opinions
pour une tentative de discussion.
-
Art textile et tissus une expérience
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 16/07/2024
- Dans opinions
- 0 commentaire
Dans l'article source graphique et modèles j'avais montré déjà combien c'est aussi le choix des étoffes valeurs couleurs motif et textures tissés qui fait la création personnelle dans un quilt ou un patchwork .
J'ai voulu démontrer un peu plus loin ...
Soit ce plan de quilt que j'ai elaboré , et bloc répertorié sous le nom d'Attic Window est utilisé de manière à s'adapter à des échantillons de différentes tailles. Il repose sur un contraste de valeur mais également sur une gradation dans la taille des carrés au centre du bloc de 2 cm à 4 cm , le bloc lui restant à 6 cm de dimension totale. Les séquences se répètent de manière progressive deux carrés de 2cm, un de 2,5 un de 3 cm,un de 3,5 deux de 4 un de 3 et on repart en inversant la progression . Le bloc mesurant 6 cm les bordures evidemment varient en largeur pour s'adapter c'est à dire ce plan est tout sauf simpliste. En lui-même peint sur une toile je parierai qu'il aurait une chance de passer pour de l'art abstrait, pourvu qu'il soit signé d'un nom masculin et connu .. (sourire) .
Je voulais quelque chose de très coloré , et le titre Facettes est un clin d'oeil à l'artiste Käffe Fassett , bien que pour cet ouvrage je ne m'en sois pas inspirée. Le quilt a paru comme modèle dans un numéro de la revue Création patchwork il y a une quinzaine d'années . Le thème du magazine était "comme un tableau" et l'ouvrage fut rapproché du cubisme par la directrice de publication . Je ne pense pas qu'il le soit (sourire) et n'étant pas peintre, mon but restait une expression par la variété des étoffes , un souci aussi de valoriser le moindre petit morceau dans une composition structurée comme une architecture. Rigueur et variété restant mes phares.
Il y a six ou sept ans, l'envie m'a prise ede réutiliser exactement ce même plan pour une surface d'une tonalité totalement différente, sur le thème de l'hiver, cette fois. je disposais d'une collection d'échantillons des années 50 -60 issus de la maison Jean -Claude frères, tissus de luxe donc , dont j'avais déjà usé pour le quilt Noblesse oblige (cf index) .J'ai élu des tonalités bleues beiges et gris réparties en zones et pour les encadrements du noir ou blanc et du blanc et noir En variant au maximum les étoffes qui comportent aussi bien du coton que des soies des soies "givrées" -introuvables - ce que j'aime dans de telles surfaces c'est que les variations subtiles sans, gâcher l'effet d'ensemble, apportent vibrations et enlèvent la monotonie du "même tissu au même endroit"(tellement pls facile au demeurant !) . Au public de dire si j' ai réussi .ces "Hivernales " qui viennent aussi s'insérer dans une série 'images numériques
à noter que si Facettes est un quilt matelassé , Hivernales est un patchwork, j'ai préféré donner le pouvoir d'expression aux tissus "nus" sans ajout . Et je revendique ce droit , en vain depuis 40 ans. Ce choix qui devrait incomber à l'artiste si on travaillait en artiste et non en couturière "disciplinée" et soumise aux diktats. . Ce qui fait que cette surface est rigoureusement inexposable puisque les patchworks DOIVENT être des quilts matelassés. Ni en art généraliste puisque c'est hors champ, ni en milieu patchwork puisque il faudrait un ajout dont je ne veux absolument pas sur cette surface-là. Je laisse à réfléchir sur le degré d'intelligence des "regards sur" et des rejets et exclusions...
Ainsi l'expérience aimerait amener à une réflexion sur la manière dont on crée ; selon l'art qu'on pratique. Au fait que le bloc n'est qu'un point de départ pas un "modèle " que chacun peut à sa guise tranformer, comme un peintre qui peint un nu ou un paysage ne va pas avoir le même résultat qu'un autre. Revenir au point de départ d'un art qui est une expression par des tissus différents assemblés our composer quelque chose. Revenir toujours à ce que les tissus peuvent dire et donner tels qu'on les recueille . En faire des univers ... des harmonies, des dissonances. Réfléchir aussi sur le fait que le plan s'il est important n'est pas tout . ... penser que cet art surtout n'est ni du dessin , ni de la peinture, mais tout autre chose . Penser que tout ce travail : recueillir des étoffes les assortir , composer avec est un art quand on crée par soi-même sans copier ou suivre ...et qu'il mérite mieux que le mépris la rélégation ou l'assimilation à la copie de modèle auquel il est trop souvent condamné . Mieux aussi que le sempiternel "quelle patience" et "quelle dexterité". .. ce n'est pas cela du tout qu'il faut au départ mais un vision de ce qu'on veut obtenir avec ces étoffes-là.Bien sûr de la technique et de la patience et de l'exactitude, il en faut comme en toute activité humaine non salopée mais il en faudrait tout autant si tous ces morceaux étaient de la même étoffe ... C'est donc que l'essentiel n'est pas là. Plus de 40 ans que je me bats pour cela, et si je me répète c'est que j'ai le sentiment de n'y être point parvenue. Ce qu'on y loue n'est TOUJOURS pas ce que j'aimerais qu'on y voie. alors j'essaie toujours j'essaie encore...
-
Des tissus et de l'art textile : géométrie et variété : les quilts à gabarit unique
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 11/05/2024
- 0 commentaire
I- Géométrie et variété : au-delà des "scraps quilts " et "charms quilts" : les surfaces à gabarit unique
NB : un "scrap quilt est selon la tradition américaine un quilt comportant beaucoup de tissus différents ( littéralement : un quilt de chutes); L'artiste Roberta Horton indique un mininum de 75 tissus différents . Mes quilts en comportent entre 200 et plus de 1000 , parfois. Un scrap quilt peut être composé de formes uniques, ou de carrés appelés "blocs" . Les blocs feront l'objet d'un autre article.
Un charm quilt lui comporte des tissus tous différents souvent d'une même forme , au nombre de 999 , ou plus ... ou moins !
Quand je réfléchis au rôle des tissus dans ma vie et un de mes arts, je perçois, dès l'abord , une différence entre la manière dont j'envisage mes "surfaces" et celles de beaucoup d'autres, pratiquantes et artistes. Même et surtout si on ne voit que les ressemblances. pour classer, souvent en minorant ... déclasser, donc.
Cet attrait pour le tissu que j'ai ne vient pas d'un goût pour la couture utilitaire (justement, c'est un moyen d'y échapper) donc même si j'ai commencé en faisant des couvertures pour mes enfants, je créais d'abord et avant tout une surface en assemblage de tissus disparates. Ce besoin d'harmoniser une sorte de chaos est toujours en moi 40 ans après mes débuts. Et la géométrie n'est pas pour moi un moyen de respecter la tradition , mais justement de donner cohérence à un ensemble.Une structure.
Ma joie n'était pas d'aller dans un magasin et de demander à la vendeuse (comme je l'ai vu faire tant de fois! ) d'assortir pour moi .Ou de faire chauffer ma carte bancaire à un salon dédié aux "arts d'aiguille". D'où cette "collection" de toutes sortes de textiles venus d'un peu partout temps et lieux et personnes différentes .Et des tissus dits "commerciaux" aussi. . Pas de snobisme de la recup pour faire écolo ou "arte povera" . Du spécial pour patchwork et du pas du tout fait pour cet usage, les deux, toujours sans exclure rien de ce qui me semblait nécessaire pour une surface donnée dire quelque chose de personnel avec eux. Aussi les fils et les boutons, le dentelles, les perles, voire les plumes (ce qui est commun à beaucoup de pratiquantes textiles qu'elles en usent en loisir ou en art véritable) , mais avant tout LES TISSUS et non LE TISSU comme symbole de ci ou ça. Les tissus d'abord . Et surtout les tissus imprimés. Ou structurés par un tissage particulier. Or aimer les tissus, dans leur infinie diversité, ainsi c'est se condamner à n'être pas "contemporaine" ni d'ailleurs vraiment traditionnelle selon les préjugés autour de cette étiquette car là on me tacle sur mon trop de couleurs, mes équerrages imparfaits et le fait que non je vois pas d'obligation à matelasser toutes mes surfaces ..Je fais des quilts(matelassés c'est ce que le mot veut dire) et des patchworks (pas forcément matelassés) et c'est moi moi qui décide...pas le droit coutumier qui veut que ces géométries soient obligatoirement matelassées alors qu'aux USA et plus encore en Asie on trouve dès les débuts de surfaces assemblées non matelassées.Et que les justications réelles de cette "obligation" universellement imposée par le lobby des loisirs créatifs sont donc impératif commercial, aussi . On ne peut pas le dire.. Moi , je le dis! Et je le fais. Librement. Je ne vends rien. Et je suis pas sponsorisée , non plus. Je ne postule à aucune grande "messe d'art textile" , non plus. Je ne risque pas de méconter telle ou telle décideuse ès "ce qui vaut en art textile" : c'est déjà fait et il y a un bail !
Vu de loin mes quilts géométriques ressemblent à ce que les américaines nomment "scraps quilts" ou "charm quilts" . Et certes ces voies m'ont inspirée ; c'est même mon premier charm quilt en 1991qui m'a amenée à cette "collection", conçue, je l'ai dit comme un vocabulaire textile.
Dans ce charm quilt il n'y a pratiquement pas de tissus achetés ni même de tissus dit américains, je n'ai éliminé ni la toile à matelas(visible sur la photo de détail) , ni les jerseys ... juste renforcés d'une toile à beurre et j'ai brodé sur les triangles écrus du pourtour (qui viennent de la robe d'une collègue de travail !) le nom de tous les donateurs. L'agencement des couleurs et valeurs est de moi . Je n'ai pas suivi de"modèle" . Les matières sont multiples : coton , synthétique, viscose...
Si vous comparez à ce qui se fait aujourd'hui-et à ce qui se faisait à l'époque- dans la fameuse "tradition" américaine ce sont des quilts créés à partir d'assortiments souvent pré assortis, -les tissus vont déjà ensemble, ils ont une unité et sont tous de la même époque et mode - non que ce soit laid, ni non artistique, mais ce que je voudrais (desespéremment !) faire saisir c'est que si le travail de couture est le même,la structure ressemblante, la visée est totalement autre. Là, à la suite de ma "cueillette" je me suis retrouvée avec 999 tissus qui n'avaient rien à voir entre eux. Ma joie si profonde est de les faire "chanter ensemble" alors que ce n'était pas prévu pour cet usage . Et croyez-moi ce n'est si "facile" et croyez-moi encore c'est pour moi désespérant absolument que ce travail-là ne soit pas vu et qu'on me dise à chaque fois ça ressemble à .. justement ces quilts où le choix des étoffes, la manière de les assortir n'est absolument pas la même.
Quand je regarde le quilt de quelqu'un d'autre je regarde cela : comment la personne a choisi et agencé les tissus dans leurs différences , comment elle les a choisis, pour dire quoi. Pas que le dessin, la composition ou le jeu des valeurs-couleurs qui sont des critères certes importants, mais qui effacent celui qui fonde un art d'ssemblage du disparate. .Et c'est cela que j'aime à lire sur les blogs de patchwork-quilt, pas des conseils de couture qu'on peut trouver partout. Ni le quilt de la revue Machin chose refait en vert au lieu de bleu. L'art est dans ce rapport singulier que chacune peut avoir avec cette matière, si ces choix échappent au conditionnement des modes et tendances , et ce même si on part d'une source dite traditionnelle. On ne voit que la ressemblance de structure. C'est comme dire qu'un paysage d'un peintre c'est ressemblant à celui d'un autre même si l'un est hyperrréaliste et l'autre impressionniste et un autre frôlant l'abstraction parce que ce sont deux paysages. Je ne crois pas non plus qu'on dise aux peintres qu'ils font du traditionnel quand ils font du figuratif par exemple. Du moins pas si systématiquement ...
Autre manière d'aborder la variété de étoffes le monochrome, toujours avec une forme de base "unique" . Ce quilt Blues est aussi un charm quilt pas deux tissus semblables. Le dessin porte le nom d'Inner city block , et si vous cherchez sous ce nom vous trouverez maints tutoriels où les trois valeurs sont opposées (clair moyen foncé ) , souvent le bleu, comme dans ce quilt mais on met toujours les mêmes tissus ou des tissus rrès ressemblants; là encore j'ai recueilli tous les tissus bleus que je pouvais et pas des "tout bleus" mais à dominante bleue, ce qui est dfférent . Tissus américains, hollandais récupération de vêtements, et matières diverses toujours mêlées . La vue de détail vous permet de voir en quoi ce quilt est différent des autres qui lui ressemblent , ce qui est ma touche personnelle , j'ai assorti deux à deux des tissus ressemblants et ce fut une joie de créer ces unités de "faux jumeaux" plus ou moins hétérozygotes ; Et pour ceux qui comportaient d'autres couleurs que du bleu de placer ces notes "dissidentes" de manière à faire pour le regard des rappels et de échos ( cela chez moi se fait d' instinct, pas de calcul, c'est après coup que je peux expliquer la composition ) .
il m'est arrivé même n'user que de blanc. ,L'alpha et l'omega. Un jour de détresse intense , le motif du cercueil (coffin) cet hexagone allongé dont on faisait aux Usa les quilts de deuil '(Mourning quilts) s'est imposé et la couleur blanche ; j'assmilais dans mon esprit les morts d'espoirs avortés,de portes entrouvertes qu'on vous claque au nez, d'amitiés trahies ou d'abandons précoces parce qu'on lasse soudain, à des morts d'enfants (des choses mortes en leur enfance, avant qu'on ait pu en jouir complètement) . L'hexagone noir est unique et d'un symbolisme facile à élucider .
Le quilt Le Conservatoire qui est présenté ici est encore une autre "aventure" d'assortisseuse; Il s'inspire des ouvrages de l'artiste Deirdre Amsden à laquelle j'ai emprunté le procédé de dégradé de valeurs. Il s'agissait de présenter ma collection sans exclure grand chose. Les étoffes que j'avais différaient fondamentalement de de celles de Deirdre, je devais donc trouver mes pistes moi même , ce fut d'ailleurs un si grand plaisir et défi à la fois ...
Dans le quilt Jaillissements je suis partie de cette image numérique reprise en impression pour la doublure) : et là j'ai usé volontairement de tissus unis ou faux unis :
L'image initiale
On peut voir aussi dans l'index le quilt Pure Mosaïque qui lui aussi part d'une image numérique pixellisé et traitée en tissus marbrés et faux unis appelant la céramique.
Là il faudrait faire une pause .
Bien sûr je pourrais dire qu'entre le charm quilt de mes débuts et celui intitulé Jaillissement il ya eu une évolution vers le "plus contemporain" selon les critères actuels. Pourtant les deux surfaces obéissent exactement au même rapport aux tissus : le désir de varier à l'intérieur d'une zone mes étoffes le plus possible pour donner une sorte de vibration et de nuançage différenttout à fait de celui de la peinture et qui est propre à mon medium (cf photo de détail j'aurais pu mettre le même tissu gris .. ) ; j'ajouterai au niveau de "l'assortissage" expressif les deux premiers quilts ont été plus difficiles à créer . Car assembler des unis ou assimilés c' est toujours moins casse-gueule que de se "battre" avec x imprimés et motifs coupés qui partent dans tous les sens font "incohérents" de nature et comportent des couleurs additionnelles. Seulement l'uni ça ressemble forcément plus à un tableau de peintre abstrait, qui eux ont leur lettres de noblesse. L'imprimé, je le crains fait prolétaire au mauvais sens du terme et aussi " trop patchwork" le mot restant irrémédiablement entaché d'une sorte d'aura de médiocrité. . J'ai tout entendu dire au tournant de l'an 2000 par des amies "branchées" qui ne juraient plus que par l'uni et le teint arisanal voire la peinture sur tissu (annexons donc tous les peintres qui peignent sur toile à l'art textile : c'est la même démarche puisque le tissu là devient un support ) Moi je veux faire des choses qui ne se peignent pas ...ou très difficilement. Dans Jaillissement, le travail principal artistique est venu de l'image (que j'ai créée ) tandis que dans les deux pemiers quilts il vient des tissus et de leur agencement. Même si le nuançage des zones rétablit ce travail essentiel pour moi . sinon autant grder l'image telle quelle ; il est vrai la faire imprimer sur tissu suffit pour la caution textile de l'oeuvre- J'entends mon art des tissus tout autrementn et on m'accoera qu'avec plus de 4000 images numériques imprimables, j'aurais de quoi faire une oeuvre jugée contemporaine ... juste que : ce n'est pas ce que je veux faire, je n'y aurais aucun plaisir, mais qu'on comprenne que j'en ai les moyens côté "imagination" graphique et que je ne fais pas du patchwork pour me cdélasser à côté de cette "vraie" c réation... tellement plus noble etc.
My tailor is rich est fondé lui sur la forme dite "dé à coudre", et là encore c'était le désir d'user de petits morceaux de soie et de tissus en précieux lamés que j'avais récupérés ( petites chutes de la collection Abraham) , j'ai imaginé un "mouvement" avec les tons chauds alliés aux dorés et les froids aux argentés, il est évident que matelasset de telles étoffes me semblait une hérésie j'ai donc brodé à la main les lignes horizontales , comme des étagères où serait posée cette collection de dés.
Comme c'est souvent en faisant une surface que l'envie et l'idée me viennent d'une autre toujours en explorant les "gabarits uniques" je me suis attaquée à une forme avec courbes , ainsi est né cet Avenir radieux comme je voulais la réaliser cette fois avec des soies et des velours , j'ai utilisé la méthode d'assemblage dite "anglaise" où on bâtit les pièces sur des papiers et on les assemble ensuite par surjet ; l'ensemble et fixé sur sur une flanelle et chaque pourtour est rebrodé au point de chaînette torse .. Les motifs qui constituent des sortes d'étoiles courbes (spinning star en anglais) Au centre pour cacher l'assemblage qui, avec ces tissus, ces formes et cette technique ne pouvait être impeccable, j'ai appliqué de petites étoiles (le motif en réduction) brodées main. La bordure est aussi ornée d'étoiles appliquées et brodées un peu plus grande Tout cela reste "imparfait" au plan du nickel chrome si prisé dans ma discipline, mais ce fut un tel plaisir de création et de toucher !
Et comme je n'ai pas renoncé au plaisir de ces surfaces à gabarit unique, (ne me voulant pas "contemporaine" ni "traditionnelle" mais intemporelle au meilleur cas -sourire) mais à tissus très variés, venus de partout et harmonisés à ma manière, il y aura probablement dans cette catégorie, des ajouts. Il y existe aussi d'autres comme Dentelles décalées à voir dans l'index .
-
Broderie et écriture
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 07/03/2023
- Dans opinions
- 1 commentaire
Je renvoie, tout d'abord à l'article Linéaire C , présentait un sampler de points utilisés pour les crazys quilts sous forme de livre.
J'ai commencé récemment ces "rouleaux" mue par plusieurs élans, "envidées" . Les rouleaux textiles sont à la mode en ce moment, mais on le sait des modes je prends ce que j'avais souvent envie de faire, parfois avant que tendance ça ne devienne. Revenir aux rouleaux , c'est aussi revenir aux formes achaïques de recueils de textes, les "volumina". Mais on le verra plus loin on écrivait aussi sur du tissu (nous n'avons rien inventé et prétendre innover en le faisant fait sourire.) .
Je suis fascinée depuis toujours par les écritures anciennes, les vieux parchemins, les grimoires , les langues non encore traduites ou incomplètement . Ces signes qui certes ont un sens, mais soit uniquement pour les spécialistes, soit encore caché, résistant à la traduction. Et même les messages dits chiffrés.
Ce qui m'attire c'est précisément cette part cachée de sens qui nous échappe et qui pourtant est.. C'est pourquoi aussi je ne réprouve pas les sens multiples dans mes poésies tout au contraire ce langage verbal mais non élucidé, soit volontairement codé , (l'un se déchiffre et l'autre se décrypte), existent et sont connus . Déjà lorsque dans le Textilionnaire je travaillais sur le projet grimoire", j'étais sur cette voie d'inspiration , et également quand je rapproche les motifs sur les étoffes en leurs lignes et intrications d'un langage.
Le langage on le sait n'est pas qu'une langue. Il inclut d'autres expressions .Il m'est apparu en collectionnant les livres de broderie, que les points en eux-mêmes selon la brodeuse qui les choisit , avaient sinon un sens rationnel, au moins un sens visuel et tactile. Chacune a son parcours, ses utilisations pour "dire"ou faire ressentir cela ou cela, ses "voies" et même si beaucoup restent dans l'objectif utilitaire-décoratif ce qui n'exclut pas le reste, il se dégage depuis quelques années d'autres possibilités. Les points sont souvent organisés en "dictionnaire" ou "encyclopédie" et chacune est différente de l'autre. Il m'apparaît aussi qu'alors qu'on peut en dénombrer jusquà 300 différents, beaucoup de brodeuses se bornent à une petite dizaine. Il est vrai : un des plus simples le point droit ou lancé suffit à lui tout seul à assurer la "peinture à l'aiguille" dans la mesure où le célèbre passé empitéant dont elle dérive est constitué de points droits, ainsi que le merveilles de la broderie blanche au point dit "passé"ou plumetis .
Egalement le nom des points dans une même langue varie, créant parfois une polysémie involontaire. Ainsi en anglais notre "point d'épine devient "feather stitch " point de plume: nous avons sélectionné l'agressivité qui peut s'en dégager, et nos voisins la légereté de ce point aéré. Pour les non initiés un lien vers ce point.
Et puis j'ai lu récemment l'histoire de la Momie de Zagreb et du liber linteus Zagrabiensis dont on trouve l'histoire ici . Ces bandelettes trouvées sur une momie égyptienne et écrites en étrusque sur du lin (l'étrusque reste une langue imparfaitement traduite), rencontrant celle de la mode des rouleaux textiles m'a donné envie de lignes de points en suivant le parcours d'une brodeuse que j'aime beaucoup Christen Brown , pour commencer. Je n'ai pas fait tous les points mais ceux qui justement me "parlaient" comme écriture ou signes et soyons honnête, j'ai laissé de côté quelques-uns que j'avais du mal à faire quitte à y revenir après entraînement . J'y ai adjoint des dentelles tant mécaniques que manuelles dont les dessins sont pour moi encore un langage . Le tout s'appelle : Les bandelettes de la momie coquette .
Trois rouleaux sont actuellement achevés .
Le voeu pieux habituel :Avec le souhait que des personnes plus autorisées que moi se mettent un jour à regarder les points autrement et, en même temps que d'ouvrir la broderie à tout et parfois n'importe quo , au prétexte de la renouveler , on revienne aussi de temps à autre donc explorer aussi ce langage-là autrement qu'en nous parlant de "texture" , .Car oui chaque point parle, comme chaque tesselle de tissu par une variété de caractéristiques : sa forme (droit courbé), son orientation sur la surface, -et là on est encore dans le dessin - mais aussi et surtout par le fil qu'on va utiliser, nombre de fils, épaisseur manière dont il est filé (crucial, cela!) plein ou torsadé, mouliné, mercerisé -son épaisseur . sa brillance ou sa matité, Sa matière (lin soie coton ou tout autre chose mais ces matières-là aussi .et sans les taxer de "traditionnelles"( à ce compte un peintre est traditionnel quand il use de pigments. ), Ses éléments autres que fils : plumes boutons, pierres , perles, applications diverses - écailles de poissons, élytres d'insectes .mais n'importe quoi fixé sur n'imprte quel support est-il encore de la broderie ? De l'art je le concède quand c'en est, mais qu'on réfléchisse et au sens des mots et aux pratiques qui ont donné leur nom à cet art. Des clous plantés dans un mur sont-ils de la Broderie ? Un fakir est-il un brodeur "innovant" ? question qu'il ne faut jamais poser si on ne veut pas être taxée de ringardise ! .. J'ajouterai : il y a encore la juxtaposition, les espaces qu'on va laisser ou pas entre, les superpositions éventuelles , les hybridations, ses déformations , les combinaisons avec d'autres points , aussi . Et tout cela serait juste du joli pour décorer niaisement ? sans aucune signigication, visée , imagination originalité, prifondeur ? Je n'en croirai jamais rien !
J
-
Echouez-mieux...
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 20/02/2023
- 0 commentaire
"Être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir. Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke "
Il ya quelques années , j'ai reçu , dans les innombrables mails commerciaux tentant de me persuader de payer quelqu'un pour me promouvoir,ou des murs pour exposer mes chiffons d'art -ou les deux - cette liste de judicieux anti-conseils, qui du reste, si on veut "faire carrière" sont souvent parfaitement valables en prenant naturellement le contrepied de ces affirmations , ou tout simplement si on trouve nécessaire de vendre ses oeuvres, j'entends par là qu'on a vraiment besoin pour vivre ou que tout simplement on pense que tout travail mérite salaire. On dira que c'est une "chance" que ce ne soit pas mon cas . (je rappelle toutefois que ce devrait être un choix et non une obligation pour "compter" dans le monde de l'art ) .
Je ne VEUX PAS, je n'ai jamais voulu faire une CARRIERE mais une OEUVRE et je vous rassure, là, sur mon dessein essentiel j'ai parfaitement réussi en échouant, donc . C'est à dire que ces conseils ironiques je les ai suivis d'instinct quasi tous, à la lettre.
Mais si vous voulez, vous, faire carrière,ou tout au moins vous faire "reconnaître " (pour moi la reconnaissance a un autre sens) c'est tout différent. Il n'est pas indécent de vouloir exposer, avoir un CV de compétition ( mais l'art est-il du sport ?) ;vendre , ni même de rêver qu'on est le Picasso ou le Léonard de Vinci ddu XXI° siècle en sa discipline. . On a le droit de rêver à la gloire et on ne vit pas d'amour de l'art et d'eau fraîche, mais l'important c'est de savoir ce qu'on veut et de déjouer les pièges -ceux de la vanité ne sont pas les moindres. Je n'entends pas comme vanité la légitime fierté du travail accompli .
A vous de choisir! moi c'est fait et je peux chanter comme Edith Piaf : non, je ne regrette rien ...ce fut au prix du mépris et de l'indifférence des milieux "où ça compte" mais on ne peut tout avoir,non plus.
Je comprends parfaitement un parcours inverse et des opinions, à cet égard , diamétralement opposées aux miennes. La preuve : il m'arrive d'acheter aux artistes qui vendent; et je trouve normal de payer alors leur oeuvre au prix qu'ils en demandent et si ce n'est pas dans mes moyens il me reste la joie gratuite de les avoir admirées.
J'ajoute certes, je le peux mais pas parce que je suis une nantie, j'ai "acheté" ce droit en quelque sorte et ce n'est pas sans contrepartie ni renoncements.
NB Je ne rappelle plus le nom de l'auteur qu'il me pardonne, je reçois énormément de courriels tentant de me "commercialiser" et promouvoir contre rétribution, donc j'ai oublié de qui il émanait, mais s'il se reconnaît et veut que je cite son nom ou qu'offensé il préfère que j'enlève cet article, je le ferai volontiers.
Or donc, voici la chose :
Comment échouer en tant qu'artiste -
.1-Croire que les artistes ne gagnent jamais leur vie.
Jeffs Koons, si très bien , merci . Soyons sérieux.
Je connais des dizaines d'artistes, beaucoup arrivent à exposer, se disent ou se présentent comme "pros" mais aucun à ma connaissance ne vit uniquement de son art, sauf à donner des cours, organiser des stages de "créativité", voire en art textile vendre du matériel, des kits etc. J'ai moi-même vendu des modèles, un moment, je ne juge donc pas cela comme un crime ! Certains m'ont avoué aussi faire des "petits trucs" qui se vendent , eux, bien, alors que par désir profond ils n'adhèrent pas à ce genre de "création", pour faire bouillir la marmite. Si c'est "vivre de son art" je veux bien . Pour moi ce n'est pas ça. .Soyons honnêtes et réalistes, une oeuvre d'art a une cote qui dépend de la notoriété. Or les vraiment cotés suffisamment pour en vivre sont rarissimes. Je rappellerai aussi que la valeur financière(en l'époque où l'artiste vit !) et la valeur artistique, non mille fois non, ça n'a rien à voir.
Deuxième objection : on fait quoi si on exerce un art qui n'en est pas un ?Un dont les galeristes vous disent "ah non surtout pas de patchwork!" . On fait comment si on en exerce trois en les reliant ? Bref si on est un sujet artiste non identifiable d'un art relégué ?
2-Avoir un book de présentation mal préparer(sic) avec des photos de mauvaise qualité.
NB - Mettre la bonne orthographe est aussi un plus , pour un commercial. Bon il peut s'agir d'une étourderie .Mais j'ai publié un excellent livre à ce sujet (je ris!)
Objection : Là , si vous n'avez pas les moyens de vous payer les services d'un pro, vous êtes voué à l'échec. On me l'a faite celle-là quand j'ai voulu publier mes livres sur le patchwork. Cela revenait à dépenser des sommes très importantes pour un droit d'auteur des plus réduits et seulement en cas de vente. Bref si vous voulez être artiste, soyez riches d'abord (ou trouvez-vous un mécène ). Faut banquer, pour tout ça ! Sans garantie aucune de récupérer la mise. on dira c'est le sens du risque.. Voire ... on peut concevoir le risque autrement, aussi .
C'est vrai il vaut mieux que l'emballage soit "cadeau" et donc qu'une bonne présentation est indéniablement un plus, on le voit en matière d'accrochage, notamment.. Mais si la valeur de l'oeuvre se juge à la qualité de la photo, c'est le photographe qui est l'artiste !
D'autre part si votre photo met en valeur un peu trop une oeuvre qui décevra de visu ... il y a comme un hic ! on ne vend pas une apparence, mais l'oeuvre dans sa réalité ....
3- Rédiger une présentation vague, décousue, que personne ne comprend et dans laquelle on apparaît prétentieux.
Ben là, j'avoue, les bras m'en tombent ! Le vague et le décousu, OK , je veux bien. Quand je lis les "discours" qui accompagnent les oeuvres très cotées ou en vue de certains artistes conceptuels j'avoue que je ne suis pas du tout d'accord. Quand c'est clairement documenté, appuyé sur une connaissance des arts qu'on exerce , c'est là qu'on a toutes les chances d'échouer( c'est honnête et ennuyeux! ).
Un certain public adore ne pas comprendre, qu'on lui jette de la poudre aux yeux,, du moins celui des snobs des intelligentsias qui régentent le monde de l'art. Il faut un baratin et si possible bourré de mots abstraits et abscons auquel nos snobinards de service, n'y comprenant rien -vu que ça ne veut réellement rien dire!- s'exclameront : "Mon Dieu que c'est profond!" C'est même un des rares cas où on rencontre des humains se sentant intelligents plus que les autres parce qu'ils n'y comprennent rien. J'ajouterai qu' en art textile, quand c'est venu nous envahir on a atteint des sommets dans l'abscons prétentieux . Et qui plus est péremptoire. Voir notamment L'art textile : les mots confisqués.
4-Attendre la dernière minute pour répondre aux appels de candidatures ou envoyer vos demandes de stand.
Là rien à dire . Juste qu'en général ces demandes de stand sont payantes et qu'on dit aussi qu'un vrai artiste ne paie jamais des murs où quoi que ce soit pour exposer. Et même un amateur comme moi : quand j'ai exposé en galerie d'art, c'était gratuit. et pas d'appel de vendeurs de prestations mais ... l'heureux hasard des rencontres et affinités. Appel oui mais pas "commercial" Ce que je faisais plaisait on me l'a demandé. Tant pis si ça paraît "prétentieux" de le dire , c'est la vérité des faits.
5-Ne pas répondre aux appels téléphoniques ou aux messages.
Lesquels ? Les commerciaux ? Parce qu'un vrai galeriste ne va pas venir chez vous vous prier à genoux de bien vouloir condescendre à exposer chez lui ... après avoir vu une de vos oeuvres sur un réseau social. Ne rêvez pas: ce n'est pas leur façon de faire , et nous sommes des millions en lice . (pour moi la lice se borne aux fils du tissage, je ne m'inscris dans aucune course à l'échalote ou au yoyo en bois du Japon..).
6-Ne pas s’occuper des visiteurs lors d’expositions ou de salons – rester à l’écart et distant !
Là je suis d'accord. Et l'échange avec le public, répondre à ses questions est un moment émouvant, même pour l'amateur indécrottable que je reste farouchement ! Justement quand on n'est pas mû par le désir de se vendre on peut parler de ce qu'on fait si librement, sans peur de déplaire à un client éventuel . On doit, même amateur, avoir le respect de son public et le premier respect c'est d'être sincère, et authentique dans ce qu'on crée, pas de servir de l'esbrouffe et de la frime pour impressionner le chaland! Honnête aussi sur ses sources et filiations, le cas échéant.
4- Ne pas mettre à jour votre blog ou site et avoir les dernières infos qui datent d’un an ou plus !
Là d'accord aussi ; cependant vous comprenez nous sommes dans une conception de l'art où on veut des perdreaux de l'année , les oeuvres ayant comme les yaourts une date. de péremption, puisqu'elles suivent les modes tendances et goût du jour (consolez-vous si vous vivez assez lontemps, vous pourrez les vendre comme vieilleries vaguement patrimoniales d'ici 40 à 50 ans ) . De plus vous vous devez de tout le temps créer et si possible du nouveau -même si ce nouveau est une exploitation de votre "ancien" ad libitum comme ad nauseam si vous tenez un filon bon sang exploitez-le jusque ce que ça ne soit plus le bon(vérifiez de temps à autre si vous êtes toujours dans le 'ce qui se fait" c'est importantissime ! ) L'art conçu comme un produit ordinaire. C'est ça qu'il faut faire... Produit donc, pas créé.Est-ce encore de l'art, à ce compte ? c'est une question qu'il vaut mieux ne pas (se) poser.
6-Sous estimez (sic) le prix de ses œuvres.
7-Surévaluer le prix de ses œuvres.
Je commenterai ces deux dernières tout ensemble. pour les arts cotés et notamment la peinture , il existe des barêmes; mais s'évaluer justement demeure mission impossible sauf pour les cotés officiellement . Pour le reste ,le vulgum pecus qui ne l'est pas, coté, moi qui suis aussi - quand je le peux - acheteuse d'oeuvres- je vois bien que le prix c'est un peu au hasard Balthazar . Et j'achète selon mon budget et mes coups de coeur .Je me fous de la notoriété, la mienne comme celle des autres. Je l'ai dit mille fois : c'est une affaire d'amour pas de spéculation. On devrait TOUJOURS acheter une oeuvre parce qu'on l'aime la choisir comme on choisit un ami. C'est ce que je fais. Il est vrai je ne choisis pas non plus parce que ça va bien avec la couleur des murs de telle ou telle pièce de ma maison ..Tant d'artistes m'ont raconté le coup du "tu peux pas me faire le même en bleu ? parce qu'en vert, chez moi ça jurerait ..) .La coutume veut que le temps de l'artiste ne compte pas (ce préjugé nobiliaire qui fait que l'artiste ne doit à aucun moment se donner l'allure d'un banal artisan pfft !!mais en même temps se comporter comme un commercial de ses productions , consumérisme oblige., débrouillez-vous avec ça. . Je passe sur l'impossibilité qui existe à évaluer des arts pas jugés Beaux-arts ... qui comme le mien ont le cul entre deux chaises . On créée des oeuvres uniques, jaillies d'une imagination, par les moyens d'un medium et de diverses techniques, mais le medium déjà les déclasse. . et les évaluer devient parfois kafkaïen comme expliqué ici . Lien vers pourquoi je reste amateur
8-Refuser de participer ou d’être volontaire lors de manifestations concernant l’art.
NB - Faut déjà qu'on y accepte votre art . Avec un des miens, c'est pas gagné ! Il ne figure dans quasi aucun appel à candidatures.
Lesquelles ? L'art conçu comme une participation au "social" quoi .? L'artiste englué dans son temps ou l'artiste intemporel ? Moi j'ai choisi . De plus j'ajouterai que la récupération des malheurs de notre époque, des "causes" au profit de son oeuvre pour se montrer militan , généreux, compatissant, bien inclus dans les "problématiques" de son temps etc. dans la mêlée -apparemment- pas narcissique trop, quoi, je veux bien. J'aime mieux quand ça va jusqu'à vendre ses oeuvres au profit des grandes causes qu'on dit illustrer ou défendre ...Bref si les actes et les professions de foi coïncident. si on est sincère, ça passe, mais passera aussi la mode de ce sujet sociétal-là et dans dix ans voire moins on se demandera parfois pourquoi, le lien sera imperceptible.... .On peut aussi centrer son oeuvre sur des sujets moins connotés contemporains socio-politiques et tous les marronniers qui fleurissent à cet égard (c'est aussi une merveilleuse source d'inspiration pour qui est à court d'idées personnelles ) et aider à côté là où besoin est d'une autre manière. On peut être un artiste "art pour art" et un humain engagé .. aider ailleurs.et autrement; et même discrètement . Et si je ne l'avais pas fait je ne sentirais pas le droit de le dire.NB : je ne refuse pas, en ce qui me concerne quand ..je me sens moi, concernée mais ma liberté d'abord. Du reste je sais pas créer sur injonction. La broderie de Philomèle qui illustre cet article notamment a été conçue pour illustrer un article de revue protestant contre les violences faites aux femmes. Mais je l'aurais faite un jour ou l'autre... ce mythe me tenant à coeur!
9-Eviter le monde du business et les évènements des réseaux artistiques.
Plongez-y à fond donc. Je vous observerai depuis le rivage; S'il vous reste ensuite assez de temps d'energie et de concentration pour, revenu de cette foire aux vanités, créer vraiment une vraie oeuvre (pas un produit !) vous me direz !! Il n'est pas sûr du tout que par ce moyen vous ayez plus que le quart d'heure de gloire dont parle Warhol, ce qui certain c'est que pris par le courant des inévitables mondanités et snobismes et' ce qui se vend et qui plaît, .vous risquez bien de passer à côté de votre oeuvre , la vraie, l'authentique celle qui vous correspond et émane de votre être profond pas des sirènes du monde du buisness qui, on le sait corrompt tout ce qu'il touche puisque c'est le profit , la rentabilité ses axes de vie; pas le diable ; certes, mais qu'on s'en serve pour vendre du papier toilette alors pas des oeuvres d'art. C'est mon avis net et là je ne fais pas dans la dentelle ! Pardon si je choque.
Cela posé oui il vous faut un réseau si vous voulez montrer et vendre , mais l'amical et celui par affinités dites électives et sélectives aussi parfois, s'il ne procure ni gloire, ni cote est, je peux en attester tellement plus enrichissant (y compris pour votre oeuvre . par les rencontres et partages desintéressés niveau fric mais intéressés et intéressants niveau démarche.. ).10-Ne pas continuer à se former sur les techniques artistiques et sur la commercialisation de son art.-
Les techniques OK, et celles du passé aussi Il est bon de suivre ce qu'il est convenu d'appeler "innovation" -et qui en sont rarement, du reste- mais quel rapport entre les techniques et la commercialisation ? L'art conçu comme du high tech ? Seul ce qui serait commercalisable vaudrait ? c'est là que je m'écrie comme Philaminte : "Mon Dieu que cet esprit est d'un étage bas !"Soyez plutôt comme Janus un oeil tourné vers le passé-on a créé dans votre art avant vous- et l'autre vers l'avenir en connaissance du présent mais pas forcément pour suivre. Ne suivez jamais les autres, mais vos instincts à vous, vos envies vos appels ! Sauf évidemment si ça coïncide ...Cela vous fera un joli prétexte !
11 -Négliger de mettre à jour son site web avec ses dernières créations.
Rien à dire voir réponse au 4
12-Trouver des excuses pour dire que son travail ne se vend pas et les mettre souvent en avant.
Là je ris dans les expos où je suis invitée, il arrive que je refuse de vendre . D'ailleurs ça vous rend désirable, si vous saviez ! Et j'ai vendu un tableau à ma première exposition à Paris en galerie d'art . Vous voyez je ne prêche pas "pour ma paroisse" tout à fait. et je parle ni en aigrie ni en amateur qui ne e serait jamais frottée au vrai monde de l'art. Mais je ne crée pas "pour vendre" .Je crée pour faire exister quelque chose sous cet aspect-là, et qui sans moi n'existerait pas, analogue certes à d'autres oeuvres, mais singulier par mes choix propres . . et c'est un droit absolu que je revendique. Je le paye et de la difficulté à montrer mes oeuvres, - du mépris de certaines "arrivées" , de l'indifférence, d'un certain nombre d'incompréhensions . qu'on a pour l'amateur quand on se dit "pro" etc pour la non contemporaine et la non conceptuelle que je suis aussi. . Je rappelle aussi que j'ai demandé qu'après moi tout ce que mes enfants ne voudraient pas garder soit vendu au bénéfice de personnes qui en ont plus besoin que moi . choix fait aussi ya lontemps étant donné qu'aucun lieu de conservation ne s'encombrera des chiffons d'une quasi inconue . . La seule raison qui me pousserait à me promouvoir pour donner valeur marchande à ce que je fais serait celle-là : avoir plus d'argent pour ceux qui manquent du nécessaire. . Naturellement, on n 'en croit rien quand je le dis, mais pourtant, c'est ainsi .
13-S’excuser pour son art – dire que vous n’êtes pas réellement un artiste.
Oui mais si vous dites que vous en êtes un ou une on vous dira "auto-déclaré" ou outrecuidant ; J'ai testé. Si vous être amateur, surtout suivez ce conseil : affectez une fausse modestie. Vous pouvez aussi expliquer que ce n'est pas un titre de noblesse ni une plus value et qu'il vaut mieux être bon artisan que mauvais artiste ! Vous pourrez aussi -et c 'est ce que j'ai fait- attendre que des personnes autorisées vous "adoubent" . Ces choses-là fonctionnent par cooptation interne!Vous ne ferez pas l'unanimité, mais ça garantira votre modestie officielle! Du moins le temps que les critères ayant présidé à votre adoubement sont en vigueur. C'est pas garanti à vie.
Soyons sérieux; c'est quoi un artiste ?
14-Qui a besoin de marketing ? Vous n’êtes pas commercial !
Non précisément, mais l'auteur de ces conseils, lui l'est. Le but est de vous persuader que vous avez besoin de lui pour vous vendre. et il a raison si vous voulez vous vendre hélas vous êtes dans la spirale du consumérisme. Peu ou prou !
15- Critiquer les personnes qui ne comprennent rien à votre travail.
Ne les critiquez pas;. Soupirez. Personne de toutes façons ne vous comprendra jamais, même vous-même ! Non sans blaguer le monsieur a raison là . Expliquez, montrez et acceptez d'entendre le contraire de ce que vous aimeriez qu'on vous dise. et même si on veut acheter un livre d'art textile brodé main en soie et tissus fragiles pour en faire un doudou pour un bébé -ça m'est arrivé- souriez, ne vous fâchez pas . ça part d'un bon sentiment (ceux dont l'enfer est parfois pavé mais c'est une autre histoire) . Du reste si vous créez surtout pour vendre, à quoi diable vous servirait d'être compris ? On ne peut pas tout avoir , non plus!
16-Avoir un atelier désorganisé et désordonné.
et Bacon alors ??Là je suis morte de rire. On peut être artiste et aimer le bordel organisé. Moi dans l'ordre je ne crée rien je me sens dans un cimetière ou une clinique. . Vient-on voir un atelier en bonne ménagère ? Ou en respect des modes de créer de l'artiste ? J'en sais de très grands (quoique pas universellement connus) dont l'atelier est un géant foutoir organique sinon organisé ! Rangez au millimètre si c'est votre nature , laissez du bordel si ce n'est pas . le cas. Vous êtres maître chez vous et vraiment on juge votre oeuvre à cela, je dirai jugez , vous, les critères de ce jugement inadaptés voire mesquins et étriqués !
17-Accepter l’échec – vous convaincre que votre art est un échec.
C'est quoi l'échec ?
Il y faudrait une dissertation et relire Beckett , aussi.
Un échec parce que vous ne vendez-pas ? ce fut le lot de tant de grands ..on sait bien quand même que l'échec commercial n'est que ce qu'il est : commercial. Le succès quantitatif n'est une preuve de rien, des oeuvres plébiscitées à un moment tombent dans l'oubli le plus total le lendemain .
Si l'échec en revanche veut dire : avoir le sentiment que ce que vous faites est médiocre, que vous n'arrivez jamais à ce que vous voulez ... le doute perpétuel a saisi les plus grands qui du reste n'étaient pas forcément des tiroirs-caisses (enfin , pas tous!!) . le sentiment qu'on peut toujours aller plus loin sinon faire "mieux" approcher de ce qu'on voudrait vraiment et qu'on n'atteint jamais -parce que c'est comme l'horizon ça recule au fur et à mesure ça peut être très stimulant aussi , acceptez et accueillez cet "échec-là".
La réussite d'une oeuvre par apport à votre visée, à vous, n'a rien à voir ni avec l'accueil qu'elle pourra avoir, ni avec le fait qu'elle se vende ou pas. Savoir ce qui vous conduit : avoir des compliments, voire des papiers de critiques , ête hypersollicité là où ça expose dru en ce moment , là où c'est prestigieux, ou encore approcher sinon atteindre votre "inaccessible étoile !" . Si vous étudiez par exemple l'art au XIX° siècle celui où les marchands d'art ont commencé à se manifester, vous verrez qu'il ya des carrières très réussies à l'époque d'artistes ayant pignon sur rue et qui aujourd'hui sont complètement oubliés dont on juge les oeuvres accessoires .. D'autres qui galéraient sont devenus célèbres après leur mort. On trouve tous les cas de figures possibles. Donc cette notion d'échec, il est important de réfléchir à ce qu'on entend par là et croyez-moi c'est une spécialiste de l'échec réussi qui vous parle et qui a eu le temps d'y réfléchir en 40 ans de pratique. Echec sociétalement et dans son siècle (et surtout dans a corporation!) mais épanouissement dans son oeuvre protéiforme. Et honnêtement je préfère mille fois cela à l'inverse. si on a les deux, tant mieux, j'applaudis bien volontiers. Mais pour moi ce n'était pas possible et je l'ai toujours su. Voyez si ça l'est pour vous.
18-Ignorer les délais.
Là d'accord, s vous avez pris un engagement tenez-le. Dans tous les métiers du reste et même dans la vie de tous les jours.19-Laisser tomber trop vite.
Je suppose qu'on veut dire "à tenter de se vendre et de se faire une place sur le marché" , on peut aussi voir les choses autrement ...
D'accord, il ne faut jamais renoncer mais ..à créer par découragement justement de pas "se vendre" ., de ne pas "plaire" à suffisamment de monde . A l'à quoi bonite, quoi . C'est inutile de le dire à qui crée par amour de son art, c'est une vocation si impérieuse ,une nécessité si profonde quu'il le fera; mais il faut s'entendre sur ce qu'on "laisse tomber". Pour ne pas laisser tomber l'essentiel, il faut mettre à l'écart tout ce qui pour vous, ne l'est pas.Ce que je vous dirai c'est que lorsque d'entrée on renonce à cela : se promouvoir, on a une liberté si précieuse et totale qu'elle vaut, si on se place hors optique commerciale, justement ,tous les prix, les ventes les évaluations et que de plus ça n'empêche pas d'être au moins un peu reconnu. Reconnu c'est à dire compris, senti, apprécié pas parce qu'on dit que ça vaudrait mais parce qu'on aime , tout simplement qu'on se sent en accord en harmonie avec votre oeuvre, et non d'être aimé pour votre renom, dans l'ignorance totale ou presque de votre travail de ses visées et démarches; songez que les très célèbres n'ont pas toujours cela qui pour moi compte tellement .que je ne l'échangeraisi au prix de nulle gloire ou gloriole fugitive. Quelqu'un qui est très riche ne saura jamais si c'est lui qu'on aime ou son argent, un artiste qui perce ignorera toujours ensuite pour peu que ça dure (ce qui n'est pas non plus certain) si on l'aime parce que ça fait bien d'en parler et de le connaître (de faire semblant de..) que d'approcher ses oeuvres pour elles-mêmes en oubliant tout le reste. Idée que j'ai bien du mal à partager, mais à laquelle je tiens même si elles est si contraire aux moeurs de notre temps, et très paradoxale .Et que même on croit que je triche quand je la dis. Mais moi je sais que je suis sincère. Pas naïve. Sincère.
-
Pauvre Pénélope!
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 05/05/2021
- 2 commentaires
L'hebdomadaire Marianne publie en son numéro 1259 un article évoquant un engouement actuel pour la broderie, renforcé par le confinement . Je me suis d'abord dit : chic un journal généraliste en parle . .. rubrique tendance" mais enfin, lisons !
Le titre est déjà malencontreux, "les nouvelles Pénélope" puisque Pénélope tissait (un linceul ce n'était pas pour se désennuyer, à l'époque) . J'accorde qu'elle est dans l'inconscient collectif associée à tout ou à peu près n'importe quoi pourvu qu'on manipule un fil , que ,nombre de poètes et de peintres-hommes l'ont montrée brodant , mais bon le texte d'Homère est en traduction accessible à tous , véhiculer une erreur c'est déjà.. pratiquer le mépris plus que la maîtrise de ce dont on parle (même si certaines remarques sont tout à fait fondées dans l'introduction notamment) .
Mes soeurs brodeuses, nous sommmes sommées de nous reconnaître sous quatre étiquettes qui, hors la première( et encore !), fleurent bon le le ricanement auquel nous sommes, hélas fort habituées,une fois de plus sous couvert sans doute d'adopter un ton plaisant et branché . Oserait-on parler de la peinture de la gravure ou de l'écriture ainsi ? Non, naturellement ! Même si le mépris pour l'amateur vise tous les arts...partout et toujours!
La première est la "fiber artist". Selon la journaliste "artiste textile" ça le fait moins . Mais ce n'est pas tout à fait la même chose et que c'est précisément là que gît le lièvre pour qui s'y connaît. .. Passons . Ah oui mais là si on s'y commet et aventure, il ya Sheila Hicks ou rien . C'est vrai , elle a eu droit à à Beaubourg . Nous ne sommes donc , face à ces grandes consacrées, plasticiennes mixed media plus que brodeuses, du reste, nous , que des "brodeuses du dimanche" sic, qui vont encombrer leurs héritiers avec leurs horreurs pseudo artistiques ..
Exemple de broderie "du dimanche" dont mes héritiers seront encombrés
La deuxièmé catégorie les " féministes énervées." Là sont évoquées les femmes qui brodent des devises salaces : photo à l'appui "sac à merde" au point de croix dûment encadré, au lieu de phrases bien pensantes ou qui brodent des parties génitales -ah quelle audace ! (pourquoi pas mais sans oublier .. que les fleurs les symbolisent depuis de vieilles lunes, toutefois et de manière moins lourde, plus variée et infiniment plus esthétique ! !) . Certes il ya bien un mouvement en ce sens , évoqué beaucoup plus sérieusement par Rozika Parker dans the Subversive Stitch ; mais il reste assez peu pratiqué,en France et même ailleurs . Et plus transgressif de manière adolescente -faire le contraire de l'autre, au lieu de faire ce dont on a envie - qu'"enervé" . Il ya aussi de brodeuses adultes et réfléchissant leur démarche ... et d'autres manières de défendre cet art au féminin (lire par exemple le livre Stitching resistance ) .
La troisième c'est la "tradi cool" , celle qui brode des fleurs quoi .. "travaux retro, un brin cucul" dit la journaliste qui leur accorde juste la valeur méditative . Ignorant encore une fois que les fleurs quand c'est un homme peintre qui les peint c'est pas cucul non c'est juste quand les femmes les brode . Ben non Madame je ne brode pas des fleurs pour méditer parce que c'est bien trop dfiicile de méditer en faisant cela !! Particluièment éreintée, la tradi cool . par notre journaliste.
Exemple de tradi cool pouisqu'il ya des fleurs et un insecte juste que je déconseille de méditer en tentant de crér (non de faire, de créer !)
La quatrième sorte serait la "Mémère camp". Je ne sais ce que "camp" veut dire ne pratiquant pas le français branché mais je peux supposer que ce n'est guère flatteur avec mémère à côté. Là c'est la dame , âgée forcément ,ou du moins ni glamour, ni sexy le "mémère" le sous-entend,) qui fait du canevas selon les modèles de nouveaux stylistes dont on fait la promotion au passage - et dont le "modèle" n'sest pas vraiment représentatif de la création actuelle en tapisserie à l'aiguille . On ignore qu'il existe des centaines de points, on ignore aussi que de grands artistes masculins comme Maillol -mais pas que lui n'ont pas dédaigné ce moyen 'd'expression . Dommage ... Par exemple je signale qu'on peut faire imprimer son dessin personnel sur un canevas et donc exécuter ainsi une pièce unique celle-ci est imprimée d'après une de mes images numériques.
travail de mémère originale !!!qui campe sur ses positions plus que sur son canapé.(et qui est sa propre styliste!)
Un encadré fait mention de deux points : le point compté (on passera sur le fait que non ce n'est pas que le point de croix!) et très étrangement le punchneedle, une broderie faite sur l'envers avec une'aiguille spéciale et qui produit des boucles . Il reste dans son usage beaucoup plus limité que les centaines de points dits de broderie libre, tige, feston, passé plat et empiétant que toutes nous connaissons .. quelle soit ce que nous faisons avec eux ..des fleurs ou des sexes (sourire!) .
J'ajoute qu'il est d'autres manières mieux documentées de savoir ce que sont et font les créatrices en broderies diverses (l'article évidemment ne fait pas trop la différence entre créatrice interprète et simple exécutante -ni même entre tricot et broderie..) ce qui me semble à moi plus utile que ces étiquetages quelque peu réducteurs et insultants... même si c'est sous couvert d'amuser le lecteur. D'amuser à abuser il n'y a qu'une lettre, hélas et si on veut vraiment savoir taper "broderie contemporaine "dans un moteur de recherches , ou consulter les liens suivants .
Liens :
le temps de broder cité dans mon article sur la broderie contemporaine
La SEW ( article trouvé sur le site précédent)
Ouvrages de dames déjà cité
-
Le bonheur en lisière -4
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 04/02/2021
- 0 commentaire
Au cours des années 90, j'ai commencé ma collection de livres américains achetés chez Brentano's, le plus souvent , puis diffusés par les commerçantes- artistes quilteuses de l'époque , si on voulait vivre de son art, il fallait déjà en passer par là , vendre des modèles, des kits, des tissus, organiser des stages. La machine commerciale était en route. Point trop de salons et un art pas encore vendu aux marchands du temple, cependant. Ma première grande influence fut l'artiste Nadine Rogeret à qui j'achetais mes premiers tissus américains . Ce furent longtemps, les seuls. J'aimais sa façon de créer en mélangeant dans ses oeuvres une inspiration qui venait de la géométrie et des compositions tout à fait personnelles. On voit nombre de ses oeuvres dans le livre de Claude Fauque Le patchwork ou la désobéissance . Si une me fut exemple, dans mes débuts en mosaïque de tissus, ce fut elle et je la salue au passage .
Je m'intéressais donc à cette géométrie dite traditionnelle et américaine , parce qu"elle coïncidait, en moi, à mille manières de construire avec des tissus. J'ai toujours aimé mettre beaucoup d'étoffes différentes dans ce que je fais , parce que pour moi c'est une sorte de richesse de vocabulaire. A mes yeux, c'était de la mosaïque, de la marqueterie, arts qui m'ont toujours fascinée et dont je n'ai jamais compris qu'ils soient jugés comme décoratifs et mineurs sauf quand un grand nom s'en empare , que la peinture s'en inspire ou qu'un mouvement d'arts plastiques en vogue les récupère. J'ai expérimenté évidemment, depuis, d'autres voies et certaines de mes créations actuelles sont toutes différentes, mais cette variété est la pierre angulaire de ce qu'on me pardonnera d'appeler ma démarche. Or, mettre énormément de tissus, de motifs et de couleurs venus non de chez un marchand qui vous les a assortis mais des découvertes et trouvailles un peu partout - neuf et ancien mêlés - exige pour équilibrer une rigueur que la géométrie des blocs et leur répétition me donnaient . La miniaturisation des morceaux aussi.
J'en étais donc là, à prospecter dans ma collection de tissus et les différents dessins issus de ce qu'on nomme "tradition" - J'envoyais en guise de voeux à l'association une photo d'un de mes patchworks, , on était début 92 et à ma grande surprise la directrice de publication Suzanne Lambert me répondit , et m'encouragea. Elle fit mieux elle publia comme modèle ce premier quilt réalisé d'ailleurs bien des années avant d'après un bloc trouvé dans une revue. Ce fut pour moi un puissant déclencheur, le geste qui me donna confiance . Mon livre lui est dédié. Sans elle, je n'aurais pas cru en moi. Je croiserai plus tard d'autres personnes (et aujourd'hui encore!) qui m'aideront à dépasser mes doutes, à continuer, car seule et souvent à contre-courant , ce n'est pas si facile. Je veux saluer celle qui fut pour moi à l'origine de ce que je nomme ma seconde vocation (la première, comme on le sait, était l'écriture ). et je préfère oublier les réflexions inévitables du genre "on te l'a pris parce qu' à l'époque, 'on manquait de modèles". Car oui , c'est ce qu'on entend au sein de notre corporation. (à suivre)
Pour Guillaume -1990- parution 1993 Nouvelles du Patchwork
tissus américains et de récupération
-
Le bonheur en lisière 2
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 03/02/2021
- 0 commentaire
NB les liens sont donnés pour éviter de refaire des démonstrations déjà faites .
Il y a donc une histoire du patchwork et de l'art textile en France, une histoire ignorée et même occultée, qu'on commence à redécouvrir mais toujours à l'arrière -plan . On a longtemps cru (et moi aussi) que le patchwork, c'était exclusivement anglo-saxon, et surtout américain (certaines américaines le croient aussi!) , mais il m'étonnait qu'en France , on n'ait jamais rien créé en ce domaine. On sait maintenant qu'il n'en est rien. cf ce lien pour en savoir plus
Et une histoire récente un "revival" comme on dit outre-Atlantique,qui commence chez nous dans les années 70. On voyait d'ailleurs à cette époque beaucoup de tissus imitant le patchwork, mais précisément le patchwork tel qu'on le caricature et ainsi, il ne m'attirait pas . C'était l'époque où j'avais acheté les livres de Marie Jeanine Solvit.
J'ai raconté comment en 1982, j'ai rencontré l'assemblage d'étoffes dans mon livre Jeux d'étoffes impressions, expressions . Ignorant tout des règles du patchwork dit américain , je traçais avec des formes simples , je faisais des couvertures pour mes enfants. Celle qu'on voit ci dessous est une des premières , composée dans le Var où j'étais en vacances pour mon fils aîné. Elle date de 1987, ne comporte aucun tissu à cet usage ( j'en ignorais l'existence) et mélange allégrement lainages, synthétiques et coton . Elle obéit déjà à une stratégie d'assemblage : un imprimé et un uni soigneusement assorti , c'est forcément une création puisque je ne disposais d'aucun livre ou revue , mais toute création n'est pas forcément un chef d’œuvre. J'ajoute qu'elle a été lavée des dizaines de fois , et sur la photo a été prise en 2010 , on voit qu'elle a tenu la route... elle n'est pas non plus matelassée parce que pour moi un patchwork n'est pas et ne sera jamais forcément un quilt . Je n'avais pas besoin qu'on me dise comment placer les couleurs, ni même les unités qui ne sont pas des blocs à proprement parler : j'avais une idée personnelle-bonne ou mauvaise- de la chose.
couvertures -1987
C'étaient déjà des surfaces"expressives" que je composais , et là sans influence au vu de mon ignorance en la matière. J'étais dans ce qu'on pourrait appeler ma période primitive . Il est à noter qu'une couverture comme celle appelée Simplicité qui date des années 86-87 pour la conception mais fut terminée en 1992 'était déjà du "contemporain" sans le savoir au vu que j'ignorais à ce moment les "blocs" américains. Je n'allais d'ailleurs pas tarder à entrer dans l'enfer du célèbre clivage traditionnel-contemporain ... mais c'est une autre histoire... (à suivre)
.
-
L'art textile , les mots confisqués
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 20/09/2020
- 0 commentaire
Je poserai comme préalable que ce n'est ni une justification, ni une plainte. Un constat. De faits ,d'affirmations, de pratiques.Une histoire ignorée .No plain no complain mais explain explain explain . Et prouver. Car qui le sait ? Dans les autres arts ça ne fonctionne pas comme chez nous. Déjà que nous sommes rangées, tout à fait arbitrairement, côté paniers à ouvrages ! Affaire de vocabulaire , d'étiquettes, de préjugés, de clivages admis sans l'ombre d'une étude, d'une recherche . Là encore on répète ce qui se dit dans clubs, groupes , revues . On admet les classements, les exclusions, surtout si on n'en pâtit point et plus encore quand on en bénéficie.
La preuve ? Une parmi des centaines d'autres . J'ai la documentation !Nous sommes en 2007 et dans un article des Nouvelles du patchwork (et de l'art textile déjà !) on peut trouver une phrase comme celle-ci censée répondre dit son auteur, une autorité en la matière aux interrogations des visiteuses d' une exposition d'art textile (le vrai, pas le mien !) demandant la différence entre contemporain et art textile
donc on lit cette sublime phrase L' art textile est plus contemporain et plus conceptuel que le contemporain" -sic
Vous ne comprenez pas ? Moi si .très bien et je dirai même trop bien.
On pouvait lire aussi sous la plume d'une artiste contempoaine dont je prise fort les oeuvres :" l'art textile est un phénomène récent "(comprendre le vrai art textile pas tout le reste!-qui est en fait le plus souvent du mixed media avec textile ou encore sur un blog "le patchwork est un art textile mais ce n'est pas de l'art textile"
Là c'est plus franc comme exclusion c'est dit net, quoi.
Le pourquoi du comment comme toujours passe par l'histoire. Pour comprendre, il faut repasser le film un peu en arrière. Celles qui viennent à l'art textile aujourd'hui ou par d'autres portes, ignorent tout de ces faits. Histoire restée evidemment confidentielle puisque hors culture générale-parce qu'on le place, là déjà, et in microcosme "arts textiles" . C'est pourquoi j'y reviens (répéter de diverses manières est le nerf de tout enseignement !).
J'ai déjà developpé ce sujet d'une autre manière dans deux articles d'un débat portant sur la notion de "contemporain" dans l'art textile On peut lire de débat ici et ici .
Oui je sais c'est aussi trop long pour lecture sur écran . Mais je n'écris pas non plus pour la culture du survol rapide. Et ça peut s'imprimer .
En clair d'abord il y a eu des arts textiles redécouverts aux alentours des années 70 dans la mouvance hippie aux USA, parmi lesquels le patchwork .et qui ont culminé aux USA avec l'exposition Abstract design in American quilts initié par le collectionneur Jonathan Holstein et qui voyagea partout y compris en France Voir ce lien
.Le but était justement de montrer que sa place n'était pas que côté folklore et arts appliqués mais que même si créées comme couvertures et à des fins décoratives et/ou utilitaires, ces surfaces pouvaient être regardées autrement, déjà la position verticale sur un mur permet un autre abord. Il est évident que même aux USA cela ne fit pas l'unanimité . En France on proposa pour exposer le musée des Arts décoratifs, fait sur lequel l'auteur ironise (la France n'a pas de culture patchwork).
Et même dans les pays où la culture patchwork-quilt existe le Royaume -uni par exemple, en 1997 dans un article du Daily Telegraph, une artiste comme Deidre Amsden (pourtant classée contemporaine) déplore que le mot "quilt" fasse fuir les milieux "vrai art". L'historienne et artiste Spike Gillespie le note aussi dans son livre sur d"histoire des quilts (Quilts around the world) . Le professeur d' histoire de l'art Roger Dunn souligne l'exclusion de tout ce qui vient du féminin et n'imite pas les arts des hommes (Stitching Resistance) . .Les musées ça veut bien accueillir les urinoirs côté grand art, ready made,pas les couvertures donc ne me dites pas c'est pareil pour les peintres ou artustes classés Beaux arts . Non ce n'est pas pareil. Le statut dans l'art officiel, n'est absolument pas le même.
. La pratique s'est developpée en France fin des années 80 avec des cours dispensés par Sophie Campbell ou côté Rouvray par l'équipe de Diane de Obaldia Toutes deux venues des USA; Il s'est fondé une association Française du patchwork dont je fus membre de 1992 jusqu'en 2013 . Je lui dois beaucoup à mes débuts du moins, je lui ai donné aussi quelques modèles et contributions de réflexion -dont on n'a pas toujours voul, j'ai expliqué dans mon article le bonheur en lisière ce qui m'en avait éloignée .Je n'ai pas changé d'avis .
J'ai souligné qu'il existait en France avant cet enseignement venu des USA , des personnes qui déjà pratiquaient cet art comme le livre de Michel Perrier Mosaïques d'étoffes en atteste pour les quilts du XIXe siècle, qui ont leur cachet bien français (j'en trouve de temps à autre sur les sites d'enchères en ligne bien connu ). Ainsi cette pochette qui fait partie de ma collection est un ouvrage français du XIXe siècle :
Et plus récemment justement dans les années 70 on voit des créations originales dans le livre de Marie Janine Solvit .Comme celle-ci :
Patchwork de Fançoise Scheider années 70 (à l'époque on ne parlait pas ni de matelassage obligatoire, ni de contemporain, ni de traditionnel, ni d'art textile qui serait le vrai )
Signe qu'il y avait des pratiquantes certes pas autant qu'au Royaumue Uni et aux USA mais déjà différemment et entre nous soit dit ces quilts ou tableaux textiles pour être moins nombreux ne sont pas moins signifiants . S'ils le sont moins c'est qu'ils ont été traités avec moins d'égards ! Et sont aussi "contemporains" que ce qui adviendra peu après. .Aimable loisir jugé sans valeur , aussi ,parfois , trop souvent par celles et ceux qui le pratiquaient, encore que lorsque c'est un homme il a tout de suite une plus value et ce, même aux yeux de certaines femmes .
Et puis donc le patchwork s'installe partie comme activité de créatrices authentiques (je songe à Nadine Rogeret que je découvris à mes débuts il en est beaucoup d'autres ), partie comme loisir de clubs . Je ne dis pas qu'on ne pouvait pas créer dans un club, mais on peut très bien préférer faire toute seule . Et on n'exige ni d'un peintre ni d'un graveur qu'il aille rejoindre un groupe pour créer! Créer était moins le but pour beaucoup que de trouver des idées (celles des autres) au mieux pour les adapter et interpréter ou des modèles 'ceux des autres" bref d'avoir quelque chose à coudre ou broder ou les deux.Et papoter autour d'une activité partagée .Rien d'infamant à cela il existe aussi des clubs d'arts plastiques pour d'autres disciplines acceptées elles à l'exposition hors clubs- dans les lieux que je nomme "généréalistes".
Il y eut jusqu'à la fin des années 90 un grand essor de ces activités . Avec plus ou moins de création et déjà hélas des copies de kits exposées et primées non avouées ou des prix décernés à des copies intégrales sans citation de source voir l'histoire de la grande étoile dite des quatre saisons .
Et puis à la fin des années 90 nous arriva ce concept de "contemporain" . On sait bien la révolution et les ravages que le mot a fait dans les grands arts, ceux qui comptent .Aux Usa on disait plutôt "art quilts" Définis par des historiens du quilt, surtout du quilt américain sans contestation possible. Juste que j'aime fouiller ailleurs . Comparer. Les USA n'ont pas inventé le patchwork, non plus . Même qsi l'activité s'y est incroyablement développée et sans doute pour des raisons autant commerciales qu'artistiques (ce qu'il ne faut pas dire bien sûr).
Déjà on peinait à le définir, ce contemporain
On peut résumer : éviter les tissus à petits imprimés et éviter les géométries régulières jugées sans imagination et répétitives sans "surprise" (quoi même pas celle d'y insérer à chaque pièce un morceau d'étoffes celui-là et pas un autre, comme on écrit une phrase pour un poème ou un roman ?) et déjà y ntégrer des matériaux non textiles : on était plus contemporaine en assemblant des canettes de sodas que des étoffes juste que le monde des étoffes est plus immense que celui des canettes de sodas ou autres boissons; du reste c'était bien du patchwork (ou de la mosaïque ? ) mais plus du textile . Ce compte la marqueterie c'est du patchwork innovant en bois ! (puisque l'innovation vient de la matière autre qu'étoffe!) Cela annonçait la deuxième révolution celle dite de l'art textile .
Il y a eu à ce moment-là un glissement sur l'évaluation des quilts : était jugé artistique parce que contemporain tout ce qui en gros ressemblait à de la peinture abstraite (avec pas mal de démarques des peintres abstraits Klee notamment( voir ici) ou Vasarely pour l'op art) .Le figuratif aussi puisque qu'il y eut aussi un retour à la figuration en peinture. Ses sources étaient nobles et celle fondées sur des blocs jugés traditionnelles . A partir de là on n'a plus regardé ce qui pour moi rstait essentiel à me yeux : ce que cet art d'assemblage d'étoffes diverses pouvait dire, exprimer en tant que langage textile à part entière. Ce qui disaient ensemble des tissus réunis. On fuyait les imprimés qui faisaient "trop patchwork) et pas assez peinture (on peignait , on teignait ) . Certes, ça a donné de très belles oeuvres , où le graphisme, la peinture la teinture , là parlaient mais plus autant les tissus mis enemble. C'est là qu'il ya profonde incompréhension et relégation . On a présenté comme contemporaines des formes qui existaient déjà (en peinture) et on a de nié la création'"contemporaine" chez celles qui comme moi continuaient à chercher autour des tissus "faits" et des motifs en recomposition (tâche inépuisable) ou des fameuses géométries dites "traditionnelles" dont les combinaisons déformations modifications restent infinies .. On a présenté cela comme un stade à dépasser bon pour des débutantes et comme si surtout c'était "fini épuisé" . Toutes les biographies des artistes se disant contemporaines commençaient par : : "j'ai commencé par du patchwork traditionnel(sic) et puis je suis devenue enfin artiste et créative et j'ai abandonné . J'y reviens pour me délasser ." Des phrases comme ça j'en ai lu des dizaines et aujourd'hui encore.Considdérer le patchwork en blocs comme n stade pour débutantes est déjà d'un mépris à couper au couteau ! . Evidemment si on ne regarde pas où elle est, la création, on ne saurait la voir .
Le problème c'est que ce "contemporain" on peinait à le définir (plus facile de dire ce qu'il n 'était pas, que ce qu'il était et encore ! ) Les premières expositions de patchwork dit contemporain marquent ce flottement (j'ai les catalogues) . Un livre récent , 1000 quilt inspirations, de Sandra Sider, (2015)
qui est prodigieusement riche,, ec qui fait son intérêt , classe ainsi
Ceci est classé traditionnel :
Ceci est classé art quilt abstraction (l'équivalent de notre "contemporain) remarquer que côté USA le mot "art était déjà confisqué il y avait des Art quilts et les traditionnelles qui n'étaient donc ni contemporains, ni de l'art. Ben voyons!
Les deux montrent des bandes . Parallèles mais point trop . Qu'est- ce qui a pu faire classer le premier dans traditionnel ? : les formes ne le sont absolument pas !
L'usage de l'imprimé très probablement et d'une dentelle en embellissement . Le deuxième étant fait d'unis fortement contrastés est donc classé comme de l'art abstrait . Juste que dans les mêmes parties du même livre on peut trouver l'exact contraire ...ce qui reste troublant .Les deux blocs reposent sur une abstraction et pour moi les deux sont de l'art tout à fait "contemporain" . Je vous passe la catégorie Modern quilts encore une valence du début XXIe siècle)
De plus l'usage de l'uni dans des formes aux couleurs fortes ça a déjà été fait bien avant dans les quilts Amish et Gallois. Voir l'article sur les géométries ici et ici
Aux alentours de l'an 2000 deuxième coup de boutoir . Vint se greffer sur l'activité patchwork en utilisant ses structures qui plus est ,tout un mouvement très intéressant appelé Artextures chez nuous Fiber art ailleurs qui au fond regroupaient des plasticiennes issues des Beaux-arts et excluait évidemment complètement le pachwork jugé traditionnel puisque déjà non contemporain . Plusieurs de mes amies ou relations en font partie et 'j'ajoute que je respecte et souvent admire leur travail . Je fais moi, cet effort d'intérêt et d'ouverture . Juste que la réciproque est très rarement vraie ou se borne à une reconnaissance de tout sauf l'acte de création cataloguée donc non contemporaine vlan, et non art textile repaf . KO le patchwork !
Il ne s'agit pas de rejeter ce mouvement qui a donné de fort belles oeuvres bien que lui nous rejette totalement.Restez dans vos ouvroirs -sic fut-il même écrit . Ce que je n'admettrai jamais c'est ce regard de supériorité et la confiscation des mots "art textile" au profit d'une partie récente de cet art-qui plus est trop souvent celle où les tissus parlent le moins . On ne me fait pas prendre des vessies pour du textile. Ni un discours creux pour du profond.
Et dans les discussions internes ça donne ceci :
Tu fais quoi ? Du traditionnel ou de l'art textile ? (le mot contemporain a tendu à disparaître ou à se confondre avec l'art textile, le vrai pas le nôtre ) .
à quoi je répondrai :
Je fais ceci :
Melting Pot ce serait : classé traditionnel ni contemporain art textile bien sûr ! Pas contemporain car j'ai usé comme source d'un bloc inscrit dans les recueils (dessin en noir et blanc) j'ai juxtaposé mes blocs (pas un n'est identique à une autre) c'est une surface, et en art textile vrai on préfère la 3D . ou la suspension .ou l'installation ou la performance .Le même roulé en boule en expliquant par exemple que j'ai voulu y montrer le rétrécissement de la planète ou je ne sais quel boniment de même farine aurait peut-être une chance . Ou bien en le maculant de taches ou en le déchirant, peut-être (là les discours symboliques tout faits ne me manqueraient pas ) . Voyez : je saurais moi aussi : mais je ne VEUX pas .
Que j'aie pu avoir une démarche de femme bien de son temps le faisant, non ça ça ça ne compte pas . Si on veut savoir laquelle c'est ici :
Le feu sacré là celui-là vu la prédominance des formes et des couleurs sur l'usage d'étoffes variées on me le classerait contemporain juste que pas de chance le contemporain dont je parle ci était démodé quand je l'ai terminé . Modern quilt serait une chance de rattrapage .N'est-ce pas risible ?
La chimère apprivoisée série Nous. A noter c'est toujours du patchwork puisque constitué de morceaux de tissus .Mais ouf jai monté en grade j'ai abandonné la géométrie . Juste que là j'ai oublié le bout de bois , de fil de fer qui pourrait me donner l'estampille vrai art textile et puis c'est une surface cf ci -dessus etc .Bref peut mieux faire!
Et puis là je deviens carrément conceptuelle : (youpie enfin après trente ans d'efforts ! vous pensez!)
Voir sur ce lien pour la noble démar che du jour om je suis devenue enfin une vraie artiste textile .C'est pourtant le moins textile de mes ouvrages (sur papier lidée resterait la même !)
Sérieusement tout est de moi, tout est aussi contemporain(ou pas!à) et je ne suis pas suiviste c'est tout. De l'art? Je laisse les autres en décider . Je veux bien m'ouvrir aux innovations (ou se disant telles!) , mais je ne vois pas pourquoi une partie de ce que je fais deviendrait obsolète parce que d'autres en décident avec des critères sans fondement et arbitraires . Je continue donc simultanément mes recherches dans tous le genres d'un art textile que je souhaite depuis plus de vingt ans débarrassé de ces absurdités et qui donne accès à toutes pourvu qu'elles créent à tous les lieux où où il peut être montré sans qu'on vous dise : surtout pas de patchwork !Au panier à ouvrages patchwork ! sage! pas contemporain pas art textile, tu l'auras ton susucre de "bien cousu" "quel travail " valable aussi pour celle qui copiera ta création . Rien de plus.. Est- ce juste? je vous en laisse juge. -
Le bien écrit , le bien brodé, le bien cousu
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 04/01/2020
- 2 commentaires
Pour moi , qui manie le stylo et même la plume (les célèbres sergent-major!) (-aujourd'hui le clavier) et l'aiguille depuis mon plus jeune âge ... je me suis heurtée souvent à ces jugements : bien-mal écrit bien-mal cousu ou brodé ....
Le "bien écrit" visait autrefois, à l'école l'aptitude à maîtriser une écriture cursive - calligraphique- les modèles de mon institutrice en attestent : pleins et déliés parfaits . Pour moi enfant qui apprenait, l'image même de la perfection normée . Avec déjà cette tentation d'y tendre, cette certitude de ne jamais y parvenir et une tendance exactement contraire qui me poussait à écrire selon mon tempérament.
J'en ai écrit aussi dans mon premier récit long La Demeure Mentale :
" Dans le cahier, le domaine des majuscules demeura longtemps inexploré. Une main experte -celle de l'instituteur de Pierre, sans doute- les avait calligraphiées. Mes essais maladroits ne pourraient jamais, j'en étais pathétiquement certaine, atteindre l'admirable perfection des pleins et des déliés magistraux. Pendant plusieurs semaines, accomplir cet exploit devint mon unique but. J'étais persuadée que leur achèvement m'était interdit ; il représentait cependant pour moi le summum de la beauté. Cette distance leur conféra le prestige et les grâces des princesses lointaines, inaccessibles et emmêlées dans les souples méandres de leurs boucles sobrement nouées."
J'ai manuellement une écriture difficile à lire-sauf si je ralentis mon rythme et m'applique- cela vient du fait que ma pensée va très vite et que si je ne suis pas sa vitesse je perds des idées en route . Je tape trop vite (je parle trop vite aussi) aussi ce qui provoque des fautes de frappe nombreuses -dont je vous prie de m'excuser d'autant que fixer les écrans m'étant difficile, je les vois de moins en moins. Je corrige chaque fois que je repasse ici.
Il ya ce "bien écrire" calligraphique et aussi ce "bien écrire" qui consiste à respecter la syntaxe et l'orthographe (ce qui n'est pas la même chose du tout) . Les fautes d'orthographe grammaticale entravent beaucoup plus la compréhension d'un texte que les lexicales. Je suis indulgente aux réels dyslexiques, je le suis moins aux je m'en foutistes et aux "j'écris pour ME comprendre, MOI" .Le langage n'a pas pour fonction essentielle de parler à son nombril ou entre ceux qui sont du club ou clan aux dépens de ceux qui n'en sont pas .Certes la fixation et la normalisation de l'orthographe est historiquement discutable à l'infini, elle a permis tout au moins d'avoir un code commun.
Le écrire bien "sans fautes" n'est du reste pas si aisé, même aux spécialistes et c'est pour quoi j'ai accepté quand l'éditeur Jacques Flament m'a demandé d'extenser ma chronique de langage en livre .
. Aucun écrivain ne confondrait ces arts de "bien écrire" celui qui touche à la calligraphie et celui qui touche à l'orthographe(toutes deux qualifiées parfois jadis de "sciences des imbéciles" avec l'intérêt littéraire d'un texte .
On m'a souvent dit , à cet égard , côté lecteurs et lecteurs de différents milieux et goûts, à cet égard, que "j'écrivais bien" , . Côté édition-quand c'était lu! - c'était plutôt considéré comme une qualité trpp "scolaire" trop "conformiste". (trop bien écrit" trop classique, quoi !) Qui croire alors ? Beauoup de personnes, ne se connaissant pas entre elles, ayant des goûts littéraires différents et même franchement antagonistes. Certaines tout à fait "autorisées" à en juger. Je ne sais pas ce que ce "bien" recouvre, mais j'ai eu le sentiment de la reconnaissance d'une maîtrise de mon outil d'expression pour faire coIncider au moins un peu la forme et le fond ce que j'appelle "exactitude", "justesse" . Et je comprends le recours aux autres langues, dialectes y compris quand la langue commune fait défaut ou aux inventions de mots .
Chose que je pratique aussi en art textile. car pour moi c'est un langage textile plus qu'un art textile que j'entends exercer . J'assemble et je brode les tissus comme un autre langage , poétique le plus souvent, je l'espère . Narratif parfois (l'un n'exclut pas l'autre) . Or ce langage n'est ni étudié comme tel, ni reconnu il passe par les sens mais aussi par les symboles il se "lit" il propose tout comme un texte écrit -ou une oeuvre graphique plusieurs niveaux de lecture ou d'appréhension, si on veut ... Et je me sens un peu seule, à cet égard, parmi ce que je nomme "la corporation" . Si on veut en savoir davantage lire le bonheur en lisière .
Mon premier art pratiqué fut la broderie , si proche du geste d'écrire . Il existe des milliers d'oeuvres associant lettres et textiles ; abécédaires, monogrammes, marquoirs -noms ou initiales brodés sur les vêtements pour les reconnaître , à une époque où on déléguait ce soin à une blanchisserie -Samplers , ces recueils de motifs que j'aime particulièrement car ils allient justement mes deux écritures : celles avec mots et lettres et celles symbolique des motifs .
Ce que je regrette, en broderie c'est précisément la perfection formelle érigée en dogme . En manière d'éliminer.J'en ai parlé dans cet article
qui consiste précisément à confondre l'écriture calligrahiée et l'expression personnelle par le motif brodé.
Pour les lettres ainsi on a le choix entre une écriture impersonnelle et parfaite comme celle que j'ai choisie pour la lisibilité des textes :
ou sa propre écriture personnelle très imparfaite pour la mienne mais qui montre caractère et tempérament ce qui fut mon choix pour le Chant des couleurs.
Dans les deux cas ce choix n'était pas d'obédience à une quelconque perfection technique "obligatoire" , mais de significatIon .
Pourquoi la broderie serait-elle juste un art de perfection formelle où s'effacerait l'âme le coeur les sensations de qui brode ? Une broderie parfaite ne reflète que cette peerfection certes difficile à atteindre , avec derrière un relent d'abnégation, d'effacement de soi, admirable certes, mais hélas, si souvent prôné aux femmes pour les maintenir dans leur rôle social d'inférieures aux hommes surtout côté Beaux-arts, et ne pouvant donc s'illustrerqu'en manifestant ces vertus . Ce qui, certes, n'est pas méprisable mais tend à enfermer dans l'admiration de la technique aux dépens de la vraie création. 'Un kit parfaitement réalisé ou un modèle copié intégralement, sur les réseaux sociaux est plus admiré qu'une création authentique où les points seront volontairement moins normés, et expressifs donc .
J'aimerais qu'on y réfléchisse, vraiment . Si on assimile, déjà , en valeur artistique, la copie d'un modèle à la création - on fausse le jeu.
C'est idem en patchwork , côté bien cousu ,surtout si on a un point de départ dit traditionnel (quand il n 'est qu'un choix esthétique je n'ai jamais eu le désir de perpétuer une tradition ! ! ) Ainsi j'ai découvert assez vite que si on use des "blocs" -ces carrés répertoriés on n'a pas droit à l'erreur, tandis qu' avec un dessin dit "personnel" là on a tous le droits, même si ce dessin est d'un simplisme volontaire .Or je fais les deux, Et je refuse qu'on m'assigne au seul "bien cousu" dans le premier cas .
Ce que je voulais aussi et veux toujours c'est cette écriture par les motifs réassemblés, les formes et les couleurs. éventuellement le matelassage -mais sans qu'il soit une obligation. Autant vous dire et je l'explique dans mon livre Jeux d'étoffes et aussi dans cet article., que si je suis entendue, j'ai toujours eu l'impression que c'était un peu façon "laissons-là causer c'est son dada ' . Ce n'est pas un dada mais un questionnement sur mes arts.
Ma vie ma passion. Pas un passe-temps. Et surtout pas de la patience!
-
Impressions , motifs, langage : une autre lecture des patchworks-quilts
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 27/08/2019
- Dans opinions
- 0 commentaire
Etant classés objets décoratifs -utilitaires les patchworks ou quilts géométriques à base de motifs réguliers sont rarement analysés pour ce qu'ils sont d'autre ! C'est à dire des surfaces dans un art particulier, qui pourrait s'étudier -si toutefois l'art d'assortir les étoffes imprimées n'était pas, précisément évincé des recensions de la sorte puique non-art aux yeux de la plupart (occupe doigts, loisir, hobby etc .).
Je voudrais évoquer ici une élaboration qui n'est pas de "couture" ni de divertissement pour passer le temps. Mais un travail spécifique à un art.
Au départ donc une composition
Cette composition je l'ai souvent préférée géométrique, justement pour permettre d'autres lectures. Un foisonnement dans un foisonnement ça se remarque mal tandis qu'un foisonnement dans une structure stricte parle tout autrement. C'est donc un choix d'expression personnelle, non un choix "pour faire du traditionnel" .
Il y a un premier jeu de lignes et de bâti . J'aimerais qu'on le regarde comme un plan d'architecte ; par exemple le carré de base nommé "bloc" peut se modifier par ajout ou suppression de lignes , se déformer, être utilisé avec des tailles différentes , être associé à un ou plusieurs autres, étiré, inclus dans un cercle, un cadre , disposé sur la pointe ... Par exemple je peux partir de ce "bloc" qui ,on l'accordera est simplissime , c'est juste un point de départ :
Avec ce bloc j'ai construit ce plan -ce qui est déjà, j'espère qu'on me l'accordera, un travail personnel, non négligeable et d'autant moins qu' à ce stade on le pense déjà parfois et en couleurs et en textile et en faisabilité "couturière" :car tout cela devra être mis en oeuvre pour obtenir ce qu'on appelle un patchwork ou un quilt (si c'est matelassé )
Mais très exactement avec le même point de départ , j'aurais pu tout aussi composer ainsi et je vous épargne les dizaines d'autres possibilités .
Ce plan en lui-même n'est évidemment qu'un guide, une structure, une armature .Ce n'est pas un art textile en lui même on pourrait très bien le peindre ou faire une mosaïque un vitrail ou une marqueterie. Ou du papier collé. Cela reste toutefois un travail personnel.
Il va falloir ensuite le faire vivre en'étoffes. Je dis faire vivre pas colorier.C'est vraiment tout autre chose.Revenons donc à ce qu'est le patchwork depuis ses origines quand il est textile . Il est assemblage de tissus différents.Il a toujours eu ces deux valences quasi contradictoires : celle de récupérer des étoffes pour les réutiliser à une époque où le tissu coûtait très cher =, l'autre étant au contraire de montrer la richesse ( "je suis riche puisque je peux m'offrir plusieurs étoffes souvent précieuses pour faire mon vêtement.) .
Ambivalence sur laquelle déjà on n'a guère réfléchi , le côté récupération étant tendance actuellement pour faire à la fois "arte povera" et ecolo . En réalité une grande majorité de quilts est aujourd'hui faite avec des tissus spécifiques spécialement "créés pour l'usage", l'aspect commercial par derrière n'est pas négligeable, mais c'est surtout l'idée de "lavabalité" et de facilité à ajuster les montages délicats de cet art . Il existe maints designers qui créent des gammes en fonction des kits ou modèles qu'ils vendront et qui seront imités à x exemplaires ce qui n'aide evidemment pas à un regard sur la création originale de celles qui ne font pas ainsi et ont des tissus assemblés un tout autre abord. Ce qui est mon cas .
On peut user de tissus unis et dans ce cas , cette architecture simple et les couleurs qui vont parler- . J'ai une grande admiration pour les quilts gallois, Amish et ceux des Modern quilts unis, simples sans tomber dans le simplisme ou le procédé.
Mais pour moi dans ces quilts si le graphisme du plan et couleurs et valeurs parlent, le tissu se tait ou presque ; en papier on aurait quasi exactement le même effet . On en voit tout juste le tissage souvent discret comme dans tous les calicots fins "spécifiques" ou les lainages fins. Sur ces quilts qui en sont à proprement parler (quilter veut dire matelasser) c'est les motifs de matelassage qui jouent le rôle de seconde lecture graphique .
J'ai rarement travaillé avec des unis seuls, sauf quand ils comportaient une texture particulière dentelles par exemple la texture offrant des touchers différents , et des dessins visibles comme par exemple dans ce patchwork dentelles décalées où la variété des textures a remplacé celle des motifs. La lecture de ces 'signes" tissés reste cependant plus tactile et moins visuelle que dans l'usage des imprimés .
Quand y ajoute les motifs sur les étoffes on choisit ses étoffes comme une sorte de vocabulaire . Les motifs m'ont toujpurs fascinée , quels qu'ils soient. Sans me soucier des règles du bon goût ni de l'esthétique souvent enseignée justement dans un but décoratif, je les ai toujours élus par rapport à que moi je voyais et voulais signifier avec eux . Sans me soucier du reproche de 'trop chargé" qui évidemment n'a pas manqué de m'être fait . Mais une forêt n'a jamais trop d'arbres, un jardin trop de plantes et un texte trop de mots .Donc mes surfaces n'ont pas pour moi "trop de tissus, tropd de motifs trop de couleurs".
De plus j'aurais trouvé ennuyeux d'assembler vingt fois le même carré avec le même tissu au même endroit ou un tissu analogue, ce que je voulais c'était justement que ces motifs contruisent quelquee chose,de particulier qui corresponde à une vision en moi . En plus des couleurs et valeurs (on me dit bonne coloriste cependant) mais la couleur pure sans cette forêt de signes, ça ne m'allait guère.
Pour montrer qu'on pourrait lire les quilts ainsi aussi j'ai donc passé certains détails en image numérique façon "sketch" . On voit bien que le plan initial seul ne parle pas , et que même en l'absence des couleurs les motifs eux tracent tout un réseau de codes, de correspondance sans eux mes quilts seraient des quilts mais ce ne serait pas ma voix ni ma voie c'est eux qui la portent et c'est aussi ce qui différencie le plus mon art le patchwork des autres arts de mosaïque et evidemment de la peinture . Il faut que ce soit lisible de près et de loin il faut que chaque découpe puisse se lire comme une page. C'est ce que je veux, c'est ce vers quoi je tends. Pas vers un joli travail avec de jolies couleurs .
Ici le choix de Guillaume dont le plan a été tracé par mon second fils quand il avait huit ans , vu sous cet aspect(en couleurs il est dans l'index)
ou encore ce Feuilles en folies :
Là les motifs de feuilles et branches imprmées créent des motifs secondaires en écho aux feuilles "géométriques" et si on regarde attentivement on verra que les lignes de matelassage réalisé par Simone Struss ajoutent cet effet de tourbillon de vent que j'avais souhaité .
Il est donc pour moi ou plus exactement il serait important pour moi (et sans doute quelques autres) qu'on apprenne à regarder cet art méconnu pour ce qu'il est : un art où les tissus jouent de tous leurs atouts , l'impression des motifs en étant une et non négligeable ; surtout quand on essaie d'harmoniser une variété considérable de motifs en plus des couleurs et nuances . Avant de dire : c'est facile, essayez!
Car évidemment tout cela va jouer ensemble : le choix du plan initial , le choix des textures -s'il est signifiant, les couleurs, les valeurs (qui sont ce qu'on regarde le plus forcément) et mes chers motifs et leurs combinaisons, les oubliés de l'histoire.
-
Valeurs
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 04/08/2019
- Dans opinions
- 0 commentaire
Histoire de valeurs
C’est en étudiant l’histoire de l’art textile que cette idée m’est venue.
Tout le monde l’a constaté et des plus savants que moi un art qui émane essentiellement des femmes –et parfois du peuple (les deux c’est une double peine !) - ne peut être prestigieux,, réellement reconnu. On lui concède cependant des qualités ; lesquelles sont liées toujours à une vision de la féminité bien rangée à la place qu’on lui attribue : soin , patience, jolie décoration, manifestation d’amour envers les siens, souci d’économie (ne rien gaspiller).
Toutes vertus qui sous la déferlante du féminisme ont été contestées. Justement, s’il s’agit d’y enfermer les femmes et de borner leur rôle dans la société à ces seules valences. Injustement s’il s’agit de dévaloriser ce qui aurait dû rester des valeurs et ce, détachées du genre de qui crée ou conçoit .
Donc dans cet art textile tel que je l’ai vécu et le vis encore , je vois les hommages et les plus grandes reconnaissances à aller soit aux hommes qui sanctifiant automatiquement ce qu’ils touchent (grands brodeurs, grands couturiers )ont plus d’aval que la créatrice restée anonyme ou oeuvrant à faire des « modèles pour les autres » en petit en somme, soit aux femmes qui imitent les hommes et ont l'honneur d'être aux Beaux-arts. C'est à dire dans un système hiérarchique patriarcal accepté dont le reste est exclu ou toléré avec condescendance, sauf retour d'une mode .
Or si on considère les œuvres en les détachant du genre de la personne –en les regardant pour ce qu’elles sont et non selon qui les a créées- on s’apercevrait à quel point c’est injuste.
Mon site comporte maints articles qui le démontrent (et ce n'est pas fini !)
Le même phénomène existe aussi en peinture, mais moins accentué car la peinture reste le plus souvent connotée Beaux-arts et non domestique , sauf si le peintre homme ou femme a le malheur de pas user d’un support « noble » comme toile et châssis. La même chose sur une porte d’armoire pfft c’est dévalué .et là la valeur ne tient pas à l’œuvre mais au support et à l’usage (on voit bien que c’est aussi absurde que ridicule, mais c’est)
Soit en imitant les arts définis comme majeurs sculpture et non surface, usage de matériaux comme fil de fer etc qui masculinisent la divine souplesse du tissu (à laquelle moi j’ai la faiblesse de tenir : roseau contre chêne et même contre chaînes , horizontalité souple et non forcément molle et faible contre érection ) ou plus exactement :" à côté de", n’étant ni plus, ni moins mais questionnant ces critères d'évaluation admis.
Au-delà, j’ai réfléchi aussi à cette phrase de la sociologue Evelyne Sullerot : “quand une tâche se féminise elle se dévalorise ,quand elle se dévalorise elle se féminise »
Qui reste malheureusement encore vraie trop souvent.
Et pour que cela change, il faudrait sinon inverser un système de valeurs du moins déplacer la valeur vers l’acte, le fait, la réalisation et non vers l’origine de cette même réalisation. L’essence pas l'emballage, la présentation, le milieu social, le sexe, l'âge qui sont à l’oeuvre et l’acte critères secondaires passant pour primordiaux .
J’en suis venue à l’idée qu’on prenait les choses à l’envers et qu’ayant échoué à revaloriser les subalternes, les obscurs et les sans grades, si on essayait de valoriser la tâche en elle-même, de la regarder autrement que comme négligeable, inférieure, méprisable parce qu’exercée par des subalternes, des catégories jugées inférieures en tout cas.
C’est une logique de castes et nous avons nos « intouchables", partout.
Prenez les fonctions de nettoyage et d’hygiène pourtant éminemment utiles à tous. Et quand je dis utile, on pourrait comptabiliser combien de vies sauvées …Eh bien le mépris qui les entoure rejaillit sur ceux et surtout celles qui les exercent soupçonnés de ne « pas savoir faire autre chose » que ces choses que tout le monde saurait faire, alors .
Ce qui est faux, parfaitement, faux . Il existe pour tout activité une compétence à la réaliser et même une excellence
Qu’on me comprenne bien : je ne suis pas relativiste extrémiste et j‘entends bien qu’un chercheur qui fait des études difficiles que très peu sont capables de faire et comprend ce que jamais malgré mes efforts désespérés je ne saurais comprendre ne soit pas à mettre sur le même plan qu’un génie du passage de la serpillière.(que je ne suis pas non plus !)
N’empêche que les deux ont leur utilité, les deux ont droit au respect de leur compétence (et sinon le monde serait un cloaque !) .Entre une démagogie qui consiste à dire que tout se vaut et un juste regard sur le : « toute compétence en quelque domaine que ce soit, utile aux hommes, est à valoriser », il me semble qu’il y a voie à réflexion.Or, on en est très loin, très loin .On pourrait au moins ne pas mépriser les tâches , peut-être lors le regard sur les personnes qui les exerce changerait .ça on ne l’a pas vraiment essayé . Un : “OK c’est chiant ,OK on n’aurait pas envie de le faire mais aussi un “ OK bravo à ceux et celles qui le font bien” (avant que des robots le fassent partout – ce qui reste à discuter aussi coût, pollution de ces machines ? )Juste mes petites idées de Madame Toutlemonde comme ça.(article publié sur Facebook) -
Femmes de l'ombre
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 16/05/2019
- Dans opinions
- 0 commentaire
Intimité et créativité dans les arts textiles de la fin du XIX° au milieu du XX °siècle
Auteur : Danièle Véron-Denise
Silvana Editoriale -cité internationale de la tapisserie d'Aubusson.
2018
en français
Livre en trois parties après diverses présentations, une partie éclaire avec beaucoup de photos les notions techniques de tapisserie à l'aiguille (ce qui n'est nullement inutile pour qui ne la pratique pas ou de manière dilettante !) et même les brodeuses confirmées apprendront par exemple l'existence du "point de Nantes",Il est à noter que les applications sur étoffes sont rangées-là ... alors que c 'est tout autant sinon davantage du patchwork (j'y reviendrai car ce point me titille!) .Il est vrai: patchwork et appliqué sont rattachés tantôt à la broderie, tantôt à la tapisserie . Et le mot "patchwork" continuant de susciter des ricanements absurdes, il est évident qu'il vaut mieux, pour l'aura de l'activité "appliqué" la rattacher à la noble "tapisserie" .
La seconde présente donc les artistes et leurs partenaires d'exécution textile et la genèse des oeuvres est developpée aussi -c'est sans doute à mes yeux, celle qui nous apprend le plus tant elle est fouillée et précise , parfaitement documentée - comme l'ensemble du livre du reste.
La dernière est le catalogue des oeuvres textiles exposées .
Les oeuvres présentées dans ce catalogue d'exposition sont donc souvent "duelles"...Il s'agit de rendre hommage aussi aux compagnes de grands artistes textiles (brodeurs et tapissiers surtout) et de montrer leur importance dans ce travail de l'ombre, si on peut dire, car elles n'ont évidemment pas souvent laissé trace dans l'histoire de l'art autre que fugitive et "au service" de leur mari, fils, d'amant ou de compagnon...ou en tout cas elles sont beaucoup moins connues -à part des spécialistes! Et, je souligne, ledit compagnon n'est pas non plus toujours très connu, non plus.
Chaque parcous est détaill , de manière extrêmement précise , avec détails sur les techniques utilisées , et aussi la mention d'oeuvres disparues.
Je ne peux résumer le parcours de tous ces artistes et de leurs "interprètes" et j'invite à lire le livre qui est passionnant sur le sujet . Je focalise(arbitrairement!) sur ceux qui ont retenu mon attention par une opinion ou une réflexion sur l'art textile en duo qui me porte à méditer et sur cet art , et sur le rôle et la place et...la reconnaissance surtout des femmes dans un art moins prestigieux que la peinture ou la sculpture notamment .
Emile Bernard selon les auteurs broda un peu lui-même réalisa un tableau intitulé les Bretonneries (en patchwork) IL fit broder ses oeuvres -à grands points drpits le plus souvent- par ses diverses compagnes : Maria dont le nom de famille est resté inconnu, Haneanah Saati et Andrée Fort soeur du poète Paul Fort . Oeuvre dont on nous dit qu'elle reste mal connue . L'article conclut "aucune pièce ne figure dans un musée français" ..Et à voir les oeuvres en question , c'est bien dommage !
Aristide Maillol (qui fut tapissier et céramiste avant d'être sculpteur ) écrivit : "J 'ai inventé un point très simple (le point lancé! ) de telle façon que je puis faire exécuter mes tapisseries par les femmes les moins intelligentes "-sic - ! mais il appréciait quand même que ses ouvrières aient été " très jolies". Il abandonna la tapisserie en raison de problèmes de vue et devint le sculpteur que l'on sait ; sa compagne Clotilde Narcis lui servit de brodeuse et de modèle et devint sa femme.
On connaît bien Jean Lurçat pour ses tapisseries tissées, on sait moins qu'il s'intéressa aussi la tapisserie à l'aiguille en créant des cartons pour "canevas" , sa mère fut l'exécutante de sa première broderie . Il est noté que la tapisserie à l'aiguille a des exigences propres et justement celle qui l'interprète n'est pas dans la simple exécution (il faut penser la surface en matières et en points sans parler des couleurs qui ne jouent pas de la même façon sur les points que sur de la peinture) Il semble notamment que Marthe Hennebert qui broda beaucoup des tapisseries à l'aiguille du maître et qui fut amie du poète Rilke, puis l'épouse de Lurçat ait été bien plus qu'une simple exécutante .Il s'agit bien de donner vie et une vie textile à un carton qui est un dessin essentiel certes mais il existe une part indéniable de création par points et fils dans le passage d'un art à un autre.
La compagne de Roger Bissière dite Mousse -les tapisseries de Roger Bissière sont des patchworks d'appliqués -mais on dit tapisseries puisque le mot patchwork reste, hélas dépréciatif- elle, créait carrément ... en composant avec des étoffes choisies par son partenaire. j'avoue avoir un coup de coeur pour ces tableaux-là. Et ce sont même les rares patchworks que les musées accueillent , -(il suffit de ne pas dire que ça en est et surtout qu'il y ait un grand art exercé comme caution artistique du travail d'étoffes. Le travail d'étoffes seul lui, surtout si c'est du patchwork, s'avouant tel, n'est pas considéré de la même façon , surtout s'il est hors courant et intelligentsias.
Pourtant Bissière lui-même écrivit :" Le tableau qu'il soit à l'huile, à l'eau ou qu'il soit fait d'étoffes, de ciment ou de la boue des chemins n'a qu'une signification la qualité de celui qui l'a créé".
J'ajouterai : ou de celles et que les celles en question ont été à travers les siècles étellement plus nombreuses à créer avec fils et étoffes pas seulement à reproduire ou interpréter des modèles ... qu'on aille y voir , bon sang qu'on aille y voir !
Dans cette partie Jeanne Kosnick Kloss Freundlich est la seule a être présentée comme créatrice "à part entière" encouragée toutefois par son mari l'artiste Otto Freunlich qui périt en camp de concentration . On la connaît surtout comme peintre , mais elle a créé dans d'autres disciplines avec bonheur et réussite y compris celui du chant lyrique. Son Apthéose des couleurs est une tapisserie brodée magniqfique.
il faudrait citer aussi :
Paul Eliee Ranson et France Rousseau, Laure Lacombe.
Fernand Maillot et Fernande Sévry
Paul Deltombe et Yvonne Berthault
Georges Braque et Octavie Eugénie dite Marcelle Lapré
Henry de Waroqiuier et Marie Joséphine Louise "Suzanne" Plassard
Bernard Pomey et Madelene Biardot dite Manon et un dernier chapitre intitulé : et quelques autres (prmmi lesquels Blanche Ory Robin (qui créait seule
et Sophie Tauer-Arp dont il est dit qu'elle créait tellementet en symbiose avec Jean Arp qu'il est impossible de savoir qui a créée quoi (et sans doute inutile !)
Et j'en ai sûrement oublié !
Et on conclut par un chapitre sur le rôle de ces femmes insistant sur leur qualité d'interprètes et la part active prise à l'exécution de l'oeuvre.
Ce livre est magnifique et il nous apprend énormément sur une partie peu connue de l'art textile..Les photographies sont également de grande qualité.
Je suis pour ma part dans une position plus militante ... on le sait.J'aimerais qu'un travail soit fait sur les artistes femmes qui créent seules leurs surfaces textiles, en commençant par une étude des oeuvres qui ne soit plus uniquement histirique ou de technique, mais s'interroge et interroge sur l'expression artistique qui s'en dégage. Il est vrai : très peu de personnes en France semblent juger que c'est nécessaire et même simplement pertinent ("c'est comme ça depuis des siècles et donc si c'était vraiment un art,ça se saurait"et autres arguments aussi peu fondés .) Et dans ses parties les plus ignorées (comme le patchwork, la tapisserie à l'aiguille ou la broderie de création- création en broderie pas forcément en dessin ! )on en est très loin.
On est toujours dans l'optique pour être artiste en art textile il faut à côté avoir exercé un grand art ( ou l'execer en imitant les grands arts), ou encore être la compagne de quelqu'un qui exerce un grand art . Seule dans son coin notre "anonymous woman" reste niée et dans sa création et dans son expression personnelle, on lui concèdera toujours un bel ouvrage et :"ah quel travail !" qu'on sert aussi à celle qui ne crée pas . Au pire on lui préferera la parfaite exécutrice virtuose d'un kit difficile.
Ce livre fait la part belle au travail des interprètes (et dans ce type de passage d'un art à un autre il y a effectivement ue grande part de création pas uniquement technique L'auteur fait une comparaison avec l'artiste interprète en musique .Et sur ce point la comparaison est juste : il s'agit de donner une vie textile au carton d'origine.. Il ya création donc dans le passage d'un art à un autre et création à part entière, surtout quand l'interprète y introduit des modifications qui viennent d'elle, de ses décisions propres.
Je soulignerai toutefois que si une composition musicale a besoin d'interpètes pour être entendue, un carton a besoin d'interprètes textiles pour exister en tant que pièce unique, on donne vie à quelque chose qui n'existait pas , une oeuvre en kit ou en modèle style "pas à pas" à suivre, non : on refait ce qui existe déjà . C'est rappelé aussi dans ce livre et c'est bien.Le livre souligne aussi que, pour beaucoup d'oeuvres, on ne sait pas on où elles se trouvent et en quel état .Alors pour des complètemet anonymes vous pensez !
Les oeuvres textiles, il est vrai, exigent une manutention coûteuse et dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres on ne fait d'efforts que pour ce qui est ancien ( ou au contraire dans la dernière mouvance au goût du jour ) . On conserve mieux les échantillons d'étoffes du patrimoine industriel -et on a raison- que les oeuvres créées avec des tissus et des fils. Il faudrait un travail d'indexation et un travail honnête , reconnaissant sources, emprunts. Et des analyses côté art à visée expressive et esthétique pas seulement technique ou historique. Seul moyen que ça glisse un jour côté culture générale et non oeuvres qui n'auraient d'intérêt que pour les spécialistes .. Comment savoir si on refuse d'aller vraiment y voir ?
-
Faire ses livres soi-même -mise au point
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 04/12/2018
- 0 commentaire
Essayer d'expliquer . Once more. suite à une conversation ce matin .
Je le répète; je respecte infiniment les petits éditeurs qui parfois ont été les miens.Je sais leurs diffccultés. Je dirai : justement ! . D'abord parce que je n'ai quasiment jamais envoyé de manuscrits de poésie à une maison d'édition J'excepte les ouvrages à deux voix, deux mains .
Pourquoi ? C'est difficile à expliquer . D'abord je n'ignore pas que nous sommes très nombreux à écrire ce que nous nommons poésie . J'en ai comme tout un chacun ma conception elle coïncide rarement avec les tendances littéraires du siècle -il me suffit de lire ce qui est prisé pour m'en convaincre-
Ensuite parce que contrairement à que certains pensent je n'ai désir de gloire ni d'éloges. La reconnaissance c'est différent mais je ne m'épuiserai pas à expliquer la nuance et je l'ai déjà fait . Zut qu'on aille y voir ! Je suis humaine j'aime quand on aime ce que j'écris mai ce n'est pas ma visée première. J'aime surtout quand l'autre en face me dit avoir éprouvé une émotion même si parfois c'est pas du tout celle que j'espérais susciter . C'est le jeu des lectures ... des approches. Pour moi elle est libre comme je me sens moi libre .j'aime quand s'établit un dialogue un échange . Même conflictuel.
Ma visée première c'est d'approcher d'une sorte de saint Graal poétique nommé justesse , et comme j'ai le sentiment que ce n'est jamais tout à fait cela, je continue.
Ensuite j'aime l'objet livre et déjà bien avant de croiser l'ombre d'un éditeur, je me les faisais moi-même . Ensuite bon quand j'ai été éditée -pas en poésie je le répète- on m'a expliqué qu'il y avait des problèmes de diffusion surtout pour les petits. Donc finalement , si je voulais bien écouler mon stock moi-même -le rachetant à prix réduit- ça arrangeait tout le monde. Seulement me suis-je dit pourquoi embêter ces éditeurs croulant déjà sous les manuscrits ,les stocks à gérer et peinant à diffuser et à faire la promo etc.J’ajoute j'ai le sentiment de ne plus avoir ma vie et ma vue surtout devant moi pour ce faire . Je ne peux donc pas attendre des mois une éventuelle réponse d'éditeurs surchargés ..
Puisque le coût de l'impression a baissé même pour un très petit tirage , pourquoi pas gérer tout moi-même . Je dis bien moi-même sans prestataire de service style édition à compte d'auteur.
Erreur fatale : si on n 'a pas l'aval d' un comité de lecture c'est donc qu'on s'auto-évaluerait bon (pourquoi pas génial ?) Non mille fois non moi je veux juste faire un livre , je n'oblige personne à l'aimer ni à le trouver bon mais on comprendra que l'avis a priori de quelqu'un qui le rejetterait pour ce motif d'autofabrication sans même l'avoir lu , parce que ça n'a pas été cautionné est nul et non avenu. On lit d'abord on juge ensuite c'est rigoureusement indiscutable .
Et ici je donne à lire gratuitement pour tous ceux qui n'ont pas forcément envie d'acheter ...J"ai besoin de lecteurs pas de louanges de réactions pas de dithyrambes ! Je comprends ceux qui ne peuvent pas, n'ont pas les moyens, ceux qui ne veulent pas, ceux qui n'aiment pas ceux qui aiment mais bôff pas assez pour .
C’est permis de faire exister ce qu'on crée hors circuit ? Sans jugement péremptoire ? Maintenant si un éditeur passant par là me dit ça me botte j'aimerais faire un livre avec vous ... qu'il le dise maintenant ou se taise à jamais (là je suis sûre de la réponse ) . (publié sur facebook ce 4 décembre 2018) -
Livres textiles
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 07/11/2018
- Dans opinions
- 0 commentaire
Au début des années 2000, la vogue des livres textiles qui faisait déjà une percée aux USA et au Royaume-uni commença à arriver en France par le truchement d'artistes influencées parfois par les revues américaines Quilting arts notamment .
Et évidemment , on ne peut éviter la mention de l'Ode à l'oubli de Louise Bourgeois, mais j'invite à voir ce que font des artistes moins connues comme par exemple Mandy Patullo dont j'aime l'amour des étoffes ! sur ce lien.
C'est une parmi une infinité d'autres créées antérieurement à cet ouvrage célébrissime.
Ces livres étaient souvent des souvenirs centrés sur une personne de la famille dont on voulait honorer la mémoire,-le plus souvent en mixed media papier-tissus , ou bien encore des livres à thèmes ou des keepsakes , recueils de morceaux aimés et de souvenirs textiles, et enfin des livres altérés qui existent indépendamment de l'art textile mais peuvent intégrer des étoffes.. Dans ce cas on retravaille sur les pages d'un livre existant en palimpseste en quelque sorte , mais en palimpseste qui montre la couche du dessous . On peut voir des livres altérées ou textiles en tapant ces termes dans un moteur de recherche.
Coutume qui dure, on peut voir actuellement beaucoup d'oeuvres peintes ou réimprimées sur des pages de livres ou de magazines, qu'elles soient en livres ou le plus souvent indépendantes. Notre époque aime la superposition (layering) et le faux palimpseste . Dans les vrais on grattait le support pour faire disparaître autant que faire se pouvait le texte précédent, là il est juste recouvert d'autre chose.
Symbole d'une sorte d'intellectualisation de l'art textile, avec en fiilgrane l'idée de le valoriser toujours en imitant un art majeur ou ..libéral comme était classée jadis la littérature. un livre ça vous pose mieux dans les intelligentisias qu'une surface assimilable à une couverture (même si les livres en ont aussi !)
On pourrait sur ce point , justement, citer les couvertures de livres brodés qui sont une tradition très ancienne, et certains samplers : ces recueils d'échantillons de points, étaient parfois présentés sous forme de livres (et non de bandes ou de tableaux )et le sont toujours .
Ce site en montre un qui me plaît beaucoup (et on peut réaliser le sien, les explications y figurent) .
Pour les livres txtiles actuels du texte est naturellement parfois associé qu'il soit de la créatrice ou emprunté : il va de la coupure de journal au poème de l'auteur. Sur la valeur littéraire je dirai pour rester gentille que c'est très inégal.
Pour moi il y a d'abord eu le sentiment non pas de faire un livre textile, mais de lier textes et textiles , ce qui est tout différent . J'ai commencé à chercher autour de cette relation (je n'ignorais pas l'étymologie du mot texte étant latiniste de profession, jadis.). A noter qu'à présent tous les artistes travaillant sur le créneau nous la rappellent. En 2004 lors de mon expo textes -textiles c'était moins couru. En fait pour moi c'était moins cette étymologie (et le tissage) que les motifs sur les étoffes, comme une écriture. Je veux bien qu'un texte soit tissé , mais il est aussi déposé sur un support même virtuel (comme une broderie) et les mots y sont assemblés comme les tesselles d'étoffes d'un patchwork , qui ne sont pas que juxtaposées sans recherche ,c'est pourquoi cet art -que mes soeurs tisseuses me pardonnent- me semblait plus proche de ce que j'écrivais que le travail de la navette, mais le tissu reste ma matière essentielle : les mots de mes textiles comme de mes textes ont déjà été tissés par d'autres. C'est un point de vue singulier, discutable, mais c'est mon approche.
Et la liaison texte textile s'est d'abord faite pour moi par le patchwork géométrique et j'aurais aimé qu'on regarde mes quilts aussi -c'est une lecture possible- comme les pages d'un livre ou juxtaposées....surtout les quilts en blocs ou chaque "carré" est comme une sorte de chapitre , avec d'ailleurs des structures analysables . J'ai beaucoup insisté sur l'importance pour moi des motiifs sur les étoffes -choix qui me place complètement à contre-courant de ce qui se fait en art textile actuellement : le glissement vers les quilts dits contemporains ou autres "art quilts" évinçait à la fois les géométries répétitives jugées je l'ai dit mille fois "plan-plan" ennuyeuses ou superficiellement décoratives .et l'art textile branché préfére les volumes aux surfaces .
Mon début est tout simple quilt fait pour ma fille sur le thème du Petit Chaperon rouge , ave un tissu ancien dont j'ai appris ensuite qu'il était très célèbre et dont il s'est vendu des mètres ...ce qui explique qu'un morceau donné par une amie se soit retrouvé entre mes mains .Pas un livre, mais un quilt qui raconte une histoire. C'est ce qui a mené au reste.
De là l'idée d'ilustrer des contes en crazy patchwork , Peau d'âne notamment ou le conte Japonais de la grue Blanche :
Ces crazys quilts m'ont amenée à songer à illustrer mes poésies de cette manière puis celle d'autres artistes et ce fut ce que je nomme l'aventure des textes-iles. Un beau moment de ma vie d'amitié et de création .On peut en voir l'histoire sur ce lien :
Parallèlement j'avais accepté de travailler en duo sur un calendrier textile dont l'histoire est racontée ici :
Pour revenir dans le Textilionnaire à des tableaux séparés ;
J'hésite du reste toujours actuellement pour mes petits formats à les présenter en séries de tableaux séparés ou sous forme de livres textiles. C'est pourquoi le chant des Couleurs se présente sous forme de livrets séparés en double page (voir dans la partie textiles et textes les deux liens) :
A cette époque j'ai mis en route aussi le livre pour 'elle écrit pour ma mère , qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour compléter :
J'ai continué mes aventures textes textiles avec ces livres tissés mariant papier et tissus fondés sur deux recueils de poésies : Trames et chaînes écrits antérieurement :. La structure tissée ici ne vient pas de la tendance à lier textes et textiles mais de ce travail poétique antérieur :
Dans le même temps et sur une autre inspiration je fais les petits port-folios tri-arts nommés Avatars :
PUis je mettrai en route les livres blancs et un livre d'or fait en feutrine sur laquelle j'ai appliqué et brodés des pages de motifs textiles : (aventure qui se continuera sans doute)
Et pour revenir au patchwork mais en le développant côté images numériques je crée la série très traits :
Entretemps vient s'ajouter un livre mixed media de fleurs fantaisistes brodées, avec leur histoire intitulé précis de botanique alternative :
Le dernier achevé fut cet hommage à deux "cousettes" par une troisième : Lucette et Jacqueline(s)
On peut voir le détail de l'histoire sur ce blog
A lheure de la rédaction cde ce billet il existe au moins (!) trois autres livres en cours qui vous seront montrés dans des articles futurs (si j'en viens à bout et que ma vue qui me fait quelques soucis actuellement ne me lâche pas ) .
-
Des gestes -et de la geste- du textile...
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 03/09/2018
- Dans opinions
- 0 commentaire
Les gestes de l'art textile sont souvent un peu partout mélangés et confondus. Et leurs résultats aussi.
Le grand public, surtout masculin - qu'on me pardonne ce "sexisme" !- je sais qu'il est d'heureuses exceptions- lui , ne sait toujours pas bien la différence entre tissage, filage assemblage et broderie. Dentelle, macramé, tricot, tapisserie, broderie,crochet et patchwork, tout ça c'est pareil. Une affaire de bonnes femmes, presque, voire de grand-mère, les stéréotypes faisant des dégâts-sexisme et âgisme étant en filigrane- (sauf, je le souligne encore, quand on est dans la case qui convient, celle qui n'est pas toujours très textile, du reste...).
Tant de fois on m'a dit, désignant mes quilts : "ton crochet , ton tricot, ta tapisserie"... Or ce n'est rien de tout ça. Plus de différence entre eux cependant qu'entre l'aquarelle et la gouache ! Et c'est parfois signe de mépris involontaire ...ou inconscient. Connaître c'est déjà un petit peu apprécier ou du moins si on n'aime pas, on sait alors de quoi on parle, vertu qui tend à se perdre !
Démêlons un peu tout cela. Et si possible dans l'ordre d'apparition.
Assembler- Coudre
Coudre : c'est assembler des morceaux (pas forcément de tissu) avec une aiguille. Le geste d'assembler d'attacher, de "connecter" a précédé celui de tisser et celui de filer (on peut assembler avec des lanières de peau ou de végétaux du crin animal, des tendons séchés aussi etc. ) puisqu'on assemblait des peaux pour se vêtir, se protéger, et pourquoi pas décorer (sans oublier que lesdits ornements pouvaient avoir valeur symbolique, sociale, magique ou religieuse) .
Côté aiguilles -car oui l'aiguille est bien le premier objet d'un art d'assemblage sinon textile : en 15000 avant JC- 18000 dit le site du Musée de l'homme, spécalistes, pas d'accord comme d'habitude !- apparaissent les aiguilles à chas, bien avant pour celles qui servaient juste à percer .
L'assemblage par application (quand on pose une forme sur une autre et qu'on la fixe sur ce support) est aussi un des plus anciens (on en trouve dans l'ancienne Egypte -en peaux toutefois ). Il est à noter qu'à notre époque son "classement" hésite entre broderie et patchwork, puisqu'il participe des deux. Pour le détail des techniques on peut voir cet article.
L'assemblage d'étoffes, hélas pour lui, n'a pas ses mythes et ses déesses.. Pas de Pénélope ni d'Arachné dans lesquelles se draper, si je puis dire ... mais il a ses contes et son folklore (cf la veste rapiécée) et tout le monde connaît le petit tailleur qui tuait les mouches et les célèbres habits neufs de l'empereur ( à noter que dans ces contes ce sont souvent des hommes - artisans professionnels- qui cousent.) et les merveilleuses robes de Peau d'âne dans le conte de Perrault . Et les chansons populaires aussi comptent nombre de "cousettes" , lingères et autres ouvrières .
Je pense d'ailleurs que l'invention de l'aiguille à chas est pour les arts textiles aussi importante que celle du tissage, mais les spécialistes n'étant point de mon avis, c'est filage et tissage qui ont prédominé dans l'imaginaire collectif.
Le geste d'assembler des morceaux pour en faire une surface n'a pas trouvé ses lettres de noblesse et il ya sûrement à méditer là-dessus ....
Le patchwork est un art d'assemblage,qu'on assemble par juxtaposition(couture dit piecing en anglais) ou par superposition (appliqué). Lié à la notion d'économie , à la pauvreté parfois volontaire dans les religions orientales, il est aussi paradoxalement parfois tout aussi bien signe de richesse et signe par lequel on montre qu'on peut s'offrir plusieurs étoffes différentes, parfois très luxueuses, pour un seul vêtement . Il est art de mosaïque, mais aussi de couture, de la broderie vient parfois s'y rajouter et il est parfois rattaché à cet art, notamment les crazys quilts.
Le tissu déjà est une matière assez variée pour permettre aux assembleuses de tissus de dire par ce moyen mille choses mais l'art, force est de le reconnaître reste mal connu et souvent déprécié, sauf à imiter la peinture, la sculpture ou tout autre art qui a droit de cité déjà dans les musées consacrés aux "grands " arts. Quand on expose de l'art textile, même en surfaces d'étoffes assemblées, et si on excepte l'exposition du Whitney museum en 1971 le quilt géométrique de création reste à la porte et confiné dans les expositions spéciales pour, si je puis dire.
FilerC'est fabriquer du fil, c'est à dire amalgamer des fibres et en faire une sorte de long et fin cylindre, ça se faisait généralement au début avec une quenouille (parfois avec les doigts (on ne vous dit pas dans quel état ils devaient être !) puis un rouet.
Aujourd'hui le fil est fabriqué dans des usines, mais pendant longtemps l'activité de filage est restée à la campagne une tâche féminine comme à peu près tout ce qui est long, ennuyeux, répétitif et parfois rebutant au prétexte que "ça ne nécessite pas de force physique" . Voire ...
On trouve encore actuellement de fileuses artisanes d'art , qui créent des fils , organisent des stages et transmettent ce savoir.
L'art du fil a ses manitestations artistiques et le fil lui-même ses chefs d'oeuvre (sculptures en 3 D , notamment ). Taper sculptures en fils dans un moteur de recherche pour voir ce qu'on peut en faire . Mais utiliser du fil : ce n'est pas filer , c'est isoler un élément , pas vraiment "textile" puisque non tissé, pour créer avec lui
Le rouet d'Omphale qui contraignit Hercule à en user, est célèbre et dans les contes celui de la Belle au bois dormant (entre autres !)
Les Moires chez les Grecs filaient la vie des êtres humains et étaient au nombre de trois Clotho la fileuse Lachésis la répartitrice son nom évoque le tirage au sort chacun sa part courte ou longue et Atropos, l'implacable , l'inévitable, le coupe .Elles ont sous le nom de Parques un rôle analogue chez les Romains avec des noms différents Nona, Decima et Morta. Nona étant à l'origine chez les latins unique. On peut remarquer que le langage courant sélectionne souvent le nom latin pour l'ensemble des trois soeurs et les noms grecs pour les désigner. On les trouve evidemment dans d'autres mythologies .
Il existe d'innnombrables contes, légendes et mythes mettant en scène des fileuses.
.
BRODER
On lit parfois que la broderie est venue, elle aussi, après l'invention du tissu et j'en doute. On peut broder sur des peaux de bêtes (du cuir ) et sur des écorces (cela se fait encore ); juste que de nos jours quand on brode sur autre chose que du tissu, on appelle cela curieusement "innover", alors qu'historiquement parlant on retrouve les origines. Simplement, l'invention du tissu évidemment a pu donner essor à cet art (et à bien d'autres ), le support étant idéal pour le geste . Le tissu par sa structure se transperce facilement, il permet aussi de compter les fils . Mais broder c'est déposer ou attacher quelque chose sur un support : ce quelque chose peut-être des motifs de fils , mais des perles, des pierreries , des plumes (même si le métier de plumassier s'est différencié au fil du temps.) . La variété des supports et des ajouts tenus par un fil ( bien qu'actuellement il y ait un goût pour les tesselles collées sur étoffe en loisir créatif ) n'est pas absolument pas une invention de notre époque, juste que nous adaptons l'art aux matériaux dont nous disposons.
Il est vrai les définitions habituelles de la broderie incluent quasiment toutes le support textile qui reste le favori.
Sur l'histoire de la broderie on peut lire Claude Fauque et Françoise Cousin La Broderie, splendeurs mystères et rituels d'un art universel mais aussi pour un point de vue différent Rosika Parker The subversive stitch et les articles du dictionnaire culturel du tissu " et également l'excellente Encyclopédie "Autour du fil" , pour ne citer que quelques ouvrages.
Broder est un geste assimilé symboliquement à la richesse (de ceux qui portaient les vêtements brodés ) et il y a eu très tôt tout autour de cette activité un artisanat d'art et un commerce . Motifs tissés et motifs brodés étant parfois en concurrence, et les gestes parfois proches puisque pour coucher les fils (les déposer à la surface de l'étoffe avant de les maintenir par de petits points) dans les figures importantes on utilisait des "broches" et que le brochage est aussi une technique de tissage. Zola dans son roman Le Rêve décrit ce travail. Il est à noter deux choses : que si les artisans brodeurs chefs d'atelier étaient souvent considérés comme des artistes à part entière, les "petites mains" elles étaient parfois très mal payées et travaillaient dans des conditions plus que difficiles. Et restaient -et restent encore souvent, anonymes- ceci pour les professionnelles.
Hélène de Troie dit-on au chant III de l'liade brodait sur un voile pourpre ou d'un blanc éclatant selon la leçon du texte grec qu'on privilégie, les exploits guerriers auxquels elle assistait, le texte grec signale sur un tissu à double face. On n'extrapole guère là-dessus -plus facile de décrire les actes guerriers que de montrer une brodeuse en action , sans doute!
D'autre part, la fonction de broderie domestique rendue nécessaire par le marquage du linge , mais également d'agrément ou de décoration des vêtements et maisons a toujours été regardée comme un domaine dévalorisé puisque a- ça ne rapportait pas d'argent du moins en activité dite de loisir b- ce sont les femmes qui le faisaient. Le cliché de la dame n'ayant rien d'autre à faire de ses dix doigts que de la tapisserie à l'aiguille dans un coin du tableau qu'elle décore, elle aussi par sa présence, genre potiche oisive (!) est encore bien imprimé dans la mémoire collective. Il faut noter cependant et certains romans sentimentaux en attestent que c'était à la fin du XIXe siècle, pour une jeune fille de la noblesse désargentée , un moyen jugé honorable de gagner sa vie avec lectrice- dame de compagnie et dans des milieux moins huppés le travail de broderie à domicile était un moyen de gagner de l'argent. . Si on n'a pas peur de déchoir en lisant un roman de Delly ma Robe couleur du temps montre un personnage de jeune femme ruinée qui brode pour les maisons de Paris .
C'est pourquoi il est si diffcile de faire saisir qu'on peut travailler chez soi, en amateur et créer vraiment en brodeuse c'est à dire choisir ou dessiner son motif (en noir et blanc pas déjà tout interprété par quelqu'un d'autre ) composer avec lui un ensemble, choisir les points, les couleurs et les fils.
Il existe des dizaines de styles de broderies différentes. J'ai évoqué les broderies en relief et la broderie "tapisserie à l'aiguille", je pense écrire d'autre articles au fil de mes apprentissages (qui continuent) .
Broder c'est aussi littérairement parlant partir d'un thème et inventer à l'infini des variations sur le thème. Et en musique : En harmonie tonale, une broderie est une note étrangère qui s'éloigne conjointement d'une note réelle pour y revenir aussitôt1 (source Wikipedia) et on y retrouve , l'idée d'ajouter pour nuancer ou rompre en restant lié à ensemble cohérent .
Tisser
Tisser suppose un entrecroisement de fils de chaîne (les longs ) et de trame qui traversent les précédents .
Le lien entre le fil et les mots passe acteullement par la déconstruction encore très tendance via la figure de Pénélope, souvent convoquée . L'histoire de Pénélope est bien connue.L'est moins le fait qu'elle tissait le linceul de son beau-père et non une "tapisserie" . Le mot grec utlisé est iston qui vient de la position du métier à tisser ( dressé devant la tisseuse) et a donné aussi notre Histoire par l'intermédiaire du verbe istèmi, qui en dehors d'avoir fait le desespoir des apprentis héllénistes par les difficultés de sa conjugaison, désigne une forme de savoir (le grec n'a jamais qu'un seul verbe pour désigner les opérations de l'esprit et elles sont souvent couplées avec des savoirs techniques ).
Arachné filait sans doute aussi mais c'est comme tisseuse "tapissière"qu'elle s'opposa à Athéna et pour cause : comment voulez- vous que sur un fil elle ait pu représenter les amours de Zeus ? Arachné fut par vengeance d'Athéna transformée en araignée , les dIeux antiques détestaient qu'on osât s'égaler à eux , défaut qu'ils nommaient "ubris" noté parfois hybris - une araignée, file et tisse sa toile d'une manière absolument fascinante de justesse et de précision .
Pour la fêtes des Panathénées les jeunes Athéniennes mettaient quatre ans à tisser le voile de la déeesse. De ces tissages antiques nous ne savons pas grand chose et seulement par les textes souvent épiques ou "fabulés" et bien sûr par l'iconographie. Broderie et tapisserie se rejoignent chez nous dans le terme "tapisserie à l'aiguille" -qui reste, toutefois une broderie.
Athéna était entre autres beaucoup d'attributions une sorte de protectrice des travailleuses textiles ( tisseuses en particulier) .
Philomèle qui fut violée et mutilée par son beau-frère Térée (ce qu'Ovide nous raconte dans ses Métamorphoses où il a sans doute beaucoup "brodé" lui-même ) communiqua avec sa soeur par le moyen d'un récit (où elle raconte les exactions dont elle fut victime) dans ce qu'on juge être un "tissu" , le texte latin dit en mêlant les fils rouges et blancs . J'ai pensé, tirant la couverture à moi, que se pouvait aussi bien être une broderie (une brodeuse peut mêler les fils rouges aux fils blancs de la toile et pour reproduire une histoire surtout sous surveillance à mon avis broder c'est plus discret ! ) Même si nous sommes dans un mythe dans lequel aucun réalisme n'est requis. C'est cette broderie que j'ai illustrée ici dans une ATC (carte d'artiste pour échange).
Pour qui connaît le tissage et les métiers à tisser primitifs cela laisse rêveurs du reste ... sur la réalité de ces "tissages" mais pas impossible non plus que les hommes poètes qui racontaient ces mythes aient confondu tissage et broderie :-) comme c'est si souvent le cas de nos jours.
Et la dentelle ?
La broderie d'une certaine façon est aussi l'ancêtre de la dentelle : les mêmes points mais sans support ou alors par le tirage de fils, le tissage en "filets" etc. Dentellières et brodeuses sont souvent aussi confondues d'autant qu'il existe des dentelles à l'aiguille. Le fuseau avec lequel on croise les fils sur un carreau est aussi souvent représenté (la dentellière de Vermeer notamment).
Le macramé (encore un mot qui fait ricaner) se fait avec des noeuds et la frivolité avec des sortes de petites navettes et je le souligne ces disciplines peuvent donner aussi des oeuvres d'arts authentiques, uniques par le travail personnel de création qui les anime. Il existe aussi du crochet d'art et du tricot d'art dont le résultat est de la dentelle même si certains le contestent car tricot et crochets sont des arts populaires, surtout pratiqués par des femmes et domestiques : toujours le même écueil tout ce qui touche au tissu, à la mode n'évite pas la notion de "prestige" .
Mais alors que la broderie se fait sur un support qu'on conserve, la dentelle, elle se fait sur un support qu'on détruit (ou sans support en cas en crochet) ou en dentelle au tricot. Les broderies à jours, sur filet, sur tulle ou découpées (Richelieu, Renaissance, Broderie anglaise etc. sont souvent assimilées à de la dentelle). Sur les dentelles mécaniques voir ce lien
Tricoter
Bien qu'on en ignore la date d'apparition le tricot est une technique textile très ancienne . Ainsi peut-on voir dans un tableau de Beltram de Minden peintre du XIVe siècle une Vierge à l'enfant tricotant :
On utilise en général des aiguilles longues sur lesquelles on monte des boucles de fil (de la laine le plus souvent ) appelées mailles mais les célèbres cottes de maille ne se tricotent pas avec du fil de métal (beaucoup trop rigide) elles se sertissent (je l'ai vu faire) . Jadis on apprenait à tricoter aux filles-et à certains garçons- dans l'enfance. Ce n'est pas si facile, le geste demande une coordination fine des mouvements . Les points eux-mêmes sont parfois très complexes et requièrent une grande concentration -et doivent se comprendre dans leurs combinaisons - c'est donc une activité plus intelligente et moins automatique qu'on ne le pense. De plus là encore modèles copiés à la lettre, interprétations et créations se mélangent dans les résultats.
Le tricot comme le crochet peuvent totalement se détacher d'un rôle utile, et dès les années 70 on a vu des créatrices souvent anglo saxonnes , américaines ou australiennes faire des tableaux ou des constructions textiles avec ces deux arts (je pense à l'artiste Jan Messent, notamment) ou pour le crochet à l'artiste Prudence Mapstone.
En conclusion quand vous voyez une personne penchée sur un ouvrage textile , pensez qu'elle ne "tricote" pas forcément des chaussettes selon un modèle, mais qu'elle crée peut-être bien tout autant qu'un peintre devant son chevalet, ou un photographe derrière son appareil ..quand vous regardez une tapisserie célèbre dans un musée, ayez une pensée pour les autres arts textiles qui en sont exclus, souvent, parce que "ça s'est toujours fait comme ça" et "qu'on n'en voit pas dans les livres d'art". Allez voir ce que font les artistes souvent inconnues ou très peu connues sauf des spécialistes ... il existe des milliers de sites qui le permettent. Connaître mieux, c'est souvent le début d'apprécier pour ce que c'est et non selon des des stérotypes coriaces .
-
De l'humilité
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 04/08/2018
- Dans opinions
- 0 commentaire
Je sais bien qu'en parlant d'oeuvre en ce qui concerne mon travail de madame Lambda, je prends le risque du reproche d'outrecuidance. J'ai expliqué pourquoi je l'appelais ainsi. Le reproche c'est un peu :" si Madame Lambda avait le moindre talent depuis tout ce temps , ça se saurait ..". Ou bien: " quoi Madame Lambda a de ridicules "prétentions littéraries" doublées de prétentions artistiques" et n'est même pas foutue de trouver un éditeur (un vrai donc un grand, car il n'est de bon que de grand et célèbre , ça aussi "ça se sait" ) , ni un galeriste pour l'exposer ? .Pfff . ! "
.
Je me bats depuis des années pour qu'un travail artistique ou littéraire soit regardé d'abord pour ce qu'il est et non selon la notoriété de qui il émane qui fait écran et préjugé à toute attribution de "valeur" surtout qu'en ce domaine aussi le jeu social joue à plein et que c'est certes beeaucoup moins facile à une provinciale mère de famille -une bouseuse, quoi!- âgée de surcroît . Ces gens- tels les aristocrates, jadis- savent tout ,eux, de ce qui vaut ou pas et ce sont eux encore qui vous taxeront de manquer d'humilité ! C'est assez plaisant pour qui n'a pas d'ambition de cet ordre.
Il est heureusement et j'en ai croisé, des personnes "autorisées" comme on dit qui ne raisonnent pas ainsi se sentent libres de leur jugement hors réseaux et influences, elles se reconnaîtront si elles me lisent et je voudrais une fois de plus les remercier.
Je me bats aussi et surtout pour qu'un de mes arts essentiels l'assemblage d'étoffes soit reconnu et intégré à l'histoire de l'art autrement qu'il ne l'est , avec de vraies études de ce que montrent ces surfaces comme tout autre surfaces créées, d'où l'idée de cet index (que j'invite toutes les créatrices textiles ayant site ou blog à faire) . Oui je montre mon oeuvre textile telle qu'elle est, dans son ensemble, parce que personne ne le fera à ma place et que j'estime que même si elle n'a évidemment rien de génial , ni de révolutionnaire,ni de réellement "grand", elle peut néanmoins présenter un intérêt pour quelques-uns.
Je voudrais aussi témoigner de ceci qui est simple : oui on peut passer une bonne partie de sa vie à se consacrer à ce que je nomme une oeuvre au sens d'un ensemble tout de même conséquent de travaux divers (la quantité ne prouve nullement la qualité certes, mais. le contraire non plus !) et n'y chercher et trouver autre chose que cela : montrer qu'elle existe. Non pas aux yeux du monde, là serait la prétention . Montrer ce qu'on a fait ce n'est pas non plus chercher désespéremment à exister comme s'il n'y avait rien d'autre dans votre vie (comme je l'entends et le lis souvent) . Non : on est aussi des êtres humains faisant à côté tout ce que d'autres font ... nous femmes, nous sommes souvent épouses, mères, grand-mères parfois et oui nous pouvons quand même aussi faire tout cela à côté non par ennui ou pour nous distraire, mais parce que c'est vital . Non pas comme un "hobby" mais comme des parcelles de vie intérieure arrachées au quotidien. Non pour exister mais pour vivre de cette manière-là, aussi. C'est la fibre et le tissage de nos vies dont l'oeuvre n'est absolument pas coupée . Tout ce que j'ai vécu et vit encore en tant que femme très ordinaire est dans ce que je crée, je n'ai donc pas besoin de montrer ce que je fais pour exister mais je voudrais montrer ce qu'en être vivant j'ai créé . Nuance . Sans qu'on me taxe de "mal de reconnaissance "ou de je ne sais quel poncif dénigrant et méprisant à la mode .
Cela pour l'art.
Pour la littérature ou l'écriture (pour moi la création est un tout !) :
Des expériences ont été faites d'oeuvres célèbres envoyées aux éditeurs sous un autre nom et refusées y compris quand elles ont été expédiées , parfois, par l'écrivain célèbre lui-même ous un autre nom. Et plus discrètement d'oeuvres refusées envoyées par courrier qu'on acceptait ensuite (la même!) parce que quelqu'un pouvait vous introduire et glisser votre écrit entre les bonnes mains. Qu'on ne me dise pas que ce n'est pas ainsi, les éditeurs l'avouent eux-mêmes consultez l'annuaire AUDACE par exemple (quand on lit manuscrits publiés 80 pour cent par courant relations! 60 pour cent au mieux ! et inconnus 00,1 pour cent !!) ) Je n'invente rien. c'es un fait, vérifiable.
Ce qui tend à prouver que les hiérarchies arbitraires, le jeu social des arrivés, et surtout des réseaux , le goût du jour, influent sur les critères même d'évaluation sans tomber dans un relativisme systématique (non tout ne se vaut pas ).
Je sais en revanche ce qu'est pour moi l'humilité .
D'abord de ne pas faire la fausse modeste me semble primordial . Ayant par exemple beaucoup écrit quand même et étant inscrite comme "romancière" (!) à la BNF , me dire écrivain ne me semble pas absolument un comble de fatuité . Ce le serait si je prétendais être un grand écrivain, ou un écrivain reconnu ou un écrivain de talent etc. Toutes choses que je ne ferai jamais au vu que je ne suis pas dans cette course-là Mon seul challenge c'est d'essayer d'atteindre ce que j'ai à signifier et comme je n'y parviens jamais, je continue. C'est à à peu près impossible à faire compendre.
Mon humilité c'est de savoir que nous sommes beaucoup à écrire et créer et qu'il existe beaucoup aussi qui le font tout aussi bien ou mieux que moi . De me sentir un grain de sable parmi d'autres mais de vouloir être quand même ce grain de sable qui constitue la plage . Si on l'enlève certes personne ne s'en apercevra mais que si on les enlevait tous il n'y aurait plus de plage , non plus . Et si sur ladite plage on ne voit que ceux qui sont dans la lumière et brillent , ils ne brillent pas eux non plus quand les projecteurs s'éteignent . La plage elle, reste là tant qu'il ya assez de grains de sable . Après , il se peut que dans ces grains il y ait poussière de quartz et de diamant. Il se peut : je n'en sais rien et encore moins si je serais l'un ou l'autre ou tantôt l'un , tantôt l'autre . Il se peut aussi que le quartz hors du quantitatif du "ce qui est rare est cher", vaille autant que le diamant tout dépend du rôle qu'on lui assignerait. Je mourrai sans savoir .
Et c'est aussi bien .
Mon humilité c'est de faire les choses pour les faire. Hier ça n'était pas , aujourd'hui c'est là devant mes yeux, devant les yeux de qui peut aimer au moins quelques secondes avant de passer à autre chose . Grâce à mon travail et à ceux qui avant moi m'ont "innutrie" , mon humilité c'est de savoir qu'on ne crée rien ex nihilo.Mon humilité c'est précisément d'écrire vers , façon bouteille à la mer. Je conçois ce que je fais comme un don et un don hélas c'est gratuit en une période où tout ce qui ne se monnaye pas est censé ne rien valoir, se dévalue ipso facto. Je n'entre pas dans ce jeu-là .
Mon humilité c'est de ne pas croire que parce que j'ai créé beaucoup (et dans trois valences différentes mais qui pour moi sont "une" ) que j'ai forcément créé des choses qui mériteraient qu'on s'y arrête : on le fait si on veut . Sincèrement, sans tricher . Sans complaisance. Sans obédience . Certes . Mais alors sans doute aussi sans intérêt et sans valeur sinon universellement reconnue, sans valeur du tout dans l'instant où je vis. Dit sans aucune espèce de regret , signaler n'est ni se plaindre , ni regretter. Je regretterai bien davantage de me saborder à entrer dans des systèmes que je réprouve et qui détruiraient mes forces vives (ou du moins ce qu'il en reste) et ma façon d'entrer en création.Je voudrais souligner quand même au delà de mon petit cas personnel cette double peine des artistes et écrivains qui bossent beaucoup, savent qu'ils n' en tireront pas grand regard sur et qui en plus se font traiter de vaniteux dès qu'ils osent dire : "voilà ce que j'ai fait". Montrer, ce n'est pas exiger un regard encore moins de la reconnaissance. C'est juste ce que c'est . Ce n'est pas dire "j'existe "mais "mon travail est là voilà ce qu'il est" . Notre travail si souvent assimilé à un selfie qu'on montre justement pour avoir le statut de star ! La différence est capitale, mais souvent pas saisie. C'est tellement plus facile de parler "de créateurs en mal de reconnaissance" que d'aller regarder ce qu'ils font puisque ce n'est pas connu, si on pouvait s'abstenir aussi de toute opinion définitive sans avoir approfondi l'approche ... combien prétendent vous connaître qui n'ont fait qu'effleurer . Ce qu'on a passé une vie à faire bon ou mauvais, il faut plus qu'un regard superficiel pour s'en faire une juste idée . Si on n'est pas prêt à l'accorder et donc à approfondir , qu'on ait l'honnêteté alors de se garder de jugement ou d'une vague pitié condescendante serait la moindre des choses . L'humilité de qui regarde et prétend juger devrait exister aussi . Et en tant que lectrice et spectatrice des oeuvres des autres je sais aussi quelle est la mienne : celle d'un regard qui ne se croit pas infaillible et d'un être qui se sait trop impliqué dans ses créations pour prétendre évaluer celles des autres , comme je suis honnête j'ajouterai que je n'en ai ni le temps, ni le désir . Quand je fais un retour (rarement) sur une oeuvre littéraire ce n'est pas pour l'évaluer et dire si elle vaut ou pas c'est pour dire ce que j'y ai vu , compris, ressenti et n'oubliant jamais que je ne suis pas omnisciente même si mes diplômes de Lettres me conféreraient au moins pour les textes quelque légitimité à le faire . En revanche je partage tout ce que j'aime le plus que je peux. Je parle des gens dont les écrits ou les oeuvres m'ont remuée , émue, surprise, ravie aux autres, je les offre à qui elles pourraient plaire . J'essaie d'éviter autant que faire se peut un sentiment de rivalité et je n'exige absolument pas qu'on me rende la pareille : ce serait une politique de "marchandage" ou de renvoi d'ascenseur.
-
POUR COMPRENDRE
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 09/03/2018
- Dans opinions
- 0 commentaire
"Celui qui part de zéro pour n'arriver à rien n'a de merci à dire à personne" Pierre Dac"
Je rédige ce billet à la suite de plusieurs dialogues, ça et là. Pour ceux et celles qui me l'ont demandé.
On me dit parfois (souvent ) : " je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas accès à .... galeries d'art, murs pour exposer" etc ". comme tel ou telle qui ...
Se souvenir du "pas de patchwork" dit par une organisatrice d'évènements artistiques qui "appréciait" mon travail et me proposait des "murs payants". S'il ne dit pas tout, il dit beaucoup de choses. Je pourrais même m'arrêter là. Je ne peux exposer chez qui refuse une partie essentielle de mon oeuvre au nom d'un préjugé fondé sur l' ignorance et obédience à la façon dont les arts sont classés .
Ce n'est pas compliqué, j'ai tout faux . En tout, par rapport à ce qui se fait et surtout ce qui LE fait, selon les us et coutumes actuels des milieux artistiques qui "comptent" ... Je m'explique.
J'ajoute et c'est essentiel, je ne veux surtout pas blesser ceux et celles qui sont dans le "ce qui se fait et le fait", j'admire bien souvent leurs oeuvres, tout à fait sincèrement. L'inverse n'est presque jamais vrai, mais on ne force pas les goûts personnels . Je ne jalouse pas leur succès, j'explique juste pourquoi moi je ne pourrais pas y accéder. Si j'avais voulu faire une carrière et non juste une oeuvre, je m'y serais prise autrement, mais pour moi cela n'aurait pas eu de sens. Ce que je fais comme je le fais: c'est le sel de ma vie .
- Je ne suis pas professionnelle, c'est sans doute l'obstacle principal administrativement et j'ai expliqué pourquoi ici.
- Je suis indépendante. J'aime la solitude pour créer, le partage pour moi serait de pouvoir montrer mes oeuvres, juste pour les montrer, or ce n'est possible qu'à ma salle des machines. Je ne fais partie d'aucune structure qui propose de m'exposer en tant qu'artiste particulière ce n'est fait que pour celles estimées "grandes" dont je ne suis évidemment pas et les expositions collectives avec concours et prix etc, ne sont pas vraiment ce qu'actuellement je recherche.
-Je suis polyvalente et éclectique et je tiens à relier tout ce que je crée : textes, textiles et images numériques par trois, par deux et même en oeuvres séparées elles font partie d'une oeuvre unique . Mais variée. On me reproche souvent de n'avoir aucun style et pourtant il est des gens qui reconnaissent mes quilts au premier coup d'oeil, parmi les autres . Mon style c'est d'être moi en tous mes désirs, envies, valences. Mon style, c'est d'être multiple, justement . Mon oeuvre est une ode à la variété harmonieuse et c'est pour moi naÏvement, je le sais, une prière au monde toujours écartelé entre positions adverses. Si on veut du symbole, il est là, et greffé à mon âme. Pas un prétexte pour faire intellectuel ou engagé.
- Je suis coloriste - ça se voit - et la mode est au blanc au noir au noir et blanc . A la rigueur aux monochromes. Le dépouillement est forcément profond, sublime . C'est le couplet sur la merveilleuse sobriété , soi disant "plus difficile" , plus "ascétique" un "renoncement" un "minimalisme".
etc. OK je veux bien . J'en connais sur le bout des doigts les justifications, vu que d'une oeuvre à l'autre depuis le temps que j'observe, ça ne varie guère . La profusion, des couleurs, elle, se porte mal ou alors faut être côté art naïf ou art brut etc . Ce que je ne suis pas . Ou côté Haute-Couture .
Je sais aussi travailler le blanc (voir mes livres blancs) et en blanc et noir comme cet Alpha et omega
mais pour moi ces couleurs c'était justement pour montrer quelque chose de précis. Pas parce que le noir et blanc ou les monochromes, c'est mieux dans l'absolu je n'y accorde aucune once de "supériorité" esthétique . Et, je m'excuse de ma franchise abrupte je trouve absurde autant qu'injuste d'ériger un choix chromatique en but suprême à atteindre, pour se hausser en dévalorisant qui a choisi une voie opposée pour se dire.
Et je suis tout autant moi dans ce "Mon harmonie"
La maîtrise de tant de couleurs, de motifs au sein d'une surface qui comporte parfois des milliers de fragments différents, ça, ce n'est pas jugé artistiquement valable et témoin d'expression même si ç'en est, parce telle n'est pas l'esthétique dominante côté grands arts. Ayant fait les deux, je crois pouvoir affirmer avec force que non ce n'est pas plus "facile" à faire et que si "trop de couleurs tue la couleur" cet assassinat-là peut-être beau et éveiller une émotion ? Non ? Vraiment ?
Je sais coudre et broder, surtout à la main . C'est un grave handicap. J'entends par là que j'ai appris les diverses techniques d'assemblage du patchwork - du moins celles dont j'ai besoin pour ma manière de faire - et qu'en broderie je cherche encore des nouveaux points, comme je lis toujours des nouveaux textes et j'aime découvrir des mots dont j'ignorais le sens. Cela irait mieux pour moi si j'entortillais, amalgamais ou posais sans construction, puisque c'est la mode de DECONSTRUIRE , moi je bâtis, contre modes et marée. Mais ça me dessert. Je signale d'ailleurs que le patchwork repose souvent sur une déconstruction préalable, surtout quand il est de récupération, mais ce n'est pas la bonne, celle qui aurait une aura intellectuelle.
Je ne tisse pas : j'assemble et je brode . Tisser, on ne sait pourquoi c'est plus noble et mieux considéré. Sans doute parce que la tapisserie a rarement été un art domestique, si le tissage utilitaire pouvait l'être. Je sais tisser de façon très primaire, j'admire profondément l'art des tapissières mais je n'en suis pas une. Car à l'intérieur d'un art dévalorisé, il est des pratiques plus "nobles" que les autres et là non plus je ne suis pas sur le bon créneau.
Mais il m'arrive d'utiliser le tissage quand il est en rapport avec ce que je veux faire pas pour donner prestige à ce que je fais comme dans ces poèmes tissés
- Je ne suis pas artiste de mixed media avec du textile ou un peu de fil dedans pour donner caution "textile" à ce que je fais. Si j'y fais incursion c'est toujours pareil : c'est dans une visée précise pour créer cette oeuvre-là . Je suis quelqu'un qui adore tissus et fils pour leur sensualité, leurs textures, et surtout leurs impressions ou motifs qu'ils soient imprimés, tissés, brodés . C'est mon medium, et un de mes langages. Je me porterais mieux d'assembler des épluchures d'oranges ou de pommes de terres, ou encore des bouts de n'importe quoi pourvu que ce ne soit pas du tissu (le fil, c'est la caution textile, et le discours c'est la caution intellectuelle). Intellectuellement et techniquement c'est tout à fait à ma portée , mais pourquoi refaire ce que d'autres font avec tant de bonheur semble-t-il ?
Mais je sais allier mes arts, quand je le juge nécessaire :
on peut voir par exemple ces avatars
ou encore la série très traits
- Je n'imite pas les grands arts. Je tiens à ce que mes broderies aient l'air de broderies et mes patchworks de patchworks. Que tissus et fils soient mon medium ESSENTIEL et avec eux je peux tant dire que je mourrai avec des carnets remplis de projets non réalisés, faute de temps. Je ne peins mes tissus que si j'en sens le besoin mais pas pour montrer que je sais peindre ou faire ressembler à de la peinture .
Je peux imprimer ou faire imprimer mes images numériques sur tissu et me contenter de les matelasser seulement pour moi cela ne serait pas un art par les tissus, la même image sur du papier aurait le même impact puisque là c'est les formes les couleurs et graphisme qui comptent, non essentiellement l'étoffe. Si je le fais, ça m'est arrivé, c 'est pour quelque chose de spécifique ,et je réserve cela plutôt pour le moment où je ne pourrais plus ni broder, ni assembler.
Ce qu'il faut savoir : Si j'étais peintre dessinatrice, graveuse et que je vienne à l'art textile , le fameux "fine arts background cher aux anglo-saxonnes) comme j'ai tant vu le faire à partir des années 2000, là ce que je ferais serait automatiquement valorisé. J'apporterais l'aristocratie d'un art prestigieux à ces humbles pratiques tout juste bonnes pour décorer la maison ou faire de "jolis objets bien "sympas". A chacun non seulement ses moyens, mais selon le prestige des arts qu'il exerce. Le problème, c 'est que côté Beaux-arts, sans vouloir être méchante, on n'y connaît pas grand chose en valences purement textiles et notamment côté gestes techniques , ni histoire de cet art.
-Je ne suis pas une artiste conceptuelle, même si je peux manier le concept aussi bien que l'aiguille (je le montrerai sans doute dans une oeuvre de révolte profonde qui me titille depuis trop longtemps pour que je ne la fasse pas un jour !). Je suis quelqu'un qui aime travailler les matières (et pour moi les mots en sont une mais pour créer par pour sous-tendre ce qui se tient déjà assez bien tout seul ce me semble). Je n'aime pas l'idée d'avoir besoin d'un discours intellectuel pour qu'on regarde ce que je fais. Les matières que j'utilise parlent aux sens, pas au cerveau. Même si je pense savoir me servir du mien de manière satisfaisante sinon géniale !
Mais je peux présenter un projet en ce sens comme Le temps qu'il fait dans le temps qu'il passe. Pourquoi ? Mais parce que j'en avais envie. Cette oeuvre pour moi n'est pas essentiellement "textile" , du reste. Elle vaudrait autant, pour l'idée, imprimée sur du papier et en remplaçant la dentelle par un autre matériau. C'est juste que j'aime tellement les tissus que je les ai associés mais ils n'étaient pas l'élément pour dire . C'est ce que j'appellerais une "caution textile" si je prétendais les faire valoir comme art textile novateur et supérieur à mes humbles patchworks .
- Je ne travaille pas en 3 D. Mon domaine d'élection c'est la surface. Un peintre a le droit , mais chez nous on est super mieux vues et cotées si on se lance dans la suspension , la sculpture etc . Ailleurs on ne dit pas qu'un peintre vaut moins qu'un sculpteur, mais chez nous, faire des choses où on fuit l'effet couverture est quasi nécessaire et la 3 D, c'est un bon moyen d'autant que c'est aussi furieusement tendance .
- Je ne me gargarise pas avec l'originalité et l'innovation mise à toutes les sauces. Je ne suis pas classée contemporaine. Et il faut comprendre qu'en art textile c'est une tare irrém:édiable ça ferme l(accès aux galerues d'art et usées et aux expositions hors clubs .. Je ne suis pas traditionnelle non plus en obédience aux maniaques de la perfection technique castratrice à mes yeux. Le cul entre deux chaises, donc et rejetée donc par les deux . Je prends des sources et je les reconnais, leur date m'importe peu, prétendre faire du " jamais vu sous le soleil" me semblerait beaucopup plus outrecuidant que ce que je dis ici et qui ne va pas manquer de la paraître, pourtant. Qu'en sait-on ? On a donc tout vu ? Innover comme je le vois faire, c'est souvent imiter une source récente. Le premier innove, pas tous ses suiveurs s'enfilant sur un créneau porteur de louanges et reconnaissance : puisque c'est récent c'est mieux ... forcément !- J'aime jouer avec les poncifs même si je sais faire autrement , aussi ... alors là, ça me descend automatiquement au niveau zéro de la création quoi que je fasse avec on n'y verra que le bien fait, et le" travail d'eéxécution " -c'est le cas de le dire (la création elle est exécutée aussi , au pasage on NE VEUT PAS LA VOIR ) d'autant que ces arts sont exclus d'autre reconnaissance sauf rarissimes exceptions. On a décidé que ceux et celles qui s'en servaient n'avaient vocation qu'artisanale, décorative , superficellement "joli", "traditionnels" indécrottables. Pour moi les poncifs et motifs sont comme les mots qui ont servi à d'autres avant moi et c'est même en cela précisément que l'écriture et l'art textile chez moi se rejoignent. J'ai developpé cette approche ici .
De plus ce choix, mal compris, me condamne à une perfection normée que je refuse absolument. Je ne suis pas une machine et je veux que mes points reflètent ce que je suis et sens. Or tout le monde de l'art textile côté modèles reproduits ou même modèles créés (et j'ai été créatrice de modèles) l'exige, universellement cette norme pour tout ce qui repose sur un dessin ancien. Pas moyen de faire comprendre qu'on peut s'en dégager au niveau même de l'exécution pour lui imprimer sa patte et sa marque. Il ne s'agit aux yeux des professionnelles que d'imperfectionsde "poor workmanship" car il n'y a que la forme qu'on regarde alors, jamais la visée ni le fond : on est censée n'en point avoir. . C'est pourquoi la copieparfaitement exécutée vaut et même passe la création qui en ce domaine reste incomprise ou niée.
Je pourrais ajouter : j'aime la beauté, je suis pas une artiste engagée au sens habituel du terme sous une bannière politisée, et je pourrais sans doute trouver encore quelques handicaps qui m'excluent. On pourrait ajouter c'est sans doute que je n'ai pas autant de talent que ceux et celles qui ont plus de succès. C'est possible. On m'en a reconnu pourtant et sans que je demande.
Qu'on me permette d'être moi -certes personne ne m'en empêche- mais si je le suis je dois accepter que mon parcours soit souvent regardé avec une once de mépris ou en sous-entendant "que je ne sais pas m'y prendre". Certes on a raison sur ce point, je suis inapte à ce que je trouve par rapport à mes exigences propres "inepte" . Je ne suis pas une "arrivée", -je n'arriverai jamais .. et je veux pas "arriver" , il est vrai : je préfère les départs, les débuts, les envols, les pistes à ouvrir . ..Mon parcours n'est pas "prestigieux" certes mais il est honnête, sincère, passionné , obstiné (autant de défauts sans doute aussi) . Et si j'égratigne au passage, on peut à bon droit juger cela "mesquin", je l'assume. Qu'on pense aussi la dose de mépris, d'incompréhension ou d'indifférence que je dois encaisser, et ce, depuis des années. Qu'on la rapporte à ma passion pour ...
Et qu'on vienne voir un peu ce qu'il en est à la salle des machines ou si on est trop loin sur la page Facebook qui lui est consacrée .
Et une dernière chose : JE NE ME PLAINS PAS , je réponds à des questions souventes fois posées . Le jour où on verra des quilts géométriques et création et expressioon personnelle y compris - d'amateurs pourquoi pas ?- suspendus côté arts généralistes dans galeries et musées, autant qu'on voit d'autres oeuvres -y compris textiles mais "pas de patchwork" là j'accepterai, là, de croire que je m'y prends mal . Pas avant .
-
Sur la vogue des Modern quilts
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 16/10/2017
- Dans opinions
- 0 commentaire
Modernité ou mode ?
NB Article publié dans ma rubrique Opinions il y a plusieurs années. Je rappelle qu'une fois de plus je n’ai pas attendu que la mode se répande pour informer (et m’informer !)
de la soi disant "modernité " du minimalisme et d'autres notions....
On le sait, les grands arts ont leurs grands mouvements et l'art du quilt qui en est si peu un, lui, a ses périodes, ses vogues.
A chacun selon ses moyens surtout quand tout le monde s'en accommode.
Depuis une bonne trentaine d’années, cependant, on voit de pathétiques tentatives de se raccrocher à tel ou tel style, lui-même rattaché à un mouvement d'art, étant établi que l'assemblage d'étoffes,ne saurait , à lui tout seul, aucunement en être (qu'on ne discute jamais cela déjà et qu'on l'admette depuis trente ans que je couds comme d'autres peignent gravent ou dessinent ne cesse de me surprendre.) Je note aussi que c'est plus pour faire valoir telle ou telle individualité ou vendre une kyrielle de livres pratiques voire de stages où on vous explique comment faire "dans ce style" qu'au bénéfice de notre art dans son ensemble.
Au reste pour qu'il y ait vraiment art, il faudrait moins de "suiveuses" en extase à l'affût devant ce qu'on nomme tour à tour innovation, contemporain ou modernité et un peu plus de personnes qui sans négliger bien sûr forcément tous ces courants, travaillent un peu plus près d'elles-mêmes, de leur propre richesse intérieure : de leur imagination, et même de leur propre sens des étoffes , des formes ...S'il est nécessaire et bénéfique de se tenir informé, il n'est pas essentiel de suivre à la lettre toutes ces vogues successives, pour obtenir au mieux des "à la façon de" qui sont certes de beaux ouvrages mais où la personnalité derrière n'apparaît guère (tout finit par se ressembler ...), ce n'est pas le style de la personne qu'on reconnaît par son choix d'étoffes ou de formes mais le mouvement qu'il y a derrière ...et parfois le livre et parfois le modèle .
Actuellement par exemple, on nous rebat les oreilles avec les Modern quilts qui ne sont d'ailleurs pas à confondre eux-mêmes -même avec toutes les "innovations" .
Je rappelle que l'art moderne qui précède l'art contemporain se termine selon les historiens de l'art dans les années 1960 (pour d'autres la jonction est la fin de la deuxième guerre mondiale) . L'histoire moderne elle -qui le sait ? - commencerait en 1492 ..donc quand on dit moderne il faudrait savoir de quoi on parle dans quelle discipline on se situe et surtout ne pas oublier le contexte. Modern quilt c'est evidemment quelque chose qui nous vient des USA et qui selon ce site qui semble en revendiquer la paternité se définit ainsi
"Modern quilts are primarily functional and inspired by modern design. Modern quilters work in different styles and define modern quilting in different ways, but several characteristics often appear which may help identify a modern quilt. These include, but are not limited to: the use of bold colors and prints, high contrast and graphic areas of solid color, improvisational piecing, minimalism, expansive negative space, and alternate grid work. "Modern traditionalism" or the updating of classic quilt designs is also often seen in modern quilting."
Le mot minimalisme étant lâché il convient de faire une mise au point sur ce terme un peu mis à toutes les sauces.
Au départ le minmalisme ou art minimal c'est un courant d'art né dans les années 60 (dnc quand la modernité se terminait !) et si on veut une vue un peu plus approfondie que ce qui en est dit sur Wikipedia on peut lire ceci :
Lien vers l'article minimalisme du centre Georges Pompidou
Je me permets de faire remarquer déjà que c'est infiniment plus complexe que de coudre ensemble quatre rectangles de tissu unis de couleurs vive de façon asymétrique ..en improvisant le piéçage" car en gros c'est bien cela qui est prôné dans la phrase en anglais .
D'autre part il faut savoir aussi que comme tout mot celui-ci a ses acceptions diverses ( vous constaterez avec l'article précédent que déjà tous les artistes qui le pratiquaient n'en avaient pas la même conception) c'est aussi et surtout aux USA, friands de ce type de "morale" ou de "philosophie" -je mets entre guillemets parce que souvent , c'est à mon avis quelque peu "simpliste" eu égard la complexité de l'être humain et de ses relations avec les autres et le monde.
Si on tape minalmisme way of life on tombe sur des sites avec ces morales à vivre que notre époque affectionne.
Ensuite on peut méditer ...
Se demander si tout ce qui nous vient des Usa en matière de quilts (ou de manière de vivre) est parole d'Evangile à suivre le petit doigt sur la couture ..du bloc ? ou de l'absence de... parce que s'en dégager, tout en respectant l'apport considérable des USA en la matière , ce serait une vraie liberté. Je souris toujours quand dans les commentaires sur d'autres blogs je vois tant de personnes revendiquer une liberté "artistique" qui consiste tout juste à choisir la vogue dont elles vont s'inspirer, ou la recette ...être libre parce que sur le livre qu'on démarque et auquel on est accrochée comme à une bouée de sauvetage , c'est marqué "liberated quelque chose" ...Je veux bien.
Qui nous délivrera des pseudo-libérations ?
La vraie liberté de création , comporte un peu plus de risques et d’initiative personnelle. Mais passons.
Se demander si la culture textile c'est comme je le vois souvent des sortes de revues de presse avec commentaires des derniers livres sortis de nos consoeurs américaines et le plus souvent avec impasse sur l'histoire du quilt dans ce pays et ailleurs et impasse également sur l'histoire de l'art tout court ce qui ne cesse de m'étonner s'agissant de personnes dont la culture textile est célébrée à longueur de blogs. Il n'y a pas de culture sans recul, esprit critique, désir d'en savoir plus, de comparer, ce n'est aucunement une accumulation de connaissances sur les livres en vogue , cela d'ailleurs les revues de patchwork le font très bien. Ne pas oublier non plus que surtout aux USA où le patchwork est un business non négligeable le but est de vendre : les livres, les tissus qui vont avec, la mode en question et/ou les gadgets eventuels qui permettent d'obtenir tel ou tel aspect, avec toujours deux promesses: avec ça vous serez artiste (à bon compte" avec ça ce sera facile et toujours vite fait (time is money!) . Ne pas oublier non plus l'influence des courants New age : avant le minimalisme nous avons eu droit à des articles sur la création dans lesquels le mot "holistique" revenait en leit-motiv.Pour en revenir à nos moutons, on pourrait comparer aux Modern quilts , par exemple pas mal de whole quilts ou de quilts unis -certains datent de la fin du XVIII siècle ... et si on enlève l'asymétrie et le pieçage improvisé ... les couleurs vives y sont déjà , et ce dépouillement, la complexité étant donnée par les dessins du matelassage
Le mot patchwork implique lui un assemblage d'éléments. L’histoire du patchwork regorge de surfaces avec de grands morceaux unis..de couleurs vives : on a l'exemple des quilts gallois ou plus tard Amish, les quilts en bandes bicolores ...Je ressens pour ma part ces oeuvres-là bien plus proches du minimalisme tel que l'art l'a défini. Et je soulignerai, une fois de plus que des femmes anonymes ont créé bien avant les mouvements d'art des formes qui pourraient s'y rattacher !Il ne s'agit pas d'inciter à les reproduire mais de montrer qu'on se hausse souvent du coude avec de grands mots sans aller un peu voir derrière ce qu'on peut y trouver et rapporter toujours à l'histoire du quilt , aussi . Nous sommes toujours dans cette perspective de la géométrie qui serait noble si on lui colle un nom de mouvement d'art ou un -isme au bout et qui resterait artisanale pour le reste. C'est totalement absurde , mais si personne ne le voit ou ne s'en émeut ...
Exercer l'assemblage de tissus de cette façon ne m'intéresse que très peu. Pour moi j'ai une matière : le tissu, qui est si variée et si riche d'inspiration en elle-même que ces mouvements et ces livres -ceux que je continue à lire . Les oeuvres ou ouvrages des autres sont pour moi des référents, pas des modèles et s'il arrive que je m'en inspire c'est en l'incluant dans un parcours qui m'est propre. C'est beaucoup plus infini, passionnant. Mais je n'espère plus en persuader grand monde.
-
De la géométrie en art textile
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 22/08/2017
- Dans opinions
- 0 commentaire
De la géométrie en art textile -1
Introduction
Dans mon livre Jeux d'étoffes, impressions, expressions je pose déjà la question du regard sur la géométrie, surtout régulière, répétive et symétrique, dans les surfaces textiles.
Et évidemment plus précisément en assemblage d'étoffes. J'ai toujours contesté la notion selon laquelle il y aurait des géométries "traditionnelles" et d'autres "contemporaines" voire aujourd'hui "modernes" avec la vogue des modern quilts. J'ai contesté surtout le fait que l'emploi de certaines formes comme le labyrinthe vous donnait l'aura de la véritable artiste puisque ce labyrinthe était classé "contemporain" dans les années 90, notamment, , on ne sait pourquoi (à croire que Dédale était un perdreau de ces années-là !) mais une étoile par exemple, c 'était traditionnel et donc "artisanal" pas le moins du monde artistique, du moins côté "grand art" . Je me bats contre ce genre d'absurdité depuis des décennies.
Autre question qui m'a taraudée :pourquoi donc les abstractions des quilts, antérieures et très largement aux peintures abstraites géométriques, sont-elles reléguées côté "arts appliqués-décoratifs" juste là pour faire joli,et/ou réchauffer .... mais que lorsqu'un grand art s'en empare -des siècles après, là ça devient génial ...intéressant . J'ai obtenu des éléments de réponses mais aucune ne m'a satisfaite (et notamment le fait que le dames qui cousaient n'auraient pas eu de "démarche", que donc ce n'était ni classable dans un "mouvement" , ni analysable avec les méthodes de critique d'art habituelle. Cela ne tient pas car beaucoup d'artistes du passé n'ont été inclus dans écoles, mouvements et influences diverses qu'après coup, et non de leur vivant. L'art et l'artisanat ont même souvent coïncidé ! Evidemment si on met d'office hors champ de la culture générale et qu'ensuite on constate que ça n'est pas vraiment de l'art parce que "ça se saurait" , depuis le temps ... on ne laisse guère de chance à ces surfaces d'être regardées autrement que comme de "jolies couvertures" .Comment cela pourrait-il "se savoir" si on ignore tout ou presque de qu'on relègue ?
J'aimerais donc ici inviter à aller y voir de plus près . Notre art est mal connu même de celles qui le pratiquent et même d'un bon nombre qui se disent "expertes" . Moi-même je sais que je ne sais pas tout, très loin de là, car le savoir en cette matière est dispersé, lacunaire, difficile à étayer sur des études complètes .Le plus souvent les livres sont pratiques.... et je me sens deux tâches : l'illustrer par autant d'oeuvres que je puis en créer, et partager ce que j'ai appris sur lui au fil des années . Et si possible, aussi, en dehors des "cercles" patchwork-art textile . Si une géométrie peinte atteint à l'universel , une cousue le pourrait bien aussi, si on l'y autorise. Plus exactement si on fait effort de s'informer ...et de regarder comme une surface comportant des formes et des couleurs choisies par décision de la personne qui l'a conçue et cousue (et qui hélas ne coÏncident pas toujours, problème crucial) .
Un peu d'histoire .... et de géographie.
On ne peut évidemment pas dans un article à lire sur écran être exhaustif sur ce vaste sujet , je renvoie en cours d'article à des liens et pur les sources aux livres dont j'ai déjà rédigé la recension sur ce blog (notamment Quilts around the world de Spike Gillespie) o
En Europe une des premières oeuvres textiles géométriques connues est un ouvrage anglais daté de 1718 et appelé "The Coverlet" . On peut ne pas apprécier ce genre de composition mais force est de reconnaître que c'est un usage de formes abstraites à des fins esthétiques , et que c'est en tissus .... et même à décomposer en ce qu'on nomme "blocs" c'est à à dire carrés subdivisés eux-mêmes en formes ou décorés d'un motif . On peut la voir sur ce site ...
Plus tôt encore dans le temps et ailleurs les quilts retrouvés dans les grottes des mille Bouddhas sur la Route de la soie à partir des années 1900 . Entre autre nombrex objets d'art, on a mis au jour des pièces en patchwork géométrique montés de façon analogue à nos méthodes de couture main et avec des formes ressemblantes, datant probablement du VIII° siècle de notre ère,qui sont décrits comme étant composés de triangles et de rectangles et qui seraient conservés , en partie au British museum.
A méditer par celles qui affirment que le patchwork géométrique serait "américain" exclusivement .
Au Pakistan et à l'ouest de l'Inde on trouve la tradition des "ralli quilts" dont certains historiens pensent qu'ils remonteraient à 4000 avant Jésus-Christ au vu de leur représentations sur poteries ou autres témoins de ce passé très lointain.
Liens vers une présentation des ralli quilts
Et puis en France le collectionneur Michel Perrier a rassemblé des quilts. Beaucoup datent du XIX siècle , et ces géométries n'ont rien envier aux à celles développées aux USA et au Royaume Uni, même si on souligne que les techniques d'assemblage et l'esthétique en est sensiblement différente . Plus de la moitié de ces quilts est fondée sur des géométries régulières, signe que dans notre pays ces types d'assemblages ont dû exister et déjà auparavant (seulement comme je l'ai maintes fois souligné jugés indignes sans doute d'être conservés les plus anciens ont été probablement perdus ou détruits ) .On voit affirmer que la France n'a pas une culture du patchwork, ce qui n'est pas faux, mais c'est surtout conservation, transmission et étude de ces oeuvres en tant qu'objets d'art abstrait (et non pas seulement populaire) qui fait défaut. La pratique elle existait bien ! La preuve! (cf l'article sur le livre Mosaïques d'étoffes)
A noter que le Sud de la France connu surtout pour le boutis et le piqué marseillais , recèle quelques trésors d'assemblage notamment des hexagones et également, en Corse les centupezzi que la quiteuse Anne Marie Voigt Vincentiguerra a fait connaître.
Et le souhait aussi que tout ce qui se crée à notre époque dans ces "genres" nullement obsolètes, soit répertorié,indexé, conservé et étudié et non finir en chiffons .
Si pour les géométries repertoriées et inventées par les américaines, il existe bien sûr une pléthore de livres; essentiellement pratiques . L'encyclopédie de Barbara Brackman, sur laquelle repose le logicie Block base (dont je ne cache pas qu'il est une de mes sources d'inspiration ) est une des plus complètes . A noter que bien, sûr , beaucoup de ces dessins existaient depuis la nuit des temps il suffit de consulter un livre de motifs pour s'en convaincre. Mais les noms choisis qui font allusion à la vie quotidienne ou à l'actualité politique ont contribué à insérer ces motifs dans une culture. Chose qui en France, ne s'est jamais produite pour la raison simple que notre beau pays aime bien dévaloriser les uns pour élever des podiums aux autres et que la scission Beaux arts / arts appliqués sévit toujours qui interdit aux seconds d'avoir droit à des études comme étant nés d'une imagination, d'une démarche cohérente venue d'un individu "artiste".
Ainsi Le collectionneur Jonathan Holstein venant en France exposer ses "Abstract designs in American quilts" ,dans sa relation de l'aventure, souligne qu'il n'a eu droit qu'aux musée des Arts décoratifs (l'effet ghetto !) alors qu'aux USA il avait réussi à convaincre le "curator" du Whitney Museum de la valeur esthétique et expressive de ces oeuvres. Outre le livre sur le sujet dont j'ai fait un compte rendu lisible sur ce blog, on peut avoir sur ce lien une idée de ce que fut cette exposition, capitale dans l'histoire ce la reconnaissance de notre art.
Reconnaissance qui malheureusement est restée pour diverses raisons très limitée dans le temps et ce que je nomme "la corporation". Hors des milieux spécialisés, personne n'en sait rien. A art dit mineur pour ne pas dire minable, pas d'histoire universellement partagée ! Juste des essais de percée non transformés !
J'ajoute avec fermeté qu'en France il y a eu malheureusement fin 90 et début des années 2000 cette scission entre les géométries "nobles" et les autres . Donc relégation des secondes au profit des premières. Bref , il fallait faire des surrfaces qui ressemblaient à ce qu'on voit dans les vrais arts et surtout pas que ça ait l'air "trop patchwork", comme on m'a dit mille fois cgez les artistes se voulant novatrices (rien de tel que de ringardiser un courant ou un genre pour s'affirmer original ! ) .. Et aux USA, même si c'est plus ouvert , certains historiens du quilt soulignent cette scission (tout le monde l'admet sans la mettre en cause dans les milieux patchwork et art textile ) .D'où le terme art quilt , apparu dans les années 90, s'opposant au soi disant traditionnel qui lui donc ne serait pas de l'art côté Beaux-arts. Et je montrerai par l'analyse d'un livre, à la fin de cette étude, combien cette scission est contestable et peu rigoureuse .Mais pour le moment penchons nous sur les différentes formes de géométries utilisées dans quilts et patchworks.
(à suivre)
-
A propos du temps....
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 15/06/2017
- Dans opinions
- 0 commentaire
Temps, patience etc. en art textile
Souvent les questions qu'on me pose tournent autour du temps qu'il faut, du temps que "ça prend" pour créer tel ou objet ou surface textile. On entend souvent uniquement le temps matériel de "fabrication"qui semble voiler tout le reste, et aussi et surtout la "patience" qu'il faudrait pour obtenir de telles surfaces. Certes il y faut du temps et de la patience, mais j'aimerais tellement qu'un jour on l'oublie !
Imaginez par exemple la surface ci-dessous, avec le même nombre et formes de pièces, la même technique d'assemblage, mais sans recherche personnelle sur les étoffes et leur placement en composition dans ladite surface. Sans la variété des motifs sur le même thème (les fleufleurs si décriées comme non contemporaines et que j'ai voulu, moi, sortir de leur prétendue niaiserie) Le travail de patience serait le même, le résultat certes pas ! A ce stade je suis consciente que seuls les artistes mosaïstes en étoffes sont obligés d'en faire la démonstration, et de plus, avec le sentiment un peu doux-amer de le faire en vain et de devoir toujours se justifier !
Petite fleur- détail matelassage Simone Struss
Comme n'importe quel autre art, : le temps de réalisation n'est pas le temps de création, pour un raison simple : la création commence bien avant..... par exemple dans le temps passé à collectionner les étoffes, trouver celles qui inspirent, recueillir les autres, rêver à ce qu'on pourrait créer avec ces trouvailles diverses, le temps passé à observer à la fois les étoffes, les oeuvres des autres, le monde en soi autour de soi, prendre des notes, faire des ébauches, ou des plans plus structurés, à laisser infuser en soi toutes les sensations, impressions, envies. Parfois une idée jaillit plus impérieuse que les autres, elle s'impose ...on se met en route. Du temps s'est déjà écoulé.
un des carnets de travail sur les motifs des étoffes
Ce temps d'élaboration, de gestation est pour moi essentiel. C'est lui qui distingue mes ouvrages et oeuvres d'autres où il est "zappé" puisque on se sert d'un modèle , qu'on "suit" -- voire d'un kit et que le temps n'est plus alors que d'exécution et reproduction. C'est lui qui me donne le droit de me dire conceptrice de la surface que je montre- je voudrais dire "créatrice", mais ce mot étant mis à toutes les sauces a fini par se vider de son sens - et d'en reconnaître la "maternité". Et les sources, quand elles sont évidentes. J'accepte mal qu'on mette sur le même plan ce qui a nécessité ce temps de travail personnel et ce qui utilise celui des autres, pour obtenir un objet semblable ou ressemblant.
LIre à cet égard si on veut cet article.
Ce temps-là est donc zappé dans le regard quand on ne loue dans une surface que le soin avec lequel elle a été assemblée et "tout le temps que ça a dû prendre". Vous diriez la même chose à une dame qui vous montre le modèle réalisé grâce à une revue, voire un kit. Vous ne voyez pas, alors, ce qui pour moi, comme pour tout artiste-concepteur est l'essentiel. Je sais bien que c'est une forme de reconnaissance, de la gentillesse, souvent. Mais quelque part, ça irrite, ça brûle.
J'ai rencontré fort heureusement dans ma vie des personnes qui regardaient vraiment, me parlaient couleurs, motifs composition ... symbolisme, lectures différentes de ma surface -c'est donc que c'est possible -et pas que sur les miennes et oui, oui même sur un quilt en blocs géométriques, car dans mes quilts de la sorte il n'y a pas que la structure "classique" à voir - et la façon dont ça tient ensemble, du moins, je l'espère et même je le sens, je le crois puisque d'autres l'ont perçu . Je vous assure : cela fait un bien fou...
Ce temps, du reste est fragmenté, tout autant que les ouvrages d'assemblage. Je procède par ce que je nomme des "sessions". J'ai un principe : ne jamais me forcer à travailler , lorsque je n'ai "plus de jus" , que l'envie et le désir me quittent, car alors je serai dans une sorte de geste machinal, sans cette ardeur qui m'est nécessaire. Ce serait un ouvrage, il serait fini, mais il ne serait pas le même, l'ennui éprouvé à le faire s'y ressentirait. Je ne déroge que pour les tâches un peu mécaniques d'achèvement, finitions-que je n'aime pas . Car en fait entre le plan ou l'ébauche (même si elle est en couleurs) et la surface achevée il y a toute cette osmose avec les petits bouts d'étoffes, chez moi toujours aussi variés que possible non , je ne prévois pas tout au départ et j'organise l'ensemble de proche en proche; il n'est guère de surface que je n'ai modifiée, au cours de son exécution, alors que tout le monde croit que tout est "décidé" à l'avance parce que la structure en est régulière. C'est que que pour moi l'essentiel des oeuvres ainsi composées vient du choix des étoffes et de leurs relations les unes aux autres à l'intérieur de ladite surface c'est là qu'est mon rôle principal : faire parler, chanter les étoffes entre elles . .
Si mes ouvrages sont comme je dis "fils du temps" -et avec les deux prononciations et sens différents du mot "fils" , c'est bien parce ce sont des oeuvres de vie modifiables selon les circonstances de la mienne, aussi . Tout est fondé, au fond sur des rencontres ...ou des chocs, parfois.
Ainsi il m'arrive d'abandonner un ouvrage pendant de longues années et puis un matin, je me réveille avec l'envie de le finir -celui-là, pas un autre - ou bien il m'arrive un évènement fort - heureux ou malheureux - et alors j'ai envie de reprendre quelque chose d'oublié. Ainsi cette étoile dont je raconte ici l'histoire fut-elle reprise à un moment de ma vie où il m'est arrivé quelque chose qu'on ne souhaite pas, même à son pire ennemi- j'étais alors si mal qu'il me fallait l'envergure de ce travail (trois mètres ou presque de côté) et son côté cyclique (la roue du temps-celle du "supplice intime " aussi) pour oublier , ou plus exactement mettre à distance, tant le travail requérait d'attention.
L'étoile des quatre saisons -matelassage Simone Struss-collection privée
d'après une création d'Evangéline Dillon -quilt d'interprétation)
S'il m'a fallu beaucoup de temps, c'est aussi parce que cet ouvrage correspond à un stade d'évolution où je ne suis plus (je réinterprète rarement les surfaces des autres , à présent, mais je ne renie pas le travail personnel qui consiste à "revisionner" le même plan de quilt autrement. Ainsi traîne encore dans mes "leftovers" et autre orphelins ou UFO , maints débuts de quilts réinterprétés de mes débuts.
C'est pourquoi dès qu'un ouvrage me lasse , je le range et j'en prends un autre, soit un déjà commencé qui délaissé un moment retrouve alors presque un intérêt de nouveauté, soit un autre que je mets en route (je dois me freiner un peu côté mises en route). J'aimerais qu'on comprenne que ce n'est pas vanité quand je dis que j'ai trop d'idées . Il ne se passe guère de jours où je ne visionne quelque projet , où il ne me vienne une nouvelle envie-idée d'assemblage , ou de broderie ...ou les deux associées . Je crayonne je prends des notes et quand je ccrée des plans de quilts via un logiciel c'est pire Bien sûr ces idées sont aussi initiées par mes lectures , ce que j'observe de la vie en moi, autour de moi. .C'est pourquoi j'ai établi ces cahiers d'élaboration puisque je garde depuis toujours tous les documents de mise en route qui ont abouti au quilt ou à la surface textile, ce sont eux qui témoignent de l'élaboration et d'un cheminement personnel, des modifications , des errances ...des improvisations tout autant que des stratégies pré-établies. Des abandons parfois très longs, et des reprises.
Certains ouvrages sont imaginés , crées et réalisés en relativement peu de temps (quelques semaines au mieux ) , pour d'autres il y faut comme pour ce Conservatoire deux décennies...
On voit aussi combien cette façon de procéder me marginalise à une époque où on exige d'aller vite ...de présenter des "perdreaux " de l'année, qui plus est . Je suis donc non seulement souvent à contre-courant, mais aussi à contretemps. J'ai fait ce choix de respecter en moi ce qui était essentiel à la manière dont moi j'entends mener à bien ce que je nomme "mon oeuvre", même si cela semble outrecuidant . Une oeuvre peut exister et être médiocre, le mot ne présume pas de sa valeur. Il désigne simplement un ensemble, pour moi cohérent , et je l'espère, signifiant .
De ces heures passées qui ne sont donc pas que de "couture" très loin de là , il ne restera rien , absolument rien dans la nuit du temps puisque l'oeuvre n'est pas jugée telle qu'elle mériterait conservation. Donc cette pensée si fréquente : que deviendra-t-il de tous ces fragments de ma vie, après moi ? C'est cela aussi le rapport au temps, parfois si douloureux à vivre . ça consiste juste à mourir deux fois : de corps et d'oeuvre. Sort commun à bien des artistes je le rappelle, mais plus encore à ceux qui sont choisis par un art exigeant, chronophage et inexistant en tant que tel ...ou presque à l'exception de deux trois très grandes qui ont fait aussi autre chose fort heureusement pôur la partie purement textile de leur oeuvre. Et dont le milieu prêtait à la reconnaissance ...
-
Encore !
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 05/04/2017
- Dans opinions
- 0 commentaire
Pour ceux qui me croient parano quand je me plains du regard sur le mot patchwork (casse-pieds et radoteuse, oui je m'en rends compte, mais pas parano!) . Insistant encore et toujours sur cette absurdité qui perdure.
Ce matin comme souvent je faisais une recherche sur des artistes textiles croisées autrefois (notamment dans les revues spécialisées -peu ont accès à autre chose!), je trouve cette phrase (j'ai enlevé à dessein le nom de l'artiste que j'apprécie beaucoup du reste !) :
Je cite :
"
Je connais depuis longtemps le patchwork, cet art fait de tissus assemblés multicolores, souvent à forme géométrique.
Le jour où j'ai rencontré X j'ai découvert l'art textile!
Mais ce que ce monsieur montre, c'est encore de la géométrie faite sur le principe des bandes cousues et recoupées ... une technique appelée Bargello, variante du "strip piecing"-qui ne date pas non plus de l'époque à laquelle l'oeuvre a été conçue et qui tout autant du "patchwork" que le reste ! -... Création dont l'originalité résidait dans la recomposition par ce moyen d'un paysage semi-abstrait, avec jeu de perspectives. L'oeuvre est très remarquable et m'a laissé un vif souvenir. L'admiration de l'auteur de l'article, je la partage ! Mais ce que je n'aime pas, mais alors pas du tout c'est cette manière de dévaloriser d'autres façons de s'exprimer tout autant textiles et tout autant artistiques mais conçues autrement .
On signale donc ce qu'il ne faut surtout pas faire : du géométrique répétitif (mais quand c'est de la peinture on peut !!! c'est même novateur, là ! même si les peintres s'y sont mis des siècles après les quilteuses!). Ni utiliser comme point de départ quelque de chose de classé traditionnel et ancien, même si on exprime avec cette "source" quelque chose de tout à fait personnel et particulier (je laisse le mot original aux vaniteux qui croient avoir tout vu et donc se démarquer de tout )
Eh bien j'invite à apprendre à connaître avant de dénigrer car bien souvent ces coups de griffe au passage au "patchwork" signent une immense ignorance de cet art appuyés sur préjugés multiples et connaissance très évasive ...
De plus l'arrivée du mixed media avec un peu de tissu et de fils baptisé "art textile"(moins y"a de tissu plus c'est de l'art novateur en textile !) aurait sans doute aussi relégué cette belle oeuvre qui date du début des années 2000, aussi au rang de "patchwork classique" -comme je l'ai vu faire plus tard.
Alors je vais vous raconter quelque chose. Nous étions dans les années 90 , sur leur fin.
Quand j'étais professeur de collège, j'apportais souvent les photos de mes quilts en salle des professeurs, car il y a avait quelques collègues intéressées. Les hommes (surtout quand ils étaient professeurs d'art plastiques ricanaient de mes prétentions à créer avec des tissus - je n'aurais pas osé me dire artiste textile à l'époque, tant on nous serinait que les vraies artistes textiles ne faisaient pas de "traditionnel". Et que ce je faisais n'était qu'un "loisir" -quand on n'ajoutait pas "pour mémères" , j'étais chanceuse ou un "artisanat" ..Entendez par là utiliser un bloc (un carré dessiné et repertorié ) comme point de départ.Et puis un jour que je déballais mes photos, une collègue me dit qu'elle n'aimait vraiment pas, que c'était à ses yeux trop confus , désordonné. Ce qui ne m'a pas blessée somme toute ce n'était pas faux. J'admets très bien qu'on n'aime pas, mais je n'admets pas qu'on décide que sous prétexte que c'est du patchwork géométrique en blocs (carrés) réguliers cela ne saurait être de l'art textile. Et là surprise!
Un de mes collègues d'art plastique qui ricanait habituellement quand j'évoquais ce qui n'est souvent pour les autres qu'une marotte, une manie au mieux un hobby, a donc pris les photos de mes quilts qui n'étaient que du patchwork, répétitif celui qui précisément ne serait pas de l'art textile .
Et il en en a fait une analyse magistrale , montrant la construction et les "lectures" qu'il en faisait. Je n'en croyais pas mes oreilles. Je lui ai même demandé s'il était ironique ou pas ... Non , il était sérieux . Je ne pouvais pas le soupçonner non plus de dire cela "pour me faire plaisir", puisque auparavant il ricanait dès que j'évoquais mes créations (qu'il navait jamais vues, c'est le mot patchwork qui faisait chiffon rouge) ) . C'est la première fois que j'ai eu une vraie reconnaissance côté "monde des vrais arts" alors je n'ai pas oublié.
Le quilt si ma mémoire est bonne était celui-ci , qui, quelques années plus tard a été choisi aussi pour illustrer un de mes portraits d'artistes.
country stars
Pourtant je le répète ; il s'agissait bien de patchwork avec ses petits bouts disposés dans des compositions géométriques répétitives ... celui qu'on n'aime pas , celui qu'il ne faut surtout pas faire si on veut être "artiste textile". Une surface bâtie autour de tissus style "fermier" choisis par mon second fils, qui alors, les aimait .Une oeuvre humble et d'usage, qui plus est .Ce qui prouve que oui s'il le veut, un spécialiste des grands arts peut regarder une telle surface autrement que comme une couverture (ce qu'elle est restée, cependant ) .
J'ajoute que ce n'est certes pas l'oeuvre de moi que je préfère !
qu'on n'aime pas je l'admets , qu'on me dise "ce genre -là d'art textile ne me parle pas" OK . mais assez de définir l'art textile en excluant le patchwork géométrique à structure régulière. le fameux "tout sauf du patchwork, que m'écrivit une galeriste se disant pourtant "intéressée" par mon travail...Comment peut-on être intéressée par une artiste si on rejette un bon 80 pour cent de ce qu'elle crée ? Si sa visée principale est "zappée" ?
Juste pour rappeler une fois encore : je fais de l'art textile incluant mes quilts fondés sur des géométries avec petits bouts multicolores, oui ... comme partie intégrante et essentielle d'une oeuvre globale -dont on ne voit d'ailleurs ici que le dixième à peine- je ne fais pas de l'art textile et du patchwork à côté pour me détendre... Une surface avec comme point de départ une géométrie régulière, j'y mets autant de moi que dans du plus informel .
Et non mille fois non ce n'est pas que de la patience et un "joli" travail gentillet . C'est une construction, une architecture de mes cathédrales païennes et intérieures, des pages de mon livre de vie élaborées avec passion , expression ...
-
Broderie et dessin
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 14/01/2017
- Dans opinions
- 0 commentaire
On lit souvent qu'un bon brodeur doit savoir dessiner... En fait c'est à mes yeux très vrai et très faux! et j'attends aussi avec impatience le jour où on exigera avec la même logique qu'un bon dessinateur sache aussi broder. Ou qu'un photographe qui en général sait composer sache aussi dessiner ...ce qui est parfois le cas, mais sans obligation !
Zola le note incidemment dans son roman le Rêve et Saint- Aubin le célèbre théoricien de l'art du brodeur l'affirme aussi.C'était une époque où le dessin était le seul ou du moins le principal moyen de reproduction d'une réalité ou de quelque chose d'imaginé (même si la photographie existait déjà à l'époque de Zola) l'image de "reproduction"était moins facile d'accès qu'aujourd'hui.
Mais il est permis de remarquer qu'aujourd"hui les moyens techniques du dessin et de reproduction ont prodigieusement changé, . On peut décalquer à partir d'une photo , ou retravailler à partir d'un logiciel ... et certes on peut aussi prendre son crayon ; mais si on retrace alors un modèle déjà existant, on ne fait que changer d'outil (une ligne droite peut-être tracée avec une régle ou un ordinateur, cela reste une ligne droite !) , et finalement qu'on emprunte ce "modèle" à la tradition, à une photo, à la nature ou qu'on use d'un dessin lbre de droits déjà existant ... cela ne devrait pas constituer un moyen de classer ou d'exclure ... style : "les grands brodeurs savent dessiner ., les autres non" . (déjà il faudrait voir quoi ,comment, dans quelle visée ?) d'autant que bon nombre de grands créateurs ont des archives qu'ils n'hésitent pas à utiliser et dans lesquelles les dessins ne sont pas tous issus de leur cerveau créatif ! Le fameux "droit à l'inspiration " et la création qui viendrait de la "nouveauté du modèle" -le modèle n'étant pas que le dessin pour un brodeur, mais la broderie et son élaboration . Je dis bien : élaboration ett non simple exécution .Et cette élaboration propre à la broderie constitue un art tout aussi complexe et difficile, par lequel on peut tout aussi bien que dans un autre art faire un travail expressif et personnel..même si on part d'un dessin "emprunté".
La création, donc celle qui à mon sens signe le style du brodeur c'est moins(ou pas seulement) un dessin particulier que la manière dont il va rendre ce dessin en points et fils ..comme un photographe d'un monument célèbre ne prendra pas le même cliché de la même réalité qu'un autre photographe : point de départ identique mais changement par l'art qu'on exerce et non point forcément virtuosité dans un autre art (le dessin) puisque sa base est moins nécessaire qu'autrefois ...On ne demande pas au photographe non plus d'avoir construit le monument ; ni de savoir le dessiner, ça paraîtrait absurde, pourtant on demande bien au brodeur de posséder plusieurs arts en plus du sien propre déjà si exigeant ! Or,je suis persuadée que cette exigence élitiste (main mise et primat des Beaux-arts sur reste une fois de plus!) bloque une expression qui existe : celle par les matières, les fils et les points et qui constitue tout de même l'essence de cet art., dans une optique créateur (celui qui dessinerait) et petites mains qui ne feraient qu'éxécuter. ? On n'éxécute pas quand on passe un dessin en cet art diffcile qu'est la broderie on le crée en tant que broderie, si on choisit soi-même composition, échelle , disposition, répétitions support, , points et fils. On exécute si on prend un modèle de revue où tout cela a déjà été fait ou si on suit les desiderata d'un styliste de renom dont on est effectivement l'éxécutant (il ne s'agit pas de créer soi même mais parfois d'entrer dans les désirs -parfois vagues et évasifs parfois précis et exigeants d'un créateur "commanditaire".Et on interprète si on suit avec quelques légères modifications par exemple faire la même chose points t fils compris en changeant juste la couleur, là création-là -en broderie s'entend- est très partielle.
Or tout cela n'est pas bien clair dans l'esprit du public non initié ni des pratiquant(e)s .
Démonstration :
Soit ce dessin de feuille tracé par moi -ce que tout le monde peut faire , absolument tout le monde !- je l'ai réalisé en points et fils différents : .C'est aussi un répertoire dit sampler en anglais : exercice d'entraînement et répertoire des points et de leurs aspects en différents fils .. .. des possibilités diverses de rendre cette simple forme de feuille en broderie. c'est aussi la base d'un projet texte-textiles qui sera présenté plus tard ..Rien qu'avec mes idées d'interprétation de cette feuille et les techniques que je maîtrise ou essaie,-et là tout le monde ne le peut pas , du moins pas de la même façon- je pourrais faire des dizaines et des dizaines de feuilles issues du même dessin, mais toutes différentes ...n'importe quelle brodeuse peut le faire , mais chacune aura ses interprétations où le dessin de base ne jouera pas une part prépondérante et sera limitée à la fois par son imagination et ses capacités techniques ..... Ajoutons que cette approche basique, revalorisant le travail propre à la broderie comme étant la création essentielle de cet art, peut se faire sur un dessin issu de la tradition , d'une photographie, d'un dessin numérique ... ou même sans dessin du tout on se dit : maison et on décline des maisons brodées à l'infini par exemple ..en improvisant de l'aiguille le tracé ... c'est applicable également aux autres arts, mais en ce cas ce ne serait plus de la broderie preuve que l'art du brodeur n'est donc pas essentiellement dans le dessin....je pourrais par exemple faire des dizaines de métamorphoses numériques du dessin de départ (et même les rebroder pour faire non pas du mixed media qui est mélange de matières) mais du pluritechnique ...Ce qui me limite : le temps uniquement le temps ... broder est chronophage... certes pas les idées de création autour de ce simple dessin , qui est "de moi" mais tellement simple que ce n'est pas lui qui compte comme "création", mais bien tout le travail textile autour de lui.
On voit là que par la broderie n'est "ni tout à fait une autre, ni tout à fait la même ."et que le choix d'un point notamment amène de légères adaptations de la forme. Encore ai-je assez peu joué sur le même point en d'autres couleurs ou d'autres fils le même point orienté autrement le même point irrégulier ou régulier etc..Et pour moi oui l'essentiel de mon art de brodeuse est là, pas dans des capacités de dessin académiques ou virtuoses ....et pas non plus dans la faculté (que je possède) de faire du mixed media avec cette feuille -ce que je compte faire aussi mais si je peins, je ne dis pas que c'est une broderie "innovante" pas plus que si j'imprime, je dis que c'est un autre art !
Les arts textiles sont toujours jugés soit selon l'optique artisanale du bien fait parfait pas un point qui dépasse, et ce, souvent, aux dépens de l'expression et de l'émotion ..soit selon les normes Beaux-arts (primauté du dessin ou usage de la peinture) soit selon une innovation parfois très discutable ...Je peux le faire en ficelle raphia ou lanières de plastiques ou même encore en fils de colle mais je ne le ferai pas pour innover ou paraître originale à peu de frais parce qu'user de ces matériaux serait plus récent et tellement plus "génial" comme je vois souvent écrit ça et là ou pensé très fort ..que fil de soie, de coton, de lin ou de laine ... ou encore pour faire plus "art brut" ou plus "ethnique" ....
J'aimerais qu'un jour enfin il y ait des gens pour se demander ce disent les points choisis, les fils choisis indépendamment du dessin de base ....Un peu comme un photographie -où la - on regarde la manière dont on a joué avec la composition, l'angle de vue, la lumière ....Outre que la maîtrise de l'effet de lumière sur les points se retrouve chez les brodeurs les plus avancés ....(simulation du relief ou usage du relief lui-même) ... La broderie est écriture, sculpture bien plus que dessin à cet égard ...
Et pour prouver que dessiner à main levée n'est pas si difficile , et/ou que je ne prêche pas pour ma paroisse ,même pour la non spécialiste en dessin d'art que je suis , voilà une de mes pages' d'entraînement ....fleurs reprises de modèles sur les étoffes ou ailleurs ou imaginées comme dans le précis de botanique alternative ...premier jet à parfaire donc ou adapter le cas échéant ..Si j'y parviens, c'est que ce n'est pas difficile car non je suis pas dessinatrice d'art, je suis artiste textile ici valence brodeuse ...
-
ode à la mémoire ...
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 06/09/2016
- Dans opinions
- 0 commentaire
Ode à la mémoire ...
Je re-regardais sur Facebook une oeuvre qui y est régulièrement partagée et que j'aime énormément (et pour cause!) il s'agit de la célèbre Ode à l'oubli de l'artiste grande s'il en est Louise Bourgeois. On peut en voir l'histoire sur ce lien , et sur quelques autres.
L'esprit dans lequel ce livre est créé, ce rôle des tissus comme vecteurs de mémoire et témoins de notre vie est pourtant aussi présent dans d'autres oeuvres moins médiatisées, moins relayées pour ne pas dire inconnues du public, ce que je trouve dommage. Le rôle de ce blog est principalement de faire connaître ce qui l'est peu, ou l'est moins.
Alors j'ai voulu en parler pour mémoire , non seulement des étoffes mais de toutes celles qui ont travaillé autour de leurs fragments comme témoins de leur passé, tissage de leurs vies souvent humbles ou jugées ordinaires.
Et d'abord évoquer cette oeuvre faite à l'initiative de l'association ATD quart monde , et dont je me suis rendu compte que très peu la connaissaient dans le monde du patchwork et de l'art textile. Ne parlons pas du reste du monde de l'art ! J'ignore les raisons de cet oubli, qui n'est pas seulement d'un medium (le tissu) mais d'une oeuvre. On l'a appelé le Family quilt ou le patchwork de nos vies. "morceaux d'histoire de familles du Quart Monde, des cinq continents."
Le principe était de demander, à des personnes de milieu défavorisé dans des pays variés, un morceau d'étoffe qui avait compté dans leur vie, accompagné d'une phrase disant pourquoi. Ces morceaux ont été ensuite réunis dans une surface -on a utilisé un block log cabin libre pour les présenter. Il est à noter que les Guildes de patchwork en ont très peu parlé , en France notamment , elles n'en ont peut-être pas eu connaissance. J'en ai découvert l'existence par une amie qui m' avait envoyé une des cartes du coffret et j'ai voulu en savoir plus. . L'oeuvre pourtant a été présentée aux Nations Unies le 17 octobre 1994. Atd quart monde a vendu alors un coffret contenant l'histoire de ce patchwork , et des cartes postales représentant les morceaux d'étoffes et les phrases d'accompagnement. J'ai acquis plusieurs coffrets dont il m'est resté un -presque entier ! Je donne aussi le lien de l'association ATD quart monde , qui n'édite plus ce coffret . C'était il y a plus de vingt ans, il est vrai . Mais on peut, si on le désire l'aider à aider, d'une autre façon.
Quelques fragments....
Brassière d'été de nos enfants d'avant qu'on ne nous les retire...
Bleu de travail d'un jeune sans travail ...
Morceau de robe, j'aimerais qu'on en prenne grand soin : il est le témoin de tout ce que j'ai enduré
Pan de rideau pour faire un chez nous dans notre caravane.
Toutes sont touchantes , certaines sont déchirantes.
Cette oeuvre pourtant est bien dans la lignée de celle de la grande Louise , à l'exception du fait qu'elle est collective et populaire ...faite par des non-artistes , qui plus est (les couseuses sont restées anonymes ). Je ne dispose pas ou plus d'image en couleurs de l'ensemble, mais ce cliché en noir et blanc qui donne une idée de l'aspect général. (cliquer pour mieux voir)
Je vous laisse juge de leur importance .
Au delà j'évoquerai aussi une fois de plus -j'y tiens- toutes ces anonymes ou inconnues dont -par le patchwork- le tissu a été le medium et qu'on a réduites le plus souvent à leur fonction utilitaire ou décorative . Surface ne vaut pas livre pour la caution intellectuelle de la chose et je le sais d'autant mieux que créant les deux, je vois combien la forme magnifie le fond et l'accueil n'est pas le même.. J'aimerais quand même qu'on y voie un jour, dans ces surfaces comme des pages juxtaposées de livres de vies ordinaires puisque jugées telles, ce qu'on y a mis de travail de mémoire par les étoffes ...car s'il y a "oubli" on peut se demander de quel côté il se trouve. Oubli du tissu certes que des grandes ont eu raison de souligner e d'illustrer splendidement , mais oubli surtout de tout ce passé textile jugé sans nos démarches importantes et donc voué à ce que je nomme "ghettoïsation" .
J'espère par cet article inviter à regarder dans le medium tissu, vecteur de mémoire et matière pour créer, expressive et tellement empreinte de vie, tout ce que des femmes-le plus souvent - en ont fait . Pas seulement les plus grandes, qui n'ont pas trop besoin qu'on les promeuve et que je salue,pourtant !
-
Street art et art textile
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 27/05/2016
- Dans opinions
- 0 commentaire
Depuis quelques années se dessine une tendance à investir la rue avec des oeuvres d'art textile : tricotées, crochetées ou même parfois peintes, témoin une artiste qui reproduit sur un trottoir un motif de dentelle géant.
J'ai moi-même participé en Belgique à deux manifestations de cet ordre, où on m'avait aimablement conviée . Et j'ai beaucoup apprécié !
La grande lessive en 2013Je le précise pour que ce qui suit ne soit pas pris pour un refus figé et conservateur psycho-rigide. Je trouve que c'est une excellente chose de montrer l'art textile ailleurs que dans le cadre domestique, le temps d'une prise de conscience qu'il existe, tout simplement.
Cela me réjouit donc et en même temps je m'interroge.
Ce qui est montré doit se plier aux exigences, précisément de la rue et du plein air, ce qui évidemment réduit un peu le champ des matériaux utilisables.C'est une contrainte à laquelle j'ai aimé me plier, pour sortir justement de mes habitudes, sans les renier pour autant.
Ensuite dans les oeuvres que je vois il y a souvent des sortes de poncifs géants en couleurs primaires, sans doute parce que la situation en extérieur ne permet pas la délicatesse et le fragile.Les matériaux qu'on peut utiliser doivent tenir le coup au vent, à la pluie, aux pollutions . Eventuellement au "tripotage". Voire aux déprédations.
Et justement c'est là que pour moi le bât blesse : c'est que censée mettre en valeurs nos arts, l'expérience en relègue toujours une bonne partie dans les tiroirs : tout ce qui n'est pas assez solide (voire fait grossièrement) , tout ce qui n'est pas de grande taille, tout ce qui n'est pas exposé en milieu citadin, bref on suit toujours peu ou prou les valeurs en vigueur imposées par l'époque. Le regard ira-t-il de l'extérieur vers l'intérieur (les oeuvres non exposables de cette façon ) ? Rien n'est moins sûr.Bref on est toujours dans l'optique arts majeurs-arts mineurs d'autant plus la définition même des arts dits mineurs touche toujours à la position par rapport à cette problématique : extérieur (c'est grand-noble et si longtemps réservé aux hommes) et intérieur : c'est petit, sans autre valeur que "décorative" . Je me suis toujours étonnée qu'on refuse de considérer que même dans le choix de motifs décoratifs, il puisse y avoir une expression personnelle et authentique. Tout motif déjà peut se lire comme une écriture ...
A partir de là montrer en extérieur des travaux d'art textile adaptés c'est éminemment louable, mais ça ne résout aucunement ce problème de relégation, le regard absent vers ces oeuvres en version intérieure,qu'on n'essaiera pas forcément davantage de connaître vraiment. J'y adhérerai sans rserve si cette tentative louable, je le répète, amène à mettre aussi des oeuvres textiles à côté des tableaux dans les musées Beaux-arts ...Je doute que ce soit le cas !
Je songeais regardant le motif de dentelle peint devant lequel posait fièrement une jeune artiste, à une merveille vue en 2004 au musée de Bayeux , fait par une créatrice dont je n'ai retenu que le prénom : Brigitte . Il s'agissait bien d'une création d'une grande subtilité, pas d'un poncif simplement exécuté,et qui évidemment ne pouvait être exposée aux intempéries et chronophage ( il faut aller vite , aussi ) . Et je me disais que la seconde avait beaucoup plus de chances d'être oubliée de la postérité que la première artiste et que pourtant la subtilité de son oeuvre et le travail requis -qui n 'était pas que de la seule virtuosité fabricatrice, mais une technique difficile mise au service d'une expression remarquable, aurait mérité qu'on s'y arrête et qu'hélas toujours pas de livres qui recense artiste par artiste ce qui se fait puisqu'on l'a classé abusivement "artisanat" d'art sans mouvements, sans démarche voire sans imagination . Ce n'est pas non plus du contemporain conceptuel et le moindre ramassis de fil informe adorné d'un beau discours philosophique aurait, lui aussi, plus de chances d'être remarqué et gardé .. On me dira on ne doit pas comparer, la visée n'est pas la même . Soit, mais ça me chiffonne quand même ; non pas toutes ces tentatives pour faire du street art plus ou moins textile, mais le fait que ça ne rend pas pour autant plus visibles et plus appréciées les merveilles délicates des artistes sans nom ...
Ces mouvements ne sont pas sans me rappeler le mouvement Pattern painting que j'ai souvent évoqué et qui s'appuyait sur les poncifs -motifs empruntés aux artisanats, dans une visée aussi de réhabilitation . Seulement, si les artistes ayant adhéré au mouvement sont dans les livres d'art, et les encyclopédies, tous ceux et celles qui ont créé en deça et au delà n'y figurent toujours pas, la réhabilitation on l'attend toujours ! Et le pire c'est que ça semble normal à tout le monde et que lorsqu'on évoque ce sujet on rencontre une indifférence phénoménale , une fausse attention polie (cause toujours c'est ton dada, mémère !) ou des sourires un peu ironiques. Alors une fois de plus, je demande qu'on aille y voir qu'on vide aussi les fonds de tiroirs de greniers et qu'on s'interroge . Pourquoi de l'art d'un côté et des chiffons négligeables de l'autre ?? Qu'on mette en regard les arts dits majeurs et les arts dit mineurs, ce que je fais parfois à la salle des machines.Sur cette photo, un quilt abstrait du XIX siècle antérieur à l'oeuvre de Paul Klee. ebvidemment la première oeuvre, cataloguée "art mineur " ne figure pas dans les histoires de l'art général puisque ces oeuvres en sont exclues comme étant décoratives. Est-ce si différent ?
L'architecture est un des Beaux-arts mais l'architecture intérieure elle est reléguée au rang d'art mineur. Décoratif est devenu progressivement synonyme de superficiel, sans imagination, superflu même. Il y aurait aussi le Beau réservé à une sorte de caste et le juste "joli" -le mot qui tue- pour ce qui sort d'imagination différentes et non formatées , côté délicat et nuancé on est sûre d'être cataloguée "joli" le Beau c'est exclusivement le fort ce qui tape à la gueule (pardon à l'oeil !) . L'extérieur donc est le domaine des hommes, l'intérieur assigné aux femmes. . Mais déjà tout ce qui est fait et doit rester pour des raisons de conservation protégé (on ne met pas non plus une peinture dehors , encore moins une aquarelle sous la pluie !) , l'intérieur ne devient artistique si c'est un lieu consacré à (galerie- musée ) voir édifice religieux . On a l'impression d'un culte dont les vernissages sont les cérémonies ...Qui a besoin de grands pêtres : commissaures d'expositions, décideurs divers, critiques , ce donne drroit à être pris au sérieux ! .Tant pis pour qui n'a droit ni à l'un, ni à l'autre ou ne souhaite pas se soumettre au protocole admis .Tout ce qu'il ou elle pourra bien créer sera nul et non avenu et l'intérieur des maisons reste un lieu à reconsidérer à cet égard. Je ne parle pas d'une jolie décoration style "maison et jardin "mais des oeuvres qui sont par force ou par choix personnel assignées à résidence. C'est tout différent.
Et puis, rêvons un peu ...
J'ai eu envie à côté et de façon complémentaire de créer un mouvement intitulé cas'art , de casa la maison et de toutes ces choses qui sont créées pas forcément en objets "utiles" mais pourquoi pas aussi des objets utiles puisque le design est un art à part entière, que le ready made est déjà de la vieille histoire .. Un lieu de reconnaissance artistique et non seulement autre qu'historique et patrimoniale, pour ces créations qui qui sont beaucoup trop fragiles pour être exposées dehors dont la maison (pourquoi la maison est-elle à ce point un non-lieu artistique adéquat ?) Avoir un lieu au moins virtuel centralisant les artistes oeuvres , leurs parcours ...: qui a fait quoi et comment ? Renseignements à donner : avec quelles techniques quels matériaux, quand , avec quelle visée ... collecter aussi les recensions sur quand il y en a eu - c'est le cas de celles qui exposent mais on peut créer dans a maison des merveilles pas juste jolies, sans avoir le désir d'expositions officielles et mondaines ...- et en osant enfin combler ce fossé creusé absurdement et artificiellement entre le soi disant "traditionnel" et le soi disant "contemporain" . juste cela : des créations et des artistes présentées , au sein d'une oeuvre et non une série d'ouvrages qu'on explique pour l'imitation éventuelle.Il ya beaucoup de parcours individuels éclatés , des groupes qui fonctionnent un peu comme des chapelles, mais il n' y rien qui regroupe globalement ces arts cachés de fonds de tiroirs.
S'il y avait d'aventure des personnes intéressées qu'elles me le fassent savoir , nous pourrions en discuter, voir si c'est faisable . .Je précise une fois de plus : je parle de créations (ou d'interprétations libres et avec source reconnues- interpréter ce n'est pas mettre du rouge à la place du bleu ou changer une bordure c'est métamorphoser le point de départ - )non de modèles exécutés à la lettre ou de très près d'après revues ou en kit . Sauf si c'est la créatrice du kit ou du modèle qui se manifeste . .Et c'est là, je le crains que ça risque de coincer. Je connais bien les us et coutumes de nos milieux textiles .
Mais tant pis : je tente. Silence réponds-moi !
-
Analogie ou la théorie des tas
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 27/02/2016
- 0 commentaire
Souvent quand on me demande comment je fais, comment je crée, je reste dépourvue.
Comment je fais avec les mots, comment je fais avec les morceaux d'étoffe, comment s'élaborent mes images numériques.On attend des recettes, des procédés et je ne peux pas en fournir.
Pour moi c'est invinciblement, irrémédiablement entre ces trois valences le même ressenti, même si pour quasiment tout le monde, non. Je ne peux pas empêcher les gens de cloisonner de dire : la poésie c'est "intellectuel" le patchwork " c'est "manuel". Et les images numériques ce serait "artistique" . Je veux bien.
Donc ce que je fais, c'est des sortes de tas. Des amalgames, des rencontres, des télescopages.
Se confronter à une matière, une sorte de magma qui résiste, sans cette force d'inertie contre laquelle il faut lutter, commencer ne serait même pas envisageable.Des amas de mots que je dépose quand et comme ils me viennent et à ce stade surtout s'empêcher de contrôler quoi que ce soit. Des tas d'étoffes et là aussi j'en mets autant qu'il m'en vient à la main, je mets vraiment tout ce que je veux y mettre. Rien de plus, rien de moins. Deux étoffes ou mille.
Tout sans frein aucun.
Pour les tissus cela veut dire : les soies et les étoffes simplettes, pour les mots oui même ceux qu'on peut juger vulgaires. Faire du beau avec des jolis mots que tout le monde va trouver poétiques oui, mais avec les autres aussi. Un mot ne me vient pas parce qu'il est poétique : il vient de ce magma. User de tissus "nobles" oui -la serpillière pour faire art brut , on sait ce que j'en pense!- mais aussi oui la toile de jute ou le jersey de coton. Pas obligatoirement l'un ou l'autre, pas obligatoirement l'un et l'autre : ce qui me vient par rapport à ce qu'à ce moment-là je ressens. Une nécessité, jamais un effet de mode ou le résultat d'un apprentissage, à ce stade, du moins.
Et puis j'attends. Pour les textes quelques jours, pour les étoffes il peut s'agir de mois ou d'années car un textile - on l'oublie - c'est lent à élaborer , quand vraiment on élabore. Je ne parle pas du vite fait bien fait et que je te prends trois tissus assortis et que je couds et que je recoupe et que je mixe, je parle vraiment d'une élaboration qui repose sur tout ce travail qui est d'âme, d'esprit et de corps. Qui implique tout l'être, même si en ce qui concerne les surfaces textiles on n'y voit souvent que de "jolies" choses, décoratives.
Ensuite il y a ce moment capital où on écoute le rythme et où on regarde les visions. Ce qui parle parce qu'on a écouté, en soi et hors de soi, ce qu'on voit parce qu'on a regardé en soi et hors de soi , aussi. Peu importe d'où c'est venu : c'est là et ça appelle, ça demande qu'on agisse pour exister.C'est le plus magique de tous les moments car là, tout s'organise, presque sans qu'on intervienne, du moins juste assez, mais pas trop. C'est ce que j'appelle être "exacte" ou "créer "juste". Bien entendu je ne prétends pas y parvenir.Savoir être en attente, en éveil, en accueil.
A ce stade c'est vrai j'élimine beaucoup, mais je ne m'interdis pas de rajouter non plus. C'est moi qui sens parce que c'est moi qui signe le travail, le texte, l'ouvrage. Et qu'on ne me dise pas que c'est un manque d'humilité. Pour moi le manque d'humilité, ce serait de vouloir me faire chef d'une école, chercher des imitateurs pour cautionner mes choix. Comme si l'art était une religion ou parti politique, qu'il y ait une ligne unique à suivre!Pour moi c'est résolument entre soi et soies à ce stade. Ensuite c'est à offrir à la vue de tous ceux qui le veulent bien. Car c'est toujours tendu vers... cherchant le regard de ... et quand je le trouve c'est un moment de bonheur parfait parce qu'il est un instant au moins partagé . N'aurais-je eu "que" cela, c'est pour moi plus immense qu'une reconnaissance artificielle, mondaine et convenue, de personnes qui aiment parce qu'on leur a dit que ça vaut!
Et parfois j'aime le dépouillement et parfois j'aime la profusion et j'aimerai qu'un diktat esthétique en vigueur ne réduise pas son inverse à quelque chose de forcément "mauvais" ou de moindre valeur.
Quand j'ai envie de blanc, de dépouillé de presque rien qui dirait tout, je le fais, mais quand j'ai envie de m'enfouir dans une profusion de couleurs , de feuilles, de fleurs, de formes, où le regard se perd et trouve mille chemins, je le fais. J'aime les deux, mais différemment et je ne vois vraiment pas pourquoi une partie de moi serait sans cesse obligée de renier l'autre. Et pour les mots il en est ainsi :il n'y en a pas trop ni pas assez : il y a eux qui viennent chanter sur le rythme pour traduire ce qui est à exprimer.
La poésie pour moi n'est non plus écrite pour enjoliver la vie mais pour faire surgir de ce magma du langage tout ce qui se refuse à se dire. Et sachant une fois pour toute que dans un cas comme dans l'autre on n'y parviendra jamais ; Il ne s'agit pas de "réussir" , de fournir un texte bien léché, mais d'arriver à un état que je considère toujours comme un "essai". Rien qui soit à mes yeux , accompli. C'est pourquoi je ne cherche aucunement la perfection. La mort seule peut achever totalement, parfaitement quelque chose. Un essai qui laisse comme une attente, un espoir qui relance vers une autre envie un autre désir ce qui donnera un autre texte, un autre textile .
Comprendre que c'est ma chair, ma vie, mon souffle pas un divertissement pour personne âgée qui s'ennuie. Ma passion surtout pas ma patience. qu'on me pardonne mon impatience à l'égard des mots "joli travail" ou "quelle patience"devant mes ralisations rtextiles. On ne dit jamais cela à un peintre ou à un graveur , on ne ne me le dit pas non plus pour mes poésies, ni pour mes récits, même si leuor élaboration est parfois lente !. C'est voir surtout l'échafaudage quand j'aimerais tant qu'on sente jusqu'aux fondations. Je pense écrivant à cette phrase de Brigitte Fontaine : "je veux qu'on m'aime pour mes os"
Il faut que je dise ici un mot du minimalisme qui semble règle en vigueur aussi bien en textile -par le biais des Modern quilts- qu 'en poésie avec la vogue des formes courtes qu'on veut denses. Le fameux "less is more" .
Pour moi "more is more", tout autant , seulement il faut changer ses oeillères quand on regarde, se déformater. Sinon on s'aveugle volontairement sur tout un pan de la création. Une esthétique n'a pas à phagocyter une autre, ou à la piétiner pour se rehausser, tout peut se poser en harmonie et le contraste même violent est aussi source d'harmonie et surtout de relief. En musique on peut aimer Mozart, le jazz et le métal etc.
Je voudrais dire aussi que pour moi le minimalisme c'est quand on regarde ou lit et qu'on sent un plein dans le dépouillement même. Une plénitude même. pas un vide bourré de clichés pour faire simple. On n'a pas à vouloir faire simple : simplicité ou complexité doivent d'abord s'imposer d'elles-mêmes.Partir de l'oeuvre telle qu'en soi elle existe déjà.
Bien sûr ceci n'est pas un art poétique- artistique, c'est un parcours, une réflexion.Une expérience pour le partage. Pour qui en veut .
-
pourquoi je reste amateur
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 30/01/2016
- Dans opinions
- 0 commentaire
J'aimerais expliquer ici que je considère pas le moins du monde mes activités de création comme un loisir ou un moyen d'occuper le temps de ma retraite - choses que je m'entends souvent dire- je suis quasiment forcée de rester amateur, avec cette connotation d'amateurisme, si péjorative.
D'abord en France on fonctionne au diplôme, et même si je me voulais artisan d'art, je n'aurais pas le droit de décider que je le suis, même si je suis capable de créer des oeuvres ainsi,
pour une revue de Broderie d'art , notamment. Il me faudrait une formation certfiée, diplôme etc . Il n'est pas question, sachant tenir une aiguille et broder depuis que j'ai sept ans, que j'aille repasser des examens ... De plus je brode comme je couds non en vue d'une perfection technique normée et évaluable, mais comme un peintre peint pour m'exprimer avec des matières. Et cela, à mon avis ne s'évalue pas; professeur, je refusais de noter les poèmes de mes élèves. L'art et la poésie sont des langages non rationnels, qui ne se jugent pas sur de tels critères., même si tout ne se vaut pas ! Du reste, il n'existe pas de diplôme de poète ou d'écrivain. Et pour moi, broder, assembler et écrire sont expressions multilples d'une même inspiration. Que les lois , moeurs et coutumes des hommes les rangent sous telle ou telle étiquette : je me sens profondément en marge de tout cela, c'est une des conditions de ma liberté de créatrice.
Je passe aussi sur le coût d'une formation reconnue en école privée comprenant celui d'un hébergement éventuel loin de chez moi, ou de stages "prestigieux" avec artistes reconnus. Je n'en ai ni le temps, ni le goût, ni les moyens et surtout j'apprends mieux seule un livre ouvert ou plusieurs et expérimentant, mêlant, me trompant et découvrant plus dans certaines de mes erreurs, qui ne sont qu'expérimentations et errances, essais, que dans une soi-disant discipline imposée de l'extérieur par quelqu'un qui a sa propre vision des choses.ne coïncidant pas forcément avec les miennes propres. et sauf à me prouver que les miennes vaudraient moins , elles sont essentielles pour moi. Si souvent j'ai eu l'impression qu'on me demandait pour me "former" d'être autre que ce que je suis et de me conformer à !
Quant à mes compétences côté assemblage de tissus et patchwork, j'ai appris en autodidacte, mais à partir d'une formation de couture que les femmes de ma génération ont toutes suivie à l'école, renforcée par le fait qu'étant issue de ce qu'on nommerait aujourd'hui un milieu défavorisé, je cousais moi-même ma garde-robe et souvent, dans des tissus de récupération! . C'était peut-être sexiste d'apprendre aux filles à coudre, mais plutôt que de ne plus le leur apprendre, au nom de ce féminisme mal compris que ne cautionnerai jamais, on aurait mieux fait d'étendre cet apprentissage aussi aux garçons.Tant qu'on considérera que les domaines où les femmes excellaient (déjà en prétendues amateurs!) ne valent que pipeau ou pipette, on n'avancera pas d'un iota dans une véritable égalité. Là encore un CAP de couture ne me servirait à rien : pour moi, le patchwork, tel que je le pratique, n'est pas essentiellement de la couture mais de l'assemblage : je revendique depuis les débuts le droit de le faire échapper aux diktats des dames qui justement y viennent parce qu'elles aiment coudre et ne savent pas à quoi employer leur temps libre. Leur manière de procéder n'est pas la mienne, je la respecte , mais j'aimerais bien qu'on comprenne que je ne ferai jamais comme cela.J'ai su faire des robes , et je l'ai déjà dit, je n'applique la norme de finition qu'aux ouvrages utilitaires. Quand on me demande un gilet il est réversible et doublé dans les règles de l'art -ce qui est loin d'être facile! , mais je n'ai pas envie de passer ma vie à cela.
Je n'ai pas fait les Beaux-arts, mes arts à moi n'étant pas nobles et du reste peu enseignés en dehors d'une optique pratique ou d'arts dits appliqués -ce que je discute comme on le sait- (même celle prestigieuse de broder ou d'assembler pour la Haute-Couture je me suis formée par le regard, et le coeur en observant les oeuvres des autres, et partout formes, couleurs et matières , ce que j'admire : c'est là mon école. Ce n'est guère suffisant même si depuis des années j'observe,je réfléchis, je collectionne, j'annote, je compose. Mes carnets en attestent.
.Je travaille sur mes arts -et j'y compte la littérature , entre cinq et huit heures par jour, quand je le puis. Mais je ne suis qu'amateur!
Le grand problème on l'aura compris c'est aussi l'argent : tout ce qui ne saurait en rapporter est jugé nul et non avenu. Triste façon de considérer une oeuvre ! Oui triste pour ceux dont le regard est obscurci par ce préjugé !Ensuite si d'aventure on voulait bien m'accepter, côté administratif, comme "amateur ayant le droit de vendre occasionnnellement" , je devrais au minimum tenir -me dit-on un registre comptable avec mes fournitures dépenses et recettes - comment fais-je pour un quilt qui comporte parfois pas moins de 600 à 2000 tissus différents ? Je compte comment ? PourR certains achetés certes, mais pour beaucoup échangés ou récupérés chez des brocanteurs qui ne fournissent pas de facture pour quelques vieux chiffons dont il se débarrassent -mais qui ne sont pas gratuits pour moi, cependant. Si on admettait des frais estimés , côté impôts, ce serait possible, mais las nous sommes en France pays tâtillon s'il en est, à cet égard. les factures font seule foi .. Je veux bien que ce soit pour contrôler an cas d'abus.. Et je comprends aussi que mon cas est trop particulier pour être pris en compte , un peu comme si j'avais une maladie d'artiste orpheline ! Il faut faire nombre ,pour faire bloc , et je suis seule. Je ne m'en plains pas : je veux l'être, c'est aussi une condition de ma liberté.
Quant aux images numériques, nous sommes là dans quelque chose qui paraît encore nouveau -ne l'étant pas tout à fait- . je passe sur tous ceux qui y voient une facilité. Soyons francs, c'est vrai, les logiciels peuvent compenser mes incapacités en dessin dit d'art -surtout si ce dessin se réduit à l'imitation exacte de la réalité - mais maîtriser un logiciel et en user de manière à s'exprimer avec ses nombreux paramètres, demande aussi des heures d'investigation, de recherche de travail . Ce n'est pas de "l'automatisme" à preuve j'ai rarement vu deux artistes numériques produire des oeuvres vraiment ressemblantes, tant justement les possibilités d'expression sont avec cet autre outil, variées .Je pars d'un écran blanc les matrices que j'utilise, pour les métamorphoser sont les miennes. Il arrive que des pros me demandent mes "trucs" mais je ne suis qu' amateur. C'est peut-être le seul domaine où je pourrais (peut-être) avoir existence officielle : là je peux tenir une comptabilité sans trop de mal . Mais je me refuse à n'exister que partiellement, amputée de mes autres valences . Pour moi, cela n'aurait pas de sens.
Retraitée- partielle!- je ne peux m'inscrire officiellement comme si j'étais artiste essentiellement et en faisant mon gagne-pain et cotisant pour une retraite future. Un artiste n'est du reste jamais à la retraite : il crée jusqu'à son dernier souffle de vie, tant qu'il le peut.
De plus si j'ai commencé mon "plein temps" artistique à l'âge de 52 ans, c'est bien avant que je créais .En fait, depuis toujours. Certes dans certains domaines, je suis artiste récente -mais déjà frappée de "sénilité". Sexisme et âgisme sont aussi souvent mon lot quotidien.Evidemment pas de la part de tous. Reconnaissance à mes amis hommes et femmes souvent artistes d'arts semblables ou différents qui veulent bien me tenir pour une des leurs. Pour moi c'est immense ! c'est ce que je nomme ma bouffée d'oxygène.
J'ouvre ici une parenthèse : je n'ai pas de jalousie, ni même d'envie envers les artistes qui eux peuvent se déclarer et fonctionner "légalement' . Je ne méprise pas leur formation. Au contraire . Mais je rappelle qu' il en est d'autres, la mienne j'ai expliqué comment elle s'est faite," l'école d'art "pour moi continue tous les jours via livres, rencontres, discussions , interrogations;. Ce n'est ni mieux, ni moins bien, c'est autre chose.
En littérature c'est encore mieux; je suis professeur de Lettres, mais figurez-vous c'est un handicap, face aux modes actuelles qui voudraient que forcément un ex-professeur écrive uniquement conditionné par l'Université ... et mon écriture manquerait de spontanéité -forcément je serais scolaire (tout ça affirmé , le plus souvent, sans m'avoir lue bien sûr!) . J'ai écrit bien avant d'être professeur et quand je fais quelque chose, j'y mets toujours toute mon ardeur, mes exigences à l'égard de la vision que j'en ai et que je n'atteins jamais .
Enfin je ne crée pas essentiellement pour vendre . Je comprends que d'autres le choisissent : un artiste ne vit pas de l'air du temps! Mais j'ai mené ma vie selon ce choix : me réserver en fin de vie une période dont j'ignore la durée, et qui serait réservée à mes vocations vitales sans dépe,dre financièrement de cette activité.
C'est pourquoi je dis que je construis une oeuvre et pas une carrière. je veux créer, et non produire.
Ce que je saisis mal, c'est pourquoi ce choix-un peu forcé aussi par les circonstances et les réglementations en vigueur- dévaloriserait ce que je fais.
Si c'était officiel et professionnalisé serait-ce mieux ? Pour ma part j'en doute. Je ne regrette pas mon choix, je regrette le regard habituel sur les "amateurs" toujours un peu méprisant ou condescendant.
Alors voilà :je suis amateur mais pas dilettante. Mon oeuvre c'est plusieurs centaines de pages d' écrits, des centaines d'oeuvres textiles et d'images numériques tout cela créé sur plus de quarante ans. La quantité ne fait pas forcément la qualité, mais sur ce site, on peut quand même en juger sur quelques pièces! Et j'ai obtenu comme on dit des "retours" . Comme une pro ! Mais je reste un rien complétement négligeable, parce que je ne veux et ne peux légalement suivre les voies dites normales de "promotion- exposition- vente" etc. Un rien, appartenant déjà et avant moi à la nuit de l'oubli et du temps. Partageable difficilement, au compte-gouttes -mais chaque goutte est pour moi nectar !
Ce n'est pas un regret, c'est une explication,un témoignage, une constatation d'un état de faits. Dont je suis en partie responsable, par mes choix. Si tant est que j'ai choisi d'être inspirée de cette façon-là !Mais qui d'un autre côté m'est imposé : il faudrait que je renie ce que je suis et ce qui fait le sens même de mon travail pour qu'il en soit autrement. -
Art textile (?) contemporain (suite)
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 06/01/2016
- Dans opinions
- 0 commentaire
Je continue à observer ce qu'on affirme être de l'art textile contemporain.
D'abord le redire; je ne mets nullement en cause ces artistes dont je vais décrire lle travail. J'ai mon appréciation sur ces oeuvres, elle n'est pas forcément négative, mais ce n'est pas ce qui est en cause. Faute d'avoir le droit d'en montrer les photos, je les décris. .( en privé je le peux à qui me le demandera).
Qu'elles soient de tel ou tel artiste ici ne m'intéresse pas, ici. C'est la manière dont on les classe textiles qui est l'objet de mon questionnement.
Une première oeuvre qui s'intitule tapisserie il s'agit de fibres optiques juxtaposées, sur lesquelles joue une lumière couleur arc-en- ciel. Bien sûr le mot "fibre" suffit à assurer la caution "textile" .Pourquoi n'est ce pas de l'art optique ; valence sons et lumières? Pourquoi ce mot de tapisserie qui correspond à tout autre chose ? La tapisserie présuppose qu'on tisse ou qu'on brode quelque chose sur un support. Là bien sûr on me dira c'est la lumière qui est déposée sur des fibres . Alors quand la lumière joue dans les brindilles ou des cheveux c'est aussi du textile via le fiber art ?
En élargissant cette notion de tapisserie au sens de n'importe quoi de déposé sur n'importe quel support qui , lui, aura toujours une texture ou pourra se scinder en molécules , ou sera constitué de fibres c'est du textile ?
Je peux peindre sur mes flocons d'avoine , c'es de la fibre ce sera de la tapisserie ou de l'art textile ? c'est une question, pas seulement une ironie.
.A ce compte tatouage et maquillage sont de l'art textile (support plus quelque chose dessus !) . Somme la peau est un tissu vivant, ce serait plus logique si cela n'a pas déjà été fait.
et la peinture, les toiles des peintres, pourquoi alors ce n'est pas de l'art textile, à ce compte? une toile c'est tissé que je sache ... ah me dit-on mais c'est la peinture le medium . certes je l'entends bien, mais alors dans l'art textile le medium c'est le textile ! ce n'est pas un simple support !!Une deuxième oeuvre est constituée une paire de chaussures vraisemblablement en cuir d'où émergent précisément des sortes de brindilles. Là je présuppose que la caution textile vient du fil nécessaire pour assembler la chaussure et qui ne l'a pas été par l'artiste (peu importe me dira-t-on) et que les branchages peuvent représenter la fibre.ou le fil (je le répète mon assiette de spaghettis au gruyère aussi) et puis il est vrai là il y a du concept derrière (je n'ai pas cherché lequel , mais sûr il y en a !).
Une troisième oeuvre montre un plan blanc vraisemblablement en polystyrène sur lequel des épingles sont plantées, des épingles à tête de couleur noire et blanche Entre certaines de ces épingles on a fait circuler un fil noir . Là c'est évident : nous sommes dans le minimalisme, j'avais bien saisi C'est ce type de "broderie" oùon pique quelque chose sur un support , ce qui va évidemment plus vite aussi que de broder vraiment , mais passons. c'est de l'art du fil, incontestablement et l'épingle ça fait couture, soit.
Je pourrais, dans cet "esprit" qu'on m'en permette un peu de mauvais au passage , exposer ma propre pelote d'épingles car au fond elle retrace dans le temps les marques d'un travail qui lui restera occulté ... et on peut aussi y trouver un concept plus approfondi côté rapport au temps et au fil. le temps est un concept commode, comme le fil on peut tout lui faire dire !
Ma question est toujours la même : en quoi est-ce textile ?
En quoi est-ce aussi, plus contemporain que ce qu'on fait côté vraies étoffes tissées, brodées?
Ah oui la nouveauté du matériau, le concept au kilomètre, en veux-tu en voilà. Je reste très sceptique sur la valeur de ces arguments. Très.
Pourquoi ces oeuvres ont le phare de la renommée braquées sur elles en tant que summum de l'art textile ? et contemporain ?
Pourquoi ont-elles la faveur en tant que "textile" des musées et galeries d'art, alors qu'on nous dit à nous "surtout pas de tissu" ou "surtout pas de patchwork". Depuis quand un tissu n'est-il plus textile ?Les artistes non suiveurs de modes ou courants hors-école sont-ils donc moins contemporains que leurs contemporains ? Et là nous rejoignons un problème fondamental de l'art de notre époque.
Pourquoi s'octroyer une étiquette qui ne correspond pas ? . Suis-je donc la seule à sentir ce courant ainsi ? Je ne le refuse pas en tant qu'art, je m'insurge contre une place "textile" qui est usurpée alors que, pendant ce temps-là les mosaïques textiles , broderies sur étoffes sont ignorées ou déclassées comme "arts mineurs" . Une promotion au stade "grand art" est incidentelle, après on les remet côté patrimoine-folklore (et encore en France sur la conservation des oeuvres textiles et leur mise en valeur il y aurait à dire, beaucoup. Et à faire encore davantage.
Pourquoi suis-je, semble-til devant le silence radio qui me répond la seule à poser la question en termes d'histoire de l'art, de la signification des mots auxquels on ne peut quand même pas faire tout dire et n'importe quoi ... même si on appelle cela" ouverture".Un peu de rigueur et d'honnêteté intellectuelle seraient très bien venues. -
Art textile contemporain suite .
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 05/12/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Le débat évoqué précédemment a eu un prolongement , dont il ressort que je suis "agressive" -ce n'est pas faux, je le reconnais, devant des ukases assénés sans exemple pour les fonder et présentés comme des vérités indiscutables ,-c'est le catéchisme de l'art textile dit contemporain officiel!- c'est vrai que j'ai tendance à manier l'ironie. C'est toujours dans l'espoir de faire sortir l'autre de ses certitudes assénées comme des préceptes, mais sans exemples.à ne pas démentir. D'inciter aussi à lire autre chose que les blogs des amies art textile qui pensent comme vous, font comme vous, ont la même conception de l'art textile "contemporain" que vous. On pose une question presque rhétorique, alors, si on attend les réponses bien-pensantes et convenues !!
Autre chose : il est impossible -une fois de plus- de discuter avec une personne qui confond un fait et une opinion un fait ne se discute pas , il s'établit , certes on peut le nier mais ça ne l'empêchera pas d'exister.
Or la manière dont le mot "contemporain" est utilisé dans les milieux art textile et ce, depuis les années 90 et hors milieux arts textiles ce n'est pas une opinion : c'est un fait il suffit de lire comme je l'ai fait pas mal de livres et d'articles. Je les tiens à disposition et déjà on peut en lire des citations et en voir des exemples dans mon article le Bonheur en lisière .Je me fonde sur des expositions qui ont eu lieu et surtout je regarde les oeuvres .et les "discours" qui les accompagnent .Il y a eu des définitions successives du contemporain en art textile .
D'abord il s'est défini au sein même de l'activité patchwork,qui l'a accueilli comme une utilisation prétendûment innovante et différente des formes et des étoffes : abandon notamment des blocs répétitifs pour une abstraction plus improvisée, abandon aussi des tissus spécifiques -les fleufleurssi décriées!- pour préférer l'uni ou le teint artisanalement plus proche de l'aspect peinture .. Cela donnait de fort belles oeuvres, mais là où le bât blesse c'est quand on met en regard d'une part les peintres abstraits du début du XX° siècle,on s'aperçoit de ressemblances certaines ,de "à la manière de" non déclarés d'autre part qu'on relève les propos méprisants ou condescendants au sujet de ce qu'on nomme déjà le "traditionnel. ce faux respect du travail et de la patience .Car dès le début le quilt dit contemporain s'est voulu plus artistique que celui inspiré de la tradition souvent caricaturée , simplifiée et mal connue dans sa prodigieuse diversité .D'où le terme d'art quilts venus des USA. cette scission traditionnel- contemporain puis art textile n'existe bien que chez nous , les textiliennes. Les autres artistes disposant d'histoires de l'art , de critiques , et d'innombrables mouvements d'art auxquels se rattacher, ne peuvent entrer dans cette optique réductrice. Nous nous n'avons place que dans des études patrimoniales, historiques non esthétiques De plus les artistes en ces domaines sous-évalués sont anonymes, ou inconnues aujourd'hui à de très rares exceptions près .à une époque où le nom fait la gloire, partout ! ou au mieux connues en milieu spécialisé -ce qui leur suffit, mais n'arrange rien à la relégation de leur art en général-
Faire reconnaître nos mosaïques d'étoffes, quand elles sont bien une émanation de nous , de nos émotions, de nos imaginations par le choix personnel des étoffes et des formes n'a jamais été fait ou si peu de temps. et dès les débuts, on a allègrement mélangé copie de revue, démarque, et création.
Pourtant les expositions d'alors-des années 90- montrent que la structure en blocs est très loin d'être abandonnée, et si répéter des bandes en les mettant un peu de travers pour faire contemporain,ou faire du Vasarely en tissus,c'était alors le fin du fin de la contemporanéité .. on comprendra que j'ai eu des doutes. Je n'ai pas suivi.Je n'admets pas qu'il y ait une géométrie artistique parce qu'ultilsée par des peintres après les quilteuses "premières" et ensuite par les "contemporaines" - à peu de frais!- je n'admets pas des formes peintes soient jugées supérieures parce que peintes par des hommes.
Ensuite vers les années 2000 sont venues les oeuvres en 3 D et le plus souvent en mixed media avec un peu de fil ou de textile . Entre nous soit dit le mixed media en peinture était déjà utilisé depuis belle lurette , encore une fois et en allant plus loin puisque certains peintres sont allés jusqu'à user d' excréments. Je trouve nos novatrices textiliennes françaises bien timides. C'est là qu'on a parlé de texture ce mot si commode ! Le tissu, lui, matière première n'en aurait pas assez, de texture, à lui tout seul. J'ai signalé déjà cet intitulé assez surréaliste de concours invitant à quitter le "carcan de la fibre" pour faire du mélange de matières, tellement plus artistique et contemporain, lui que le mélange d'étoffes.Mon tableau Réflexions est une protestation contre cette absurdité que tout le monde a gobé côté contemporaines ou surtout suiveuses de modes . On devrait se souvenir que Claude Fauque a écrit Le patchwork ou la désobéissance mais qui oserait désobéir quand la seule possibilité d'être exposée et reconnue tient au jugement des expertes. Il ne fait pas bon leur désobéir, et avoir de son art une autre vision que l'officielle.Fondée sur quelles connaissances ? On l'ignore un diplôme Beaux-arts ne me convainc pas dans la mesure où côté Beaux-arts, le patchwork demeure inconnu puisque méprisé (ou l'inverse).
D'autre part il faut savoir que côté Grands arts, les disciplines classiques Beaux-arts et notamment dessin et peinture commençaient à passer sérieusement pour ringardes Et ce, dès les années 90..IL suffit d'ouvrir des livres d'histoire de l'art ou même d'écouter encore maintenant les artistes peintres qui se plaignent que le contemporain (entendez par là le conceptuel, tout ce qui est là pour faire "penser" .). prend toute la place et leur ôte tout subside officiel . Que dirions-nous, alors ? Nous qui n'existons même pas !!
Résultat certain(e)s transfuges des arts plastiques sont gentiment venus nous squatter , nous expliquant au passage que les vrais artistes textiles cétait eux -et surtout elles . La création de divers mouvements ou on s'emparaît en plus dans une sorte de kidnapping et des mots art et des mots textile l'art textile se posant en opposition aux valencs jugées ringardes .. aussi c'était dire que nous n'étions pas des "artistes" - en marqua le début en France , aux USA evidemment c'était avant ...On nous disait bien respecter le patchwork , comme un stade à dépasser en somme, car enfin avec ça "on ne pouvait rien faire ni d'artistique , ni de contemporain ". Péremptoire ... Même l'assemblage de tissus jugé contemporain la décennie d'avant s'est trouvé relégué sous l'étiquette "classique" .J'ai lu des refus au concours justifiés par ces simples mots "trop classique" . Il y a de la musique classique contemporaine ! mais chez nous, non !!
J'aimerais qu'on interrroge vraiment le sens des mots par rapport aux pratiques artistiques, j'espérais que la question posée le ferait, mais la réponse qui m' est donnée prouve que même si cette question ne comporte pas de jugement de valeur, elle entérine les clivages ordinaires de la corporation "art textile" . C'est de ce fait une question quasi oratoire , puisque mon avis est considéré comme disant le contraire de ce qu'on attend.C'est normal si contemporain veut dire pour mon interlocutrice "qui n'est pas dans la représentation" . -sic- Même l'abstrait, dans cette optique représente quelque chose . Mais tout ce que je vois, moi dans les installations contemporaines textiles c'est souvent de l'abstrait passé en 3 D. On change, on passe de la surface à la sculpture pour "innover" . J'ai dénoncé maintes fois ce procédé pour accéder à la cour des grands arts dès que ce qu'on fait perd de sa valeur ou considération , hop, on change ! On appelle cela évolution ou ouverture. Admettons que demain sous un effet de mode conceptuelle, un cerveau génial et novateur impose l'idée que ces fragmentations d'étoffes nommées patchwork sont une tentative pour recoudre un monde à feu et à sang , ou quelque chose de plus abstrait ou abscons ; que cent galeries d'art le montrent comme étant le fin du fin et le nouveau de chez nouveau : je vous parie qu'un bon pourcentage de nos contemporaines actuelles referaient du "classique" ou du "traditionnel 'pour dames des ouvroirs" comme il a été écrit !.
Le discours conceptuel cautionne le mot contemporain, le fil ou la fibre cautionne le mot "textile" . On en reste là en surface., même si on prétend faire en relief ! Planquées derrière les étiquettes qui magnifient tout et protègent !
Or tant qu'on ne s'attaquera pas au sens des mots au sein de notre art et en liaison avec les autres disciplines, on peut débattre à l'infini : on ne fait qu'entériner un malentendu, une méprise. Une exclusion.
Mon interlocutrice conclut en disant "il ya de la place pour tout le monde" là, mille fois non . Il y a de la place dans les galeries d'art , revues d'art pour tout ce qui a choisi de ressembler aux grands arts anciens (peinture sculpture-là le tissu sert de caution nouveauté et comme on l'a placé à côté du patchwork pour l'évincer dans son essence même : celle d'un langage par les tissus assemblés- ou moderne (suspensions installations, performances ).
Certes j'admire sincèrement certaines oeuvres, mais parfois je me dis que si on avait mis par exemple du bois ou du métal ou de l'osier à la place du tissu , le tissu n'étant là que pour que cet art se dise textile, l'oeuvre n'aurait pas changé fondamentalement .Son intérêt essentiel ne réside pas dans l'usage du textile ou de la fibre mais dans ses formes, et dans le discours conceptuel qui souvent l'accompagne. Tandis que ce que je fais (moi et d'autres assembleuses) ne peut se dire qu'en tissus assemblés .Ces tissus-là et pas d'autres . Un texte se dit avec des mots, ces mots-là et pas d'autres. , si on remplace les mots par autre chose est-ce encore un texte ?
Il faut savoir aussi que l'art contemporain officiel va bien plus loin que que ne le feront jamais nos textiliennes dans le vent du "ce qui se fait et le fait" ..Que pourrait par exemple une artiste qui tricoterait des foetus en laine-probable que ça s'est fait !- contre la performance qui a réellement été montrée de dévorer des foetus réels... Si on veut s'inscrire dans cette course au " m'as tu vu c'est du jamais vu " forcené , on part forcément battues, à moins d'avaler des écheveaux de laine en public, si on est à court d'idées : m'écrire ce n'est pas ce qui me manque . .Il est dans mes projets de montrer que si je ne mange pas de ces fibres-là, je peux pondre du concept de la sorte au kilomètre ; c'est une tournure d'esprit qui n'est pas si difficile à prendre .J'ai fait plus compliqué en matière de brain storming !. J'appellerai cela oeuvre probatoire, j'écrirai tout cela sur un bout d'étoffe pour la caution textile et j'espère qu'ensuite, on considérera que ce n'est pas par indigence artistique à accomplir ce genre de prouesse géniale et contemporaine que j'ai choisi d'assembler des étoffes de toutes les manières qui me plaisent pour m'exprimer, mais par choix artistique délibéré.
Ce qui me manque c'est l'envie de le faire, et la place aussi. et puis je n'ai pas envie d'encombrer le monde de créations avec lesquelles je ne serai ni en accord, ni en harmonie.
Qu'on ne me reproche pas mon ironie, je n'en use que contre les outrecuidantes et les condescendantes.ou celles qui ne questionnent jamais leur art que dans leur cercle de bien-pensance contemporaine ! . Et comme elles ne me lisent pas, ça ne risque guère de les blesser. Je connais d'ailleurs leurs oeuvres, J'en apprécie certaines. La réciproque n'est evidemment pas vraie Ce n'est pour elles que du traditionnel sans intérêt et imagnation. L'effort de connaître et de comprendre ne marche que dans un sens.Et on parle d'ouverture!
Cela me serait égal si on ne confisquait pas les mots "art" "textile" et contemporain à son seul profit. Et c'est le cas, le plus souvent .Voir aussi l'article l'art textile les mots confisqués qui reste fondé aujourd'hui encore .
D
-
Art textile contemporain -un sondage
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 31/10/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Je viens de répondre à une demande émanant d'un collectif d'art textile "contemporain"
Voici la question posée :
« Vous êtes artiste textile et vous vous situez dans une démarche contemporaine? En quoi pensez vous que votre travail entre dans le champ de l'art contemporain? Réponse à (...)
Attention c'est une véritable "colle"! Ce qui parait évident devant un visuel est véritablement difficile à traduire en mot! Il ne s'agit pas de dire: ça a été créé en 2015 donc c'est du contemporain! C'est faux bien sûr.. il ne s'agit pas d'évaluer votre démarche, mais d'arriver à définir par des mots ce qui différencie l'art textile contemporain d'un art textile plus traditionnel en partant de votre propre pratique! à vos méninges! »Voici ma réponse, sans utliser mes méninges mais mes synpases .
Une fois de plus à mon avis l’art textile , qui est d’autant plus art qu’il s’éloigne parfois du textile, rattrape en route les querelles sur le « contemporain en art » .
Là vous devriez vous demander plutôt si nous sommes ou non « post-moderne » , car « contemporain » figurez-vous ça commence à faire démodé ! car enfin l’art contemporain , les historiens de l’art le font le plus souvent débuter en 1945 .
Je blague à peine. Mais puisque vous y invitez je grimpe au marronnier, une fois de plus !
Car enfin si on a vidé ce mot de son sens c’est à dessein d’exclure, de se démarquer de ce qu’on a appelé abusivement traditionnel .
. Ce mot « contemporain », il n’a rien à voir avec une pratique sincère , authentique de la création, telle que moi je la conçois et vis. Ni même avec son actualité, on a l’impression vu de l’extérieur d’une sorte de secte à laquelle il faudrait avoir été initié (e). Des codes en tout cas qu’il faut respecter .
En art textile j’ai vécu son arrivée ainsi. dans les années 1990, on s’est mis à opposer le patchwork dit traditionnel au patchwork dit contemporain , lequel contemporain peinait à se définir (et pour cause !) , et beaucoup de ses œuvres étaient des « à la manière de » Klee, Kandinsky, Vasarely et quelques autres . Pour une personne qui ignorait tout de ‘histoire de l’art, ça pouvait passer pour une innovation, mais pas pour moi qui m’y connaissais un peu. J’aimais aussi et tout autant l’abstraction des quilts dits traditionnels (une tradition, mais laquelle ?) et j’ai donc continué à m’en, servir comme source graphique et non comme modèle.. Je noterai qu’on m’a couvent demandé- dans les années 2000, notamment de faire partie d’un groupe d’art textile contemporain, j’ai refusé , parce qu’on refusait que j’ intègre mes patchworks géométriques jugés automatiquement « traditionnels » . J’ai vécu cette exclusion de l’arrivée du contemporain , puis de l’art textile., quand il a fallu là faire du mixed media avec caution vaguement textile ….ou tomber dans la marmite du conceptuel .C’est à dire au fond imiter les Beaux-Arts .Avec retard, comme je l’ai signalé.
Je me bats pour le contraire pour un art textile unifié qui cesse d’être jugé selon la date de la source d’inspiration qu’on a choisie ,et le genre de travail qu’on choisit . Un peintre qui fait un nu à la peinture à l’huile n’est pas qualifié automatiquement de « plus traditionnel », le mot d’ailleurs n’existe que chez nous.
Et j’étaie ma lutte sur un savoir que je ne cesse de compléter et où je ne cesse de découvrir. Le passé m’intéresse autant que le présent Je mets l’art textile dit contemporain et l’histoire de l’art textile en regard .C’est parlant ! Un peu long à expliquer ici mais mon site et mon blog développe Je vous mets quelques liens en fin de lettre.
Je suis écrivain, artiste en tissus assemblés, brodeuse, et artistes en images numériques. Je m’exprime dans ces valences, n’y faisant pas carrière, mais une œuvre dont je me moque absolument qu’elle soit jugée contemporaine et à voir ce que certains font sous ce vocable je dirai très franchement que ça m’ennuierait plutôt. Je déteste le bluff, la frime et les pseudo innovations. Je déteste le snobisme aussi . Je ne suis pas convaincue non plus par les personnes qui se paient de grands mots pour faire savant. puisque pour être contemporaine au sens de « conceptuelle » il faudrait avoir une démarche… Les mots c’est mon autre valence . et bien avant que ce ne soit tendance de relier textes et textiles. Je ne suis pas dupe des phrases creuses et ronflantes que je lis ça et là .
Je ne tiens pas non plus à ce qu’on :me colle une étiquette de « traditionnelle » Je ne reproduis pas des modèles anciens j’utilise des sources multiples dont certaines sont anciennes.. Or constamment dans mon parcours textile je me suis vue scindée en deux : contemporaine si je sors de la géométrie du patchwork , je redeviendrais traditionnelle dès que j’assemble les étoffes autrement. C’est absurde . Mon œuvre n’est pas du saucisson qu’on tronçonne on me prend tout entière avec toutes mes valences ou on ne me prend pas (c’est la deuxième solution qui a prévalu je dérange, tel un ornithorynque qu’on ne sait où classer)
J’ai constaté que les artistes hors sérail textile que je fréquente depuis quelques années n’ont pas du tout la même façon de voir. Déjà ils ne se laissent pas prendre aux étiquettes et pour la plupart font comme moi .. Les peintres savent bien qu’on n’est pas forcément traditionnel en utilisant un nu qui est un de leurs « poncifs » ou un « paysage » ;ils savent que c e qui compte ce n’est pas les classifications que d’autres après coup vont appliquer à ce qu’on fait . Autrement dit, d’être on non contemporain ils s’en moquent , on ne parle jamais de cela, mais de nos œuvres, de nos manières de manipuler nos matières , d’accéder à la création . C’est un milieu ou on ne vous pose jamais la fameuse question dont on ne sort pas depuis plus de trente ans : en art textile : « alors tu fais du traditionnel du contemporain ou de l’art textile » -car c’est ainsi que l’histoire s’est déroulée chez nous : ne me dites pas le contraire j’y suis depuis 1986. Inféodée à personne et hors clan , mais j’y suis. En observatrice critique, lucide et attentive. Admirative de ce que je ne saurais créer quand du moins cela suscite en moi une véritable émotion, mais dubitative souvent.
A noter que lorsqu’une revue d’art a publié mon portrait d’artiste on ne m’a pas demandé si j’étais traditionnelle ou contemporaine et pas non plus quand j’ai exposé en 2004 en galerie d’art . Non on m’a demandé comment je travaillais, on y est allé voir … on a regardé vraiment et sans formatage .Un vrai regard que je n’ai jamais, ou si rarement trouvé en milieu art textile et surtout pas « contemporain » au sens où les textiliennes actuelles l’entendent
IL m'est répondu qu'on n'est pas de mon avis (je m'en serais doutée!), et qu'on n'a pas le temps de répondre On sous-entend que c'est trop long.
Que je suis hors sujet en enfin que les artistes d'autres disciplines qui ne me demandent pas si je fais du traditionnel ou du contemporain , mes braves, c'est qu'ils sont tous traditionnels puisque l'abstraction et la figuration c'est du 'traditionnel" .-sic- . Bref tout ce qui n'est pas contemporain étant traditionnel si on préfère la tautologie pourquoi donc poser la question ? Et comment se situer dans l'art contemprain sans connaître un peu les opinions et la pratique des artistes des autres arts ? Les mouvements si nombreux de ce XX siècle ?? Mystère . Mais puiisqu'on n'a pas le temps ...Dommage , j'aurais essayé , mais comment discuter avec quelqu'un qui sait déjà tout !
-
Ce que les tissus me donnent
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 28/09/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Un de mes plaisirs d'artiste en tissus assemblés , c'est justement de m'absorber en eux, de m'en imprégner . De voir ce qu'ils me donnent, tels qu'ils sont.
Ce que le tissu me donne c'est :
Des matières diverses : soie, coton , divers synthétiques . et comme je ne crée pas d'abord dans le but d'un lavage facile en machine à laver, je mélange allègrement, surtout dans les crazys qulits ou tableaux en "collage" qui, construits sur tissu de fond, permettent d'user même d'épaisseurs d'étoffes très différentes.
détail de la série Nous où les tissus sont employés pour leurs matères autant que pour leurs couleurs
Cela donc permet de jouer sur les reliefs, les touchers différents, chose qui reste plus difficile si on s'en tient aux petites cotonnades faciles à assembler, que j'aime aussi beaucoup-pour des raisons contraires .
Des types de tissage, qui permettent de jouer eux aussi sur les reliefs et en même temps ils sont motifs - ce qu'on nomme "texture"- .Mot que je n'aime pas trop quand il sert de justificatif au mépris des dites petites cotonnades ... parmi lesquelles on peut trouver piqué et gaufré voire plissé et froissé ...
Le tableau Text-ile Elément sur un poème de Jean-Marc Riquier où les épaisseurs d'étoffes et les tissages jouent leur rôle.(photo JMR)
Des motifs et des couleurs
Il existe des milliers de motifs créés par les designers spécialisés et je l'ai déjà dit souvent, j'ai toujours mélangé dans mes surfaces tissus anciens venus de vêtements , reproductions d'anciens et tissus contemporains et depuis quelquees années mes propres dessins textiles .Si on croise ceux-là avec les créations conçues pour un autre usage, on s'ouvre un champ.. Ces couleurs, ces motifs,depuis des années je les observe, parfois, je les redessine . ils m'inspirent evidemment en composition avec d'autres.
Le quilt Simplicité où unis et imprimés, soies synthétiques , tissus neufs et de récupération sont mêlés.
La matière pour moi est liée au toucher . toucher de la laine, toucher de la soie , toujours différent. Certaines soies sont dures et rèches,.le lisse, le rugueux et chacun avec ses variantes ..Si on se borne à deux ou trois types d'étoffes faciles à assembler ou à entretenir, on se prive forcément de cet aspect-là. Il est vrai, les soies et les cotonnades jugées généralement "adéquates" aux quilts offrent déjà un champ plus que suffisant de possibilités de combinaisons expressives . mais j'aime trop tout pour me cantonner à certains tissuis et pas d'autres. Souvent, devant une étoffe qui me résiste, je cherche des années durant comment l'intégrer à un "oeuvrage" .
Au toucher est liée l'épaisseur. j'ai du mal avec les étoffes très épaisses je l'avoue parce qu'elle me semblent trahir cet autre caractéristique du tissu : sa souplesse , c'est aussi pourquoi pour assembler je préfère coudre que coller et même coudre à la main qu'à la machine qui donne une sorte de raideur impeccable au montage . On peut aimer le contraire ..et y voir des avantages que je n'apprécie pas .
C'est aussi ce qui m'a éloignée de certaines pratiques de mixed media avec textile intégré , qui se revendique comme art textile, ne l'étant pas toujour: plastique , colles, agrafes durcissent les surfaces. On dira : les perles aussi et certaines broderies de fils de métal mais moins aujourd'hui qu'autrefois, où on travaille avec des perles plus légères et du fil souple . J'ai fait beaucoup d'essais de tissus "collés" y compris en mixed media ert ça m'arrivera encore , mais sensuellement j'y trouve moins de plaisir qu'à assembler de vrais tissus ou des tissus seulement .C'est pourquoi j'ai besoin de tout ce que j'élis pour m'exprimer, sans exclure au nom de la tradition ou de la tendance art textile du moment . Ce qui m'intéresse, c'est avant tout le langage des étoffes: ce qu'elle me disent, ce que je peux visionner et construire par tout ce qu'elles me donnent . à noter que ,pour les mots, c'est exactement la même chose .
Et c'est aussi la transparence, la possibilité de superposer -j'ai travaillé avec des tulles , des voiles, ou de froisser plier, voire feutrer ...
détail du tableau Coquelicot, voile feitré machine et rebrodé
Les motifs enex-mêmes m'ont inspirée la série Motivations que je présenterai bientôt ; il s'agit -là de partir d'un motif sur une étoffe retracé et retravaillé-y compris en images altérées numériquement et de voir ce qu'on peut en faire et qui et souvent tellement infini qu'un choix s'impose . Mais c'est une autre histoire , qui vous sera contée une autre fois comme dit Kipling .
Motuvations-1 d'après un motif de tissu ancien (circa1960)
Pour le travail sur les motifs et les couleurs voir l'article Les palettes d'une textilienne qui approfondit cette approche .
-
Flicage, nous dit-on
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 25/05/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Ce billet d'humeur vient d'un propos qui m'a été rapporté de la part d'une amie qui comme moi est soucieuse d'exactitude et d'honnêteté dans les sources des ouvrages montrés sur blogs et sites. Alors qu'elle signalait , comme il m'arrive de le faire aussi , que l'oeuvre revendiquée par une "confectionneuse" qui la signait était la copie d'un quilt connu, elle se vit assassiner en ces termes révélateurs "vous devez être bien malade, pour passer votre temps à fliquer les autres".
Moi même je me suis vu taxer maintes fois de radotage ou de paranoÏa ...
Alors oui, je vais radoter encore une fois puisque la pratique semble diffcile à éradiquer et de plus on attaque celles qui tiennent à cette rigueur. En fait, ce n'est pas moi qui radote mais l'histoire de la pratique du patchwork qui bégaie . Je dénonce, une fois encore, cette détestable habitude de confondre copie et création avec l'aval et les yeux fermés de tant d'animatrices de clubs ! Qu'on me prouve le contraire, je ferai amende honorable qu'on me montre les étiquetages précis, les présentations honnêtes différenciant le modèle de sa copie ou de son interprétation, qu'on me montre surtout que le patchwork ce pauvre art -art du pauvre peut être autre chose qu'un pur exploit de virtuosité couturière technique dont la création ne doit rien strictement rien à la main qui ose le signer. Oui, qu'on me le montre. On me fera plaisir. Car c'est souvent le contraire que je vois . Il ne s'agit pas de fliquer qui que ce soit mais de rendre à César ce qui lui appartient. Je suppose qu'un expert en peinture qui décèle un "faux" est aussi un maniaque pervers qui s'ignore ...
On peut s'inspirer de ce que fait cette quilteuse honnête, j'admire plus sincèrement quand je sais ce que je regarde.
D'autre part si on se sent victime de "flicage" c'est donc qu'on a le sentiment quelque part de commettre quelque chose de pas très "réglo" non ? Ou bien et c'est plus grave, car cela repose sur une sorte de lâcheté consentie qui se réfugie derrière le nombre , qu'on estime cette malhonnéteté légitime, puisque "tout le monde le ferait" - on notera la pertinence et la loyauté de l'argument !
Mesdames, si vous reproduisiez un tableau de Renoir en peinture au numéro vous n'auriez pas, je présume, le culot de dire que c'est votre oeuvre (quoique à lire certains blogs j'en doute !)- évidemment Renoir est connu et bien reconnaissable - et même si les créatrices de patchwork et broderie etc... ne sont pas estimées grandes artistes,inconnues et ignorées, que vu le nombre d'ouvrages inspirés sans le dire de l'original celui-ci est diffcile à discerner dans le lot, leur travail, il me semble mérite tout autant le respect. Sans elles vous ne pourriez pas parader devant cette magnifique copie-baptisée parfois abusivement "interprétation "- qui, oui, je sais vous a demandé x heures de travail et de dextérité et vous a valu le premier prix au club de X . Premier prix de couture certes.
Si maladie il y a celle de la sotte vanité en est tout autant une que l'exigence de sincérité d'honnêté et de rigueur .
L'amour de son art et non l'amour de la gloriole personnelle usurpée .....
Si tout le monde est sincère et rigoureux, pas besoin de "gendarmes". Ni de flicage. Confondre la cause et la conséquence est aussi une maladie de l'esprit . Prouvez-moi le contraire !
-
Pour en finir avec les ouvrages dits de dame
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 19/05/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Je m'adresse ici autant à ce qu'on nomme le grand public qu'aux personnes qui pratiquent les arts textiles (à divers degrés)
Les ouvrages de dames sont liés à l'essor d'une presse "féminine , qui au départ se voulait aussi féministe à sa façon, c'est à dire proposant aux femmes des articles sur des sujets censés les intéresser elles et pas les hommes. Le domestique et son "économie" étaient alors dûment enseignés - et comportaient tout le travail autour du linge (marquage notamment ) et décoration. Pas toujours du "loisir" au sens où on l'entend aujourd'hui et rarement créatif dans la mesure où dès que les modèles sont apparus ils ont été reproduits, et copiés. On peut penser cependant que déjà certaines interprétaient avec plus de liberté et d'imagination que d'autres. Composaient au moins et s'écartaient de la copie stricte d'autant que souvent dessins et explications étaient fort succincts . Rien des tutoriels style assistanat de A à Z en pas à pas abondamment illustrés de notre époque. Plus on assiste, moins on donne le désir d'indépendance et de création et plus on renforce le désir d'avoir le même bel objet exactement semblable qui est un désir de possession par la fabrication reproductive, non de création .
Je voudrais rappeler que la création peut résider aussi dans le choix et la composition à partir de motifs déjà dessinés -dits poncifs- comme on le voit dans certains marquoirs ou samplers, dûment signés . Il ne s'agit pas alors de suivre une grille où tout a été décidé et choisi par un ou une autre, mais d'un entraînement doublé d'une composition vraiment personnelle.
Parallèlement à ces publications dans la presse féminine, on trouvait des manuels techniques à cet usage et nous avons toutes en mémoire celui, très célèbre, de Thérèse de Dillmont , lié à la manufacture DMC.
Je remets le lien du site Antique patterns auquel j'ai consacré un article, en feuilletant les ouvrages on pourra constater que les dessins sont le plus souvent en noir et blanc, sans composition d'ensemble si on excepte quelques-uns avec déjà des planches en couleurs et des explications fort détaillées .
Mais bien avant sur le site Gallica par exemple on peut trouver des ouvrages de poncifs datant de la Renaissance.
La création - était cependant surtout en deça : il y avait dans l'ombre des concepteurs et probablement des réalisatrices de ces "modèles" Tant que tout était en noir et blanc , l'imagination personnelle de celle qui en bout de chaîne utilisait ces motifs ou poncifs pouvait venir tout comme aujourd'hui d'une composition, d'un choix des couleurs, des fils personnels. Il y avait donc parfois re-création , comme je l'ai souligné maintes fois, mais comme pas plus autrefois qu'aujourd'hui on ne le notait au dos de l'ouvrage , impossible de savoir si la main qui a exécuté est aussi le cerveau (et le coeur) qui les ont conçus. Pour beaucoup ce point crucial ne revêt aucune espèce d'importance. On voit la "belle ouvrage" et on s'arrête-là. C'est pourtant là qu'il faudrait -enfin- engager une réflexion. Et cette réflexion ne peut s'établir faute d'informations sur la genèse des dits "ouvrages" : savoir qui a fait quoi me semble indispensable. Pas de genèse sans générique. Imaginons qu'on ait à établir un art de la peinture fondé uniquement sur les peintures de reproduction de maîtres ou faites au numéros ... on aurait le même problème. Il faut quand même rappeler qu'il fut un temps où les brodeurs étaient considérés comme les égaux des peintres, voire supérieurs. Mais c'était alors professionnellement et au sein de corporations d'artisans d'art, régies par des lois strictes.
L'ouvrage de dame lui, a été cantonné côté maisons et loisirs quasi dès le départ. Est-ce à dire que pour autant , il n'y avait pas réellement une expression personnelle par ce moyen ( et à mon avis plus en patchwork qu'en broderie pour la raison simple que le patchwork demande des capacités de composition toutes différentes. )
Mais je me sens bien seule en ce domaine, parce que la plupart des femmes qui aiment les arts textiles côté panier à ouvrages, n'exercent pas en créatrices ni en artistes, elles se font juste plaisir, comme elles me disent. Ou bien croient sincèrement être artistes parce techniciennes parfaites du modèle qu'elles copient .Voire du kit. Le tollé que j'ai soulevé en évoquant le problème me le confirme. Et les artistes des autres arts s'intéressent au leur en priorité, c'est humain ! La plupart admettent la division Beaux -arts et arts mineurs .J'en vois tous les jours se lamenter sur le triste sort fait aux peintres ,graveurs, photographes - les vrais arts, quoi! - mais presque aucun n'aurait l'idée de se demander s'il n'y a pas créateurs plus mal lotis ! Quant aux critiques d'art, ou personnes autorisées à analyser , ils ne sont pas légion à oser un papier sur une créatrice textile obscure (raison au passage de saluer ceux qui osent le faire ) qui ne sont pas que de"petites mains" au sens d'exécutantes des oeuvres d'un maître ! Le terme même est dévalorisant qui réduit à la bonne faiseuse celle qui met son âme autant qu'un artiste de Beaux-arts dans ce qu'elle crée ! Mais qui le sent ? Qui veut le voir ? Qui veut le savoir ? Personne ou presque quand encore ça ne fait pas ricaner. Il est vrai : les ricanements des sots sont louanges .
Il y a à s'interroger déjà sur l'anonymat de ces oeuvres domestiques -ou religieuses- côté conception, alors que certaines signaient et signent encore orgueilleusement des reproductions où elles montrent juste leurs capacités techniques. Anonymat qui longtemps a été imposé aux créatrices pour revues féminines. On trouvait le nom du photographe de la broderie, mais presque jamais le nom de celui ou celle qui l'avait dessiné, conçu et brodé ou cousu. Une sorte de négation première de l'acte de créer , en ce domaine puisque sa seule utilité était de fournir des modèles aux autres . Et c'est resté . "je l'ai fait moi-même" semble une caution suffisante pour s'approprier ce travail en deça pour lequel la créatrice est payée certes (mal ) quand elle l'est. Le vol d'idées est courant sans reconnaissance aucune de source puisque "c'est fait pour ça" pour "donner des idées aux autres".On sait aujourd'hui que pour qu'une oeuvre soit reconnue comme telle il qu'elle soit intégrée à la démarche d'un grand nom exerçant un grand art. Enfin du moins ça aide. Et voilà pourquoi des géométries peintes par des hommes postérieures de très loin aux compositions géométriques textiles, tout aussi uniques et intéressantes créées par des femmes anonymes n'ont pas à valeur esthétique et profondeur égale le droit de cité dans les histoires de l'art.
Sans " état civil ni pedigree, ni oeuvre ni homme n'existent aux yeux des sociétés, même si elles vivent ! On obéit des critères positifs-majorants
- d'un côté peinture/ homme/ nom célèbre(professionnel/ sphère artistique-professionnelle/ / démarche reconnue et consciente/ accès aux galeries d'art-muséable, recensions et critiques / présence possible dans les livres d'art côté grands arts.
et de l'autre des critères négatifs-dévalorisants :
couture/ femme/ anonyme ou inconnue/amateur/autodidacte/ sphère domestique/ démarche instinctive ou inconsciente , ignorée /pas d'accès aux galeries d'art- non muséable (sauf folklore-patrimoine- pas de recensions et critiques / absence des livres d'art comme objet d'expression personnelle et sensible .
Pourtant si on met côte à côte les résultats, on devrait interroger la pertinence de ces critères. Mais à ma connaissance, très peu le font et surtout pas en France, patrie du prestige (et du préjugé assorti !)
Si on excepte la célèbre Sonia Delaunay exception qui confirme la règle ... pour qui les critères donneraient : couture et surtout peinture/ femme/ professionnelle/ sphère artistique /formation artistique / démarche consciente et formulée / accès à la critique.
Ce qui, à patchwork égal, si j'ose dire change le regard et la considération sur l'objet textile assemblé. Un travail comparable créé par une inconnue répondant aux critères dévaluants sus-cités .... est nul et non avenu. Pas inscrit du bon côté de la rue de la création , pas né au bon endroit, au bon moment . Sans appartenance d'école, de caste, d'intelligentsia , de milieu . Voire d'époque. Ou de lieu (il n'est bon bec que de Paris ou autre capitale culturelle !)
L'ouvrage d'une femme obscure voire anonyme faisant sans le savoir dans sa cuisine -ou son salon- comme le souligne Claude Fauque, de l'art abstrait ou brut sans le savoir, bien avant que celui-ci existe en peinture, évidemment ne jouira jamais de la même considération . Puisque nous, dit-on cette brave dame était censée n'avoir aucune profondeur intérieure. Si on le dit !!
J'aimerais qu'on regarde sur ce site la neuvième oeuvre faite par une femme anonyme en 1885 . qu'on me dise en quoi elle est inférieure en puissance d'expression aux peintures abstraites qui ont suivi... Et de tels quilts ne peuvent avoir été faits d'après modèles.
Ouvrage de dame ? oeuvre d'art ignorée injustement -et il y en a des millliers comme ça !- je vous laisse juge
Le premier travail d'un historien de l'art en tissus et art textiles devrait être fondé pourtant sur cette distinction capitale . création/reproduction/interprétation et ce d'où que provienne l'oeuvre . Et si l'oeuvre est création ne pourrait-on la regarder alors comme si elle était d'un grand art ? Je suis certaine qu'un critique qui sait voir et lire y trouverait autre chose dans beaucoup de cas que du " joli- décoratif" ou du "intéressant pour la valeur patrimoniale et historique" -qu'on nous concède (comme à un vieux tesson de bouteille ) ..
Pour qu'on saisisse mieux ce que je veux dire , je vais prendre trois exemples dans mes propres "oeuvrages"
- Celui-ci offert par un commerçant était imprimé sur tissu et donné avec diagramme fils et indication des pôints . c'est ma fille qui l'a réalisé dans son enfance , (j'ai longtemps cru que c'était moi rectificatif donc! ).C'est de l'ouvrage de dame pur sans aucune création ni recherche. Certes, il faut savoir faire les points et suivre un diagramme, mais je vous assure avoir entendu une dame de ma connaissance se targuer d'être artiste pour si peu !
Celui-ci inspiré des broderies de François Lesage , le dessin n'est pas de moi, les indication de points non plus, mais comme il est difficile de trouver les mêmes matériaux...j'ai usé des miens sans respecter strictement les indications il y a une petite part d'interprétation et le niveau technique requis est nettement supérieur à celui nécessité par l'ouvrage précédent.
- Cet ouvrage créé pour la revue broderie d'art a été dessiné, par moi et le choix des couleurs, points et fils m'incombe entièrement : on est donc dans la création, certes pas ex nihilo, mais que je nomme personnelle n'aimant pas le mot original
Je pense qu'on peut compter aussi comme création de broderie- et de patchwork- tous les ouvrages qui partent d'une source existante (et si possible reconnue honnêtement, ça ferait avancer ma connaissance de notre art ) mais dont l'élaboration textile est due au concepteur. Il existe des re-créations par métamorphose ou passage dans un autre art .... qui demandent une élaboration et un investissement indéniable. Témoin cette pochette dont j'ai emprunté le dessin (en noir et blanc) parce que l'aimais -je sais dessiner une guirlande de fleurs par moi-même mais je voulais celle-là !) le choix des matéraux soies perles fils d'or ,et le travail purement textile est de ma conception propre. Alors création ou pas ? Art ou ouvrage de dame ? Je me suis laissé dire que dans la Haute-Couture, on devait bien de temps à autre fonctionner ainsi !
Le brodeur ou le quilteur mettent autant d'eux dans ce genre d'ouvrages que le photographe composant avec une "réalité" qu'il n'invente pas et ne dessine pas davantage. Ce qui ne signifie nullement , je le précise, parce qu'on me comprend toujours à l'envers, que je tienne pour création des surfaces de perfection technique pure , où l'âme du concepteur, ses émotions, ses désirs, sa vision de l'espace ou du monde ne se perçoivent pas, et qu'une autre main tout aussi habile aurait fait de la même manière . Il faut tout de même un minimum d'apport personnel pour qu'on puisse prétendre au titre d'artiste créateur autre qu'artiste technicienne maîtrisant son art sur le bout des doigts . Confondre sans cesse les deux n'arrange certes pas le statut de notre art, mais les bonnes faiseuses qui sont la majorité s'en satisfont . Elles ne sortent pas au fond l'art du panier ouvrages , se reconnaissent s'exposent et se congratulent entre elles, appelant cela "reconnaissance" : Ce n'est pas de celle-là que je veux parler, on le sait .
Mais si nous composons nous-mêmes , que nous faisons preuve d'imagination et d'inventité dans l'usage de nos matériaux et techniques même ancestrales (la peintuire n'est-elle pas une technique ancienne ? ) bref si on voit que c'est de nous au premier coup d'oeil pourquoi serions-nous les seul(e)s à devoir faire preuve de capacités hors notre valence ? Apprendre à broder, en broderie d'art, ce n'est pas seulement apprendre les points-et les matériaux support, fils- mais à s'en servir comme d'un langage . Pas plus de l'ouvrage de dame que peintures, gravures; sculptures ne seraient ces ouvrages d'hommes , alors ? A souligner que sur le créneau ouvrage dits de dame tous les créateurs hommes sont des génies, adulés et encensés par les femmes elles-mêmes ...
On ne refait pas le monde même à coups d'aiguille !
-
Poésie -réflexion -1
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 30/03/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Il est rare que je m'exprime au sujet de la poésie, pour la raison simple que la littérature croule depuis le début des temps sous gloses, commentaires et théories , histoires dignes de ce nom , études, chroniques , critiques , tandis que l'art textile tel que je le conçois a certes au mieux des historiens, mais aucune analyse comparable en tant qu’objet d'art et de création. C'est pourquoi j'en parle davantage . .
Cependant je publie ce texte pour les personnes qui, sait-on jamais tout comme moi , auraient un intérêt et des valences multiples . A voir le nombre de sites ou publications reliant textes et textiles créés après le mien, je pense que je ne suis certainement pas seule à m'interroger sur ces sujets .
Pour mon parcours en écriture indépendamment de l'art textile je renvoie sur l'article bibliographie .Bien sûr ce que j'écris ici n'a d'autre autorité que celle de mon expérience (j'ai quand même fait des études de Lettres mais je n'ai pas arrêté de lire et de découvrir une fois quittée l'Université ). Les livres - surtout de poésie- font partie tout autant que les tissus de mon univers quotidien. donc à lire si vous le voulez bien ... comme un témoignage .
Je n’ai pas l’âme à théoriser et encore moins à ériger ma pratique personnelle (mes expériences multiples !) au rang de dogmes à suivre. Même pas de « conseils » . Les conseils ne peuvent porter, à mon sens, que sur la partie technique de l’œuvre et une technique détachée de la vie intérieure a pour moi quelque chose d’un peu desséché, momifié. Voire sclérosé.
L’émotion d’abord, au sens de ce qui met l’âme en mouvement jusqu’à bouleverser dans le meilleur des cas, celle de celui qui crée, comme celle de celui qui regarde,écoute ou lit .
J’ai fait l’école pour gagner ma vie en tant que professeur. J’ai dû bien évidemment transmettre méthodes et savoir-faire, je m’efforçais toujours de ne pas en imposer une unique, la seule, la bonne, la vraie.
Dans le domaine de la création, je n’ai aucun « dogme » à transmettre, je ne veux pas « faire école ». Je rejette (à tort ou à raison) les systèmes avec maîtres et disciples, du moins un maître unique qui formate parfois des clones ou des imitateurs qui le confortent dans l’idée qu’il détient la Vérité sur son art, non . Cela ne me va pas, même si je reconnais humblement tout ce que je dois aux créations des autres . Ils ne sont pas mes maîtres : ils sont mes parents nourriciers ! Je choisis d’en "manger" ou pas . La différence est pour moi capitale ; je n’ai rien d’un mouton bêlant ni d’un esclave soumis ! Ma responsabilité partout est dans mon pouvoir de choisir, de décider par moi-même et d’écarter ce qui ne va pas avec ce que je sens d’impérieux et de nécessaire en moi qui veut se dire et se faire selon mes modes pas forcément celles des autres ; orgueil peut-être si on me comprend mal . Force contre laquelle moi-même je ne puis lutter . Celui qui a toujours besoin des idées -béquilles des autres pour s’exprimer ne peut absolument pas entrer dans ce que je dis : j’ai besoin des idées et des œuvres des autres pour m’en nourrir, les digérer. Voir du côté de ce que les humanistes appelaient l’innutrition, qui n’est pas l’imitation .
Au point de ma vie où je suis, disons le tout net : je me fous des juges dogmatiques qui cherchent des thuriféraires pour leur ressembler et les cloner -voir se faire de l‘argent avec ça- ça ne m’intéresse pas . Avoir mille « followers » non plus . Quelques regards attentifs me suffisent . Ils ont bien plus de prix à mes yeux . Je serais embarrassée aussi des disciples béats souvent sincères il est vrai , mais l’admiration de cette sorte me gênerait : je ne me sentirais pas la mériter.. Ces petits jeux-là de vanité humaine, j’y suis définitivement réfractaire. A cela je préfère de beaucoup le partage entre deux êtres libres qui respectent chacun leurs propres cheminements, et s’enrichissent autant de ce qui les joint, que de ce qui les dissocie ; et ce partage-là, j’ai eu le bonheur de le trouver plusieurs fois dans ma vie , c’est une chance que je goûte . Il est, pour moi, dans une relation duelle, pas dans le groupe . Définitivement pas .
. Que ça choque, je le conçois , c’est que je ne place pas l’humilité face à l’acte de création dans l’obédience aux reconnus par la société et les académismes divers . Ma liberté est là aussi . Celle de me tromper aussi, je l‘admets mais la plus grande erreur serait de me forcer à être autre que je ne suis . Un « je » tout habité de milliers d’autres, je précise .Et toujours en accueil de ce qu’ils sont.
Le seul conseil valable que je pourrais donner : être toujours sincère c'est-à-dire authentique. Fidèle à cette émotion ou vision première, et sachant que cette fidélité n’est nullement stagnation car cette émotion fluctue, varie, vibre . Se méfier des procédés qui deviennent comme des outils de production, non de création .
Cette émotion, cette vision que j’évoquais , il faut la saisir sans trop la figer faire de la vie avec l’inerte des mots et en ce qui me concerne des étoffes et aussi, via la création numérique des formes, des couleurs aussi, détachées de tout autre support que l’écran .
Pour moi j’ai conscience que tout ce que je fais vient de là . De ces émotions , de ces visions. Quand je parle d’intérieur je ne veux surtout pas dire regarder son nombril. Ce « je » qui s’exprime est un je imprégné chaque jour et depuis des années de ce que font, sont, vivent et créent beaucoup d’autres . C’est un « je » creuset où mes émerveillements et mes rejets parfois, aussi bouillonnent . Je ne suis pas une tiède, mais une passionnée . Mes peurs, mes extases, mes colères , mes apaisements . Mais aussi ceux que j’ai ressentis via l’œuvre (ou la vie) des autres. Ce travail-là, d’observation en soi et hors de soi me semble primordial ; je regrette que l’introspection, la réflexion sur ce qui se déroule en nous soit assimilée à du nombrilisme, de l’autisme , narcissisme etc et j’en passe . Si on s’est fait tamis c’est ayant recueilli auparavant tant d’êtres, d’histoires de vie , de spectacles, de moments, de petites « choses » et de plus grandes.
Un auteur de chanson écrit « c’est moi que j’aime à travers vous » moi je dirai « c’est de vous que je parle à travers moi » et même « c’est vous qui parlez à travers moi » . Ce que je crée, tout ce que je crée, n’a d’intérêt qu’en ce qu’il vous rencontre, connu ou inconnu.
le carnet vert où j'ai écrit de 1967 à 72 mes premières poésies .
-
L'art textile et l'imagination
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 05/03/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Art textile, suspension et imagination ....
Je réagis ici à une photo vue sur un site d'art textile très "branché" et sur un réseau social, Il s'agit une œuvre exposée en milieu art textile , je le précise.
Ou plus exactement aux commentaires qu'elle suscite, dans le même milieu.
L’œuvre en elle-même, je ne suis pas critique d'art et je l'ai pas vue en réalité, je noterai que c'est une de ces innombrables présentations en suspensions .... de matériaux divers ...la caution textile, comme toujours est le fil et la fibre -non tissées, mais enfin comme le souligne mon article l'art textile une ambiguité structurelle ..il faut s'habituer à ce manque de rigueur des étiquettes, par peur de passer pour ringard . Du moins si on mange de ces fibres-là ....tout cela ne me dérangerait pas si les artistes qui osent encore utiliser du tissu selon des techniques plus anciennes n'étaient pas reléguées sous l'étiquette" traditionnelles" quoi qu'elles fassent ! et si on leur donnait, à elles aussi un peu d'espace pour exposer en solo quand elles ont une oeuvre digne de ce nom à montrer .Las : on peut rêver . Le patchwork c'est souvent côté kits, modèles à reproduire et commerce. et c'est aussi trop souvent le fait de celles qui "font" du patchwork ...sans créer, mais le croyant.
Cette œuvre est étayée, évidemment , par une démarche". Je ne discuterai pas de la valeur artistique de telles œuvres.
J'ai quand même quelques lueurs en art contemporain et plus encore en art textile qui se veut "innovateur" depuis la fin des années 1990, où j'ai vu s'installer lesdites installations dans notre espace commun.
Je note aussi que l'artiste se définit comme "sculpteur" et non "artiste textile" et que nous sommes donc toujours dans le même glissement qui consiste à trouver géniale une œuvre en la sortant de sa catégorie . Si une sculpture qui n'est pas essentiellement "textile" et encore moins d'art du tissu devient le summum en matière d'innovation "textile" et d'art du tissu forcément, tout ce qui restera conforme au genre premier paraîtra obsolète ! On pose là un axiome ...
Si je déclare qu'une peinture c'est un "concept de sculpture plate et en 2D " , j’aurai sans doute du succès via le même procédé, à l'envers. Ou comment réinventer l'Amérique ..ou le fil à couper le beurre ... l'astuce, c'est de changer de rubrique.
Car enfin cette sculpture est exposée dans le cadre d'une manifestation d'art textile "novateur" dont les assemblages géométriques sont bannis . qu'on ne me dise pas le contraire : j'ai encore aux oreilles les "tout sauf du patchwork'" des personnes qui élisent les élues !!Revenons-en aux commentaires que suscite presque à chaque fois ce genre d'installation.
Certain(e) s soulignent la profonde "originalité" de l’œuvre.
Je reste tout de même un peu sceptique : Des suspensions en art , déjà ça ne date pas d'hier les seventies en ont vu fleurir un lot Tapez : suspensions art ou mobiles dans un moteur de recherche regardez les réalisations et les dates, Comparez, revenez à l’œuvre dont on vante la sublime originalité - quelle qu'elle soit - essayez de voir vraiment et après comparaison ce qu'elle apporte de vraiment nouveau et d'original et à l'art tout court et à l'art textile surtout .. honnêtement et sans préjugé favorable ou défavorable.
Ensuite on en reparle ! Et si possible au cas par cas . il y a des œuvres suspendues qui sont de petits miracles de délicatesse et de magie il y en qui ne sont faites visiblement que parce que "ça le fait" de' faire dans la suspension ! Je m'explique :
Calder l'inventeur des mobiles est né en 1898.... c'était pas hier tout de même ! On suspend beaucoup depuis (et sans doute avant !) , en art et en art textile - J'ai vu défiler un peu de tout suspendu : des capsules de bouteilles, des bouts de métal, de papier calque , de fibres diverses , de ferraille , des cailloux, du bois .. et evidemment même des étoffes .. . Tout cela, comme dans tout procédé artistique (suspendre en est un au même titre qu'assembler) avec des réussites plus ou moins patentes. Seulement exposé côté "art textile" cela a toujours l'aura de la merveilleuse "innovation" par rapport à un agencement de surface (mais le relief existe dans l'art textile depuis de vieilles lunes voir l'article précédent, au moins en bas-relief!) .
Ce qu'on nomme l'art du fil depuis les early 2000 a exploité à fond le créneau, du fil auquel on pend quelque chose .. je devrais dire le fil long....
Les premières suspensions que j'ai vues se revendiquant d'un "art textile novateur" -sic- datent de la fin des années 1990, possible qu'il y en ait eu avant surtout de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique (chez nous innover égale importer sans le dire , si souvent !) . Nous sommes en 2015 .... donc nouveauté mais de quoi donc ? Originalité ? Sans doute si le procédé sert une véritable force créatrice . Comme tout autre procédé, ni plus, ni moins .
Me fait tiquer davantage encore le commentaire suivant que je reproduis :" ça, au moins, c'est de l'imagination créative.." ce qui sous entend que le reste -tout ce qui ne ressemble pas à ces installations new look-enfin déclarées telles!- n'en serait pas ...
On est dans ce mépris mille fois signalé, dans cette façon d' accaparer et le textile , et l'art et de plus l’imagination et la création.
Tout se passe comme si côté arts appliqués et décoratifs tout était issu de kits et de modèles reproduits et que les créations n'existaient que pour donner des idées à celles qui n'en ont pas (et se les approprient le plus souvent sans vergogne, puisqu'on n'arrive pas à faire comprendre que réaliser de ses mains un objet conçu par quelqu'un d'autre n'est pas créer ! )
Ce qui sera l'objet d'un autre article sur les ouvrages dits de dame ...
-
A ma façon . Melting Pot
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 11/01/2015
- Dans opinions
- 1 commentaire
Ce n’est pas un tirage de couverture à soi(e) mais à voir comme un étend-art .
Je lis sur un blog -l'esprit n'est pas au patchwork- eh bien si pour moi plus que jamais !
Tellement à dire et ne pas vouloir ajouter à tout ce qui se dit . de haineux ou d'approximatif de partiel et de partial .
Alors je voudrais vous parler de mon engagement d'artiste qui pour moi ,n'est pas événementiel ni ponctuel . je n’ai jamais aimé les commémorations ou les trucs qu’on fait pour
un événement fût-il marquant et qu’on oublie le lendemain dans le fond d’un tiroir .
Il est depuis longtemps de toute ma personne. Tous les jours .Oh je sais bien, ces petits bouts de tissus que je couds ensemble c'est au mieux dérisoire au pire de l'ouvrage de dadame qui fait du « joli » et du « tant de travail oh là là « croyant être une artiste c’est pas du grand art « rengagez-vous qu’ils disaient » et pour cause c’est de l’art ‘de femme » !
Mes petits bouts de tissus ils sont tissés par des hommes et surtout des femmes -ils en sont morts parfois tout autant que les mineurs dans les mines- ils sont déjà, un travail , ils sont une vie ils sont le reflet parfois de civilisations différente de pays différents d’époque différentes : ils sont pour les riches ou pour les pauvres peu importe : ils sont ce qu’ils sont ..comme les hommes.
Mon art n’est pas de tisser mais d’assembler des étoffes déjà faites .Il daterait de L’Egypte ancienne et il aurait été importé chez nous après les croisades . Justement
J'y mets souvent toutes les couleurs que je peux, tous les graphismes.Tous les symboles , tous les langages qui ne sont pas que décors hâtifs. c'est pas fait pour aller ensemble mais je veux moi que ça aille ensemble et j’y mets cette chose sans quoi rien ne colle : de l’amour. Comme c’est naïf n’est ce pas …il se peut que j'y réussisse . Je les couds je les colle pas parce que coudre c'est réparer et assembler et je m'en contrefous que ce soit bien ou mal cousu , l’important c’est que ça tienne ! ce que je voudrais c'est que , comme moi humble couseuse, en ce jour donc les hommes les femmes dans leurs différences puissent s'accorder ensemble et de la même façon car mes assemblages, eux, n’explosent à la gueule de personne quand je couds un croissant à côté d’une étoile ou d’une croix, ou d’une fleur ..Le blanc y côtoie le noir et les autres couleurs pour le bonheur des yeux . et s’ils s’affrontent c’est pour un jeu joyeux pas pour se tuer l’un l’autre .Ce que je puis, d'autres le peuvent, d'autres façons . c'est mon message d'engagement unique et que j’aimerais tellement universel .Je n’ai pas de pinceau, pas de crayon je n’ai que mes mots et mes aiguilles j’aimerais que ça serve alors j’essaie, j’essaie . même sans y croire .…
Cette œuvre dessous contient des tissus de tous les continents des achetés parce que non le commerce c’est pas toujours le diable, des récupérés, des échangés des artisanaux et des industriels . il est pour moi comme une conciliation perpétuelle de qui s’oppose s’affronte et se tue parfois . Je le tends ici comme on tendrait une main -qui coud) pour réparer le monde .Je l’ai appelé Melting Pot. -
Copyright : le passage d'un art dans un autre. questions .
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 30/09/2014
- Dans opinions
- 0 commentaire
On le sait , quand il s'agit de notre art -ou activité - je suis assez "intraitable" sur l'honnêté face au copyright, c'est à dire au respect du travail d'une autre personne à l'intérieur d'une même discipline.
Mais il m'arrive aussi de m'interroger sur la rigueur du copyright quand on passe d'un art dans un autre.
Voici ce que dit la loi française à cet égard
Mais on peut aussi lire l'article de wikipédia , qui cerne bien la différence entre copie et oeuvre dérivée.Et parle effectivement d'un flou dans la jurisprudence .
Certaines lectures sur des sites de photographes très chatouilleux, voire pinailleurs sur leurs droits d'auteur -ce que je comprends aisément si on leur vole leur cliché et qu'on l'uitlise tel quel sans leur autorisation.- m'ont laissée rêveuse !
Je comprends moins quand il s'agit d'une adaptation dans un autre art totalement différent.
J'adapte souvent des dessins ou photos dont je suis l'auteur, et je sais la différence qu'il ya entre ce travail et le vol pur et simple d'une photo ou d'un dessin tel qu'il est . En moi la photographe et l'artiste numérique n'utilisent pas du tout les mêmes compétences que la brodeuse ou l'artiste textile . Il est certain que si je retrouvais une de mes images numériques adaptées en textile sans que mon nom soit cité , ça ne me ferait pas plaisir, mais je comprendrais au vu du caractère de la loi mais cela ne vaut pas autorisation à le faire . mais si on cite mon nom, je serais heureuse d'avoir créé quelque chose de générateur et de matriciel.
D'ailleurs le terme d'adaptation est souvent impropre quand il s'agit parfois d'une véritable métamorphose. Cela pose le problème de la liberté de l'inspiration, ni plus ni moins. Quand la source est ancienne, pas de problème , sauf que vu la difficulté à user d'une source non "libre de droits" contemporaine, on condamne plus ou moins l'inspiration à une certaine sclérose...ce que je nomme une "assignation à résidence" .
Sur un site, une dessinatrice portraitiste signale fort justement que si elle respecte à la fois le droit à la représentation de la personne et celui du photographe dont elle s'est éventuellement inspirée, elle ne peut créer qu'avec des sources déjà choisies par d'autres qu'elle-même, les "autorisées", donc dans des rails ...Or je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais quand je ne dessine pas ou que je ne photographie pas par moi-même, j'aime être libre de mon point de départ et l'idée de servir moi-même de point de départ à d'autres n'est soumise qu'à une condition : citer sa source.en particulier lorsqu'elle est unique et reconnaissable. Malheureusement au yeux de la loi, ça ne suffit pas .Il est vrai : problèmes d'argent là -dessous, je m'en doute...
La création graphique ou picturale d'après photographie ne date pas d'hier, Témoin le peintre Utrillo qui peignait, dit-on, souvent d'après des cartes postales : je doute fort qu'il en ait demandé l'autorisation à quiconque pour ce faire et encore moins qu'il ait payé des droits d'adaptation à l'auteur de la photographie de la carte postale !...Et même que celui-ci ait songé à les lui demander; autres temps autres moeurs... Si je me trompe, dites-le moi .
Donc si on on ne considère pas ce fait comme une malhonnêteté, parce que c'est un grand peintre, Pourquoi alors en blâmer voire sanctionner pénalement les artistes d'aujourd'hui qui font la même chose ? On devient de plus en plus procédurier à cet égard !
On va jusqu'à affimer que les collagistes devraient demander une autorisation pour chaque image découpée ..du moins selon le droit français appliqué à la lettre, On imagine : ce serait la mort de cet art, à court terme.C'est comme si nous autres quilteuses nous devions un copyright sur chaque tissu de créateur utilisé en recomposition, même ayant acheté le tissu...
De plus le temps que l'autorisation éventuelle soit accordée, et que tous ces problèmes de droit soient réglés, l'inspiration, elle, qui est volatile par excellence ce sera peut-être évaporée .
J'aimerais qu'on réfléchisse à cela . Quand on "vole" une photo, un dessin, un modèle de quilt ou de broderie et qu'on le fait passer pour sien, on n'est tout de même pas dans la même optique que l'artiste qui s'inspire de tout ce qu'il voit et pour qui la photo n'est qu'un point de départ comme un autre. Un point de départ qui a un auteur, certes mais pourquoi ne suffit-il pas de le citer ? Surtout si l'oeuvre n'est pas créée pour être vendue, mais juste publiée sur un site . Souvent quand l'artiste s'en aperçoit -trop tard- il risque plus à le dire qu'à le taire -peu de chances d'être reconnu...surtout si l'adaptation est vraiment métamorphose- et beaucoup croient de bonne foi être dans leur droit tant ils ont investi d'eux-mêmes dans ce passage dans un nouvel art . Cela n'a rien à voir avec la dame qui copiant un modèle de quilt dans une revue s'imagine que le coudre c'est c'est le créer... et pourtant juridiquement c'est traité de façon proche au niveau du "délit" !
.il faudrait alors pousser le raisonnement appliqué à l'art de la photographie -qui semble le plus sourcilleux de ses droits d'adaptation - !Mettons que je prenne une photo de rose , créée par un pépiniériste (et c'est un sacré boulot de créer une nouvelle rose ... qui peut être considéré comme artistique )- cette photo sera donc bien stricto sensu une adaptation de la rose de l'art du pépiniériste dans l'art de la photographie. Sans parler de l'art du jardinier ou du paysagiste qui l'a fait pousser et éclore . Il est évident que la beauté de ma photo devra beaucoup à la beauté de la fleur que je n'ai pas créée . Or personne en ce cas n'aurait idée de demander l'aval du créateur de la rose , ou de payer un droit sur chaque cliché de rose prise à tous les pépiniéristes du monde .La rose est pourtant protégée par des droits (on n'a pas le droit de la bouturer et de la reproduire pour la vendre ..) Mais si moi, je veux adapter en broderie la photo d'une rose prise par une autre personne, je devrais alors lui demander autorisation, voire lui payer un droit d'adaptation ? Eh bien je le ferai le jour où tous les photographes du monde , en arroseurs arrosés ne pourront plus rien photographier sans demander l'aval de qui l'a fait et là ça risque d'être fort complexe. C'est d'ailleurs déjà en train, tant faire de l'argent avec tout et n'importe quoi est encouragé sous couvert de "protéger".
Ce qui se passe en réalité c'est que vu le nombre de clichés sur internet, les artistes adaptent ou utliisent sans demander la permission par peur de la voir refusée ou de devoir payer et ne disent plus leur source graphique. L’honnêteté et la sincérité n'y gagnent pas et on atteint parfois des sommets d'absurdité côté tracasserie .Je ne parle pas, je le répète, des personnes qui se servent de la photo telle quelle .
Puisque la loi reconnaît le statut de création aux re-créations d'après une source identifiée ,qu'on exige juste cette reconnaissance de source quelle que soit la date de cette source. Sans autorisation à demander ou droit parfois exorbitant à acquitter, pourvu que le nom du créateur de l'oeuvre première qui n'est "orginale" que dans sa discipline soit citée.Si l'auteur n'est pas d'accord pour qu'on le cite, il pourra le dire (admettons qu'il trouve que ma broderie déshonore sa sublime photographie ). Car ce sont surtout les photographes qui montent au créneau ...sur ce droit de passage dans un autre art ...Ce serait à mon avis un encouragement à se monter honnête , alors que le droit actuel -outre qu'il est souvent ignoré, de bonne foi - conduit au contraire à dissimuler .On obtient le résultat contraire à celui escompté par excès de rigueur (et encore rigueur sélective comme le montre l'exemple de la photo de la rose ... ).
Je rappelle que si vous avez un problème pour poster un commentaire vous pouvez m'écrire sur chiffondart@aol.com
. -
Toujours méchante jamais contente
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 22/09/2014
- Dans opinions
- 0 commentaire
On me faisait la remarquer sur un Forum récemment que je songeais toujours à critiquer et pas pas à encourager. Je le voudrais bien , mais comment le pourrais-je, souvent ? quand j'admire, j'aime savoir déjà, ce que je regarde
Promenade sur les blogs au hasard de publications,je tombe sur un site adorné d'un quilt présenté comme l'oeuvre "superbe" de X, une dame du club, probablement .
Le problème c'est qu'au premier coup d'oeil je reconnais, étant du métier, que l"oeuvre imputée à la quilteuse X qui a si "superbement "travaillé en couture -je n'en disconviens même pas- n'est pas.. "son" oeuvre comme affimé, ou alors le mot a changé de sens pendant la nuit sans que je m'en aperçoive !- mais la copie conforme d'une oeuvre de l'artiste américaine bien connue Caryl Bryer Fallert qu'on peut voir ici.sous le titre Flying free 2.
Certes l'artiste en vendant modèles, patrons et kits autorise la copie de ses oeuvres, mais elle n'autorise pas qu'on s'en approprie la propriété intellectuelle : le voudrait-elle, elle ne le pourrait pas , c'est "inaliénable" .Non : le fait de payer le patron ne donne pas le droit de se l'approprier en tant que créateur. Dans le même esprit sur un autre site on voyait naguère, une dame réclamer des copyrights sur ses "oeuvres" parmi lesquelles on reconnaissait entre autres une oeuvre célèbre de Joan Colvin, faisant la couverture d'un de ses livres. .. Copyright sur quoi ? Si on n'a pas conçu c'est à dire composé sa surface soi-même et surtout si on a utilisé un dessin contemporain bien reconnaissable, pris , avec son aval ou non , à un(e) artiste connue, Non même si on a payé, on n'a pas le droit de le publier comme oeuvre de soi-même ,
Nous avons peu de public, sans doute, mais ce n'est pas une raison pour l'induire en erreur. Tout au contraire, on éviterait par un abord honnête et sincère, les ricanements sur l'activité ou a contrario les admirations mal orientées de spectateurs qui croient, légitimement, que si on met son nom sur le tableau textile, ce n'est pas pour avoir acheté le kit ou le patron,mais pour avoir composé élu couleurs valeurs et étoffes soi-même. Comment pourrait-il savoir le public que ce qu'il regarde n'existe que par un autre travail réellement créateur celui-là -et non créatif!- puisqu'on le lui cache et souvent sciemment, pour se faire valoir?
Car je pense que nombre de quilteuses sont persuadées que "le coudre de ses mains, c'est le "créer" tant le mot loisirs créatifs si impropre a fait commercialement son œuvre. Mais ce n'est pas le commerce qui fixe le sens des mots et qui change la réalité des faits ni le droit de la propriété intellectuelle : il produit une illusion dans le but de vendre . C'est son rôle .
il suffit de réfléchir un peu . L'oeuvre superbe de madame X signalée plus haut d'abord existe déjà et sous cette forme exacte. donc Madame X ,n'en est pas l"'auteur , donc madame X ne peut signer , ni publier sous son nom. madame X et la responsable du site qui la publie devraient dire : conçu par Caryl Bryer Fallert et re- cousu par Madame X; d'autant que Madame X n'est pas non plus la "petite main attitrée de l’artiste, comme il en existe pour certains artistes hommes, qui conçoivent sans coudre. Non c'est l'acheteuse d'un kit ou d'un modèle qui a su le réaliser; Fort bien , certes, tout le monde n'en est pas capable OK; Mais ça n'empêche : ce n'est pas "son" œuvre.
Ce n'est que deux exemples, je ne passe pas mon temps à fliquer les autres, mais je voudrais pour admirer savoir ce que j'admire. Depuis des années je songe, je vous l'ai dit, à créer un index sur le net des oeuvres textiles patchwork mosaïque inclus - et je ne puis le faire. J'envisage ce travail avec rigueur et honnêteté sinon c'est du temps perdu et je ne me vois pas passer x heures à enregistrer des copies ou des kits réalisés comme "oeuvres originales" de la personne qui les a juste cousues.Une telle entreprise ne pourrait reposer que sur ma confiance en l'auteur "déclaré". Comme on ne peut pas faire de reconnaissance de paternité pour les quilts ...on voit l'étendue du problème Malheureusement, on voit du mépris dans ce que je dis, alors que c'est juste un rappel de comment "scientifiquement" et légalement le monde de l'art - fût-il art appliqué ou décoratif- et son histoire en tant que science, fonctionnent. Ce n'est pas anodin .C'est tout de même la manière dont fonctionne aussi ce qui dans d’autres pays (Royaume-uni, USA ) est tout de même considéré aussi comme un art. Mais ce n'est possible que par une certaine rigueur dans la reconnaissance des sources graphiques et autres "modèles" utilisés, même légalement .On peut faire comme on veut, mais à condition de ne pas mentir (et se mentir à soi-même non plus!) par omission!
Internet est un espace public !Pas votre maison où vous montrez en privé pour faire admirer votre talent de couturière experte à votre famille et vos amis.
Il y a fort heureusement des blogs honnêtes où on montre le livre ou la revue qu'on a suivie pour créer ce qu'on nous met sous les yeux. Si c'est dit, c'est bien : on sait ce qu'on regarde et nous pouvons toutes participer justement à revaloriser l'image du patchwork assez désastreuse en milieu artistique et pour cause. Il n'y a pas de honte à en faire un loisir de reproduction ou de démarque proche en revanche donner comme je le vois aussi des tutoriels d’œuvres où a juste changé un détail pour se les approprier sans mention du travail original ..et parfois même les vendre relève de la malhonnêteté.
Même si dans l'idéal, j'aimerais mieux qu'on montre plus souvent des élaborations vraiment personnelles , avec démarche : le" comment on est arrivé à ce qu'on voit". Normalement dans une création, même si la source graphique-le dessin , le bloc- n'est pas de vous, tout le reste -qui n'est pas rien- l'est et il vous reflète, vous : votre sens de la composition et des couleurs, pas forcément du "dessin d'art qui est une autre discipline , votre choix d'étoffes -car oui un choix d'étoffes peut être une expression personnelle. C'est même l'origine de notre art : se dire par le moyen de tissus-qu'on choisit soi même- assemblés . sinon on reste dans la simple compétence technique et c'est tout autre chose.
Qu’on aime surtout coudre pour avoir de belles choses faites de sa main , qu'on soit fière de sa capacité à le faire ; je le comprends aisément . Mais qu'on ne différencie pas une réalisation d'après kit ou patron d'une création authentique et qu'on fasse tout pour créer le doute en sa faveur me questionne sur les abimes soit de vanité, soit d'ignorance de ce qu'est un parcours artistique et réellement de création ...que cela présuppose.
Un artiste concepteur- je n'ose plus dire créateur tant la création est mise à toutes les sauces - vous savez c'est quelqu'un qui travaille beaucoup et notamment au niveau de la conception personnelle de ses oeuvres , c'est son travail que vous piétinez à chaque fois que vous agissez ainsi laissant croire que le patchwork ce n'est que cela : de la belle couture d'après modèles dont on devient l'auteur parce qu'on le coud !
Si vous recopiez une page de Victor Hugo, même en calligraphie vous n'êtes pas l'auteur du texte de Victor Hugo, mais vous pouvez revendiquer votre talent de calligraphe. Seulement, une exposition de calligraphie n'est jamais montrée comme étant de la création "littéraire" sauf si auteur et calligraphe coïncident .
Les activités d'un club quel qu'il soit sont evidemment publiables, mais celles qui gèrent les pages devraient avoir conscience un peu plus de leur responsabilité à la fois à l'égard du droit (publier sous un autre nom la création d'un autre reste illégal , même ci cet autre ferme parfois les yeux pour ne pas perdre son chaland !) et aussi à l'égard de l'activité que d'autres exercent autrement .Et qu'on ne se dédouane pas en disant "tout le monde le fait, alors "... d'abord c 'est faux (les blogs honnêtes que je signalais) et ensuite ce n'est pas une excuse c'est aggraver son cas par une sorte de lâcheté collective.
Ce que je signe, même si ce n'est pas "superbe" c'est au moins de moi , c'est' mes idées, mes rêves , ma passion, mes recherches, mes erreurs et mes errances, mes "ratés" . Mes sources sont citées et mes emprunts aux autres œuvres textiles reconnus. Je me demande parfois si ce n'est pas pour cette raison, que reconnue, en milieu "quiltique", je le suis peu et exposée encore moins ! Le travail que je délègue l'est aussi.Permettez- moi d'en être plus fière que d'un bel ouvrage que j'aurais cousu grâce au travail d'une autre sans le signaler. Je ne comprends même pas qu'on puisse agir ainsi et y trouver un quelconque plaisir, puisque mon plaisir à moi c'est d'imaginer ...non sans inspiration, certes mais je l'ai dit mille fois s'inspirer de, c'est s'imprégner non d'une œuvre unique qu'on reproduit quasi telle quelle, mais de tout ce qu'on voit et admire.
A quand un signalement et étiquetage honnête de tous les patchworks et œuvres textiles exposées ? On me verrait alors, peut-être, vraiment admirative.
-
Etiqueter un quilt ou un ouvrage textile
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 04/09/2014
- Dans opinions
- 0 commentaire
Je vois souvent des demandes du style :
Comment étiqueter un quilt....
Souvent les réponses se bornent à des soucis d'esthétique, d'apparence, ou de techniques. Je conviens que c'est très utile pour réaliser, voire indispensable.Si on veut des "idées", il suffit de taper "label quilts"ou quilt tags" sur un moteur de recherche et là, on peut voir des dizaines d'étiquettes s'afficher... De même sur d'innombrables blogs et les logiciels de patchwork en proposent à imprimer.
Mon propos ne sera donc pas de vous indiquer des présentations possibles .
Pour moi l'esthétique de l'affaire, "la jolie étiquette", je n'en ai guère le temps vu la pile d'ouvrages à finir, les idées nouvelles qui pressent à la porte mais je sais et je comprends parfaitement que pour beaucoup l'étiquetage fasse partie de l'ouvrage et même s'y intègre par un effet de raffinement subtil ...
Une étiquette, c'est fait aussi et surtout, indépendamment du fait qu'elle soit jolie ou juste fonctionnelle, pour donner des renseignements sur la surface textile qu'on vient de terminer et ce, dans une perspective d'identification présente et future.
Pour "signer" .. mais je rappelle, une fois encore qu'un artiste ne signe que ce dont il est l'auteur , pas l’exécutant ...
Le terme "fait par" notamment reste à mon avis dans ce vague que je dénonce ... je sais bien que beaucoup de femmes qui cousent et brodent le font "sans se prendre la tête" -c'est ce" qu'on me dit- mais on peut essayer de comprendre aussi que cet amalgame entretient notre art dans un flou qui justement n'a rien d'artistique et donc de rigoureux, côté information. et que la personne qui s'est donné du mal pour concevoir et élaborer, ce "fait par" lui mord le cœur un peu à chaque fois puisqu'il assimile son travail personnel à un non-travail, sans réelle importance. Disons que celle qui en bénéficie et qui, sans cela, n'aurait pas "cousu" quoi que ce soit, mise sur un pied d'égalité avec celle qui a conçu , ça ne passe pas. Pas plus au niveau des étiquettes qu'ailleurs.
Donc ce que je fais, non comme exemple, mais comme suggestion !
Pour ma part je précise d'abord le titre et les dimensions et la date. Je choisis la date d'achèvement car écrire 1991-2015 au vu des abandons et des reprises n'a guère d'intérêt au sens du temps réel !
Puis je note création de... . Je précise aussi le nom du bloc que j'ai utilisé le cas échéant (rappel : un bloc en noir et blanc n'est pas un modèle..mais une source graphique ), et si le dessin est personnel je le note (idem pour les broderies, je distingue celles où j'ai utilisé un dessin -en noir et blanc- et pris au "domaine public" et celles où j'ai dessiné et composé moi-même. les personnes ignorant notre art ne le savent pas et il s'agit bien d'informer un public éventuel , non de l'induire en erreur à notre avantage.
Si ce n'en était pas une, de création, je préciserai : interprétation libre du modèle- je parle ici du plan et des explications empruntées - de (et le nom de la créatrice véritable) ,à utiliser si ,au moins, le choix des couleurs et des étoffes sont de vous. .
et si je faisais un "la manière de" j'entends par là quelque chose qui doit énormément au style de quelqu'un d'autre ou à ses techniquis d'assemblage, même si ça peut compter comme "création originale" je m'en sentirais tenue de le dire comme je l'ai fait sur ce site pour les quilts le Berceau du Monde et le Conservatoire
de même si on démarque un peintre et qu'on fait un à la façon de "Mondrian," Klee"; ou autre.
Je ne crois pas qu'on se dévalue en étant honnête , et si c'est le cas, cela voudrait dire alors que les personnes qui jugent de la valeur d'un quilt devraient revoir leurs critères !
Et s'il s'agit d'une reproduction intégrale , ou d'une démarque très proche , il convient aussi de le dire. Même si vous avez changé la bordure ...
Je précise aussi le nom de la personne qui a matelassé si ce n'est pas moi .
On peut noter cela rapidement sous la forme ; composé par : nom du designer, cousu par (nom de l'exécutante) , matelassé par (nom de la quilteuse). et si c'est vous qui faites les trois vous mettez composé, cousu et matelassé par ... .
On peut préciser les matières (soie- coton -synthétique ) et les techniques : main, machine.
Pourquoi : parce que si un jour le quilt est retrouvé, dans l'hypothèse où on voudra le conserver , on saura qui a fait quoi et si ce n'est pas important pour vous, c'est important au moins dans une perspective de l'histoire textile.
J'aime l'idée que nous pourrions toutes travailler à un juste regard sur ce que nous "faisons".
Les quilts d'autrefois qu'on retrouve sont souvent anonymes et il est vrai, on sait qu'il existé très tôt des patrons, voire des kits,mais il n'y avait pas des milliers de modèles comme aujourd'hui en couleurs et avec tutoriels détaillés... . Donc cette honnêteté des plus élémentaires (mais si peu observée!) permettrait pour le futur d'y voir clair, un peu plus.
Utile aussi en cas de publication ou d'exposition : il suffirait de reproduire les renseignements sur un bristol.
Dans l'idéal on peut joindre par exemple dans un sachet en tissu attaché au dos ,en cas de création et -c'est un bon moyen de l'authentifier, par rapport aux innombrables "inspirés de" une fiche indiquant tout ce qui a présidé à la conception de l'ouvrage : idée de départ, voire un schéma de votre main , ce qui vous a mise en route , comment cette surface s'est élaborée jusqu'à être ce qu'on voit . Pas besoin d'être écrivain , des notes suffisent .
Des indications sur l'entretien ne sont pas inutiles et également sur les étoffes utilisées , par exemple si elles sont anciennes et que vous en connaissez la date approximative enfin tout ce qui vous paraît utile à transmettre. Pour ma part je garde tous ces renseignements dans des dossiers , mais les joindre à l'ouvrage est envisageable.
Dessous et en sus (!) ce que je nomme mon étiquette supplémentaire "offensive" .....
-
A propos des concours
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 21/08/2014
- Dans opinions
- 0 commentaire
Un débat récent sur le sujet sur un Forum et comme j'ai déjà écrit un article à ce sujet qu'on peut trouver ici ..
Cet article étant destiné à la publication -il a d'ailleurs été beaucoup lu- je ne pouvais pas y exposer les choses de manière très personnelle
Ce que j'écris ici est de parti-pris et je l'assume. Je n'espère d'ailleurs convaincre qui que ce soit, la pierre est trop lourde à soulever ...
Il suffirait peut-être de regarder aussi ce que je fais pour comprendre les raisons de ma colère et de mon irritation .De ma tristesse aussi devant la pesanteur des préjugés, des prêts- à- penser, de l'absence totale de questionnement sur le bien fondé de quelque chose pourvu que la majorité en soit satisfaite ... et que" tout le monde pense/fait comme ça.... "et qu'il y en partout , alors .." est-ce forcément un bien pour autant ? On pourrait citer nombre de coutumes et rites, passages imposés, qu'on a justifiés ainsi avant de s'apercevoir qu'en faisant autrement non seulement ça n'allait pas plus mal, mais plutôt mieux :..
On ne donne pas à boire non plus à qui n'a pas soif .Mais on peut poser le réservoir à portée de main on ne sait jamais ...
J'ai participé à des expositions-concours (très peu de fois) car c'est le seul moyen pour nous textiliiennes de base, de montrer en vrai ce que nous faisons, au public. Pour moi l'essentiel est de partager , ce que je crée est conçu entièrement comme un don vers les autres. Je n'en attends pas d'autres récompenses qu'une émotion partagée et . C'est pourquoi j'ai décidé d'ouvrir ma maison pour visite guidée de mon oeuvre à qui le voudrait .Même si on ne s'y bouscule pas- j'ai le malheur d'habiter une région non touristique-, je trouve ce contact et ce partage-là beaucoup plus satisfaisant . Et c'est un moyen de faire connaître non pas seulement mon œuvre dont je sais bien qu'elle nest pas jugée "grande"je n'ai pas eu de prix à Houston ou ailleurs .. où il faut en avoir à vos yeux, mes soeurs, pour être reconnue .. - mais notre art. Et ma récompense suprême c'est de voir changer les gens d'opinion en regardant ce que je propose à leurs regards et en écoutant(patiemment) mes plaidoyers pour .. .. Quand ils repartent d'ici, parfois, pour eux le mot patchwork a changé de sens. Là oui, je suis fière et je me sens utile, non pas à moi -même ça ne change rien à la promotion de mon œuvre qui je le sais bien restera ignorée , mais au moins j'aurais essayé de faire changer le regard sur nos arts textiles. Et ailleurs que dans ce cercle étroit des milieux dits spécialisés. C'est crucial.
On m'écrit " comprenez que certaines en ont besoin des concours... ça stimule leur imagination." on me dit : "quelle récompense quand on est primée" . On y croit , ça aide , à "se dépasser" ou à croire naïvement qu'on a dépassé les autres ?- . Moi j'y vois surtout de l'auto-satisfaction sans réelle modestie c'est à dire doute et questionnement sur ce qu'on fait. Même si c'est irrespectueux, je ne le dis pas pour blesser mais somme toute, on ne me fait pas de cadeau à moi non plus, de ma franchise, je pense à ces susucres pour chien-chien que seuls les chiens obéissants obtiennent.
Je ne fais pas le beau, j'essaie de créer de la beauté ou de l'expressivité, à ma manière .Et j'échouerai à "faire la belle" à tous les sens du mot:-)... le concours de Miss Patchwork, c'est pas pour moi, les 'championnats" non plus -qui existent réellement! - (sourions je ne le dis pas méchamment). Si j'avais voulu être méchante j'aurais dit que les poules, le vaches et les camemberts ont aussi des prix mais que c'est fait pour vendre !!
Dissidente donc encore. non seulement je n'y crois pas mais je crois aussi que cette façon, hélas majoritaire, d'aborder notre art ne contribue pas peu à le maintenir dans une sorte de cercle étroit , où on se coopte, se congratule, se flagorne, et parfois on tire un peu la couverture à soi ...ou le tapis sous les pattes de l'autre...
Une fois sur ce même Forum, une dame demandait des modèles pour un concours.. Et on lui en donnait.Et on a zappé, naturellement, ma question à ce sujet . On voit donc comment l'imagination vient au pouvoir, parfois ...
Je ne l'envie pas, cette "imagination" - là même si c'est, je m'en doute l'interprétation qu'on en donne .Ce que j'aurais voulu faire saisir c'est des oeuvres d'art ne se classent pas, même si elles peuvent s'évaluer. Tout ne se vaut pas , mais dans ce qui vaut décider de qui prévaut en mettant des premiers prix et des deuxièmes ..On ne voit même pas l'absurdité de la chose : celui-ci "vaudrait un peu moins " que le précédent, parce qu'il a remporté moins de voix! Mais il ne s'agit pas d'élire un politique à un poste!
Et ce n'est pas non plus un concours technique de couture qui exigerait déjà que toutes aient travaillé au moins sur la même technique.Et serait nul et non avenu s'il s'agit de noter l'art, dans l'oeuvre le fond et la forme allant de pair... ou alors Magritte aurait 20 pour couvrir ses fonds et de Stael zéro ... car on en est là côté "mesdames qui jugent en expertes" -sans dire sur quoi repose vraiment leur autorité , d'ailleurs et je me permets de la contester au passage - parce qu' agissant ainsi , elles n'en font vraiment pas la preuve .
Et précisément je trouve que c'est un reflet de groupes qui fonctionnant selon les principes d'une démocratie interne, oublient que l'art n'a rien à voir avec la chose. Déjà les personnes qui président sont-elles élues sur les connaissances qu'elles ont dans l'art qu'elles sont censées représenter ? C'est un vote interne , qui les désigne , comme dans toute association , et les qualités humaines de dévouement, de sens de l'organisation ne donnent pas valence et compétence automatique pour juger de l'oeuvre des autres ( cela manque un peu de crédibilité. C'est d'ailleurs renforcé par la croyance béate et universelle que celui qui a "le plus de votes" serait le meilleur...Le livre le plus vendu est rarement, en littérature, où j'ai compétence à juger, "le meilleur", et quasiment jamais le plus profond qui pourtant nourrirait l'esprit mais demanderait un effort .
L'humain aime la facilité (et la flatterie!) , c'est couru .Alors comment la valeur d'une œuvre pourrait-elle dépendre du nombre de voix ici ou là . S'y ajoute le principe de relativité. On peut se dire si on est réellement modeste et juste envers le travail des concurrentes : "un autre jury, un autre public ne m'aurait pas décerné le prix ..." ça, je ne l'entends pas souvent.Et pour cause, si c'est la seule ou principale motivation d'une majorité...on le comprend .
Il n'y a pas de "meilleur"ni de "premier" c'est impossible. Même pour le jury le plus savant en histoire du patchwork et de l'art textile, même si on suppose que ce jury passe son temps à observer et analyser les œuvres des autres (ce que font les critiques et chroniqueurs d'art qui éclairent les oeuvres et ne les classent pas ! ) ce dont je doute un peu et- même beaucoup à lire les blogs de certains "juges" ...ou personnes qui font la pluie et le beau temps dans notre "corporation" , bref que ce jury est là pour d'autres raisons que pour des qualités de bonne bénévole associative, qualités que je ne méprise nullement, mais si on mélange les compétences..c'est au moins un manque de rigueur.
J'interroge aussi l'honnêteté intellectuelle à le faire, mais je ne sais si on peut attendre beaucoup de la part de personnes pour qui copier, s'approprier les idées des autres en "adaptant" est comportement normal puisque "tout le monde le fait" ..du moment qu'on le fait sans le dire et que personne ne s'en aperçoit ...
On pourrait exposer avec des thèmes (puisque eux aussi stimuleraient l'imagination, ce que je veux bien admettre au moins pour certains ), des sélections, car les murs ne sont pas extensibles à l'infini. Rien n'oblige à organiser ces concours. Et même si une voix me souffle qu'il y en aurait toujours eu en art (surtout en artisanat d'art) et en littérature c'est qu'il faut vendre .(ou faire vendre).Combien de concours sponsorisés par marque de fils ou de machines à coudre ou revues d'art textile ? Pas un mal en soi, mais qu'on soit alors honnêtes!
Le temps et l’énergie économisés-puisque ces bonnes bénévoles s'en plaignent !- pourraient servir à promouvoir notre art et non des vedettes ponctuelles à usage interne, si j'ose dire, ici ou là ... On on aurait peut-être une chance de le voir figurer à sa place dans les livres d'histoire de l'art dont il est le grand exclu ...même côté art décoratif ... de voir des recensions sur les quilts qui ressemblent à celles sur peintures ou gravures ,d'en voir accrochés à l'égal des tableaux dans les galeries d'art ... chercher des lieux où montrer et conserver (en trente ans on aurait pu essayer !!) ., se mettre à la construction d'un index honnête et rigoureux qui admettrait copies et interprétations mais comme telles et non comme créations (car si on veut un jour être prises au sérieux en dehors de nos cercles, c'est absolument indispensable ) .
Evidemment c'est plus difficile. Et qu'on ne me dise pas "et toi qu'as-t fait ? "car j'ai au moins essayé. . Mon parcours en témoigne-encore faudrait-il le lire! et on ne lit que les stars chez nous comme ailleurs -- et de cela, oui je suis fière, beaucoup plus que d'un prix sur un de mes ouvrages qui ne m'apporterait qu'une bouffée de satisfaction égoïste dans mon coin, et rien à notre art dans une perspective de changer le regard sur lui. Non vraiment rien .
Je ne suis ni jalouse ni aigrie...en matière de reconnaissance que je ne confonds pas avec la gloriole et la vanité. Mais qui saisit la différence ?
Ce qui me motive ce sont les tissus, les fils, les mots, les images les envies que j'ai autour et qui ne cessent pas ... mes carnets sont pleins de projets ...mon imagination je dois la canaliser sans cesse, pas la stimuler. Je suis bien dans ce que je fais et que je sens en moi comme un infini qui vibre . ma récompense c'est aussi d'approcher des visions que j'ai ...
J'ai eu beaucoup de joies, de rencontres, de dialogues y compris avec des gens bien plus connus que moi, de gens qui comptent eux dans le monde de l'art et de l'art textile ,(preuves en privé à qui me les demande) -leur estime est aussi une joie, pas une récompense!- mais je ne l'étale pas dans un CV officiel. J'ai vendu des oeuvres, j'ai exposé en galerie d'art j'ai eu deux fois mon portrait d’artiste et je ne dis tout cela que pour souligner que côté vanité j'ai de quoi aussi me satisfaire. Donc pas d'envie dans ce que je dis..mais réflexion sur cette vanité, tout de même un peu médiocre de celles qui disent vouloir se dépasser elles-mêmes avec le désir secret d'être "premier prix" -donc de dépasser les autres. C'est indiscutable, Si on veut vraiment "valoir" il suffit de sentir que ce qu'on fait est en harmonie avec ce quon souhaite faire (d'autres finissent toujours par vous le dire , qui sont eux aussi en phase avec ce que vous faites ) ça ne veut pas dire que vous êtes "la meilleure" ça veut dire que vous avez la capacité de toucher un public : qui ne vous connaît pas (toujours) et qui ne se connaît pas entre soi .... et si vous n'êtes pas "la meilleure" "la preum" de ce lot-là avec ce jury-là ... vous aurez au moins fait passer quelque chose . J'ai coutume de dire "cela n'a pas de prix" et je le répète.
Une reconnaissance n'est pas une "récompense" c'est une justice rendue à une oeuvre, à un artiste, une mise en lumière de son travail, dans son ensemble ..cela je l'ai eu .. !mais ce n'est pas pour cela que je crée et je n'ai pas "concouru" pour l'avoir : je suis juste allée-j'ai même affronté!- vers les gens, j'ai débattu, montré, discuté. C'est passionnant. je m'y suis fait de belles amitiés sans rivalité ...on y respire aussi pardonnez_moi un peu plus d'oxygène et pour pour être carrée un peu plus d'intelligence c'est à dire moins de bornage et de conformisme, de "ça s'est toujours fait comme ça" et d'arguments qui n'en sont pas parce qu'ils ne reposent que sur un consensus qui n'a pour lui que le nombre et non la réflexion réelle.
On m'a donné un cerveau - et appris à m'en servir : je m'en sers. Pour moi réfléchir, c'est questionner ses pratiques et celles des autres, c'est signaler aussi ce qui semble nuisible au regard que le monde porte sur notre art (déjà que c'est de l'ordre du coup d'oeil fugace !)
c'est un problème général (voir Stitching resistance) et c'est pourquoi je continue ...Si j'avais tort le patchwork serait grâce à ces manifestations considéré à l'égal des autres arts, or on en est loin, il n'y a que dans les revues de patchwork qu'on affirme qu'il est reconnu (entre soi et soi ? ).Ah oui c'est vrai de temps en temps on en montre une vision assez stéreotypée à la télé, le matin très tôt ... façon journalistique, ou on ouvre les colonnes d'une revue d'art à des quilts anciens parce qu'une collection passe par là ...c'est anecdotique , purement .rien qui change le fond des choses .
Les prix et concours : demain tout le monde aura oublié qui était lauréat ... surtout s'ils pullulent . En aucun cas ça ne contribue à une reconnaissance officielle de notre art . A votre petite satisfaction personnelle oui.C'est important pour vous, certes . Mais c'est se contenter de bien peu pour un art qui pourrait être grand, exercé sans tant de "pesanteurs" conformistes. . j