Un premier débat
Un premier débat
C'était dans les années 2 000 où le magazine Magic patch relayait un article de Michael James s'affligeant des ressemblances entre oeuvres côté quilts dits alors contempoorains.
Comme on demandait des réactions j'ai réagi... Mon article fut publié mais soigneusement émondé des phrases que j'inscris ici en rouge.On aura ainsi une vision parfaite de ce qu'il ne fallait surtout pas dire !
Cela en dit long sur l'omerta qui règne en milieu quiltique. comme je ne nourris pas d'ambitions commerciales ni promotionnelles j'ai décidé de republier ici l'ensemble pour mémoire parce que depuis si ça a changé , ce n'est certes pas à l'avantage des créatrices honnêtes .
Et comme témoignage complet.J'ajoute que j'ai dû renvoyer plusieurs fois l'intégrale de l'article à des personnes qui vu le caviardage, avaient compris à l'envers !Evidemment elles ont moins apprécié la version hard que la version soft. Ainsi va le monde.
L’article en question étant assez dense , j’ai choisi de m’exprimer sur l’originalité en matière d’art textile et le côté fermé de l’inspiration des quilteurs.
Je voudrais remarquer au préalable que Michael James parle du patchwork en artiste célébrissime, dans un pays où l’art textile sous quelque forme que ce soit est bien davantage reconnu qu’en France où il reste confidentiel (parlez à un peintre ou à un sculpteur français de nos chiffons assemblés, ou à un professeur d’arts plastiques il s’esclaffera et ramènera le plus souvent nos œuvres(quelles qu’elles soient) à la dimension d’ouvrage de dames). Nous avons donc déjà en France à nous occuper de faire reconnaître les arts textiles comme art dans les milieux autres que spécialisés. Car si les quilteurs ignorent les peintres comme le signale M. James , que dire -dans notre hexagone- des peintres quant à leur connaissance des quilteurs ?
Notre milieu me semble donc fermé sur lui- même, cloisonné et régi par une hiérarchie que pour ma part je conteste. Il est admis que le traditionnel, dans lequel on fourre la copie intégrale du modèle du magazine autant que l’invention pleine de créativité à partir de formes géométriques serait sans intérêt artistique. Le contemporain lui serait évidemment « supérieur » car plus « original », et même M. James ne l’évoque pas directement l’art textile serait au sommet de la hiérarchie car comble de l’ « originalité. ». A la limite : moins l’art textile utiliserait le textile, plus il serait « original » donc plus il « vaudrait ».
Je schématise mais vu de la base par une quilteuse indépendante mais attentive à ce qui se fait, c’est ainsi que cela peut apparaître.
Je crois qu’établir ainsi des échelles de valeurs fondées sur les sources d’inspiration est nuisible. L’originalité est le type même du faux problème qui empoisonne la création et pas seulement en patchwork. Je crois que l’art peut souffrir de cet avatar de l’esprit de compétition qui envahit tout, à chercher vainement (et naïvement !)à créer ce qu’on n’aurait jamais vu ou ce qui n’aurait jamais existé. On en arrive à une course effrénée où toute spontanéité se perd et où se perd aussi le simple plaisir de créer, parfois c’est plus grave on encourage la supercherie qui consiste à proclamer artistique (car original) un n’importe quoi bricolé, pourvu qu’il soit « sous-tendu » par une idée tellement profonde que nul ne peut évidemment la saisir et un titre ronflant. On trouvera toujours un public complaisant pour s’extasier et faire semblant ! Ce qui ne serait plus amusant que grave, si les créateurs plus honnêtes, qui savent avoir des sources, et les mentionnent, ne se voyaient pas parfois regardés de haut (« oui mais toi tu ne fais que du traditionnel pff !! »)par ces inventeurs « originaux … » . A l’opposé, j’ai vu des oeuvres refusées car elles n’étaient pas conformes aux normes du vrai traditionnel, parce qu’on avait osé des tissus et des couleurs (sans parler du diktat du matelassage obligatoire) incompatibles avec l’étiquette. Il faut choisir son label et malheur à ceux ou celles qui sont à cheval sur deux d’entre elles : ce « métissage » , se verra refusé par les juges des deux camps comme non conforme aux normes , comme si l’innovation ne pouvait pas venir aussi du mélange des genres !
J’aimerais dénoncer aussi un système fondé sur la suprématie de l’artiste reconnu qui parce qu’il est reconnu, est infaillible, ne peut rien produire de médiocre et est forcément lui, toujours « original et « novateur ». La valeur confère (automatiquement ? j’en doute) la notoriété et la notoriété est gage de valeur absolue dès qu’on la possède(j’en doute aussi et tant pis si on me taxe d’envie mesquine). Un tel système produit forcément des imitateurs puisqu’on tente de ressembler à celui qui est considéré comme supérieur. Que deviendraient les « grands » s’il cessait d’y avoir des « petits »(ou considérés comme tels) ? Sans parler du commerce qui vit de l’argent de ces « modes »et « influences » dénoncées.
Pour moi « l’oxygène » du second souffle peut venir aussi d’une base indépendante, qui crée librement, sans souci d’être forcément reconnue, pour la joie très profonde de la réalisation et sans trop souci d’étiquettes, de hiérarchie, d’écoles et de clans. A condition qu’on lui donne un peu plus audience !
NB A l'heure qu'il est on ne lui a toujours pas donné audience !