Copyright : le passage d'un art dans un autre. questions .
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 30/09/2014
- Dans opinions
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On le sait , quand il s'agit de notre art -ou activité - je suis assez "intraitable" sur l'honnêté face au copyright, c'est à dire au respect du travail d'une autre personne à l'intérieur d'une même discipline.
Mais il m'arrive aussi de m'interroger sur la rigueur du copyright quand on passe d'un art dans un autre.
Voici ce que dit la loi française à cet égard
Mais on peut aussi lire l'article de wikipédia , qui cerne bien la différence entre copie et oeuvre dérivée.Et parle effectivement d'un flou dans la jurisprudence .
Certaines lectures sur des sites de photographes très chatouilleux, voire pinailleurs sur leurs droits d'auteur -ce que je comprends aisément si on leur vole leur cliché et qu'on l'uitlise tel quel sans leur autorisation.- m'ont laissée rêveuse !
Je comprends moins quand il s'agit d'une adaptation dans un autre art totalement différent.
J'adapte souvent des dessins ou photos dont je suis l'auteur, et je sais la différence qu'il ya entre ce travail et le vol pur et simple d'une photo ou d'un dessin tel qu'il est . En moi la photographe et l'artiste numérique n'utilisent pas du tout les mêmes compétences que la brodeuse ou l'artiste textile . Il est certain que si je retrouvais une de mes images numériques adaptées en textile sans que mon nom soit cité , ça ne me ferait pas plaisir, mais je comprendrais au vu du caractère de la loi mais cela ne vaut pas autorisation à le faire . mais si on cite mon nom, je serais heureuse d'avoir créé quelque chose de générateur et de matriciel.
D'ailleurs le terme d'adaptation est souvent impropre quand il s'agit parfois d'une véritable métamorphose. Cela pose le problème de la liberté de l'inspiration, ni plus ni moins. Quand la source est ancienne, pas de problème , sauf que vu la difficulté à user d'une source non "libre de droits" contemporaine, on condamne plus ou moins l'inspiration à une certaine sclérose...ce que je nomme une "assignation à résidence" .
Sur un site, une dessinatrice portraitiste signale fort justement que si elle respecte à la fois le droit à la représentation de la personne et celui du photographe dont elle s'est éventuellement inspirée, elle ne peut créer qu'avec des sources déjà choisies par d'autres qu'elle-même, les "autorisées", donc dans des rails ...Or je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais quand je ne dessine pas ou que je ne photographie pas par moi-même, j'aime être libre de mon point de départ et l'idée de servir moi-même de point de départ à d'autres n'est soumise qu'à une condition : citer sa source.en particulier lorsqu'elle est unique et reconnaissable. Malheureusement au yeux de la loi, ça ne suffit pas .Il est vrai : problèmes d'argent là -dessous, je m'en doute...
La création graphique ou picturale d'après photographie ne date pas d'hier, Témoin le peintre Utrillo qui peignait, dit-on, souvent d'après des cartes postales : je doute fort qu'il en ait demandé l'autorisation à quiconque pour ce faire et encore moins qu'il ait payé des droits d'adaptation à l'auteur de la photographie de la carte postale !...Et même que celui-ci ait songé à les lui demander; autres temps autres moeurs... Si je me trompe, dites-le moi .
Donc si on on ne considère pas ce fait comme une malhonnêteté, parce que c'est un grand peintre, Pourquoi alors en blâmer voire sanctionner pénalement les artistes d'aujourd'hui qui font la même chose ? On devient de plus en plus procédurier à cet égard !
On va jusqu'à affimer que les collagistes devraient demander une autorisation pour chaque image découpée ..du moins selon le droit français appliqué à la lettre, On imagine : ce serait la mort de cet art, à court terme.C'est comme si nous autres quilteuses nous devions un copyright sur chaque tissu de créateur utilisé en recomposition, même ayant acheté le tissu...
De plus le temps que l'autorisation éventuelle soit accordée, et que tous ces problèmes de droit soient réglés, l'inspiration, elle, qui est volatile par excellence ce sera peut-être évaporée .
J'aimerais qu'on réfléchisse à cela . Quand on "vole" une photo, un dessin, un modèle de quilt ou de broderie et qu'on le fait passer pour sien, on n'est tout de même pas dans la même optique que l'artiste qui s'inspire de tout ce qu'il voit et pour qui la photo n'est qu'un point de départ comme un autre. Un point de départ qui a un auteur, certes mais pourquoi ne suffit-il pas de le citer ? Surtout si l'oeuvre n'est pas créée pour être vendue, mais juste publiée sur un site . Souvent quand l'artiste s'en aperçoit -trop tard- il risque plus à le dire qu'à le taire -peu de chances d'être reconnu...surtout si l'adaptation est vraiment métamorphose- et beaucoup croient de bonne foi être dans leur droit tant ils ont investi d'eux-mêmes dans ce passage dans un nouvel art . Cela n'a rien à voir avec la dame qui copiant un modèle de quilt dans une revue s'imagine que le coudre c'est c'est le créer... et pourtant juridiquement c'est traité de façon proche au niveau du "délit" !
.il faudrait alors pousser le raisonnement appliqué à l'art de la photographie -qui semble le plus sourcilleux de ses droits d'adaptation - !Mettons que je prenne une photo de rose , créée par un pépiniériste (et c'est un sacré boulot de créer une nouvelle rose ... qui peut être considéré comme artistique )- cette photo sera donc bien stricto sensu une adaptation de la rose de l'art du pépiniériste dans l'art de la photographie. Sans parler de l'art du jardinier ou du paysagiste qui l'a fait pousser et éclore . Il est évident que la beauté de ma photo devra beaucoup à la beauté de la fleur que je n'ai pas créée . Or personne en ce cas n'aurait idée de demander l'aval du créateur de la rose , ou de payer un droit sur chaque cliché de rose prise à tous les pépiniéristes du monde .La rose est pourtant protégée par des droits (on n'a pas le droit de la bouturer et de la reproduire pour la vendre ..) Mais si moi, je veux adapter en broderie la photo d'une rose prise par une autre personne, je devrais alors lui demander autorisation, voire lui payer un droit d'adaptation ? Eh bien je le ferai le jour où tous les photographes du monde , en arroseurs arrosés ne pourront plus rien photographier sans demander l'aval de qui l'a fait et là ça risque d'être fort complexe. C'est d'ailleurs déjà en train, tant faire de l'argent avec tout et n'importe quoi est encouragé sous couvert de "protéger".
Ce qui se passe en réalité c'est que vu le nombre de clichés sur internet, les artistes adaptent ou utliisent sans demander la permission par peur de la voir refusée ou de devoir payer et ne disent plus leur source graphique. L’honnêteté et la sincérité n'y gagnent pas et on atteint parfois des sommets d'absurdité côté tracasserie .Je ne parle pas, je le répète, des personnes qui se servent de la photo telle quelle .
Puisque la loi reconnaît le statut de création aux re-créations d'après une source identifiée ,qu'on exige juste cette reconnaissance de source quelle que soit la date de cette source. Sans autorisation à demander ou droit parfois exorbitant à acquitter, pourvu que le nom du créateur de l'oeuvre première qui n'est "orginale" que dans sa discipline soit citée.Si l'auteur n'est pas d'accord pour qu'on le cite, il pourra le dire (admettons qu'il trouve que ma broderie déshonore sa sublime photographie ). Car ce sont surtout les photographes qui montent au créneau ...sur ce droit de passage dans un autre art ...Ce serait à mon avis un encouragement à se monter honnête , alors que le droit actuel -outre qu'il est souvent ignoré, de bonne foi - conduit au contraire à dissimuler .On obtient le résultat contraire à celui escompté par excès de rigueur (et encore rigueur sélective comme le montre l'exemple de la photo de la rose ... ).
Je rappelle que si vous avez un problème pour poster un commentaire vous pouvez m'écrire sur chiffondart@aol.com
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