Jeux d'étoffes : art numérique et art textile

C'est le dernier volet du livre écrit en 2010 

Le dessin est toujours un problème pour qui ne choisit pas d’en faire l’essentiel de ses apprentissages, ne possède en ce domaine aucun talent particulier et dont le « métier »  reste lié aux tissus et à la manière de les assembler ou de les broder.

            Passe pour le dessin géométrique  régulier qui requiert plus de connaissances mathématiques que de sens ou souci esthétique, du moins dans le tracé, sinon dans la composition et pour lequel les logiciels de dessin vectoriel spécialement conçus à  cet usage sont des outils précieux. Mais quand vient l’envie de dire quelque chose en étoffes avec des formes plus complexes, plus « chantournées », plus irrégulières, il faut bien tenter de faire passer ces figures  sur le papier d’abord- pour établir un patron- et sur le tissu ensuite.

             Il est à noter qu’il m’arrive encore assez souvent de prendre tout simplement une feuille de papier et un crayon  et de tracer des compositions  qui aboutiront sans doute un jour à quelque chose de textile.

J’ai acquis par hasard le logiciel Paint Shop Pro dont l’usage domestique évident est la retouche de photos. Je sais très mal modifier les photos mais j’ai appris à user de ce logiciel et de quelques autres comme un outil créatif. Je veux le souligner ici avec force : il ne s’agit pas d’obtenir des formes plaisantes en deux clics sur un effet spécial attrayant mais qu’on retrouvera partout, mais bien d’un premier travail de dessin, composition et mise en couleurs et ensuite de l’adaptation de ce dessin en étoffes. Du moins pour les dessins qui me semblent adaptables. J’ai fait partie pendant un an du groupe anglais the Computer Design Textile Group ; la visée principale du travail des artistes étant de passer l’œuvre graphique ainsi réalisée directement dans des machines à coudre ou à tisser pilotées  électroniquement,  ou de travailler sur des images transférées ou imprimées, voire peintes d’après le dessin sur le tissu, ce qui éloigne fortement de l’assemblage d’étoffes, qui reste pour moi la visée première.

            Mes moyens et mes capacités ne me permettent  du reste pas ces raffinements technologiques et plus généralement  l’œuvre numérique que je crée est interprétée en assemblage et  broderie main, et si la machine est utilisée, ce n’est certes pas en fonction automatique.

            J’ai réalisé ainsi quelques-uns des tableautins du Chant des couleurs  (cf index lettre C).

Au fur et à mesure de mes découvertes et de ma progression je me suis rendu compte que l’outil était aussi un excellent moyen d’obtenir des fonds à broder, par exemple par modification d’une photographie, en lui donnant un rendu de peinture. Là encore ne pas s’imaginer que le logiciel fait tout tout seul. Il faut souvent une bonne dizaine de manipulations et de combinaisons, et quelques essais d’impression pour obtenir un fond valable. Ensuite il reste encore à choisir les fils, fibres  ou rubans pour interpréter.

           

           Cela s’ajoute à l’infini de la géométrie, laquelle n’est pas absente du tout de certaines de ces compositions ; parfois l’estampe est une série de manipulations sur un dessin « normé ». il arrive aussi qu’un dessin complexe soit réduit à une géométrie basique en carrés ou rectangles pour le plaisir de la mosaïque qui en résulte . Ainsi existe-t-il toujours en moi un pouvoir d’attraction vers les géométries régulières et une force presque contraire, qui m’en éloigne.

          Certains dessins imposent tout naturellement une vision en tissus. Pour d’autres au contraire, il faudra une attente due souvent aux difficultés techniques de rendu, parfois c’est le choix qui s’avère crucial, vu l’abondance de graphismes divers générés par ce moyen. C’est un lieu d’exaltation, d’excitation et de jubilation mais aussi de renoncement. Le dessin sur papier si beau soit-il ne me comble jamais, je ne peux m’empêcher de le rêver en textiles, même si, dans leur confrontation, l’interprétation me semble souvent gâcher quelque chose. Une de mes recherches actuelles est de minimiser ce hiatus. Au moins à mes yeux, pour qu’il y ait accord sinon parfait du moins suffisant entre ce  que je désire faire et ce que  j’obtiens.

 Il y a aussi un rêve de pouvoir  imprimer sur grande surface certains de ces dessins de manière à pouvoir les retravailler partiellement en broderies dans de plus grands formats que ceux qu’autorise l’impression domestique. Et comme cela m’est matériellement impossible, c’est là que la discipline première, le patchwork, pallie la carence : et je reviens à l’assemblage en essayant qu’il ne soit pas perçu comme un pis-aller.

          De l’assemblage de tissus faits, je passe à l’assemblage de tissus créés et bien entendu le mélange  des deux  est envisagé et fait partie de ce je nomme mes « gestations » .  Si je préfère l’impression à la peinture ou la teinture pour animer ces étoffes c’est parce qu’elle me permet des dessins beaucoup plus précis et personnels, de plus l’impression à jet d’encre respecte la texture des étoffes et leur degré de rigidité ou souplesse ce qui n’est pas le cas par exemple de la peinture acrylique souvent employée. ; je n’aime pas ce qui raidit et empèse, corsète.   D’autre part je n’ai jamais eu envie d’être peintre et le tissu peint –même s’il est très tendance dans l’art textile contemporain et qu’il se positionne en vrai art par rapport à l’artisanat de base -  s’éloigne pour moi beaucoup trop de mon dessein premier. Les tissus peuvent tout exprimer en eux-mêmes mais autrement.

          Actuellement, cette voie de création et d’interprétation de dessins numériques ou de photographies est surtout source de diverses expérimentations. Je suis à un début. Je teste beaucoup, j’élimine davantage, et chemin faisant d’autres possibilités apparaissent. D’autres envies…qui seront peut-être pour un autre livre.

Nb sur le problème du dessin rélable il me emble judicieux de lire composer ou dessiner.

et sur les suites  de ce raaprchemenntextile et digital La série Nous (qui reste ouverte) ,La série Triangulations  les Avat'arts, pu la série traits traits . (voir menu déroulant ou Index)

 

 

 

 

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