Art travail et temps
Deux écoles, là encore, s'affrontent et parfois à l'intérieur du même artiste.
Le mot travail pâtit d'une étymologie désastreuse qui évoque un supplice (d'où la salle de travail des parturientes!) fait mauvais ménage avec une conception de liberté artistique . Qui dit "travail" pense aux tâches indispensables pour survivre, voire à l'exploitation des "travailleurs"par les possédants... Qui dit travail dit salaire ... et qui dit salaire dit dépendance à l'égard de celui qui vous paie. C'est là qu'on argue toujours que "les plus grands" ont travaillé sur commande. Et on n'a pas tort sur ce point , mais il doit bien en exister qui ont refusé et qui étaient grands, cependant !
Derrière le mot plane une aura d'obligation, de devoir, de contraintes, de choses nécessaires et ennuyeuses.
Qui évoque le travail évoque du même coup le temps et l'argent.
Qui dit travail dit durée pour accomplir quelque chose, à une époque de changement rapide , de renouvellement obligatoire forcené , le temps que met l'artiste à faire ce qu'il crée pose problème. Plus l'art qu'on exerce est chronophage , plus on part disqualifié et on est on l'est d'autant plus que ce qu'on fait aurait l'apparence d'un travail utilitaire. La main à l'aiguille n'est pas et ne sera jamais perçue comme la main au pinceau. Je l'ai dit mille fois, on n'aurait pas l'audace de comparer le travail de l'artiste -peintre à celui de l'artisan en bâtiment, chez nous, textiliennes, devant une surface textile les gestes semblent les mêmes, on parle de couture avant tout autre chose. C'est le travail technique qui l'emporte aux yeux du public sur l'aspect inspiration -création . Et ce n'est pas souvent l'imagination, le talent de conception "visionnaire" de la surface textile qu'on loue mais ... le "travail" entendez par là la patience, l'habileté, la minutie. Toutes qualités nécessaires mais nullement suffisantes. Quand on crée on n'est pas juste une bonne faiseuse, mais une inspirée, voire une hantée ...
Tissu pour Ariane ou hantée de couleurs et de reflets .. même si le travail pour coudre n'est ce pas ???
C'est qu'on ne compte que le travail de réalisation ...ou lui, essentiellement puisqu'on nous range automatiquement côté artisanat. Or je le répète ; la seule différence entre la textilienne et le peintre qui fait un dix millième paysage ou nu , après tous les autres qui en ont fait ou commis (et parfois de géniaux et parfois de fort médiocres!) c'est que le peintre exerce un noble art !Un noble art , un art-istocratique, où le travail ne saurait être si vulgairement pris en compte. Aussi on ne va pas regarder de trop près comment il a rempli sa surface et si ses coups de pinceaux sont bien alignés. Il peint : cela suffit à le déclarer artiste. Une brodeuse qui fera la même chose en peinture à l'aiguille sera au mieux "meilleure ouvrière de France" Il ya lieu d'en être fière, sans doute, mais le statut n'est pas le même, alors que l'activité est comparable et la valeur artistique de la création .. seul le medium change.
Si la peinture est un art qui ne se discute pas - ou plus- , les arts textiles eux, ont du mal à émerger sauf (et je le redis) à avoir l'air d'être ce qu'ils ne sont pas (si on colle, peint ou soude, on a plus l'air d'une artiste! Il faut au fond réduire la couture au minimum ... ou se montrer virtuose avec une machine ... car les vêtements actuellement ne sont plus cousus à la main donc pour être de son temps ..., on peut aussi se demander pourquoi donc les peintres artistes n'utlisent pas tous rouleaux et pistolets ou autres moyens de remplir vite une grande surface, que se passerait-il si on jugeait leur travail à cette capacité de peindre vite avec des instruments modernes ? Or chez nous c'est ce qui se passe constamment , sous l'influence des critères américains et anglo saxons de jugement ... et des lobbys de machines diverses qui sponsorisent manifestations et concours. Pourquoi pas Ripolin pour les peintres ?
Il resterait à déterminer également si chez les pratiquants en art de la peinture (ou autres Beaux-arts) , il y autant de copieurs-reproducteurs, suiveurs que parmi les femmes qui "font du patchwork' ou reproduisent un objet brodé dont le modèle est donné ... mais encore une fois le modèle, ce n'est pas que le dessin mais la composition entière. L'optique dès le départ n'est pas la même puisque, si on laisse de côté les usages à vocation religieuse et c'est déjà beaucoup exclure- l'art textile a été conçu pour habiller, décorer, parer ... ce n'est n'est que très récemment qu'on a commencé à regarder autre chose que l'aspect artisanal de la chose, à s'interroger sur ce qui pouvait mettre en route ces petites mains anonymes -et qui pourtant nous ont légué des merveilles, qui n'ont rien de purement décoratif ou du moins pas plus que les tableaux de genre. Sans oublier la symbolique des motifs brodés , tissés , imprimés cet autre langage ..Merveilles non pas seulement à cause du temps de travail d'exécution que l'ouvrage nécessite, mais bien merveilles esthétiques aussi -et si rarement regardées purement comme telles. C'est ce regard qu'on n'arrive pas à changer, ce regard que je réclame.
Pour s'en convaincre on peut jeter un oeil sur ce site de quilts anciens en soie , par exemple et qu'on me dise si certaines pièces ne sont pas des chefs d'oeuvres d'art abstrait avant même qu'un peintre y ait seulement songé ?On ne me fera jamais croire que les femmes qui composaient de telles surfaces faisaient juste de "jolies couvertures"!!!
Dans l'article concours je souligne d'autre part que bien des réglements exigent des oeuvres de l'année ....au mépris des arts, et des artistes qui fonctionnent autrement, assimilant l'art contemporain au "vient de sortir" , à l'immédiateté : la soeur de lait de la "merveilleuse" spontanéité. C'est mieux quand ça va vite, c'est mieux quand on produit au kilomètre , aussi, sans doute. Les livres se vendent bien qui promettent la facilité et la vitesse d'exécution ...Toute conception d'un travail qui prend le temps nécessaire tout simplement pour arriver à un résultat donné est ringardisée ou ramenée à de la "belle ouvrage" , et les personnes qui réduisent sans cesse notre art textile au temps que cela prend, en collectionnant comme témoins de leur labeur les bobines de fil vides, renforcent cette impression ...Ce serait tellement plus intéressant de savoir ce qui les a amenées à composer. Le kilométrage de fil utilisé pour un tableau textile, c'est de l'ordre du quantitatif: cela rejoint peut-être les "performances", mais ce n'est pas cela qui m'intéresse. Le nombre de tissus ou de pièces , en revanche, est lui lié directement à l'esthétique et la signification de la surface dans un art d'assemblage des tissus, et pourtant il est lui aussi souvent assimilé à de l'exploit sportif ... C'est une chose de fragmenter pour montrer le nombre et la virtuosité, c'est une autre de le faire sous l'effet d'une nécessité intérieure. (cf écrits fliaires fragments).
Disons-le tout net : on peut passer des centaines heures sur une surface qu'on rate ou qui restera médiocre -ça m'est arrivé et plus d'une fois- et réussir quelque chose d'accompli en beaucoup moins de temps. L'inverse cependant est tout aussi vrai et dans le meilleur des cas le temps et donc le travail qui s'y inclut fait partie intégrante de l'oeuvre, et de la démarche . il représente bien davantage qu'un moyen pour arriver à une fin. Si on met de ses émotions dans ce qu'on compose, le temps c'est notre vie, rien de moins, rien de plus. Pas le temps d'un travail automatique , mais le temps où s'infusent , se transforment les visions textiles qu'on peut avoir. Un temps où il faut savoir pauser, laisser, reprendre . Ne jamais travailler quand on s'ennuie dans ce qu'on fait ...ou profiter de ce qui est contraignant et répétitif pour dans sa tête, concevoir autre chose. Ainsi tout s'imbrique. C'est pourquoi je considère mes surfaces textiles comme une oeuvre à considérer dans son ensemble et où tout a son importance et pas seulement comme des surfaces juxtaposées à regarder séparément .Et même à mettre en regard des textes que j'écris et des images numériques que je crée : pour moi c'est un TOUT. Il n'y a pas d'un côté un travail intellectuel (la littérature) un travail artistique (les images numériques) et un travail manuel (mes oeuvres textiles). pourtant c'est ainsi le plus souvent que c'est classé, tronçonné.
Qui dit travail dit aussi parfois "besogneux" et on oppose souvent le travail à un don qui permettrait de tout trouver sans avoir rien cherché, une "facilité" qu'auraient certains élus touchés par la grâce et pas d'autres. L'art, le grand, étant par excellence le domaine où la révolution démocratique n'est pas passée : être artiste surtout quand on a réussi à être célèbre, c'est peu ou prou jouir de privilèges qui vous viendraient du "don", d'une supériorité... on porte ce titre comme une particule.
Tout absolument tout est hiérarchisé façon Ancien Régime . Les grands arts qui sont dignes d'intérêt et les sous-arts qui sont juste des témoins historiques sans valeur artistique -mais patrimoniale. La notion de travail revient. D'un côté techniques oubliées ou témoins d'une virtuosité, d'une maîtrise - de l'autre l'éblouissante facilité du don et du génie, conçu comme une grâce, une sorte de prédestination .
Souvenons-nous du Bourgeois gentilhomme où Molière expliquait qu'il fallait tout savoir sans avoir rien appris, parce que les nobles de l'époque se croyaient à cet égard d'essence supérieure. Ils savaient de naissance parce que "bien-nés" . Je ne suis pas sûre que ce ne soit pas le cas de certains artistes qui se croient investis d'une sorte de talent infus.
Et pourtant, je crois au don -sous la forme de l'inspiration - tout autant qu'au travail, mais je crois aussi que l'inspiration c'est aussi et surtout un travail sur soi (se mettre en état d'accueillir ce qui vous vient ... ). L'inspiration reste pour moi un phénomène mystérieux, mais qu'on expliquera sans doute un jour . J'y reviendrai dans un autre article sur l'origine des "idées" en art textile.
Je crois notamment que le don de coloriste est quelque chose de "donné", certaines, quand on leur met des étoffes entre les mains, ont tout de suite l'oeil, l'art et la manière de les agencer, d'autres même après avoir lu et appliqué x recettes lues ça ou là feront ce que je nomme du "terne" ou du "plat"ou du convenu selon la roue des couleurs... On m'a souvent dit que j'avais un don avec les couleurs et ma foi , je n'aurais pas la mauvaise grâce de le nier par fausse modestie. Mais je crois que ce "don" dépend beaucoup de mon propre regard sur les oeuvres des autres, la nature , tout ce qui autour de moi porte formes et couleurs .Tout ce que j'observe depuis tant d'années : c'est ce que je nomme l'inspiration et le travail intérieur. Il faudrait y ajouter une sorte de "force", de vitalité. De désir.
Caprice, oeuvre de coloriste passionnée ... mais aussi d'amoureuse des étoffes soyeuses
S'y ajoute ce que je nomme le complexe "grande école" : à l'aristocratie d'un supposé don s'ajouterait le prestige de la formation, au point qu'on voit, même dans notre petit art du"pauvre", des dames bidonner leur CV pour faire croire qu'elles ont fait les Beaux-arts de Paris ou autre grande ville, quand elles ont tout simplement assisté à des cours dispensés pour tous publics ... ou se prétendre élève d'une école qui n'existait pas aux dates indiquées. Il y a quelque chose de pathétique dans ces tentatives de "jouer dans la cour des grands", comme si la grandeur d'une oeuvre et sa valeur dépendaient uniquement du prestige de la formation ...même si toute formation donne des bases indiscutables -et un formatage souvent, qui ne l'est pas moins. L'histoire de l'art comporte aussi des grands qui ont créé spontanément , et l'art dit naÏf, l'art populaire existent bien aussi et à côté. Or le patchwork est par essence et histoire au départ souvent un art populaire , ou tout au moins un art indépendant puisqu'un non-art ! Un exercice de liberté d'expression au travers des contraintes multiples de la couture et des assemblages (comme le démontre le livre de Claude Fauque, inégalé à ce jour, le patchwork ou la désobéissance.)
Montrer ce qu'on fait et comment on le fait est plus efficace qu'un argument, même si ici, je le sais, j'argumente beaucoup!
Et oser aller le montrer près de ce font les artistes des Beaux arts, des grands arts, ne pas avoir honte si du moins notre travail ne consiste pas qu'à exécuter ou démarquer. Si nous composons nos surfaces par nous-mêmes osons les poser près de celles des peintres, même des grands.. .une géométrie de carreaux peints peut-être sans doute due au génie incontesté dans un art incontestable et celles en tissus, celles du pauvre comme je dis, même si elles les précédent de beaucoup depuis la nuit des temps, ne sauraient avoir droit à un regard ! Au lieu de peindre sur nos tissus pour tenter de les égaler, affirmons-nous comme ce que nous sommes, si c'est par essence ce que nous désirons faire. Fermons nos oreilles aux ricanements des imbéciles - croyez-moi, j'en ai subi et j'en subis toujours- mais le pire n'est pas cette ironie stupide suscitée par des mots "patchwork", crochet , tricot ou macramé .... c'est le mépris interne de la corporation qui renie ses assembleuses en les réduisant toujours aux normes de la bonne faiseuse ajusteuse minutieuse et mépris des galeristes et autres sommités de l'art reconnu qui vous écrivent pour vous exposer mais précisent "pas de patchwork"! . Ce rognage perpétuel de mes propres rêves de couleurs, de mes élans imaginaires. On a l'impression qu'on vous attend avec une tapette pour vous rabattre sur le sol : là où est votre digne place !
Louer le travail et la patience, à cet égard, est un hommage ambigu. On dit la même chose à celles qui ne font qu'exécuter. Comprendre qu'à chaque fois c'est tout ce qu'on a mis de soi dans la conception préalable qui se trouve rejeté à l'arrière-plan .
Voilà pourquoi j'invite mes soeurs créatrices en art textile et notamment en patchwork à parler de leurs idées , de leurs démarches, de la gestation de leurs oeuvres, plutôt que de parler de la manière dont c'est cousu, réalisé. Parler du travail intérieur et non plus seulement du pratique. Or très peu le font. On me dit souvent que c'est faute d'avoir aisance avec les mots mais je crois que même simplement, sous forme de notes, cela peut se faire. Et ce serait un excellent moyen de différencier le travail d'imitation de celui de création. Je tiens depuis des années un journal d'artiste-écrivain -que je ne publie pas et je ne saurais dire combien cela nourrit mon oeuvre et ma vie beaucoup plus que les explications techniques que j'ai dû fournir professionnellement. J'aime des livres comme celui de F.Tellier-Loumagne(cf le billet de blog ) ou Jean Draper , ou encore Joan Colvin ou Jane Hall qui sont des livres d'univers de création. Je ne les lis pas pour copier, même si je note quelques techniques à intégrer au passage , je les lis comme des livres d'autres arts : pour m'imbiber . Je ne lis pas les poètes non plus pour piquer leur métaphores ou leurs tournures de phrases mais pour baigner dans leur univers.
J'ai du mal avec ce que je "fais vite" . Une sorte de frustration qui contredit totalement les soupçons de "masochisme" qu'on encourt à assembler tant de petits bouts d'étoffe dans une surface . J'aime faire durer le plaisir et achever c'est toujours pour moi "mourir un peu". Et d'autant plus que l'oeuvre finie, rangée je l'ai dit aussi, dans ce que je nomme à part moi le "mouroir" attend là un visiteur ou une visiteuse qui viendra de temps à autre lui accorder un regard .
Le mouroir- où s"empilent (sur l'envers par protection) plus de 100 oeuvres textiles et qui après moi sont vouées à disparition, sans avoir de mon vivant été beaucoup partagées. Contre mon gré et mon désir , ce n'est pas moi qui fais les lois, us et coutumes de qui est exposable ou pas, muséable ou pas; digne de considération et de conservation ou pas ....et si je lutte ce n'est pas que pour mon oeuvre mais toutes les oeuvres textiles comparables.
Car le travail, la passion, la conviction et l'engagement que l'on peut placer dans son "métier" d'artiste ne suffisent pas à convaincre qui que ce soit que ce non-art qu'est le patchwork géométrique pourrait avoir un intérêt autre que de d'occuper de vieilles dames dans les clubs de loisirs -entre deux médisances- et de réchauffer des corps ...ce qui d'ailleurs n'est nullement incompatible avec la création personnelle ! Admettons que les toiles des peintres soient moelleuses et confortables : rien n'empêcherait de dormir dessous. Un patchwork est pour moi d'abord et avant tout une surface à élaborer. Ensuite il arrive qu'il puisse servir de couverture. En quoi cet usage lui ôterait sa valeur artistique s'il en a une ? Qu'on me le prouve, je ne le croirai jamais avant ! Or ce qu'on entend c'est "c'est du pachwork c'est donc de l'artisanat",voire du "loisir créatif" noble art qu'est la peinture peut s'exercer aussi en loisir créatif sans que cette pratique-là la déconsidère. Chez nous, la technique choisie réduit l'oeuvre, cas assez exceptionnel ...
Quand je fais autre chose, ce qu'on nomme "art textile" cela va en général beaucoup plus vite (je comprends aussi les raisons de cet engouement : pourquoi passer 200 heures sur une surface qui sera méprisée ou minorée alors qu'en quelques heures on peut avoir un "chef d'oeuvre" indéniable selon le goût du jour et l'idée qu'on se fait d'une "vraie" oeuvre d'art ? C'est une tentation permanente surtout pour qui veut en vivre, se faire un nom ...
Ne pas y céder : là est effectivement le masochisme. Mais si c'était juste la passion , le respect de ce qu'on fait et à quoi on croit?
De fait le temps quand il s'agit d'argent , de cote, le temps ne ferait rien à l'affaire. Ce qu'on monnaye, c'est le renom, la célébrité .
Mais les peintures s'évaluent aussi à la surface ... donc le temps y est bien pour quelque chose !
Quand on veut vendre un quilt, le problème commence. Le statut de non -art et de loisir créatif oblitèrent tout. L'acheteur se fiche parfois (souvent!) complètement du fait que ce soit une composition originale .. il y voit une jolie couverture pour décorer son salon. Il est vrai : il est des peintres à qui on demande de refaire "le même en bleu"!
C'est le droit du client -qui est roi!- , mais c'est pour moi un continuel crève-coeur que ce ne soit que ça! J'aimerais qu'on regarde aussi un quilt comme la pièce unique et originale que c'est. Quand c'en est une. D'abord comme ça et ensuite comme une couverture ou un travail de minutie et de patience. Or c'est l'inverse qui presque toujours se produit, d'où la négligence envers ces surfaces traitées comme des couvertures ordinaires . Je l'ai dit : le moindre peintre du dimanche a droit à plus d'égards même s'il produit des croûtes infâmes , on n'aurait pas idée de les nettoyer au Javel, parce que la peinture ça c'est un vrai art! La devise"selon que vous serez puissant ou misérable" s"applique aussi à nos créations .
J'aime mot élaborer. Élaborer c'est d'abord rêver l’œuvre ... puis réunir ce dont on a besoin pour la réaliser et ensuite vient l'exécution . Qu'il y ait calcul, stratégie ou qu'on se fie à ses instincts et intuition -ce n'est pas incompatible, je crois que pour arriver à quelque chose d'un peu profond, il faut prendre le temps nécessaire et juste celui-là . Aller vite quand il ne faut pas que ça fige et laisser reposer quand on sent que c'est nécessaire .Cela ressemble à cet autre art : la cuisine où tout n'est certes pas non plus dans la recette (ces livres d'art textile ou on donne des "recipe" pour être artiste à coup sûr n'est ce pas une tromperie ?) . Rien dans l'exercice authentique d'un art ne peut être "facile", mais on aimerait bien que la difficulté ne soit pas toujours ramenée, chez nous, au travail technique.
Faire du temps -et du travail qui va avec- un allié et non un ennemi même si quand on vieillit, on sent qu'il faut se dépêcher surtout si on a encore tant d'idées à mettre en route.