire,-même si je l'ai fait il y a bien longtemps- cette virtuosité-là que j'admire n'est pas ce à quoi j'aspire. Aucune de mes broderies actuelles n'est parfaite j’espère que quelques-unes sont expressives,sont de moi sont "moi" autant que mes poésies, pas juste jolies et bien faites. .Outre que mon travail textile est lié étroitement à celui d'écriture  et ce bien avant que "texte et textile" ait été récupéré par les brodeuses contemporaines. "

     

     

     

    Vague a l ame 1

    Vague à l'âme 

     

     

  • Le bonheur en lisière -4

    Au  cours des années 90, j'ai commencé ma collection de   livres américains achetés chez Brentano's, le plus souvent , puis diffusés par les commerçantes- artistes quilteuses de l'époque , si on voulait  vivre de son art, il fallait  déjà en passer par là , vendre des modèles, des kits, des tissus, organiser des stages.  La machine commerciale était en route.   Point trop de salons et un art pas encore vendu aux marchands du temple, cependant. Ma première  grande influence fut l'artiste Nadine Rogeret à qui j'achetais mes premiers tissus américains . Ce furent longtemps, les seuls. J'aimais sa façon de créer en mélangeant dans ses oeuvres une inspiration qui venait de la géométrie et des compositions tout à fait personnelles. On voit nombre de ses oeuvres dans le livre de Claude Fauque Le patchwork ou la désobéissance . Si une me fut exemple, dans mes débuts en mosaïque de tissus, ce fut elle et je la salue au passage .

    Je m'intéressais donc à cette géométrie dite traditionnelle et américaine ,  parce qu"elle coïncidait, en moi, à mille manières de construire avec des tissus. J'ai toujours aimé mettre beaucoup d'étoffes différentes dans ce que je fais , parce que pour moi c'est une sorte de richesse de vocabulaire.  A mes yeux, c'était de la mosaïque, de la marqueterie,  arts qui m'ont toujours fascinée et dont je n'ai jamais compris qu'ils soient jugés comme décoratifs et mineurs sauf quand un  grand nom s'en empare , que la peinture s'en inspire ou qu'un mouvement d'arts plastiques en vogue les récupère.  J'ai expérimenté évidemment, depuis, d'autres voies et certaines de mes créations actuelles sont toutes différentes, mais cette variété est la pierre angulaire de ce qu'on me pardonnera d'appeler ma démarche. Or, mettre énormément de tissus, de motifs et de couleurs venus non de chez un marchand qui vous les a assortis mais des découvertes et trouvailles un peu partout - neuf et ancien mêlés - exige pour équilibrer une rigueur que la géométrie des blocs et leur répétition me donnaient . La miniaturisation  des morceaux aussi.

    J'en étais donc là, à prospecter dans ma collection de tissus et les différents dessins issus de ce qu'on nomme "tradition" - J'envoyais en guise de voeux à l'association une photo d'un de mes patchworks, , on était début  92 et à ma grande surprise la directrice de publication Suzanne Lambert  me répondit , et m'encouragea. Elle fit mieux elle publia comme modèle ce premier quilt  réalisé d'ailleurs bien des années avant d'après un bloc trouvé dans une revue. Ce fut pour moi un puissant déclencheur, le geste qui me donna confiance . Mon livre lui est dédié. Sans elle, je n'aurais pas cru en moi. Je croiserai plus tard d'autres personnes (et aujourd'hui encore!) qui m'aideront à dépasser mes doutes, à continuer, car seule et souvent à contre-courant ,  ce n'est pas si facile.  Je veux saluer celle qui fut pour moi à l'origine de ce  que je nomme ma  seconde vocation  (la première, comme on le sait, était l'écriture ).    et je préfère oublier les réflexions inévitables du genre "on te l'a pris parce qu' à l'époque, 'on manquait de modèles". Car oui , c'est ce qu'on entend au sein de notre corporation. (à suivre)

    Pour

     Pour Guillaume -1990- parution   1993 Nouvelles du Patchwork

    tissus américains et de récupération

  • Le bonheur en lisière 2

     NB les liens sont donnés pour éviter de refaire des démonstrations  déjà faites .

    Il y a donc une histoire du patchwork et de l'art textile en France, une histoire ignorée et même occultée, qu'on commence à redécouvrir  mais toujours à l'arrière -plan . On a longtemps cru (et moi aussi) que le patchwork, c'était exclusivement anglo-saxon, et surtout américain (certaines américaines le croient aussi!) , mais il m'étonnait qu'en France , on n'ait jamais rien créé en ce domaine. On sait maintenant qu'il n'en est rien. cf ce lien pour en savoir plus

    Et une  histoire récente un "revival" comme on dit outre-Atlantique,qui commence chez nous dans les années 70. On voyait d'ailleurs à cette époque beaucoup de tissus imitant le patchwork, mais précisément le patchwork tel qu'on le caricature et ainsi, il ne m'attirait pas . C'était l'époque où j'avais acheté les livres de Marie Jeanine Solvit.

    J'ai raconté comment en 1982, j'ai rencontré l'assemblage d'étoffes dans mon livre Jeux d'étoffes impressions, expressions . Ignorant tout des règles du patchwork dit  américain , je traçais avec des formes simples , je faisais des couvertures pour mes enfants. Celle qu'on voit ci dessous est une des premières , composée dans le Var où j'étais en vacances pour mon fils aîné. Elle date de 1987, ne comporte aucun tissu à cet usage ( j'en ignorais l'existence) et mélange allégrement lainages, synthétiques et coton . Elle obéit déjà à une stratégie d'assemblage : un imprimé et un uni soigneusement  assorti , c'est forcément une création puisque je ne disposais d'aucun livre ou revue , mais toute  création n'est pas forcément un chef d’œuvre. J'ajoute  qu'elle a été lavée des dizaines de fois , et sur  la photo a été prise en 2010 , on voit qu'elle a tenu la route... elle n'est pas non plus  matelassée parce  que pour moi un patchwork n'est pas et ne sera jamais forcément un quilt .  Je n'avais pas besoin qu'on me dise comment placer les couleurs, ni même les unités qui ne sont pas des blocs   à proprement parler : j'avais une idée personnelle-bonne ou mauvaise- de la chose.

    Pict0075couvertures -1987

    C'étaient déjà des surfaces"expressives"  que je composais , et là sans influence au vu de mon ignorance en la matière. J'étais dans ce qu'on pourrait appeler ma période primitive . Il est à noter qu'une couverture comme celle  appelée Simplicité qui date des années 86-87 pour la conception mais fut terminée en 1992  'était déjà du "contemporain" sans le savoir au vu que j'ignorais à ce moment les "blocs" américains. Je n'allais d'ailleurs pas tarder à entrer dans l'enfer du célèbre clivage traditionnel-contemporain ... mais c'est une autre histoire... (à suivre)

    Simpliciteg

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  • Le bonheur en lisière -Prologue

     

     

    NB Je reproduis ici en plusieurs billets le long article que j'ai écrit sur mon parcours textile . Il dit l'essentiel de ce que j'ai vécu . J'ai commencé en 1982, ce n'est donc déjà pas pour moi un "loisir de retraitée " qui s'ennuie.  Il complète l'index que j'ai achevé il ya quelques mois .

    I-Prologue

    . J'ai souvent eu l'impression que mon parcours en art textile était une suite de malentendus, voire de contretemps, signe  d'une inadaptation foncière aussi à ce qu'il aurait fallu être et faire !

    D'avoir vécu en lisière de la vie  de ce qu'on nomme le "monde du patchwork et de l'art textile" où je ne suis ni inconnue, ni vraiment reconnue. Et très peu souvent comprise L'impression d'exercer le même art , mais avec un point de vue totalement marginal . Ce n'est pas volontaire; je ne peux absolument pas me contraindre à le vivre autrement .

    Et  c'est aussi en même temps, l'exercice d'un grand bonheur, d'une plénitude, parce que d'une grande liberté où précisément ce que je suis, ma nature, mon essence si on me permet  ce mot, peuvent se développer . Je dirai même que ces malentendus, cet écart, ces hiatus  ont été pour moi une chance, que je mesure  : ils m'ont permis d'aller aussi loin que possible, dans ce que moi, je voulais créer. N'y voyez pas orgueil, ou alors, pas seulement, mais appel, vocation . Je n'ai jamais dit une seule fois que ce que je faisais était mieux que les travaux des  autres, d'abord parce  que je trouve cela stupide, ensuite parce  que je n'y crois pas. Je crois en  revanche, à la singularité de ce que je crée  comme étant une œuvre particulière, témoignant de moi, et en ce qu'elle est aussi incluse dans une époque, un contexte inhérent aux arts qu'elle exerce ,  et soumise à des influences. Mais une influence n'est pas un formatage .

    Une chance pour créer, mais un ostracisme pour être publiée et exposée . Là il vaut mieux nager dans le sens du courant et taire ses divergences . Je laisse le lecteur juge de voir si c'est justifié.

    Parcours croisé forcément, avec le monde du patchwork, parfois au sens très étroit du terme et que je suis de très près, attentive à ses évolutions. et  à la différence de beaucoup d'artistes traditionnelles , je ne me suis pas fermée à ses mutations, mais s'y ouvrir n'a jamais signifié pour moi faire autre chose que ce qu'un désir, une envie une force puissante m'incitait à Faire. Ainsi ai-je suivi mon évolution et non celle qu'il "fallait" suivre. On ne m'a pas vu  abandonner la géométrie régulière sous la poussée de boutoir du destructuré dit contemporain, ni les tissus sous le bulldozer du mixed media déguisé en art textile, ni penser que la 3 D c'est mieux qu'une surface, plus " original" . Juste que tout cela est différent et que je n'avais rien à suivre qui ne s'intègre à mon propre parcours . Perméable mais pas influençable au point de perdre mon identité dans les tendances pour être sur un  podium

    Je livre mon expérience dans l'espoir de croiser des personnes dont le parcours est réellement proche. J'en sais quelques-unes et si les autres pouvaient sortir de l'anonymat et m'écrire je serais comblée. Non pas pour m'approuver forcément en tout ce que  j'écris : mon expérience comme tout parcours est unique et comme tel subjectif. Je ne cherche pas des compliments , mais une réflexion sur notre art qui dépasse les querelles de personnes et de chapelles et surtout ne s'appuie pas sur les poncifs d'une pensée généreusement dispensée dans clubs, ateliers et revues. Les faits rapportés de l'histoire du patchwork,  sont eux, incontournables. C'est bien comme cela que ça s'est passé et j'en ai les preuves dans les innombrables livres et revues que je lis, relis et médite. Et dans les relations que j'ai entretenues, parfois pendant de longues années et maintenant encore.

    Aux yeux des pratiquantes, je  "fais" du patchwork  traditionnel  et à côté de l'art textile contemporain . Le regard des spécialistes en art, quand d'aventure il se pose sur moi ce qui est déjà un bien grand honneur,  est sensiblement différent, car ils n'ont pas été formatés  revues,  clubs de patchwork et n'ont pas grand chose à faire avec  les clivages nés dans notre petite sphère. Et je peux vous dire: la plupart s'en moquent bien  du "traditionnel", du "contemporain" et de "l'art textile " , ils regardent comme dans un autre art : la composition, la texture, ce qui en émane (ou pas). Certains entrent et d'autres restent à la porte.   Certains hommes notamment, dès qu'ils voient des fils et des tissus,  s'écartent de la couture comme s'ils risquaient rien qu'en la regardant, a fortiori en admirant ,  de perdre leur virilité, et  certaines femmes féministes autrement que je ne  le suis, tiennent l'aiguille pour un signe de servage ...Nobody is perfect.

     A  ne pas lire  donc comme un xième récit des malheurs de l'auteur en patchwork ...je suis pas malheureuse dans mon art, mille fois non .Je suis souvent en colère, en révolte, en position militante , car j'aimerais tellement changer le "regard sur", d'autant que je sais que c'est possible, pour y être parvenue quelquefois.

    Je suis bien dans mon œuvre , où je n'ai surtout pas  voulu faire carrière   parce qu'à travers elle, j'ai visité tant de "mondes" imaginaires et ce n'est pas terminé, jusqu'à mon dernier jour je rêverai la vie en tissus, en fils, et en formes de couleurs à toucher ...

    L'histoire du patchwork-assemblage de tissus variés-  tel qu'il s'est répandu -essentiellement comme loisir dit créatif  en France à partir des années 80 mais tentant de devenir un art en éliminant ce qui avait fait jusqu'alors son  essence ,  est inconnue de celles qui l'abordent aujourd'hui et plus encore du public et ne disons rien du monde de l'art officiel dont il est d'office exclu.

     Je voudrais souligner en quoi je ne me suis  pas sentie adhérer à pas mal d'opinions tellement répandues qu'elles vaudraient " vérité" et de pratiques .  Et plus j'ai approfondi ma connaissance des arts textiles et du patchwork, et celles des arts tout court aussi, plus je me sentais dissidente par rapport à une attitude générale et un discours officiel  véhiculé par les "grandes , entendons par là les  "dominantes" officielles du moment. Jusqu'à me demander si nous parlions du même art , parfois ! ce n'est pas un réglement de compte mais une tentative de démythification et aussi de démystification : je sais trop comment certaines réputations se sont faites et se font.

    Pour parler musique :  je préfère être la tonique que la dominante, en cette mélodie parfois grinçante.

    Je  voudrais retracer ici ce double parcours, le mien et celui de ce que  je nomme la "corporation" .Je le voudrais aussi parce que  le patchwork reste largement ignoré en France, et que les personnes qui l'exercent  en loisir de divertissement en donnent une image faussée. Majoritaire, mais faussée aux yeux du grand public. 

    On me reprochera la longueur, je le sais, mais on ne peut aborder un sujet complexe en quatre phrases et deux photos . Il ne s'agit pas  ici non plus de séduire ou complaire, mais de témoigner d'une expérience. J'ai espoir qu'il existe au monde un lecteur capable de lire tout sans se lasser.

    (à suivre)

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