Abstract design in American quilts
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 19/10/2012
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Abstract design in American Quilts
Auteur Jonathan Holstein
éditeur The kentucky quilt project
1991
en anglais (acheté d'occasion)
Si vous avez entendu parler de l'exposition de 1971 du Whitney Museum qui fut une tentative de l'auteur (et collectionneur) et de sa compagne de faire reconnaître certains quilts de leur collection comme œuvres d'art et surtout d'obtenir un regard sur eux qui échappe à ce que je nomme le syndrome de la couturière, ce livre sera pour vous une mine de découvertes, car cette exposition c'est un peu comme l'Arlésienne, on en parle beaucoup, mais celles qui n'ont pas pu la voir ont rarement eu accès à autre chose que quelques articles qui effleurent le sujet.
Les 136 premières pages du livre sont consacrées au récit détaillé de la collection, de l'exposition de 1971, des réactions, des autres expositions qui ont suivi , y compris en 1972 à Paris , et toute la tournée qu'elle a faite. Tout est dit dans les moindres détails et il s'en dégage d'ailleurs une vision très vivante du monde du patchwork aux USA, non pas au niveau des livres techniques que nous connaissons bien, mais dans leur tentative pour être reconnus comme un art. Il fourmille d'anecdotes , et l'auteur ne manque ni de vivacité de style, ni d'humour .Cette biographie d'une exposition se termine à la deuxième "mouture" en 1991.
Pour moi la partie la plus intéressante c'est évidemment les photos des quilts. j'en connaissais quelques-uns qui ont été abondamment reproduits, tant en photographies qu'en étoffes, mais en revanche d'autres sont une totale surprise. Ces quilts comportent quelques crazys très sobres rien à voir avec les victoriens que l'auteur ne prise pas particulièrement , et sont presque tous issus de l'état de Pennsylvanie . Un seul Amish, superbe au demeurant . Les commentaires de l'auteur sont souvent pertinents et sans langue de bois. Il souligne plusieurs fois comment l'imperfection technique ajoute une dimension esthétique plus grande qu'une régularité ennuyeuse et si on adopte son regard , on s'aperçoit que cela saute aux yeux comme une évidence.
A méditer par les maniaques des points tous pareils et de l'équerrage sans défaut .
Et où s'aperçoit aussi que la célèbre boutade de Picasso "quand je n'ai plus de rouge, je prends du bleu"- ou l'inverse, était déjà appliqué par maintes quilteuses de la fin dui XIX siècle au début du XX....
Et une fois de plus je demanderai qu'on repense le mot "contemporain" en tant que style à la lumière de ce qu'on faisait à l'époque ... Beaucoup de "contemporains" des années 1990 -2000 n'ont pas cette fraîcheur dans l'invention et l'ingéniosité. ..quand encore ils/elles ont vraiment inventé, . sans doute parce que si les modèles existaient, on savait prendre ses distances avec eux pour des créations vraiment personnelles .Et anonymes .,
Et on a le sentiment qu'on partait des étoffes qu'on avait ,, quant à la roue des couleurs il est évident que pas un de ses qullts n'a été fait en l'utilisant....pourtant quel impact visuel !
Autre réflexion : la France attend toujours un Quilt revival qui échapperait aux récupérations par des intelligentsias et à la bobo -attitude d'une part et au côté club de loisirs détente d'autre part ... où on fait essentiellement de la couture..Et quid des quilts de notre époque vraiment créés avec inspiration et passion ? Bons pour les poubelles de l'histoire, toujours privés de cimaises, sauf si un collectionneur avisé etc ..Vaudrait-il pas mieux préserver en deçà ?
ce quilt a été fait en 1930 dans le Vermont à partir de rubans utilisés en une sorte de roman stripe irrégulier. en coton et rayonne.l'auteur note que c'est sûrement un des plus mal faits de sa collection , En substance, il n'aurait rien pour plaire et pourtant, il plaît ! Et même il reste en mémoire.
J'ai aimé d'entrée ce crazy quilt issu de la pauvreté , fait dans le Maine à la fin du XIX siècle, de sacs de farine, mais dont le graphisme des broderies est si parlant , avec ses équilibres et ses ruptures. L'auteur raconte que le vendeur lui aurait dit "je donne un dollar à qui m'en débarrasse .".
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