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  • Les palettes d'une textilienne -les fils

    • Le 19/07/2020

      Le fil que j'évoquerai aussi c'est celui-ceux plutôt avec lesquels on brode, bien que ceux qui servent à assembler ne me soient pas indifférents .Et que coudre et broder puissent en bien des .... points se rejoindre, et qu'on puisse broder avec n'importe quel fil et même avec n'importe quel matériau en broderie   contemporaine ) . Je me bornerai pour cet article à ceux que j'utilise .

    Chez moi ils sont répartis en trois catégories  : les boîtes où ils sont rangés soit par couleur , soit par catégories,  comme pour les tissus, j'ai oscillé toute ma vie entre ces deux types de classement selon le type d'ouvrage que je faisais (tout en considérant que je n'en ai pas qu'un en route très loin de là !!) , les écheveaux de réserve , et les fouillis de bouts  que je stocke dans poche et trousses diverses . Je dis toujours que le meilleur moment pour moi c'est celui où je choisis mes fils, quitte à changer d'avis en cours de route .

     

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     J'ajouterai les poches et boîtes où je stocke les  fournitures nécessaires pour un ouvrage .Et que j'oublie parfois de ranger une fois l'ouvrage terminé.

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    Les fils c'est un monde bien spécial , c'est proche des tissus -et en même temps c'est très différent. Comme les tissus les regarder peut me mettre en route, mais j'ai moins souvent créé une broderie pour utiliser un fil que créé une surface d'assemblage pour utiliser un tissu . Deux langages différents :  assembler n'est pas déposer sur ...La broderie est plus proche pour moi d'une écriture voire parfois d'une calligraphie .Et bien sûr assemblage et broderie peuvent s'associer comme dans les crazy quilts notamment .

    Le fil est porteur de tant de symboles et celui dominant de la durée d'une vie . Tout le monde connaît les expressions "filer un mauvais coton" ou bien "sa vie ne tien qu'à un fil" , sans oublier "le fil des jours" .

    Jacqueline

    Mes premiers fils à broder  je les ai achetés avec les piécettes que ma mère m'abandonnait des commissions .  Il  y avait au village une mercerie tenue par Madame D , une femme brune d'humeur assez peu commode. J'aimais   l'odeur  de ce magasin  : poussière, cire et quelque chose de presque  sucré issu   des fils et tissus neufs (l' amidon  peut-être) . Le plancher grinçait . J'entrais là comme à l'église  et je demandais à la grande prêtresse  du lieu des fils à broder . Pour moi le fil à broder c'était le coton mouliné . Sur les revues féminines que ma mère lisait, on recommandait le brillanté d'Alger Cartier Bresson . Mais la mercière à chaque fois me demandait  : - Du coton floche? -Je ne  savais  pas ce  que c'était . Elle   ouvrait des tiroirs vers des fils ronds et indivisibles; je répondais invariablement  : " Non du  brillanté" . Presque un rite, ce dialogue d'ouverture. Et c'est là qu'elle ouvrait les boîtes à moulinés DMC. Je vivrai mille ans que je ressentirais toujours la même émotion comme devant des  objets très précieux pliés dans du papier de soie . Il y a dans les courbes de  ces écheveaux, leur abandon, la manière dont ils se serrent les uns contre les autres quelque chose pour moi de sensuel et de volupueux. Et bien sûr l'empire des couleurs, même si la commerçante ne disposait pas des 600 et quelque  nuances de la gamme.

     

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    Je faisais mon choix (souvent du vert et du rose ) parfois je proposais de venir aider à ranger et la mercière qui avait bon coeur sous des dehors rébarbatifs, m'abandonnait donc  parfois un écheveau ou deux . Vers mes dix ans j'avais un petite collection d'une  trentaine d'é'cheveaux, avec quelques couleurs favorites le vert  907 DMC  notamment (déjà le vert jaune de Jacqueline, celui que j'aimerais à glisser dans mes patchworks, pour dissoner un peu ).

    'J'ai brodé avec eux mes premiers napperons , je décalquais des motifs en noir et blanc, j'improvisais avec eux compositions et je choisissais mes points évitant ceux  qui me paraissaient hors de ma compétence. J'ai longtemps eu peur du le passé empiétant . Mais je me débrouillais bien avec feston et passé plat .  J'acquis un peu plus tard le savoir  broder de u magazine Femmes d'aujurd'hui , que j'ai toujours et qui fut mon principal professeur . De  ce temps lointain il ne me reste que  quelques broderies  et deux ou trois écheveaux perdus au milieu des autres . Telle cette broderie sur un drap :

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    De soie , en   revanche il n'y avait pas , à l'époque, dans ma campagne . Trop fragile, trop cher et plus trop usité puisque justement les cotons  avaient été créés pour les remplacer . La soie est entrée dans ma vie de brodeuse bien plus tard -il a fallu attendre Internet . Mes premières soies furent des Guterman pour boutonnières , et je les affectionne encore pour les broderies des crazy quilts , ce sont des fils perlés et bien ronds qui donnent relief aux coutures de surlignement.

    Ensuite j'ai découvert pas mal de sortes  et notamment les soies d'Alger que j'affectionne et utilise encore beaucoup . J'ai longtemps été cliente de  Victoria Clayton une américaine  qui teignait des fils et rubans de soie et mes boîtes contiennent encore beaucoup de fils issus de ces gammes. Hélas souvent les créatiuces artisanales disparaissent et le réassortiment est impossible- ce qui mène à mixer avec autres choses car,  comme ailleurs, j'aime le mélange et jouer avec épaisseurrs et textures comme dans ce pavot :

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    Et  justement le coton perlé je l'utilisais peu jusqu'en 2005 où je décidais de m'offrir la gamme complète des Ispe -nullement épuisée 15 ans plus tard . Et  eux c'était pour rendre mes images numériques en broderie  de "texture"  comme pour peindre mais d'un trait plus  épais  que les fines broderies fil à fil de ce  que les anglo saxonnes appellent silk shading et nous, peinture à l'aiguille  .C'est aussi plus rapide et moins fatigant pour les yeux, moins lisse surtout, même si j'aime  retrouver les soies  floches et ou retordues pour des fleurs un peu à l'ancienne comme dans ce panneau d'Archives du Nord:Archives du nord5 det jacqueline fischer

     

    Mes apprenttissages me firent constater pas mal de choses . A savoir que le même point n'a pas du tout la même apparence selon le fil utilisé , le nombre de brins , le tissu de dessous .Et que dans la même gamme certains coloris sont plus ternes que d'autres et moins couvrants . D'où cette habitude que j'ai prise de tester avant de me lancer dans un  projet  important (à mes yeux s'entend).,Et lorsque je travaillais pour des revues bien bien plus tard , systématiquement jusqu'à faire parfois x versions du motif avant de décider de la bonne !Ou bien parfois des pages d'essai comme celle-ci, consacrée aux différents aspects d'une forme en passé plat  sur toile de lin :

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    Je ferai une mention spéciale pari tous ces fils pour le retors à broder DMC destiné à la tapisserie à laiguille mais qu'on peut tout à fait utiliser à autre chose, liés pour moi au souvenir des cours de travail manuel où on nous faisait broder du gros point de croix sur grosse toile avec ce coton , je détestais !

    Au  début de mon mariage et de ma vie professionnelle qui coÏncidèrent (!) ,  je brodais encore et j'ai fait une première incursion dans la tapisserie à l'aiguille au demi-point  et au point de Hongrie , et j'ai redécouvert le retors . Et aujourd'hui du fait que j'ai hérité  du stock d'une amie je m'y suis remise avec plaisir , pourvu  que je crée la surface moi-même et j'adore faire des samplers de points avec ce fil  :

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    Il faudrait aussi faire une mention des fils métalliques (réputés diffciles à broder) . Non pas la vraie broderie d'or avec cannetille et jaseron -que je n'ai jamais pratiquée mais l'usage des fils  métalliques  auxquels on adjoint souvent des perles pour des broderies très précieuses. Gail Marsh dans so livre sur la broderie au XVIII° siècle note que les brodeuses aux fils et pierres précieuses étaient mieux rémunérées que les autres  .

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    Restent les laines à broder  sur toile ou tapisserie qui sont le domaine de la broderie dite crewel . J'en ai peu fait , mais j'ai découvert grâce  à une amie suédoise ces broderies venues des pays nordiques dont j'ai fait un coussin  pour la revue Broderie d'art .

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    Aux fils fabriqués pour brder s'ajoute tous ceux qui ont éé créés pour un autre usage et détournés, notamment les fils de laines fantaisies . Pour moi c'est le domaine du fil dit "couché c'est à dire fixé sur la toile de fond par des points . Ainsi est né ce "fertilité "

    Fertilite

     

     

     Le fil, et  c'est ce qui le rapproche du tissu -varie selon ses couleurs, la manière dont il est filé -je ne ferai pas un cours là dessus, mais quand on brode c'est comme pour les tissus il vaut mieux connaître un peu ce qu'on utilise , sa brillance , sa couvrance, sa tenue au lavage (si on  veut  laver ) .Fils points et support réunis constituent en eux-même un langage avec lequel une expression personnelle est tout à fait possible sans pour autant être virtuose de tout. Je ne le suis pas . Je regrette souvent , exactement comme pour les tissus, que la variété immense de fils "'classiques" dont nous disposons incite si peu à explorer ce qu'on pourrait bien dire de PERSONNEL avec cela. Ils nous donnent des touchers différents, des brillances , des reliefs -selon les points choisis et jouer avec tout cela est un art comme nn autre . On peut considérer que la virtuosité "reproductrice" de kits ou modèles en est un aussi puisque, las ,le souci de posséder une belle chose permet de montrrer son savoir-faire prime depuis toujours l'imagination ; le brodeur-et surtout la brodeuse!-  n'étant perçu  souvent que comme exécutant -comme si ce n'était rien déjà d'interpréter un dessin en points fils et couleurs ,qu'il soit de soi ou d'un autre .  Sauf à imiter une fois de plus les peintres , dans les sujets comme les matières  mais qui cherche avec ce que  les fils a  de "bien à  eux " qui précisément les distingue des "grands" arts et du mixed media , c'est exactement comme en patchwork : voué à l'incompréhension et la méprise engendrant le mépris inconscient ( art mineur, ce n'est pas du contemporain de plus qui sauverait la mise, , alors tout est dit!) . Sauf à y adjoindre des matériaux tendances  ou pris aux autres arts ; peinture, plastiques , tyvek, colles fils de fer bref faire du mixed media avec un peu de fil pour la caution textile . Que ce soit intéressant je n'en doute pas, que ça puisse donner des chefs d'oeuvre non plus. Juste que qui joue sur la variété du matériel habituel  est à peu près sûr d'être dévalué soit parce qu'on l'assimile illico à celles qui copient les modèles , soit parce qu'on l'assassinera d'u  "pfft joli décoratif " etc . Je sais les écueils et les blessures et je sais aussi ce  que je veux faire. Et je le fais .avec bonheur qu'on se rassure et si je souligne, une fois de plus les incompréhensions c'est toujours dans cet espoir de changer un peu les regards sur ces arts .

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    NB Si vous voulez tout savoir sur le brilanté, le mouliné et la soie  d'Alger, je vous envoie sur  l'excellent site Ouvrages de dames et sur le fin du  fin  matière d'utiliser les fils dans une technique parfaite sur celui de Mary Corbet .

  • Licornes et sortilèges

    • Le 27/05/2020

    PARUTION  :

     

     

    Licornes et sortileges nicole pessin jacqueline fischer garde

     

     

    Une deuxième aventure cette année d'oeuvre en duo .  J'admirais depuis longtemps les oeuvres graphiques de Nicole  Pessin que j'appelais, à part moi "l'enlumineresse" compromis entre enlumineuse et enchanteresse.  Ses   univers et l'harmonie entre les textes de "ses" poètes et les illustrations . Je possédais déjà quelques-unes de  ces merveilles .

    On peut visiter son site ici

     Aussi quand Nicole m'a demandé si j'acceoterais d'écrire sur ses images , c'était un peu comme un rêve qui se réalisait . Donc ce furent les licornes et leur aventure . Les textes se sont imposés à moi sans trop de peine, tant l'univers graphique m'était évocateur. Plutôt que d'écrire une histoire unique j'ai préféré une forme poétique  qui tend des fils au dessus des possibles  et laisse place à l'imaginaire du lecteur :

    Se dressant vers le ciel  et avançant vers  nous

    Le château invitait à des jeux

    dont les règles à jamais resteront inconnues

     Je ne sais si les textes sont réussis, il m'est interdit d'en juger mais  ce fut un réel plaisir ce travail à deux . Non ! :  à trois puisque Jean Paul Gavard -Perret a eu la gentillesse  de  préfacer l'ouvrage .:

    "Licornes et sortilèges"

    Poésie de Jacqueline Fischer agrémentée de 10 reproductions, aquarelles de Nicole Pessin.

    Préface de Jean-Paul Gavard-Perret
    Format : 21 cm x 15 cm.
    Achevé en mars 2020 pour le compte et le plaisir des éditions Varia poetica. Saint-Laurent-du-Pont (Isère)

    Livre d'artiste dont chaque exemplaire possède une couverture unique.

    On peut se le procurer sur le site de Nicole Pessin

    Licornes et sortileges nicole pessin jacqueline fischer c1

     

     

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  • Simples écritures de Jeanne Maillet

    • Le 22/05/2020

    Lorsque Denise Jardy-Ledoux m'a demandé si je voulais bien illustrer le recueil de Jeanne Maillet Simples écritures -avec l'accord de l'auteur s'entend !-  j'ai d'abord demandé à lire le texte.

     Et entrant à l'intérieur des mots, j'ai été si vite séduite par le rythme et les images  et mieux encore par  ce que je ressentais comme un voyage possible  que j'ai accepté avec enthousasme.

     Cependant aussi appréhension . J'avais peur de trahir les mots ...la simplicité n'étant pas ce qu'il y a de plus aisé à illustrer avec justesse ..

    J'espère y être au moins un peu parvenue .

    J'invite surtout  à lire le texte que je ne voudrais pas trop déflorer, je cite juste ce passage qui m'a mise en route  :

     Mets ta robe bleue

    Fillette

     Ta  robe bleue clair celle qui affole le ciel

    Puis cours,

    Cours vite,

    Ils pourraient bien te rattraper

    Là-bas

    Dans la moiteur de l'antichambre.

    La couleur bleue est très présente dans le recueil comme un fil rouge auquel sont venues s'accrocher tant d'autres images .Bleu des volubilis aussi .. Et une robe de marquise qui semble attendre ses noces .. Plus loin, la vision d' un orient qui est sans doute aussi un peu le paradis,   du moins pour moi qui lisais en textiles.

    Et bien sûr ce titre si parlant pour moi qui tiens les points de broderies et les motifs des étoffes pour des  écritures ayant  signifcation ..pour les sens , sinon rationnellement . Chaque image comporte un morceau de ruban vert, comme les herbes de la pharmacopée évoquée par l'auteur, orné de points simples : épine, chevron etc.

    Les trente  images  de l'édition de tête sont toutes différentes..  textiles fixés et brodés main .

    Le livre est disponible chez l'éditeur : collection Les carnets du douayeul

    éditions du Douayeul 196 avenue Denis Cordonnier

     59500 Douai

    Chez L'auteur Jeanne Maillet (présente sur Facebook)

    Et moi-même .

    Soit cette édition de tête  numérotée et dont chaque volume (couverture faite sur papier fait main par Denise Jardy-Ledoux ) est unique .

    Soit l'édition ordinaire  ornée de Lettrines et de photographiesen nir et blanc  de quelques  textiles

    Simples ecritures jeanne maillet ilulstrations jacqueline fischerSur la page suivante quelques-unes des illustrations dont j'aimerais qu'elles jouent leur rôle de lumière jetée sur un texte que je vous invite vraiment  à découvrir .

    Lire la suite

  • couture et patchwork

    • Le 04/05/2020

     NON je ne suis pas (plus!) une bonne couturière ou Sisyphe aide-moi !

    En cette période où coudre des masques est devenu un hobby forcé national , je sais que je déçois beaucoup de personnes en disant que .... je ne suis pas  douée  pour ce genre de choses. Et très peu motivée qui plus est étant donné que patchwork et broderie rendent inefficients lesdits masques ! sauf si on tient à s'amuser avec cela, .J'avoue que là c'est hors de ma zone d'humour !

    J'ai déjà écrit des milliers de fois que le patchwork pour moi n'est pas de la "couture" . Je ne "couds" pas j'assemble ! Et assembler un bloc en patchwork ça n'a pas grand chose à voir avec un  sac, robe ou  objet,  même si ce n'est pas toujours plus "facile" c'est tout simplement autre chose . Comme peindre un mur de cuisine après l'avoir poncé et rebouché ce n'est pas peindre une toile de création . Il y faut des qualités différentes, les deux sont respectables et du reste on peut  avoir les deux sortes de compétences .

    Mais moi, non ! ou du moins plus.  D'autre  part  je ne suis jamais venue au patchwork par amour de la couture, mais par amour des assemblages de tissus VARIES  et même  tout court des tissus et étoffes .Je couds parce que  je n'aime pas l'aspect raide du collé et pour le symbole-et les différents aspects, le lâche comme le serré, le visible comme le caché-  aussi de ce geste d'assemblage main comme "connexion" de matériaux , c'est pourquoi il arrive que les connexions se voient;  aucune norme de points serrés parfaits ne me va.  Ce n'est pas "moi" ce n'est pas ce que je veux faire !Ni montrer par mes assemblages. Le dire n'est pas en convaincre, ce qui oblige donc à redire . Sisyphe, aide-moi !

    De même je brode -j'ai brodé bien avant de faire du patchwork que je n'ai découvert qu'en 1982 et la broderie n'est pas non plus de la couture  même si certains points de broderie étaient utilisés jadis en couture main (je couds pour ma part avec une alternance de points avant et de points arrière )

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    Ceci n'est pas de la couture !

    C'est là qu'il faut parler de couture main et de couture machine . J'ai beaucoup cousu de vêtements à la machine , jadis. Par nécessité. La machine de ma mère une Singer fonctionnait avec un moteur électrique (qu'on n'utilisait pas ou rarement)  et une manivelle tournable à la main, à son rythme. sans cet outil, j 'aurais eu du mal .  Il me fallait réguler la vitesse moi-même ; j'avais des notions de courture d'habillement , que je perfectionnais, à l'époque j'aimais cela. Je n'aime plus parce que dès que j'ai découvert le patchwork , justement c'est l'aspect beaucoup de tissus pour dire avec quelque  chose qui m'a pris l'âme, donné l'envie.Rien d'une pro en couture donc. Monter une manche avec fronces j'ai su et même des choses plus compliquées, mais je ne pratique plus tout cela et j'ai donc oublié les gestes .  J'arrive encore en me forçant beaucoup à monter un sac très simple ou une pochette  voire à doubler un gilet correctement -parce que  j'étais obligée à des fins professionnelles de publication à l'époque !- mais rien à voir avec mettre ensemble 2500 bouts de tissus quasi tous différents pour en composer une harmonie qui me corresponde    ça n'a STRICTEMENT RIEN A  VOIR. RIEN. (Sisyphe aide-moi -bis) :
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    ceci n'est pas non plus essentiellement de la couture ...

    .Je n'aime pas  assembler  à la machine mes patchworks, j'ai expliqué pourquoi des dizaines de fois et je n'en ai rien à faire qu'à notre époque "les plus grandes" soient des championnes de leur  "bécane" -oui on dit aussi comme ça parfois ou que ça permette d'aller vite..   Moi ce que  j'aime  c'est hésiter laisser ce tissu-là reprendre cet autre  J'aime la lenteur dans ma vie aussi c'est vous dire si je suis définitivement inadaptée à notre époque mais enfin  Vinci n'a pas peint la Joconde avec un spray qui lui permettre de remplir ses surfaces plus vite, non plus ..Ni Van  Gogh ni aucun peintre digne du nom d'artiste . . et précisément je n'ai nullement une perspective couturière , ni  régulée par  des moeurs où les juges posent des équerres sur les oeuvres et les brodeuses mesurent leurs points quasi  au millimètre et sont malades si à la loupe ça dépasse d'un poil . Si c'est leur idéal, je le respecte je veux bien admirer l'exploit de virtuose,  ce n'est pas le mien .. . L'art n'a pas à se plier à de telles normes quand il ne s'agit pas de fabrication .. qu'une robe de Haute-Couture soit  chiadée à cet  égard oui, une surface d'expression personnelle, non, pas forcément.Toujours la différence entre écriture personnelle et calligraphie.

    Il y a du travail d'orfèvre dans cette élaboration pas d'ouvrière à la chaîne (que  je ne méprise nullement,  vu que je serai incapable de faire  ce qu'elles font) .Elles sont de vraies  couturières, moi pas selno les règlese du siècle du moins ....  et je n'en ai absolument pas besoin .  

    Certes cet assemblage -là demande aussi une précision d'ajustement , mais ce n'est pas la même technique justement main et machine. En  patchwork machine on coud sur les marges de couture et donc c'est plus raide, plus serré, aspect impeccable. En couture main la marge de couture reste libre donc c'est souple, articulé en quelque sorte . Et pour moi ce côté-là compte alors que pour la plupart de mes consoeurs c'est l'inverse elles veulent du fini fini impeccable sans péché donc j'ai déjà dit je suis une grande pécheresse...et sur ce point je sais que je peux me faire entendre j'ai 99,99 pour cent de la coporation contre moi-sauf à faire du vrai art textile dont on sait que le patchwok ne serait pas . Ce que j'ai le plus vite compris c'est que blocs égale traditionnel   égale obligation de perfection technique pour compenser le manque d'imagination qui est censé aller de pair. Il suffit de lire les articles dans les revues spécialisées de l'époque ! c'est éloquent !

    J'ai  eu  cependant  plusieurs  machines à coudre  cependant . une qui  ressemblait à la vieille Singer mais sans manivelle pour la tourner à la main (je n'ai jamais eu de machine à pédales) , quelquees électriques très basiques je m'en servais pour monter sacs , housses de coussins ou ourler des  draps ou des rideaux rien que de très basique , et  aussi fixer les biais et bordures sur mes quilts  (quand je ne rabattais pas tout simplement la bordure à la main ) .

       Quand j'ai été embauchéeen 2007  par la revue Creation patchwork puis un peu plus tard Broderie d'art, je me suis dit , vu que mon ancienne machine donnait des signes de faiblesse, que je pouvais bien m'offrir mon rêve c'est à dire une machine à régulation électronique "fine" qui peut donc aller très lentement  et  avec des points électroniques décorarifs combinables entre eux  et à a broderie main .Pas pour assembler , non .Mais les combiner comme les signes d'une écriture...

    J'ai donc pas mal texturé avec et je le fais encore. il est certai il ya beaucoup de fonctionnalités que j'ai payées pour rien (comme on me l'a parfois dit avec un peu d'incompréhension quand on achète une telle machine  à coudre et qu'on prétend ne pas coudre avec évidemment , évidemment )  )  mais pour avoir celles qui m'intéressaient, c'était ce modèle-là .Et c'est mes sous que je dépense, pas  ceux des autres, que je sache.

     C'est ainsi qu'est née la série Nous (qui reste ouverte) ou les  patchworks en bandes  pliées retenues par des piqûres machines; et bien d'autres tableaux Ces ouvrages là sont fait quasi entièrement à la machine parce que  ça convient à mon "propos" si je puis dire , dans ce type de tableaux .

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    Espoir-détail-  broderie main et machine : ce à quoi ma machine me sert !

    Lumiere violente javqueline ficher art textile 1Lumière violente entièrement fait machine .Mais coudre des bandes entre elles  et piquer dessus n'est pas du travail "couturier" !

    et ce n'est pas l'intérêt du tableau, ,je l'espère .

    La machine me sert aussi à monter les livres à finaliser certains bords -c'est selon le projet-  Je m'en sers  par à coups en quelque sorte . Mais pour la couture "ménagère" très peu et juste pour dépanner . C'est ainsi .

    Je ne saurais donc pas actuellement faire cent masques sur la journée-je n'ai du reste pas le matériel  pas de mercerie  .. de même je ne pourrais en garantir la stérilité pérenne non plus et si d'aventure j'étais contaminée sans le savoir c'est un risque que je ne ferais donc pas courir pour avoir l'air généreuse et solidaire .Mais si un voisin ou ami  a fortiori une infirmière du voisinage me demandait de dépanner , j'accepterais dans la mesure de mes moyens .  J'ajoute  que mes vertèbres dans leur état actuel le permettent mal .(même pour texturer ce que donc je fais moins, aussi que jadis) . Le corps a ses raisons  et je brigue pas l'étiquette  héros de la nation .. . J'espère que des masques  vraiment efficaces pourront être accessibles à tous . J'ai préféré en revanche partager un tutoriel qu me semble "pensé" c'est aussi un moyen d'être utile, aider finacièrement côté matériel à acheter ... toutes choses où je me sens plus utile et efficiente . Et que dorénavant on me  blâme on me loue / j'en veux faire à ma tête etc.  (le Meunier son fils et l'âne)

     

     

     

     

     

     

  • Faux semblants

    • Le 02/05/2020

    Faux semblants : de vrais -faux objets textiles. (article  publié sur le  site darts-up  récemment suppprimé )

     

    Au départ sont des ouvrages textiles parce que  c’est en matière de création ce que je nomme ma « valence » première .

    Ensuite, une photographie  souvent de détail de ces ouvrages textiles . Ces photos ont été prises soit pour illustrer mon livre Jeux d’étoffes, soit pour la parution en revue ou en album d’images.

    Ces clichés  ne se veulent pas photos d’art, mais généralement ils obéissent quand même à une esthétique de composition et à des impératifs de netteté.

    L’objet représenté est primordial pour l’étape suivante,  j’entends par là que sa qualité de réalisation influe aussi sur le résultat final. La disposition des points en broderie notamment, tous les choix de couleurs, textures, motifs et formes qui ont  présidé à la réalisation de l’objet « premier » sont importants. Si je le souligne c’est parce que cet objet premier dans un art premier (parfois au sens primitif du terme) va être très vite « oublié » et aura du mal à être perçu, lui, comme une oeuvre d’art.

    Sans cette filiation (sans jeu de mots !) aucune de ces images n’existerait comme telle . Ce travail manuel et réel préalable du fil et du tissu est pour moi fondamental, au sens propre du terme.

     

    J’ai eu l’idée de retravailler  ces clichés avec le filtre d’un logiciel de retouche de photos,

    Le travail numérique consiste à régler des paramètres et à faire des choix ,pour un détail donné il existe des centaines, voire des milliers de métamorphoses possibles .C’est à ranger techniquement dans la catégorie photo altérée.

    C’est comme une photo de quelque chose qui n’existe pas, mais qui pourrait exister.

     d’où le titre de faux-semblant.

    Images de nouveaux possibles  ou de nouveaux impossibles .

     Certaines semblent vraies c’est à dire qu’on pourrait faire croire qu’il s’agit de la photo d’un vrai objet existant vraiment  (et l’image en contient une part) et ce n’est que partiellement faux puisque le point de départ est réel -mais différent, D’autres s’éloignent davantage vers des effets graphiques où l’ouvrage de départ disparaît  quasiment. Les deux possibilités sont intéressantes. puisqu’on joue sur  l’écart entre la proximité et l’éloignement, entre réel et illusion comme avec les fonctions focales des filtres.

    Comme  à chaque fois dans un travail d’image numérique, existe l’ouverture vers ce qu’on pourrait en faire d’autre : il n’est pas interdit (et je l’envisage pour certaines) de les imprimer sur étoffe et de les réintégrer à un nouvel ouvrage qui mêlerait alors le faux semblant et le vrai textile et ainsi de suite., créant une composition potentiellement  en abyme.
    C’est aussi une réflexion sur le temps d’exécution d’une oeuvre qui ici réside dans la distorsion entre la lenteur du travail manuel de la brodeuse ou de la quilteuse, et la rapidité du travail numérique  peut-être même parfois entre une conception calculée, travaillée voire contrôlée et le jeu avec un certain heureux hasard.(même si le travail sur l’image numérique ne saurait être réduit à cela).

    C’est très différent de mes autres images  numériques où le plus souvent je crée tout à partir d’un écran blanc et des différents outils à ma disposition. de manière souvent beaucoup plus complexe. Ici je ne  cache pas que le travail numérique à proprement parler est basique .

     Ce sont des oeuvres de passage. Des  oeuvre hybrides, totalement entre deux arts qui n’ont guère de lien dans l’esprit des spectateurs éventuels . On peut même dire qu’elles ne s’adressent pas au même public, elles ne provoquent pas du tout les même réactions, les mêmes regards en milieu artistique.

     Hybride aussi en ce qu’elles relient un art ancestral, un matériau :  le tissu fondé dans sa structure sur le numérique,  et des techniques récentes sinon nouvelles.

    Passage entre le réel et le virtuel qui se voudrait aussi conciliation et réduction de l’exclusion que je persiste à trouver injuste des ouvrages faits selon les normes de l’artisanat d’art, entre la  « belle ouvrage » et l’absence de manipulation (c’est à dire au fond entre deux reniements des activités que  j’exerce : l’une étant parfois rejetée comme superficielle et purement décorative, et la seconde parce qu’elle céderait à la facilité du  « tout en deux clics .. ».

    C’est donc une  invitation, aussi, à regarder autrement. A interroger la notion de vrai et de faux, d’artificiel ou de factice. A réfléchir sur le rapport entre le temps mis à un ouvrage, le travail et la « valeur »., sur l’importance de la lenteur de l’élaboration et le plaisir quasi enfantin  de l’immédiateté .

    Travail d’illusionniste où la tricherie est honnête, le trucage avoué. Il ne s’agit pas de  « faire illusion. »

    .

    Jacqueline Fischer septembre 201

     

     


    (1) Voir les écrits et travaux de Patrice Hugues qui ont guidé mes réflexions.
     

     

     

    16 avril 20011 29 1

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  • Qui a peur du mot patchwork -2009

    • Le 28/04/2020

     

    NB article publié  en 2009 sur site d'arts-up qui semble avoir disparu (il était en deshérence depuis plusieurs années, je reproduis donc ici les articles que ce site avait publiés et qui me semblent importants- ).

     

    On va partir d’un constat simple : la difficulté qu’il y a pour un (e) artiste textile à dire en France et en ce début de XXI siècle : «  Je fais du patchwork ». 

    Il est conseillé faisant cet aveu de baisser les yeux et d’adopter un profil bas .
    Et d’ajouter aussitôt pour se dédouaner :
    « Oui, mais  je fais aussi de l’art textile », comme si le patchwork ne pouvait absolument pas en être.
    J’imagine mal un peintre avoir peur d’admettre  qu’il pratique surtout la gouache ou l’aquarelle ou un écrivain reconnaître avec réticence qu’il écrit surtout des romans.
    Pour la raison évidente que roman et aquarelle ne sont pas perçus (ou plus perçus) comme des genres mineurs dans leur « art » de référence.
    Mais le patchwork, oui.


    Le grand public manifestera souvent son ignorance par un  « tu fais du quoi ? » ou bien évoquera tout aussitôt ces couvertures en crochet qui florissaient dans les années 1970, ou bien encore des tissus moches avec un carré à pois, un autre à rayures et autre fleuri, prétendument « coordonnés ». 
    Les personnes qui ont voix au chapitre en matière d’art - sauf rares exceptions - oscilleront entre le mépris, la franche ironie ou la bienveillante commisération. Mais même dans ce dernier cas, on fera rarement l’effort d’aller voir de plus près ce que font ces créateurs - qui sont majoritairement des créatrices - de ces surfaces d’étoffes.  A priori sans intérêt… On ne mélange pas les torchons avec les toiles de maître…

             Je me suis donc demandé ce qui produisait cet effet rédhibitoire et cette méconnaissance que je trouve injuste.


    D’abord le mot patchwork n’est pas très harmonieux en lui-même et pour peu qu’on veuille évoquer sa qualité d’artiste en cette discipline on devra éviter le désastreux « patchworkeuse » pour le remplacer par « quilteuse », quoiqu’un quilt ne soit pas tout à fait un patchwork et que seuls les spécialistes connaissent le mot.
    De plus dans la langue courante,  il prend facilement des connotations péjoratives. Dès on évoque » un patchwork de... », c’est pour imaginer tout aussitôt un assemblage assez hétéroclite d’éléments qui dissonent.
    Tout le contraire précisément de ce que cette activité a été dès ses origines : l’art d’harmoniser précisément ce qui n’avait pas été créé pour aller ensemble.
    On dit aussi souvent qu’à la différence des pays anglo-saxons, et notamment des USA,  la France n’a pas de culture du patchwork. On trouve pourtant dans certaines abbayes ou chez certains collectionneurs de magnifiques pièces exécutées  à partir de morceaux, parfois superbement  rebrodés.  Car le patchwork a une histoire, y compris chez nous,  et même si elle est beaucoup moins connue que celle d’autres arts mieux estimés, on s’y aperçoit de sa prodigieuse  variété, voire complexité(1) et s’y initier amènerait  à ne pas réduire ces surfaces d’étoffes à l’idée caricaturale qu’on s’en fait.
    Quand on enseigne les arts plastiques, on n’a donc pas à se soucier de cette branche de l’art textile, perçue au mieux comme un artisanat d’art « appliqué » au pire comme de l’ouvrage de dame et  on se tournera automatiquement vers les plasticiens en textile plus éloignés par leur pratique de quelque chose de « féminin », plus fait pour occuper les doigts que véritable création  à valeur artistique. 
    Pas question de trouver mention de cet art dans une histoire de l’art. Sauf comme référent d’inspiration pour un mouvement comme le Pattern painting dans les années 70. Le patchwork ne deviendrait donc de l’art que lorsqu’il n’est plus exercé par des femmes qui en maîtrisent les finesses, mais que d’authentiques artistes reconnus comme tels s’en empareraient. Mécanique qui fonctionne aussi dans la corporation : plus facile de s’y faire reconnaître si on est déjà  peintre plasticien et qu’on se penche sur les tissus, les valorisant avant même d’y toucher par sa pratique d’art noble, que si on y accède, plus humblement par le biais...de la couture. A moins que celle-ci ne soit Haute, bien entendu.

             C’est vrai qu’on a souvent créé des patchworks pour servir de couverture, mais on ne voit pas en quoi un objet utilitaire ne pourrait pas à notre époque et après le « ready made» trouver droit de cité dans une galerie ou un musée. C’est une surface exposable. Et même si on peut dormir dessous, ça n’empêche pas automatiquement  d’y  trouver ce qu’on analyse ailleurs : une composition, des couleurs, et même des jeux de motifs recomposés, du relief et des textures. Il suffirait de l’exposer à la verticale sur un mur dans un lieu consacré à l’art, le vrai, le grand pour –peut-être- s’en apercevoir.
    « -Ah mais, me dira-t-on, à la rigueur au musée des arts décoratifs ». On sait assez bien combien le terme « décoratif » est senti comme une infériorité dans la hiérarchie imposée au regard. Comme si ce qualificatif ôtait tout droit à une signifiance, c'est-à-dire une capacité de l’œuvre à être lue et interprétée de différentes manières. Il suffirait de s’y essayer pour voir si c’est possible, plutôt que de coller des étiquettes qui dispensent de tout vrai regard.

             Cela dit, il faudrait que ce regard soit sûr que ce qu’il voit est bien une création et pas un décalque d’un modèle déjà existant, voire une copie pure et simple. Et là j’admets aisément que ce n’est pas facile. 
    Bien sûr il existe depuis les années 1980 et grâce notamment aux clubs indépendants de patchwork  et à l’association France Patchwork  de nombreuses expositions, attirant un public de plus en plus nombreux.
    Mais ce public ne sait pas toujours faire la différence entre une œuvre copiée d’après un modèle existant et une création Le stade intermédiaire étant l’interprétation plus ou moins personnelle d’un modèle existant.

    Il serait extrêmement important que l’honnêteté règne et qu’on reconnaisse, dès qu’on expose, montre ou publie y compris sur internet,  ses sources d’inspiration quand on en a et qu’elles sont aisément discernables.  Ce le serait d’autant plus que les modèles abondent, et que les copies de ces modèles pullulent sans que mention de l’œuvre d’origine soit toujours faite. Il serait aussi important qu’on ne confonde plus celles qui composent à partir de ce vivier qu’est la tradition, au prétexte qu’elles n’inventent pas tout ( !) et celles qui copient les créations des premières.

    _____________________
    (1) On lira avec profit à ce sujet » le patchwork ou la désobéissance » de Claude Fauque et Marie-Noëlle Bayard Syros -alternatives 1993

    Or, si on se tait sur ses sources pour laisser croire qu’on a composé soi-même ce qui doit tant aux idées et à la conception de quelqu’un d’autre, c’est ce qui se produit. C’est de plus un facteur de dévalorisation de la créativité de celles qu’on imite, puisqu’on ne va établir aucune différence entre la composition authentique et sa « démarque ».

    lI y faudrait aussi une ouverture d’esprit dans les jugements et sélection des critères de « bien cousu » « mal cousu » qui n’ont aucune signification dans une optique dite artistique.  C’est à l’artiste de choisir s’il va se plier à une recherche de la perfection ou s’il va s’en éloigner pour exprimer autre chose. En cet art comme en beaucoup d’autres distinguer la prééminence de la forme sur le fond conduit jusqu’à la négation du second au profit exclusif de la première.  C’est en quelque sorte le vider de son sens avant même qu’on ait pu se demander s’il en a un. 
    Trop de rigueur en ce domaine incite à une conception sclérosante et étroite de la création. Cela maintient notre art en esclavage, celui d’une  norme de « couture » qui se justifie davantage pour un vêtement que pour une création libre. C’est le ramener précisément à sa valeur « décorative-utilitaire » sans échappatoire possible.

    On observe aussi une fuite vers tout ce qui éloigne de l’art du patchwork dans sa particularité originelle. On a d’abord inventé le « contemporain », puis le quilt dit d’art –comme si tout ce qui se fait en appui sur la tradition, mais en  la métamorphosant et la maintenant vivante,  ne pouvait être ni contemporain, ni artistique- puis l’art textile catégorie un peu fourre-tout, où on a droit de cité, pourvu qu’on utilise un peu le tissu et le fil. 
    Et par voie de conséquence, l’évolution étudiée sur ces vingt dernières années montre qu’on a  tendance à abandonner : 

    -la structure géométrique répétitive et régulière  qui assimile cet art  à la mosaïque et la marqueterie. Il est même écrit à peu près partout qu’on devient artiste dès qu’on abandonne ces structures, en user serait un stade bon pour les débutantes, corollaire automatique d’un manque d’imagination.  L’équation « géométrie régulière et/ou répétitive égale tradition, égale copie ou « resucée (sic) sans imagination » est inscrite un peu partout dans l’esprit des pratiquantes elles-mêmes.
    On ne concède le droit de revenir à la géométrie que pour copier l’ancien, ou se reposer avec sa prétendue « facilité ».
    A mon avis, outre que c’est d’un simplisme navrant,  c’est encore mal connaître le pouvoir d’expression que recèlent les géométries plus ou moins régulières – un premier infini- croisé avec la variété des étoffes – un deuxième infini. Comment ces deux infinis conjugués pourraient-ils être épuisés ? Ce qui s’épuise, en revanche, c’est l’envie de les utiliser, parce qu’on sait qu’on va passer beaucoup d’heures sur quelque chose qui sera dévalué avant même d’être regardé. Ou jaugé à la seule régularité des points de couture. Ou encore confondu avec la copie d’un modèle.

    - l’usage de tissus faits dits « commerciaux » auquel s’oppose le tissu peint ou teint par l’artiste (et même la fuite du tissu tout court, utiliser le plastique, par exemple, matériau plus récent étant évidemment gage d’une innovation …en textile ?)
    Au train où cet art évolue, certains artistes textiles sont déjà beaucoup plus des peintres et des plasticiens de techniques mixtes que des artistes du tissu. Ouverture intéressante, enrichissante, qui n’est pas en soi condamnable, bien entendu, mais là où le bât blesse c’est quand elle est présentée comme une supériorité. On est « plus artiste » en créant de l’art textile qu’un  « banal » patchwork.
    On peut se demander si on ne témoigne pas aussi de la crainte qu’on a d’utiliser du tissu assemblé pour s’exprimer et surtout de s’en servir d’une manière qui ferait « couverture décorative ». 
    Un art du tissu –et non pas forcément un art  textile-  reste sans cesse à refonder. Et à défendre. Le meilleur moyen, à mon sens est de l’illustrer par des œuvres ou des ouvrages personnels, encore faut-il qu’on leur permette d’être regardés en dehors des milieux fermés qui leur sont consacrés.
    Il existe bien des musées pour le patchwork, des revues de patchwork, de temps à autre un article sur le patchwork dans une revue d’art, mais ce sont un peu des « ghettos » culturels. Une place réduite et assignée. Jusque là, mais surtout pas plus. Restez où vous êtes. Presque un préjugé nobiliaire.
    Il existe bien des galeries d’art s’ouvrant à l’art textile, et c’est une excellente évolution ;  mais on a l’impression  que si on y entrait avec un quilt géométrique sous le bras -fût-il une création authentique-, on se sentirait là comme en fraude, en crime de lèse-art « véritable ».
    Rares sont également  les galeries virtuelles qui acceptent des patchworks comme des œuvres d’art.
    Il faudrait donc une modification et de la pratique de certain(e)s
    et de leur propre regard sur ce qu’elles/ils n’osent pas considérer comme autre chose que du « bricolage à vocation pratique »  et du regard de beaucoup d’autres, critiques, galeristes ,enseignants,  un effort vers une connaissance c'est-à-dire une absence de préjugés et d’a priori,  qui est la base de toute reconnaissance, pour qu’on n’ait plus peur de se dire « artiste -en patchwork » comme on se dit « artiste-peintre ».  Et ce, quel que soit le genre de surface qu’on choisit, dans cet art, de créer.

    Jardin des songes jacqueline fischer 1

     

  • Keepsake- livre de trésors

     

    Je voulais un livre textile  où conserver quelques souvenirs et trésors de ma collection  : dentelles boutons rubans pas forcément précieux, mais certains fort anciens(celui de la couverture est contemporain du Bonheur des Dames de Zola)  . J'en ai glissé pas mal dans mes crazys quilts mais je voulais une présentation différente où chaque morceau puisse mieux se distinguer que dans une surface où il est parfois un peu noyé dans le reste .

    M'est revenu en mémoire un livrelu dans mon enfance intitulé Keepsake des jeunes filles (éditions Gründ) . Ma soeur l'avait eu en prix et je l'ai lu des dizaines de fois dans mon enfance. Il comportait une cinquantaine de nouvelles ou d'extraits de récits très variés insolites parfois fatastiques (certaines m'effrayaient). J'y découvris aussi des auteurs de moi alors inconnus  :  André Maurois, Katherine Mansfield, Pearl Buck et pas mal d'autres dont certains ne sont pas passés à la postérité . J'ai  racheté ce livre il ya quelques années (et égaré depuis !) textes et ilustrations m'ouvrirent à des domaines moins familiers que les contes que je lisais alors ou les extraits de récits d'aventures des livres scolaires . Et à une grande variété, cette variété que j'aime tant dans mon art d'assemblage d'étoffes.

    Me voilà donc à bâtir chaque page comme on le fait pour ces recueils -souvent richement illustrés-  centrant sur deux, trois couleurs et  après assemblage par technique de l'appliqué ;  pas exactement du crazy où les embellissements font souvent disparaître les étoffes elles-mêmes sous une profusion de broderies , mais ce que  je nommerai "ajouts'  c'est à dire les boutons et les perles sont aussi des éléments à conserver et non mis là pour faire joli seulement .   Avec l'idée refeuilleter pour m'y promener ...exactement comme je  relirai avec plaisir le livrre quand j'aurai remis la main dessus . (c'est fait !)

    Un  plaisir aussi de composer chaque page , à ma façon . 

    Les broderies sont aussi juste   du 'liant" j'ai privilégié les rubans de soie , précieux eux aussi .Le livre comporte 16 pages , on peut en voir quelques-unes ci-dessous et j'espère que chacune saura vous livrer son histoire !

     

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  • Coronavirus et masques en tissus

    • Le 21/03/2020

    En cette période de crise beaucoup d'entre nous bricolent des masques de tissus . J'ai trouvé hier sur Facebook relayé par quelqu'un d'autre cet article qui me semble faire le point intelligemment au vu des conaissances de la bloggeuse . Tant qu'à faire si nous devons contribuer faisons-le le plus efficacement possible : Lien ci dessous . il est important de TOUT LIRE.

    https://coutureetpaillettes.com/mes-coutures/masques-tissus-prevention-coronavirus/?fbclid=IwAR0RhMVQfGfQOKxrvImNYPxTKlm58I3BVL94m9Y158uXa4mFmPmplau_7kY