Le bonheur en lisière-3
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 04/02/2021
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En 1984, France patchwork fut créée. Je possède encore presque tous les numéros de la revue depuis le numéro 20 jusqu'en 2012 où j'ai décidé de ne plus en faire partie .. Et je n'ai pas l'intention de m'en séparer. Malgré les divergences, la vie de cette association participe de mon parcours . Du moins dans ses débuts et jusqu'en 2012 où je l'ai quittée.
J'avais rencontré le patchwork dans les revues féminines et notamment Cent Idées. J'ai défendu dans un article intitulé Modèles (que je republierai vu la disparition du site Art-up ) ce moyen de répandre la culture textile ( si moqué ou complètement ignoré des grands penseurs en art ! ) . Nous n'en avions pas d'autres : à l'époque pas de stages, pas accès à internet : qu'on ne l'oublie jamais avant de décrier. Les créatrices de ces revues créaient, elles, réellement , c'était un métier, pas un loisir. C'était aussi un accès à l'art textile, d'un prix modique, abordable par toutes. Pas besoin d'être agrégée d'arts plastiques pour tenter avec ses fils et étoffes de se mettre en route.
J'ai donc adhéré à France Patchwork en 1989 .Mais , entre temps j'avais découvert ce qu'on nomme le patchwork américain en blocs (carrés de mosaïques) l'année d'avant, dans un livre . L'association à ses débuts me fournit en connaissances techniques , en 'informations diverses. J'avais surtout besoin de voir les ouvrages et oeuvres des autres et déjà pas pour les copier , mais m'en nourrir , acquérir ce que je vais nommer une culture dans ma valence. Et déjà, me situer par rapports aux "courants" que j'évoquerai ensuite. Culture que j'ai élargie dès que j'ai pu par la lecture de livres et pas seulement de livres pratiques . En comparant, en me questionnant, en n'acceptant pas tout comme "sainte parole" dispensée d'en haut et surtout en expérimentant par moi-même J'ai toujours détesté les dogmes et les catéchismes.
La première chose qui m'a surprise, c'est l'organisation en clubs et en délégations mais à l'époque, on acceptait fort bien les indépendantes et on ne les soupçonnait pas d'égocentrisme. On se référait evidemment à la tradition américaine, dominante, des réunions de femmes style quilting bees ou autres talk and show mais nous n'avions pas forcément le même mode de vie que les pionnières, dont on dit qu'elles se réunissaient aussi , dans les débuts, pour parfaire leur pratique de l'anglais et s'intégrer, nécessité que nous n'avons pas . Je ne suis pas une pionnière américaine, je maîtrise ma langue assez bien et j'ai assez d'amis pour ne pas avoir envie de me faire des relations de club ou de groupe. J'ai toujours aidé, et j'aide toujours "en free lance" donc discrétement et je n'aime pas trop un bénévolat exercé pour qu'on vous en louange et qui comporte au dévouement -dont on vous rebat les oreilles- certaines compensations. Des aides apportées, je n'ai eu le plus souvent ni estime, ni gratitude, mais oubli et indifférence, mais cela importe peu : l'essentiel était d'être efficace dans le moment .
Le célèbre partage du patchwork, qui serait à nuancer aussi bien dans le passé (la tradition américaine n'est pas monolithe et varie selon états et époques ) et surtout elle n'est pas la seule "tradition" de l'assemblage d'étoffes, encore moins la première, évidemment. Tout ce que j'ai pu lire depuis le confirme et dans le présent où il peut se pratiquer tout autrement , comme n'importe quel autre art.. Pour ma part, j'avais trois raisons qui me poussaient à expérimenter seule : mon indépendance native -et farouche!-, je suis incapable de me concentrer en société et j'ai dû mal ,même dans les trains ou salles d'attente ...mon travail et mes trois enfants . J'y ajouterai une paresse certaine à me déplacer. Cette attitude -qui n'est préjudiciable à personne- n'implique pas que ce qu'on crée ainsi soit en aucune façon inférieur à ce qui est fait en clubs ou ateliers, Pourtant, aujourd'hui, cette attitude maintient en lisière.
La deuxième c'est l'obligation du matelassage, présentée alors comme incontournable , et j'avoue que ce diktat, dont je sais maintenant un peu mieux les causes , m'a beaucoup gênée. Pourtant, j'ai appris à le faire, à ma façon un peu iconoclaste , mais passablement . J'y reviendrai dans un article séparé. (à suivre )
exemple de matelassage main sur le Quilt La tentation de la quilteuse
qui montre aussi ma passion des "petits" bouts
exposé en 2004 à l'exposition Fragments
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