ATC textes et textiles
Cette série d'artiste trading cards ou cartes à échanger entre artistes a été créée lors d'un échange à thème -mais pour une fois le thème m'allait comme un gant, si j'ose dire- à l'initiative du blog participatif Dentelles d'encre qui existe toujours quoique sans nouveau ajout . J'y ai contribué avec beaucoup d'autres (et certaines plus que moi) dans la mesure de mes moyens.
Pour moi il s'agissait bien de construire un véritable travail textile dans cet espace minuscule d'une carte (environ 6 cm sur 9 cm...) , donc d'une réflexion sensible sur les textes illustrés, plus exactement la question était : comment fils,tissus, formes et couleurs peuvent rendre ce qu'est pour moi l'atmosphère de ce texte?
Je ne possède évidemment plus ces cartes, il s'agissait d'un échange , mais elles s'inscrivent dans mon oeuvre en liaison des textes-textiles.
Texte accompagnant la broderie de Philomèle
L’égalité : encore trop souvent un mythe ...
L’oeuvre ici présentée fait allusion à la légende de Philomèle, racontée par le poète latin Ovide dans ses Métamorphoses.
Philomèle eut le malheur d’exciter le désir de son beau-frère Térée, qui lors d’une visite rendue à sa soeur, la viola et lui fit couper la langue pour qu’elle ne puisse l’accuser .De plus il la séquestra, la faisant passer pour morte.. Mais c’était compter sans son courage, et le poète raconte que pour dénoncer son bourreau elle fit parvenir à sa soeur, en usant d’un art bien féminin, un tissu « barbare » racontant sa triste histoire « en mêlant des fils blancs et rouges. » Les deux soeurs se vengèrent, terriblement.
Ce n’est qu’une légende certes, mais toutes recèlent un fond de symbolique vérité. Et les événements récents ne cèdent en rien à la « barbarie » de cette fable.
A des siècles voire des millénaires de distance, et malgré des progrès indéniables, l’égalité des femmes reste ...un mythe dans trop souvent de cas.
C’est pourquoi face à la violence et au mépris de la condition féminine, des siècles après j’ai voulu imaginer pour toutes les femmes du monde victimes de violence, d’injustice et d’inégalité, cette broderie barbare de Philomèle. Comme témoignage intemporel de quelque chose qui ne devrait plus être , jamais et nulle part, si on se dit « civilisé » . Comme un appel aux femmes à s’unir non pour se venger comme dans la légende mais pour éduquer leurs fils dans le respect des filles et leurs filles dans l’idée qu’elles n’ont pas à obéir aux hommes, mais à les accompagner. Rien ne se fera sans les femmes et les mères puisque ce sont elles qui trop souvent transmettent à leur fils la conviction qu’il serait dominant et supérieur. Pour qu’elles cessent d’être par tradition et soumission le vecteur souvent inconscient du machisme donc de l’inégalité.