Figures de style : l'oxymore ou la punition jouissive
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 13/02/2020
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Cf pour autre figure de style l'article Dorica castra sur le blog
La deuxième figure de style que j'ai décidé d'illustrer en textile est l'oxymore . Elle consiste à allier dans une même expression deux termes contradictoires, voire inconciliables, différente de l'antithèse qui n'est que juxtaposition des contraires, elle implique que justement les deux inconciliables existent l'un dans l'autre, voire l'un par l'autre. L'oxymore c'est "cette obscure clarté qui tombe des étoiles" et la clarté est à la fois claire et obscure et non pas de l'ombre et de la lumière juxtaposées.
L'oxymore est un domaine qui me sied puisqu'il me permet justemet d'harmoniser ce qui se heurte en moi sans que ça tiraille trop. L'harmonisation suprême, en quelque sorte.
J'ai pensé à cette punition dite "stupide" qu'on nous donnait quand nous étions enfants : "vous me ferez cent lignes" et que ceux qui aimaient écrire pour le geste d'écrire affectionnaient (j'étais de ceux-là même si je n'ai pas le souvenir d'avoir été punie de la sorte-oui proablement !) . Impossible aussi de me souvenir si comme professeur j'ai pratiqué cette mesure de rétorsion critiquée par les éducateurs progressistes -je ne crois pas maisje n'en jurerais pas !
Donc j'ai adapté en broderie ce pensum que je voulais jouissif, pour un plaisir mêlé à l'obligation, peut-être venant d'elle. Obéir en désobéissant est à mes yeux merveilleusement subversif.
Les lignes sont devenues des frises de motifs répétitifs, le plus souvent, mais aussi de rubans, dentelles, boutons . Histoire de rappeler que pour moi les motifs sont langage où qu'ils se trouvent et non pas seulement décors pour enjoliver. Il s'agit donc bien de lignes d'écriture textile.
Avec la part de la contrainte du nombre : cent lignes de broderie ou travail textile
Et l'usage du point de croix compté -que je n'aime pas trop réaliser (j'y ai pris goût ce faisant; ce qui fera sourire les vraies "crucifilistes" mais il fatigue vite ma vue malgré l'usage de loupe ), mais pas exclusivement .
Joie presque enfantine aussi à choisir pour chaque page fils, rubans, boutons de ma collection à jouer aussi avec les fils de coloris nuancés , à harmoniser chaque page avec un tissu de fond puis les doubles pages en vis à vis.
Les motifs de frise sont empruntés un peu partout et ce fut aussi une joie d'organiser chaque page, sous forme de petit "sampler " vu que j'affectionne ces recueils de motifs et de points que réalisaient les brodeuses d'autrefois, qui sont souvent bien davantage que de simples répertoires et témoignent d'un choix et de la personnalité de qui les a composés.
Autre désobéissance jouissive : ne pas normer mes points en broderie dite "libre" et accepter quelques menues erreurs dans la réalisation des diagrammes (qui ont produit donc des variantes de motifs.)Travail d'écriture personnelle donc et non calligraphique -je tiens à cette différence .que mes amies soucieuses de perfection normée le comprennent ! Merci.
On peut voir les photos des pages et des cent lignes sur la la suite du billet.
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