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Ne t'occupe pas de ce qu'on en dit...ou le Sisyphe heureux
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 22/12/2022
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Est un conseil qu'on me donne souvent sur Facebook .
- Continue .
Mais c'est un peu à côté de ce que je veux faire comprendre. Il n'a jamais été question que je me décourage ou m'arrête .
Je réponds invariablement de choses comme cela"
Je ne sais pas si je suis artiste ni poète quand je lis ce qu'il "faut" être pour être rangée là .Ceux qui en jugent, je ne sais pas quelle science exacte ils possèdent pour en avoir l'air si sûrs . Moi je ne suis jamais sûre de rien, à cet égard . Pour un ça vaut, pour l'autre c'est de la m.. (ça m'a été dit tel quel) Qui a raison ? Les deux se croient autorisés à en juger .Ils le sont puisqu'on leur reconnaît cette compétence même en des arts où ils ne savent rien .. . Je ne m'en soucie pas , je regrette juste que cela exclut souvent de murs pour montrer car ce jugement des autres(pairs et experts en tête autoproclamés souvent eux aussi !) dont on dit qu'il faut se moquer c'est bien joli mais la possibilité de partager ce qu'on fait en dépend, on le sait aussi . ,On est obligée de rester "confinée" dans un cercle intime mais finalement ce n'est pas plus mal . Peu de regards mais des vrais . J'ai l'air d'en souffrir , c'est surtout par rapport aux préjugés sur deux de mes arts de référence : le patchwork -le mot fait toujours ricaner- et l'art numérique "où l’ordinateur fait tout" . Qu'on imagine un peintre à qui on dirait à chaque fois que la peinture est juste un artisanat ou un aimable passe-temps alors qu'il crée ..ou u photographe à qui on dirait "ah mais tu ne l'as pas dessiné toi-même ouh, la honte !" .. c'est mon quotidien quand je montre . Mais il n'est pas question que ça me bloque -il suffit de voir ce que je publie ici et sur mon site- ou que je suive autre chose que ce que je sens nécessaire et essentiel pour moi . Je râle juste contre des préjugés qui souvent pésent lourd sur la considération qu'on a pour .
Car exercer un art reconnu comme art et un qui ne l'est pas eh bien non ce n'est pas du tout la même chose.. Le moindre gribouilleur sur papier s'il dit : "je dessine ou je peins" on lui sert de l'artiste à la louche. Moi c'est mémère qui occupe sa ratraite . Nuance de taille. Qui , de plus, a des "pretentions" ou qui souffre de "mal de reconnaissanc" . pas pour moi seulement , bon sang mais pour mes arts pour la preuve que j'ai toujurs à faire que c'en est un déjà . Et sans jamais y parvenir que partiellement, ponctuellement .sans que côté culture générale et choses admises "parce que c'est comme ça" ça change d'un iota, queles que soient mes efforts. Un côté mythe de Sisyphe. Mais je suis un Sisyphe heureux ! Parfaitement en phase avec ce que j'ai choisi de faire (ou qui m'a choisie pour que je le fasse, allez savoir !) .
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Une découverte historico-littéraire
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 03/12/2022
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J'aime flâner chez les bouquinistes y compris ceux en ligne . c'est là que cherchant autre chose (souvent des vieux livres de broderie !) je tombe sur une couverture style roman populaire ou de colporteur (la maison de mes parents en abritait un bon nombre) vous savez de ces textes qui étaient lus, parfois par beaucoup de monde -mais hors intelligentsias et parisianisme- à la fin du XIX° siècle et au début du XX° .
Le titre déjà était accrocheur : comment? pourquoi ? Journal d'une calomniée . Particularité le texte est anonyme. Un texte anonyme publié dont l'auteur semble être une femme , voilà qui était déjà intrigant.
N'eût été que cela, je ne m'y serais point attardée . Mais il y avait aussi le scan de deux pages . Et les lisant j'ai ressenti comme un appel voire un choc. Le style d'abord sans fioritures .Direct. J'oserai dire presque actuel si les auteurs qui écrivent pour "témoigner" de nos jours, savaient aussi bien manier notre syntaxe .et usaient d'un vocabulaire plus étendu.
Dès que j'ai lu le livre, j'ai été confirmée dans ma première impression, aucune faiblesse dans aucune page. Une fermeté de plume, d'analyse, de soi, des proches, de la situation même dans les égarements de la souffrance parfois hallucinatoires.
L'éditeur Felix Juven dans la présentation dira avoir reçu ce manuscrit anonyme signé de "trois larmes" -sic' et avoir décidé de le publier pour ses qualités littéraires, mais aussi pour donner parole à qui n'avait pas été entendue. Il a eu amplement raison , à mon avis. Il fait aussi allusion à une "affaire". L'édition date de 1905.
Ce journal est plutôt une confession qui prend la vie de la narratrice à ses débuts de femme. Veuve avec une fille de 11 ans elle a épousé un professeur d'histoire, doté d'ambition politique. Un amour qu'elle décrit sans ambages, une sorte amour vache, dirait-on aujourd'hui , mais qui selon elle, persiste malgré sa "jalousie". Fondée semble-t-il.
Elle se décrit sans complaisance, ce qui est déjà remarquable, et sans fausse modestie; non plus.
Elle reconnaît ses ambitions , qui sont grandes . "Je suis belle" écrira-t-elle plusieurs fois mettant en regard les descriptions peu flatteuses de la presse à scandale de l'époque. Car cette femme se dit mêlée à un crime , qui pourrait être politique ...Son mari a été retrouvé mort asphyxié dans son cabinet. Il est question aussi de détournement d'argent; et de relations incestueuses entre le mari et sa belle-fille.D'autres turpitudes aussi de la part du monsieur. Les pages où sont analysés les sentiments ambigus et contradictoires, fluctuants surtout, de cette mère -qui se dit froide- envers sa fille rivale mais rivale aimée et aimante toutefois, mal mariée elle aussi ,les cheminements d'une âme partagée entre colère et acceptation presque pour son "confort", sont à mon avis ce qui plaide pour l'authenticité de ce texte (et d'une lucidité remarquable dans l'analyse de ce qu'on appellerait aujoud'hui "ressenti".) La veracité des détails aussi quand elle décrit la reconstitution du crime .Un esprit très caustique aussi à l'égard des milieux qu'elle fréquente. La manière dont elle déchire une rivale potentielle traitée de bas bleu "elle a tant marché qu'il lui en reste des varices qu'elle couvre de sa littérature) p 88
La narratrice ne mâche pas ses mots,entre vitriol et scalpel fût-ce à son égard, à elle. On la sent aussi osciller aussi bien envers son époux que sa fille entre une rancune parfois haineuse dictée par la jalousie -elle ne le cache pas, ne se dédouane pas - et un amour quasi addictionnel . L'époux, lui est décrit comme à double visage ce qui reste très crédible , homme honorable et admiré désigné même comme un "héros" sans qu'on dise nettement pourquoi , mais sur le point d'être lâché par les siens car frôlé par deux scandales un soupçon de détiurnement de fonds et ce soupçon d'inceste. Cela a suffi pour qu'on conclue au suicide "probable" . .Mais ledit époux donc tripoterait sa belle fille (elle avait 11 ans lors du mariage de sesa mère) et sa femme dit l'avoir surpris dans des ébats ancillaires (elle s'afflige moins d'être trompée que du mauvais goût de son mari !) Bref l'époux meurt, on le retrouve asphyxié près de sa cheminée, mais dès avant le fait , l'auteur de cette confession haletante fait état de ce meurtre dont elle se dit "accusée" . Et le but du livre est donc d'expliquet "comment" et pourquoi c'est possible car selon elle son mari n'a pas été assassiné (quoiqu'un moment on soupçonne ses adversaires politiques) mais il ne s'est pas non plus suicidé. Alors comment ? pourquoi ? il faut attendre les dernières pages pour le savoir, selon du moins la version de ce livre singulier et bien que le texte soit difficile à trouver, (il reste trois exemplaires chez un vendeur américain de livres d'occasion) je ne veux pas gâcher la découverte de lecteurs éventuels. L'explication fournie est du reste psychlogiquement plausible , mais ....personne ne l'a crue.
A partir delà , j'ai evidemment voulu savoir d'abord si c'était une histoire vraie .Une telle relation aurait pu être inventée et demandée par l'éditeur à un écrivain professionnel (l'histoire devait être "vendeuse") , et même si c'est le cas , reste que je me demandais, aussi et surtout de quelle affaire il s'agissait. A quoi ce texte fait-il allusion ? Car tout y est crypté . Les prénoms sont changés, les noms propres sont voilés (elle use de périphrases) sauf le chimiste Berthelot et Zola évoqué dans un détail assez cru ... J'ai donc cherché trace en vain dans la presse écrite de l'époque . Je suis arrivée à identifier le "tyran" c'est à dire Emile Combes qui au moment des faits présidait le conseil depuis 1902 et le bloc des gauches vainqueur aux élections de la même année. Une autre édition me donna un indice : là le texte était sous titré "la vérité sur l'affaire S. J'ai eu l'idée de chercher le mode d'assassinat 'asphyxié dans sa cheminée" et là bingo : je tenais notre homme et toute l'histoire . Il s'agirait de Gabriel Syveton (Pierre dans le livre) , qui fut professeur d'histoire et membre d'une des nombreuses ligues d'extrême droite anti dreyfusarde de l'époque (la sienne ne se voulait pas antisémite ) . célèbre pour avoir giflé un ministre de la guerre à la suite de l'affaire dite des fiches. .. L'histoire est là . Tout concorde. Les dates, les faits.
J'ai recoupé avec d'autres articles il existe plusieurs livres d'historiens ou de journaliste sur le sujet.Aucune mention n'est faite de ce texte qui étant publié aonymement et "à clefs" , pouvant être apocryphe, n'était pas susceptible d' être pris en compte "scientifiquement." Jean Jaurès se fendit d'un article dans l'Humanité dont le manuscrit est encore en vente .. En 1934 on parlait encore de cette affaire, vu la situation , et au moment même des faits elle semble avoir largement alimenté la presse de l'époque (les "nouvellistes" dont la narratrice se plaint !!) . On peut d'ailleurs voir sa photo et celle de sa fille sur la page de wikipédia et on constatera qu'elle n'a pas menti sur sa beauté .
Reste ce texte, le drame de cette femme,vrai ou fantasmé, et de sa fille. Cette confession est émouvante sans trop sombrer dans le pathos (sauf quelques élans dans le style déploratoire de l'époque ) . Sa vérité, à elle sur les faits, les policiers (la scène de la reconstitution du crime est un chef d'oeuvre de réalisme psychologique, ) ) . Il ya aussi en filigrane l'histoire de cette période et la troisième République (que je connais mal ce fut l'occasion de la revisiter) , les clivages abrupts gauche/ droite qui ne sont pas sans rappeler d'autres temps, un pays encore ébranlé par la guerre de 70 , la répression de la Commune, les luttes entre laïcs et eligieux, et surtout la récente affaire Dreyfus. Tout cela sous la plume de la probable Madame Syveton s'anime et vit. Bien des romanciers de profession sont moins passionnants que cette femme qui dit ne pas savoir écrire...
Une voix de femme qui vraie ou reconstituée donne un texte qui mériterait d'être réédité -si les droits le permettent le texte est anonyme, il est vrai et vieux de plus de 70 ans -- si possible par quelqu'un qui pourrait le diffuser. Moi je ne peux, je n'ai ni notoriété , ni relations, ni autorité, juste mon enthousiasme "littéraire" qu'on jugera peut-être excessif ! Mais je lance l'appel ... et je suis certaine que cela se lirait aisément et que ce texte parlerait à mes contemporains!
Ci dessous quelques pages du texte pour se faire une idée.
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Chères vieilles choses, livre textile
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 29/10/2022
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Chères vieilles choses ou 40 ans d'amour de l'assemblage des étoffes ...
Surtout quand rien n'est au départ assorti ! (j'ai toujours détesté viscéralement les assortiments spécial patchwork ! les kits et le pré-choisi )
Pour fêter mes quarante ans d'assemblage textile -assemblage pas forcément "couture normée", j'ai élaboré cet album autour de fragments de patchworks restant des ouvrages terminés , mais aussi de débuts d'ouvrages qui n'ont pas abouti sauf à cette page . J'y ai adjoint un peu tout ce que j'aime : des broderies blanches (pas faites par moi), des restes de vieux napperons récupérés dont les fils parfois ont déteint , des broderies personnelles créées comme "échantillons" , des dentelles et des boutons... alliant mon travail à celui d'autres inconnus ..et le passé dans mon présent.
Après la perfection à couper le souffle de l'album de Gabrielle montré dans l'article précédent , et qui ne suscite guère de regards ni d'amiration sauf outre manche et outre Atlantique, (pauvre Gabrielle !) , j'avais quelque scrupule à montrer mes pages imparfaites qui comme d'habitude échappent à un calibrage trop strict et plus encore à l'équerrage. ... et ce n'était pas le but de l'ouvrage . Pas une collection pour montrer ma maîtrise, mais une promenade dans diverses créations abouties ou inachevées.
Il fallut donc pour chaque page composer avec de l'extrême hétéroclite . Bien sûr la couleur y a aidé et le blanc qui est un des liants les plus "faciles" -mais à dire vrai c'était moins pour cette raison que je l'ai utilisé que pour mon amour des broderies blanches et du travail de blanc, avec toujours une pensée pour les brodeuses qui les ont réalisées ou, quand il s'agit de broderie mécanique, les ouvriers qui y ont contribué (ce qui a permis que ce textile-là que j'utilise existe) . Morceaux choisis à l'instinct au feeling comme on dit. ça avec ça parce que je le sentais et voulais ainsi.
Et comme c'est un livre , plutôt que des numéros , je voudrais à ces pages donner des noms. Chacune a son histoire. J'en conte ici quelques-unes.Il y a d'abord les deux pages consacrées aux quilts perdus . Le bloc (carré ou fragment) restant est donc est parfois tout ce qui en reste . L'histoire du coffret rose est racontée ici . La page s'est organisée autour de ce vestige et du souvenir de ma mère à qui il fut offert pour son avant dernier anniversaire. Et qui disparut mystérieusement jamais retrouvé à son décès.
IL ya aussi la page du quilt disparu dans un incendie, d'après le bloc dit Monkey Wrech ; de celui-là il me restait pas mal de blocs j'en ai élu un pour la douceur de ses tons pastels . Le quilt entier est visible dans l'index lettres H-I. Le quilt a été détruit dans l'incendie de la maison des amis à qui il avait été offert. Depuis la maison a été reconstruite et un autre quilt a pris sa place .
Certains ouvrages sont centrés autour d'une couleur , le rouge assez souvent . ils aboutissent ou non . Cette page comporte un début de quilt datant de mes essais d'utilisation du logiciel Quilt-Pro, je m'amusais beaucoup avec les formes . (années 98-99)
Et puis il ya les restes de quilts finis et qui exisent encore , eux, ici ou chez des proches ; Par exemple la page avec les feuilles rappelle le quilt "feuilles en folie" : (index lettre F )
Et celle consacrée aux coeurs contient un fragment du quilt Jardin d'amour et un autre d'un projet abandonné qui sera peut-être refait en "rogaton" . (lettre J1) ;
Il ya aussi la page du tissu "petit Chaperon rouge" , l'histoire du quilt "loup y es-tu " est racontée dans le livre Jeux d'étoffes. ! . Ici le tissu utilisé est un tissu de reproduction retrouvé plus tard , le quilt lui a été bâti autour du morceau d'origine , cette étoffe,je l'ai appris plus tard- a eu beaucoup de succès (d'où les rééditions avec dessins à échelle réduite) :
J'aimerais revenir sur la couverture , dont l'assemblage a été fait dans mes tout débuts au commencement des années 80 avec des tissus qu'une collègue lilloise et professeur de travaux manuels allait glâner pour moi dans les poubelles des usines textiles (las aujourd'hui fermées pour la plupart) . Début de ce qui sera une grande collection toujours en mouvement ..et une aventure comme un voyage .... ce fameux vocabulaire textile riche et varié qui m'est indispensable . -Je n'ignore pas qu'on peut créer tout aussi valablement sans, mais c'est ma manière!)
Les broderies, motifs ajoutés sur d'autres étoffes, le blanc souvent "sculpté" en bas relief par les broderies , sont un peu comme les citations dans un texte. il me frappe aussi que les blocs de patchwork ne parlent pas du tout de la même façon dans un livre et un composition autre que dans un quilt et je persiste pourtant à demander qu'on lise mes quilts comme des pages juxtaposées mais aussi des pages qui se recoupent et s'enchevêtrent et quae l'oeil peut donc découper à sa guise; cet aspect-là du patchwork n'est quasi jamais étudié puisqu'on le juge comme de la peinture (et qu'on tend depuis 20 ans à l'y faire ressembler) . J'y reviendrai plus tard. Les livres sont - tant mieux ou hélas pour moi qui aime à faire les deux- infiniment plus à la mode. Pour moi c'est deux manières différentes de publier une expression textile par assemblage. Et là la joie pure de composer et d'assembler ces 20 pages ....
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L'album merveilleux de Gabrielle
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 13/10/2022
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On le sait je suis collectionneuse, et notamment de cahiers ou exercices de broderie et couture. J'en possède un certain nombre, cahiers d'écolières , mais aussi d'apprentissage professionnel . J'en ai montré , ici ,plusieurs . J'ai trouvé récemment sur un site de vente aux enchères ce trésor .
C'est un album relié comportant une vingtaine de pages, chacune présentant un travail de broderie ou couture, quelques pages vierges à la fin qui ne sont pas des manques (rien n'a été décollé) réalisés par une certaine Gabrielle Gruson en 1888 au pensionnat des dames de Saint Maur d'Armentières. Pourtant on ne dirait pas un cahier scolaire (pas de notes, pas d'appréciations) et c'est présenté comme un album de collection comme si la jeune fille avait voulu rassembler les réussites d'un impeccable apprentissage .
Car la qualité d'exécution est d'une perfection à couper le souffle surtout sur des formats si petits (de l'ordre de 10 cm de haut). Les photos de détails agrandis trahissent un peu cette impression d'extrême finesse . A l'oeil nu, en grandeur réelle, c'est époustouflant ! Les toiles utilisées comme support sont extrêment fines (du linon probablement ) et même la broderie d'or qui clôt le travail textile est faite avec des cannetilles minuscules .
C'est surtout ce don pour la miniaturisation qui ici est remarquable. Qui s'est essayé à coudre une robe de mannequin pour une poupée Barbie sait combien il est difficile d'être précis et minutieux dans du si petit. De plus tout est monté avec un soin extrême les échantillons sont encadrés de dentelle (parfois frebrodée) , collés sur du satin uni lui-même tendu sur un carton . C'est impeccable ! Une majorité d'échantillons est consacrée à la broderie blanche ou au travail sur tissu blanc (plis notamment avec jours et broderies) . J'ai craqué pour ce joli motif de toile d'araignée ( 1cm et demi en taille réelle) .
Mais toutes les pages sont intéressantes de ce travail au blanc . J'en montre ci dessous quelques-unes en leur ensemble :
Parfois les broderies blanches et insertions de dentelles sont rehaussées de broderies de couleur :
Il ya plusieurs samplers aux points de croix tous très harmonieux au niveau du choix des motifs et des couleurs restées très fraîches pour un ouvrage de cette ancenneté :
Quelques détails (agrandis) :
Et v ce merveilleus mini alphabet, 10 cm environ de hauteur totale les lettres sont minuscules et le tissu très très fin
Quelques exercices de pose de pièces en couture dont une sur motifs avec des raccords qui doivent coïncider de manière à rendre la réparation moins visible.
Des échantillons de crochet, certains sont restés libres dont le petit bonnet qui fait 3 cm de haut !
Des "découpis" ces motifs découpés cans un carton perforé qui imitent les motifs brodés :
Et merveille des merveilles quatre petits vêtements (hauteur moyenne 12 cm) faits main avec un soin qui défie toute concurrence , les points sont minuscules les finitions impeccables C'est fait main naturellement avec coutures anglaises et rabattues) on imagine la dextérité nécessaire pour poser une patte de moins de 2 cm sur un si petit vêtement . La broderie anglaise du petit corsage est elle aussi faite main (sur une largeur d'un centimètre et demi j'ai agrandi pour voir !) .
Quelques détails des finitions :
Vous imaginez mon extase et mon émeveillement . Et je n'ai pas tout montré !
. J'ai cherché sur es sites de généalogie qui pouvait être cette Gabrielle aux doigts de fée , ce pourrait être celle née en 1872 à Armentières elle aurait eu 16 ans au moment de la réalisation de ces travaux et décédée hélas l'année de ses noces à Reims en 1905 . Ou une autre du même patronyme née en 1875 ce qui fait 13 ans pour ces travaux et dont la trace s'arrête là.(cela me semble un peu jeune pour une telle maîtrise de la couture,mais tout dépend de l''âge où on a commencé) .
J'ai voulu partager un peu de ce trésor (bien plus beau en réalité qu'en photographies) . Toutefois si une amie brodeuse voulait refaire un sampler ou une broderie qu'elle me le dise, je pourrai reprendre des clichés !
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Modèles: une expérience de créatrice
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 28/09/2022
- Dans présentation
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Je voudrais évoquer ici une expérience en liaison avec l'article précédent Modèles.
Ma première phrase sera pour regretter que dans notre pays, réaliser des modèles pour des revues de loisirs créatifs soit se déconsidérer, trop souvent, au plan artistique.C'est vrai ça ne fait pas très intellectuel, ni prestigieux , ça ! Les vrais artistes textiles, souvent plasticiens de mixed media ne s'abaissent pas à cette sorte de transmission permettant la reproduction de leurs oeuvres A la rigueur ils organisent des stages, ou écrivent des livres. pour livrer quelques "recettes"censées rendre "créatif" . Quelque chose qui peut se "reproduire" n'est pas à leurs yeux digne du titre d'oeuvre d'art (c'est oublier les faussaires ! et tous ceux qui imitent pour s'entraîner ! ) mais chut ne mélangeons pas une fois de plus torchons et toiles de maître , l'ouvrage dit de dames et les Beaux-arts.
J'aime bien , on le sait, titiller les préjugés ordinaires et universellement admis, lorsqu'ils me semblent non justifiés.
Ce n'est pas le cas aux USA ou au Royaume-uni où il n'est pas rare dans les revues on voit passer le nom d'une artiste reconnue (et qui expose parfois en galerie ou musée ) .Il n'y a pas ce clivage, ou du moins pas autant. La remarquable revue de broderie britannique Stitch à laquelle je fus longtemps abonnée est un modèle du genre qui allie aussi tradition et modernité . Un autre esprit!
J'avais déjà donné à la revue Les Nouvelles du patchwork -dès 1992-une petite dizaine de modèles , mais là je fournissais juste les photos et les rédactrices se chargaient du travail explicatif et des schémas. Et ces modèles étaient fournis gratuitement, tout le monde étant bénévole. Et puis, on a mis huit ans pour publier mon quilt Patience dans l'azur et j'ai compris à mi-mot ("les temps changent" m'avait-on dit ) qu'on n'en voulait plus, là que j'étais has been, sans doute . La mode ne m'intéressant pas en art ni en littérature, j'ai suivi mon chemin .Fin 2007 quand la revue Creation patchwork m'a demandé des modèles , comme pigiste, j'ai un peu hésité .D'autres relations contactées aussi, ont refusé pas assez prestigieux pas assez remunéré. On a même parfois sous entendu qu'on recrutait vraiment n'importe qui. Sympa pour moi ! On n'évite pas ces rosseries un tantinet mesquines.
Et puis je me suis rappelée que j'avais appris à broder et à coudre des robes grâce à des magazines. puis le patchwork non pas en copiant les modèles des autres mais en y apprenant les techniques et en m'imprégnant aussi de ce à quoi j'avais alors accès.
J'estime que lorsqu'on brode, il vaut mieux savoir maîtriser les points de broderie et explorer tout ce qu'on peut exprimer avec eux. Mais pas forcément dans une optique de perfection normée , mais d'expression personnelle. Mais pour explorer un point il faut en connaître l'existence et savoir d'abord le faire ordinairement, si je puis dire, avant de tenter d'en faire autre chose, c'est même à mes yeux ce qui fait la différence entre un(e) artiste qui sait son art et en joue , et un(e) autre qui fait du salopé ou du maladroit parce qu'elle ne sait pas faire autrement.(il est vrai si ça colle à ce qu'il ou elle veut dire, rien à reprocher, je ne fronce les sourcils que lorsque cela semble donner une plus-value ) , De même quand j'écris, j'aime disposer et d'un vocabulaire précis et riche (même si je n'en use pas toujours!) et maîtriser suffisamment les subtilités syntaxiques de notre langue . Pour écrire si j'ai beaucoup appris de l'imprégnation par la lecture et l'analyse d'oeuvres littéraires, une connaissance pointue de l'étymologie , de la phonétique du français, de la grammaire et de la conjugaison ne m'ont pas semblé inutiles. Qui peut le plus peut le moins, mais pas souvent l'inverse . Même s'il faut parfois savoir oublier ce qu'on sait , pour ne pas avoir l'esprit trop encombré. Or les points de broderie,c'est dans les revues et quelques manuels édités par lesdites revues que je les ai appris au fil de ma vie . C'était une transmission hélas féminine et populaire. Hors champ de la culture pour intelligentsias qui plus est . Sauf quand un grand nom de la littérature, je songe à Régine Desforges, vient mettre le phare sur le point compté. Si c'est Madame Lambda evidemment, le regard ne sera pas le même.
Alors je me suis dit que je pouvais tenter l'aventure. Mes grands enfants étaient étudiants, ça me faisait aussi un peu de sous pour leurs études. surtout comme je venais de prendre ma retraite ça me rendait un rôle "actif" dans la société, même si on peut trouver ce rôle ridicule et dérisoire. J'avoue que lorsque pénétrant chez mon marchand de journaux, je voyais une de mes créations sur la couverture (et parfois plusieurs) , j'ai éprouvé comme une naïve fierté .
En patchwork géométrique, je n'ai pas vraiment créée de modèles exprès pour la revue ,je proposais ce qui était déjà fait vu le temps qu'il me faut j'ai donné le mode d'emploi pour avoir un objet ressemblant. Pas semblable, c'est impossible. Le but n'était donc pas dans mon esprit d'inciter à une copie sans interprétation personnelle. Ainsi les rares fois où j'ai pu voir ce que d'autres en avaient fait, j'étais heureuse de voir que c'était des adaptations, des interprétations.
Ces quilts avaient été créés le plus souvent non pas pour la revue, mais comme toute oeuvre d'art unique pour exprimer ce que je voulais dire avec ces tissus -là dans cette surface-là. En les publiant comme "Modèles" je leur aurais enlevé, semble-t-il, leur statut d'oeuvre unique, non reproductible etc. En donnant un tutoriel, je les dévaluais , selon l'opinion admise.. Je demeure persuadée que toute oeuvre peut en décomposant chaque étape être l'objet d'un tutoriel (plus ou moins complexe) . Vrai aussi que lorque je créais ces surfaces, il entrait dans ma composition beaucoup d'instinct et d'improvisation, mais après coup on peut toujours tout decomposer pour expliquer au moins dans les grandes lignes. Le détail appartient à la "patte" de l'artiste ! Et si on songe qu'en cet art c'est le détail qui donne sa vibration, son sens, sa tonalité, son expresion à l'ensemble, mon oeuvre resterait donc "unique".Ainsi ce jardin de l'abeille -un des modèles les plus complexes à expliquer où chaque hexagone ou presque est différent des autres et signifie, pour moi quelque chose par sa couleur et ses motifs.
Le jardin de l'abeille
Donner la possibilité de reproduire n'était donc pas vraiment permettre de copier ou de démarquer de trop près .
Le vrai travail, celui qui était rémunéré en droit d'auteur (et non d'artiste!), était un travail de pigiste technique .Ce sont même les droits d'auteur "écrivant" les plus élevés que j'ai jamais perçus (la littérature ne nourrit que rarement son homme, et on en est presque à payer pour être édité!) . J'ajouterai perfidement et très immodestement que si tout le monde peut écrire et considérer que c'est original et génial - puisque de soi -moi y compris ! -, rédiger de telles piges exigeait un certain nombre de compétences spécifiques. nonobstant celles d'être capable de créer les oeuvres originales (qui ne sont pas le modèle, à elles seules!)
Il fallait d'abord évaluer le matériel nécessaire, ce qui n'est pas simple quand on use de 2000 tissus différents ou qu'on mélange les fils ... récupérés un peu partout. Ensuite il y fallait des explications, claires, si possibles -c'est là où trente ans d'enseignement ne sont pas tout à fait inutiles- et surtout des schémas conçus à l'ordinateur, et la maîtrise du logiciel quilt- pro, inégalable pour montrer comment monter les morceaux s'est révélée indispensable. Ce qui donnait des pages comme ça dans la revue (après travail de la maquettistepour la mise en page) . Je ne les regarde jamais sans une obscure et vaniteuse satisfaction . (je ris!) :
S'ajoutaient les photos dites d'ambiance. Celles-ci étaient parfois réalisées par moi parfois par la directrice de la revue ce qui exigeait des envois risqués. J'y ai perdu ainsi un couvre-livre . Sans proposition d'indemnisation , bien sûr. Et les frais d'envoi à l'aller étaient aussi à ma charge. Et même si je garde de cette expérience (qui dura jusqu'en 2012) un excellent souvenir, il y eut forcément les hiatus et les bémols , comme dans tout parcours humain ! Par exemple les titres changés , sans doute pour être plus "accrocheurs", ou bien les photos déformées sur une couverture où mon quilt Noctambule est passé au miroir déformant .. Les problèmes de résolution (nombre de pixels par centimètre ou de points par pouce. ) La difficulté d'obtenir la mention "création"et non réalisation" sur ce qui pourtant en était quand on l'attribuant d'office à d'autres , sans doute mieux cotées que moi , même quand je partais d'un dessin original . Mais j'étais toutefois plus chanceuse que les créatrices des années 60 -70 dont le nom n'était même pas cité. Il y avait eu un progrès. Plutôt que "réalisation" j'aurais aimé parfois le terme interprétation surtout en broderie où l'essentiel n'est pas, mille fois non, dans le dessin. Je tiens aussi à la rigueur des mots, et de leur sens. Ce qui me rend très chiante, je le sais.
Les crazys quilts que j'ai créés à cette époque l'ont été à la demande souvent en accord avec un thème : Noël pour cette étoile des neiges :
ou le thème Les cérémonies pour Célébration, quilt conçu comme cadeau de mariage.
Pour les crazys quilts, je n'ai jamais donné de patron de détail , juste le plan d'enemble, car pour moi l'esprit crazy d'origine, tient aussi à la forme irrégulière de morceaux à sauver et à ennoblir par la broderie dans leur forme pour en perdre le moins possible. Et trop tenir la main (ou le pied?) dans ces "pas à pas" c'est bloquer toute initiative personnelle.
Un peu plus tard la revue Broderie d'art s'est créée et j'ai été aussi du voyage !
Travail un peu différent, pas de schéma de montage, sauf en la partie couture, mais des photos décomposant chaque étape d'un point :
et évidemment l'explication de la répartition des points et des fils par zone ou détail. C'était très long pour les créations complexes. Il fallait donner pour chaque détail une photo vierge d'indications et la photo "fléchéé" plus la légende correspondante (trois documents donc pour un détail !) ,On imagine quand il y avait ue bonne vingtaine de photos (parfois plus) la maquettiste se chargeant de remodeler cela de manière plus esthétique.
Les modèles de broderie, eux , ont tous été créés -sauf un- selon un cahiér de charges , lequel indiquait souvent une technique , et un objet dans lequel la broderie devait s'inclure. la France a la passion de l'objet d'art décoratif , tandis que dans les revues du Royaume-Uni on voit beaucoup plus de broderies encadrées. il m'est arrivé de refuser de créer des maniques en broderie fine . Car si c'est pour servir vraiment de manique on n'use pas d' un ouvrage unique et fragile qui va être abîmé aux premières utlisations, et si c'est pour le décor fût-ce celui d'une cuisine autant alors encadrer l'objet et le protéger.
L'objet était imposé , la technique ou le style parfois (précieux, rustique ) mais j'étais libre du reste -ce qui est pour moi l'essentiel; J'ai usé parfois de dessins existant dans les vieilles planches d'ouvrages (toujours en le signalant) mais le travail de brodeuse était ma création : point couleurs, matières. (et ce n'est pas rien !) .
Coussin rustique, desin emprunté , mais choix personnel de tout le reste.
J'ai aussi usé de dessins personnels :
Ou de photographies personnelles ou données par ma famille :
Jardin à Madère sur une photo de Michèle Lefebvre
J'ai ainsi fait un cetain nombre de sacs et de coussins ,écharpes, châles, quelques tableaux aussi , des pochettes... En simplifiant ce qui relevait de la couture, je ne suis pas une bonne finisseuse d'objets complexes ! Cette expérience m'a appris à broder plus vite, à adapter mes points et leur régulaité à la visée de ce que je voulais obtenir. Quand les commandes arrivaient, j'acceptais ou je refusais, et je m'établissais un planning , il fallait tout envoyer à la date fixée (ah ! l'enfer des x fichiers à télécharger ) . la pensée me vient souvent que de tout ce que j'ai créé il ne restera pour un public large que ces créations dans quelques revues . Beaucoup vivant dans l'instant, trouvent que c'est vaniteux de vouloir une conservation des oeuvres textiles de la sorte, autre et digne du temps et de l'imagination qu'on y déploie .Mon avis est inverse . C'est un art aussi qui est à revaloriser, dans toutes ses facettes, pas juste celles qui ressemblent aux Beaux arts ou qui sont exercés par des plasticiennes. Pas que mes chers chiffons personnels . J'ai même rêvé d'une étude autour de tous ces créateurs et créatrices de l'ombre, d'abord anonymes, et aujourd'hui méconnus encore et ce n'est guère aisé justement . Si j'étais historienne de l'art, je crois que je me pencherais sur cet aspect-là .
Et puis un jour, on ne m'a plus passé de commandes et j'ai compris que mon "emploi" n'existait plus .J'ai constaté ultérieurement que la même pige (c'était prévu au contrat) était repassée dans d'autres numéros, voire des livres de "synthèse" sur un thème . C'est ainsi et c'était aussi bien !
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sur la notion de modèle
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 02/09/2022
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J'avais publié il y a une dizaine d'années dans la tribune libre d'arts-up un article sur la notion de modèle . Le site a disparu et j'avais égaré cet article , aujourd'hui retrouvé . Je le republie. J'expliquerai dans un prochain article mon expérience ponctuelle de créatrice de modèles. Sur la différence entre source graphique et modèles on peut lire cet article .
Art, modèle et reproduction
Le point de départ de cette réflexion a été la remarque qu’on m’a souvent opposée, arguant que les modèles des magazines de loisir dit créatif ne sauraient être de l’art, ni de la véritable création , puisqu’ils sont donnés (ou vendus) pour être reproduits.
On va même plus loin outre que les modèles proposés sont automatiquement dévalorisés par le fait même qu’on les « donne » à reproduire, la personne qui les crée disparaît complètement : elle ne laisse ni oeuvre, ni nom, ni trace juste la possibilité improprement appelée de « création » quand elle n’est que de fabrication ou réalisation.
La confusion est habilement entretenue à des fins commerciales, elle culmine avec l’existence du kit qui permet de posséder l’objet inventé par quelqu’un d’autre de complètement oblitéré et de dire « c’est moi qui l’ai fait ». Elle repose, historiquement sur une scission entre l’artisanat voué à la transmission et à la reproduction de poncifs et l’art qui serait toujours plus profond, plus inspiré, plus original, et sociologiquement : ce mode de transmission d’un « art » au sens large du mot a surtout été le fait des femmes et des arts d’aiguille., même si on trouve aussi nombre de stéréotypes sur les femmes pratiquant pour se désennuyer et à partir de modèles pris eux dans la réalité l’aquarelle.
L’idée m’est alors venue qu’il y a modèle et modèle. Les peintres , les sculpteurs travaillent parfois, eux avec des modèles réels ou vivants devant leurs yeux, on le reconnaît le droit à ce cette source et on dit souvent que l’art naît de l’écart avec le modèle.
il est bien évident qu’on ne saurait réduire leur travail à la reproduction de lignes (même avec interprétation personnelle) ou de mise en oeuvre d’un patron.
Le peintre peut donc créer à partir d’un modèle qu’il retrace (même si certains usent projecteur certains peinent sans dessin préalable du tout) Celui ou celle qui compose dans un but jugé a priori non artistique quelque chose que d’autres tenteront d’imiter ne créerait rien justement que cette possibilité de reproduire , considérée parfois comme un empêchement à l’imagination , ce qui sous-entend que l’imagination fonctionnerait comme une sorte de table rase sans source, sans point de départ. Ou que le point de départ donnerait selon la façon dont les sociétés le perçoivent valeur à l’oeuvre dans une sorte d’a priori resté indiscutable. Il y aurait des sources d’inspiration nobles et les autres... les plus récentes étant jugées « contemporaines » voire « novatrices » et « originales », même si pour un observateur lucide et attentif les parentés entr telle ou telle forme, manière de composer ou façon de représenter apparaîtra assez vite, et on pourrait recréer pour chaque période des recueils de poncifs. seulement depuis quelques décennies, il ne convient pas de le dire et il faut absolument faire croire qu’on a tout sorti de son cerveau génial.
Il n’est que de voir combien il est difficile de dire qu’on crée des modèles de broderie dans un milieu artistique où s’exercent des arts reconnus : on vous regarde avec ironie et commisération voire indignation : qu’ose-t-on dire là ?
Pourtant l’activité comporte du dessin (même basique, ), le choix du support, et celui des fils ou matériaux qui seront fixés sur le support, et les points qui serviront à le faire, composition, texture et couleurs, même pour faire une serviette brodée (la même dans un cadre évidemment pourrait plus légitimement se dire artistique..
)
Les concepteurs en ce domaine (puisque souvent on leur refuse même le nom de créateurs) ne mériteraient donc d’autre reconnaissance que la rémunération éventuelle perçue pour ce faire, tandis que les vrais créateurs en Beaux-arts qui partiraient d’un modèle extérieur à eux pour le métamorphoser et le sublimer auraient seuls droit à cette reconnaissance ; distance entre l’ouvrage (souvent de dame) et l’oeuvre une visée de « prestige » dont la perception actuelle des arts se dégage mal. Aujourd'hui c'est renforcé par le côté commercial de la chose (on ne vend pas l'objet brodé on vend le moyen d'en faire un prétendûment semblable, lui ôtant aux yeux des spécialistes le peu de crédibilité"artistique" qu'il aurait pu avoir , alors que le fait de vendre des produits dérivés d'une oeuvre célèbre, ou de réduire à une peinture au numéro en permettant le plagiat souvent maladroit ... ne déconsidère pas l'original , pour nous fournisseuses de modèles l'original n'a pas de valeur :ce qui compte ce sont les copies où on pourra montrer sa dextérité...d'où la confusion incessante et soigneusement entretenue à des fins commerciales entre l'original et son plagiat autorisé.
On a le droit d’avoir un modèle donc, mais on déchoit à en créer de façon disons utilitaire et quotidienne. Voire pédagogique. La transmission « noble » se fait plutôt par stages ou atelier, celle vulgarisée par les magazines a souvent... mauvaise presse, il n’est que de lire en art textile, les commentaires d’artistes confirmées sur ces malheureux modèles manquant d’originalité, coupant toute forme d’imaginaire....
Nombre de femmes de ma génération ont appris les techniques de base leur permettant de s’exprimer en art textile dans les nombreux magazines proposant justement ces fameux « modèles » ; si on les regarde de près on s’aperçoit que si beaucoup d’entre eux se ressemblent dans leurs thèmes d’inspiration, voués à la décoration, c’est vrai et à l’ornementation intérieure, on peut s’en débarrasser du revers d’un « décoratif » sans plus rien regarder.
Même , les gens qui les créaient savaient dessiner, composer et celles ou ceux qui les exécutaient -si ce n’est pas la même personne forcément- devaient encore choisir matières , fils et points pour rendre. le motif. Et il n’est pas tout à fait saugrenu de penser qu’à travers ce travail d’interprétation personnelle quelque chose se disait qui n’était peut-être pas si différent de ce qu’exprime un peintre avec ses pinceaux en rendant la réalité d’un nu ou d’un paysage.ou interprètant le dessin , comme on interprète aussi sans qu’on vous conteste aucunement le titre d’artiste, la musique d’un compositeur.
Les créateurs restaient le plus souvent anonymes, ce qui est évidemment un très grand handicap, dans un monde où le nom, la signature a tant d’importance.
Les livres d’art ne comportent pas d’explications permettant de réaliser parce qu’on présume que ce serait impossible , voire iconoclaste, cela obéit çà une sorte de sanctification de l’oeuvre d’art.
Pourtant s’existe des faussaires, si dans pas mal d’ateliers d’arts plastiques on commence son apprentissage de nos jours encore en copiant les maîtres, c’est que l’imitation est possible, Une oeuvre d’art se reconnaît-elle seulement à ce qu’elle ne pourrait pas être imitée ?
N’est-ce pas plutôt que certains arts se protègent contre la reproduction (sauf autorisée par l’artiste et toujours limitée en nombre de tirages) et que d’autres fonctionnent plus humblement par une transmission « vulgarisée » par la presse spécialisée en ce domaine (livres et revues abondent qui promettent de rendre créatif : en fait on ne le devient qu’une fois qu’on sait créer par soi-même quelque chose qui éventuellement pourra servir de modèle à d’autres. Mais le saurait-on sans l’avoir appris ? d’une manière ou d’une autre appris les techniques à mettre en oeuvre pour créer librement ?
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De l'utilisation honnête des articles d'autrui !
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 09/08/2022
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Je suis encore tombée par hasard sur une publication Facebook citant mon nom en reprenant une des phrases de mon article Qui a peur du mot patchwork , émanant de Madame S... . Cela commence bien avec mon nom (sans lien sur Facebook où c'eût été facile de m'identifier pourtant ! )
Outre que je l'ai écrit ici mille fois, j'aimerais que si on me cite, surtout sans m'en prévenir et de manière eminemment tronquée ou déformée on renvoie au moins par lien sur l'ensemble de l'article.
Il y a plus gênant / Est-ce seulement oubli ou maladresse de présentation ? J'accorde souvent le bénéfice du doute, mais là , je n'en ai guère . Mon mauvais esprit dira-t-on l'emporte!Madame S continue avec un habile mixage -ou patchwork- de phrases prises dans cet article et un autre le tout sans guillemets et sans me rendre crédit de mes tournures de phrases pourtant bien reconnaissables - se les appropriant pour aboutir à un ..éloge de soi ! . et de nous montrer en face la photographie d'un quilt qui certes est beau par l'harmonie des tissus, mais sans dire qu'il s'appuie sur le dessin traditionnel nommé Inner city souvent interprété en patchwork dont on peut voir une interprétation dans mon quilt Blues (qui lui cite ses sources ! et se classe comme "interprétation" ) Superbe tirage de couvertrue à soi où on pourra toujours dire : "de quoi elle se plaint, cette vieille folle je cite son nom" etc. Il en est même qui agissant ainsi, pensent avoir amélioré votre style ! Si si ...
Ce sont souvent les mêmes qui plagiant un modèle ou pillant à droite à gauche estiment le résultat supérieur à l'oeuvre de départ. Possible, mais ça n'ôte pas le souci de le dire.
Certes je me réjouis que mes idées circulent et qu'on en use, mais une fois de plus j'appelle à l'honnêteté intellectuelle et au respect.Il se peut bien, du reste, que j'ai commencé le patchwork quand cette dame n'était pas née. Je pense avoir montré ici que je connaissais aussi un peu l'histoire de cet art -et pas qu'aux USA-
Ce que jécris c'est en coulisses des heures de lectures de livres et d'articles, de visites de blogs, de comparaisons , de questionnements, de recoupements, bref de recherche personnelle (qui continue!) . sans compter le temps pour rédiger, mettre en page etc. c'est surtout appuyé, lié à mes expériencs textiles donc à mes ouvrages.
J'aimerais donc que si on cite mon nom on me le signale -du moins sur Facebook où c'est facile_ qu'on mette le site en lien (il arrive qu'une amie tombée sur la publication par hasard, le fasse à ma place !) , ou tout au moins l'article dont on use! Je sais qu'on le fait avc les vraiment célèbres mais avec les obscurs, on ne se gêne pas! . C'est payer la rançon d'une célébrité et reconnaissance qu'on n'a même pas . Et je rappelle aux égards qui sont dus, en démocratie , légalement et selon le droit aussi; et sans esprit de caste, aux petits comme aux grands quand on use de quelque chose qu'on leur emprunte! Cela me rappelle les articles qui me citent (toujours sans renvoi sur ce site) , mais montrent systématiquemen en regard de mes idées l'oeuvre d'une autre qui parfois illustre le contraire de ce que je veux faire et dire . C'est à la fois un hommage.. et un camouflet, mais.. on ne le sent pas !
Il est vrai qui publie s'expose à ce risque. Mais pas une raison pour tout acceoter sans rien dire ! Donc en ce qui me concerne, j'aimerais, si on cite une phrase d'un article qu'on renvoie sur l'article entier. Qu'on évite de paraphraser ou de faire du pâté de morceaux pris ça et là, ou qu'on paraphrase souvent en écrivant moins bien ce que j'ai exprimé fort clairement . Que si on évoque mon oeuvre - et notamment ce qui concerne la partie texte-textiles- on fasse de même, on renvoie sur ce blog, je ne vais pas jusqu'à demander qu'on montre un de mes text-iles puisqu'on semble préférer des réalisations plus avant gardistes de plus célèbres ! Et j'ajoute : si je n'écris pas pour faire la promotion de mes ouvrages (je ne vends rien !) je n'écris pas non plus pour faire sans le savoir la promotion personnelle de telle ou telle artiste qui pille alors ma pensée et mon travail de réflexion pour se faire valoir.Citer mon nom ne suffit pas, c'est dédouaner à bon compte. Si on ne sent pas à quel point c'est malhonnête c'est que nous ne partageons décidément pas les mêmes valeurs .J'écris pour défendre cet art d'assemblage quand il est de création pas pour mettre en valeur l'égo de Madame Chose, si douée soit-elle ! Si Madame Chose, en revanche a la délicatesse ' d'écrire : "j'ai un abord de mon art comparable à celui que Jacqueline Fischer évoque dans cet article" (avec lien), oui là O K ; Il y a l'art et la manière.
En revanche si on m'emprunte ma manière de présenter son propre travail en parlant de ses sources, de son point de départ, sa démarche, et ce qui a poussé à construire ainsi cette surface-là, ce objet-là,avec ces tissus-là choisis par soi, j'en serais ravie. De même si on me pique l'idée de faire un index honnête des ouvrages textiles crées et réalisés en patchwork ou autre discipline textile, avec indication claire de ce qui est de soi et ce qui est pris aux autres ou à la tradition, j'en serais ravie même si on oublie cde dire qu'on a trouvé l'idée chez moi, je ne suis pas la seule ni la première à l'avoir eue, je suppose .Il s'agit de donner un élan, une impulsion pas d'inciter au plagiat ou l'appropriation en remix de mes phrases sans le signaler ! Je veux bien servir à, mais pas n'importe comment !Pas être malhonnêtement -ou maladroitement ? - exploitée !
Merci .
ci dessous mon quilt d'interprétation personnelle du bloc Inner City voir sur l'index pour la genèse .J
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Why we quilt-pourquoi créons-nous des quilts ?
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 03/08/2022
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WHy we quilt (contemporary makers speak out )
Auteur Thomas Knauer
2019 éditeur Storey publishing
Langue anglais (USA)
La question posée par le livre : pourquoi créons-nous des quilts ? Le titre est déjà difficile à traduire en français usuel puisque en France on ne sait pas toujours très bien ce qu'est un quilt . Entendez donc : un patchwork matelassé bien qu'il existe des patchworks non matelassés et des surfaces matelassées qui ne sont pas des patchworks. Le patchwork c'est l'assemblage et le "quilting" le matelassage mais les deux termes ont tendance à devenir synonymes.. Pour des artistes aux USa il est quasi impensable de ne pas matelasser un patchwork, ça a pour eux un aspect inachevé. Ce n'est qu'un "top" -dessus-
Ce, d'autant que les quilts présentés vu le courant auquel ils appartiennent sont hypermatelassés sur leurs grandes surfaces unies. Le livre hésite donc entre ces deux sens : faire un pachwork et faire un quilt ; c'est une constante valse hésitation sur le sens des termes. Car les artistes répondent tantôt à" pourquoi j'assemble", "pourquoi je matelasse" , "pourquoi ce choix des tissus obligatoirement matelassés" ? L'assemblage restant comme habitude un peu en retrait Je le précise car les lecteurs hors milieux quiltiques ne savent pas toujours bien déjà la différence, le mot quilt en France encore souvent écrit kilt par erreur, est beaucoup moins connu qu'aux USA (ou au Royaume Uni) et le mot patchwork, comme on le sait fâcheusement connoté dans le langage usuel.
Une autre remarque : les artistes présentés créent essentiellement ce qu'on nomme des Modern quilts, lesquels comportent de grands fragments unis matelassés de manière très dense souvent sur machine long arm et souvent aussi par quelqu'un d'autre. . A quelques exceptions près dont l'intéressant travail de Mary Fons.
Sur les Modern quilts on peut lire sur ce lien
Il est important aussi de souligner que les réponses émanent le plus souvent de professionnels façon USa où le métier de quilter n'est pas le même qu'en France, . Dans un pays où l'art du quilt est intégré au quotidien depuis longtemps . c'est en plus un buisness non négligeable par la vente de tissus, de modèles, d'accessoires .! Ou sinon de professionnels qui vivent de cet art, de personnes qui créent , non de personnes qui " reproduisent un modèle', le nez sur le tuto ; ou en mettant du bleu à la place du rouge. C'est pourquoi je n'ai pas traduit par "pourquoi quiltons-nous?"
L'auteur ouvre le feu si je puis dire dans une préface intitulée Why I quilt.
Pour lui c'est la rencontre avec le AIDS quilt, quilt fait pour honorer la mémoire des victimes du SIda qui fut le déclencheur .. A noter ses remarquables oeuvres pour lutter contre la vente des armes et les morts d'enfants aux USA avec un détournement parlant du motif bien connu des sunbonnet sue portant une arme . On peut en savoir plus ten lisant le livre et en visitant son site : lien vers le site de Thomas Knauer
Le livre lui même est organisé en chapitres centrés autour d'une motivation principale et présentée par un historique suivant de chapitre en chapitre l'évolution des quilts aux USA. C'est concis mais très bien fait par le choix des ouvrages et les explications donnés, suivie de pages d'informations sur le vocabulaire des quilts (très succinct mais ce n'était pas le but du livre) .
.Il est impossible naturellement de rendre compte de toutes les motivations énoncées , présentées en chapitres groupés autour d'une réponse . Je reproduis ici le titre des chapitres qui déjà donne des pistes . Réponses brèves dans la rubrique Making a statement (faire une déclaration) ( et plus développées avec focalisation sur deux artistes (par chapitre) dans Voices of quilting
Je ne suis pas traductrice professionnelle et si vous notez un faux sens ou un contresens dans mes traductions , soyez aimables de me le signaler .
Chapitre 1 we quilt to connect with a rich trradition ( Nous quiltons pour être relié à une riche tradition)
Chapitre 2 : We quilt to explore et express your creativity (Nous quiltons pour explorer et exprimer notre créativité)
Chapitre 3 : We quilt to move beyond consumer culture (NOus quiltons pour aller au delà de la culture de consommation
Chapitre 4 : we quilt to make a connexion with loved ones(nous quiltons pour créer des liens avec les personnes aimées )
chapitre 5 We quilt to change the world (nous quiltons pour changer le monde)
Chapitre 6 :WE quilt because we can-and because we cannot help but do so (nous quiltons parce que nous savons et nous ne pouvons pas nous en empêcher)
Des autres raisons alléguées on pourra retenir l'importance aux USA d'appartenir à un groupe , d'être relié à une communauté, la conscience que c'est un art relié à la vie qu'elle soit privée -ainsi l'émouvant témoignage d'une quilteuse qui découvrit cet art par le biais des quilts faits pour les prématurés , après le décès de son bébé fille ) ou inclus dans un militantisme (droits des femmes, lutte contre les armes et le racisme) , ce qui rejoint l'esprit du livre Stitching resistance.
On y retrouve aussi cet élan pour s'éloigner du patchwork et faire donc du matelassage de peinture sur soie (même si c'est très beau !) ou des arts quilts où le tissu n'a plus tellement de signification -sur du papier ou du plastique ça ne changerait pas grand chose à la signification de l'oeuvre- (les peintres peignent bien sur toile) c'est donc le matelassage qui ici fait parfois toute la différence et j'aimerais tant qu'un jour ces deux arts quilt et patchwork puissent exister indépendamment.De toutes ces raisons données je retiendrai l'affirmation de Victoria Findlay Wolfe qui reste une de mes favorites et dont je suis l'oeuvre très moderne mais appuyée sur une solide connaissance des formes issues du passé et le don de coloriste très éloigné de la "roue des couleurs" ! : Quilts are art / Their makers are artists/ The soon we, as quilmakers embrace that, the sooner the rest of the wordwill seen them that way well/ Beyond the creative choices you made , someone will love it, even you don't . "les quilts sont de l'art, leurs créateurs sont des artistes , plus tôt les quilteurs adopteront cette vue, le plus tôt le reste du monde les percevra favorablement de cette manière / Par delà les choix que vous faites quelqu'un aimera e que vous avez créé , même si ce n'est pas votre cas.
On découvre ans ce livre pas moins de 38 artistes dont l'auteur donne les coordonnées en fin de livre , ce qui permet d'approfondir la connaissance de celles et ceux dont on a envie de savoir plus. Les quilts montrés ont le plus souvent des Modern quilt ou des arts quilts comme signalé précédemment, mais on trouve des artistes comme Mary Fons qui se définit autrement , ou Denyse Schmidt dont l'inspiration est variée .
Ce survol étant fait , si je devais répondre à la question , même si on ne me le demande pas (!) je dirai d'abord une chose essentielle (et scandaleuse!) c'est que je ne suis pas essentiellement une personne qui quilte c'est à dire matelasse et je définis plutôt comme une mosaïste assembleuse d'étoffes. et même de textiles brodés certes beaucoup de mes surfaces sont matelassées parce que je l'ai senti pour celles-là importan tet c 'est rarement par mes soins puisque j'ai délégué parfois. comme du reste pas mal d'artistes présentées dans ce livre! Aux Usa faire quilter son patchwork (top désignant l'assemblage fini mais pas relié au moleto et à la doublure) est entré dans les moeurs, pour les artistes renommés , et on le signale mais le quilt reste la création du designer ! . j'ai aussi matelassé mais (cf Le bonheur en lisière) mais l'essentiel pour moi reste dans le "patchwork" textile -les tesselles de tissus perçues comme un vocabulaire- c'est à dire l'assemblage de tesselles d'étoffes différentes pour dire avec quelque chose hors tendance et mouvements et modes !
. Mon optique n'est donc sur ce point résolument pas celle des artistes USA , qui effectivement peuvent s'appuyer sur une tradition . En France nous avons eu des oeuvres et des ouvrages (et pas qu'en boutis ou piqué marseillais, le livre de Michel Perrier Mosaïques d'étoffes en atteste) mais elle est occultée et peu de quilteuses françaises s'en recommandent) . La géométrie y est présente, les broderies aussi souvent mais le matelassage y est beaucoup plus discret., voire absent. Ce sont néanmoins des patchworks et pour certains des oeuvres d'art . Egalement les patchworks des livres publiés ans les années 70 par Marue Janine Solvit. Ce diktat des trois épaisseurs matelassées est des plus difficiles à faire sauter . J'y reviendrai.
Je n'ai pas ou plus un objectif utilitaire mais on sait que je milite pour qu'un quilt ou un patchwork soit regardé comme les deux à la fois , et j'insiste sur le fait qu'il n'y a aucun empêchement autre que de préjugé dans le classement des arts (il faudrait bien en sortir un jour de ce classement arts mineurs-arts majeurs!) Beaux arts arts appliqués artisanat d'art) vu que ces étiquettes si on y regarde de près n'ont d'autre raison d'être que de défendre des chasses gardées. Un patchwork créée remplit atant qu'une peinture abstraite (ou autre) toutes les conditions d'être une oeuvre d'art (pièce unique née des décisions de l'artiste qui la conçoit et pouvant refléter autant que par un autre medium ses émotions , ses visions ses sensations etc )
Je ne suis pas une artiste engagée du moins pas de la manière qui consiste à mettre des symboles bien visibles voire des slogans sur mes oeuvres, , mais je le suis dans ma défense de cet art de femmes quand elles créent par ce moyen .ET si on regarde mon quilt Melting pot on pourra voir que je délègue aux tissus le rôle de tout dire en eux-mêmes . Ils le peuvent ! il me emble que le but d'un art est de parler par ses spécificités (les tissus assemblés) et /Ou en broderie les fils les points autant que par quelque chose inscrit sur un support. Si le tissu n'est que support ou prétexte je me sens à côté de ce que je veux faire de mon art.
J'aime à donner mes quilts -plus qu'à le vendre- et je ne compte plus ceux qui sont sous d'autres toits; souvent je ne sais pas toujours ce qu'ils deviennent. Il me semble inconvenant de le demander. J'ai parfois le coeur serré quand je vois mon travail très abimé, même si on pense qu'une couverture c'est fait pour ça.Mais les couvertures que j'ai faites pour mes bébés dans les années 80 sont encore en relatif bon état. D'autre part on n'aurait pas iden de penser qu'un artiste Beaux arts cre essentiellement pour donner ce qu'il fait, non plus. On trouve normal qu'il vende et en général on prend soin parce qu'on ne le ressent pas comme un objet pour se cocooner.
Enfin et c'est le plus important le patchwork quilt est une des composantes d'une création très polyvalente ; et même en art textile je sais faire autre chose, aussi et j'assemble les tissus non seulement selon les règles du quilt mais autrement car pour moi les différentes formes d'assemblages sont aussi des formes d'expression : assembler à coutures cachées ou parfois les connexions apparaissent du "cousu main" etc . ou superposer avec points visibles, user de points machines, de broderies; J'use ce qui m'est nécessaire pour dire dans un surface donnée. rien ne se veut cloisonné dans ce que je crée, donc. -
40 ans d'art textile : L'oeuvre cachée, la part de rêves.
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 16/06/2022
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Il y a quarante ans quand j'ai commencé mon premier patchwork-qui n'était pas un quilt - je n'avais pas idée de la place que cette activité prendrait dans ma vie. comme beaucoup je l'ai pratiquée tout au début, comme un simple loisir et avec un but utilitaire. J'espérais pouvoir adopter mon premier enfant (ce qui fut fait en 1983 ) et la rencontre avec le coussin et ce fameux : "je veux assembler des tissus" si impérieux laissaient pourtant présager que ce deviendrait pour moi, très vite,tout autre chose. Pas de l'occupe doigts donc , mais un appel impérieux vers une activité qui me semblait passionnante et apte à "dire" ce que j'avais à exprimer avec cela. Un medium, des couleurs des motifs , des formes. Il est à noter que ces premières couvertures faites sans aucun modèle étaient donc stricto sensu des créations . De l'art sans doute pas encore il est un début à tout. Et très vite, j'ai senti que ce n'était plus seulement faire de jolies couvertures dans mes moments de loisir, mais quelque chose d'aussi important pour moi que l'écriture. Et même pendant une période de multiples occupations et préoccupations professionnelles et familiales, cet art, où la géométrie m'a d'emblée attirée dès que j'en ai eu connaissance , me permettait de créer par fragments (ce que du reste j'ai toujours fait aussi pour mes récits longs . écrivant sur des post it les phrases, pensées, idées qui me venaient à l'esprit .)
Dans ma vie d'être humain, née de sexe féminin , je ne me suis pas une fois sentie inférieure au seul fait d'être une femme, Je me sens inférieure en compétence, parfois- souvent ! quand je le suis, dans un domaine précis, mais en tant que femme , jamais.Ni supérieure ni destinée à tel art plutôt que tel autre . J'entends par là que j'ai choisi librement , même si j'ai le sentiment d'avoir plutôt été choisie (je crois à la vocation, à l'appel vers une activité) . Les images numériques ou la poésie ne sont pas non plus des arts connotés "féminins". Je n'ai jamais considéré non plus que l'acte de création quand il est surtout exercé majoritairement dans un domaine par des femmes était , donc, inférieur de ce fait . . D'exercer un art classé d'office féminin mais où le moindre artiste homme est forcément distingué(et avec l'aval d'une majorité féminine!) , ne m'a pas dès l'abord préoccupée. Pour moi c'était un moyen d'expression personnelle qui m'appelait , et j'y entrevoyais d'infinies possibilités . Je n'ai donc pas eu envie d'en faire quelque chose où je devrais "faire comme les hommes" pour avoir l'illusion d'exercer un vrai art . Et comme je ne savais pas grand chose de la hierarchie entre les arts avec les Beaux-arts au sommet, je l'ai abordé , d'entrée ou presque comme si c'était un art classé Beaux-arts mais sans le faire ressembler à ce que pour moi, il n'est pas. et je n'ai pas eu conscience tout e suite du préjugé dont il était victime .
Je n'ai donc pas percu le patchwork comme une sorte de sous-genre dont le nom, qui plus est, fait toujours ricaner, L'exercer ainsi ne me serait même pas venu à l'idée j'étais déjà très attirée par l'abstraction en peinture (j'étais aussi bien avant ma découverte des quilts , fascinée par l'op art ) mais je sentais dans les abstractions géométriques du patchwork quelque chose de tout différent qui me convenait, qui correspondait à quelque chpse de fort en moi . L'amour des tissus , particulièrement des imprimés, créés par d'autres humains et leur mise en relation , donc. Je suis partie directement des tissus et de ce que j'apprenais d'un art en ce qu'il me semblait justement différent des autres. Si j'avais voulu peindre sur les étoffes, Je serais devenue peintre,, pas assembleuse d'étoffes. Mais des tissus découpés et rassemblés qui donc mettaient en oeuvre une composition des formes et des couleurs. comme la peinture ? Non pas tout à fait . L'art n'est pas le même du tout, du moins, comme j'aime à l'exercer.
Mes carnets de travail ne ressemblent pas donc à ce qu'on voit dans les livres sites et revues "branchées"de magnifiques carnets d'esquisses aquarellées qui débouchent sur des oeuvres txtiles . J'ai toujours souri devant les conseils de découper du papier ou partir d'une photo qui serait plus "artistique" que de partir des tissus. J'ai aussi dessiné mes plans de quilts à la main , mais j'ai dit combien l'usage et la maîtrise (pas si facile à acquérir) des logiciels de patchwork m'avait libérée Cf l'article composer ou dessiner .
On peut y ajouter les cahiers d'élaboration dits "de la femme aiguille" qui eux sont élaborés après coup, quand l'ouvrage est terminé Mais eux concernent l'oeuvre achevée pas cette oeuvre secrète., intérieure, sous jacente ou en cours..... d'inachèvement !
Je travaille sur énormément d'ouvrages à la fois et souvent le même ouvrage m'occupe un temps très long avec des reprises et des abandons lesquels peuvent durer des années. Et pour ne pas m'y perdre je tiens des sortes de journaux où je note aussi les idées qui me viennent des réflexions sur l'art textile , des démarches , des recensions de livres .... mes humeurs et mes états d'âme aussi mes espoirs et mes crises d'à quoibonite !
Au début des années 2000 , j'ai commencé ce que j'appelais des "carnets de rêves" :
Je décalquais et/Ou redessinais nombre de moifs, l'idée était de m'en servir pour refaire ensuite quelque chose de textile que ce soit une broderie ou un patchwork ou un mélange des deux . .Les calques numérotés et amovibles sont ainsi rangés après utilisation éventuelle ) .Certains ont servi aussi pour des séries d'images numériques.
J'ai développé ensuite ces inspirations dans plusieurs autres recueils tissus collés motifs retracés suggestion d'interprétation et je continue sur ces grands cahiers en papier kraft où j'ai collé des fragments d'étoffes et des suggestions -qui à présent sont moins pour moi que pour une éventuelle descendance" qui aimerait à en user après moi . Et si ce travail reste oublié et inconnu (probable que celui qui est achevé aussi !) il nourrit tout de même mon inspiration présente: ce que je nomme mes "envidées."
Lesquelles peuvent jaillir de tout autre chose et le plus souvent en revenant au fondamental numero 1 : l'envie de mettre ensemble tels tissus dans une surface .Les mêmes cahiers craft servent à réunir les dessins dcoupés ans les cahiers " journaux" où je les ai récemment regroupés , j'y adjoins ce que je retrouve ça et là sur des bouts de papier , et j'y griffonne parfois pour le plaisir des motifs trouvés un peu partout. mais la plupart sont des gribouillages personnels . Parfois un dessin émerge et aboutit à une création , la plupart n'ont pas été réalisés, mais j'ai besoin de ce vivier-là où parfois je me promène.
Cet attrait puissant pour tous les modes d'assemblages et aussi pour les motifs à la fois sur les étoffes mais aussi comme possibiltés d'interprétation en broderie, couplé à la recherche d'une variété toujours plus grande de textiles divers faisait que j'étais prise d'innombrables envies , et d'idées qui me traversaient . Influencées, certes aussi par la lecture des livres et les oeuvres des autres (j'ai aussi des carnets où je stocke des photos d'ouvrages qui m'ont attirée ), il ne s'agit pas là de les reproduire mais souvent tout cela s'infuse se mêle donne envie d'essayer ... Mon imagination se nourrit aussi de l'admiration que j'ai pour ce que créent d'autres artistes. et si j'emprunte quelque chose de particulier , je le signale. Mais je ne me sens pas tenue à signaler le moindre usage d'une forme simple ....
J'avais aussi cette particularité de mettre énormément de surfaces ou ouvrages en route , je devais (et dois encore davanatage aujourd'hui où le temps m'est furcément plus compté qu'à 32 ans) me freiner. J'ai bien essayé le système raisonnable qui consiste à ne mettre en route que deux ou trois ouvrages au plus, ou même un seul qu'on termine avant d'en entamer un autre. ça ne fonctionnait pas : j'étais à l'arrêt total.. Je mets douc en route à peu près tout ce qui me tente . Mais quand on est beaucoup tentée et rraversée de dix idées à la journée, ça finit par faire forcément un stock de "débuts" considérable. il fut un temps où j'en concevais comme un remords, une sorte de culpabilité (tout ça gâchait du tissu parfois de belles matières et ne servirait à rien, ni personne) . J'ai imaginé la série "les rogatons" et quelques livres comme "en vert et avec tout) pour tenter d'éponger le stock fou de sachets d'inachevés ou de restes de quilts finis (les blocs en surplus) .. périodiquement je retrie, parfois je défais, je note des suggestions de réutlisation , Il arrive aussi que j'en associe deux ou trois .. du patchwork d'ouvrages en quelque sorte. Composition en abyme.. Je me dis que somme toute ces inachèvements constituent une oeuvre parallèle certes plus encombrante que les carnets , mais qui sert de point de départ elle aussi à autre chose. Et ce qui ne sera pas utilisé de mon vivant, j'aimerais en faire don à quelque association qui saura en faire des objets à vendre. Pour l'heure ils dorment là en attente .J'en réveille un de temps à autre.
et que si tout ça fnit dans une déchetterie le monde n'en sera ni meilleur, ni pire même si cette pensée m serre forcément le coeur. . Chanceuse serai-je si un peu de ce qui est terminé échappe au retour aux chiffons . Reste la solution d'en faire des projets vagument "conceptuels" où j'expliquerai que l'inachevé c'est une manière innovante de finir ou autre subtilité de discours adéquate à justifier tout et n'importe quoi . La capacité ne m'en manque pas, la conviction, si . Si je m'y résous un jour ce sera par jeu, avec un brin de provocation et d'humour. Qui sait ?
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A propos d'un article : de la création en patchwork
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 06/06/2022
- 0 commentaire
Il ya quelques semaines me promenant sur la Toile, je tombe presque par hasard sur cet article, qui est lui-même un compte-rendu d'article. où mon nom est cité, avec mon accord certes, mais cet article premier j'aurais aimé déjà qu'on me le communique .Est-ce trop d'exigence, pour le peu que je semble être?-toujours méchante, jamais contente.
J'avais donné mon accord , donc, même si je n'aime pas les citations sorties d'un contexte., je ne peux pas dire que ma pensée ait été trahie, mais elle n'est, comme d'habitude que montrée partiellement (c'est normal dans un article de synthèse). l'article entier est ici ! qui a peur du mot patchwork .
Soit.On peut lire aussi pour une vue plus globale des arts textiles (et de la matière tissu) art textile, ou l'ambiguité structurelle.
M'a plus fait tiquer je l'avoue, le fait qu' aucune mention ne soit faite de mon site . Ceût été courtois !De mon oeuvre ça, faut pas y compter . Quand on n 'est pas célèbre, déjà bien d'être une fantomatique référence , il faut remercier tout de même.du très grand honneur qu'on me fait en citant parfois mon nom et c'est vrai sur ce blog on fait référence à mon livre Jeux d'étoffes qu'on a lu, ce qui est rarissime dans ce que je nomme la corporation . . (à l'époque j'étais encore membre de France patchwork, aussi donc... du sérail, si je puis dire) . Soyons juste mais sans cesser d'être lucide, non plus. Pas de quoi en faire une choucroute mais occasion de faire une fois de plus, une mise au point et d'inciter à comprendre VRAIMENT où est la création dans l'assemblage d'étoffes , quel que soit le GENRE qu'on élit .
Comprendre d'abord que nous sommes classées depuis des décennies en traditionnel, contemporain et art textile . Le détail est expliqué dans l'article l art textile les mots confisqués. Si on veut compendre ce que je fais et surtout comment c'est reçu et percu par les dames expertes ès art textile et ès art contemporain , il faut prendre le temps de le lire : il est capital pour saisir pourquoi l'oeuvre de votre servante est maintenue sur la touche, même quand on la cite.
Je n'ai pas choisi mon camp , je suis comme un malfaiteur qui ne serait pas "logeable" . Je refuse de voir le contemporain et l'art textile comme une évolution d'un traditionnel bon à fournir des modèles juste décoratifs , mais je l'intègre à mes autres expériences pour une raison simple : j'ai toujours à dire quelque chose de personnel avec cela. Je ne dis pas comme beaucoup qui font des deux : le traditionnel c'est pour me délasser ! Je ne suis pas les évolutions imposées ,mais je les connais, je suis mes "voies et mes voix" et si ça ne suffit pas à me consacrer assez artiste aux yeux de mes consoeurs, pour qu'on montre de temps à autre ce que je fais sur un blog de patchwork , cela suffit au moins à remplir ma vie de la joie pure de créer (et pas qu'en art textile !) .
Mes articles sur les questions de vocabulaire( cf menu déroulant rubrique opinions à droite) précisent ces aspects inconnus et du grand public,et même des spécalistes des autres arts, . et je ne vois guère de site où on l'explique car expliquer en ce domaine c'est déjà trahir la doxa admise par la corporation .On étiquette et on accepte ces clivages. Ce qui se résume à : "on crée en contemporain et en art textile et pas en traditionnel." Les contemporaines ont le monopole de la vraie création, du vrai art textile etc. C'est admis, y compris à l'international ( quoique avec des nuances) .
Les oeuvres montrées dans l'article émanent de "grandes" reconnues qui font ce qu'on nomme aux USA des art quilts , qui rapprochent l'art du patchwork des grands arts. On les reconnaît comme art précisément parce qu'elles abandonnent les caractéristiques d'un genre de patchwork (celui qui use de géométries régulières et répétitives et de tissus disparates) pardi ; ça ressemble à ce qu'on voit peint ou sculpté ou du "conceptuel" dans les galeries d'art depuis des décennies , alors que les autres eux sont toujours vus comme du décoratif au mieux, des couvertures au pire. de l'occupe doigts sans intérêt. S'il était salutaire que ce mouvement existe, il l'est beaucoup moins qu'il ait conduit à la négation de l'art et de la création personnelle chez celles qu'on continue à nommer traditionnelles" , ce mot suffisant à dévaluer. Sauf côté bien fait, bien cousu ou bon goût . Choses que je récuse, absolument.au nom de ce que j'ai lu, vu et expérimenté en 40 ans d'études et d'expériences diverses dont ce site ne peut tout montrer(et du reste ça intéresse si peu de monde dans notre microcosme que ce n'est guère encourageant. )
Mouvement art quilt qui ne date du reste pas d'aujouud'hui -On fait cela depuis les années 6O aux USA où très tôt des artistes comme le souligne Spike Gillespie dans son livre Quilt around the word ont voulu se distinguer des faiseuses de couvertures tout en gardant l'obligation la plus contestable : celle de matelasser trois épaisseurs et ce, aussi, pour des raisons également commerciales évidentes sur lesquelles je reviendrai . .Je note qu'en France on faisait des tableaux en patchwork dans les années 70, aussi, qui ne reposaient nullement sur la géométrie et qui étaient déjà du "contemporain" avant l'heure de leur arrivée en tendance présentée comme innovante et artisttquement supérieure chez nous, . Les artistes montrés dans le livre de Marie Janine Solvit notamment. La seule différence c 'est que souvent étant faits à la française ils échappent à l'obligation très contestable , du matelassage Je rappelle aux non initiés que si on ne matelasse pas on n'a pas le droit quasiment d'exposer en milieu spécialisé , nulle part dans le monde , surtout si ...on use de géométrie dite traditionnelle (alors qu'il existe des patchworks non matelassés depuis la nuit des temps et géométriques aussi d'ailleurs) .
D'autre part on ne parle de modèles copiés ou démarqués qu'en cette partie-là de notre art , il est admis qu'une "contemporaine" sort tout , forme, composition, couleur ex nihilo de son puissant génie ..Sur l'arrivée du contemprain en France et la manière dont il s'est imposé comme étant seul de création et seul artistique on peut lire le bonheur en lisière 5
Ce qu'on oublie aussi donc et à mon avis tout à fait consciemment,c'est qu'en contemporain on a aussi beaucoup imité, copié démarqué -sans le dire.. L'artiste Michael James , qui fut en France le gourou de celles qui se voulaient contemporaines, s'en plaignait déjà en 2001 On peut lire ici ce que je lui répondais et qui a été publié , mais tellement caviardé que ça perdait son sens premier. On voit déjà ce qu'il ne fallait pas dire et en quoi je m'écartais déjà de la doxa en vigueur. Il suffit d'ouvrir un livre d'art quilt de cette époque, début de XXI° siècle et de recenser : combien de quilts avec des bandes décalées de carrés pas vraiment carrés - , combien de labyrinthes (c'est nouveau ça comme dessin ?) combien d'op art , de quilt engagé style affiche, le pop art en tissus . certes très intéressant de faire tout cela en tissus si.. le tissu y revêt une importance particulière. comme c 'est le cas pour les tableaux textiles de Edrica Huws et les quilts de Ruth Mc Dowell , Combien de larges bandes de tissus à la Rothko ? Combien de géométries façon Klee ou Kandinsky au niveau des formes, du style (bien sûr on démarquait : on ne copiait pas ! Les vrais artistes (se disant telles!) donc, je l'ai appris , ont des influences, voire des filiations . Vu qu'elles ont le monopole aussi, aussi de la vraie imagination . Pour être remarquée , il fallait bien ressembler aux formes qui étaient classées "contemporaines" ; ce caractère "contemporain" étant, rigoureusement parlant impossible à cerner et à définir . Mais souvent il offrait un étrange air de ressemblance avec les mouvements de peintres du début du XX° siècle.et pour cause quand ces tendances se sont créées, surtout aux USa mais pas exclusivement , on y faisait référence déjà comme l'atteste ce livre retraçantl' l' histoire de 1960 à 1980 qui est sûrement ce qu'on trouve de plus fouillé et de plus documenté sur le sujet mais que je ne vois guère recensé sur les sites se disant des phares en art textile !Il est vrai le livre est peu connu et assez ardu à lire.
J'ai toujours eu le sentiment que plus on rapprochait notre art des grands arts, plus le tissu y perdait de son importance, dans tout ce qu'il apporte (on donnait la prévalence à l'uni, aux tissus teints, peints,puis on a fui le tissu estimé comme un "carcan" etc .... ) Etrange art qui est obligé de se nier dans ses caracéristiques prppres, pour être reconnu. Comme si on disait à un peintre que pour innover il doit construire en volume avec des pierres ou du bois , parce que la sculpture serait perçue comme un vrai grand art et pas la peinture. et mettre dessus un peu de peinture pou la caution peinture .Et puis ca serait encore mieux si on y ajoute un baratin -pardon- un discours un peu abstrait avec des grands mots en 'isme que personne ne comprend pour faire "conceptuel . Que ce serait une évolution favorable de qui le sortirait du "carcan de la peinture" .
Moi ma question obstinée devant une oeuvre se revendiquant "textile" c'est : qu'est ce que le tissu (ou le textile ) lui apporte de singulier que les autres arts ne pourraient rendre ?
Ainsi quand je crée une image numérique , je n'adapte en tissus que celles où le tissu va rendre quelque chose d'essentiel à mes yeux, et ce, par son assemblage ,comme dans ces triangulations par exemple où les tissus rendent les textures et les formes mais où l'image numérique reste, là où le dire en tissus me semblait "inférieur" ou plus exactement inadéquat à ce que je voulais obtenir.
je laisse telles quelles toutes celles où le tissu n'apporterait rien.et c'est précisément le travail sur écran, la luminosité qui parlent.
Il se trouve que si j'imprimais ces images sur étoffes en très grand format, de préférence,voire, si j'avais les moyens financiers de les faire tisser par des machines complexes , là je serais une vraie artiste textile contemporaine peut-être qui sait comprise et honorée comme telle. J'en ai les moyens au niveau de la force de création, mais hélas pas les réseaux et les moyens financiers . je reste donc dans "un art du pauvre" . Un vrai, pas un arte povera pour snobs qui ignorent ce que le mot pauvreté veut dire . Et surtout un art intime qui fuit le spectaculaire. J'ajoute les milieux Beaux-arts ne savent strictement rien de l'assemblage d'étoffes variées, zappé de partout, et reconnu avec tant de contresens, quand il l'est .Et forcément si on ne fournit aucun effort pour s'en instruire au vu que lui il est hors champ de la grande culture Qu'on lise si on en a le temps et l'envie les palettes d'une textilienne . ce pourrait être un début à une analyse du rôle des tissus dans un art d'assemblage desdits tissus, et ce, quel que soit le genre adopté . Je passe sur la prévalence du mixed media,.imposée elle aussi comme tellement plus ci ou ça! La texture -ce mot à tout faire- a fini par prendre la place des tissus. Jugés insignifiants.
Donc ce qui me gêne, c'est aussi qu'on a l'impression que ma pensée- sert à faire la promotion de quilts qui ne sont pas décidément le type de créations que je défends-vu qu'elle n'en ont absolument pas besoin, ça ressemble à de l'art Beaux arts de notre époque donc c'est de l'art quasi "indiscutable" moi je défends la création AUSSI ET SURTOUT dans les patchworks et quilts fondés sur ce qu'on nomme "tradition" et qui pour moi est une source d'inspiration abstraite .Je la défends dans l'esprit de Jonathan Holstein et de la première exposition intitulée Abstract design in American quilts et dans les patchworks français montrés par Michel Perrier dans mosaÏques d'étoffes qui prouvent que cet art d'assemblage existait bien chez nous .Je la défends là où elle est la moins comprise, et la moins visible car hors monde de l'art Beaux arts.
C'est encore dire qu'on ne copie jamais quand on fait du contemporain juste quand on part de géométries régulières . ce qui est faux . On trouve du reste depuis le début des années 2000 des modèles de contemporain à reproduire (ou des recettes pour devenir un génie en art textile novateur !), et mêmes des kits . On peut voir ici un exemple que j'enn donne . Donc entre la démarque voulue ou non de l'art abstrait en peinture, et les images sur Internet, kits, modèles qui pullullent aujourd'hui toutes catégories de patchwork et d'art textile confondues .... attribuer la seule "copie aux traditionnelles (puisqu'on est traditionnelles dès qu'on part d'un carré dit bloc repertorié quoi qu'on fasse avec lui ) est d'ignorance et parfois, de mauvaise foi. On vend des assortiments et des tutoriels pour faire à peu près tout pas que du "traditionnel" , même pour faire des pages de livres en ce qu'on nomme "slow stitches,la tendance à la mode actuellement, La soi disant créativité se vend bien, la création véritable reste autre chose. et l'art autre chose encore. .Le fameux do it yourself DIY sous lequel on range l'activité est un déni pour celles qui créent vraiment . C'est dire à un peintre q'il nee fait que de la peinture aux numéros quoi qu'il fasse. . Et estimer que ça vaut autant que celui qui crée à partir d'une toile blanche (mais avec parfois un modèle !). Or à mes yeux on est artiste concepteur (bon ou mauvais) quand on choisit et décide soi-même. qu'on sait composer avec tout ça. Et l'inspiration n'est ni un pas à pas où on vous tient la main à chaque étape, ni du prédigéré ou pré choisi par d'autres au niveau des matières .Et je ne fais pas de DYI plus qu'un peintre ou un graveur.
Je demande donc depuis trente ans qu'on distingue le travail personnel de conception et d'élaboration, où qu'il se trouve,de la démarque et de la copie de tutoriels, voire de l'exécution de kits. Et ce en contemporain aussi ! Et qu'on reconnaisse aussi ses emprunts aux autres arts . Et qu'on cesse aussi d'appeler textile 'novateur" aussi ce qui ne l'est pas. Qu'on ait le droit duser de plastique , par exemple , mais qu'on juge que la dame qui en use est plus créative que celle qui n'use que de tissus et de fils est un non sens absolu.
J'ajouterai :
A la même époque - -la fin du millénaire et le début du suivant-, celle où le contemporain prenait essor , on trouvait aussi des personnes (pas que moi très loin de là !) qui tout en conservant la géométrie dite traditionnelle et la matière "tissu" si vériée bâtissaient avec ce point de départ autour de la vision PERSONNELLE qu'elles avait eue d'un paysage ou d'un moment , sans chercher le réalisme ou à "figurer" quoi que ce soit. Sans que ça ressemble à autre chose qu'un patchwork, non plus. Cette tendance-là a vite été noyée, puisque ni vraiment traditionnelle, ni vraiment contemporaine selon les critères imposés.Depuis la déferlante de l'art textile fuit tout ce qui est "surface" . Il faudrait aussi réfléchir un jour à ces relégations, ces préférences orientées qui excluent sur une caractéristque jugée rédhibitoire., même si ce n'est jamais dit franchement .
Ce que ladite tradition ébauchait déjà , je pense à des blocs comme celui intitulé 'tempête en mer" storm at sea" . qui en juxtaposition ne ressemblent pas à la mer déchaînée comme les peintres de marines la voient mais comme une quilteuse peut elle la rendre par son art . Et si vous tapez" storm at sea quilt" dans uu moteur de recherche d'images vous verrez que ce point de départ peut donner des oeuvres très differentes . .
Et même où l'idée de mer et de tempête peut être totalement oubliée pour dire autre chose. imaginez ce dessin en tissus imprimés pour dire des vagues de fleurs submergeant la surface ,, ou rayés ou mélangés avec des motifs variés qui diraient autre chose que les lignes du bloc(combien de possibilités selon le choix personnel de la créatrice, même si le dessin n'est pas d'elle ? Et le photographe, ce qu'il photographie, il doit savoir le dessiner, aussi ? Non ! Alors nous créons,bon sang, donc ce faisant tout autant ) ). Imaginez imaginez-le associé à quelque autre carré dit bloc (il ya des milliers de possibilités ) , imaginez des déformations des modifications, des contrastes de valeurs inhabituelles.J'en passe. Je n'ai jamais regardé un seul bloc "emprunté" certes sans qu'un flot d'idées me vienne. Et créer, ce n'est pas cela ? et l'imagination, ce n'est pas aussi cela ? C'est du travail, pour rendre ce qu'on a dans l'âme, l'esprit ou le ventre tT ce n'est pas plus traditionnel que de dessiner un labyrinthe !!Non là c'est classé "contemporain" . Dédale c'est un perdeau de l"année, sans doute ! Et ce travail,cette création bien de soi, on doit accepter qu'on nous dise : " ah non , c'est comme Chose quand elle fait ce quilt en bleu et blanc comme sur le tuto Bidule avec des tissus mode spécial pour choisis par la marchande. .. Eh bien moi, je n'ai jamais accepté et je n'accepterai jamais tout simplement parce que c'est contraire à la vérité. Avec ce bloc selon sa capacité à générer des idées, selon aussi sa propre collection de tissus, choisis par elle, chacune pourra créer (ou juste reproduire!) . On doit même pouvoir y coller un discours un peu intello pour faire conceptuel . Si. si .. Ne me mettez pas au défi , je pourrais bien y céder !
Et non je ne défebds pas "le patchwork" , je défends dans cet art la création quand elle y est. oPas quand o prétend qu'ell y est en trichant. Mais partout où elle est et pas que dans la classé contemporain-art textile. Or ce n'est pas fait. Toujours pas et même moins que jamais. Le retour en faveur qu'on peut avoir tient aux modes soit vestimentaires, soit écolo, au retour de l'admiration des valeurs ancestrales pour la tradition, le travail "bien fait". C'est piégeux. Si l'imgination est au pouvoir, pas celle que j'exerce comme expliqué dans l'exemple ci dessous.Mon quilt le temps des lilas notamment s'inscrit dans cette mouvance. et si on assigne la création juste au dessin le bloc de base est de moi aussi . ce qui pour moi n' a guère d'importance, si je l'avais choisi dans un répertoire où il en existe près de 4000, pour composer moi-même un plan personnel, j'aurais créé tout autant mais différemment, juste que comme dans mon index j'aurais précisé la source graphique. Il s'agit, par les tissus et une géométrie répétitive -donc classée traditionnelle et sans imagination d'office- de donner l'impression d'un jour "embaumé de lilas" , par les étoffes choisies pas seulement par leurs couleurs. Je ne sais si j'y suis parvenue, c'est au public de le dire.. Mais je réclame le droit d'expliquer ma démarche tout aussi créatrice que si j'avais transformé une photo de lilas en tableau géant de tissus-ce qui plaît beaucoup plus- , ou dessiné des lilas à l 'aquarelle sur un carnet dit sketchbook avant de créér ceci !!! Moi ce que j'aime c'est cette transgiguration possible d'un moment, d'une vision d'une émotion dans cet art si particulier . Où la répétition avec nuances joue son rôle.
Je cherche autour de TOUTES les façons d'assembler des étoffes car pour moi l'essence du patchwork n'est pas dans le textile seul, la texture ni le matelassage mais AUSSI dans la mise en relation de fragments d'étoffes pas faits pour aller enemble . M'intéresse le contraire de ce qui vous fait artiste à coup sûr. !On peut lire aussi POur comprendre. Quant au mot contemporain qui vous ouvre galerie et musée il serait temps que chez nous aussi on le repense ... . et qu'on cesse d'en faire une plus value pour certains et un moyen d'exclusion pour d'autres. Cela restera un voeu pieux, naturellement !