Texte, textile image et illustration

Une idée est communément répandue, c'est qu'un bon texte n'a pas besoin d'image pour exister et on y voit souvent, seulement, une sorte de dorage de la pilule poétique, ou au contraire une concurrence déloyale (on regarde plus facilement une image qu'on ne lit un texte  surtout sur écran).

Ce qui  ne signifie nullement qu'une image soit plus facile à décrypter.  Sur cet éternel débat -je fais fleurir les marronniers) je dirai nettement : pour moi si l'image n'apporte rien au texte, elle ne lui enlève rien non plus . Si elle lui nuit, c'est dû à la paresse des lecteurs-regardeurs , et non au fait que les deux  rivalisent) . Le remède serait une vraie attention à ce qu'on lit et regarde, mais sur écran et en période de clic et de zapping ... il ne faut pas trop rêver .

Et, surtout,  on confond souvent plusieurs manières d'établir ce duo texte-image. C'est un peu ce qui me gêne qu'on parle d'illustration dans tous les cas de figure alors que les démarches, à cet égard peuvent être très différentes . Les compétences pour ce faire, aussi !

 Celui qui crée le texte peut avoir aussi créé l'image . C'est ce que j 'ai fait par exemple dans le recueil Noctu-ailes , ou le Chant des couleurs plus en coÏncidence encore. Ou dans la botanique alternative (cf liens ci contre , dans la rubrique textes et textiles)

Noctu ailes ensemble 2

Illustration de noctu-ailes (en numérique)

Dans le Chant des couleurs j'ai tenté un peu autre chose cette expérience concomitante entre deux inspirations textiles et textes semblant jallir d'une même source .

Celui qui crée l'image peut le faire à partir d'un texte (ce fut le cas de mes expériences sur les contes ou de l'exposition Text-iles) ou plus récemment sur un recueil de la poétesse Jeanne Maillet (article à venir) . Je précise  : je ne le fais qu'avec l'accord de l'auteur . Et si du moins  je le  peux, quand on me sollicite car certains textes ne s'imagent pas en moi , même si je les aime extrêmement . Et en nuançant encore : illustrer l'ensemble d'un recueil , c'est différent d'ilustrer chaque poème d'un recueil par une image.

élément22.jpg

Image pour  Eléments sur un poème de Jean-Marc Riquier (exposition Text-iles LGR 20004 -Paris)

 Celui qui crée des images a parfois besoin d'un texte poétique en accord . Là encore c'est  une autre expérience.

 Je voudrais évoquer ici le double travail en accord et harmonie avec Josiane Hubert  (éditions Vincent Rougier ) :

Dans Chambre d'échos Jo a écrit sur mes images ,à ma demande  et dans Fondus au noir c'est moi qui ai écrit sur ses dessins . Oeuvres de  sororité profonde, dans les deux cas qui donnent deux ouevres de tonalités très différentes.

Chambre d echos le liivre

 J'ai écrit  sur des tableaux -quand on me l'a demandé et que je pouvais.Ou des "corpus" d'illustrations comme dans le livre avec Nicole Pessin : Licornes et sortilèges (à paraître et article à venir).

 Ces expériences m'ont beaucoup enrichie (quand je sens que je peux, je les tente toujours ) .

Déjà,  il est très différent d'illustrer son propre texte (et moins risqué, je l'avoue !) que celui d'un autre poète , il faut alors essayer de saisir l'esprit du texte, adopter une lecture (et dans les textes vraiment riches et profonds, il y en a tant de possibles), éviter la tentation de rendre trop littéralement , ou la facilité de l'évasif , parfois on regarde l'image et le texte et on ne voit aucun lien, on se dit que la même image pourrait aussi bien s'accorder avec n'importe quoi d'autre, ce que je nomme l'évasif et le passe-partout .

 Quand on écrit sur une image, ou un ensemble d'images il faut que les mots viennent de sa force intime d'émotion (celle de l'image) il ne s'agit pas de "décrire" bien entendu. Je me sens plus à l'aise, pour ma part, dans une approche poétique que narrative.

 Pour moi c'est très différent de la démarche qui consiste à choisir une image et à la poser en face d'un texte, les deux n'étant pas de celui qui réalise le duo . Cela, je ne  l'ai jamais fait, et sans doute il y faut un don d'harmonisation, que je ne me sens pas posséder vraiment, d'autres y excellent .

 Ainsi quand on tient dans la main un recueil illustré quand on regarde sur un réseau social un texte illustré,  j'aimerais qu'on sache à quel  type de lien entre texte et images on a affaire . Car ce n'est pas du tout la même élaboration et si on fait toujours comme si c'était juste posé là pour embellir - on rend l'image superficielle . Or illustrer est un travail rigoureux, écrire sur une image préalablement créée en est un autre. Je ne lis pas tout, mais je vois pas souvent cette différence soulignée,  ni même signalée. Songer que dans un cas l'image n'existerait pas  sans le texte, dans l'autre cas c'est le contraire : le texte n'existerait pas sans l'image (dans les deux cas, que j'ai expérimentés, je me sens dette à l'égard du "créateur premier ") , dans le troisième cas celui qui  harmonise crée  l'association ,  qui n'existerait pas non plus sans les deux oeuvres préalablement existantes.

 

 

 

 

Commentaires

  • stéphanoise
    • 1. stéphanoise Le 09/03/2020
    Merci pour ce texte qui éclaire votre travail .
    je m’intéresse à ce rapport texte image .Je suis assez viuelle.
    Je fais aussi des animations autour des albums jeunesse ...
    dans ce domaine Il y a des illustrations redondantes avec le texte, des illustrations qui élargissent le texte et aussi de l'évasif comme vous le dite si bien...
    • FISCHER JACQUELINE
      • FISCHER JACQUELINELe 09/03/2020
      Merci de votre intérêt pour mon article. Et bonne continuation de vos propres créations !

Ajouter un commentaire