Le premier livre
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 30/06/2019
- 8 commentaires
Il ya toujours une première fois ... et les histoires de débuts sont souvent plus plaisantes que celles des fins, c'est évident .
Je voudrais montrer ici mon premier livre, non pas le premier que j'ai écrit (mais je n'ai jamais songé à l'époque à chercher un éditeur pour mes poésies dites de jeunesse).
Nous étions au milieu des années 80, j'avais donc la trentaine,vers son mitan, et à l'époque , je faisais des rêves que je pourrais nommer de "signifiants" ; j'entends par là, bien que rêves , ils avaient une certaine cohérence narrative et surtout au réveil, ils me laissaient une forte impression. Je prenais des notes pour en fixer les temps forts , et puis j'allais travailler . Je n'avais alors qu'un enfant , et il était encore petit. Vie de femme, vie de professeur , vie de mère , mais l'envie d'écrire restait là . Et dès que je le pouvais j'écrivais , à la main dans un cahier que j'ai aussi conservé .
Donc je rédigeais ces nouvelles en 86 , si j'ai bonne mémoire , sur quelques mois . Je peaufinais pas mal . J'appelais mon recueil Mélodrames à l'eau de rêve, ce qui est au singulier le titre du premier texte .Signé de mon pseudo d'alors Lise Alexandre (oui c'est bien moi) , celui sous lequel mes poèmes avaient été publiés en revue.
Et puis une publicité dans un magazine me tenta, c'est fait à cet usage, du reste. Un éditeur parisien qui travaillait aussi, à côté , en saisie de textes , proposait ses services pour faire d'un manuscrit un livre. Pas du compte d'auteur, juste de la fabrication, comme on peut la trouver de nos jours sur les sites d'impression sauf que là je n'avais pas Internet, bien sûr . Ce n'était pas bon marché du tout, à l'époque, mais je décidai de m'offrir cette petite folie . Il ne m'était pas venu à l'esprit, là non plus, de chercher un éditeur. Du moins pas encore.
Mais je disposais déjà d'un traitement de textes-un des tout premiers, un Amstrad, qui me rendit de signalés services et que bien des années plus tard parce qu'il ne fonctionnait plus, j'ai échangé , contre ... une citrouille. On ne me croira pas, comme toujours, quand c'est vrai.
Cela n'a rien à voir avec notre histoire, mais ce détail me fait encore rire . Donc grâce à mon Amstrad , je fournis un beau manuscrit et l'éditeur-prestataire de service me renvoya les volumes (une mince plaquette) dans un nombre d'exemplaires que j'ai oubliés . (sûrement pas plus d'une vingtaine , vu le prix ). Celui qui me reste est un peu abîmé, la couverture a été tachée (j'ai dû renverser du café dessus ) .
Je n'ai pas oublié la joie, quand j'ai reçu le paquet de "mes " livres à moi, mêlée d'un peu de remords pour la dépense "inutile" que cela constituait.
Mes collègues et quelques amis (ça ,ça a peu changé!) me servirent de public. C'était un public exigeant , pas complaisant , qui ne me passait pas grand chose , et c'est très bien comme ça.
Seulement, il y eut plus, ce que j'ai déjà raconté ailleurs et de nombreuses fois, mais j'en suis si "fière comme un pou" que je recommence (on n'est jamais si bien servi que par soi-même) . L'éditeur avait joint une carte dont je sais encore les mots par coeur
"Nous tenons à vous dire que certaines de vos nouvelles sont des chefs d'oeuvre en miniature, et nous aimerions à vous lire en roman (souligné de deux traits) dans le cadre de notre département d'édition ." (scan disponible pour les sceptiques)
Là, vous pensez, j'ai marché toute la journée sur un petit nuage mais avec du soleil au fond des yeux .
J'y croyais, que voulez-vous ! On a beau se vouloir lucide, combattre sa vanité en souvenir d'une éducation stricte à cet égard , on est humain, tout de même.
Mais voilà le roman ce fut La Demeure Mentale , qui fut édité bien plus tard non par l'éditeur demandeur mais par la LGR . sous mon vrai nom.. ce fut d'ailleurs une autre hstire, pleine d'espoirs et de déceptions dont j'ai conté déjà les grandes lignes. Ce fut surtout une expérience d'écriture passionnante.
et là que je suis sinon au terme de ma vie, mais plus de 30 ans plus tard, avec depuis quelques écrits de plus dont tous ne sont pas des livres matérialisés , parce que faire ses livres soi-même , c'est un gros travail .. et que je vais plus lentement et que mes yeux se fatiguent plus vite.
Pourtant j'éprouve toujours cette première joie, quand je reçois mes petits tirages d'auteur obscur, à tenir un vrai livre voulu par moi dans mes mains . Mais cette joie si parfaite du premier livre est sur le rayon des si bons souvenirs. Le textes eux existent toujours à l'état de lecture possible et actuelle si on le veut . La plupart ont été publiés sur Facebook dans la partie Commentaires .
Et si je vous parle de tout ça, ce n'est pas par nostalgie seulement -je regrette du reste pas le passé et n'éprouve nulle envie de revenir en arrière- mais parce que j'ai eu l'idée aujourd'hui de quelque chose de textes et textiles autour . (à suivre donc, si le projet aboutit ) .
Commentaires
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- 1. Arielle Thomann Le 01/07/2019
J'ai beaucoup aimé ce récit criant de vérité et tout ce qu'il laisse entendre des émotions qui font battre le coeur de celui ou celle qui affronte un public pour la première fois. Merci pour votre sincérité.-
- FISCHER JACQUELINELe 01/07/2019
Merci Arielle de votre réponse ! et De votre attention . l’écrire, cet article, m'a fait prendre conscience d'une chose c'est l'importance pour moi de l'objet livre plus encore que de la publication
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- 2. Bergougnoux Le 01/07/2019
Merci Jacqueline pour ce récit de vie. Moi aussi je me suis offert à la vingtaine un recueil édité à compte d'auteur. Arnaque bien sûr, mais ça ne m'enlève pas cette joie que tu décris si bien à tenir entre ses mains "son" livre.. Ce serait génial que tu sortes un livre poésies et art textile. Bises-
- FISCHER JACQUELINELe 01/07/2019
Merci Domi pour ton avis et ta lecture. On fait ce qu'on peut pour faire exister ce qu'on crée , et ce n'est pas toujours facile . Lives poésies et textiles, il y en a au moins un la botanique alternative, et même sans textes les livres textiles sont pour moi des poésies ...sous une autre forme . Et bises (avec bulles !)
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- 3. Pierre Perrin Le 01/07/2019
« tenir un vrai livre voulu par moi dans mes mains », comme chacun comprend ce plaisir devenu plus facile aujourd'hui et moins coûteux. C’est une bien belle histoire que tu nous racontes là, Jacqueline, jusqu’à cette proposition de roman. La vie se trouve si souvent à la libération de nos désirs, à la tectonique de nos plaques internes, de nos rêves et de nos velléités.-
- FISCHER JACQUELINELe 01/07/2019
Merci Pierre , j'espère pouvoir continuer encore quelque temps pour ce plaisir, rien n’est mieux que lorsqu'il est partagé .
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- 4. Brahy Le 03/07/2019
Chère Monique, je découvre ton site avec plaisir. Je suis sur un iPhone et la lecture reste difficile dans ce cas. Mais heureux de faire cet effort. Bien à toi. Philippe.-
- FISCHER JACQUELINELe 04/07/2019
Merci Philippe (même si je m'appelle Jacqueline) :-) , les visites et commentaires me font toujours très plaisir , même si je sais avoir des visiteurs silencieux et fidèles !
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