Edrica Huws Patchworks
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 05/04/2012
- 1 commentaire
Titre : Edrica Huws Patchworks
Auteurs : multiples
Edité par Daniel Huws
Manaman 2007
rédigé en anglais et gallois
Voilà un livre que je rêvais de posséder depuis que j'ai découvert l'artiste dans la revue Embroidery en 2007, lors d'une exposition de certaines de ses oeuvres Au Royaume-Uni. Il est à noter que l'artiste française Smaranda Bourgery lui avait consacré un article en septembre 1993 dans Les Nouvelles du Patchwork. Ce livre n'est pas un ouvrage avec modèles -et ça fait plaisir à quelqu'un qui comme moi défend le patchwork comme art et non comme loisirs créatifs essentiellement - mais un ouvrage retraçant la vie de l'auteur , sa formation, sa carrière artistique -qui commença tard dans sa vie en tant qu'artiste textile, et la majeure partie de l'ouvrage est consacrée à ce que j'aime voir : les oeuvres, avec parfois quelques idications de la genèse rédigées par l'artiste.
L'artiste à vécu en Angleterre, au pays de Galles dont son mari était natif, en France où elle eut un appartement à Paris rue Montorgueil, et fait des séjours au Japon où elle a exposé plusieurs fois.Certains de ses quilts comportent des tissus japonais savamment fondus dans les compositions.
Edrica Huws a vécu de 1907 à 1999 et ses dernières oeuvres datent de 1998 , notamment celles de la couverture et témoignent d'une même vitalité et force d'inspiration que les premières Le sujet de ses tableaux est toujours figuratif. Edrica avant de venir au patchwork en 1953 a été peintre et aussi poète. on souligne également sa passion pour les jardins et les fleurs sont effectiverment très présentes dans beaucoup de ses tableaux. Paysages, maisons , tout est composé avec une maîtrise remarquable de la matière et des tonalités. Mais là où je l'aime le mieux, c'est dans ses scènes intimistes qui sont en quelque sorte "habitées", elle n'a pas son pareil pour rendre en tissus le pli d'un torchon, le tombant d'un rideau ou la lettre déposée sur la table à côté du bouquet de fleurs(voir tableau sur la page suivante). On dit d'elle que de loin, ses oeuvres semblent des peintures, alors que de près c'est du patchwork dans ce qu'il a en quelque sorte de plus primitif, c'est à dire des étoffes récupérées souvent sur de vieux vêtements encore qu'on note qu'à la fin de sa vie Edrica ne répugnait pas à acheter des cotons spécifiques -le coton a sa préférence- pour créer. Le travail de détail montre des coutures très visibles qui feraient se récrier nos professeurs de patchwork et bien à tort. Je crois que dans aucun club actuel on ne le lui permettrait mais Edrica fort heureusement travaillait hors club ! J'imagine qu'on n'hésiterait pas vu les normes actuelles à la refuser à un concours, et on devrait bien méditer sur ce point-là aussi une fois le livre refermé.Pourtant Edrica savait coudre , mère de famille nombreuse elle faisait la garde-robe de ses enfants.Son choix d'assembler ainsi est donc déterminé et on y voit sa personnalité , son exigence n'était pas fort heureusement de rendre ses points normés et invisibles et même le contraire. Sa recherche picturale, elle, est extraordinaire. Les fonds sont souvent traités en rectangles irréguliers et les détails, où le motif de l'étoffe est utilisé tantôt de façon réaliste, tantôt dans une approche que je dirai plus métaphorique. L'orientation des pièces d'étoffes y est aussi capitale. Une observation minutieuse de ces surfaces c'est déjà un réel apprentissage, pour qui sait voir. Ces quilts appellent un double regard de près /de loin et c'est bien ce que tout patchwork devrait faire. Edrica comme beaucoup d'artistes venues d'autres arts graphiques a éliminé d'emblée les géométries dites traditionnelles, qu'elle jugeait ennuyeuses. Je crois qu'elles ne le sont pas si précisément on accorde au tissu le même regard que celui qu'elle a pour construire ses ouvrages textiles; le même sens notamment des motifs imprimés et de ce qu'ils peuvent rendre et dire indépendamment du sujet du tableau . et indépendamment surtout d'un aspect " zéro défaut !".
Une mention spéciale pour la présentation de Val Shields qui replace l'oeuvre d' Edrica dans l'histoire du patchwork, avec un judicieux parallèle avec l'oeuvre de Ruth Mac Dowell .Une remarque: les tableaux d'Edrica ne sont pas des quilts, mais de purs patchworks. Il serait temps d'ailleurs de dégager les tableaux textiles des normes du quilt et de la couture utilitaire dans toutes les expositions. On peut rêver...vu qu'on prend le chemin contraire.
Pour aller plus loin on peut visionner également sur You tube des videos sur l'oeuvre de l'artiste dont celle-ci
Commentaires
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- 1. Catherine Schrauben Le 08/06/2012
Absolument formidable. Quel sens de la couleur ! Effectivement, tout à fait comparable aux impressionnistes.
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