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  • Wild by design

    • Le 15/06/2013

    wild-by-design-001.jpgTitre :   Wild by design  two hundred years of innovation and artistry in American quilts

    Auteurs :  Janet Cartherine Berlo and Patricia Cox Crews

    Contributeurs : Michael James, Jonathan Holstein , Carolyn Ducey

    International quilt study center of the university of Nebraska.

    2009 (en anglais)

    Après une préface de Michael James, et une présentation des collections sur lesquelles le livre est fondé , une introduction au catalogue explique de de manière très fouillée ces deux cents ans d'innovation en matière de quilts. Vous avez bien lu "deux cents ans" .. Il est impossible de résumer mais je peux vous dire que ça met en cause beaucoup d'idées  reçues. Une étude très fouillée des quilts, de leurs origines et de la manière dont ils sont composés et non seulement cousus, permet à l'auteur qui est historienne de l'art (on rêve en France d'un historien de l'art ès patchwork et quilt) de fonder ses affirmations sur une argumentation sans faille. Par  exemple elle démontre que non les quilts ne sont pas toujours signe de pauvreté et de récupération, que même en piécé certaines bourgeoises achetaient des tissus exprès pour  ou tout au moins utilisaient des retailles  en tissus neufs issues de la confection des vêtements ,et qu'au fond tout dépend de l'époque  de l'Etat et du milieu social  où le quilt a été créé. Preuve encore qu'on ne peut parler de l'art des quilts en  généralisant . Une grande partie est aussi articulée autour des influences du féminisme et là encore c'est très nuancé . On y retrouve l'idée de la position déterminante du quilt quand on le regarde debout et sur un mur laquelle est associée à un certain masculinisme . De fait je m'étais souvent fait la réflexion que travailler assise et mettre les surfaces sur lits et fauteuils  contribuaient à ce regard dévalorisant sur notre art, mais le voir écrit par une spécialiste  me rassure !

    Entre autres beaucoup de choses j'y ai appris qu'au début du XIX siècle et en milieu bourgeois, on réservait le terme de  bees aux corvées collectives, il n'y avait donc pas de quilting bees mais des quilting frolics. Frolic signifiant espiègle, il est associé à une idée de liberté créative dont le titre du livre témoigne. L'auteur explique que pour ces femmes les Quilting frolics étaient l'équivalent artistique des académies et salons de peinture et d'art pour leurs époux dont elles étaient, sauf exceptions rarissimes, exclues.

    A noter aussi que cette histoire ne concerne que les USA même s'il est parfois fait allusion à d'autres continents et notamment à  l'Afrique, l'Asie   et leurs influences multiples.  On y trouve aussi une étude intéressante des influences de l'art indien.  Dans une dernière sous-partie intitulée the new internationalism on aborde le rayonnement du patchwork dans le monde. C'est évidemment un livre américano-centriste, mais c'est le sujet !

    La partie la plus  accessible du livre est constituée des photos de quilts des trois collections, 47 en tout,   balayant donc cette période et traités comme des oeuvres d'art dans l'esprit de l'exposition du Whitney à laquelle il est beaucoup fait allusion, Jonathan Holstein étant un des contributeurs et commentateurs des quilts. .Quilts contemporains et anciens ont droit à la même analyse sous forme de dialogue entre les contributeurs de l'ouvrage. C'est une merveille pour qui veut apprendre à regarder un quilt ancien autrement que comme un élément du patrimoine ou un exercice de couture. Tout y est épluché et éclairé et on s'aperçoit alors que  la valeur artistique  n'est nullement affaire de style ou de choix du design de départ, ni même de soin dans la confection, mais qu'elle dépend  surtout de la composition d'ensemble et de  l'usage des étoffes  très finement analysé non seulement au plan historique mais au  plan esthétique.

    En résumé un ouvrage très documenté dans sa première partie, très intéressant, fourmillant d'idées et d'informations qu'on ne trouve que rarement et un vrai regard sur notre art  qu'on souhaiterait voir étendu aussi aux quilteuses contemporaines gardant la géométrie comme source .On en trouve quelques exemples du reste . Une mention sera faite des très beaux logs cabins et ananas montrés et dont pas deux ne se ressemblent vraiment ...

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  • Quilting patchwork and appliqué a world guild

    • Le 09/04/2013

    pict2299.jpg

    Titre : Quilting patchwork and appliqué, a world guild

    Auteurs: Caroline Crabtree et Christine Straw

     Editeur: Thames and Hudson 2007

    en anglais

    Parmi les livres traitant de l'histoire des arts textiles, j'avoue que j'ai eu un coup de coeur pour celui-ci. D'abord parce qu'il porte bien son titre et arrive à balayer  de façon sinon exhaustive au moins suffisamment complète beaucoup d'aspects dont certains ne sont guère développés dans les autres ouvrages que je possède.

    Surtout , s'il accorde une place de choix à la tradition américaine, elle n'est pas au centre du livre, ce qui change assez. Qu'on n'y voie pas d'anti-américanisme primaire, on sait suffisamment combien j'admire cette tradition-là et combien une part de mon oeuvre lui doit, mais j'aime aussi regarder ailleurs!

    La présentation est assez inhabituelle, après une Introduction qui redéfinit les techniques et en  présente un bref aperçu historico-géographique, le livre comporte quatre grandes parties et les différents ouvrages sont donc montrés et expliqués tantôt dans une optique, tantôt dans une autre, ce qui permet des recoupements intéressants. C'est un livre surtout magnifiquement illustré mais il serait dommage de ne regarder que les images, pas moins de cinq par double page, parfois davantage. et des photos qu'on ne voit pas partout ailleurs ce qui indique une recherche aussi éclectique qu’approfondie de la part des auteurs.

    La première grande  partie  (Materials) est consacré aux  textiles incluant aussi cuir et peaux, les détaillant l'une après l'autre : cotons, synthétiques, soies et velours -même si le velours est un mode de tissage-  une partie est consacrée aux imprimés et aux modes de teintures. c'est  illustré par de très nombreuses photos :  époques et pays mêlés ce qui peut déconcerter, au début, quand on a l'habitude d'un plan plus strictement chronologique et géographique.

    La deuxième partie (Uses) , très fournie,  est consacrée aux usages  domestiques,  d'habillement et rituels   le tout très détaillé avec nombre de sous-parties dont on ne peut rendre compte ici, une mention pour les couvertures d'animaux qu'on ne voit guère ailleurs -du moins dans ce que  j'ai lu- et un très intéressant chapitre sur le recyclage qui ne date pas d'aujourd'hui et qui est remis dans un contexte historique et géographique précis. Une mention aussi à la partie consacrée aux implications politiques dans les quilts et ce, ailleurs qu'aux USA aussi.

     La troisième grande partie s'intéresse aux techniques sous le titre :   Constructions

    Quilting,  appliqués et patchwork  sont traités séparément ce qui clarifie les notions et en montre mieux les séparations et les jonctions, à lire absolument pour toutes celles qui croient que matelasser est une obligation (voire une pénitence de mortification ) qu'on s'imposerait pour la tradition. Laquelle ? a-t-on envie de dire quand on voit la variété des ouvrages dans la partie consacrée aux patchworks .. Le livre consacre aussi une sous-partie à la géométrie en blocs plus proprement américaine qui est différenciée de la géométrie tout court ( ce n'est pas si souvent fait), Une  section notable aussi sur les quilts à formes libres incluant les crazy quilts.

     Le livre se termine par des conseils d'entretien  très avisés, pour les collectionneurs mais aussi pour les personnes qui créent des quilts. 

    Une fois refermé  ce livre, surtout si on a l'habitude de ne lire que des ouvrages  consacrés au patchwork en Amérique et/ou en Europe, on a une toute autre vision de notre art, on s'aperçoit aussi que comme je ne cesse de le répéter l'expression "dans le respect de la tradition" n'a strictement aucun sens si on ne précise pas laquelle . Au niveau des formes on voit aussi assez que parler de composition "contemporaine", quand on peut retrouver le même genre de construction bien avant n'a pas non plus de sens , surtout si on se sert de ce moyen pour exclure et se valoriser. et également le fameux mélange des matériaux soi disant révolutionnant l'art textile , quand on mêlangeait cuir, métal,  tissus et autres matières avant Jésus Christ...

    Le livre fait mention à plusieurs reprises d'une découverte importante  en Chine dans les Caves des mille Bouddhas sur la route de la soie dans les années 1920 de pièces en patchwork géométrique monté de façon analogue à nos méthodes de couture main et avec des formes ressemblantes, datant probablement du VIII siècle de notre ère.

    La lecture de ce livre m'a aussi fait plaisir plus égocentriquement je l'avoue, parce qu'elle confirme pas mal de mes rubriques "Opinions" dans la lutte contre les poncifs, les idées reçues etc.  J'appelle idée  reçue quelque chose que les faits contredisent et qu'on répète sans vérification parce qu' 'on l'a entendu dire ou qu'on a l'habitude d'y croire. Là il y a de quoi décaper  pas mal de certitudes sans  fondement .Mais j'y ai aussi appris énormément et ce n'est pas fini le livre est si fouillé et si éclectique qu'il ne se lit pas d'une traite, on y flâne, on y revient . Je ne parle pas de sa valeur comme source d'inspiration .. C'est aussi montrer que  notre art touche à tous les domaines partout et depuis longtemps . Pourtant il reste confiné au rôle de curiosité folklorique; on s'aperçoit pourtant à chaque page que bien des objets dans une autre optique pourraient et tout en gardant leur valeur ethnique, historique etc être regardés pour leur valeur esthétique aussi qui est patente à chaque photo.

    Le cloisonnement admis actuellement ne le permet pas et je persiste à trouver cela injuste et dommage.

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  • A propos d'une exposition

    • Le 03/04/2013

    A propos d'une exposition dont on parle beaucoup...

    Il s'agit de l'exposition de quelques quilts anciens américains visibles jusqu'ai 19 Mai à la fondation Mona Bismarck à Paris.

     On peut se faire une idée en cliquant sur ce lien.

    lien vers Connaissance des Arts

     Lequel m'a été donné par une amie qui se réjouissait à fort bon droit qu'on parle (enfin) de patchwork dans un revue d'art et surtout qu'on en parle en tenant compte de ce que je nomme l'art premier .

    La chaîne de télé F2 a relayé l'information récemment sur télématin -juste après un reportage sur l'héliciculture . Mieux que rien, mais , toujours rangé côté patrimoine, antiquités,   folklore,curiosité touristique etc .. Ce qui me cfhiffonne toujours autant !

     Le problème est moins pour moi qu'on parle de patchwork que de la façon dont on on en parle, de ce qui est montré et de la manière dont le  "grand" public, déjà très ignorant en France en  la matière  va comprendre la chose.

     Les quilts montrés sont des patchworks américains issus d'une collection et certains sont des pièces magnifiques. Il faut penser déjà que ce sont des orignaux et non des copies ou reproductions d'anciens,  ce qui est tout différent et pourtant si diffcile à faire admettre au sein des clubs, associations et autres ateliers . Tant que les copies seront prisées autant que les originaux dont elles découlent , on n'aura pas beaucoup avancé. Or certains commentaires que j'ai lus en milieu spécialisé laissent à entendre que ces oeuvres sont "banales"et ne vaudraient pas le déplacement, pour cette raison.. Banales, non, et certes pas pour le grand public ,  mais banalisées en milieu "quiltique"  par la manière dont on conçoit le patchwork et la façon dont on l'exécute.  

    Pourtant   le public qui voit ces oeuvres peut penser à bon droit que le patchwork,   c'est américain exclusivement (mais quid des pays d'Europe et notamment du Royaume-Uni qui a une tradition aussi fournie et largement antérieure?) et les oeuvres pour superbes qu'elles soient ne sont que quelques aspects du patchwork américain déjà, qui est infiniment plus varié  et continue d'évoluer dans différentes directions.

    Et quid des assemblages d'étoffes dans d'autres pays qui n'ont pas forcément subi l'influence des USA ? Je n'en nie nullement l'importance et le rayonnement, qui est indéniable,  mais importance ne signifie pas exclusivité, non plus.

      Malgré les réserves que je formule, de telles initiatives sont éminemment louables et nécessaires mais il ne faudrait pas s'arrêter-là, en milieu artistique s'entend.

    Je voudrais pour ma part saluer  les revues d'art et les sites qui osent parler du patchwork,  en tant qu'art vivant, illustré par des créatrices d'aujourd'hui. Je ne dis pas "contemporaines" à dessein le mot ayant pris un autre sens.

    Il y a eu quelques tentatives en ce sens (a revue Artension notamment ) et je remercie au passage  le site Arts-up, le collectif Lèse-art, et  d'avoir bien voulu donner voix et droit de cité au patchwork d'aujourd'hui  en tant que création  sous de multiples formes et avec de multiples sources.

     

     

              

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  • Le musée de la piscine à Roubaix

    • Le 11/02/2013

    Celles qui sont du Nord le connaissent sûrement, mais pour les autres sachez qu'il est permis de visionner en accès libre la collection de textiles sur ce lien :

    Le lien  direct est diffcile à mettre : il se coupe, au bout d'un certain délai d'inactivité  .. donc je 'ai supprimé ,et suis revenue à la page de départ (!)

    lien vers la tissuthèque  cliquez sur la mention en bleu acccéder à la tissuthèque en ligne, puis sur accès libre puis sur voir les images et bon surf.

    Des heures de contemplation pour tous les amoureux des tissus , même si en vrai, c'est toujours mieux!

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  • Site intéressant : Pattern observer

    • Le 19/11/2012

     En plus des livres, comme beaucoup d'entre nous, je me promène sur les sites et j'ai décidé de signaler ceux qui m'ont intéressée toujours dans une optique de découverte d'un art  et de son histoire. 

    Lien vers le site Pattern observer  qui retrace l'histoire des quilts aux USA du XVII siècle à nos jours. C'est succinct , mais pour quelqu'un qui ne recherche pas le détail de l'histoire,  cela donne une vue globale.

    Le site  est consacré aux motifs dans les arts  -surtout textiles- et c 'est un plaisir pour les yeux  et une source d'inspiration.

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  • the complete photo guide to art quilting

    • Le 12/11/2012

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    Titre : The complete Photo guide

    to Art Quilting

    Auteur : Susan Stein

    editeur creative publishing international

    2012

    en anglais

    Parmi tous les livres sur les techniques récentes ou présentées comme telles, celui-ci est un de ceux que je préfère, parce qu 'il est intellectuellement honnête et ne repose pas seulement sur  une série de recettes qui garantissent de vous transformer en artiste. De plus il reste proche du textile, même s'il intègre l'ajout d'autres matériaux .

    Après une préface de Robert Shaw le spécialiste bien connu des art quilts , l 'Introduction déjà annonce la couleur, si j'ose dire, puisque l'auteur tente de répondre à la difficile question: "qu'est  ce qu'un art quilt ?", éliminant d'entrée la réponse "c'est un quilt qui n'est pas traditionnel", pour  proposer d'autres pistes : un quilt qui serait destiné non à être mis sur un lit, mais exposé sur un mur, un quilt qui pourrait avoir de petites dimensions, et qui n'étant pas destiné à être lavé peut intégrer des matériaux autres que des tissus lavables.

    J'aime bien la petite phrase au début d'un chapitre qui suggère qu'on ne se lève pas un beau matin en décidant qu'on  va faire un art quilt ... et personnellement je ne crois pas  non plus que changer sa façon de faire, peindre un tissu au lieu d'en assembler plusieurs suffise à une telle métamorphose ...

     Le livre se décompose en plusieurs chapitres où sont explorées à peu près toutes les techniques, les aspects de la démarche, du rangement de son "studio" aux finitions et ajouts en passant par la composition, le choix des étoffes, des techniques, des matières...

    Ce que j'aime : les pistes sont variées , par exemple le fameux sketch  book sans lequel on n'oserait se dire artiste "textile" est présenté comme un moyen, mais pas plusque les autres façons de créer (et notamment les dessins par ordinateur ) , les techniques sont expliquées à partir d'oeuvres d'artistes différents . On n'échappe pas aux modèles à réaliser à l'identique comme entraînement ...mais ce n'est certes pas pour moi la partie la plus inspirante du livre.

    Le livre se termine par les photos d'un challenge à partir d'un thème et il faut avouer  que les réalisations dans leur variété,  tant de techniques que de compositions,  sont un plaisir pour les yeux...

    J'ajoute que je me pose toujours la question pourtant  une fois ce type de livres refermés de l'obligation des trois épaisseurs matelassées pour des surfaces textiles auxquelles le matelassage n'apporte pas toujours grand chose, parfois même, à mon avis il brouille l'image qui se suffisait à elle-même. Mais le concept de quilt est sacro saint ...outre- Atlantique.

    Et devant  certaines réalisations quand même assez ...minimalistes- si on les met en regard avec des créations beaucoup plus  anciennes , et tout aussi "originales" on se demande où il y a le plus de profondeur, de recherche, de signification ... bref d'art ... Enfin si c'est juste une question de position comme expliqué dans l'introduction  : mettons tout à la verticale, le problème n'existera plus !

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  • Pioneering quilt artists 1960-1980

    • Le 02/11/2012

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    Titre Pioneering quilt artists

    1960-1980

    auteur : Sandra Sider

    éditeur : Sandra Sider

    en anglais

    2010

    Sous -titré : A new direction in American art .

    Ce livre comble une lacune . Il existe beaucoup de livres d'histoires des quilts anciens et de tout ce qui s'y rattache. Mais finalement, on ne sait pas grand chose, dans le détail, de ce s'est passé avant l'exposition du Whitney et juste après  ni de comment  des artistes américaines ont initié ce qu'on a appelé chez nous "contemporain" et chez elle "art quilts"  .

     Le livre , peut sembler un peu austère, malgré de multiples photos en couleurs. C'est un travail de recherche qui ressemble plus à une thèse qu'à un livre de loisirs créatifs et je dirai : c'est ce qui me plaît ! C'est fouillé, documenté et très précis avec d'innombrables références : une mine pour qui s'intéresse à l'histoire du patchwork aux USA  dans la période concernée. A conseiller pour éviter les approximations et les à peu-près dont certains articles de blogs et de revues regorgent.

    Le livre se décompose en quatre chapitres, après une préface de Robert Shaw.

    Le chapitre 1 intitulé  Becoming a quilting artist est consacré aux différentes démarches et part de la constatation qu'au début , il a fallu d'abord apprendre à faire un quilt; ensuite sont décrites minutieusement toutes les démarches et publications qu'elles soient proches de qu'on appelle traditionnel , ou qu'elles s'en éloignent déjà fondamentalement, avec évidemment selon les artistes des approches différentes. On y retrouve les débuts de beaucoup de grands de Michael James à Katie Pasquini Masopust . Jean Ray Laury ou Yvonne Porcella pour ne citer que quelques noms. S'y  ajoute une revue de détails des magazines , livres stages et autres moyens d'apprendre auxUSA pendant ces années -là . les quilts qui illustrent ce chapitre sont éloquents : il suffit de les regarder pour s'apercevoir que lorsque la vogue est arrivée chez nous un bon dix ans plus tard, tout avait déjà été tenté en matière d'innovation : peindre sur les tissus, ajouter du plastique, mélanger tricot broderie et quilts, faire du figuratif..  et j'en passe . Il y manque juste les inventions chimiques de matériaux futurs ... (je pense au célèbre Tyvek)  mais on y trouve déjà l'intégration de photos , l'usage des cyanotypes dont l'auteur du livre est spécialiste ...A  méditer. et que lorsqu'on feuillette en vis à vis un livre d'art quilts actuels  ou qu'on entend des artistes se glorifier parce qu'elles intègrent des nouveaux matériaux et que ce serait formidablement original et novateur .. . J'ai plutôt l’impression que depuis plus de quarante ans côté " innovation", on fait la même chose avec variantes personnelles,  tout comme les artistes qui préfèrent user comme source de la géométrie et du tissu.

    Une constante toutefois : la quasi disparition du tissu imprimé qui perdure à notre époque. Il semble que cela ait été le premier matériau à fuir ...le but étant de ressembler déjà ou à la peinture ou à ce qu'on appelle "fine arts". Un tissu uni  teint ou peint c'est encore  ce qui ressemble le plus à de la peinture et si on y ajoute du volume, à de la sculpture...

     Le deuxième chapitre intitulé  Quilts and other arts on view : il est consacré aux expositions et manifestations dans les musées. Et c'est là qu'on peut saisir toute la différence entre les USA et la France.. Disons le décalage dans le temps : nous n’intégrons un art  comme art véritable que lorsqu'il est ressenti comme prestigieux .. En 1961 le Museum of modern art de New York ouvre une exposition intitulée" l'art de l'assemblage",  mais consacré surtout aux autres arts ..plutôt  qu'à  l'assemblage d'étoffes. Selon l'auteur, c'était une porte entrouverte .

      On suit histoire de ces expositions, jusqu'à celle  du Whitney (cf article précédent) , et au delà  , de quoi se faire une idée de ce qui était montré et comment il y a eu peu à peu un essor  de l'activité .

      Le chapitre 3 est consacré aux influences des mouvements politiques (problème racial, guerres du Vietnam, mouvement hippie  etc .. ) donc sur le côté engagé de certaines démarches .  Un passage intéressant étant réservé aux influences des mouvements féministes entre rejet et intégration, voire vecteur de la  libération ... pourvu que ça ne ressemble pas à de l'ouvrage de dames. Le chapitre s'achève par l'évocation des ouvertures aux culture étrangères. Tout cela est trop fouillé et précis pour être résumé, mais on y apprend beaucoup.Et c'est très loin d'être simple, monolithique .

    Le chapitre 4 Quilts craft and arts retrace l'importance des formations et savoirs artistiques autres intégrés peu  à peu aux quilts , c'est forcément en rupture avec l'art populaire des débuts : artistes qui ont toutes plus ou moins fait les Beaux-arts, appris le dessin la peinture avant de venir aux quilts ce qui n'est pas en soi condamnable et pourrait être perçu comme un enrichissement, si on n'avait pas toujours refermant un tel livre le sentiment que l'âme de l'art premier s'y est quelque peu perdue au bénéfice exclusif des  "vraies" artistes faisant du "vrai" art.

     La boucle étant bouclée on comprend mieux les clivages chez nous  dont nous avons hérité en les amplifiant parfois ...bref si on n'avait pas confondu évolution nécessaire  et progrès automatique avec surévaluation de tout ce qui se présente comme "nouveau", ne l'étant pas toujours, et surtout pas chez nous, où nous avons pris le train avec dix wagons de retard!

    La fin du livre est consacrée à un index et des appendices qui ne sont pas sans intérêt tel ce questionnaire distribué aux artistes  et une  abondante bibliographie (que je compte bien utiliser pour en savoir davantage encore)  .

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  • Abstract design in American quilts

    • Le 19/10/2012

    abstract-design-couverture-001.jpg

    Abstract design in American Quilts

    Auteur Jonathan Holstein

     éditeur The kentucky quilt project

     1991

    en anglais (acheté d'occasion)

    Si vous avez entendu parler de l'exposition de 1971 du Whitney Museum qui fut une tentative de l'auteur (et collectionneur) et de sa compagne de faire reconnaître certains quilts de leur collection comme œuvres d'art et surtout d'obtenir un regard sur eux qui échappe à ce que  je nomme le syndrome de la couturière, ce livre sera pour vous une mine de découvertes, car cette exposition c'est un peu comme l'Arlésienne, on en parle beaucoup, mais celles qui n'ont pas pu la voir ont rarement eu accès à autre chose que quelques articles qui effleurent le sujet.

     Les  136 premières pages du livre sont consacrées au récit détaillé de la collection, de l'exposition de 1971, des réactions, des autres expositions qui ont suivi , y compris en 1972 à Paris , et toute la tournée qu'elle a faite. Tout est dit dans les moindres détails et il s'en dégage  d'ailleurs une vision très vivante du monde du patchwork aux USA, non pas au niveau des livres techniques que nous connaissons bien, mais dans leur tentative pour être reconnus comme un art. Il fourmille d'anecdotes , et l'auteur ne manque ni de vivacité de style, ni d'humour .Cette biographie d'une exposition se termine à la deuxième "mouture" en 1991.

    Pour moi la partie la plus intéressante c'est évidemment les photos des quilts. j'en connaissais quelques-uns qui ont été abondamment reproduits, tant en photographies qu'en étoffes, mais en revanche d'autres sont une totale surprise. Ces quilts comportent quelques crazys très sobres rien à voir avec les victoriens que l'auteur ne prise pas particulièrement , et sont presque tous issus de l'état de Pennsylvanie . Un seul Amish, superbe au demeurant . Les commentaires de l'auteur sont souvent pertinents et sans langue de bois. Il  souligne  plusieurs fois comment l'imperfection technique ajoute une dimension esthétique plus grande qu'une régularité ennuyeuse et  si on adopte son regard , on s'aperçoit que cela saute aux yeux comme une évidence.

    A méditer par les maniaques des points tous pareils et de l'équerrage sans défaut . 

    Et où s'aperçoit aussi que la célèbre boutade de Picasso "quand je n'ai plus de rouge, je prends du bleu"- ou l'inverse, était déjà appliqué par maintes quilteuses de la fin dui XIX siècle au début du  XX....

    Et  une fois de plus je demanderai qu'on repense le mot "contemporain" en tant que style à la lumière de ce qu'on faisait à l'époque ... Beaucoup de  "contemporains" des années 1990 -2000 n'ont pas cette fraîcheur dans l'invention et l'ingéniosité. ..quand encore ils/elles ont vraiment inventé, . sans doute parce que si les modèles existaient, on savait prendre ses distances avec eux pour  des créations vraiment personnelles .Et anonymes .,

    Et on a le sentiment qu'on partait des étoffes qu'on avait ,, quant à la roue des couleurs il est évident que pas un de ses qullts n'a été fait en l'utilisant....pourtant quel impact visuel !

    Autre réflexion : la France attend toujours un Quilt revival qui échapperait aux récupérations par des  intelligentsias et à la bobo -attitude d'une part et au côté club de loisirs détente d'autre part ... où on fait essentiellement de la couture..Et  quid des quilts de notre époque vraiment créés  avec inspiration et passion ? Bons pour les poubelles de l'histoire, toujours privés de cimaises,  sauf si un collectionneur avisé etc ..Vaudrait-il pas mieux préserver en deçà ?

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