Le salon des refusés

Je rappelle ici que l'art textile n'est pas un art classé Beaux-arts, d'office. Donc qui a peu accès aux galeries, murs côté grands arts et surtout pas si on a un point de départ jugé traditionnel .Le mot qui tue . Et encore ùmoins si on fait du "patchwork". le mot qui fait ricaner.

Ceci posé, pour exposer si on le souhaite via clubs guildes et associations existent un certain nombre de sélection-concours.

J'admets la sélection (les murs ne sont pas extensibles), j'aimerais parfois plus de clarté sur la compétence à juger et évaluer des jurys à cet égard car si on parle beaucoup d'artistes auto -déclarés il est très malvenu et totalement déconseillé si on ne veut pas se desservir (!) de  s'informer  sur la valeur à juger des  "évaluatueurs !" Surtout en assemblage de tissus vu que les disciplines Beaux arts n'étudient pas chez nous l'histoire de ce   ringard  de  patchwork ! Mais passons !

Je n'ai pas ressenti tout de suite le désir d'exposer .Je n'ai jamais fait partie d'aucun club même si j'ai adhéré à France patchwork pendant plus de 25 ans. Je suis une indépendante. C'était admis et compris  au début des années 90 beaucoup moins par la suite. J'ai commencé le patchwork  en 1982 j'ai exposé pour la première fois vingt ans plus  tard, poussée par des visiteuses  qui me disaient toutes la même chose : il faut montrer .

Maheureusement  à peu près tous les lieux d'exposition collectives  obligent à  concours  et de prix avec classement dont on sait  combien; en  matière de création, je les désapprouve  . J'ai expliqué pourquoi mais voilà si on voulait montrer il fallait bien le faire en suivant sans les approuver les règles du jeu  social inhérent à  notre art et aux mentalités actuelles. 

 Donc  en 2001 -2002 j'ai tenté ma chance à une exposition de de crazy quilt  à  La Bourboule. Le thème était "les continents" et j'ai décidé d'illustrer les pôles , et mon  goût pour les jeux de mots m'en a fourni le titre: Pôle position .

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Je l'ai réalisé en bleu et blanc,  utliisant des morceaux beaucoup plus petits que ceux dont on use généralement en crazy quilt ; cette fragementation pour moi symbolisait celle de la  glace. J'ajoute que  je déteste encoller  durcir et lifter les étoffes ce qui m'a valu bien des déboires, les jugeuses partout dans le monde fuyant   le "bulk" " le gonflement, jugé inesthétique  et moi j'aime que mes soies aient l'air de vivre , de respirer ... A moi toute seule, évidemment, j'ai conscience que je  ne pourrai pas imposer d'autres manières de considérer la chose, mais au moins je l'aurais tenté et j'aurais justifié ma propre  conception d'une esrhétique des étoffes assemblées.

Donc refusé pour cause de "ça gondole"  même si j'avais expliqué mon dessein artistique (puisque c'était demandé) .Je montre un détail pour qu'on juge à quel point c'était mal fait !

Pole position detail jacqueline fischer crazy quilt

 Le curieux de la chose c'est que refusée pour cet ouvrage qui correspondait au thème, je vis mon Arleqin fou  (cf index des ouvrages )  que je n'avais pas présenté- sélectionné -parce qu'il était grand" me dit-on ..J'ajoute il  gondole  tout autant par endroits et pour les mêmes raisons mais celles des jurys me restent , à tout jamais impénétrables.

Mon deuxième refusé ce fut plus tard lors d'une exposition d'ouvrages faits à partir des carrés brodés par des femmes afghanes . Il s'agissait de construire autour une oeuvre associant leur travail et le nôtre.Iil existe d'ailleurs toujours des projets humanitaires en ce sens . L'idée me semblait belle et j'ai participé   (ou voulu partciper) à la première exposition avec un ouvrage intitulé "le nichoir aux oiseauxé et qui associait tissus patchwork et broderies (dont certaines au point compté associant mes initiales à celles des brodeuses aghanes puisqu'il s'agissait d'unir deux formes d'inspiration en une surface unique ).

 Celui-ci aussi contenait un vice de forme  -il n'était pas équerré-  et surtout les tissus à fleufleurs dans une instance plutôt contemporaine ça ne passait pas ! .  Refusé car trop rustique  -sic. certainement les carrés d'origine, eux, ne l'étaient pas ! (on en voit un à droite, celui avec des zig zags grenat et rose)

Nichoir aux oiseaux

 

 Actuellement il orne les murs de la maison de ma fille qui elle l'aime bien et l'a adopté illico.

Ensuite il   y eut l'aventure de l'ouvrage Réflexions , un quilt de proestation contre l'intitulé d'u concours à  Saintes Marues aux Mines en 2012 où le thème était en gros de faire du mixed media "pour échapper au carcan de la fibre" . La douceur du tissu comme "carcan" , ça n'a pas paru absurde  à personne . A moi si et j'explique ma démarche en détail ici

Mon oeuvre était précisément une réflexion sur le statut des arts textiles,intégrant des surfaces réflécissantes (encore un jeu de mot,  les jurys semblent ne pas les aimer) , les textes de réflexion sur l'art textile étaient imprimés à l'envers , les techniques traditionnelles... ou moins étaient rejetées dans les encadrements pour signifier leur relégation hors contemporain.

 Je crains que ce  n 'ait été trop complexe pour être perçu ressenti et compris et je trouve tout de même dommage que cette idée d'une oeuvre changeant selon l'endroit où elle était exposée et reflétant éventuellement  les oeuvres des autres et les spectateurs, idée  qui ne me semble pas si courue, n'ait pas permis une sélection . Sans doute y avait-il encore quelques défauts techniques rhédibitoires, là je n'ai pas su les raisons du refus.

. L'oeuvre peut être vue en salle des machines  :

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Cet été j'ai décidé de présenter une oeuvre au concours de mini textiles contemporains d'Angers. Je viens d'apprendre qu'elle est refusée (sans trop de surprise  au vu des sélections précédentes ). Mais le thème  "mesure et demésure" m'amusait  j'ai eu envie de le traiter à ma manière.

J'avoue que je suis curieuse de voir ce que de plus talentueux (ou plus chanceux) que moi ont réalisé sur le thème.

 L'idée pour moi était encore fondée sur un jeu de mots : le dé mesure (il est vrai intraduisible en anglais et le concours est international ). C'est de plus un text-île puisque le poème écrit au verso fait partie pour moi de ma démarche principale : associer les mots et les textes . Mais bon le concours est anonymé -un bon  point pour ses organisteurs-  et c'est pour cela que je l'ai fait.  Le dé et le mètre ajouts non textiles ont un rapport avec  la couture  le dé est autant une mesure que le mètre ; à dire vrai comme je n'étais nullement certaine que ça agrée (je connais un peu les "exigences" en matière de contemporain) je l'ai fait une fois de plus selon mes critères :

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NB en juillet 2021 : on peut voir quelques-unes des oeuvres primées sur ce lien .

Je ne considère pas ces refus comme des échecs. Les oeuvres existent  Je sais beaucoup des coulisses des sélections ayant eu  des membres de jurys dans mes relations ou des personnes qui sans décider ont vu comment ça se déroulait (surtout quand ce n'est pas anonymé !)

 Je ne suis ni aigrie, ni découragée .Je n'en veux pas aux sélectionneurs lorqu'ils sont qualifiés pour ce faire ((ce qui est le cas de ce dernier essai !)  Je sais juste que je ne fais pas de "contemporain" assez contemporain  et de traditionel assez normé bonne faiseuse pour plaire à un des deux courants de l'époque. Je fais du  "comme je l'entends" et j'ai bien l'intention de continuer.Pas la peine de me le dire.

 J'ajoute j'ai eu plus de quilts  et ouvrages retenus que refusés  (mais c'était avant le grand changement de "l'art textile plus contemporain que le contemporain"  des années 2000) , j'ai été créatrice  pour deux revues, j'ai exposé en galerie d'art à Paris en solo et récemment dans ma région avec un groupe d'amies (expositions sans concours) . J'ai pu montrer mes ouvrages ceux d'autres artistes aussi et expliquer la démarche en  salle des machines.Je n'ai pas de raisons d'être aigrie, je ne cherche pas à faire carrière je l'ai dit mille fois, ni à vendre du moins pour le moment et quand je le ferai ce sera au bénéfice d'une ou de plusieurs oeuvres s'occupant de causes qui  me sont chères,  mais je voulais  rédiger cet article car pour moi il ya souvent un manque de questionnnement dans les modes d'exclusions et de rejets. (ou d'acceptation, les critères restent flous, parfois infondés ou injustifiés et surtout très soumis aux modes et courants de pensée du temps, si bien qu'y glisser une démarche qui  propose un tout autre point de vue, hors des clivages acceptés,  est impossible)  .

 

 

 

 

 

 

Réflexion-débat-questionnement présentation ouvrages

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