Blog
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LIENS
- Le 21/10/2016
Je partage ici quelques liens de sites de personnes que j'ai croisées soit sur les réseaux sociaux , soit dans mes promenades textiles virtuelles.
J'espère d'ailleurs bien rencontrer en vrai certaines d'entre elles pour un tissage de liens plus étroits ...
Le site d'Isabelle Piron qui aime les étoffes et les sent d'une manière personnelle et remarquable
et également ce qui en est dit ici
Le site de Text'styles avec lequel des affinités de parcours sont certaines
Le blog de Bérénice Mollet qui crée des objets avec des presque rien transfigurés ...
(à suivre pour d'autres découvertes)
Le site de Françoise Vetter
où on découvre des mondes délicats et sensibles de branchages, de papier , d'étoffes, de fils et d'écritures ...
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Parution : Mots justes et accords parfaits
- Le 11/10/2016
Ce livre m'a été demandé après passage de l'éditeur sur ma chronique de langage .
Pour l'acheter, utilisez ce lien.
Je me suis appuyée pour l'écrire autant sur la psychologie de l'erreur-si je puis dire- que sur mes connaissances en orthographe et grammaire. Le plus difficile quand on se trompe est de s'en apercevoir et de le reconnaître (tant est grande la force de l'usage, même s'il est personnel et fautif!- ) .
Dans la mesure du possible j'ai expliqué pourquoi on se trompe et surtout pourquoi on écrit ainsi.
Si vous ne savez jamais si on doit écrire -é ou -er à la fin d'une forme verbale, si vous confondez censé et sensé, si vous ignorez pourquoi on écrit "il s'est cassé la jambe" et "la jambe qu'il s'est cassée" - ce livre vous l'expliquera d'une manière qui fait appel au sens, plus qu'aux règles. Je n'ai écarté ni les bons vieux trucs qui fonctionnent , ni les explications qui éclairent. J'ai été professeur en collège, j'ai pu tester ce qui est efficace ou non....
Pour une idée du contenu , voici le début de la Préface :
« Ceci est un livre de bonne foi, lecteur » disait mon maître Montaigne. « Je rends au public ce qu’il m’a prêté » ajoutait La Bruyère au début de ses Caractères.
Ce modeste guide n’a pas l’intention ni l’ambition de remplacer les excellents ouvrages sur lesquels il est du reste fondé.
Il repose sur la constatation que malgré la pléthore de livres, de manuels et de sites sur le sujet, le français en usage, surtout dans les communications virtuelles, a tendance à être de plus en plus truffé d’erreurs de syntaxe, d’accord ou encore d’imprécisions de vocabulaire, de confusions de mots ou formes proches, même chez des personnes ayant ce qu’on peut appeler un bagage culturel.
Alors pourquoi un livre de plus, qui évidemment ne peut rien apporter de nouveau sur le plan des connaissances ? Pour tenter de proposer un autre regard sur l’erreur que je me refuse à appeler faute.
Il ne s’agit pas d’adopter l’attitude méprisante du pédant « qui sait tout » - j’en suis très loin ! - mais d’éclairer ici quelques causes d’erreurs fréquentes.
Il ne s’agit pas non plus de se complaire dans une attitude laxiste estimant que toute erreur est forcément signe de vie de la langue et d’une merveilleuse spontanéité créative.
En outre, un certain nombre de personnes de mon entourage, en particulier de jeunes adultes dont la grammaire et le vocabulaire ne sont pas la spécialité et dont les acquis en la matière sont plus que précaires, ont un réel besoin de restaurer un français correct. On me demande depuis des années « pourquoi ça s’écrit comme ça », on peste contre les difficultés de telle ou telle subtilité dans les accords et en fait on ignore quelques règles de base qui pourraient bien simplifier la vie. Un exemple entre autres : on sait qu’accorder un participe passé dans les temps composés des verbes pronominaux est difficile, mais on ignore ce qu’est un temps composé et un verbe pronominal. Ce que je propose, pour user d’une métaphore informatique, c’est une restauration du registre.
(...)
PS Malgré le soin apporté à la correction , quelques malencontreuses coquilles se sont glissées...mais si le livre est efficace le jeu sera de les trouver :-)
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Dentelles décalées
- Le 28/09/2016
- Dans présentation
Je vis dans une région, le Nord de la France, où la dentelle est très présente. Valenciennes bien sûr, mais aussi les dentelles de Calais et de Caudry. Et je n'oublie pas la proximité de la Belgique, si riche dans cet art.
Et au delà encore l'idée que le mot "dentelle" recouvre de nombreuses techniques : le point commun c'est entrelacer des fils sans support (avec support le même point devient broderie).: dentelles à l'aiguille, au fuseau, au crochet , en tricot d'art et aujourd'hui faites à la machine à coudre pour ne citer que quelques techniques. Sont souvent rapprochés des dentelles tous les points ajourés sur étoffes (broderie anglaise, Richelieu, Renaissance) et dont certains comportent des inclusions de dentelles existantes (broderie de Touraine) , et tous les points ajourés à fils tirés rebrodés, mais ils ne sont pas au sens strict du mot, de la dentelle.La "dentelle" sur filet ou sur tulle est à proprement parler plus une broderie sur support ajouré qu'une dentelle véritable, dans laquelle le réseau de fond est créé avec le motif .Sur les sites de ventes les dénominations dentelles et broderies tombent un peu au hasard !
C'est un accès à un savoir-faire et des métiers d'art dont l'histoire est passionnante qu'elle soit artisanale ou industrielle. En collectionnant, en lisant mais aussi en visitant, j'ai beaucoup appris sur cette noble matière, bien que je sois très loin de tout savoir.
Les premières dentelles que j'ai eues étaient issues ce que je nomme l'héritage familial , souvent très abîmées, certaines faites main, me semblent aujourd'hui encore de pures merveilles. Ma toute première utilisation fut dans le crazy quilt. L'Arlequin fou commencé dans les années 90 et fini en 2001, exposé à La Bourboule en 2002. J'avais placé les dentelles blanches au centre d'un plan jouant sur les monochromes et les valeurs, ce qui à l'époque était assez inhabituel pour un crazy quilt.
Et puis par les dons surtout de personnes âgées aujourd'hui disparues qui ont si gentiment vidé leurs trésors chez moi, j'ai eu plus de choix .
A ce stade, je me préoccupais assez peu de l'origine des étoffes, je me laissais juste porter par leur beauté. J'ajoute qu'on peut tout à fait créer ainsi artistiquement,mais voilà j'ai été poussée par le désir de savoir, la conscience aussi d'un travail préalable qui me permettait d'avoir ces merveilles entre les mains et sur lequel je voulais en savoir un peu plus regrettant souvent de n'avoir pas l'intelligence assez technicienne pour tout comprendre..Je n'ai jamais pu en tenir un morceau entre les mains sans penser justement aux personnes qui, par ce travail parfois très dur, qui me permettaient de l'utiliser.
J'ai créé Le bal des étoiles pour mettre en valeur dans un motif simple (une étoile variable) ma collection d'alors .
Dans les années 2000 l'accès à internet m'a permis d'agrandir mon stock. On le peut aussi sur les brocantes locales, mas j'avoue que pour la casanière que je suis la farfouille électronique m'allait bien et je la continue !
Pour utiliser une des premières collections que j'ai ainsi acquise , j'ai crée le quilt Laisse les murs dans ta prison .
Et puis j'ai eu le bonheur de tomber sur plusieurs collections d'échantillons de dentelles Solstiss et du Noyon , dont on se "débarrassait" . Ce qui est chiffons sans valeur pour les uns peut s'avérer trésor pour les autres et ces dentelles comportaient des morceaux de créations perlées créées pour la Haute-Couture que j'ai beaucoup utilisées et qui font encore mon bonheur.
et même les plus modestes pas encore ennoblies de cette façon ont dans leur plus grande sobriété trouvé ça et là leur place en mes ouvrages. J'ai construit le quilt Dentelles décalées en associant des soies texturées en relief "boursouflé" avec une bonne partie de mon stock d'alors , dans un remake d'une disposition ancienne appelée le mur de briques ..Sur la page suivante , vous pouvez voir d'autres utlisations dans d'autres surfaces.
Je recueille aussi quand l'occasion se présente ce qui vient, hélas, des fermetures d'usines, parfois accompagnées de documents techniques qui sont pour moi à la fois des énigmes, car rédigées dans un jargon codé professionnel, et un accès au mystère de leur élaboration (beaucoup de marhématique et de chimie du côté de ce qu'on nomme les apprêts!) . Ce sera l'objet d'un autre article.
Pour en avoir plus sur la dentelle il y a ce reportage de mon amie Marie-Claude sur le salon de l'aiguille en fête en 2011
, je souligne les oeuvres remarquables des artistes présentées !
Sur ce site de l'entreprise Sophie Hallet vous trouverez des explications sur la confection des dentelles de Calais et vous découvrirez sûrement des métiers ignorés de vous. Je rappelle que le secteur de la Dentelle de Calais a payé un lourd tribut à la crise économique. En l'intégrant à nos créations , même si elles sont modestes ou estimées telles, nous contribuons à la faire connaître et c'est ce que que je tente, ici, de faire !
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ode à la mémoire ...
- Le 06/09/2016
- Dans opinions
Ode à la mémoire ...
Je re-regardais sur Facebook une oeuvre qui y est régulièrement partagée et que j'aime énormément (et pour cause!) il s'agit de la célèbre Ode à l'oubli de l'artiste grande s'il en est Louise Bourgeois. On peut en voir l'histoire sur ce lien , et sur quelques autres.
L'esprit dans lequel ce livre est créé, ce rôle des tissus comme vecteurs de mémoire et témoins de notre vie est pourtant aussi présent dans d'autres oeuvres moins médiatisées, moins relayées pour ne pas dire inconnues du public, ce que je trouve dommage. Le rôle de ce blog est principalement de faire connaître ce qui l'est peu, ou l'est moins.
Alors j'ai voulu en parler pour mémoire , non seulement des étoffes mais de toutes celles qui ont travaillé autour de leurs fragments comme témoins de leur passé, tissage de leurs vies souvent humbles ou jugées ordinaires.
Et d'abord évoquer cette oeuvre faite à l'initiative de l'association ATD quart monde , et dont je me suis rendu compte que très peu la connaissaient dans le monde du patchwork et de l'art textile. Ne parlons pas du reste du monde de l'art ! J'ignore les raisons de cet oubli, qui n'est pas seulement d'un medium (le tissu) mais d'une oeuvre. On l'a appelé le Family quilt ou le patchwork de nos vies. "morceaux d'histoire de familles du Quart Monde, des cinq continents."
Le principe était de demander, à des personnes de milieu défavorisé dans des pays variés, un morceau d'étoffe qui avait compté dans leur vie, accompagné d'une phrase disant pourquoi. Ces morceaux ont été ensuite réunis dans une surface -on a utilisé un block log cabin libre pour les présenter. Il est à noter que les Guildes de patchwork en ont très peu parlé , en France notamment , elles n'en ont peut-être pas eu connaissance. J'en ai découvert l'existence par une amie qui m' avait envoyé une des cartes du coffret et j'ai voulu en savoir plus. . L'oeuvre pourtant a été présentée aux Nations Unies le 17 octobre 1994. Atd quart monde a vendu alors un coffret contenant l'histoire de ce patchwork , et des cartes postales représentant les morceaux d'étoffes et les phrases d'accompagnement. J'ai acquis plusieurs coffrets dont il m'est resté un -presque entier ! Je donne aussi le lien de l'association ATD quart monde , qui n'édite plus ce coffret . C'était il y a plus de vingt ans, il est vrai . Mais on peut, si on le désire l'aider à aider, d'une autre façon.
Quelques fragments....
Brassière d'été de nos enfants d'avant qu'on ne nous les retire...
Bleu de travail d'un jeune sans travail ...
Morceau de robe, j'aimerais qu'on en prenne grand soin : il est le témoin de tout ce que j'ai enduré
Pan de rideau pour faire un chez nous dans notre caravane.
Toutes sont touchantes , certaines sont déchirantes.
Cette oeuvre pourtant est bien dans la lignée de celle de la grande Louise , à l'exception du fait qu'elle est collective et populaire ...faite par des non-artistes , qui plus est (les couseuses sont restées anonymes ). Je ne dispose pas ou plus d'image en couleurs de l'ensemble, mais ce cliché en noir et blanc qui donne une idée de l'aspect général. (cliquer pour mieux voir)
Je vous laisse juge de leur importance .
Au delà j'évoquerai aussi une fois de plus -j'y tiens- toutes ces anonymes ou inconnues dont -par le patchwork- le tissu a été le medium et qu'on a réduites le plus souvent à leur fonction utilitaire ou décorative . Surface ne vaut pas livre pour la caution intellectuelle de la chose et je le sais d'autant mieux que créant les deux, je vois combien la forme magnifie le fond et l'accueil n'est pas le même.. J'aimerais quand même qu'on y voie un jour, dans ces surfaces comme des pages juxtaposées de livres de vies ordinaires puisque jugées telles, ce qu'on y a mis de travail de mémoire par les étoffes ...car s'il y a "oubli" on peut se demander de quel côté il se trouve. Oubli du tissu certes que des grandes ont eu raison de souligner e d'illustrer splendidement , mais oubli surtout de tout ce passé textile jugé sans nos démarches importantes et donc voué à ce que je nomme "ghettoïsation" .
J'espère par cet article inviter à regarder dans le medium tissu, vecteur de mémoire et matière pour créer, expressive et tellement empreinte de vie, tout ce que des femmes-le plus souvent - en ont fait . Pas seulement les plus grandes, qui n'ont pas trop besoin qu'on les promeuve et que je salue,pourtant !
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Motifs
- Le 31/08/2016
- Dans présentation
Motivations et motifs
Motivations est une série de petits formats fondés sur ce que m'inspirent les motifs sur les tissus en eux-mêmes et non en recomposition d'ensemble, comme en patchwork . C'est un autre abord , même s'il est lié.
Dans ma collection de textiles, il m'arrive d'isoler un fragment , et d'avoir envie d'utiliser son dessin et sa composition comme point de départ.
Le plus simple comme dans ce début de série intitulé "Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre", c'est le tissu métamorphosé. La tendance actuelle est plutôt de le faire avec force peinture et teinture, ce qui certes est intéressant, mais pour moi , l'art du peintre et du teinturier sont connexes à l'art des fils et du tissu qui constitue, lui; ma valence d'élection . Je ne m'interdis pas de le faire, mais j'essaie d'abord de transformer par la broderie et les méthodes "classiques" de mon art. Je cherche une réécriture de l'étoffe, en gardant tout de même les caractéristiques.transformation et non défiguration, donc.
Un autre abord consiste à établir un dessin d'ensemble à partir du fragment d'un motif. Le tissu d'origine est alors, en grande partie "oublié " et le travail consiste à trouver un moyen de rendre chaque élément du dessin de départ en textile (application, broderies) etc.
D'autres fois, le motif lui même est découpé et réinterprété de diverses manières sur un fond avec présence d'un fragment du tissu d'origine, tel quel, intégré ( le petit rectangle en bas à gauche)
D'autre pistes seront développées dans d'autres articles ...à suivre donc.
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cahier de technologie - publication début
- Le 07/08/2016
- Dans petits trésors
Comme promis, j'ai commencé de retranscrire le cahier de technologie évoqué au billet précédent.
Les articles sont dans la rubrique Articles divers : (descendre l'ascenseur ...)
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Cahier d'élève en technologie textile (années 1929-1931)
- Le 02/08/2016
- Dans petits trésors
Dans ma série Petits Trésors, je présente ici ma dernière trouvaille : deux cahiers datant des années 1929 à 1931, contenant un cours manuscrit pris par une élève de seconde industrielle,corrigé et noté par son professeur . Excellente élève si on en juge par les notes et le peu de fautes d'orthographe ! Sans compter l'élégance des écritures ...
Les deux cahiers ne se suivent pas , mais ce que je possède est suffisamment riche et complet pour se faire une idée de l'industrie textile à cette époque qui m'est chère car ce fut la jeunesse de mes parents, qui se sont mariés en 1929. J'ai retrouvé au passage des noms d'étoffes évoqués par ma mère, qui les connaissait très bien - cette science faisant partie alors de ce qu'on nommait "économie domestique" - et notamment le Tobralco.... et beaucoup d'autres.
L'intérêt de ce document, outre de donner une idée dont la technologie textile était enseignée à l'époque , est aussi d'en expliquer très clairement les matières et les modes de fabrication. On y apprend beaucoup si on lit attentivement. C'est très différent des autres catalogues d'échantillons commerciaux que je possède de la même époque, et quasiment complémentaire.
Mais le merveilleux de la chose c'est les échantillons -il y en a des centaines - certains en mauvais état , certes, que j'ai dépoussiérés délicatement et placés sous un tulle de protection , mais la plupart encore très frais. Taches de colle aussi , bref c'est comme on dit "dans son jus" .
Outre les tissus on trouve aussi ce qui les complète et est utilisé dans la couture ou la chapellerie et l'art de la fourrure. Ames sensibles s'abstenir, à l'époque personne ne se préoccupait de "sensibilité animale" , et encore moins de préservation des espèces . Il n'y a pas d'échantillons de fourrure naturelle, mais plusieurs pages consacrées aux différentes sortes de cuirs.
Dans les matières utilisées dans la décoration , on croise le celluloïd -que les anciennes ont connu -j'ai eu une poupée en cette matière- et la galalithe, issue de la caséine de lait, d'où son nom (gala signifie lait en grec ancien et lithos pierre ).On notera aussi que l'usage de l'ivoire ne semble pas un crime, non plus , mais que l'ivoire végétal existe déjà .
Des pages aussi très intéressantes sur les dentelles et le passage du manuel au mécanique (et la farouche concurrence, à cet égard , les modèles qu'on se "piquait" , déjà !) .
A ce point que, si j'ai le temps , je me propose de retranscrire ce qui est manuscrit et de publier l'essentiel de ce livre-ci -avec photos de l'original, bien sûr -, au moins ce qui concerne le textile à proprement parler, dans une série d'articles, parce que je trouve qu'il possède un intérêt réel pour toutes les personnes qui ont une passion pour le tissu qu'elle soit scientifique, historique ou artistique .Cela pourra se faire dans les mois suivants. pour la transmission, comme on dit .
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Selmy Accilien, un poète haïtien
- Le 21/06/2016
Exceptionnellement, je présenterai ici un poète, que j'ai eu la chance de rencontrer-virtuellement, comme on dit- et dont les textes m'ont beaucoup remuée. je partage avec vous cette émotion ...
Selmy Accilien , une âme et l’univers.
Lorsque j’ai lu un poème de Selmy Accilien pour la première fois, en Décembre 2015, j’ai eu tout de suite conscience qu’il se passait en moi quelque chose d’inhabituel .
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Plongée en apnée tout d’abord dans un univers , à la fois matériel où faune et flore sont si présentes qu’on croit sentir et toucher constamment tous les éléments évoqués ,qui ne le sont pourtant que par rapport à une âme qui les fait sa propre chair. « L’épiderme de laurier-rose » ou « je suis un chiendent d’herbivores » et le « vent des mots » évoqué par le poète haïtien alors nous emporte au cœur d’autre chose qu’un décor qui serait,pour nous, exotique .
Il y a une assimilation quasi constante de cette âme à cet univers à la fois réel et rêvé. Et moins rêvé qu’évoqué puissamment.
Les images recèlent toujours une profonde originalité et surprennent le lecteur par une sorte de choc constant du concret et de l’éprouvé , on songe parfois à des collages mais moins surréalistes que symboliques.
Quand on lit Sur la tige de l’amour, on a conscience d’une force essentielle qui amène les mots , d’un contact avec un être qui s’éveillant, ébranle le monde. Ce n’est pas si ordinaire, cette puissance d’évocation, ce souffle, sans grandiloquence aucune, qui ne viennent ici d’aucune rhétorique, d’aucun procédé, mais du profond d’un être qui sait trouver en lui cette dynamique et la métamorphoser en mots, en expressions justes. Un peu comme une montagne qui surgirait de terre dans la simplicité de son irruption.
Mais ces poèmes sont aussi des poèmes d’amour et de désir . . Jalonnée de prénoms de femmes aimées , évoquées chantées et même « incantées », infusées dans une ardeur tendre ..
Ton sourire est une brise inédite
Tatouant ma peau d’un baiser extatique
Le désir se dit sans ambages, mais sans crudité provocante, la tendresse est derrière chacun des mots :
L’alose aura envie de ton ventre velouté
Pour une natation sublime
Ma langue attendra le couloir de tes seins
Pour un voyage éternel
Pourtant tout le recueil est aussi empreint d’une souffrance, mais pas d’une souffrance romantique de convention , celle de quelqu’un que le malheur et la tragédie de sa famille et de son peuple ont touché, souffrance aussi des incompréhensions du monde et de l’amour.
Oui je couds
Je cours mort
Il est vrai que le vent m’emporte en exil.
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A travers cet univers, est souvent évoqué l’appel d’un autre monde , le désir d’un départ.
Je t’emmènerai là-bas
Où les outardes étendront leurs ailes
Rien non plus de statique dans ces textes : tout se transfigure, et le lecteur à l’impression étrange d’un texte d’animation, comme il existe des films d’animation (anima étant le souffle vital qui donne la vie et le le mouvement )
Sur la tige de l’amour
J’ai vu des rouges à la place des noires
J’ai vu des blondes la place es brunes
Le texte convie à cette mouvance, à ces émotions diverses et essentielles .Laissons-nous porter !
Jacqueline FISCHER
Selmy Accilien Sur la tige de l’amour, Quand le temps est en vertige éditions du Pont de l’Europe. Pour acheter le recueil : editionsdupontdeleurope@orange.fr