Wild by design
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 15/06/2013
- 2 commentaires
Titre : Wild by design two hundred years of innovation and artistry in American quilts
Auteurs : Janet Cartherine Berlo and Patricia Cox Crews
Contributeurs : Michael James, Jonathan Holstein , Carolyn Ducey
International quilt study center of the university of Nebraska.
2009 (en anglais)
Après une préface de Michael James, et une présentation des collections sur lesquelles le livre est fondé , une introduction au catalogue explique de de manière très fouillée ces deux cents ans d'innovation en matière de quilts. Vous avez bien lu "deux cents ans" .. Il est impossible de résumer mais je peux vous dire que ça met en cause beaucoup d'idées reçues. Une étude très fouillée des quilts, de leurs origines et de la manière dont ils sont composés et non seulement cousus, permet à l'auteur qui est historienne de l'art (on rêve en France d'un historien de l'art ès patchwork et quilt) de fonder ses affirmations sur une argumentation sans faille. Par exemple elle démontre que non les quilts ne sont pas toujours signe de pauvreté et de récupération, que même en piécé certaines bourgeoises achetaient des tissus exprès pour ou tout au moins utilisaient des retailles en tissus neufs issues de la confection des vêtements ,et qu'au fond tout dépend de l'époque de l'Etat et du milieu social où le quilt a été créé. Preuve encore qu'on ne peut parler de l'art des quilts en généralisant . Une grande partie est aussi articulée autour des influences du féminisme et là encore c'est très nuancé . On y retrouve l'idée de la position déterminante du quilt quand on le regarde debout et sur un mur laquelle est associée à un certain masculinisme . De fait je m'étais souvent fait la réflexion que travailler assise et mettre les surfaces sur lits et fauteuils contribuaient à ce regard dévalorisant sur notre art, mais le voir écrit par une spécialiste me rassure !
Entre autres beaucoup de choses j'y ai appris qu'au début du XIX siècle et en milieu bourgeois, on réservait le terme de bees aux corvées collectives, il n'y avait donc pas de quilting bees mais des quilting frolics. Frolic signifiant espiègle, il est associé à une idée de liberté créative dont le titre du livre témoigne. L'auteur explique que pour ces femmes les Quilting frolics étaient l'équivalent artistique des académies et salons de peinture et d'art pour leurs époux dont elles étaient, sauf exceptions rarissimes, exclues.
A noter aussi que cette histoire ne concerne que les USA même s'il est parfois fait allusion à d'autres continents et notamment à l'Afrique, l'Asie et leurs influences multiples. On y trouve aussi une étude intéressante des influences de l'art indien. Dans une dernière sous-partie intitulée the new internationalism on aborde le rayonnement du patchwork dans le monde. C'est évidemment un livre américano-centriste, mais c'est le sujet !
La partie la plus accessible du livre est constituée des photos de quilts des trois collections, 47 en tout, balayant donc cette période et traités comme des oeuvres d'art dans l'esprit de l'exposition du Whitney à laquelle il est beaucoup fait allusion, Jonathan Holstein étant un des contributeurs et commentateurs des quilts. .Quilts contemporains et anciens ont droit à la même analyse sous forme de dialogue entre les contributeurs de l'ouvrage. C'est une merveille pour qui veut apprendre à regarder un quilt ancien autrement que comme un élément du patrimoine ou un exercice de couture. Tout y est épluché et éclairé et on s'aperçoit alors que la valeur artistique n'est nullement affaire de style ou de choix du design de départ, ni même de soin dans la confection, mais qu'elle dépend surtout de la composition d'ensemble et de l'usage des étoffes très finement analysé non seulement au plan historique mais au plan esthétique.
En résumé un ouvrage très documenté dans sa première partie, très intéressant, fourmillant d'idées et d'informations qu'on ne trouve que rarement et un vrai regard sur notre art qu'on souhaiterait voir étendu aussi aux quilteuses contemporaines gardant la géométrie comme source .On en trouve quelques exemples du reste . Une mention sera faite des très beaux logs cabins et ananas montrés et dont pas deux ne se ressemblent vraiment ...
Commentaires
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- 1. ella Le 16/06/2013
merci Jacqueline
avec vous et Marie-Claude (bon je vous considère comme mes mékresses -comme disent les enfants- j'affine mes goûts ! -
- 2. jacqueline Le 16/06/2013
Merci Ella, j'essaie de partager ce qu'on ne trouve pas déjà partout ... selon ma compétence, car ces livres ne sont pas toujours faciles à résumer . Celui-ci est particulièrement dense !
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