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  • Mille manières de créer

    • Le 18/09/2013

     

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    TItre: Mille Manières de créer

    Auteur : Françoise-Tellier Loumagne

    éditions de La Martinière 2010

    Toutes celles qui ont approché l'art textile en ses mouvances actuelles ont entendu parler de l'auteur, professeur émérite et artiste reconnue. Je dirai même sans la connaître, rien qu'à l'avoir lue : artiste généreuse comme celle de l'article précédent  mais différemment . J'espère qu'il ne paraîtra pas outrecuidant que la petite  main que je suis se permette d'avoir une opinion sur le livre d'une grande , et grande à très juste titre. Les livres sont faits pour être lus et commentés et de plus la préface invite au débat.

    Ce qui frappe d'abord dans ce livre, ce sont les photographies, points de départ de l'inspiration , comme  dans Broderies du même auteur que je possède aussi. Le fil conducteur de ce livre est le thème des  cailloux et d'image en image, de réflexion en réflexion on parcourt, en petit poucet, tout un cheminement de création vivante, débouchant sur des ouvrages qu'on peut "refaire".
    Les photographies en elles-mêmes peuvent donner envie de prendre son appareil pour chercher des points de départ .. mais on explore aussi d'autres manières de se mettre en route. Il est  noter que les tissus que l'artiste pourtant "sait" en  experte , n'interviennent pas à ce niveau , mais ensuite. C'est pourquoi celles qui comme moi ont l'habitude de partir des étoffes pour ce faire auront du mal peut-être à entrer dans le mouvement inverse : de la réalité à la photo, de la photo à une réalisation qui vise au réalisme plastique ... mais se confronter à ce dont on n'a pas l'habitude fait partie des conseils judicieux de l'auteur.

     Il est impossible de recenser ici toutes les "ouvertures" . Je dirai qu'on propose des pîstes   sous la forme : un chemin a toujours deux sens  au moins.. et des bas côtés ! Mieux que de pistes donc des carrefours. Cela peut décontenancer les personnes qui ont l’habitude qu'on pense et décide pour elles et qui ont besoin d'une guidance qu'on dira autoritaire.

     Ce livre est un livre qui se lit presque comme un traité de philosophie de la création et je crois qu'un artiste d'une autre discipline y trouverait tout autant son profit. Les conseils sont présentés à l'infinitif... c'est pédagogique, certes. un peu injonctif peut-être pour qui invite  à trouver ses propres voix .. Exercice difficile qui consiste à guider sans enfermer ... j'aime bien les passages où l'auteur s'exprime à la première personne,  ...même si nous sommes dans un pays où le  "moi est haïssable ".

     Pour les ouvrages proposés , il ne s'agit évidemment pas d'ouvrages conventionnels à reproduire ...quelques explications sont fournies , parfois détaillées, parfois plus succinctes, mais qu'on ne s'attende pas à des pas à pas" à l'américaine" où on vous tient la main à chaque étape et de ce fait, je crois sincèrement que si on veut vraiment refaire ce qui est proposé, il vaut mieux avoir des  bases sérieuses en art textile : et un certain  nombre de matériaux adéquats, surtout si on reste dans une perspective d'imitation ou d'adaptation.

    C'est un peu ce qui me gêne dans ce livre où , si   je suis éminemment d'accord avec presque toutes les phrases, les réflexions sur la création et les invites à s'y lancer , je trouve que ces exercices, si on les suit, mènent à l'exact contraire de ce qui est énoncé...puisqu'il s'agit de trouver ses propres voies.  Comment trouver ses propres voies en refaisant la même chose que l'auteur de la même façon sauf à titre d'entraînement pratique ? J'entends par là : on n'a pas forcément envie de partir de photos de minéraux.  Ce qui est fait sur les cailloux évidement peut s'appliquer à l'herbe ou au  à tout autre élément naturel ou non de notre environnement, mais les ouvrages eux, alors seront difficilement faisables avec les mêmes techniques et si on doit trouver les siennes propres, alors ces exercices me semblent moins utiles.

     C'est à ce niveau une façon de créer déclinée en mille facettes et variantes , plutôt que mille façons de créer puisque la source graphique est unique (la nature, les cailloux), ce qu'on peut observer réellement .. par exemple si on  a des visions intérieures et qu'on part de ses rêves colorés , de ses émotions  mises en abstractions, ou d'un texte poétique ...et non de la réalité  tangible et observable, ou tout simplement des tissus, et de leurs motifs, c'est plus difficilement applicable.

    Pourtant ,  dans ces mille facettes, il à peu près impossible de pas trouver une réflexion, une piste recoupant ses propres cheminements créatifs.

     Je signalerai les développements sur la perfection aussi qui est entendue autrement que comme les points toujours égaux et sagement alignés , plutôt  une sorte d'exigence par rapport à ce qu'on désire obtenir (sachant toutefois y renoncer ), ce qu'elle dit des erreurs qui sont des ouvertures , de la fantaisie , de la révolte contre les sempiternels thèmes des revues de loisirs créatifs,  je ne puis qu'y adhérer de toute mon âme, si j'ose dire.

    En résumé utile pour méditer, réfléchir sur ses propres pratiques , s'emplir les yeux de beauté,  certaines réalisations coupent littéralement le souffle .. mais pas un livre à démarquer et copier, ce qui pour moi reste une qualité  et non une critique et pas non plus un livre pour débutantes au niveau technique s'entend. En revanche j'en  recommanderai la lecture à toute personne qui a envie de se précipiter dans un  club de loisirs  dits créatifs pour apprendre  trop souvent (pas toujours !) ...à faire ce qui se fait parce qu'on a appris qu'il "fallait " faire comme ça.

    lien vers le site de l'auteur

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  • L'assemblage : Ruth mcDowell

    • Le 16/09/2013

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    Titre : l'Assemblage : élargir ses connaissances

    Auteur Ruth m c Dowell

    Editions de Saxe -2003 (pour la version en français)

    édition originale 1998.

    Enfin un livre en français, vont soupirer d'aise certaines de mes lectrices ! Un livre déjà un peu ancien,  mais nullement dépassé!

    On ne présente plus Ruth mcDowell qui a inspiré nombre de quilteuses contemporaines (il suffit de se promener sur les blogs pour y reconnaître parfois sa manière..) et qui avec Katie Pasquini Masopust fut une des pionnières du figuratif   à base géométrique en tissus .
    Le livre se décompose en trois grandes parties : les compétences techniques, dessiner son propre patchwork, dessiner et une infinité de sous-parties : la structure d'ensemble est comme les quilts, un peu complexe , mais les sous-chapitres répondent à beaucoup de questions et donnent des solutions qu'on trouve rarement ailleurs (du moins dans ce que j'ai lu !)

    Ce livre résout tous les problèmes d'assemblages compliqués devant lesquels on peut se trouver et sans lui, je ne serais pas venue à bout  du sampler délicat (cf la rubrique histoires d'ouvrage), ce qui prouve qu'il a son utilité aussi pour celles qui restent fidèles aux quilts en blocs  à structure géométrique.

    Les quilts de Ruth sont d'ailleurs  ce  que j'appellerai de la géométrie figurative .

    Mais il y a beaucoup plus dans ce livre : l'artiste nous apprend à reconvertir une image en morceaux assemblables et elle ne donne pas qu'une piste, mais toutes celles qui lui paraissent possibles ; sa décomposition d'une fleur de millepertuis en pas moins de 14 solutions, plus ou moins réalistes .. y compris une en blocs ...Et l'objectif  "comment coudre " n'est jamais perdu de vue.

    On y trouve aussi un chapitre sur les tessellations...

    C'est parfois diffcile, comme lorsqu'elle transforme une photo complexe de grizzly en s’aidant du principe du log cabin, mais le résultat est probant .Et peut donner tant de pistes pour autre chose !

    J'ajoute que pour dessiner à sa façon le logiciel  gratuit d'Arnout Cosman (voir la rubriques logiciels)  peut grandement aider.

    Ruth  sait composer par exemple, un paysage rien qu'avec des tissus écossais, marie très heureusemet les tissus de designers et la récupération , tout est pensé en fonction de l'effet pictural , et pour qui voudrait faire du figuratif en étoffes ce livre est à mon avis incontournable, mais utile aussi pour  toutes celles qui voudraient adapter leurs propres dessins qu'ils soient réalistes ou abstraits.

    On peut ne pas aimer l'abondance de lignes droites qui traversent les surfaces-j'avoue que ça m'arrête un peu disons que j'admire le résultat sans avoir envie d'imiter - mais in ne peut nier la force vivante de ces tableaux, la maîtrise totale des techniques (adaptables qui plus est à un montage à la main) et à  l'emploi judicieux et très personnel des étoffes.Ruth préfère éviter les tissus trop réalistes, c'est à dire prendre un tissu imprimé de nuages pour le ciel etc  et s'en explique . Son sens des étoffes est absolument prodigieux, il faut s'y être essayé pour en saisir la maîtrise ici déployée . c'est pourquoi on a pu la comparer sur ce point à Edrica Huwes (voir article de blog)

    On y sent aussi le respect des étudiants ,  des manières de procéder qui ne sont pas les siennes, évoqués dans quelques anecdotes. Ruth ne pose pas en maître qui détient une méthode , la seule , la bonne et c'est ce que j'apprécie infiniment .

    C'est un livre généreux  :  à tous les sens du terme.

    On peut lire aussi de Ruth Mc Dowell  Design workshop et piecing  workshop qui reprennent beaucoup de pages de ce premier livre et le complètent par des avancées plus récentes,. excellents pour ce que je nomme un stage-maison. En français on trouve aussi un livre intitulé Fleurs, que je ne possède pas.

    Au delà, cela reste de très beaux livres d'art à regarder , qu'on s'en inspire ou pas .  Il est bon, à mon avis, de savoir   regarder sans désir d'imiter ou de reproduire...

    Lien vers le site de Ruth  mcDowell

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  • To inspired design

    • Le 05/07/2013

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    Titre :To  inspired design

    Auteur Elizabeth Barton

    éditeur: C& T Publishing

    date de parution : juillet 2013

    En anglais

    Encore un livre qui incite à créer ce  que les Américaines appellent des "arts qults". Celui-ci accorde une grande part au dessin, aux manières de composer et aux sources d'inspiration ... d'où le titre .

    L'auteur se propose de vous y amener en sept étapes.

    La première Inspirations et design sketches  (inspirations et esquisses de dessins) est consacrée à la recherche d'idées et aux manières d'obtenir un dessin personnel ; c'est de loin, pour moi, la plus intréressante , parce  que les manières d'y parvenir sont variées , incluent la musique et les poèmes (même si la manière de faire, en ce cas reste difficillement explicable).   On explique notamment comment isoler un détail dans un dessin d'ensemble et l'exploiter, ou comment à l'aide  de grilles régulières,  bâtir une composition. Quant aux sources d'inspiration on y cite tout sauf ... les blocs issus de la tradition qui semblent aux yeux de l'auteur ne pas pouvoir être un point de départ- ce qui me fait toujours sourire quand elle recense d'autre part les motifs réguliers autour de nous. Pourquoi des dessins seraient-il plus inspirants sur un objer réel que les mêmes exactement dans un recueil de poncifs ...et pour manipuler les formes un logiciel de patchwork va plus loin qu'un paire de ciseaux ). Rien non plus du dessin pouvant être généré par les logiciels , et  rien sur les impressions sur les tissus voire les tissus en eux-mêmes. J'y reviendrai. C'est néanmoins un chapitre très riche de pistes et très précieux pour se mettre en route si on manque d'idées et je partage formellement l'avis de l'auteur  qui incite vivement à ne pas copier, ni démarquer , il y a à cet égard une réflexion précieuse (et rare!) , applicable à tous les styles et nonuniquement  à celui développé par l'auteur .

    Le deuxième étape  Size, shapes and structures (taille, formes et structure) s'attache à la composition d'ensemble, et il s'appuie  entièrement sur l'analyse des  quilts de l'auteur , il est donc quasi impossible de le résumer; peut-être aurait-il été judicieux d'y adjoindre comme d'autres auteurs le font des compositions d'autres artistes pour "ouvrir" les manières de faire à cet égard, 

    L'étape 3 Deep and space (profondeur et espace) indique avec plusieurs moyens comment créer une impression de profondeur et consacre une partie à la perspective; une partie très intéressante sur ce qu'on appelle le point focal , que les qulteuses dites "traditionnelles" connaissent bien , notamment en crazy quilt. Ici , c'est un point de vue de peintre évidemment. J'en retire ce conseil précieux  de ne pas mettre à l'arrière plan d'un paysage un imprimé trop fort ou une texture trop chargée, mais je n'irai pas jusqu'à appeler cela comme l'auteur une "faute" , c'est tout simplement une profondeur de champ inversée qui appelle le regard vers le fond ...L'auteur m'a semblé un peu dogmatique sur ce point . Il est d'autres façons d'attirer l'oeil que le point focal, mais l'artiste est visiblement ennemie de la dispersion et du regard qui se perd ...Ses propres compositions sont du reste charpentées, très contrastées,  il s'en dégage de la force indéniablement, mais disons que pour ceux qui préférent un peu plus de rêverie, d'évasion ...de sens des nuances et de lectures différentes des mêmes formes,  les conseils ne s'appliquent pas . Il n'y a pas possibilité de voir autre chose que ce qui nous est  "imposé". L'art ne se réduit pas si aisément à une série d'exercices ou à une pratique intensive, et pour ma part j'ai regretté un peu tout au long du livre qu'on laisse si peu de place à l'instinct -qui n'est pas le hasard , aux accidents , qui ne sont pas des fautes, mais permettent d'échapper au formalisme et à un certain"académisme" modernisant .Disons que dans un livre destiné à déveloper une inspiration personnelle , on a parfois le sentiment que la seule bonne méthode à cet égard est celle de l'auteur , or s'il s'agit de trouver ses voies, elles sont infiniment plus variées.

    L'étape 4 s'intitule Value (valeur), et l'étape 5 Couleur  et nous savons toutes,  quelle que soit notre pratique textile ou artistique, que c'est un point capital  C'est là qu'on note qu' E. Barton ne travaille qu'avec des presque unis teints par elle-même ou des marbrés . c'est à dire aux antipodes de ce que les amouureuses des tissus imprimés voire reliéfés, des tissus que je dis de caractère ..  aiment faire. Mon prochain compte-rendu  vous présentera un livre d'une amoureuse du tissu qui fait des arts quilts avec des imprimés pas faits pour aller ensemble. Barton est un peintre  abstrait excellent, reconnaissant d'ailleurs ses influences (Rothko notamment ), ses compositions sont fortes et énergiques mais .. ce n'est pas quelqu'un qui sait les tissus dans leur infinie variété.Elle s'inscrit dans le mouvement actuel  que j'ai maintes fois signalé des artistes qui éliminent d'office les imprimés. Ses conseils ne valent donc que pour celles qui aiment que ça ressemble le plus possible à une surface peinte.  Des oeuvres devant lesquelles une fois le livre refermé, j'ai tendance à me demander ce que le tissu, en tant que matériau singulier valant par  son tissage et/ou ses motifs imprimés , les deux caractéristiques qui le différencient le plus de la touche de peinture,  leur apporte. Peint sur une toile l'impact visuel serait quasiment le même et il n'y a pas vraiment d'appel tactile vu le choix des étoffes .Disons que ça ne déborde pas de sensualité ...même si beaucoup d'oeuvres restent très vivantes par un mouvement dynamique, dramatique même parfois .

    Pour le reste ce sont deux chapitres "classiques" qui n'apportent pas grand chose à ce qu'on peut trouver partout .

    L' étape 6 incite à regarder les esquisses de dessins d'un oeil critique. Pour l'auteur tout doit converger vers quelque chose d'unique que ce soit le point focal ou l'idée principale ou le schème de couleur .  De précieux conseils de simplification , mais elle envisage aussi le bon usage d'une certaine complexité. Elle cite à cet égard Edrica Hudws  à laquelle j'ai consacré un article et qui est à mes yeux bien davantage une artiste des tissus qui sait intégrer des imprimés à carreaux et à pois et leur faire dire autre chose que ce qu'ils disaient dans leur usage premier. Ce chapitre est  néanmoins précis et précieux .

    Le chapitre 7 Putting all together (mettre tout ensemble)  décompose la réalisation à partir d'un exemple et comporte les habituels conseils techniques. ce livre n'est toutefois pas un livre de technique "couturière" . l'auteur emploie  une technique d'appliqué très simple et l'intérêt du livre n'est pas là .Vous n'y troverez pas  -et c'est un bien de modèles à copier-  pour la raison simple que la composition doit venir de vous, de votre inspiration  et je souscris pleinement à cette approche.

    Tout au long du livre E. Barton propose des exercices ...qui ressemblent à ceux que j'ai pu pratiquer mutatis mutandis dans les ateliers d'écriture ... et procède beaucoup sous formes de questions à se poser,  ce que j'apprécie. C'est donc avec le bémol pour moi important de l'absence d'usage des tissus à caractère  (carreaux pois, imprimés  textures et épisseurs diverses ), un livre très riche et très intéressant,  utile pour toutes,  même celles qui s'adonnent aux géométries régulières jugées si "ennuyeuses" , il suffit de savoir interpréter et adapter ce qui l'est à sa propre pratique . 

    Si on veut se faire une idée des oeuvres d'Elizabeth Barton je renvoie sur ce lien : vers le blog de l'auteur

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  • Wild by design

    • Le 15/06/2013

    wild-by-design-001.jpgTitre :   Wild by design  two hundred years of innovation and artistry in American quilts

    Auteurs :  Janet Cartherine Berlo and Patricia Cox Crews

    Contributeurs : Michael James, Jonathan Holstein , Carolyn Ducey

    International quilt study center of the university of Nebraska.

    2009 (en anglais)

    Après une préface de Michael James, et une présentation des collections sur lesquelles le livre est fondé , une introduction au catalogue explique de de manière très fouillée ces deux cents ans d'innovation en matière de quilts. Vous avez bien lu "deux cents ans" .. Il est impossible de résumer mais je peux vous dire que ça met en cause beaucoup d'idées  reçues. Une étude très fouillée des quilts, de leurs origines et de la manière dont ils sont composés et non seulement cousus, permet à l'auteur qui est historienne de l'art (on rêve en France d'un historien de l'art ès patchwork et quilt) de fonder ses affirmations sur une argumentation sans faille. Par  exemple elle démontre que non les quilts ne sont pas toujours signe de pauvreté et de récupération, que même en piécé certaines bourgeoises achetaient des tissus exprès pour  ou tout au moins utilisaient des retailles  en tissus neufs issues de la confection des vêtements ,et qu'au fond tout dépend de l'époque  de l'Etat et du milieu social  où le quilt a été créé. Preuve encore qu'on ne peut parler de l'art des quilts en  généralisant . Une grande partie est aussi articulée autour des influences du féminisme et là encore c'est très nuancé . On y retrouve l'idée de la position déterminante du quilt quand on le regarde debout et sur un mur laquelle est associée à un certain masculinisme . De fait je m'étais souvent fait la réflexion que travailler assise et mettre les surfaces sur lits et fauteuils  contribuaient à ce regard dévalorisant sur notre art, mais le voir écrit par une spécialiste  me rassure !

    Entre autres beaucoup de choses j'y ai appris qu'au début du XIX siècle et en milieu bourgeois, on réservait le terme de  bees aux corvées collectives, il n'y avait donc pas de quilting bees mais des quilting frolics. Frolic signifiant espiègle, il est associé à une idée de liberté créative dont le titre du livre témoigne. L'auteur explique que pour ces femmes les Quilting frolics étaient l'équivalent artistique des académies et salons de peinture et d'art pour leurs époux dont elles étaient, sauf exceptions rarissimes, exclues.

    A noter aussi que cette histoire ne concerne que les USA même s'il est parfois fait allusion à d'autres continents et notamment à  l'Afrique, l'Asie   et leurs influences multiples.  On y trouve aussi une étude intéressante des influences de l'art indien.  Dans une dernière sous-partie intitulée the new internationalism on aborde le rayonnement du patchwork dans le monde. C'est évidemment un livre américano-centriste, mais c'est le sujet !

    La partie la plus  accessible du livre est constituée des photos de quilts des trois collections, 47 en tout,   balayant donc cette période et traités comme des oeuvres d'art dans l'esprit de l'exposition du Whitney à laquelle il est beaucoup fait allusion, Jonathan Holstein étant un des contributeurs et commentateurs des quilts. .Quilts contemporains et anciens ont droit à la même analyse sous forme de dialogue entre les contributeurs de l'ouvrage. C'est une merveille pour qui veut apprendre à regarder un quilt ancien autrement que comme un élément du patrimoine ou un exercice de couture. Tout y est épluché et éclairé et on s'aperçoit alors que  la valeur artistique  n'est nullement affaire de style ou de choix du design de départ, ni même de soin dans la confection, mais qu'elle dépend  surtout de la composition d'ensemble et de  l'usage des étoffes  très finement analysé non seulement au plan historique mais au  plan esthétique.

    En résumé un ouvrage très documenté dans sa première partie, très intéressant, fourmillant d'idées et d'informations qu'on ne trouve que rarement et un vrai regard sur notre art  qu'on souhaiterait voir étendu aussi aux quilteuses contemporaines gardant la géométrie comme source .On en trouve quelques exemples du reste . Une mention sera faite des très beaux logs cabins et ananas montrés et dont pas deux ne se ressemblent vraiment ...

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  • Quilting patchwork and appliqué a world guild

    • Le 09/04/2013

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    Titre : Quilting patchwork and appliqué, a world guild

    Auteurs: Caroline Crabtree et Christine Straw

     Editeur: Thames and Hudson 2007

    en anglais

    Parmi les livres traitant de l'histoire des arts textiles, j'avoue que j'ai eu un coup de coeur pour celui-ci. D'abord parce qu'il porte bien son titre et arrive à balayer  de façon sinon exhaustive au moins suffisamment complète beaucoup d'aspects dont certains ne sont guère développés dans les autres ouvrages que je possède.

    Surtout , s'il accorde une place de choix à la tradition américaine, elle n'est pas au centre du livre, ce qui change assez. Qu'on n'y voie pas d'anti-américanisme primaire, on sait suffisamment combien j'admire cette tradition-là et combien une part de mon oeuvre lui doit, mais j'aime aussi regarder ailleurs!

    La présentation est assez inhabituelle, après une Introduction qui redéfinit les techniques et en  présente un bref aperçu historico-géographique, le livre comporte quatre grandes parties et les différents ouvrages sont donc montrés et expliqués tantôt dans une optique, tantôt dans une autre, ce qui permet des recoupements intéressants. C'est un livre surtout magnifiquement illustré mais il serait dommage de ne regarder que les images, pas moins de cinq par double page, parfois davantage. et des photos qu'on ne voit pas partout ailleurs ce qui indique une recherche aussi éclectique qu’approfondie de la part des auteurs.

    La première grande  partie  (Materials) est consacré aux  textiles incluant aussi cuir et peaux, les détaillant l'une après l'autre : cotons, synthétiques, soies et velours -même si le velours est un mode de tissage-  une partie est consacrée aux imprimés et aux modes de teintures. c'est  illustré par de très nombreuses photos :  époques et pays mêlés ce qui peut déconcerter, au début, quand on a l'habitude d'un plan plus strictement chronologique et géographique.

    La deuxième partie (Uses) , très fournie,  est consacrée aux usages  domestiques,  d'habillement et rituels   le tout très détaillé avec nombre de sous-parties dont on ne peut rendre compte ici, une mention pour les couvertures d'animaux qu'on ne voit guère ailleurs -du moins dans ce que  j'ai lu- et un très intéressant chapitre sur le recyclage qui ne date pas d'aujourd'hui et qui est remis dans un contexte historique et géographique précis. Une mention aussi à la partie consacrée aux implications politiques dans les quilts et ce, ailleurs qu'aux USA aussi.

     La troisième grande partie s'intéresse aux techniques sous le titre :   Constructions

    Quilting,  appliqués et patchwork  sont traités séparément ce qui clarifie les notions et en montre mieux les séparations et les jonctions, à lire absolument pour toutes celles qui croient que matelasser est une obligation (voire une pénitence de mortification ) qu'on s'imposerait pour la tradition. Laquelle ? a-t-on envie de dire quand on voit la variété des ouvrages dans la partie consacrée aux patchworks .. Le livre consacre aussi une sous-partie à la géométrie en blocs plus proprement américaine qui est différenciée de la géométrie tout court ( ce n'est pas si souvent fait), Une  section notable aussi sur les quilts à formes libres incluant les crazy quilts.

     Le livre se termine par des conseils d'entretien  très avisés, pour les collectionneurs mais aussi pour les personnes qui créent des quilts. 

    Une fois refermé  ce livre, surtout si on a l'habitude de ne lire que des ouvrages  consacrés au patchwork en Amérique et/ou en Europe, on a une toute autre vision de notre art, on s'aperçoit aussi que comme je ne cesse de le répéter l'expression "dans le respect de la tradition" n'a strictement aucun sens si on ne précise pas laquelle . Au niveau des formes on voit aussi assez que parler de composition "contemporaine", quand on peut retrouver le même genre de construction bien avant n'a pas non plus de sens , surtout si on se sert de ce moyen pour exclure et se valoriser. et également le fameux mélange des matériaux soi disant révolutionnant l'art textile , quand on mêlangeait cuir, métal,  tissus et autres matières avant Jésus Christ...

    Le livre fait mention à plusieurs reprises d'une découverte importante  en Chine dans les Caves des mille Bouddhas sur la route de la soie dans les années 1920 de pièces en patchwork géométrique monté de façon analogue à nos méthodes de couture main et avec des formes ressemblantes, datant probablement du VIII siècle de notre ère.

    La lecture de ce livre m'a aussi fait plaisir plus égocentriquement je l'avoue, parce qu'elle confirme pas mal de mes rubriques "Opinions" dans la lutte contre les poncifs, les idées reçues etc.  J'appelle idée  reçue quelque chose que les faits contredisent et qu'on répète sans vérification parce qu' 'on l'a entendu dire ou qu'on a l'habitude d'y croire. Là il y a de quoi décaper  pas mal de certitudes sans  fondement .Mais j'y ai aussi appris énormément et ce n'est pas fini le livre est si fouillé et si éclectique qu'il ne se lit pas d'une traite, on y flâne, on y revient . Je ne parle pas de sa valeur comme source d'inspiration .. C'est aussi montrer que  notre art touche à tous les domaines partout et depuis longtemps . Pourtant il reste confiné au rôle de curiosité folklorique; on s'aperçoit pourtant à chaque page que bien des objets dans une autre optique pourraient et tout en gardant leur valeur ethnique, historique etc être regardés pour leur valeur esthétique aussi qui est patente à chaque photo.

    Le cloisonnement admis actuellement ne le permet pas et je persiste à trouver cela injuste et dommage.

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  • A propos d'une exposition

    • Le 03/04/2013

    A propos d'une exposition dont on parle beaucoup...

    Il s'agit de l'exposition de quelques quilts anciens américains visibles jusqu'ai 19 Mai à la fondation Mona Bismarck à Paris.

     On peut se faire une idée en cliquant sur ce lien.

    lien vers Connaissance des Arts

     Lequel m'a été donné par une amie qui se réjouissait à fort bon droit qu'on parle (enfin) de patchwork dans un revue d'art et surtout qu'on en parle en tenant compte de ce que je nomme l'art premier .

    La chaîne de télé F2 a relayé l'information récemment sur télématin -juste après un reportage sur l'héliciculture . Mieux que rien, mais , toujours rangé côté patrimoine, antiquités,   folklore,curiosité touristique etc .. Ce qui me cfhiffonne toujours autant !

     Le problème est moins pour moi qu'on parle de patchwork que de la façon dont on on en parle, de ce qui est montré et de la manière dont le  "grand" public, déjà très ignorant en France en  la matière  va comprendre la chose.

     Les quilts montrés sont des patchworks américains issus d'une collection et certains sont des pièces magnifiques. Il faut penser déjà que ce sont des orignaux et non des copies ou reproductions d'anciens,  ce qui est tout différent et pourtant si diffcile à faire admettre au sein des clubs, associations et autres ateliers . Tant que les copies seront prisées autant que les originaux dont elles découlent , on n'aura pas beaucoup avancé. Or certains commentaires que j'ai lus en milieu spécialisé laissent à entendre que ces oeuvres sont "banales"et ne vaudraient pas le déplacement, pour cette raison.. Banales, non, et certes pas pour le grand public ,  mais banalisées en milieu "quiltique"  par la manière dont on conçoit le patchwork et la façon dont on l'exécute.  

    Pourtant   le public qui voit ces oeuvres peut penser à bon droit que le patchwork,   c'est américain exclusivement (mais quid des pays d'Europe et notamment du Royaume-Uni qui a une tradition aussi fournie et largement antérieure?) et les oeuvres pour superbes qu'elles soient ne sont que quelques aspects du patchwork américain déjà, qui est infiniment plus varié  et continue d'évoluer dans différentes directions.

    Et quid des assemblages d'étoffes dans d'autres pays qui n'ont pas forcément subi l'influence des USA ? Je n'en nie nullement l'importance et le rayonnement, qui est indéniable,  mais importance ne signifie pas exclusivité, non plus.

      Malgré les réserves que je formule, de telles initiatives sont éminemment louables et nécessaires mais il ne faudrait pas s'arrêter-là, en milieu artistique s'entend.

    Je voudrais pour ma part saluer  les revues d'art et les sites qui osent parler du patchwork,  en tant qu'art vivant, illustré par des créatrices d'aujourd'hui. Je ne dis pas "contemporaines" à dessein le mot ayant pris un autre sens.

    Il y a eu quelques tentatives en ce sens (a revue Artension notamment ) et je remercie au passage  le site Arts-up, le collectif Lèse-art, et  d'avoir bien voulu donner voix et droit de cité au patchwork d'aujourd'hui  en tant que création  sous de multiples formes et avec de multiples sources.

     

     

              

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  • Le musée de la piscine à Roubaix

    • Le 11/02/2013

    Celles qui sont du Nord le connaissent sûrement, mais pour les autres sachez qu'il est permis de visionner en accès libre la collection de textiles sur ce lien :

    Le lien  direct est diffcile à mettre : il se coupe, au bout d'un certain délai d'inactivité  .. donc je 'ai supprimé ,et suis revenue à la page de départ (!)

    lien vers la tissuthèque  cliquez sur la mention en bleu acccéder à la tissuthèque en ligne, puis sur accès libre puis sur voir les images et bon surf.

    Des heures de contemplation pour tous les amoureux des tissus , même si en vrai, c'est toujours mieux!

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  • Site intéressant : Pattern observer

    • Le 19/11/2012

     En plus des livres, comme beaucoup d'entre nous, je me promène sur les sites et j'ai décidé de signaler ceux qui m'ont intéressée toujours dans une optique de découverte d'un art  et de son histoire. 

    Lien vers le site Pattern observer  qui retrace l'histoire des quilts aux USA du XVII siècle à nos jours. C'est succinct , mais pour quelqu'un qui ne recherche pas le détail de l'histoire,  cela donne une vue globale.

    Le site  est consacré aux motifs dans les arts  -surtout textiles- et c 'est un plaisir pour les yeux  et une source d'inspiration.

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