le bonheur en lisière -9

 

De 2002 à  2010 Méconnaissances -reconnaissances

En 2002, je décidais d'arrêter ma carrière de professeur de Lettres pour me consacrer à mes créations textiles et littéraires. Il y a d'autres raisons plus personnelles et familiales à cette décision, mais ce fut la principale. Je ne le souligne que pour qu'on comprenne que lorsque qu'on me parle d'un  "loisir fait pour (me) désennuyer,ou m'occuper" j'ai envie de hurler .

En 2003 je rencontrais un poète qui accepta que j'illustre ses œuvres et ce fut l'aventure des Text-iles . J'avais déjà commencé avec mes poèmes , puis d'autres poètes de la Galerie Racine acceptèrent ce mode d' illustration.

Jacqueline

Une exposition eut lieu et je dois dire que ce fut pour moi comme une sorte de petit miracle, sans doute "le quart d'heure de gloire" dont parle Warhol, bien  que de gloire , bien sûr, il n'y eut pas (et je ne m'en soucie guère (!).

On n'y vit guère de personnes de notre petit monde  du patchwork  et de l'art textile ...

Je remercie au passage arts-up (qui n'existe plus en ligne depuis 2020 ) d'avoir bien voulu m'offrir une page pour en parler .

Depuis sites et  livres explorent le créneau ... c'est devenu "tendance", mais je continue mes expériences dans l'anonymat le plus complet ( seuls les grands noms de l'art textile muséable et officiel trouvent écho et éditeurs sur le sujet    mais enfin  si  d’aventure mes recherches, même émanant d'un petit nom et d'un parcours atypique  peuvent mener  à une réflexion, je le publie ici...

Peu de temps, après parut dans Magic patch un article dans la rubrique  Portrait d'artiste, signé Suzanne Lambert (ce qui me valut encore quelques réflexions peu amènes du genre "c'est un beau cadeau" ) . Je ne le souligne que pour qu'on prenne la mesure de la  mesquinerie certaine d'un milieu dans lequel je me sentais de plus en plus  à l'étroit el mal à l'aise . Un article que j'apprécie parce qu'il me "cerne" exactement et souligne le refus que j'ai de séparer le soi disant traditionnel du soi disant contemporain . et on n'est pas légion à le faire et c'est à mon avis, infiniment dommage.

Et c'est là que je voudrais dire que j'apprécie la reconnaissance et que je la distingue de la gloriole ou célébrité et du renvoi d'ascenseur (nous ne devions rien l'une à l'autre !) . La reconnaissance tient à la compréhension et la sensibilité face à une œuvre, la célébrité est souvent basée sur une mouvance à laquelle on adhère et dans laquelle on entre, souvent parce qu'on a dit que c'était grand , beau ou bien,  ou que tout le monde en parle ,  quand elle n'est pas aussi l'effet de réseaux et de copinages divers (cela n'empêche pas le talent, non plus, je le concède, mais à quel prix, et surtout pour combien de temps, parfois?) . L'une je la ressens comme  profonde et  sincère et l'autre comme  superficielle et artificielle .

  L'expérience de la galerie Racine me mit par le jeu des rencontres en contact avec d'autres artistes , souvent écrivains aussi.

Ils  ne comprenaient absolument pas cette distorsion entre mes oovrages géométriques et le reste. Pour eux une pièce unique créée avec son imagination et sa sensibilité pouvait être oeuvre d'art et si elle l'était ça ne dépendait pas de sa forme de base ou de sa source d'inspiration, mais de la force expressive  en quelque sorte du résultat, Ce que c'était reposant de ne plus s'entendre  demander :  "mais alors tu fais du traditionnel ou du contemporain ?"
Pour eux j'étais enfin ce que j'aurais aimé être dans le milieu patchwork -art textile : quelqu'un qui se servait des tissus, comme d'autres de la peinture ou de la glaise pour dire avec ce qui lui importait. Toute la différence est là . Finis les regards un peu de biais sur des points un peu trop apparents, finis les nez froncés devant mes audaces de couleurs  et les réflexions sur les erreurs d'équerrage, finis  les allusions aux techniques qui rendraient avancées, imaginatives ou novatrices et celles qui maintiendraient on ne sait pourquoi dans le décoratif-artisanal joli mais sans profondeur . . je découvrais aussi des personnes qui, lors de leurs expositions, n'avaient aucune honte à signaler qu'elles s'inspiraient de tel ou tel peintre, reconnaissaient leur filiation et leurs influences, sûres qu'elles étaient que l’originalité d'une oeuvre ne vient pas de son  point de départ !

 Eh bien je vais vous dire : ça fait un bien fou ! Même si tout le monde n'aime pas tout et c'est normal (moi-même je n'aime pas tout ce  que j'ai fait également, j'ai raté à mes yeux beaucoup de choses ..mais raté ne veut pas dire  "mal cousu" ou à l'équerrage imparfait pou mal fini .. mais non conforme à la vision que j'en avais, trop loin d'elle )

Je trouvais des personnes qui vivaient leur art  à ma manière et ne me trouvaient pas ridicule à coudre mes chiffons et à   prétendre que ça pouvait  bien être de l'art, ça aussi, je pouvais parler de ce qui m'importait : la création, telle que je la vis,  mot malheureusement mis à toutes les sauces à notre époque.
 

C'est ainsi qu'en 2008, je fus admise comme membre du collectif Lése-art , dont je  suivrai  aussi l'aventure en poésie.

Je travaille aussi depuis 2006 en images numériques , et certaines servent de point de départ à d'autres aventures textiles, d'autres resteront ce qu'elles sont : des images .

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Adoration- tableau à partir d'une image numérique

Je crée aussi mes propres tissus, quand le besoin s'en fait sentir, en utilisant mes  graphismes .

Je dois dire que plus je fréquente les artistes d'autres disciplines, mieux je me sens comprise, même  si, comme je le soulignais au début ,certains d'eux (et d'elles) ont une réticence certaine envers ce qu'ils ou elles ne voient que comme couture. Il est diffcile d'admettre que ce qui n'a jamais été montré comme un art véritable, à l'égal des autres, puisse en  être.

Je défends toujours le patchwork ce qui me vaut parfois  des débats et rencontres plus qu'intéressantes. on peut lire ici les articles  témmoignant d'une reconnaissance  qui compte beaucoup dans mon parcours . Lien vers les articles de JEan-Paul Gavard -Perret

Et c'est ce qui me donnera l'envie d'écrire mon premier livre.

 C'est aussi l'époque où je participe en pigiste aux revues Création patchwork puis Broderie d'art .

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Un peu plus tard IMAGinE revue d'art publiera mon portrait mais surtout plusieurs articles pour montrer   le patchwork comme art textile à part entière, ce dont je sais infiniment gré à ses créateurs . Nb mofifcation de 2020 : la revue n'xiste plus, et par coséquent mon portrait n'est plus en ligne , mais le document lui que je possède toujours est envoyable à qui voudrait le lire . Ainsi vont les tribulations d'internet et des relations ....

J'ai en revanche cessé d'adhérer à  France patchwork pour diverses raisons .Je passe sur la manière dont on me m'a vraiment pas aidée pour mon livre (c'est un euphémisme,  alors que le statut de l'association le prévoit ...) La principale étant qu'on ne m'y reconnaît pas en tant qu'artiste,  que mes démarches (réduite à l'étiquette" faire de jolies  choses avec de petits bouts"  n'intéressent  pas ses dirigeantes actuelles et  très peu de ses adhérentes  qui préfèrent les modèles tout faits , et qu'on n'y a absolument pas besoin de ma réflexion et de mes créations , alors je les montre ailleurs , là où je rencontre un véritable partage , ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais quand la façon de voir les choses est à ce point divergente , il n'y a guère d'entente possible.  Je ne vois pas non plus ce qu'on aurait pu mettre en oeuvre pour faire reconnaître le patchwork en  art véritable de la même façon , du tout  , je m'en expliquerai dans la page suivante.     Je ne dis pas que j'ai raison et puisque cela convient au plus grand nombre ... c'est même que je dois avoir tort puisque l'avis du plus grand nombre est toujours le meilleur.

Mais n'étant pas masochiste , je me suis rapprochée des  gens qui m'estiment vraiment et me comprennent, ce qui, passé les années 2000 ne fut dans cette structure, ni dans les cercles d'artitses new style ,  plus jamais le cas et j'ai expliqué pourquoi .Je note quand même que l'article que j'ai écrit en 2009  Qui a peur du mot patchwork m'est souvent emprunté et encore maintenant par des adhérentes ... et même par plus connue que moi ! Officieusement . Sous le manteau, dirait-on. On ne m’approuve qu'en privé, comme si je risquais de donner la peste .

 Ayant trouvé ailleurs une estime que je n 'ai eue qu'à mes débuts , je poursuis mon chemin en artiste textile  solitaire, mais toujours solidaire de qui a besoin de moi ,  continuant à faire des choses comme ça :

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et comme ça  ;vert-jaune-brun.jpg

 Je sais qu'on ne trouve guère  de lieux ,  ni souvent de regards, où les deux soient pris en égale considération , mais je continue .

 

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