La robe de soie de ma grand-mère
Qu'on ne s'attende pas ici à une jolie histoire à la guimauve. Je n'aime pas les édulcorants fussent-ils ceux du souvenir, par un soi-disant respect des défunts, ou de la "famille". Je préviens donc avant lecture les bonnes âmes qui pourraient se choquer.
Ma grand'mère paternelle, ancienne bourgeoise fortunée devenue économiquement faible,n'était pas une figure de mon enfance très chaleureuse et généreuse moins encore. Ma mère et elle avaient des dissensions à propos de l'argent qui manquait, car mon aÏeule exigeait de s'habiller comme du temps de sa grandeur passée : robes de soie et chaussures de prix et menaçait de se plaindre à la famille restée dans le Nord si ma mère dérogeait.
Souvent ma mère, contrainte à la diplomatie, trouvait un moyen terme : faire confectionner la robe dans un beau tissu par une couturière à façon....
Ce fut probablement le cas de cette robe de soie dont le tissu date très vraisemblement d'avant la guerre mais qui fut probablement confectionnée ultérieurement. La robe est visiblement cousue artisanalement, mais il est hors de question qu'elle ait été réalisée par sa propriétaire qui était incapable de fournir aucune tâche autre que de tourner les pages de son missel et d'aller à la messe plusieurs fois le jour. Même si elle possédait une machine à coudre à pédale dont je n'ai pas le souvenir qu'elle l'ait utilisée .
Robe qu'elle porta beaucoup et qui fut soigneusement rapiécée par ma mère. Je crois me souvenir que ma grand-mère avait alors refusé de la porter en cet état . Après son décés en 1960 le vêtement finit chez nous dans un de ces cartons où les tissus "précieux" étaient conservés avec de l'antimite. C'est aussi un des premiers que j'ai récupéré quand j'ai entrepris en 1991 mon premier grand crazy l'Arlequin fou . Les blocs étant fondés sur des monochromies et des bichromies et un jeu de valeurs. J'avais besoin de beaucoup de tissus noirs et celui-ci y trouva sa place. Le tissu lavé car très poussiéreux déteignit beaucoup et il est probable que les fleurs étaient blanches à l'origine et le coeur des fleurs d'un orange plus vif.Je ne m'en suis donc servie que pour des ouvrages qu'on ne lave pas.
Dans les années 1990 j'ai réalisé aussi le quilt Le parfum du passé qui est une interprétation très libre empruntée au livre 101 blocs de Better Homes et Garden que beaucoup d'entre vous possèdent , et à l'ouvrage intitulé A very Victorian. J'avais besoin d'une soie pour réaliser le bloc Cameo (dont le dessin est aussi emprunté au livre) et l'idée d'une fleur dans la chevelure est ma touche personnelle. Dans le crazy quilt, il se fond dans l'ensemble et là, il est utilisé pour sa couleur et son motif .
De ci delà on le retrouve dans ce que je nomme mes quilts précieux et autour desquels je concocte un deuxième livre.