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  • Stitching resistance

    • Le 17/08/2014

     

     

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    Livre écrit par un collectif dirigé par Marjorie Agostin
    éditeur : Solis press 2014

     

     

    Après une préface de Marjorie Agostin, le livre se présente comme une série d'articles écrits soit par des artistes textiles et parfois  poètes  soit par des universitaires  et il est assez éclectique, de ce fait.

     Le but est de montrer les différentes facettes de cette résistance des femmes par l'art textile.  Chaque article développant un aspect de cette résistance aussi bien aux problèmes du quotidien qu'aux persécutions politiques. Le point commun serait le courage dans l'endurance , qu'on a si souvent confondue avec une patience "passive', dans une vision masculine de la société, l'action c'est toujours quelque chose de rapide, de vif, voire de violent . Les femmes au cours des siècles ont dû développer d'autres voies d'action où les travaux textiles tiennent une grande part. C'est un point qui en France du moins , n'est guère exploré.

    Il repose aussi pour certains articles sur une rétrospective  de ce que fut l'art textile au féminin depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. On y croise Pénélope, Hélène de Troie et Philomèle (qui on le sait m'est chère!)  et également la moins connue-en France s'entend-  Mariana Pineda héroIne espagnole du XIX siècle,qui  broda  une devise libérale sur un drapeau et qui fut exécutée pour cela, à l'âge de 26 ans..Lorca en fit une pièce de théâtre que j'ai lu (et relue!) jadis.

    Il est impossible de résumer un  tel ouvrage composé de nombreux articles évoquant des aspects très divers de cette résistance, entre autres lors de   la guerre en Bosnie  (massacre de Srebrenica), résistance aussi d'une artiste juive  néérlandaise Netty Schwarz Vanderpol à un souvenir terrible de sa déportation par la réalisation  des tapisseries à l'aiguille que j'ai trouvées très fortes  ..mais plus humblement au quotidien, comme l'histoire d'une mère et de son fils délinquant et de l’œuvre textile qui  est lien entre eux. Beaucoup d'autres aspects que je ne peux tous citer et des abords que je dirai donc éclectiques.

    Quatre articles sont consacrés  aux arpilleras  ces tableaux en appliqués rebrodés notamment du Chili -mais aussi d'autres pays- témoins de la résistance des femmes à la dictature et une mention est faite aussi de l'action actuelle des mouchoirs brodés contre la violence au Mexique à laquelle nombre d'entre nous ont participé . Broder pour la paix.(lien qui n'existe plus) .

    Je voudrais faire un zoom sur un article  d'un universitaire historien de l'art  Roger Dunn . Cet article  intitulé The changing status of fiber work within the realm  of visual art -le changement de statut du travail textile dans le domaine des arts visuels) confirme mes modestes réflexions, et je me sens donc, un peu moins seule quand je lis par exemple la sous-partie  intitulée :  "Breaking down the artistic hierarchies"  qui ne peut que m'interpeller !

    L'article  dépeint la place des femmes dans l'art et l'art textile depuis l'Antiquité mais avec un élargissement sur l'époque contemporaine.Il repose sur l'analyse de nombreux exemples d'oeuvres, de livres ou de parcours d'artistes en faisant la recension de plusieurs oeuvres ou livres traitant du problème. Notamment il est fait mention de l'oeuvre de  Judy Chicago the Dinner Party

    On peut voir de quoi il s'agit ici

    et d’un  livre de dont le titre est en lui -même éloquent Anonymous was a woman de Mirra Banks ,consacré aux arts féminins et domestiques travaux d'aiguille et aquarelle, toujours minorés, quelle que soit leur réelle valeur .

    L'auteur salue la création en 1987 d'un  musée réservée au oeuvres féminines à Washington DC  mais suggère qu'une vraie égalité serait mieux obtenue dans des lieux mixtes, mais où oeuvres féminines et masculines seraient représentées  dans une égalité numérique plus juste      qu'actuellement.

    J'en retiens surtout ces passages , à méditer : "de tels arts utiles sont devenus connus comme  "arts mineurs" "arts décoratifs" ou simplement "artisanat" avec le corollaire qu'ils valaient moins  que la peinture, la sculpture ou l'architecture,  les ouvrages en textiles sont rarement inclus dans une philosophie de l'esthétique  ainsi que dans l'histoire et la critique d'art"

     

    ou bien encore

     

     "l'histoire 'de l'art a démontré encore et encore que la reconnaissance se fait selon le genre et le medium "

    et enfin " si on considère les quilts Amish faits par des femmes en Pennsylvanie au XIX et au début du XX siècle, on peut voir que de simples compositions   centrées sur les relations entre couleurs , dans lesquelles les nuances de tons, de couleurs et d'intensité et leur interactions sont antérieures  à un travail comparable en peinture et gravure des maîtres plus tardifs et des styles célébrés de l'op art, du  minimalisme, comme Joseph Albers ou Victor Vasarely."

    Tout ça c'est pas moi, humble quilteuse ,  qui le dis c'est un professeur émérite d'université , alors j'espère que lui on le croira car chez nous la reconnaissance se fait aussi selon le genre et/ou le diplôme :-)  et non toujours selon la pertinence et l'argumentation des idées énoncées .

    Je soulignerai que si on cite les Amish c'est justement à mon avis un  peu un piège : on reconnaît ce qui ressemble à un mouvement de peinture ultérieur et les pauvres petits tissus imprimés en font encore les frais .. même si l'intention est toujours louable...

    En effet  reste ouverte la question de savoir si les femmes, en faisant ressembler leur démarche aux oeuvres des hommes donc aux grands arts, n'ont pas  contre leur gré contribué au mépris des arts  domestiques (tricot, broderie , patchwork) où les femmes excellaient et qui restent donc considérés comme des sous-catégories dont il faut sortir pour créér valablement ou tout au moins qu'on peut exercer à condition  qu'elles ne ressemblent plus trop aux arts d'origine ..'ainsi un quilt en sachets plastiques passera pour révolutionnaire par le simple fait qu'il n'est pas en  tissu -cette autre tare!- etc ..même s'il a moins de valeur esthétique qu'un autre fait en matériaux dits  traditionnels .)  . Le livre ne tranche pas il propose des approches très différentes, relate des expériences variées et ouvre vers des sujets peu connus comme par exemple un article intitiulé text -tiles (tile est la tesselle de mosaique) illustrant les rapports entre art textile et poésie dans le tradition judeo-hispanique .

     

    A noter pour l'ensemble du livre l'excellente bibliographie après chaque article.

     

    Un livre, dense, riche et rare. On pourra aussi lire    sur un thème proche The Subversive Stitch de Rosika Parker  qui pose aussi la question, côté brodeuses, de la dévalorisation de l'art au féminin dès qu'il devient domestique , de l'exploitation des femmes comme petites mains,ouvrières anonymes pour réaliser, et de la gloire acccordée aux grands brodeurs -souvent des hommes- chose qui n'a guère évolué depuis le Moyen -Age côté reconnaissance de la part d'art expressive et créative qui existe dans une oeuvre, Sans compter les allusions dans les deux livres aux impacts  positifs comme négatifs  sur les arts d'aiguille  des  divers mouvements féministes.

     

     

     

     

  • Livres de broderie

    • Le 09/08/2014

     

     

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    J'aimerais vous présenter quelques-uns des nombreux livres de broderie   que je collectionne.

    Pour ne pas trop rallonger l’article je n'illustrerai pas chacun d'une photo, la plupart sont visibles en images en tapant le nom dans un moteur de recherche. .

    J'exclus dans cet article les broderies mixed media et machine , qui me semblent souvent relever d'un autre art ... même si je les aime et que je ferai sans doute un deuxième article à ce sujet .Sont exclus aussi les livres de modèles expliqués  au vu que ce n'est pas ceux qui m'intéressent comme on le sait .(même si j'aime en admirer les images !)

    Le tout premier que j'ai eu entre les mains c'était le Savoir Broder édité par le magazine féminin Femmes d'Aujourd'hui . C'est un excellent livre  (on le trouve parfois sur des sites d'enchères), très clair .et il est à noter que le patchwork y est répertorie comme technique de broderie, il s'agit du patchwork à l'anglaise et à noter aussi que vu les images de présentation dans le style des seventies , ça ne m'a pas donné envie, à l'époque ! Sourire )

    Pour l’apprentissage des points, les livres sont légion ...Je m'en tiens à ceux que j'ouvre le plus souvent ..

    En français on trouve La broderie en 260 points ,(auteur:  collectif chez Marabout ) qui reste excellent (et j'ai réalisé tous les points  du moins ceux de broderie dite "libre" avec plus ou moins de bonheur dans un petit carnet qui me sert de référence) , Une bonne base,  c'est clairement expliqué mais il ne comporte pas de développement sur des broderies spécifiques Je signale que le commentaire négatif sur un site de vente en ligne sur les "points mal faits" m'a fait sourire ... et un peu attristée car, hélas c'est révélateur de certaine mentalité  qui sévit chez brodeuses et quilteuses , celles que je nomme  "castratrices ."..pour rester soft .

    J'ai un faible dans ces ouvrages d'apprentissage des points et techniques pour l'ouvrage de Pauline Brown  la broderie facile apprendre et réussir tous les points et toutes les techniques .(éditions de Saxe)( qui est vraiment très complet au niveau des techniques (l'or nué par exempla ou la broderie noire ainsi que moult points de tapisserie ...y compris au ruban de soie) et comporte surtout une galerie d’œuvres que je ne me lasse pas d'admirer et qui n'a rien à voir avec les machins gentillets qu'on trouve un peu partout .

    Pour les livres en anglais , il y en pléthore d'excellents , je ferai mention de the Stiching book,  Editeur Search Presse , rédigé par un collectif de brodeuses anglaises , chacune émérite dans sa spécialité. c'est là que j'ai trouvé les meilleures explications du point de peinture à l'aiguille, Remarquable aussi pour le crewel, le blackwork et la broderie d'or .

    et également

    Si on veut sortir d'une approche que je dirai classique (et pas forcément "traditionnelle"!)  le tandem Anglais Beaney LIttlejohn . dont je reparlerai  dans un prochain article sur ce qu'on nomme innovation et que j'appelle mixed media à base textile,  , un livre qui est de  "pure" broderie : Stitches,  a new approach .qui invite à tester un point en le déformant , en usant de toutes sortes de fils, à voir comment il réagit ... passionnant et réellement  incitatif ... pour qui n'aime pas la régularité métronomique ...indispensable si on veut broder "expressif" .

    Mention spéciale aussi pour la très grande Constance Howard  dont le duo anglais se recommande , dont j'ai pu dénicher un des livres ; une brodeuse anglaise inspirée qui créait de nouveaux points . elle invite elle aussi à expérimenter, propose dans son livre des variantes de points.
    Sans oublier le livre  Broderies de Françoise Tellier-Loumagne dont j'ai présenté le livre  Créer, mais qui reste dans une approche très personnelle  avec source dans des photos magnifiques, c'est certes tris beau, mais difficilement imitable et réutilisable dans une démarche qui puiserait à d'autres sources. Pour moi ce livre est une source de contemplation.., plus que d'inspiration directe, et aussi de réflexion ..

    Pour terminer cette revue de livres d'apprentissage une mention pour le livre de Via Laurie  , La Broderie  créative, brodeuse originaire d'Afrique du Sud , qui travaille avec les fils nuancés Chameleon , le seul livre où j'ai trouvé de explications sur la broderie dite reticella et qui présente plusieurs techniques .

     

    Il me manquait un livre pour m'initier à la composition  -pas forcément au "dessin" - et j'ai trouvé celui du briodeur anglais Richard Box Colour and design for embroidery qui en détaille le processus sous formes d'exercices , j'avoue que je ne les ai pas faits (!) parce qu’au stade où je l'ai acquis , j'avais déjà une idée de ce que je voulais composer d'une part,et que d'autre part ce livre exclut l'approche par les logiciels , qui est  souvent la mienne . (quoique pas exclusivement ) . C'est un cours complet de composition, création, et usage des couleurs , un stage à domicile .Je  le lis et le relis souvent , car les photos qui illustrent le propos sont très incitantes (pour moi s'entend!) et la réflexion sur les manières de créer m'intéresse . C'est là que j'ai trouvé cette citation , que j'affectionne, de John Ruskin :

    "That virtue of originality that men so strain after is not newness, as they vainly think-there is nothing new.It is only genuiness"

    traduction approximative (je ne suis pas prof d'anglais ni traductrice  et si j'ai fait une erreur , dites-le moi ! )
    "cette qualité nommée originalité vers laquelle les hommes tendent si fort n'est pas la nouveauté, comme ils le pensent vainement, il n'y a rien de nouveau- c'est seulement l'authenticité."

    Enfin evidemment il y a les livres d'histoire de la Broderie et un des plus complets en français est celui de Claude Fauque La Broderie : Splendeurs, mystères et rituels d'un art universel, paru chez Aubanel -2007.. j'ai juste regretté que parmi les quelques brodeuses françaises citées  il n'y ait pas mention de Marie Monnier ...même si on ne peut parler de tout, son oeuvre me semble au moins aussi importante que celle des "élues".

    Le livre sur les artistes français en art textile incluant broderie et patchwork  reste à faire.

    Il existe également beaucoup de livres dédiés à une technique particulière , mais ce pourra être l'objet d'autres articles.

    ...

  • un site de broderie , ouvrages anciens

    • Le 18/07/2014

     Ce site Antique patterns library catalog  propose en téléchargement des scans de livres de broderies anciennes (entee autres pas mal de fascicules de la célèbre Thérèse de Dillmont) , utilisables donc librement pour son usage personnel  (ce qui ne veut jamais dire "faire croire que c'est de soi et qu'on a dessiné tout seul ..) , c'est aussi une source d'inspiration par interprétation et recomposition personnelle , voire détournements ... on y trouve un peu tout broderie, crochet, tricots ,tapisserie, alphabets .... .Bonne farfouille...

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  • Un site intéressant sur l'histoire ds blocs

    • Le 21/03/2014

    Sur ce  site (en anglais) on explique comment les blocs se sont partagés et distribués aux USA , pas tout à fait toujours comme on le croit.

    Ainsi l'auteur explique quelorsqu'on retrouve des liasess de blocs on pense que c'était pour faire un sampler. Selon elle, pas toujours, c'était plutôt parfois des moyens de montrer aux autres soit un nouveau dessin (dont on était probablement  l'auteur ) soit comment assembler (ainsi certains blocs sont-il juste "bâtis" pour montrer aux autres comment les monter 'pas "de tutoriels en couleurs à l'époque !)  .Donc des objets pédagogiques ou des "aides-mémoire"  de transmission entre femmes.

    Cet article est des plus pertinents (et des plus documentés) que j'ai lus sur la manière dont les géométries "américains" en bloc se sont répandues d'abord par le partage entre amies; Selon l'auteur il y avait peu de revues donnant des patrons avant la fin du XIX siécle et ces recueils de blocs parfois reliés entre eux comme un livre servait de base O y note que, parfois, il y a crédit pour l'amie qui l'a partagé (et peut-être dessiné elle-même -  -c'est moi quil 'ajoute )  ou des blocs assemblés entre eux qui servaient d'aide mémoiire pour d'autres créations .

    L'auteur retrace aussi l'essor des revues (the Ladies art, notamment) et souligne qu'à partir de ce moment (fin du XIX siècle il ya pu y avoir une influence entre quilteuses géographiquement éloignées.

    On renvoie évidemment sur les travaux de Barbara Brackman et son encyclopédie de blocs . qui reste un "vivier" pouir les quilteuses d'aujourd'hui, même si certains blocs n'ont été que très peu utliisés. Mon sampler délicat est aussi un hommage  actuel (sinon contemporain !) à ce passé et à ces femmes qui traçaient ou réutlisaient des formes pour les interpréter en tissus.

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  • le bonheur en lisière

    • Le 16/03/2014

    Comme je fête mes trente deux ans d'art textile incluant patchwork et broderie de création...

     j'ai écrit cet article fleuve, et comme il est sujet à "réactions" je le mets en lien ici.  Un peu de dissonance pour réveiller le ronron des consensus mous à la "pensée unique" du patchwork ...

    le bonheur en lisière

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  • Marie Monnier-brodeuse

    • Le 15/01/2014

    Titre / Marie Monnier ou le fil à broder nos rêves

    Auteur : collectif - catalogue d'exposition

    Editeur Conseil régional de l'Oise

    Date 1992

    acheté d'occasion

    J'avais entendu parler de cette brodeuse dans mes recherches dans les années 2000, via l'excellent blog participatif Dentelles d'encre (cf l'onglet liens)   sous la forme d'un "post" d'une autre participante et lectrice  prénommée Marie, elle aussi .  Et puis comme il arrive souvent, passant à autre chose, c'était sorti de ma mémoire.

    Je l'ai redécouverte en cherchant des illustratrices de poèmes en art textile.

      Le livre se présente sous la forme d'un recueil et d'un port-folio , le tout sous jaquette ornée du tableau le Bateau ivre, illustration du poème de Rimbaud.

    Le recueil contient outre différents articles, des indications sur la vie , et les techniques utlisées par l'artiste, et fait la part belle à sa soeur Adrienne Monnier libraire- éditrice célèbre. La préface rédigée par Jean Tardieu souligne déjà l'écart entre la broderie telle qu'on se la représente (et il faut bien le dire telle qu'elle est souvent exercée) et ces oeuvres difficilement comparables. Il parle plaisamment,  à cet égard, de la différence entre les collines de Monmartre et l'Himalaya.

    Je crois pour ma part tout à fait inutile de comparer ce qui reste incomparable .

    Marie  Monnier 1894-1976, élève des Beaux-arts, aimait dès ses débuts s'exprimer par le truchement de l'aiguille et des fils - et c'est à souligner -  considérant ce moyen d'expression à l'égal des arts dits "majeurs" où elle aurait pu tout autant exceller . Elle exposa très tôt, dès 1913. Amie de Paul Valéry et de Léon-Paul Fargue , épouse du peintre  Paul -Emile Bécat ,elle nous laisse des tableaux symbolistes où l'onirisme l'emporte. Quand j'ai vu les détails des photos (et je compte bien aller admirer cela en vrai au musée de Beauvais) , je me demandais ce  que je devais le plus admirer : les couleurs et la manière dont les nuances assurent la profondeur de champ, le choix des points et leur orientation pour rendre le dessin où justement, l'art du dessin lui-même. Son portrait de la Brodeuse destiné à Paul Valéry est d'une beauté à couper le souffle, même sur une reproduction .

     Le catalogue montre également la très touchante carte de remerciement du grand poète à son amie et aussi l'article qu'il écrivit à  l' occasion de l'exposition de 1924.

    Le  port-folio   montre l'ensemble des tableaux de la donation Saillet au musée de Beauvais. Tableaux sur des poèmes, mais pas exclusivement et parfois l'inverse puisqu'il est dit que Fargues écrivit au moins un poème sur un des tableaux.

     Décrite comme discrète et modeste , il semble que l'artiste se soit effacée derrière son art et ses oeuvres ; on n'évite pas dans le recueil de documents l'éloge à la patience , et à la perfection technique, mais on sent bien qu'elles sont  non pas formelles mais au service de visions intérieures profondes, chatoyantes où le regard invinciblement s'enfonce et se perd. Même en reproduction, le charme (mot cher à Valéry!) joue.

    Marie, dit-on faisait teindre ses fils (elle le précise dans un très touchant brouillon de lettre écrit pour postuler   à un prix, nécessaire, dit-elle, pour acheter son matériel et auquel elle ne participa finalement pas. On la dit rétive aux concours et autres manifestations de la foire aux vanités et de fait, quand on regarde ses tableaux, on se dit qu'elle n'en avait pas besoin  et que là n'était certes pas sa visée.

    Elle nous laisse une bonne trentaine d'oeuvres . En 1940 elle s'arrêta de broder sans qu'on sache bien pourquoi mais on signale qu'elle continua l'art textile dans la confection de tapis et l'hypothèse est avancée -et me paraît plausible- que ses yeux fatigués en furent la cause. Qui a brodé quelque chose au fil à fil en peinture à l'aiguille, même avec infiniment moins de génie, sait combien c'est usant pour le regard .

    On note aussi que l'artiste ne travaillait que sur des dessins tout juste esquissés : le détail venait sous ses doigts en brodant et ce point me semble capital. les points employés sont "classiques" passé plat, passé empiétant, point de couchure , point de chaînette, point fendu, point de noeud. Dans le détail ce qui m'a le plus frappée c'est la maîtrise du choix de ces points pour rendre le dessin , et leur orientation , qui anime la surface. Quand on a brodé un peu sans le secours d'un  modèle , on sait que c'est le plus difficile , d'autant que le nez collé au métier, il faut prévoir l'effet que le tableau  produira de loin .

    Parmi les articles critiques, le premier sous la plume de Jean Prévost manifeste une compréhension profonde de l'art des brodeuses, tellement ignoré dans ses différences avec la peinture et notamment de la manière dont la lumière jouant sur les fils et les points propose forcément du même tableau plusieurs lectures  dont chacune, selon l'auteur, doit rester harmonieuse et cohérente avec l'ensemble ..J'en tire  aussi ce passage pour méditation (!)

      "Mieux que tous les autres arts, la broderie où les oeuvres sont faites d'une suite de bonheurs dont chacun fut accidentel , la broderie conserve l'image sensible de tout le travail accompli;  le labeur est laid et doit se cacher dans toutes les oeuvres imparfaites, parce qu'en le découvrant malgré lui le spectateur participe à l'effort. Il est beau dans les oeuvres accompies ; quand toutes les difficultés sont visiblement surmontées  l'esprit contemplateur ne participe plus qu'à des triomphes  en jouissant en un moment de milliers d'heures, il s'enrichit de la substance de l'auteur , s'il oublie la durée en contemplant le résultat il participe de la puissance du créateur sans rien abandonner de la facilité de son rôle"

    Pour  avoir une idée de ses"mondes" cliquez sur suite de l'article . Je ne pense pas avoir le droit de reproduire les photos  du catalogue je ne peux donc en donner qu'un aperçu . Pour compléter on peut lire cette réaction  à une exposition en 2009 où deux tableaux de  Marie étaient montrés.

    Lien vers le site Hans Ryner

     et cette réaction d'une autre brodeuse

    Lien vers le site  l'atelier des fées brodeuses

    Une mention  à Marie Monnier se trouve aussi dans le livre la peinture à l'aiguille de Jocelyne Kurc, mais je ne possède pas (encore) ce livre .

    J'ajoute que je suis preneuse de tout renseignement et photographies complémentaires notamment des oeuvres non incluses dans la donation Saillet-  pour mon plaisir personnel s'entend .

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  • Les petites mains-site

    • Le 22/12/2013

    Encore un site sur l'histoire des  vêtements d'enfant et  du tricots. Je l'ai trouvé très  bien fait, riche, renvoyant clairement sur des liens intéressants, plutôt que de pratiquer le couper-coller comme si souvent .

    Il  explore plus de domaines que le titre ne l'indique .

     Je ne suis pas spécialiste sur le sujet, mais tout ce qui tient au fil m'intéresse ... je sais que beaucoup d'entre nous tricotent  donc je signale , pour le pârtage.

    Lien vers  Les  petites mains, histoire de mode enfantine .

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  • QUILT INDEX

    • Le 06/12/2013

     Cette fois-ci un site et non un livre . Je ne doute pas que certaines d'entre vous le connaissent .

    mise à jour de fin 2016 : le lien vers le site ne fonctionne plus mais il ya une page FAcebook

    Un site qui recense nombre de quilts anciens ou contemporains avec pour chacun une fiche de renseignements.Le site possède aussi une page sur Facebook toujours en vigueur.

    Je dirai évidemment c'est en anglais , c'est aux USA ..et j'ajouterai : à quand une telle initiative en France ? Pour ma part j'y ai souvent songé et j'aurais été toute prête à mettre la main à la pâte. Ce qui me retient , vous le savez : c'est bien souvent cette habitude  qu'ont les quilteuses de confondre réalisation d'après un ou plusieurs modèles et création d'après une source graphique (un bloc n'est pas un  modèle..un plan tout fait avec couleurs tissus et pas à pas oui ) et pour moi un tel projet vu l'investissement de temps que cela représente ne se concevrait que dans l'honnêteté et la transparence  la plus totale sur les sources d'inspiration et les personnes qui ont réellement conçu, assorti les tissus, cousu et matelassé. Bref un générique de l'ouvrage, ou l'oeuvre , y compris en contemporain les emprunts aux Beaux-arts ...même si là on parle d'"inspiration" légitimée par le fait que ce serait "innovant"ou totalement fortuit . On sait ce que j'en pense .

    Malheureusement ... je crains bien encore d'être seule ou presque à voir les choses ainsi. Et tant pis si je froisse des susceptibilités.

    Mais quand même ce lien pour le partage des quilts , aussi , et saluer l'initiative