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  • Une légende pour les brodeuses

    Ecrit  dans le cadre d'un atelier d'écriture ce texte  qui peut-être  plaira à ceux et celles qui passent ici:

                Dans le nid, dès la sortie de l’oeuf  sa mère l’avait regardé d’une drôle de façon

                 Ce n’était pas un oeuf de coucou qu’elle avait réchauffé sous ses plumes ,  tout de même, mais là de ses yeux ronds d’oiselle, elle mesurait l’anomalie vivante qui piaillait au milieu de sa couvée ordinaire.

                Ce rejeton hors normes était recouvert d’un  duvet   d’un drôle de jaune,  un jaune foncé, alors que ses frères étaient gris.

                Papa moineau lui aussi regardait tout cela d’un drôle d’air à moins que papa ne fût maman, J’entends par là  que les oiseaux se moquent un peu de la théorie des genres et dans cette famille-là , les parents  avaient couvé tour à tour ; et maintenant que le petit  dernier était sorti de sa coquille  ils  s’apprêtaient à les nourrir,  tour à tour,  tout aussi bien.

                 Les autres oisillons ouvraient déjà large leur béjaune mais celui-là, il avait déjà le bec pointu,  plus mince, plus long que les autres, le cou aussi qu’il tendait pourtant avec autant de vigueur que ses frères et soeurs. De plus,  chétif, maigrelet plus encore que les autres. Quand il criait, c’était un couinement plaintif qui rappelait les lames de vieux ciseaux mal aiguisés.

                La mère et le père moineaux auraient bien,  d’un geste souverain , comme les pater familias dans la Rome antique, jeté la créature disgraciée hors du nid pour préserver la pureté de l’espèce, mais il faut croire que chez les oiseaux comme chez les hommes, il arrive que certains se montrent plus  pitoyables que d’autres, ou moins fermes, c’est selon le point de vue.

                Ils commencèrent donc à nourrir le petit  bizarre comme ses frères et soeurs et bien leur en prit car quelque temps plus tard toute la couvée mourut d’une maladie , sauf le rejeton au plumage jaune, quasi couleur  de fiente et   au grand bec.  Son cou s’était encore allongé , et ses plumes devenues d’un beau jaune d’or foncé, brillaient au soleil.

                Il grandit donc tout en inélégance, sauf si on veut considérer que ce bec long et fin et ce plumage brillant  recelaient des charmes. Les parents eux, mesuraient surtout la différence entre leur fils et les autres moineaux des couvées du voisinage : tous ronds, tous gris et bruns et chantant  gaiement , tandis que leur rejeton continuait ses couinements  ridicules ;  quelque chose comme un « wi «  « wi » très doux et obstiné , pourtant et qui finissait, invariablement par agacer les nerfs.

                Quand il voulut marcher on s’aperçut sur ses pattes  étaient recourbées  vers l’intérieur, les griffes de deux d’entre elles se touchaient presque formant une sorte de cercle, presque fermé ;  si bien que ses parents qui en avaient observé sur les patins à roulettes des enfants du jardin public se demandèrent si par hasard cet engin curieux ne s’était pas hybridé avec leur oeuf. Il est à noter que le père moineau, un moment, soupçonna  bien sa femelle oiselle de quelque infidélité avec un exotique échappé  du  jardin  animalier voisin, mais l’idée  ne resta pas longtemps dans sa cervelle de volatile .

     

                Et l’oiseau donc grandit, tant bien que mal, boitillant à terre , mais par chance, il volait  et plutôt bien .

                Sa couleur voyante surtout l’obligeait, plus que ses infirmités, à se tenir à l’écart. Il savait bien que le premier chat qui passerait par là le remarquerait ou bien quelque humain attiré par son plumage inhabituel, peut-être bien une de ces élégantes qu’il voyait dans les allées et  qui arboraient sur leur chapeau les restes de ses malheureux congénères.

                A terre, il ne restait que le temps de creuser le sol , et là, son bec très long lui était avantage. Il se fit même quelques amis, heureux qu’il puisse, en temps de sécheresse, dégoter des vers de terre un peu plus profond que la longueur de leur bec normal leur permettait d’atteindre.

                 Le temps passe vite chez les oiseaux et  il voulut dès février suivant chercher compagne pour s’apparier. Ses parents (mais avait-il encore des parents ?)  , eux, avaient mis en route,dès sa sortie du nid,  une couvée supplémentaire.

                Inutile de vous dire qu’il n’y eut point d’oiselle qui dans son jardin natal voulut bien considérer ses avances . Il eut beau battre des ailes, chanter -enfin grincer serait plus juste - dès qu’elles le voyaient  brinquebaler en oscillant sur ses pattes malformées en battant des ailes pour s’équilibrer , elles s’esclaffaient à qui mieux mieux .  Et puis était-il bien de leur espèce ? Rien n’était moins sûr.

                Il n’avait pas de pair en son petit royaume , et dans ces cas-là ce qu’on a trouvé de mieux comme remède, c’est d’aller sous d’autres cieux voir si par hasard, la  vie n’y serait pas plus douce, ou si d’aventure on n’y trouverait pas davantage des oiseaux qui vous ressemblent . Ou tout au moins une oiselle qui voudrait bien faire nid commun avec lui .

                 Je ne sais pas si notre animal avait lu le conte d’Andersen qui traite d’un cas un peu semblable, mais encore bien : il était resté trop petit, trop malingre pour avoir quelque espoir un jour de se métamorphoser en cygne . Avorton doré il était, avorton doré il resterait , et de plus sans descendance, donc sans utilité aucune au sein de la nature. Enfin c’est ce qu’il se disait aux moments inévitables de désespoir.

                Mais un jour différent, un jour d’envol vers les attentes, il se mit en chemin pour ne plus revenir.

     

                Il arriva ainsi dans un village où vivait une communauté d’artisans et de commerçants, un de ces petits villages  comme on en voit encore parfois , sous la neige, sur les cartes  postales de voeux. sauf que là c’était de nouveau, la belle saison. Un village , aussi, hors du temps , comme il n’existe plus que dans le contes, précisément.

                 Il avisa dans la cour d’une demeure une haie de thuyas suffisamment dense à la base pour le dissimuler aux prédateurs, la terre semblait grasse et fertile , il n’aurait pas de mal à se nourrir. La nuit, comme il  en avait coutume, il se blottirait sous les branches, dans cet entrelacs inextricable que produisent ces conifères .

     

                La maison était celle d’une brodeuse . Une femme d’âge moyen, toujours vêtue de gris ou de bleu, une de ces femmes qu’on croise dans la rue sans rien en remarquer et qui sont comme des ombres vivantes . Elle habitait seule depuis son veuvage et n’avait pas d’enfant . Son atelier donnait sur la cour et était percé  d’une très grand fenêtre, car broder exige une bonne lumière , et il n’y avait pas de rideaux.. C’était pourtant une femme gaie et vive et souvent il l’écoutait chanter le matin quand elle se mettait à l’ouvrage .

                 Notre oiseau se mit à observer la brodeuse tous les jours en tous ces gestes, il ne savait pas pourquoi ces activités-là le fascinaient à ce point :il aimait surtout quand elle déroulait les pièces d’étoffes et qu’elle prenait de grands ciseaux pour découper dedans , les morceaux qu’elles venaient de broder,après les avoir dégagés du métier , devant lequel elle se tenait le plus clair du temps.

                 Les lames des ciseaux faisaient un  bruit que l’oiseau entendait quand la croisée était ouverte  une sorte de criaillement plaintif qui lui plaisait . Il lui venait alors des pensées un peu folles , il se disait que c’était bien dommage qu’il n’y eut pas dans le voisinage une moinelle qui eût chanté ainsi .

                 La brodeuse décorait à longueur de journée nappes d’autel , chasubles mais aussi des ouvrages plus ordinaires ,  corsages ou tablier , bas de jupons  ou revers de gilets .Son atelier était bien  achalandé et il y voyait entrer plusieurs fois le jour bourgeoises et commerçantes pour leurs commandes . Ces dames discutaient beaucoup de couleurs , et effleuraient les écheveaux d’une main déjà pleine de désir de posséder la parure  que  d’autres mains plus laborieuses réaliseraient; la brodeuse écoutait, conseillait, et prenait note.

    On arriva ainsi à l’automne

     

                Un soir, un jeune homme vint visiter la brodeuse. C’était le plus jeune fils de la filandière et la brodeuse le connaissait bien ,  sa mère lui fournissait une bonne partie du matériel nécessaire à son art . Un beau garçon , souriant et d’un naturel assez enjôleur. De son métier, ,il dessinait tout ce dont les artisans avaient besoin  comme motifs et son  talent était réputé. Il alliait le savoir faire sans lequel, à l’époque on n’eût point gagné le respect de ses pairs, à une prodigieuse imagination . Et  ce jeune homme venait de se fiancer, à la fille du forgeron. Son désir à lui était simple, était fou . Il avait vu dans un vieux livre , un dessin d’une broderie , inconnue en ce village et qui ressemblait à une dentelle par des découpures multiples et ses motifs intriqués. Il voulait pour sa promise un corsage de mariée et un bas de jupe fait de cette manière, il désirait  qu’elle fût une mariée dont on se souviendrait . Il lui montra les dessins qu’il avaient tracés : tout un enchevêtrement de tiges et de fleurs , mêlés d’oiseaux et d’animaux fantastiques. Du travail de ciseleur , d’orfèvre . C’était d’une beauté telle que le brodeuse en fut émerveillée et aussi touchée de l’amour sincère de ce grand garçon enthousiaste . Flattée aussi qu’il lui fît si totale confiance pour réaliser son projet . Elle réfléchit et donna ses conditions précises. Elle prit le temps en artisane consciencieuse d’examiner longtemps le dessin .

     Pour la broderie, je saurai,  dit-elle, mais il faudra du temps et que ta mère me fasse du fil selon mes recommandations . Pour le tissu de fond il me faudra une toile très fine et solide et si tu sais me la trouver, nous pourrons faire affaire. Le problème, ce sera les découpes...

    Le jeune homme insista , il dit que les découpes, c’était pour lui , essentiel : il voulait cette légèreté pour sa bien-aimée , ces vides valorisant le relief des motifs. Elle hocha la tête ...L’affaire fut conclue.

     

                Les semaines suivantes, le matin dès qu’il faisait assez jour  elle se mettait devant les pièces de fin linon blanc , et avec un fil de même couleur et si mince et fragile qu’elle ne pouvait utiliser que des aiguillées courtes, aussi courtes que son souffle qu’elle retenait parfois dans un excès de concentration  sur un motif plus délicat encore que les autres , elle interprétait donc les dessins fous du jeune homme amoureux. Malgré la difficulté, elle avançait .

                 L’oiseau lui, la regardait  et il s’était trouvé un poste d’observation sur le rebord de la fenêtre  Ce travail-là le fascinait, peut-être était-ce à cause des branches et des entrelacs ou bien encore de ces  bêtes qui  n’existaient que dans l’imaginaire.   Au travers  de la vitre , il n’avait  aperçu d’abord que cette grande blancheur, puis tendant son long cou,  il avait discerné  un peu mieux les motifs et reconnu tout un paysage  étrange , envahi de la neige, qui ne tarderait peut-être pas à tomber .Il se tenait tout près de l’artisane, tout juste séparé d’elle par la minceur froide du verre.

                Il  ne cherchait plus rien : lui aussi vivait au rythme du travail de la femme, ne s’en écartant que pour manger et dormir . Quelque chose en lui attendait .

                 Une par une, la brodeuse acheva les pièces, et un jour, et il lui fallut se mettre au découpages et ciselures commanditées par son client . Elle avait plusieurs paires de ciseaux, tout ce que l’industrie d’alors avait pu inventer en la matière, mais rien qui fût assez  pointu pour de telles découpes.  Elle prit  cependant le plus affûté, mais au premier essai, elle se rendit compte qu’elle n’y parviendrait jamais avec un tel outil . Le mariage approchait , les autres commandes attendaient, il lui fallait pourtant finir son travail . Elle essaya de nouveau mais les découpes n’étaient pas nettes, les ciseaux inadaptés se plaignaient . et l’oiseau sur la fenêtre hochait la tête .

                 Elle fut prise alors, malgré sa nature calme en apparence, d’un grand accès de doute et de découragement, comme si elle avait travaillé, habitée par la folie du jeune fiancé et que tout à coup la réalité reprît brusquement ses droits.

                La broderie était-là : presque féerique : toute une forêt qui courait sur les morceaux de corsage et le bas de la jupe, tout un  réseau de points soigneusement calibrés de fils amoureusement passés , tout ce travail qu’un geste maladroit, un seul, risquait de détruire . Comment faire ? Elle se jeta alors les ciseaux inadéquats par terre , et leva les yeux vers la fenêtre.

     L’oiseau se tenait là , sur ses pattes atrophiées, couleur d’or. Immobile, l’oeil intense cependant lui aussi fixait la brodeuse, qui ne voyait plus qu’une chose :  son  bec pointu , fin allongé , juste ce qu’il lui aurait fallu pour ce travail délicat :un outil qui n’existait pas encore et qui pourtant eût été tellement précieux, même dans les travaux requérant moins de soin . L’oiseau alors poussa un cri  différent de ce « wi » « ‘wi’ » habituel  et plaintif .

                La femme ouvrit la fenêtre , il se laissa saisir. Entre ses mains , le petits corps prit une froideur de métal, s’aplatit. Les doigts de la brodeuse se retrouvèrent dans les anneaux dorés des pattes, le bec était devenu deux fines lames tranchantes et pointues à souhait.
     Elle porta l’objet à ses lèvres  et le caressa de ce geste tendre de reconnaissance qu’ont parfois les ouvriers pour leurs outils . Et elle commença de découper, joyeuse, toute cette fantasmagorie de végétation  blanche  où notre oiseau doré  trouva enfin sa place .

                On dit que de  ce jour, les brodeuses de tous les pays du monde, réels ou imaginaires, ne voulurent plus pour découper leurs ouvrages que des ciseaux dorés en forme d’oiseaux au bec fin .

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  • echantillons -1

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    Entre autres manies, j'ai celle d'adorer les échantillons d'étoffes, que j'ai souvent utilisés dans mes quilts; il m'arrive aussi de rechercher des catalogues anciens ,  que je garde à titre documentaire en quelque sorte. Certains comme celui-ci, ont servi de cahier de jeux et coloriage à des enfants d'alors. Bien que sans date apparente, d'après la mode et les motifs des étoffes, je le situerai volontiers à la fin des années 40  ou les early fifties. Il m'a été vendu à un prix très réduit en raison des gribouillages, mais comme "complet" c'est à dire sans manque.

    De fait, complet, il l'est, mais la petite fille qui l'a "amélioré" d'une façon charmante a visiblement comblé les manques à sa façon avec des étoffes de coton plus ordinaire que les belles soies annoncées (dans les collections d'échantillons c'est souvent le plus grand morceau qui a  été récupéré) mais il  est à noter qu'elle l'a fait avec un sens des couleurs et de ce que je nomme l'assortissage  remarquable. Visiblement elle avait l'oeil ! Témoin la photo ci-dessous où l'imprimé à carreaux ne jure pas avec les petits bouts de soie d'origine.

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    Comme pas mal de catalogues de l'époque, celui-ci comporte un certain nombre de modèles de robes et tenues , dessinées ,  par un ou une styliste anonyme. Là encore notre petit lutin transformeur a frappé ... la plupart des dames ont été adornées d'une moustache .

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    Parfois les silhouettes ont été habillées  de tulle noir, comme celle-ci :

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    Ou celle-ci, qui, épargnée par la pilosité supplétive des autres figurines , est drapée avec beaucoup d'adresse et je sais des artistes textiles qui ne la renieraient pas dans leurs propres créations Sourire

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    Enfin sur les pages vierges de l'album , la petite fille prénommée Martine  a dessiné .... ses rêves :

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    En résumé une acquisition qui m'a touchée et amusée plus qu'un catalogue intact et sans défauts....

    Vous pouvez sur la suite du billet voir quelques images de plus .

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  • Copyright : le passage d'un art dans un autre. questions .

     

    On le sait , quand il s'agit de notre art -ou activité - je suis assez "intraitable" sur l'honnêté face au copyright, c'est à dire au respect du travail d'une autre personne à l'intérieur d'une même discipline. 

     

    Mais il m'arrive aussi de m'interroger sur la rigueur du copyright quand on passe d'un art dans un autre.

    Voici ce que dit la loi française à cet égard

    Mais on peut aussi lire l'article de wikipédia , qui cerne bien la différence entre copie et oeuvre dérivée.Et parle effectivement d'un flou dans la jurisprudence .

     Certaines lectures sur des sites de photographes très chatouilleux, voire pinailleurs  sur leurs droits d'auteur -ce que je comprends aisément si on leur  vole leur cliché et qu'on l'uitlise tel quel sans leur autorisation.- m'ont laissée rêveuse !

    Je comprends moins quand il s'agit d'une adaptation dans un autre art totalement différent.

    J'adapte souvent des dessins ou photos dont je suis l'auteur, et je sais la différence qu'il ya entre ce travail et le vol pur et simple d'une photo ou d'un dessin tel qu'il est . En moi la photographe et l'artiste numérique n'utilisent pas du tout les mêmes compétences que la brodeuse ou l'artiste textile . Il est certain  que si je retrouvais une de mes  images numériques adaptées en textile sans que mon nom soit cité , ça ne me ferait pas plaisir, mais je comprendrais au vu du caractère de  la loi mais  cela ne vaut pas autorisation à le faire Sourire. mais si on cite mon nom, je serais heureuse d'avoir créé quelque chose de générateur et de matriciel.

    D'ailleurs le terme d'adaptation est souvent impropre quand il s'agit parfois d'une véritable  métamorphose. Cela pose le problème de la liberté de l'inspiration, ni plus ni moins. Quand la source est ancienne, pas de problème , sauf que vu la difficulté à user d'une source non "libre de droits" contemporaine, on condamne plus ou moins l'inspiration à une certaine sclérose...ce que je nomme une "assignation à résidence" .

    Sur un site, une dessinatrice portraitiste signale fort justement que si elle respecte à la fois le droit à la représentation de la personne et celui du photographe dont elle s'est éventuellement inspirée, elle ne peut créer qu'avec des sources déjà choisies par d'autres qu'elle-même, les "autorisées", donc dans des rails ...Or je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais quand je ne dessine pas ou que je ne photographie pas par moi-même, j'aime être libre de mon point de départ et l'idée de servir moi-même de point de départ à d'autres n'est soumise qu'à une condition : citer sa source.en particulier lorsqu'elle est unique et reconnaissable. Malheureusement au yeux de la loi, ça ne suffit pas .Il est vrai :  problèmes d'argent là -dessous, je m'en doute...

     

      La création graphique ou  picturale d'après photographie ne date pas d'hier, Témoin le peintre Utrillo qui peignait, dit-on, souvent d'après des cartes postales : je doute fort qu'il en ait demandé l'autorisation à quiconque pour ce faire et encore moins qu'il ait payé des droits d'adaptation à l'auteur de la photographie de la carte postale !...Et même que celui-ci ait songé à les lui demander; autres temps autres moeurs... Si je me trompe, dites-le moi .

      Donc si on on ne considère pas ce fait comme une malhonnêteté, parce que c'est un grand peintre, Pourquoi alors en blâmer voire sanctionner pénalement  les artistes d'aujourd'hui qui font la même chose ? On devient de plus en plus procédurier à cet égard !

    On va jusqu'à affimer que les collagistes devraient demander une autorisation  pour chaque image découpée ..du moins selon le droit français appliqué à la lettre, On imagine : ce serait la mort de cet art, à court terme.C'est comme si nous autres quilteuses nous devions un copyright sur chaque tissu de créateur utilisé en recomposition, même ayant acheté le tissu...

    De plus le temps que l'autorisation éventuelle soit accordée, et que tous ces problèmes de droit soient réglés, l'inspiration, elle, qui est volatile par excellence ce sera peut-être évaporée .

    J'aimerais qu'on réfléchisse à cela . Quand on  "vole" une photo, un dessin, un modèle de quilt ou de broderie et qu'on le fait passer pour sien, on n'est tout de même pas dans la même optique que l'artiste qui s'inspire de tout ce qu'il voit  et pour qui la photo n'est qu'un point de départ comme un autre. Un point de départ qui a un auteur, certes  mais pourquoi ne suffit-il pas de le citer ? Surtout si l'oeuvre n'est pas créée pour être vendue, mais juste publiée sur un site . Souvent quand l'artiste  s'en aperçoit -trop tard- il risque plus à le dire qu'à le taire -peu de chances d'être reconnu...surtout si l'adaptation est vraiment métamorphose-  et beaucoup croient de bonne foi être dans leur droit tant ils ont investi d'eux-mêmes dans ce passage dans un nouvel art . Cela n'a rien à voir avec la dame qui copiant un modèle de quilt dans une revue s'imagine que le coudre c'est  c'est le créer... et pourtant juridiquement c'est  traité de façon proche au niveau du "délit" !

    .il faudrait alors pousser le raisonnement appliqué à  l'art de la photographie -qui semble le plus sourcilleux de ses droits d'adaptation - !Mettons que je prenne une photo de rose , créée par un pépiniériste (et c'est un sacré boulot de créer une nouvelle rose ... qui peut être considéré comme artistique )- cette photo sera donc bien stricto sensu une adaptation de la rose de l'art du pépiniériste dans l'art de la photographie. Sans parler de l'art du jardinier ou du paysagiste qui l'a fait pousser et éclore . Il  est évident que la beauté de ma photo devra beaucoup à la beauté de la fleur  que je n'ai pas créée . Or personne en ce cas n'aurait idée de demander l'aval du créateur de la rose , ou de payer un droit sur chaque cliché de rose prise à tous les pépiniéristes du monde .La rose est pourtant protégée par des droits (on n'a pas le droit de la bouturer et de la reproduire pour la vendre ..)  Mais si moi, je veux adapter en broderie la photo d'une rose prise par une autre personne, je devrais alors lui demander autorisation, voire lui payer un droit d'adaptation ? Eh bien je le ferai le jour où tous les photographes du monde , en arroseurs arrosés ne pourront plus rien photographier sans demander l'aval de qui l'a fait et là ça risque d'être fort complexe. C'est d'ailleurs déjà en train, tant faire de l'argent avec tout et n'importe quoi est encouragé sous couvert de "protéger".

    Ce qui se passe en réalité c'est que vu le nombre de clichés sur internet, les artistes adaptent ou utliisent sans demander la permission par peur de la voir refusée ou de devoir payer et ne disent plus leur source graphique. L’honnêteté et la sincérité n'y gagnent pas et on atteint parfois des sommets d'absurdité côté tracasserie .Je ne parle pas, je le répète, des personnes qui se servent de la photo telle quelle .

    Puisque la loi reconnaît le statut de création aux re-créations d'après une source identifiée ,qu'on exige juste cette reconnaissance de source quelle que soit la date de cette source. Sans autorisation à demander ou droit parfois exorbitant à acquitter, pourvu que le nom du créateur de l'oeuvre première qui n'est "orginale" que dans sa discipline  soit citée.Si l'auteur n'est  pas d'accord pour qu'on le cite, il pourra le dire (admettons qu'il trouve que ma broderie déshonore sa sublime photographieSourire ).  Car ce sont surtout les photographes qui montent au créneau ...sur  ce droit de passage dans un autre art ...Ce serait  à mon avis un encouragement à se monter honnête , alors que le droit actuel -outre qu'il est souvent ignoré, de bonne foi - conduit au contraire  à dissimuler .On obtient le résultat contraire à celui escompté par excès de rigueur (et encore rigueur sélective comme le montre l'exemple de la photo de la rose ... ).

    Je rappelle que si vous avez un problème pour poster un commentaire vous pouvez m'écrire sur chiffondart@aol.com
     .

     

     

     

     

  • Toujours méchante jamais contente

     On me faisait la remarquer sur un Forum récemment que je songeais toujours à critiquer et pas pas à encourager. Je le voudrais bien , mais comment le pourrais-je, souvent ?  quand j'admire, j'aime savoir déjà, ce que je regarde

    Promenade sur les blogs au hasard de publications,je tombe sur un site adorné d'un quilt  présenté comme l'oeuvre "superbe" de X, une dame du club, probablement .

    Le problème c'est qu'au premier coup d'oeil je reconnais, étant du métier, que l"oeuvre imputée à la quilteuse  X qui a si "superbement "travaillé en couture -je n'en disconviens même pas-  n'est pas.. "son" oeuvre comme affimé, ou alors le mot a changé de sens pendant la nuit sans que je m'en aperçoive !- mais la copie conforme d'une oeuvre de  l'artiste américaine bien connue Caryl Bryer Fallert   qu'on peut voir ici.sous le titre Flying free  2.

    Certes l'artiste en vendant modèles, patrons et kits  autorise la copie de ses oeuvres, mais elle n'autorise pas qu'on s'en approprie la propriété intellectuelle  : le voudrait-elle, elle ne le pourrait pas , c'est "inaliénable" .Non  : le fait de payer le patron ne donne pas le droit  de se l'approprier en tant que créateur. Dans le même esprit sur un autre site on voyait naguère, une dame réclamer des copyrights sur ses "oeuvres" parmi lesquelles on reconnaissait entre autres  une oeuvre célèbre de Joan Colvin, faisant la couverture d'un de ses livres.   .. Copyright sur quoi ? Si on n'a pas conçu c'est à dire composé sa surface soi-même et surtout si on a utilisé  un dessin contemporain bien reconnaissable, pris , avec son aval ou non ,  à un(e) artiste connue,  Non même si on a payé, on n'a pas le droit de le publier comme oeuvre de soi-même ,

    Nous avons peu de public, sans doute, mais ce n'est pas une raison pour l'induire en erreur. Tout au contraire, on éviterait par un abord honnête et sincère, les ricanements sur l'activité ou a contrario les admirations mal orientées de spectateurs qui croient, légitimement, que si on met son nom sur le tableau textile, ce n'est pas pour avoir acheté le kit ou le patron,mais pour avoir composé élu couleurs valeurs et étoffes soi-même. Comment pourrait-il savoir le public que ce qu'il regarde n'existe que par un autre travail réellement créateur celui-là -et non créatif!- puisqu'on le lui cache et souvent sciemment, pour se faire valoir?

    Car je pense que nombre de quilteuses sont persuadées que "le coudre de ses mains, c'est le "créer" tant le mot loisirs créatifs si impropre a fait commercialement son œuvre.  Mais ce n'est pas le commerce qui fixe le sens des mots et qui change la réalité des faits ni le droit de la propriété intellectuelle  : il produit une illusion dans le but de vendre . C'est son rôle .

    il suffit de réfléchir un peu . L'oeuvre superbe de madame X signalée plus haut d'abord existe déjà et sous cette forme exacte. donc Madame X ,n'en est pas l"'auteur , donc madame X ne peut signer , ni publier sous son nom. madame X et la responsable du site qui la publie devraient dire : conçu par Caryl Bryer Fallert et re- cousu par Madame X; d'autant que Madame X n'est pas non plus la "petite main attitrée de l’artiste, comme il en existe pour certains artistes hommes, qui conçoivent sans coudre. Non c'est l'acheteuse d'un kit ou d'un modèle qui a su le réaliser; Fort bien , certes, tout le monde n'en est pas capable OK; Mais ça n'empêche : ce n'est pas "son" œuvre.

    Ce n'est que deux exemples, je ne passe pas mon temps à fliquer les autres, mais je voudrais pour admirer savoir ce que j'admire. Depuis des années je songe, je vous l'ai dit, à  créer un index sur le net des oeuvres textiles patchwork mosaïque inclus - et je ne puis le faire. J'envisage ce travail avec rigueur  et honnêteté sinon c'est du temps perdu et je ne me vois pas passer x heures à enregistrer des copies ou des kits réalisés comme "oeuvres originales" de la personne qui les a  juste cousues.Une telle entreprise ne pourrait reposer que sur ma confiance en l'auteur "déclaré". Comme on ne peut pas faire de reconnaissance de paternité pour les quilts ...on voit l'étendue du problème   Malheureusement, on voit du mépris dans ce que je dis, alors que c'est juste un  rappel de comment "scientifiquement" et légalement le monde de l'art - fût-il art appliqué ou décoratif- et son histoire en tant que science,  fonctionnent. Ce n'est pas anodin .C'est tout de même la manière dont fonctionne aussi ce qui dans d’autres pays (Royaume-uni, USA ) est tout de même considéré aussi comme un art. Mais ce n'est possible que par une certaine rigueur dans la reconnaissance des sources graphiques et autres "modèles" utilisés, même légalement .On peut faire comme on veut, mais à condition de ne pas mentir (et se mentir à soi-même non plus!) par omission!

    Internet est un espace public !Pas votre maison où vous montrez en privé pour faire admirer votre talent de  couturière experte à votre famille et vos amis.

    Il  y a fort heureusement des blogs honnêtes où on montre le livre ou la revue qu'on a suivie pour créer ce qu'on nous met sous les yeux.  Si c'est dit, c'est bien : on sait ce qu'on  regarde et nous pouvons toutes participer justement à revaloriser l'image du patchwork assez désastreuse en milieu artistique et pour cause. Il n'y a pas de honte à en faire un loisir de reproduction ou de démarque proche en revanche donner comme je le vois aussi des tutoriels d’œuvres où a juste changé un détail pour se les approprier sans mention du travail original ..et parfois même les vendre relève de la malhonnêteté.

     

    Même si dans l'idéal, j'aimerais  mieux  qu'on montre plus souvent  des   élaborations vraiment personnelles , avec démarche  : le" comment on est arrivé à ce qu'on voit".  Normalement dans une création, même si la source graphique-le dessin , le bloc- n'est pas de vous, tout le reste -qui n'est pas rien- l'est et il vous reflète, vous : votre sens de la composition et des couleurs,  pas forcément du "dessin d'art qui est une autre discipline , votre choix d'étoffes -car oui un choix d'étoffes peut être une expression personnelle. C'est même l'origine de notre art : se dire par le moyen de tissus-qu'on choisit soi même- assemblés . sinon on  reste dans la simple compétence technique et  c'est tout autre chose.

    Qu’on aime surtout coudre pour avoir de belles choses faites de sa main , qu'on soit fière de sa capacité à le faire ;  je le comprends aisément . Mais qu'on ne différencie pas une réalisation d'après kit ou patron d'une création authentique et qu'on fasse tout pour créer le doute en sa faveur me questionne sur les abimes soit de vanité, soit d'ignorance de ce qu'est un parcours artistique et réellement de création ...que cela présuppose.

    Un artiste concepteur- je n'ose plus dire créateur tant la  création est mise à toutes les sauces - vous savez c'est quelqu'un qui travaille beaucoup et notamment au niveau de la conception  personnelle de ses oeuvres , c'est son travail que vous piétinez à chaque fois que vous agissez ainsi laissant croire que le patchwork ce n'est que cela : de la  belle couture d'après modèles dont on devient l'auteur parce qu'on le coud !

    Si vous recopiez une page de Victor Hugo, même en  calligraphie vous n'êtes pas l'auteur du texte de Victor Hugo, mais vous pouvez revendiquer votre talent de calligraphe. Seulement, une exposition de calligraphie n'est jamais montrée comme étant de la création "littéraire" sauf si auteur et calligraphe coïncident .

    Les activités d'un club quel qu'il soit sont evidemment publiables, mais celles qui gèrent les pages devraient avoir conscience un peu plus de leur responsabilité à la fois à l'égard du droit  (publier sous un autre nom la création d'un  autre reste illégal , même ci cet autre ferme parfois  les yeux pour ne pas perdre  son chaland !) et aussi à l'égard de l'activité que d'autres exercent autrement .Et qu'on ne se dédouane pas en disant "tout le monde le fait, alors "... d'abord c 'est faux (les blogs honnêtes que je signalais) et ensuite ce n'est pas une excuse c'est aggraver son cas par une sorte de lâcheté collective.

    Ce que je signe, même si ce n'est pas "superbe" c'est au moins de moi , c'est' mes idées, mes rêves , ma passion, mes recherches, mes erreurs et mes errances, mes "ratés"  . Mes sources sont citées et mes emprunts aux autres œuvres textiles reconnus. Je me demande parfois si ce n'est pas pour cette raison, que reconnue, en milieu "quiltique", je le suis peu et exposée encore moins ! Le travail que je délègue l'est aussi.Permettez- moi d'en être plus fière que d'un bel ouvrage que j'aurais cousu grâce au travail d'une autre  sans le signaler. Je ne comprends même pas qu'on puisse agir ainsi et y trouver un quelconque plaisir, puisque mon plaisir à moi c'est d'imaginer ...non sans inspiration, certes mais je l'ai dit mille fois s'inspirer de, c'est s'imprégner non d'une œuvre unique qu'on reproduit quasi telle quelle, mais de tout ce qu'on voit et admire.

    A quand un signalement et étiquetage  honnête de tous les patchworks et œuvres textiles exposées ? On me verrait alors, peut-être,  vraiment admirative.
     

  • Etiqueter un quilt ou un ouvrage textile

    Je vois souvent des demandes du style :

     Comment étiqueter un quilt....
    Souvent les réponses se bornent à des soucis d'esthétique, d'apparence, ou de techniques.  Je conviens que c'est très utile pour réaliser, voire indispensable.

    Si on veut des "idées", il suffit de taper "label quilts"ou quilt tags" sur un moteur de recherche et là, on peut voir des dizaines d'étiquettes  s'afficher... De même sur d'innombrables blogs et  les logiciels de patchwork en proposent à imprimer.

    Mon propos ne sera donc pas de vous indiquer des présentations possibles .

    Pour moi l'esthétique de l'affaire, "la jolie étiquette",   je n'en ai guère le temps vu la pile d'ouvrages à finir, les idées nouvelles qui pressent à la porte mais je sais et je comprends parfaitement que pour beaucoup l'étiquetage fasse partie de l'ouvrage et même s'y intègre par un effet de raffinement subtil ...

    Une étiquette,  c'est fait aussi et surtout, indépendamment du fait qu'elle soit jolie ou juste fonctionnelle, pour donner des renseignements sur la surface textile qu'on vient de terminer et ce, dans une perspective d'identification présente et future.

    Pour "signer" .. mais je rappelle, une fois encore  qu'un artiste ne signe que ce dont il est l'auteur , pas l’exécutant ...

    Le terme "fait par" notamment reste à mon avis dans ce vague que je dénonce ... je sais bien que beaucoup de femmes qui cousent et brodent le font "sans se prendre la tête"  -c'est ce" qu'on me dit- mais on peut essayer de comprendre aussi que cet amalgame entretient notre art dans un flou qui justement n'a rien d'artistique et donc de rigoureux, côté information. et que la personne qui s'est donné du mal pour concevoir et élaborer, ce "fait par" lui mord le cœur un peu à chaque fois puisqu'il assimile son travail personnel à un non-travail, sans réelle importance. Disons que celle qui en bénéficie et qui, sans cela, n'aurait pas "cousu" quoi que ce soit, mise sur un pied d'égalité avec celle qui a conçu , ça ne passe pas. Pas plus au niveau des étiquettes qu'ailleurs.

    Donc ce que je fais,  non comme exemple, mais comme suggestion !

    Pour ma part je précise  d'abord le titre  et les dimensions et la date. Je choisis  la date d'achèvement car écrire 1991-2015 au vu des abandons et des reprises n'a guère d'intérêt  au sens du temps réel !

     Puis je note création de...  . Je précise aussi le nom du bloc que j'ai utilisé le cas échéant (rappel : un bloc en noir et blanc n'est pas un modèle..mais une source graphique ), et si le dessin est personnel je le note (idem pour les broderies, je distingue celles où j'ai utilisé un dessin -en  noir et blanc- et pris au "domaine public" et celles où j'ai dessiné et composé moi-même. les personnes  ignorant  notre art ne le savent pas et il s'agit bien d'informer un public éventuel , non de l'induire en erreur à notre avantage.

    Si ce n'en était pas une, de création,  je préciserai : interprétation libre du modèle- je parle ici du plan et des explications empruntées - de (et le nom de la créatrice véritable) ,à utiliser si ,au moins, le choix des couleurs et des étoffes sont de vous. .

    et si je faisais un "la manière de" j'entends par là quelque chose qui doit énormément au style de quelqu'un d'autre ou à ses techniquis d'assemblage, même si ça peut compter comme "création originale" je m'en sentirais tenue de le dire comme je l'ai fait sur ce site pour les quilts le Berceau du Monde et le Conservatoire

    de même si on démarque un peintre et qu'on fait un à la façon de "Mondrian," Klee"; ou autre.

    Je ne crois pas qu'on se dévalue en étant honnête , et si c'est le cas,  cela voudrait dire alors que les personnes qui jugent de la valeur d'un quilt devraient revoir leurs critères !

    Et s'il s'agit d'une reproduction intégrale , ou  d'une démarque très proche , il convient aussi de le dire. Même si vous avez changé la bordure ...

    Je précise aussi le nom de la personne qui a matelassé  si ce n'est pas moi .

    On peut noter cela rapidement sous la forme ; composé par : nom du designer, cousu par (nom de l'exécutante) , matelassé par (nom de la quilteuse). et si c'est vous qui faites les trois vous mettez composé, cousu et matelassé par ... .

    On peut préciser les matières  (soie- coton -synthétique ) et les techniques : main, machine.

    Pourquoi : parce que si un jour le quilt est retrouvé, dans l'hypothèse  où on voudra le conserver  , on saura qui a fait quoi et si ce n'est pas important pour vous, c'est important au moins dans une perspective de l'histoire textile.

    J'aime l'idée que nous pourrions toutes  travailler  à un juste regard sur ce que nous "faisons".

    Les quilts d'autrefois qu'on retrouve sont souvent anonymes et il est vrai, on sait qu'il  existé très tôt des patrons, voire des kits,mais il n'y avait pas des milliers de modèles comme aujourd'hui en couleurs et avec tutoriels détaillés... . Donc cette honnêteté des plus élémentaires (mais si peu observée!) permettrait  pour le futur d'y voir clair, un peu plus.

    Utile aussi en cas de publication ou d'exposition : il suffirait de reproduire les renseignements sur un bristol.

    Dans l'idéal on peut joindre par exemple dans un sachet en tissu attaché au dos ,en cas de création et -c'est un bon moyen de l'authentifier, par rapport aux innombrables "inspirés de"  une fiche indiquant tout ce qui a présidé à la conception de l'ouvrage : idée de départ, voire un schéma de votre main , ce qui vous a mise en route , comment cette surface s'est élaborée jusqu'à être ce qu'on voit . Pas besoin d'être écrivain , des notes suffisent .

    Des indications sur l'entretien ne sont pas inutiles  et également sur les étoffes utilisées , par exemple si elles sont anciennes et que vous en connaissez la date approximative enfin tout ce qui vous paraît utile à transmettre. Pour ma part je garde tous ces renseignements dans des dossiers , mais les joindre à l'ouvrage est envisageable.

    Dessous et en sus (!)  ce que je nomme mon étiquette supplémentaire "offensive" .....

    Etiquette quilt2 1

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  • Commentaires

    • Le 30/08/2014

    Important : on m'a signalé des diffculltés à poster des commentaires qui peuvent venir de la manière dont vous avez configuré votre PC à  propos des publicités notamment.ou de la sécurité  si c'est le cas, pensez que j'ai un e mail   ....chiffondart@aol.com...ce serait dommage d'avoir quelque chose à communiquer sans pouvoir le faire.

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  • A propos des concours

    Un débat récent sur le sujet  sur un Forum et comme j'ai déjà écrit un article à ce sujet qu'on peut trouver ici ..

    Cet article étant destiné à la publication -il a d'ailleurs été beaucoup lu- je ne pouvais pas y exposer  les choses de manière très personnelle

    Ce  que j'écris ici  est de parti-pris et je l'assume. Je n'espère d'ailleurs convaincre qui que ce soit, la pierre est trop lourde à soulever ...

    Il suffirait peut-être de regarder aussi ce que je fais pour comprendre les raisons de ma colère et de mon irritation .De ma tristesse aussi devant la pesanteur des préjugés, des  prêts- à- penser, de l'absence totale de questionnement  sur le bien  fondé de quelque chose pourvu que la majorité en soit satisfaite ... et que" tout le monde pense/fait comme ça.... "et qu'il y en partout , alors .." est-ce forcément un bien pour autant ? On  pourrait  citer nombre de coutumes et rites, passages imposés,  qu'on a justifiés ainsi avant de s'apercevoir qu'en faisant autrement non seulement ça n'allait pas plus mal, mais plutôt mieux :..

     

    On ne donne pas à boire non plus à qui n'a pas soif .Mais on peut poser le réservoir à portée de main on ne sait jamais ...

     

     J'ai participé à des expositions-concours (très peu de fois) car c'est le seul moyen pour nous textiliiennes de base, de montrer en vrai ce que nous faisons, au public.  Pour moi l'essentiel est de partager , ce que je crée est conçu entièrement comme un don vers les autres. Je n'en attends pas d'autres récompenses qu'une émotion partagée et  . C'est pourquoi j'ai décidé d'ouvrir ma maison pour visite guidée de mon oeuvre à qui le voudrait .Même si on ne s'y bouscule pas- j'ai le malheur d'habiter une région non touristique-, je trouve ce contact et ce partage-là beaucoup plus satisfaisant . Et c'est un  moyen de faire connaître non pas seulement mon œuvre dont je sais bien qu'elle nest pas  jugée "grande"je n'ai pas eu de prix à Houston ou ailleurs .. où il faut en  avoir à vos yeux, mes soeurs,   pour être reconnue .. - mais notre art. Et ma récompense suprême c'est de voir changer les gens d'opinion en regardant ce que je propose à leurs regards et en écoutant(patiemment)  mes plaidoyers pour .. ..  Quand ils repartent d'ici, parfois,  pour eux le mot patchwork a changé de sens. Là oui, je suis fière et je me sens utile, non pas à moi -même ça ne change rien à la promotion de mon œuvre qui je le sais bien restera ignorée , mais au moins j'aurais essayé de faire changer le regard sur nos arts textiles. Et ailleurs que dans ce  cercle étroit des milieux dits spécialisés. C'est crucial.           

     

    On  m'écrit " comprenez que certaines en ont besoin des concours... ça stimule leur imagination." on me dit :  "quelle récompense quand on est primée" . On y croit , ça aide , à "se dépasser" ou à croire naïvement qu'on a dépassé les autres ?-  . Moi j'y vois surtout de l'auto-satisfaction sans réelle modestie c'est à dire doute et questionnement sur ce qu'on fait. Même si c'est irrespectueux, je ne le dis pas pour blesser mais somme toute, on ne me fait pas de cadeau à moi non plus,  de ma franchise, je pense à ces susucres pour chien-chien que seuls les chiens obéissants obtiennent.

    Je ne fais pas le beau, j'essaie de créer de la beauté ou de l'expressivité, à ma manière .Et j'échouerai à "faire la belle" à tous les sens du mot:-)... le concours de Miss Patchwork, c'est pas pour moi, les 'championnats" non plus -qui existent réellement! -   (sourions je ne  le dis pas méchamment). Si j'avais voulu être méchante j'aurais dit que les poules, le vaches et les camemberts ont aussi des prix  mais que c'est fait pour vendre !!

     

    Dissidente donc encore. non seulement je n'y crois pas mais je crois aussi que cette façon, hélas majoritaire, d'aborder notre art ne contribue pas peu à le maintenir dans une sorte de cercle étroit , où on se coopte, se congratule, se flagorne, et parfois on tire un peu la couverture à soi ...ou le tapis sous les pattes de l'autre...

    Une fois sur ce même Forum, une dame demandait des modèles pour un concours.. Et on lui en donnait.Et on a zappé, naturellement,  ma question à ce sujet . On voit donc comment  l'imagination vient au pouvoir, parfois ...

     Je ne l'envie pas, cette "imagination" - là  même si c'est, je m'en doute l'interprétation  qu'on en donne .Ce que j'aurais voulu faire saisir c'est des oeuvres d'art ne se classent pas, même si elles peuvent s'évaluer. Tout ne se vaut pas , mais dans ce qui vaut décider de qui prévaut en mettant des premiers prix et   des deuxièmes ..On ne voit même pas l'absurdité de la chose : celui-ci  "vaudrait un peu moins " que le précédent,  parce qu'il a remporté moins de voix! Mais il ne s'agit pas d'élire un politique à un poste!

     

     

    Et ce n'est pas non plus un concours technique  de couture qui exigerait  déjà que toutes aient travaillé au moins sur la même technique.Et serait nul et non avenu s'il s'agit de noter l'art, dans  l'oeuvre le fond et la forme allant de pair... ou alors Magritte aurait 20 pour couvrir ses fonds et de Stael zéro ... car on en est là côté "mesdames qui jugent en expertes" -sans dire sur quoi repose vraiment leur autorité , d'ailleurs et je me permets de la contester au passage -   parce qu' agissant ainsi , elles n'en font vraiment  pas la preuve .

     

     Et précisément je trouve que c'est un  reflet de groupes qui fonctionnant selon les principes d'une démocratie interne, oublient que l'art n'a rien à voir avec la chose. Déjà les personnes qui président sont-elles élues sur les connaissances qu'elles ont dans l'art qu'elles sont censées représenter ? C'est un vote interne , qui les désigne ,  comme dans toute association , et les qualités humaines de dévouement, de sens de l'organisation ne donnent pas valence et compétence automatique  pour juger de l'oeuvre des autres ( cela manque un peu de crédibilité. C'est d'ailleurs renforcé par la croyance  béate et universelle que celui qui a "le plus de votes"  serait le meilleur...Le livre le plus vendu est rarement, en littérature, où j'ai compétence  à juger, "le meilleur", et quasiment jamais  le plus profond  qui pourtant nourrirait  l'esprit mais demanderait un  effort .

    L'humain aime la facilité (et la flatterie!) , c'est couru  .Alors comment la valeur d'une œuvre pourrait-elle dépendre du nombre de voix ici ou là . S'y ajoute le principe de relativité. On peut se dire si on est réellement  modeste et  juste envers le travail des concurrentes : "un autre jury, un autre public ne m'aurait pas décerné le prix ..." ça,  je ne l'entends pas souvent.Et pour cause,  si  c'est la seule ou principale  motivation d'une majorité...on le comprend .

    Il n'y a pas de "meilleur"ni de "premier"  c'est impossible. Même pour le jury le plus savant en histoire du patchwork et de l'art textile, même si on suppose que ce jury passe son temps à observer et analyser les œuvres des autres (ce que font les critiques et chroniqueurs d'art qui éclairent les oeuvres  et ne les classent pas ! ) ce dont je doute un peu et- même beaucoup à lire les blogs de certains "juges" ...ou personnes qui font la pluie et le beau temps dans notre "corporation" , bref que ce jury est là pour d'autres raisons que pour des qualités de bonne bénévole associative, qualités que je ne méprise nullement, mais si on mélange les compétences..c'est au moins un manque de rigueur. 

     

    J'interroge aussi l'honnêteté intellectuelle à le faire, mais je ne sais si on peut attendre beaucoup de la part de personnes pour qui copier,  s'approprier les idées des autres en "adaptant" est  comportement normal puisque "tout le monde le fait" ..du moment qu'on le fait sans le dire et que personne ne s'en aperçoit ...

     

    On pourrait exposer avec des thèmes (puisque eux aussi stimuleraient l'imagination, ce que je veux bien admettre au moins pour certains ), des sélections, car les murs ne sont pas extensibles à l'infini. Rien n'oblige à organiser ces concours. Et  même si une voix me souffle qu'il  y en aurait toujours eu en art (surtout en artisanat d'art) et en littérature c'est qu'il faut vendre .(ou faire vendre).Combien de concours sponsorisés par marque de fils ou de machines à coudre ou revues d'art textile ? Pas un mal en soi, mais qu'on soit alors honnêtes!

    Le temps et l’énergie économisés-puisque ces bonnes bénévoles s'en plaignent !-  pourraient servir  à promouvoir  notre art et non des  vedettes ponctuelles à usage interne, si j'ose dire,  ici ou là ...  On on aurait peut-être une chance de le voir figurer à sa place dans les livres d'histoire de l'art dont il est le grand exclu ...même côté art décoratif ... de voir des recensions sur les quilts qui ressemblent à celles sur peintures ou gravures ,d'en voir accrochés à l'égal des tableaux dans les galeries d'art ... chercher des lieux où montrer et conserver (en trente ans on  aurait pu essayer !!) ., se mettre à la construction d'un index honnête et rigoureux  qui admettrait copies et interprétations mais comme telles et non comme  créations (car si on veut un jour être prises au sérieux en dehors de nos cercles, c'est absolument indispensable ) .

    Evidemment c'est plus difficile. Et qu'on ne me dise pas "et toi qu'as-t fait  ? "car j'ai au moins essayé. . Mon parcours en  témoigne-encore faudrait-il le lire! et on ne lit que les stars chez nous comme ailleurs --  et de cela, oui je suis fière,  beaucoup plus que d'un prix sur un de mes ouvrages qui ne m'apporterait qu'une bouffée de satisfaction égoïste dans mon coin, et rien à notre art  dans une perspective de changer le regard sur lui. Non vraiment rien .

    Je ne suis ni jalouse ni aigrie...en matière de reconnaissance  que je ne confonds pas avec la gloriole et la vanité. Mais qui saisit la différence ?

    Ce qui me motive ce sont les tissus, les fils, les mots, les images  les envies  que j'ai autour et qui ne cessent pas ... mes carnets sont pleins de projets  ...mon imagination je dois la canaliser sans cesse,  pas la stimuler. Je suis bien dans ce que je fais et que je sens en moi comme un  infini qui vibre .  ma récompense c'est aussi d'approcher des visions que j'ai ...

    J'ai eu beaucoup de joies, de rencontres, de dialogues y compris avec des gens bien plus connus que moi, de gens qui comptent eux dans le monde de l'art et de l'art textile ,(preuves en privé à qui me les demande)  -leur estime est aussi une joie, pas une récompense!-  mais je ne l'étale pas dans un  CV officiel. J'ai vendu des oeuvres, j'ai exposé en galerie d'art j'ai eu deux fois mon portrait d’artiste et je ne dis tout cela que pour souligner que côté vanité j'ai de quoi aussi me satisfaire. Donc pas d'envie dans ce que je dis..mais réflexion sur cette vanité, tout de même un peu médiocre de celles qui disent vouloir se dépasser elles-mêmes avec le désir secret d'être "premier prix" -donc de dépasser les autres. C'est indiscutable, Si on veut  vraiment "valoir"  il suffit de sentir que ce qu'on fait est en harmonie avec ce quon souhaite faire (d'autres finissent toujours par vous le dire , qui sont eux aussi en phase avec ce que  vous faites )  ça ne veut pas dire que vous êtes "la meilleure" ça veut dire que vous avez la capacité de toucher un public : qui ne vous connaît  pas (toujours) et qui ne se connaît pas entre soi .... et si vous n'êtes pas "la meilleure" "la preum"  de ce lot-là avec ce jury-là ... vous aurez au moins fait passer quelque chose . J'ai coutume de dire "cela n'a pas de prix" et je le répète.

    Une reconnaissance n'est pas une "récompense" c'est une justice rendue à une oeuvre, à un artiste, une mise en lumière de son travail, dans son ensemble ..cela je l'ai eu ..  !mais ce n'est pas pour cela que je crée  et  je n'ai pas "concouru" pour l'avoir : je suis juste allée-j'ai même affronté!-  vers les gens, j'ai débattu, montré,  discuté.  C'est passionnant. je m'y suis fait de belles amitiés sans rivalité ...on y respire aussi pardonnez_moi un peu plus d'oxygène et pour pour être carrée un  peu plus d'intelligence  c'est à dire moins de bornage et de conformisme, de "ça s'est toujours fait comme ça" et d'arguments qui n'en sont pas parce qu'ils ne reposent que sur un consensus qui n'a pour  lui que le nombre et non la réflexion réelle.


    On m'a donné un cerveau  - et appris à m'en servir : je m'en sers. Pour moi réfléchir, c'est questionner ses pratiques et  celles des autres, c'est signaler aussi ce qui semble nuisible au regard que le monde porte sur notre art (déjà que c'est de l'ordre du coup d'oeil fugace !)
    c'est un  problème général (voir Stitching resistance) et c'est pourquoi je continue ...

    Si j'avais tort le patchwork serait grâce à ces manifestations considéré à l'égal des autres arts, or on en est loin, il n'y a que dans les revues de patchwork qu'on  affirme qu'il est reconnu (entre soi  et soi ? ).Ah oui c'est vrai de temps en temps on en montre une vision assez stéreotypée à la télé, le matin très tôt ... façon journalistique, ou on ouvre les colonnes d'une revue d'art à des quilts anciens parce qu'une collection passe par là ...c'est anecdotique , purement .rien qui change le fond des choses .

     

     Les prix et concours :  demain tout le monde aura oublié qui était lauréat ... surtout s'ils pullulent . En aucun cas ça ne contribue à une reconnaissance officielle de notre art . A votre petite satisfaction personnelle oui.C'est important pour vous, certes . Mais c'est se contenter de bien peu pour un art qui pourrait être grand, exercé sans tant de "pesanteurs" conformistes. . j

  • Stitching resistance

    • Le 17/08/2014

     

     

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    Livre écrit par un collectif dirigé par Marjorie Agostin
    éditeur : Solis press 2014

     

     

    Après une préface de Marjorie Agostin, le livre se présente comme une série d'articles écrits soit par des artistes textiles et parfois  poètes  soit par des universitaires  et il est assez éclectique, de ce fait.

     Le but est de montrer les différentes facettes de cette résistance des femmes par l'art textile.  Chaque article développant un aspect de cette résistance aussi bien aux problèmes du quotidien qu'aux persécutions politiques. Le point commun serait le courage dans l'endurance , qu'on a si souvent confondue avec une patience "passive', dans une vision masculine de la société, l'action c'est toujours quelque chose de rapide, de vif, voire de violent . Les femmes au cours des siècles ont dû développer d'autres voies d'action où les travaux textiles tiennent une grande part. C'est un point qui en France du moins , n'est guère exploré.

    Il repose aussi pour certains articles sur une rétrospective  de ce que fut l'art textile au féminin depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. On y croise Pénélope, Hélène de Troie et Philomèle (qui on le sait m'est chère!)  et également la moins connue-en France s'entend-  Mariana Pineda héroIne espagnole du XIX siècle,qui  broda  une devise libérale sur un drapeau et qui fut exécutée pour cela, à l'âge de 26 ans..Lorca en fit une pièce de théâtre que j'ai lu (et relue!) jadis.

    Il est impossible de résumer un  tel ouvrage composé de nombreux articles évoquant des aspects très divers de cette résistance, entre autres lors de   la guerre en Bosnie  (massacre de Srebrenica), résistance aussi d'une artiste juive  néérlandaise Netty Schwarz Vanderpol à un souvenir terrible de sa déportation par la réalisation  des tapisseries à l'aiguille que j'ai trouvées très fortes  ..mais plus humblement au quotidien, comme l'histoire d'une mère et de son fils délinquant et de l’œuvre textile qui  est lien entre eux. Beaucoup d'autres aspects que je ne peux tous citer et des abords que je dirai donc éclectiques.

    Quatre articles sont consacrés  aux arpilleras  ces tableaux en appliqués rebrodés notamment du Chili -mais aussi d'autres pays- témoins de la résistance des femmes à la dictature et une mention est faite aussi de l'action actuelle des mouchoirs brodés contre la violence au Mexique à laquelle nombre d'entre nous ont participé . Broder pour la paix.(lien qui n'existe plus) .

    Je voudrais faire un zoom sur un article  d'un universitaire historien de l'art  Roger Dunn . Cet article  intitulé The changing status of fiber work within the realm  of visual art -le changement de statut du travail textile dans le domaine des arts visuels) confirme mes modestes réflexions, et je me sens donc, un peu moins seule quand je lis par exemple la sous-partie  intitulée :  "Breaking down the artistic hierarchies"  qui ne peut que m'interpeller !

    L'article  dépeint la place des femmes dans l'art et l'art textile depuis l'Antiquité mais avec un élargissement sur l'époque contemporaine.Il repose sur l'analyse de nombreux exemples d'oeuvres, de livres ou de parcours d'artistes en faisant la recension de plusieurs oeuvres ou livres traitant du problème. Notamment il est fait mention de l'oeuvre de  Judy Chicago the Dinner Party

    On peut voir de quoi il s'agit ici

    et d’un  livre de dont le titre est en lui -même éloquent Anonymous was a woman de Mirra Banks ,consacré aux arts féminins et domestiques travaux d'aiguille et aquarelle, toujours minorés, quelle que soit leur réelle valeur .

    L'auteur salue la création en 1987 d'un  musée réservée au oeuvres féminines à Washington DC  mais suggère qu'une vraie égalité serait mieux obtenue dans des lieux mixtes, mais où oeuvres féminines et masculines seraient représentées  dans une égalité numérique plus juste      qu'actuellement.

    J'en retiens surtout ces passages , à méditer : "de tels arts utiles sont devenus connus comme  "arts mineurs" "arts décoratifs" ou simplement "artisanat" avec le corollaire qu'ils valaient moins  que la peinture, la sculpture ou l'architecture,  les ouvrages en textiles sont rarement inclus dans une philosophie de l'esthétique  ainsi que dans l'histoire et la critique d'art"

     

    ou bien encore

     

     "l'histoire 'de l'art a démontré encore et encore que la reconnaissance se fait selon le genre et le medium "

    et enfin " si on considère les quilts Amish faits par des femmes en Pennsylvanie au XIX et au début du XX siècle, on peut voir que de simples compositions   centrées sur les relations entre couleurs , dans lesquelles les nuances de tons, de couleurs et d'intensité et leur interactions sont antérieures  à un travail comparable en peinture et gravure des maîtres plus tardifs et des styles célébrés de l'op art, du  minimalisme, comme Joseph Albers ou Victor Vasarely."

    Tout ça c'est pas moi, humble quilteuse ,  qui le dis c'est un professeur émérite d'université , alors j'espère que lui on le croira car chez nous la reconnaissance se fait aussi selon le genre et/ou le diplôme :-)  et non toujours selon la pertinence et l'argumentation des idées énoncées .

    Je soulignerai que si on cite les Amish c'est justement à mon avis un  peu un piège : on reconnaît ce qui ressemble à un mouvement de peinture ultérieur et les pauvres petits tissus imprimés en font encore les frais .. même si l'intention est toujours louable...

    En effet  reste ouverte la question de savoir si les femmes, en faisant ressembler leur démarche aux oeuvres des hommes donc aux grands arts, n'ont pas  contre leur gré contribué au mépris des arts  domestiques (tricot, broderie , patchwork) où les femmes excellaient et qui restent donc considérés comme des sous-catégories dont il faut sortir pour créér valablement ou tout au moins qu'on peut exercer à condition  qu'elles ne ressemblent plus trop aux arts d'origine ..'ainsi un quilt en sachets plastiques passera pour révolutionnaire par le simple fait qu'il n'est pas en  tissu -cette autre tare!- etc ..même s'il a moins de valeur esthétique qu'un autre fait en matériaux dits  traditionnels .)  . Le livre ne tranche pas il propose des approches très différentes, relate des expériences variées et ouvre vers des sujets peu connus comme par exemple un article intitiulé text -tiles (tile est la tesselle de mosaique) illustrant les rapports entre art textile et poésie dans le tradition judeo-hispanique .

     

    A noter pour l'ensemble du livre l'excellente bibliographie après chaque article.

     

    Un livre, dense, riche et rare. On pourra aussi lire    sur un thème proche The Subversive Stitch de Rosika Parker  qui pose aussi la question, côté brodeuses, de la dévalorisation de l'art au féminin dès qu'il devient domestique , de l'exploitation des femmes comme petites mains,ouvrières anonymes pour réaliser, et de la gloire acccordée aux grands brodeurs -souvent des hommes- chose qui n'a guère évolué depuis le Moyen -Age côté reconnaissance de la part d'art expressive et créative qui existe dans une oeuvre, Sans compter les allusions dans les deux livres aux impacts  positifs comme négatifs  sur les arts d'aiguille  des  divers mouvements féministes.