Apprentissages -deuxième partie

De la couture au patchwork

 Préambule : C'est en 1982 que j'ai découvert le patchwork, par un coussin vu chez un amie.Un objet charmant fait de ses robes d'enfant et de celles de ses soeurs. Un déclic a joué. Je suis rentrée chez moi j'ai cherché tous les vieux bouts de tissus que j'avais, chutes de mes activités de "fouturière", restes de vêtements. Je n'avais pas la moindre idée de comment assembler cela. Rien à voir avec faire une robe! Surtout qu'une robe ce n'est pas fait avec des dizaines voire des centaines de tissus divers. On oublie TOUJOURS que le patchwork, au départ, c'est  souvent cette diversité ! Pas quatre ou dix tissus achetés en pré assortis chez le marchand , comme ce fut hélas, si souvent le cas plus tard !

C'est pourquoi pour moi le patchwork ce ne fut pas essentiellement de la couture. ça ne l'est toujours pas .Mais enfin il fallait bien apprendre comment ça se monte et  ce n'est pas toujours évident ! Plus tard quand j'ai disposé du logiciel Block Base qui recense des milliers de "blocs" ces carrés dessinés (et parfois jamais cousus) par diverses quilteuses d'après l'encyclopédie de Barbara Brackman Encyclopedia of pieced patterns  je me suis rendu compte que certains blocs étaient de vrais casse-tête de montage.   Sans explications! celui-ci par exemple :

Starry crown

starry crown

 

 

 

On peut le voir réalisé (tant bien que mal mais des années plus tard ! dans le quilt le sampler  délicat cf Histoires d'ouvrages

 

bloc-5-sampler.jpgA l'époque pas d'internet, les revues françaises  en parlaient peu. Le savoir broder de Femmes d'aujourd'hui évoqué à l'article précédent ne donnait des informations que   sur  la méthode dite anglaise sur papier ou  cartons,recouverts de tissus qu'on assemble par un point de surjet sur l'envers.

Le patchwork  dans la tradition  américaine, était pourtant revenu en France dans les années 70, après l'exposition Abstract design in American quilts initiée par le collectionneur Jonathan Holstein. Des revues comme Cent  idées  -à laquelle je fus abonnée- l'évoquaient  c'est  là que j'ai appris l'existence des "crazy quilts". Cette tradition américaine des quilts n'est évidemment ni la première ni la seule, mais elle était  et reste encore alors dominante dans la transmission (et c'est aussi un business très important !).  J'ai appris avec des livres, passé les premiers essais . J'ai cousu à la machine mais très vite j'ai préféré le geste main.

Assembler en patchwork  géométrique (et je ne dis pas " coudre , c'est  d'abord savoir décomposer ce qu'on appelle le bloc , cette unité répétée avec variantes éventuelles dans une surface.  Savoir par où commenccr, comment assembler les morceaux, dans quel ordre etc.  On peut aprendre dans un club certes, mais aussi dans les livres , ce que je fis . Mettons que je sois une asociale de ces apprentissages.  et j'ai transmis mais en free lance !  Et par le moyen des revues quand de 2008  à  2012 je fus embauchée pour ce faire ...

Main ou machine, déjà est un premier choix, mais à la main il existe aussi différentes méthodes d'assemblage, et à la machine aussi.  Ce qui compte c'est l'ordre d'assemblage, le fait aussi quand on coud à la main de ne pas passer sur la marge de couture ce qui donne à ces assemblages une souplesse que le travail machine plus net, plus impeccable ne donne pas.   Des choix à faire qui pour moi n'étaient pas de simple couture , mais liés à un symbolisme et aussi à un toucher, à un abord de ma matière. J'avais besoin de travailler au plus près d'elle, dans une sorte de "corps à corps" si je puis dire, pas d'avoir des coutures nettes et impeccables du lisse et du chiadé. Impossible à faire saisir à la plupart de mes consoeurs. Obtenir quelque chose qui soit mon expression, ni du salopé non plus pour faire "contemporain" spontanéité et lâcher prise. Je connais aussi les poncifs des justifications. En cela, comme en tout : suivre mes exigences  qui elles-mêmes visent à une certaine justesse entre ce que  je veux obtenir et le résultat. Avec cependant beaucoup d'improvisation. On ne permet l'irrégularité qu'à ce qu'on nomme "contemporain" . C'est absurde. Bref on ne regarde les géométries qu'avec un compas dans l'ooeil quand elles sont textiles mais personne n'aurait l'idée de remesurer les rectangles de Mondrian ou le carré blanc de Malevitch pour voir si par hasard il n'y a pas une erreur de quelques millimètres ! ou un angle pas si droit que ça! J'interroge depuis 40 ans ces exigences castratrices et anti -artistiques  à l'égard d'un pan de notre  art abstrait textile.

Ces blocs dits traditionnels ne sont qu'un point de départ on devrait être libre de faire ce qu'on veut avec eux mais déjà en  user c'est être "cataloguée" . Avant même de mettre en route une surface abstraite avec ces géométries et mon choix de composition et d'étoffes je sais que c'est exclu du monde de "l'art textile" contemporain. Mais comme je désirais des assemblages qui semblent réguliers (sans l'être toujours!) j'ai appris cette précision.  j'ai appris aussi d'autres techniques d'assemblages  : appliqué notamment qui sont plus proches de la broderie et pas aussi spécifiques au patchwork que ces constructions e blocs ou morceaux à formes géométriques. e détail est à l'article questions de vocabulaire 2 .

 

  Choisir les tissus

Plus exactement ; les récolter et les accueillir. mais je ne suis pas une puriste ni de la récupération érigée en "éthique" obligatoire (si personne n'achète plus la récupération disparaît ipso facto), ni  à l'inverse de n'user que de calicots neufs reservé à cet usage. J'ai rassemblé ce qu'on me donnait et j'ai acheté les étoffes qui m'inspiraient. Souvent sans projet précis . Non pas  : "j'ai besoin de 3 mètres de ce tissu( pour faire un fond à tissu unique" , mais non je rassemblais vraiment comme on se crée un vocabulaire en mémorisant les mots dans les textes des autres, et les étudier,s 'en imprégner , en savoir toujours plus sur eux , les apprivoiser , les harmoniser , les faire chanter, vibrer . Et là tout ne s'apprend pas par des recettes, mais en observant  autour de soi et en soi y contribue-comme en tout . J'ai commencé en ignorance totale de ce patchwork dit "américain" tissu d'Europe évidemment !) et mon premier quilt que je posséde tojours en 1982 ressemblait à cela , il n'est certes pas cousu selon les régles de l'art  : 

 

Premier quilt 001

 

 

 

 

Planifier...ou pas ?
En  patchwork dit traditionnel on part souvent  d'un bloc un carré subdivisé ou décoré qu'on peut soit tracer  soi-même soit emprunté.  . Il est dommage que cet emprunt suffise à assimiler  à la personne qui copie un modèle de A à Z . J'ai expliqué combien c'est différent. J'ai d'abord tracé à la main  et colorié parfois, parfois non , et dès 1998 j'ai appris à user des logiciels de patchworks,  mais ce ne sont pas mes seuls moyens de dessiner , je l'explique ici . Mon livre Jeux d'étoffes détaille ces approches. Mais je peux improviser et dessiner autre chose et si je choisis de partir de la géométrie régulière,  c'est volontaire et correspondant à une visée expressive et esthétique.

 

Mais avant de coudre  comment tracer ?

 Avant l'apparition des logiciels spécialisés il fallait donc apprendre à tracer ses patrons;  choisir les dimensions, penser aux proportions. Même si la plupart des quilteuses  suivent encore à cet égard des  modèles plus ou moins adaptés  à leurs goûts personnels. Très vite j'ai préféré composer par moi -même. 

J'utilisais d'abord  des recueils de blocs, ces carrés repertoriés de la tradition aux US mais dont beaucoup de dessins surtout les plus simples étaient issus d'autres arts dits "décoratifs"  : mosaïques, marqueteries fresques en regorgent. On sait que le motif dit "log cabin " un des plus connus et plus utilisés remonterait à l'Egypte ancienne.Voici un exemple basique de ce motif:

 


Cabin pour article apprentissages  

 

 

Et pourtant que de 'créations  variées avec ce classique du pachwork et ses variantes . Deux exemples : le quilt Caprice  qui reste ce que je  nommerai un  classique , détestant le terme "traditionnel" car traditionnel, il  ne l'est pas par le choix des couleurs :

 

Caprice jacqueline fischer art texile red

Et ce tableau figuratif (silhouette empruntée à plusieurs nus peints et photographiques et redessinée) de la série over rose : Roses blanches d'un corps fou. Le corps est  constitué de petits logs cabins irréguliers blancs, qu'on appelle crazy rose (rose avec technique dite crazy c'est à dire morceaux irréguliers) .

 

Roses blanches d un corps fou2

 

 

Notre création personnelle est donc moins là dans ces carés ou autres formes déjà tracées,  que dans la composition qu'on va faire avec ce que je nomme une "source graphique.".Je m'étonne qu'on en  parle si peu, dans les livres où on  explique comment devenir 'artiste" pour leur préférer le carnet d'equisse où on montre surtout qu'on sait peindre et dessiner. C'est bien , mais à me yeux,  pas du tout obligatoire dans un art textile différent. On a cependant tendu à le faire ressembler à autre chose qu'une expression par les tissus assemblés  car le difficile de cet art c'est justement cela :  assortir le disparate (d'où le succès des assortiments tout pré choisis que j'abhorre!) et composer avec cela quelque chose où on se dit par ce moyen-là (jamais vraiment étudié en France). 3C'est pas contemporain"! Et encore moins "conceptuel". I

 

Assortir

On m'a souvent demandé autrefois  "coment tu fais pour mettre tant de tissus à la foi et que cela garde une unité voire une harmonie ?" aujurd'hui personne ne me me demande plus , c'est démodé. Place au blanc au noir au couleurs unies et finie la subtlité de surface où les motifs et les couleurs mêlées modulent un chant personnel  et moi je continue à placer mes tesselles cd'étoffes imprimées non pas à l'ancienne- mes quilts  ne essemblent pas à des quilts anciens- mais pour un chant qui m'appartient  même s'il reste inaudible dans la contemporanéité.

Petite fleur

quilt petite fleur pas deux tissus semblables ...

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Oui mais justement  comment assortir et harmoniser ?

Je ne partage pas du tout du tout l'idée que tout va avec tout mis au hasard. Où est l'art si on on n'élabore pas, à cet égard ? Où est la patte personnelle de l'artiste ? " Allez pouf j'entasse tout et ça fera déjà une couverture." Même si le hasard est parfois heureux. Même si je dis aussi qu'on peut tout mettre dans un surface mais pas n'importe comment. .Le but pour moi :  harmoniser en vue d'exprimer quelque chose.   Pas de  pré assorti (ça me fait hurler!)  et un désir de se constituer  une palette d'étoffes personnelle, qui certes pouvait inclure des tissus neufs  mais  aussi de vrais anciens, des copies de  des broderies, des detelles  de tissus pas faits pour 'jerseys, toiles à matelas  ).Au lieu de vouloir suivre la mode de son temps -comme on le fait pour la décoration intérieure et les  vêtements, utliser tous les tissus de manière intemporelle et dégagée de préoccupations ménagères style : laver ou pas.

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Je dois dire je n'ai pas appris par des méthodes" sur les couleurs qui iraient ensemble et celles qui n 'iraient pas. Comme j'ai toujours utilisé plus de tissus imprimés j'ai senti dès ce moment-là que l'esssence du patchwork tel que moi je le ressentais(dans sa différence avec les autres arts d'assemblage et la peinture) c'était deux choses : le tissu (pour un art textile) et ce qu'il représentait .Ni le hasard je m'enfoutiste soi disant "spontané" , ni des règles strictes. Uniquement mon  instinct.  Et ce que je veux faire dire aux tissus mis ensemble .Et je continue d'apprendre de tester de découvrir car même en ce domaine du patchwork américain géométrique dit _à torrt- traditionnel      - il ya tant de possibiltés de combinaisons déformations choix à faire à tous ces stades que c'est inépuisable !Et on a beau me dénier toute imagination en  ce domaine je sais en avoir.  Juste qu'elle n'est pas "contemporaine" autant dire ne vaut rien aux yeux de nos décideuses branchées. Corollaire pas de murs pour exposer et certainement pas en solo . ça ne le "mérite pas(ou alors il faut faire partie  de club et association. Je ne sais pas créer insi, pour moi le partage vient ensuite et individuellement. C'est mal vu '"elle se la joue trop solo" sonne de loin, à mes oreilles ) Je ne suis ni peintre ni graveuse  à côté alors  , rien pour doner une aura v rai grand art à mes compositions.  . il est à remarquer que c'est le fait que j'écrivais qui m'a ouvert un jour les portes d'une galerie d'art (et pas pour exposer mes chères géométries )   Ah si j'oubliais  on st louée pour la patience et le travaux de couture qu'on condescend à vous accorder avec le mépris congruent. 

 

Cheres vieilles choses jacqueline fischer page 14 art textile

 

 

 

 

 

 

statut du patchwork en France-

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