Why we quilt-pourquoi créons-nous des quilts ?

WHy we quilt (contemporary makers speak out )

Auteur Thomas Knauer

2019 éditeur Storey publishing

Langue anglais (USA)

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La question posée par le livre : pourquoi créons-nous des quilts ? Le titre est déjà difficile à traduire  en français usuel puisque en France on ne sait pas toujours très bien ce qu'est un quilt . Entendez donc : un patchwork matelassé bien qu'il existe des patchworks non matelassés et des surfaces matelassées qui ne sont pas des patchworks. Le patchwork c'est l'assemblage et le "quilting" le matelassage mais les deux termes ont tendance à devenir synonymes.. Pour des artistes aux USa il est quasi impensable de ne pas matelasser un patchwork, ça a pour eux un aspect inachevé.  Ce n'est qu'un "top" -dessus-

Ce, d'autant que les quilts présentés vu le courant auquel ils appartiennent sont hypermatelassés sur leurs grandes surfaces unies. Le livre hésite donc entre ces deux sens : faire un pachwork et faire un quilt ; c'est une constante valse hésitation sur le sens des termes. Car les artistes répondent tantôt à" pourquoi j'assemble", "pourquoi je matelasse" , "pourquoi ce choix des tissus obligatoirement matelassés" ? L'assemblage restant comme habitude un peu en retrait  Je le précise car les lecteurs hors milieux quiltiques ne savent pas toujours bien déjà la différence, le mot quilt en France encore souvent écrit kilt par erreur, est beaucoup moins connu qu'aux USA (ou au Royaume Uni) et le mot patchwork, comme on le sait fâcheusement connoté dans le langage usuel.

 Une autre remarque : les artistes présentés créent essentiellement ce qu'on nomme des Modern quilts,  lesquels comportent de grands fragments unis matelassés de manière très dense souvent sur machine long arm et souvent aussi par quelqu'un d'autre. . A quelques exceptions près dont l'intéressant travail de Mary Fons.

Sur les Modern quilts on peut lire sur ce lien

Il est  important aussi de souligner que les réponses émanent le plus souvent  de professionnels façon USa où le métier de quilter n'est pas le même qu'en France, . Dans  un pays où l'art du quilt est intégré au quotidien depuis longtemps . c'est en plus un buisness non négligeable par la vente de tissus, de modèles, d'accessoires .! Ou sinon de professionnels qui vivent de cet art, de personnes qui créent , non de personnes qui " reproduisent un modèle', le nez sur le tuto ; ou en mettant du bleu à la place du rouge. C'est pourquoi je n'ai pas traduit par "pourquoi quiltons-nous?"

L'auteur ouvre le feu si je puis dire dans une préface intitulée Why I quilt.

Pour lui c'est la rencontre avec le AIDS quilt, quilt fait pour honorer la mémoire des victimes du SIda qui fut le déclencheur .. A noter ses remarquables oeuvres pour lutter contre la vente des armes et les morts d'enfants aux USA  avec un détournement parlant du motif bien connu des sunbonnet sue portant une arme . On peut en savoir plus ten lisant le livre et en visitant son site : lien vers le site de Thomas Knauer

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Le livre lui même est organisé en chapitres centrés autour d'une motivation principale et présentée par un historique  suivant de chapitre en chapitre l'évolution des quilts aux USA.  C'est  concis  mais très bien fait par le choix des ouvrages et les explications donnés, suivie de pages d'informations sur le vocabulaire des quilts (très succinct mais ce n'était pas le but du livre) .

.Il est impossible naturellement de rendre compte de toutes les motivations énoncées , présentées en chapitres groupés autour d'une réponse . Je reproduis ici le titre des chapitres qui déjà donne des pistes . Réponses  brèves  dans la rubrique Making a statement (faire une déclaration)  ( et plus développées avec focalisation sur  deux artistes (par chapitre) dans Voices of quilting

Je ne suis pas traductrice professionnelle et si vous notez un faux sens ou un contresens dans mes traductions , soyez aimables de me le signaler .

Chapitre 1 we quilt to connect with a rich trradition ( Nous quiltons pour être relié à une riche tradition)

Chapitre 2 : We quilt to explore et express your creativity (Nous quiltons pour explorer et exprimer notre créativité)

Chapitre 3 : We quilt to move beyond consumer culture  (NOus quiltons pour aller au delà de la culture de consommation

Chapitre 4 : we quilt to make a connexion with loved ones(nous quiltons pour créer des liens avec les personnes aimées )

chapitre 5 We quilt to change the world (nous quiltons pour changer le monde)

Chapitre 6 :WE quilt because we  can-and because we cannot help but do so  (nous quiltons parce que nous savons et  nous ne pouvons pas nous en empêcher)

 Des autres raisons alléguées on pourra retenir l'importance aux USA d'appartenir à un groupe , d'être relié à une communauté, la conscience que c'est un art relié à la vie qu'elle soit privée -ainsi l'émouvant témoignage d'une quilteuse qui découvrit cet art par le biais des quilts faits pour les prématurés , après le décès de son bébé fille ) ou inclus dans un militantisme (droits des femmes, lutte contre les armes et le racisme) , ce qui rejoint l'esprit du livre Stitching resistance.

On y retrouve aussi cet élan pour s'éloigner du  patchwork et faire donc du matelassage  de peinture sur soie  (même si c'est très beau !) ou des arts quilts  où le tissu n'a plus tellement de signification -sur du papier ou du plastique ça ne changerait pas grand chose à la signification de l'oeuvre- (les peintres peignent bien sur toile) c'est donc le matelassage qui ici fait parfois toute la différence et j'aimerais tant qu'un jour ces deux arts quilt et patchwork  puissent exister indépendamment.De toutes ces raisons données je retiendrai l'affirmation de Victoria Findlay Wolfe  qui reste une de mes favorites et dont je suis l'oeuvre très moderne mais appuyée sur une solide connaissance des formes issues du passé  et le don de coloriste très éloigné de la "roue des couleurs" ! : Quilts are art / Their makers are artists/ The soon we, as quilmakers embrace that, the sooner the rest of the wordwill seen them that way well/ Beyond the creative choices you made , someone will love it, even you don't . "les quilts sont de l'art, leurs créateurs  sont des artistes , plus tôt les quilteurs adopteront cette vue, le plus tôt le reste du monde les percevra  favorablement de cette manière / Par delà les choix que vous faites quelqu'un aimera e que vous avez créé , même si ce n'est pas votre cas.

On découvre ans ce livre pas moins de  38 artistes  dont l'auteur donne les coordonnées en  fin de livre , ce qui permet d'approfondir la connaissance de celles et ceux dont on a envie de savoir plus.  Les quilts montrés ont le plus souvent des Modern quilt ou des arts quilts comme signalé précédemment, mais on trouve des artistes comme Mary Fons qui se définit autrement , ou Denyse Schmidt dont l'inspiration est variée .

 Ce survol étant fait , si je devais répondre à la question , même si on ne me le demande pas (!) je dirai d'abord une chose essentielle (et scandaleuse!) c'est que je ne suis pas essentiellement une personne qui quilte c'est à dire matelasse et je définis plutôt comme une mosaïste assembleuse d'étoffes. et même de textiles brodés  certes beaucoup de mes surfaces sont matelassées parce que je l'ai senti pour celles-là importan tet c 'est rarement par mes soins puisque j'ai délégué  parfois. comme du reste pas mal d'artistes présentées dans ce livre! Aux Usa faire quilter son patchwork (top désignant l'assemblage fini mais pas relié au moleto et à la doublure)  est entré dans les moeurs, pour les artistes renommés , et on le  signale mais le quilt reste la création du designer ! . j'ai aussi matelassé mais (cf Le bonheur en lisière) mais l'essentiel pour moi reste dans le "patchwork" textile -les tesselles de tissus perçues comme un vocabulaire-  c'est à dire l'assemblage de tesselles d'étoffes différentes pour dire avec  quelque chose  hors tendance et mouvements et modes !

.  Mon optique n'est donc sur ce point résolument pas celle des artistes USA , qui effectivement peuvent s'appuyer sur une tradition . En France nous avons eu des oeuvres et des ouvrages (et pas qu'en boutis ou piqué marseillais, le livre de Michel Perrier Mosaïques d'étoffes en atteste) mais elle est occultée et peu de quilteuses françaises  s'en recommandent) . La géométrie y est présente, les broderies aussi souvent  mais le matelassage y est beaucoup plus discret., voire absent. Ce sont néanmoins des patchworks et pour certains des oeuvres d'art .  Egalement les patchworks des livres publiés ans les années 70 par Marue Janine Solvit.  Ce diktat  des trois épaisseurs matelassées est des plus difficiles à faire sauter . J'y reviendrai.

Je n'ai pas ou plus un objectif utilitaire mais on sait que je milite pour qu'un quilt ou un patchwork soit regardé comme les deux à la fois , et j'insiste sur le fait qu'il n'y a aucun empêchement autre que de préjugé dans le classement des arts (il faudrait bien en sortir un jour de ce classement arts mineurs-arts majeurs!) Beaux arts arts appliqués artisanat d'art) vu que ces étiquettes si on y regarde de près n'ont d'autre raison d'être que de défendre des chasses gardées. Un patchwork créée remplit atant qu'une peinture abstraite (ou autre) toutes les conditions d'être une oeuvre d'art  (pièce unique née des décisions de l'artiste qui la conçoit et pouvant refléter autant que par un autre medium ses émotions , ses visions ses sensations etc )

Je ne suis pas une artiste engagée du moins pas de la manière qui consiste à mettre des symboles bien visibles voire des slogans sur mes oeuvres, , mais je le suis dans ma défense de cet art de femmes quand elles créent par ce moyen .ET  si on regarde mon quilt Melting pot on pourra voir que je délègue aux tissus le rôle de tout dire en eux-mêmes . Ils le peuvent ! il me emble que le but d'un art est de parler par ses spécificités (les tissus assemblés) et /Ou en broderie les fils  les points autant que par quelque chose inscrit sur un support. Si le tissu n'est que support ou prétexte je me sens à côté de ce que je veux faire de mon art.

J'aime à donner mes quilts -plus qu'à le vendre- et je ne compte plus ceux qui sont sous d'autres toits; souvent je ne sais pas  toujours ce qu'ils deviennent. Il me semble inconvenant de le demander. J'ai parfois le coeur serré quand je vois mon travail très abimé, même si on pense qu'une couverture c'est fait pour ça.Mais les couvertures que j'ai faites pour mes bébés dans les années 80 sont encore en relatif bon état.  D'autre part on n'aurait pas iden de penser qu'un artiste Beaux arts cre essentiellement pour donner ce qu'il fait, non plus. On trouve normal qu'il vende et en général on prend soin parce qu'on ne le ressent pas comme un objet pour se cocooner.
Enfin et c'est le plus important    le patchwork quilt est une des composantes d'une création très polyvalente ; et même en art textile je sais faire autre chose, aussi et j'assemble les tissus non seulement selon les règles du quilt mais autrement  car pour moi les différentes formes d'assemblages sont aussi des formes d'expression  : assembler à coutures cachées ou parfois les connexions apparaissent du "cousu main" etc . ou superposer avec points visibles, user de points machines, de broderies; J'use  ce qui m'est nécessaire pour dire dans un surface donnée. rien ne se veut cloisonné dans ce que je crée, donc.

 

la rose secrète art textile jacqueline fischer

 

 

 

 

 

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