le bonheur en lisière-8

L'art textile, le vrai, le grand, celui que je ne pratique pas .

NB je envoie également sur l'article plus récent  "L'art txtile, les mots confisqué"s, celui où o apptend "que l'art textile est plus contemporain et plus cnceptuel que le contemporain" ou mon dialogue sur le contemporain en art txtile  en fréponse à un sodage

Pendant ce temps , la corporation vivait sa deuxième révolution . Après le contemporain dont on nous assénait que  "pas vraiment artiste" sans cela,  voilà que débarquait l'art textile evidemment toujours sous l'influence des USA -et du Royaume-Uni) . Les personnes qui lisaient bien l'anglais et qui en avaient les moyens,  lasses sans doute de jouer avec les tissus , même en "contemporain" et sentant qu'il faut changer quand on  le dit (elles appelaient cela innover !) se mirent à appliquer les recettes de livres cultes et de magazines en vogue où le mixed-media était roi. Sous  couvert de "récupération" , on allait produire bien des fumées toxiques avec plastiques autres matériaux travaillés   au  fer à souder et masque à gaz ... tout ça dans un but écologique, revendiqué ,  d'ailleurs.

 Présenter cela comme une évolution du patchwork était ce type de supercherie que l'art contemporain affectionne .  A la rigueur, évolution de la broderie  : oui : il s'agissait souvent de rebroder dessus, spécifiquement à la machine. et j'ai beaucoup appris de ces techniques et notament d'artistes comme Maggie Grey et le célèbre duo Beaney et Litteljohn ...mais toujours en les appliquant aux étoffes et aux fils   "classiques" , qui restent ma matière "élue" . Je ne voyais pas la nécessité de lier l'innovation à l'invention de nouveaux produits, dont le toucher déjà me rebutait . J'ai essayé, car je ne rejette rien sans au moins aller y voir  Mais je n'allais pas non plus y passer ma vie, ayant fort à faire avec tout le reste (étoffes et fils, par exemple). Et la seule innovation qui m'ait vraiment conquise, c'est la machine à feutrer.

Art

 printemps -  feutrage laine et tissus (collection privée)

De plus  dire  textile pour ce qui était souvent du mixed media , cela se discute  cf ce lien . Lequel existait dans les arts tout court, comme le fameux "contemporain" depuis des lustres .,Alors faire croire qu'on était les " premières" à mêler peinture, papier, et tissus  fait sourire .En art, ça se faisait déjà, certains peintres d'avant-garde ne s'en étaient  pas privés ! Mais le petit monde des quilteuses n'est pas forcément instruit en histoire de l'art contemporain . Je ne suis pas experte, très loin de là,  mais  enfin personne n'est empêché de suivre sans se questionner et s'informer. Ni forcé  de rejeter en bloc, d'ailleurs, sans au moins aller y voir. Ce que je fis.

On pouvait lire des phrases de la sorte dans la revue de l'association. Celle-ci date de 2003.  Comme précédemment, si l'auteur en veut crédit, je le lui donnerai volontiers, je ne gomme le nom que pour éviter les querelles de personnes , seule l'idée m'intéresse et ce n'est qu'une phrase parmi beaucoup d'autres reprenant la même  "thèse."

"Il n'y a pas d'antagonisme entre le patchwork traditionnel et sa forme contemporaine , mais un enrichissement réciproque, l'un apporte ses racines, ses bases techniques, les fondamentaux d'une part  d'un art  aujourd'hui reconnu , l'autre une recherche permanente, une  nouvelle création "

Pas moins  qu'une" nouvelle création" : on voyait grand et on  ne péchait pas par la modestie .

En  regard on pouvait observer   des sculptures avec un peu de tissu, beaucoup de bois et de métal ou des installations de papier calque reliées par des fils, ou encore des capsules de bière plantées à l'aide de fils métalliques sur un  socle et quand  c'était tout tissu il était peint ou teint. Pas le moindre petit imprimé fleuri ou à pois, qui aurait pu entacher de sa roture cette noble entreprise !  La valeur artistique de ces oeuvres n'est absolument pas en cause et je n'en suis pas juge . Mais de tels plasticiens ont bien d'autres endroits et occasions pour exposer, publier,  se faire un nom et une carrière. iLs ont les galeries d'art que nous n'aurons jamais, nous.  mosaÏstes d'étoffes, et d'étoffes humbles et variées.  Nous n'avions que les pages d'une revue censée nous défendre aussi en tant qu'artistes.  Et prétendre que c'était une "évolution du patchwork" est, une fois de plus, un tour de passe passe. Présenter ces oeuvres-là comme étant de l'art textile "majeur", à côté du patchwork '"art mineur"   et avec quelle superbe parfois et quelle condescendance -je sais de quoi je parle !- rejetait  nos humbles  "couvertures "dans le panier à ouvrages côté modèles à reproduire (car on se dédouanait  aussi ainsi : "voyez on respecte le patchwork traditionnel puisqu'on donne des modèles "... et également en louant "la virtuosité" (couturière) des reproductrices d'anciens.

 Ce respect-là, je n'en  veux pas ! Car ce n'en était pas, le vrai repose sur la compréhension et la sensibilité, l'ouverture d'esprit  véritable. Comment respecter déjà, quand on se colle  d'office une étiquette de "plus avancée " dans  "l'innovation", ça veut dire quoi, d'ailleurs ,  "avancée " ? S'il s'agissait d'expérimenter : on expérimente tout aussi bien en essayant de dire des choses différentes avec des étoffes et de fils ... on  n'était pas plus "avancée" à y mettre du bois, des agrafes ou du plastique, de la peinture de la colle ou du plastique on faisait juste autre chose ! Ainsi, je pouvais admettre qu'on pouvait bien essayer tout ce qu'on voulait : l'artiste est libre du choix de ses matières . Et bien justement non :  puisque nous si nous usions d'étoffes à "fleufleurs" on nous taclait, quelle que que soit la surface qu'on obtienne avec. L'artiste est libre des formes qu'il choisit mais justement non  : nous on nous taclait si on usait d'une géométrie régulière, issue des blocs,  quelles que soient les recherches qu'on pouvait faire autour !

L'artiste est libre du choix de ses matières mais  dire "textile" ce qui  ne l'est pas ...est plus délicat, même s'il règne en ce domaine une ambiguité que j'ai pu qualifier de structurelle .

 A noter que nos "contemporaines " de l'époque précédente y laissèrent aussi , parfois quelques plumes, hors celles qui sautaient dans chaque wagon de l'évolution globale, imposée comme "novatrice" . Parfois peut-être un peu aux dépends de leur évolution personnelle : il faut savoir hurler avec les louves !  Certes, on peut rester soi-même en s'adaptant. On peut aussi comprendre qu'il fallait choisir entre ses inspirations et aspirations profondes et ses ambitions promotionnelles carriéristes : cela n'exclut pas le talent mais ce n'était pas ma manière, puisque ce que je voulais faire était incompatible avec ces nouvelles normes .

On   me pressentit à ce moment-là pour faire partie de plusieurs groupes d'art textile branché où il ne fallait surtout pas  "faire du patchwork" . J'ai toujours refusé, l'assemblage d'étoffes fait partie de mon oeuvre, et je ne voulais pas, moi être amenée à considérer comme moindre et minorée  la partie majeure de mes  créations, ni devenir schizophrène, non plus. Tout cela en moi trouvait sa juste place , sa juste importance, il s'agissait de "dire" avec des étoffes et le genre et les formes choisies correspondait aux différentes visées et  visions textiles  que j'avais. Je ne voyais rien de "dépassé" dans mes mosaïques -pas plus que dans les nus ou dans les paysages- et donc je voulais pouvoir les intégrer à mes projets .Exactement comme un peu plus tard, j'y mêlerai mes découvertes en imagerie numérique .Ni plus, ni moins.

Le mot texture mis à la place du mot textile  fit le glissement . . . texture :  le mot magique,suffisamment vague pour y caser  à peu près tout ce qui comporte un relief , un toucher fût-il du fromage blanc séché ou des plantes, des  cailloux, du bois :  toutes matières eminemment "textiles" . ... Je me demande pourquoi dans ce qu'on nous montrait alors on ne voyait pas aussi des coupelles de sauce puisque qu'une sauce peut elle aussi avoir de la "texture". Donc on peut arguer que la sauce c 'est de l'art textile innovateur , pourquoi pas ?  De même dans les expositions d'art du fil pourquoi pas le gruyère ou les spaghettis , on admettait déjà les tuyaux  d'arrosage ou les fils électriques, pourquoi s'arrêter en si bon chemin?  Je trouvais moi que ces nouvelles innovations restaient bien timides à l'égard de ce qu'on peut faire quand le but principal est de détrôner les ringardises d'avant bonnes à mettre aux orties, et de montrer que tous les jours on est capable de réinventer son art en changeant le matériau de base en l'appelant textile par le biais de la texture ...ou de vagues coutures ou assemblages rebaptisés "connexions" . Le concept est d'ailleurs très intéressant, sans plaisanter, mais c'est la façon dont on nous l'assénait comme étant "supérieur"  à ce que nous faisions qui était méprisante , déplaisante et à mon avis inacceptable.

Soyons sérieux : le tissu y suffisait : il a des dizaines voire des centaines de textures différentes par l'art du tissage, justement . Et il est déjà parfois mixed media (mélange de matières) . Avec ça on pouvait quand même mener une recherche personnelle sans fuir le textile et les fils jugés "routiniers" . et je ne parle même pas des motifs, encore moins des couleurs ... Ou était ce là le vrai manque d’imagination(ou de motivation ?)  en  ce domaine, comme on n'y trouvait plus rien , les autres n'avaient pas non plus le droit à  créer valablement et artistiquement avec tout cela.

  Et précisément c'est ce que moi je faisais . Je ne considère pas une source comme étant tarie quand elle ne l'est pas, je ne considère pas qu'une recherche à partir du textile  vaille mieux exercée sur des formes que  plutôt d'autres et encore moins sur d'autres matériaux que le textile en s'attribuant  bien sûr toujours une plus-value.(à suivre)

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