L'étoile des quatre saisons
Une interprétation sur le très long cours...
J'ai commencé cet ouvrage dans le début des années 90, après la lecture du livre de Judy Martin Shining star quilts. J'étais tombée en extase devant la photo suivante, représentant un quilt de Mary Evangeline Dillon , créé en 1984. Ce qui m'avait séduite c'était, plus que les couleurs,un peu froides à mon goût, la présence des arbres à l'intérieur des branches de l'étoile. Aussitôt, ces arbres ont évoqué pour moi le déroulement des saisons, et j'ai vu l'étoile un peu comme une roue du temps. Je précise que le motif de base appelé Lone Star ou parfois étoile de Bethléem est un des grands "classiques" de la tradition américaine du quilt , mais que celle-ci qui avait été redessinée par la créatrice originale , était considérée , à l'époque, comme du contemporain. (contemporary masterpiece).
Je me mis en quête pour mon interprétation personnelle de tissus représentant pour moi chaque saison ,répartis sur deux branches en vis-à vis. A l'époque je commençais ma collection et cela me prit du temps de trouver exactement les imprimés que je voulais, une bonne trentaine pour chaque saison . Je me souviens encore du plaisir à insérer certains tissus .... à imaginer leur progression du centre à la pointe de chaque étoile. Pour le fond j'ai choisi aussi quatre unis différents rompant avec la tradition qui justement propose le plus souvent des étoiles avec un fond en tissu uni, le plus souvent écru.. Là je savais que je bousculais l' unité visuelle mais je voulais essayer . J'ai commencé à monter deux branches -j'ai cousu en commençant par le centre et en tournant .
Un jour regardant une revue de patchwork, je trouve l'oeuvre de Mary Evangeline Dillon, réalisée à l'identique et sans mention de la source , sous le nom d'une quilteuse française alors réputée. Le quilt, reproduit avec les mêmes sortes de tissus aux mêmes endroits, semblable en tous points, matelassage compris, obtint un prix à une exposition et fut même consacré "meilleur quilt français (!) de l'année". ce qu'on couronnait c'était evidemment la virtuosité de la reproduction et le talent de l'éxcutrice dont j'accorde qu'il était impeccable. Quoi d'autre ? puisque rien d'autre n'était de la deuxième signataire. .Il y eut bien quelques protestations dont on se dédouana en plaidant l'oubli, ou en arguant que c'était une copie d'ancien-un quilt de 1984 en 1994 !- , ou encore que le talent et le prestige de la signataire, une star à l'époque et toute star a son fan club - faisait qu'on pouvait bien lui pardonner cet "emprunt" présenté comme involontaire ... que les râleuses étaient de vilaines envieuses aigries qui ne lui arrivaient pas à la cheville, enfin les arguments devenus habituels , mais qui ne me convainquent pas pour autant. Ni alors, ni jamais.On pouvait donc recevoir deux distinctions en France en oubliant de signaler qu'on avait reproduit intégralement l'oeuvre d'une autre !
Je rangeais mon interprétation vaguement écoeurée des us et coutumes de ce que je nommerais plus tard, la corporation .
Que pouvait mon travail honnête et de recherche personnelle contre ces ukases du bien cousu à l'identique déguisé en exploit avec l'aval de presque tout le monde ? Moi qui étais une totale inconnue , de plus !
Et puis je refis deux autres branches au début des années 2000 , ma fille passant par là me dit qu'elle aimait beaucoup cet ouvrage. Je l'ai fini à l'été et l'automne 2015 , pour décorer son nouvel appartement . Je salue au passage le superbe travail de matelassage de Simone Struss .La pièce mesure 2 mètres 80 de côté, c'est immense et la photo en rend mal compte , mais là , la saison ne permet pas mieux en matière de photos et il faudra attendre que l'étoile -roue du temps ait fait un petit tour de plus ...