Art textile contemporain -un sondage

Je viens de répondre à une demande émanant d'un collectif d'art textile "contemporain"

Voici la question posée :

« Vous êtes artiste textile et vous vous situez dans une démarche contemporaine? En quoi pensez vous que votre travail entre dans le champ de l'art contemporain? Réponse à (...)
Attention c'est une véritable "colle"! Ce qui parait évident devant un visuel est véritablement difficile à traduire en mot! Il ne s'agit pas de dire: ça a été créé en 2015 donc c'est du contemporain! C'est faux bien sûr.. il ne s'agit pas d'évaluer votre démarche, mais d'arriver à définir par des mots ce qui différencie l'art textile contemporain d'un art textile plus traditionnel en partant de votre propre pratique! à vos méninges! »

 

Voici ma réponse, sans utliser  mes méninges mais mes synpases .

Une fois de plus à mon avis l’art textile , qui est d’autant plus art qu’il s’éloigne parfois du textile, rattrape en route les querelles sur le « contemporain en art » .

Là vous devriez vous demander plutôt si nous sommes ou non « post-moderne » , car « contemporain » figurez-vous ça commence à faire démodé ! car enfin l’art contemporain , les historiens de l’art le font le plus souvent débuter en 1945 .

Je blague à peine. Mais puisque vous y invitez je grimpe au marronnier, une fois de plus !

Car enfin si on a vidé ce mot de son sens c’est à dessein d’exclure, de se démarquer de ce qu’on a appelé abusivement  traditionnel .

. Ce mot « contemporain », il n’a rien à voir avec une pratique sincère , authentique de la création, telle que moi je la conçois et vis.  Ni même avec son actualité, on a l’impression vu de l’extérieur d’une sorte de secte à laquelle il faudrait avoir été initié (e). Des codes en tout cas qu’il faut respecter .

 En art textile j’ai vécu son arrivée ainsi. dans les années 1990, on s’est mis à opposer le patchwork dit traditionnel au patchwork dit contemporain , lequel contemporain peinait à se définir (et pour cause !) , et beaucoup de ses œuvres étaient des « à la manière de » Klee,  Kandinsky, Vasarely et quelques autres  . Pour une personne qui ignorait tout de ‘histoire de l’art, ça pouvait passer pour une innovation, mais pas pour moi qui m’y connaissais un peu. J’aimais aussi et tout autant l’abstraction des quilts dits traditionnels (une tradition, mais laquelle ?)  et j’ai donc continué à m’en, servir comme source graphique et non comme modèle.. Je noterai qu’on m’a couvent demandé- dans les années 2000, notamment de faire   partie d’un  groupe d’art textile contemporain, j’ai refusé , parce qu’on refusait que j’ intègre mes patchworks géométriques jugés automatiquement « traditionnels » . J’ai vécu cette exclusion de l’arrivée du contemporain , puis de l’art textile., quand il a fallu là faire du mixed media avec caution vaguement textile ….ou tomber dans la marmite du conceptuel .C’est à dire au fond imiter les Beaux-Arts .Avec retard, comme je l’ai signalé.

 

Je me bats pour le contraire  pour un art textile unifié qui cesse d’être jugé selon la date de la source d’inspiration qu’on a choisie  ,et le genre de travail qu’on choisit . Un peintre qui fait un nu à la peinture à l’huile n’est pas qualifié automatiquement de  « plus traditionnel », le mot d’ailleurs n’existe que chez nous.

Et j’étaie ma lutte sur un savoir que je ne cesse de compléter et où je ne cesse de découvrir.  Le passé m’intéresse autant que le présent Je mets  l’art textile dit  contemporain et l’histoire de l’art textile en regard .C’est parlant !  Un peu long à expliquer ici mais mon site et mon blog développe Je vous mets quelques liens en fin de lettre.

Je suis  écrivain, artiste en tissus assemblés, brodeuse, et artistes en images numériques. Je m’exprime dans ces valences, n’y faisant pas carrière, mais une œuvre dont je me moque absolument qu’elle soit jugée contemporaine et à voir ce que certains font sous ce vocable je dirai très franchement que ça m’ennuierait plutôt. Je déteste le bluff, la frime et les pseudo innovations. Je déteste le snobisme aussi . Je ne suis pas convaincue non plus par les personnes qui se paient de grands mots pour faire savant. puisque pour être contemporaine au sens de « conceptuelle » il faudrait avoir une démarche…  Les mots c’est mon autre valence . et bien avant que ce ne soit tendance de relier textes et textiles. Je ne suis pas dupe des phrases creuses et ronflantes que je lis ça et là .

 Je ne tiens pas non plus à ce qu’on :me colle une étiquette de « traditionnelle »  Je ne reproduis pas des modèles anciens j’utilise des sources multiples dont certaines sont anciennes.. Or constamment dans mon parcours textile je me suis vue scindée en deux : contemporaine si je sors de la géométrie du patchwork , je redeviendrais traditionnelle dès que  j’assemble les étoffes autrement. C’est absurde . Mon œuvre n’est pas du saucisson qu’on tronçonne on me prend tout entière avec toutes mes valences ou on ne me prend pas (c’est la deuxième solution qui a prévalu je dérange, tel un ornithorynque qu’on ne sait où classer)

J’ai constaté que les artistes hors sérail textile  que je fréquente depuis quelques années  n’ont pas du tout la même façon de voir. Déjà ils ne se laissent pas prendre aux étiquettes et pour la plupart font comme moi ..  Les peintres savent bien qu’on n’est pas forcément traditionnel en utilisant un nu qui est un de leurs « poncifs » ou un « paysage » ;ils savent que c e qui compte ce n’est pas les classifications que d’autres après coup vont appliquer à ce qu’on fait . Autrement  dit, d’être on non contemporain ils s’en moquent , on ne parle jamais de cela, mais de nos œuvres, de nos manières de manipuler nos matières , d’accéder à la création . C’est un milieu  ou on ne vous pose jamais la fameuse question dont on ne sort pas depuis plus de trente ans : en art textile : « alors tu fais du traditionnel du contemporain  ou de l’art textile » -car c’est ainsi que l’histoire s’est déroulée chez nous : ne me dites pas le contraire j’y suis depuis 1986. Inféodée à personne et hors clan , mais j’y suis. En observatrice critique, lucide et attentive. Admirative de  ce que  je ne saurais créer quand du moins cela suscite en moi une véritable émotion, mais dubitative souvent.

A noter que lorsqu’une revue d’art a publié mon portrait d’artiste on ne m’a pas demandé si j’étais traditionnelle ou contemporaine et pas non plus quand j’ai exposé en 2004 en galerie d’art  . Non on m’a demandé comment je travaillais, on y est allé voir  … on a regardé vraiment et sans formatage .Un vrai regard que je n’ai jamais, ou si rarement trouvé en milieu art textile et surtout pas « contemporain »  au sens où les textiliennes actuelles l’entendent

 

 

IL m'est répondu qu'on n'est pas de mon avis (je m'en serais doutée!), et qu'on n'a pas le temps de répondre On sous-entend que c'est trop long.

 

Que je suis hors sujet en enfin que les artistes d'autres disciplines qui ne me demandent pas si je fais du traditionnel ou du contemporain , mes braves, c'est qu'ils sont tous traditionnels puisque l'abstraction et la figuration c'est du 'traditionnel" .-sic-   . Bref tout ce qui n'est pas contemporain étant traditionnel si on préfère la tautologie pourquoi donc poser la question ? Et comment se situer dans l'art contemprain sans connaître un peu les opinions et la pratique des artistes des autres arts ? Les mouvements si nombreux de  ce XX siècle ?? Mystère . Mais puiisqu'on n'a pas le temps ...Dommage , j'aurais essayé , mais comment discuter avec quelqu'un qui sait déjà tout !

 

 

histoire statut du patchwork en France-

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