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  • Poésie- 2 Poésie et hermétisme

    • Le 06/05/2016

    Je pense qu'il y a des poésies différentes comme des arts différents. Ou plus exactement des voies différentes et un choeur composé de plusieurs voix.

    Pendant très longtemps la poésie a été confondue avec sa forme en tant que  genre littéraire, et pour beaucoup encore, qui pratiquent "naïvement" faire un poème c'est écrire un texte rimé, parfois- trop souvent-  ce n'est que de la versification. Il y a le paquet cadeau, mais à l'intérieur c'est parfois vide.

    A l'inverse beaucoup de personnes disent effectivement se détourner des formes modernes et contemporaines de poésie parce qu'elles n'entrent pas dedans: le poète écrirait pour lui seul et un petit groupe d'initiés qui posséderaient les codes, ce qui la rendrait élitiste au mauvais sens du terme Ce n'est pas mon avis, je précise!

    Comme pour l'art contemporain et l'abstraction : on ne peut pas toujours décrire un tableau abstrait par rapport à une réalité tangible  on ne peut pas expliquer certains poèmes par rapport à une logique basique. C'est même le contraire puisque tout, dans les deux cas, invite à un basculement des  valeurs réalistes et  pragmatiques, c'est à dire à abandonner ces deux exécutions sommaires des réactions premières :

     cela ne représente rien (parce  que je ne vois rien) - cela ne veut rien dire (parce  que je cherche à comprendre) .

     Je n'ai à cet égard qu'une expérience personnelle à partir de laquelle je me défends de généraliser.

     Il m'a semblé quand j'écrivais que tout ce que  je disais en poésie venait d'ailleurs. Il m'a toujours semblé que la poésie était un langage (des langages) à l'intérieur de la langue et ce même quand je lisais des textes écrits dans  d'autres langues. Le latin par exemple disposait d'un double vocabulaire poétique et courant. Mais quand je parle d'autre langage je veux dire que l'hermétisme n'est problème que pour qui chercherait à traduire. Si vous voulez la poésie comme l'art et comme l'amour défie les explications (les clés) et les commentaires (la glose)

    Plus on essaie d'expliquer, plus on s’égare –mais les errances mêmes ont intérêt !- et pourtant comme c'est riche, complexe et sujet à interprétations multiples on ne cesse de le faire...et on a raison, sans doute (c'est un moteur pour la réflexion, aussi) . elle met en route et peu importe où on va !

    Oui j'ai écrit des textes que je ne peux pas expliquer ni m'expliquer (et j'en écris encore), mais il faut lorsqu'on entre en poésie ou dans un  poème laisser à la porte ses vieux réflexes cartésiens. Sinon on reste dans l'extériorité et dans le formalisme.

    Le poète n'est pas obscur par désir d'être obscur il l'est par nécessité : se dire qu'il l'a dit ainsi parce que pour lui à cet instant-là ça ne pouvait se mettre en mots, sonorités, images que de cette façon-là.

    Qu'on lise ou qu'on écrive il faut accepter de se bouger ailleurs , pas une question de comprendre mais de sentir comme on  éprouve par exemple un tableau, ou mieux une musique. Pas forcément à cause du rythme des images et de la musique des mots mais un peu grâce. de tout cela . On peut commenter une musique quand on est musicologue mais le ressenti de la personne qui l'écoute comme celui du musicien qui l'a composé est rigoureusement indicible. Et la part de  création est aussi dans ce champ-là.

     De cet indicible la poésie hermétique (ou perçue comme telle ) se fait trace.

     Je pense qu'il faut distinguer cette difficulté des poésies qui ne s'ouvrent pas à un sens rationnel de celle des textes de fonds à tendance philosophique qui eux sont ardus et nécessitent des bases, des connaissances. Là il n'est besoin d'autres connaissance que celle de sa qualité d'homme.

    Pas même besoin d'initiation les mots les rythmes les associations d'images de sens d'idées vous portent et même si on ne saisit pas tout c'est assez parfois pour produire émotion et même bouleversement. Il faut y arriver sans préjugés plus difficile à obtenir, nous sommes tous formatés autrement !- Nous marchions : il faut apprendre à voler alors que nous n'avons pas d'ailes.

     La poésie dite hermétique nous met dans un autre état de conscience non rationnel; on joue le jeu ou pas...

  • Les mythologies intérieures

    • Le 05/05/2016

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    Il y a quelques semaines, j'ai décidé de faire imprimer ce recueil de textes écrits sur une longue période de ma vie, et dont j'explique que c'était des histoires que j'aimais à me raconter avant de m'endormir. On dira : sans prétention littéraire , si en avoir c'est prétendre à révolutionner la manière d'écrire ... C'est mon livre le plus long -en nombre de pages - Quelques-uns de ces récits ont été écrits pour mes enfants et tous sont enchâssés dans le dernier la Bienveillante.

    Il me reste quelques exemplaires - même un faible tirage un auteur pas  vraiment reconnu a du mal à l'écouler - sans doute en vertu de l'idée  qu'on a que si le texte n'a pas un vrai éditeur, il serait, alors médiocre. Je puis le dire : je n'ai pas cherché d'éditeur.

    Donc si d'aventure, quelqu'un passant ici avait envie d'en lire plus que la "bonne feuille" que je publie ci-dessous, et qui est un travail numérrique hoprs-texte .qu'il m'écrive sur chiffondart@aol.com. Le prix du volume est le prix coûtant    plus frais d'envoi 10 euros pour 300 pages environ ...de lecture dépaysante, je l'espère.

     

     

    Myth goth1emb2

  • les cahiers de la femme-aiguille

    Cahier d elaboration 1 jacqueline fischer

    Le premier cahier

    Couverture image numérique créée par l'auteur d'après un dessin personnel .

     

    A l'été 2015, quand j'ai commencé à recevoir quelques visiteurs à la salle des machines, les questions posées  m'ont donné envie de rédiger, a posteriori, ces cahiers d'élaboration. Depuis que je fais du patchwork, je prends des notes, je compose et modifie mes plans et dessins, je prends aussi parfois des photos des "chantiers". Le but au départ était surtout de me repérer dans les  nombreuses surfaces que je mets en route en même temps.  Et puis lorsque j'ai travaillé pour des revues, de retrouver les cheminements pour rédiger des explications techniques. lesquelles, je le précise font partie de ce que je nomme la genèse, un peu un travail d'architecte, à ce stade. Mais il n'y a pas que ce travail-là,  il ya aussi- et surtout-  celui qui vient des envies, des désirs, des bouffées d'inspiration, des matins où on se lève en se disant "et si je bâtissais avec ..telles ou telles étoffes". Etoffes et pas forcément "couleur". Les motifs, les styles sont aussi essentiels et cela le public l'ignore puisque les analyses en France sont inexistantes   sous ce critère . Forcément : à part quelques spécialistes d'histoires des tissus,  qui ont surtout un regard  scientifique sur la matière , personne ne pose le tissu comme medium en ce qu'il est,toutes caractéristiques comprises,  y compris les motifs qui font "trop patchwork" et  sont considérés comme un écueil à l'expression artistique en vogue surtout en période de minimalisme  dominant. C'est un cahier d'artiste qui étudie son medium, avec  passion et précision;  ..Ici, dans une optique d'assemblage  de mise en juxtaposition. non pas chercher "ce qui va ensemble" surtout si déjà on a acheté du pré-assorti, mais ce qui  s'harmonise dans cette surface-là, osant le trop, la dissonnance. Pas la tarte à la crème des bons goûts convenus, mais pas non plus la transgression pour le plaisir de transgresser . C'est immature, dans les deux-cas, à mes yeux . Non  : des cheminements, des essais des épreuves , des échecs aussi .    Tout ne prétend pas être réussi si tant est qu'en art ce mot ait un sens !   .

    Le cahier tient compte aussi des modifications au fil des mois -et parfois années.  Il indique aussi où le quilt ou le tableau textile  se trouve et dans quel état quand il existe toujours.Cahier d elaboration 3 jacqueline fischer

    Elaboration du quilt Sésame ouvre-toi qui changea de disposition plusieurs fois !

    La source qui n'est pas le modèle -voir cet article pour la différence - est aussi indiquée.  En milieu patchwork , j'ai constaté, encore et encore, que la différence n'est pas bien établie, qu'on laisse toujours croire qu'on a "tout" fait alors que ce n'est pas le cas ,ou que si  c'est le contraire, on ne le dit pas non plus, toujours acceptant de dévaloriser alors son propre travail de création pour ne pas chagriner peut-être ses camùarades de clubs ou d'atelier.    .    De toutes façons, quand la source est du géométrique dit à tort traditionnel; on estime dans les milieux de décideuses ès patchwork et ès art textile ce depuis presque 15 ans,  que c'est surtout de la couture. . La géométrie en "carrés" condamne à cela .Ce serait  du "traditionnel" sans imagination, forcément "américain"  etc.Donc on ne pourrait briller que par une exécution parfaite. Je m'opppose à cette conception du patchwork fondée sur les géométries régulières depuis que j'en  fais !

    C'est donc aussi  pour distinguer ce que je conçois et crée de ce qui est copié et juste fabriqué ou interprété. Ici même si dessin de carré en noir et blanc sont souvent le point de départ (quel artiste n'en a pas ?  )

    Cahier d elboration 4 jacqueline fischer

    Elaboration du quilt Jours de fête qu'on peut voir sur  ce site

     

    Quelques ouvrages sont des interprétations et c'est signalé, comme sur ce site. La majorité -plus d'une centaine- a demandé donc ce travail d'élaboration personnelle  . Et si une inspiration est dominante, elle est signalée, comme je le vois faire à mes amis artistes , sans que cela les empêche d'exposer ou d'être reconnus. Chez eux on parle de "filiation", mais elle est alors reconnue .Sinon on appelle cela tricher.

    Ce travail témoigne de ma création, et l'intention est aussi, à présent et de plus en plus, de montrer au public  les coulisses     d'un art très méconnu et très rarement montré sous cet aspect-là , même si ce mot public peut faire sourire pour mes queqlues visiteurs -ils ne sont pas moins importants qu'un grand nombre anonyme!

    J'incite toutes celes qui créent réellement à faire de même . Il est vital pour notre art que toute la partie élaboration conception quand elle est personnelle ne soit pas occultée par la virtuosité technique qui nous relègue dans le  ghetto soit loisirs , soit artisanat uniquement reproductif . On voit mieux  dans de tels cahiers si la personne est capable de composer par elle-même. après que ce soit jugé original , artistique ou pas est une autre histoire, mais il faut comprendre quje sans travail de conception personnelle point d'art au sens actuel (et non contemporain!) du terme.  Toute création n'est pas art, mais on admet qu'il ne saurait y avoir art sans création.

    Je sais,  je l'ai déjà dit, maintes fois,  mais tant que je ne serai pas davantage entendue , je m'obstinerai ....

    Cahier d elaboration 2 jacqueline fischer

    Elaboration du quilt Y'a de la joie

  • Analogie ou la théorie des tas

    • Le 27/02/2016

    Texte tas 2

     

     

    Souvent quand on me demande comment je fais, comment je crée, je reste dépourvue.

     Comment je fais avec les mots, comment je fais avec les morceaux d'étoffe, comment s'élaborent mes images numériques.On attend des recettes, des procédés et  je ne peux pas en fournir.

    Pour moi c'est invinciblement, irrémédiablement entre ces trois valences le même ressenti, même si pour  quasiment tout le monde, non. Je ne peux pas empêcher les gens de cloisonner de dire : la poésie c'est "intellectuel" le patchwork " c'est  "manuel". Et les images numériques ce serait "artistique" . Je veux bien.

     

     Donc ce que je fais, c'est des sortes de tas. Des amalgames, des rencontres, des télescopages.

     Se confronter à une matière, une sorte de magma qui résiste, sans  cette force d'inertie   contre laquelle il faut lutter, commencer ne serait même pas envisageable.Des amas de mots que je dépose quand et comme ils me viennent et à ce stade surtout s'empêcher de contrôler quoi que ce soit. Des tas d'étoffes et là aussi j'en mets autant qu'il m'en  vient à la main,  je mets vraiment tout ce que je veux y mettre. Rien de plus, rien de moins. Deux étoffes ou mille.

    Tout sans frein aucun.

    Pour les tissus cela veut dire : les soies et  les étoffes simplettes, pour les mots oui même ceux qu'on peut juger vulgaires. Faire du beau avec des jolis mots que tout le monde va trouver poétiques oui, mais avec les autres aussi. Un mot ne me vient pas parce qu'il est poétique :  il vient de ce magma. User de tissus "nobles" oui -la serpillière pour faire art brut , on sait ce que  j'en pense!- mais aussi oui la toile de jute ou le jersey de coton. Pas obligatoirement l'un ou l'autre, pas obligatoirement l'un et l'autre : ce qui me vient par rapport à ce qu'à ce moment-là je ressens. Une nécessité, jamais un effet de mode ou le résultat d'un apprentissage, à ce stade, du moins.

     Et puis j'attends. Pour les textes quelques jours, pour les étoffes il peut s'agir de mois ou d'années car un textile  - on l'oublie -  c'est lent à élaborer , quand vraiment on élabore. Je ne parle  pas du vite fait bien fait et que je te  prends trois tissus assortis et que je couds et que je recoupe et que je mixe, je parle vraiment d'une élaboration qui repose sur tout ce travail qui est d'âme, d'esprit et de corps. Qui implique tout l'être, même si en ce qui concerne les   surfaces textiles on n'y voit souvent que de "jolies" choses, décoratives.

     Ensuite il y a ce moment capital où on écoute le rythme et où on regarde les visions. Ce qui parle parce qu'on a écouté, en soi et hors de soi, ce qu'on voit parce  qu'on a regardé en soi et hors de soi , aussi. Peu importe d'où c'est venu : c'est là et ça appelle, ça demande qu'on agisse pour exister.C'est le plus magique de tous  les moments car là, tout s'organise, presque sans qu'on intervienne, du moins juste assez, mais pas trop. C'est ce que  j'appelle être "exacte" ou "créer "juste". Bien entendu je ne prétends pas y parvenir.

    Savoir être en attente, en éveil, en accueil.
     A ce stade c'est vrai j'élimine beaucoup, mais je ne m'interdis pas de rajouter non plus. C'est moi qui sens parce que c'est moi qui signe le travail, le texte, l'ouvrage. Et qu'on ne me dise pas que c'est un manque d'humilité. Pour moi le manque d'humilité, ce serait de vouloir me faire chef d'une école, chercher des imitateurs pour cautionner mes choix. Comme si l'art était une religion ou parti politique, qu'il y ait une ligne unique à suivre!

     Pour moi c'est résolument entre soi et soies à ce stade. Ensuite c'est à offrir à la vue de tous ceux qui le veulent bien. Car c'est toujours tendu vers... cherchant le regard de ... et quand je le trouve c'est un moment de bonheur parfait parce qu'il est un instant au moins partagé . N'aurais-je eu "que" cela, c'est pour moi plus immense qu'une reconnaissance artificielle, mondaine et convenue, de personnes qui aiment parce qu'on leur a dit que ça vaut!

    Et parfois j'aime le dépouillement et parfois j'aime la profusion et j'aimerai qu'un diktat esthétique en vigueur  ne réduise pas son inverse à quelque chose de  forcément "mauvais" ou  de moindre valeur.

    Quand j'ai envie de blanc, de dépouillé de presque rien qui dirait tout, je le fais, mais quand j'ai envie de m'enfouir dans une profusion de couleurs  , de feuilles, de fleurs, de formes, où le regard  se perd et trouve mille chemins, je le fais. J'aime les deux, mais différemment et je ne vois vraiment pas pourquoi une partie de moi serait sans cesse obligée de renier l'autre. Et pour les mots il en est ainsi :il n'y en a pas trop ni pas assez : il y a eux qui viennent chanter sur le rythme pour traduire ce qui est à exprimer.

    La poésie pour moi n'est non plus écrite pour enjoliver la vie mais pour faire surgir  de ce magma du langage tout ce qui se refuse à se dire. Et sachant une fois pour toute que dans un cas comme dans l'autre on n'y parviendra jamais ; Il ne s'agit pas de "réussir" , de fournir un texte bien léché, mais d'arriver à un état que je considère toujours comme un "essai". Rien qui soit à mes yeux , accompli. C'est pourquoi je ne cherche aucunement la perfection. La mort seule peut achever totalement,  parfaitement  quelque chose.  Un essai qui laisse comme une attente, un espoir qui relance vers une autre envie un autre désir ce qui donnera un autre texte, un autre textile .

    Comprendre que    c'est ma chair, ma vie, mon souffle pas un divertissement pour personne âgée qui s'ennuie. Ma passion surtout pas ma patience. qu'on me pardonne mon impatience à l'égard des mots "joli travail" ou "quelle patience"devant mes ralisations rtextiles. On ne dit jamais cela à un peintre ou à un graveur , on ne ne me le dit pas non plus pour mes poésies, ni pour mes récits, même si leuor élaboration est parfois lente !. C'est voir surtout l'échafaudage quand j'aimerais  tant qu'on sente jusqu'aux fondations. Je pense écrivant à cette phrase de Brigitte Fontaine :  "je veux qu'on m'aime pour mes os"

      Il faut que je dise ici un mot du minimalisme qui semble règle en vigueur aussi bien en textile -par le biais des Modern quilts- qu 'en poésie avec la vogue des formes courtes qu'on veut denses. Le fameux "less is more" .

    Pour moi  "more is more", tout autant , seulement il faut changer ses oeillères quand on regarde, se déformater. Sinon on s'aveugle volontairement sur tout un pan de la création. Une esthétique n'a pas à phagocyter une autre, ou à la piétiner pour se rehausser,  tout peut se poser en harmonie et le contraste même violent est aussi source d'harmonie et surtout de relief.  En musique on peut aimer Mozart, le jazz et le métal etc.

     Je voudrais dire aussi que pour moi le minimalisme c'est quand on regarde ou lit  et qu'on sent un plein dans le dépouillement même. Une plénitude même. pas un vide bourré de clichés pour faire simple. On n'a pas à vouloir faire simple : simplicité ou complexité doivent d'abord s'imposer d'elles-mêmes.Partir de l'oeuvre telle qu'en soi elle existe déjà.

     Bien sûr ceci n'est pas un art poétique- artistique, c'est  un parcours, une réflexion.Une expérience pour le partage. Pour qui en veut .

  • pourquoi je reste amateur

    J'aimerais expliquer ici que je considère pas le moins du monde mes activités de création comme un loisir ou un moyen d'occuper le temps de ma retraite - choses que je m'entends souvent dire- je suis  quasiment forcée   de rester amateur, avec cette connotation d'amateurisme, si péjorative.

     D'abord  en France on fonctionne au diplôme, et même si je me voulais artisan d'art, je n'aurais pas le droit de décider que je le suis, même si je suis capable de créer des oeuvres ainsi,

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    pour une revue de Broderie d'art , notamment. Il me faudrait une formation certfiée, diplôme etc . Il n'est pas question, sachant tenir une aiguille et broder depuis que j'ai sept ans, que j'aille repasser des examens ...  De plus je brode comme je couds non en  vue d'une perfection technique normée et évaluable, mais comme un peintre peint pour m'exprimer avec des matières. Et cela, à mon avis ne s'évalue pas; professeur, je refusais de noter les poèmes de mes élèves. L'art et la poésie sont des langages non rationnels, qui ne se  jugent pas  sur de tels critères., même si tout ne se vaut pas ! Du reste, il n'existe pas de diplôme de poète ou d'écrivain. Et pour moi, broder, assembler et écrire sont expressions multilples d'une  même inspiration. Que les lois , moeurs et coutumes des hommes les rangent sous telle ou telle étiquette : je me sens profondément en marge de tout cela, c'est une des conditions de ma liberté de créatrice.

    Je passe aussi sur le coût d'une formation reconnue en école privée  comprenant celui d'un hébergement éventuel loin de chez moi,  ou de stages "prestigieux" avec artistes reconnus. Je n'en ai ni le temps, ni le goût, ni les moyens et surtout j'apprends mieux seule un livre ouvert ou plusieurs et expérimentant, mêlant, me trompant et  découvrant plus dans certaines de mes erreurs, qui ne sont qu'expérimentations et errances, essais, que dans une soi-disant discipline imposée de l'extérieur par quelqu'un qui a sa propre vision des choses.ne coïncidant pas forcément avec les miennes propres. et sauf à me prouver que les miennes vaudraient moins , elles sont essentielles pour moi. Si souvent j'ai eu l'impression qu'on me demandait pour me "former" d'être autre que ce que je suis et de me conformer à !

    Quant à mes compétences côté   assemblage de tissus et patchwork, j'ai appris en autodidacte, mais à partir d'une formation de couture que les femmes de ma génération ont toutes suivie à l'école, renforcée par le fait qu'étant issue de ce qu'on nommerait aujourd'hui un milieu défavorisé, je cousais moi-même ma garde-robe et souvent, dans des tissus de récupération! . C'était peut-être sexiste d'apprendre aux filles à coudre, mais plutôt que de ne plus  le leur apprendre, au nom de ce féminisme mal compris  que ne cautionnerai jamais, on aurait mieux fait d'étendre cet apprentissage aussi aux garçons.Tant qu'on considérera que  les  domaines où les femmes excellaient (déjà en  prétendues amateurs!) ne valent que pipeau ou pipette, on n'avancera pas d'un  iota dans une véritable égalité.   Là encore un CAP de couture ne me servirait à rien : pour moi, le patchwork, tel que je le pratique, n'est pas essentiellement de la couture mais de l'assemblage :  je revendique depuis les débuts le droit de le faire échapper aux diktats des dames qui justement y viennent parce qu'elles aiment coudre et ne savent pas à quoi employer leur temps libre.  Leur manière de procéder n'est pas la mienne, je la respecte , mais j'aimerais bien qu'on comprenne que je ne ferai jamais comme cela.J'ai su faire des robes , et je l'ai déjà dit, je n'applique la norme de finition qu'aux ouvrages utilitaires. Quand on me demande un gilet il est réversible et doublé dans les règles de l'art -ce qui est loin d'être facile! , mais je n'ai pas envie de passer ma vie à cela.

     

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    Je n'ai pas fait les Beaux-arts, mes arts à moi n'étant pas nobles  et du reste peu enseignés en dehors d'une optique pratique ou d'arts dits appliqués -ce que je discute comme on le sait- (même celle prestigieuse de broder ou d'assembler pour la Haute-Couture je me suis formée par le regard, et le coeur en observant les oeuvres des autres, et partout formes, couleurs et matières , ce que j'admire : c'est là mon école. Ce n'est guère suffisant même si depuis des années j'observe,je réfléchis, je collectionne, j'annote, je compose. Mes  carnets en attestent.

    .Je travaille sur mes arts -et j'y compte la littérature , entre cinq et huit heures par jour, quand je le puis. Mais je ne  suis qu'amateur!
    Le grand problème on l'aura compris c'est aussi l'argent : tout ce qui ne saurait en rapporter est jugé nul et non avenu. Triste façon de considérer une oeuvre ! Oui triste pour ceux dont le regard est obscurci par ce préjugé !

     Ensuite si d'aventure on voulait bien m'accepter, côté administratif,  comme "amateur ayant le droit de vendre occasionnnellement"  , je devrais au minimum tenir -me dit-on un registre comptable avec mes fournitures  dépenses et recettes - comment fais-je pour un quilt qui comporte parfois pas moins de 600 à 2000 tissus différents ?   Je compte comment ? PourR certains achetés certes, mais pour beaucoup échangés ou récupérés chez des brocanteurs qui ne fournissent pas de facture  pour quelques  vieux chiffons dont il se débarrassent -mais qui ne sont pas gratuits pour moi, cependant.  Si on admettait des frais estimés , côté impôts, ce serait possible, mais las nous sommes en France  pays tâtillon s'il en est, à cet égard. les factures font seule foi .. Je veux bien que ce soit pour contrôler an cas d'abus.. Et je comprends aussi que mon cas est trop particulier pour être pris en compte , un peu comme si j'avais une maladie d'artiste orpheline ! Il faut faire nombre ,pour faire bloc , et je suis seule. Je ne m'en plains pas : je veux l'être, c'est aussi une condition de ma liberté.

    Quant aux images numériques, nous sommes là dans quelque chose qui paraît encore nouveau -ne l'étant pas tout à fait- . je passe sur tous ceux qui y voient une facilité. Soyons francs, c'est vrai, les logiciels peuvent compenser mes incapacités  en dessin dit d'art -surtout si ce dessin se réduit à l'imitation exacte de la réalité - mais maîtriser un logiciel et en user de manière à s'exprimer avec ses nombreux paramètres, demande aussi des heures d'investigation, de recherche de travail . Ce n'est pas de "l'automatisme" à preuve j'ai rarement vu  deux artistes  numériques produire des oeuvres vraiment ressemblantes, tant justement les possibilités d'expression sont avec cet autre outil, variées .Je pars d'un écran blanc les matrices que j'utilise, pour les métamorphoser sont les miennes. Il arrive que des pros me demandent mes "trucs" mais je ne suis qu' amateur. C'est peut-être le seul domaine où je pourrais (peut-être) avoir existence officielle : là je peux tenir une comptabilité sans trop de mal . Mais je me refuse à n'exister que partiellement, amputée de mes autres valences . Pour moi, cela n'aurait pas de sens.

     

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     Retraitée- partielle!-  je ne peux m'inscrire officiellement  comme si j'étais artiste essentiellement et en faisant mon gagne-pain et cotisant pour une retraite future. Un artiste n'est du reste jamais à la retraite : il crée jusqu'à son dernier souffle de vie, tant qu'il le peut.

    De plus  si j'ai commencé mon "plein temps" artistique à l'âge de 52 ans, c'est bien avant que je créais .En fait, depuis toujours. Certes dans certains domaines, je suis artiste récente -mais déjà frappée de  "sénilité". Sexisme et âgisme  sont aussi souvent mon lot quotidien.Evidemment pas de la part de tous. Reconnaissance à mes amis hommes et femmes souvent  artistes d'arts semblables ou différents qui veulent bien me tenir pour une des leurs. Pour moi c'est immense ! c'est ce que je nomme ma bouffée d'oxygène.

    J'ouvre ici une parenthèse : je n'ai pas de jalousie, ni même d'envie envers les artistes qui eux peuvent se déclarer et fonctionner "légalement' . Je ne méprise pas leur formation. Au contraire . Mais je rappelle  qu' il en est d'autres, la mienne j'ai expliqué comment elle s'est faite," l'école d'art "pour moi continue tous les jours via livres, rencontres, discussions , interrogations;. Ce n'est ni mieux, ni moins bien, c'est autre chose.

    En littérature c'est encore mieux; je suis professeur de Lettres, mais figurez-vous c'est un handicap, face aux modes actuelles qui voudraient que forcément un ex-professeur  écrive uniquement conditionné par l'Université ... et mon écriture manquerait de spontanéité -forcément je serais scolaire (tout ça affirmé , le plus souvent, sans m'avoir lue bien sûr!) . J'ai écrit bien avant d'être professeur et quand je fais quelque chose, j'y mets toujours toute mon ardeur, mes exigences à l'égard de la vision que j'en ai et que je n'atteins jamais .

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    Enfin je ne crée pas essentiellement pour vendre . Je comprends que d'autres le choisissent :  un artiste ne vit pas de l'air du temps! Mais j'ai mené ma vie selon ce choix : me réserver en fin de vie une période dont j'ignore la durée, et qui serait réservée à mes vocations vitales sans dépe,dre financièrement de cette activité.

     C'est pourquoi je dis que je construis  une oeuvre et pas une carrière. je veux créer, et non produire.

    Ce que je saisis mal, c'est pourquoi ce choix-un peu forcé aussi par les circonstances et les réglementations en vigueur- dévaloriserait ce que je fais.

    Si c'était officiel et professionnalisé serait-ce mieux ? Pour ma part j'en doute.  Je ne regrette pas mon choix, je regrette le regard habituel sur les "amateurs" toujours un peu méprisant ou condescendant.

    Alors voilà  :je suis amateur mais pas dilettante. Mon oeuvre c'est plusieurs centaines de pages d' écrits, des centaines d'oeuvres textiles et d'images numériques tout cela créé sur plus de quarante ans. La quantité ne fait pas forcément la qualité, mais sur ce site, on peut quand même en juger sur quelques pièces! Et j'ai obtenu comme on dit des "retours" . Comme une pro !   Mais je reste un rien complétement négligeable,  parce que je  ne veux et ne peux légalement suivre les voies dites normales de "promotion- exposition- vente" etc. Un rien, appartenant déjà et avant moi à la nuit de l'oubli et du temps. Partageable difficilement, au compte-gouttes -mais chaque goutte est pour moi nectar !
     Ce n'est pas un regret,  c'est une explication,un témoignage,  une constatation d'un état de faits. Dont je suis en partie responsable, par mes choix. Si tant est que j'ai choisi d'être inspirée de cette façon-là !Mais qui d'un autre côté m'est imposé : il faudrait que je renie ce que je suis et ce qui fait le sens même de mon travail pour qu'il en soit autrement.

     

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  • La tapisserie à l'aiguille

     

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    Luxuriance tapisserie sur toile aïda

     

    Pour moi la tapisserie à l'aiguille, ça a longtemps été synonyme de canevas, imprimé en couleurs qu'on remplissait au  point de croix ou au demi-point en laine ou en coton retors. J'avoue que ça ne me plaisait pas trop, comme tout ce qui ne requiert aucune imagination, juste du "remplissage".Ce qui ne veut nullement dire que je méprise les personnes qui aiment à se détendre par ce loisir!

     Dans les années 70, beaucoup de personnes  de mon entourage, y compris  quelques hommes, entreprenaient pour décorer leur intérieur,  des tapisseries vaguement inspirées de Lurçat pour les plus "contemporaines", ou alors des tableaux de genre, paysages,portraits, scènes de chasse. Les journaux féminins et notamment Modes et Travaux proposaient des modèles, souvent de belle taille. Souvent elles finissaient non terminées au fond d'un tiroir. J'ai à cette époque réalisé deux petits panneaux format A4, sur le dessin original d'une amie et l'autre sur un "carton" de mon  mari.

     Autre emploi fréquent : recouvrir les fauteuils et chaises.Là aussi on trouve de nombreux modèles dans les revues, le tapissier lui devenant alors plutôt chargé d'ajuster ces réalisations sur les sièges.

     

    C'est en cherchant autour de la manière d'obtenir du relief en broderie que je suis tombée, dans les encyclopédies que je possède sur une bonne centaine d'autres points que les deux les plus usités.

     Alors l'envie m'est venue aussi d'en  savoir un peu plus en explorant à la fois du côté histoire, et du côté points et emplois de ceux-ci dans une optique de création et non de simple remplissage. Je n'ai pas encore été très loin côté réalisation des idées que j'ai engrangées, au fil de mes lectures, mais je tiens à partager ici ce voyage en tapisserie à l'aiguille.

    D'abord je me suis demandé pourquoi ce mot de tapisserie, puisque pour beaucoup la tapisserie c'est tout d'abord du tissage et qu'historiquement la tapisserie tissée a précédé celle sur canevas brodée à l'aiguille, même si l'art de la broderie est souvent jugé antérieur à celui du tissage au motif qu'on brodait déjà sur des peaux, des écorces ...Et tout tissage n'est pas tapisserie.

    D'après L'Encyclopédie Autour  du fil que je possède la première trace d'un ouvrage en tapisserie à l'aiguille  c'est la chape de Hildesheim, datant du XIII siècle, et conservée à l'Albert and Victoria Museum.

    Faisons un sort à la tapisserie de Bayeux , antérieure certes, mais brodée sur une toile sans points comptés et dont les motifs ne recouvrent pas l'ensemble de la toile, ce qui reste  les deux caractéristiques les plus courantes de la tapisserie à l'aiguille, en revanche elle n'est pas forcément réalisée sur un canevas rigide. Beaucoup de points de la broderie dite à points comptés sont utilisés en tapisserie et réciproquement, mais le point compté lui, ménage des vides des espaces dits "négatifs".


    Il  semble qu'il y ait eu un besoin d'obtenir des surfaces brodées et non tissées par  un  moyen moins onéreux en fils qu'une tapisserie ,  et aussi ne nécessitant pas le montage compliqué d'un métier à tapisser. Peut-être plus rapide aussi encore que sur ce point, cela permettait d'obtenir à un moindre coût des "copies" brodées des originaux tissés. C'est surtout à la Renaissance que cet art prend son essor, avec l'influence des tapis d'orient dont on cherche à imiter les motifs, fort prisés , avec déjà une activité professionnelle et masculine et ...une activité de loisir   plus féminine, déjà !

    La manufacture des Gobelins  fondée en 1601 en développera cette activité en parallèle avec le "vrai" tissage. Puis un peu plus tard Aubusson .Actuellement il y a des artistes spécialisés rattachés à ces deux "écoles", on vend des kits, des laines.
    Au XIX° siècle  s'est développée la broderie dite de Berlin qui a donné naissance à nos canevas modernes, exécutés cependant au point de croix et non au demi-point ou  petit point (ce qui n'est pas tout à fait la même chose ,)

    Parallèlement à cette activité de loisir et de détente, il existe de la création véritable à deux étapes : celle du carton qui s'élabore à part -et qui  peut être signé d'un peintre - et celles du choix des points à mettre en oeuvre et des fils choisis pour ce faire , ce qui constitue à proprement parler, l'art du brodeur.

     Plus encore que l'histoire de cette broderie, ce sont donc  les points différents qu'on peut y mettre en oeuvre que j'ai découverts, au fil de mes lectures dans revues et livres spécialisés .Au départ bien sûr l'idée étant d'imiter un aspect tissé on comprend qu'on ait surtout développé ce qui l'imitait le plus(le point Gobelin en st un bel exemple entre autres) . La revue Stitch déjà propose assez souvent des ouvrages sur canevas dans un  style que je vais affirmer "contemporain" même si ,me dit-on, la" tapisserie" contemporaine c'est tout autre chose encore ! En anglais on trouve pour désigner la tapisserie à l'aiguille les termes needle point, ou canvas work. Canvas c'est aussi la toile du peintre.

    On peut   donc broder sur canevas et il en existe différents types de tissages. Certains livres indiquent monofil ou Pénélope et il n'est pas indifférent de le savoir.Surtout pour les points complexes . Mais tout support tissé qui peut laisser passer des fils constituant des points peut-être considéré comme de la tapisserie à l'aiguille. Ce support donc peut-être de toile à tissage plus ou moins régulier, de toile de jute, de métal, de tissages de fils qu'on coud soi-même à la machine etc... Le point compté s'apparente sous beaucoup  d'aspects à cette tapisserie à l'aiguille - beaucoup de points dont le point de croix sont communs -  dont la particularité est sans doute  au départ, d'user d'un support plus rigide.  La visée était d'éviter aussi les déformations, d'où l'emploi conjoint d'un métier, surtout pour une pièce de grande taille.

    Je possède plusieurs livres  à cet égard

     

    Tapisserie aiguille

     

     New canwas work de Jill Carter Basford 2007 , en anglais est celui qui offre le plus de regards et d'ouvertures vers des pratiques modernes de cet art . Canevasn points,supports de toutes sortes, un nouveau regard sur des techniques adaptées de la tradition comme Hardanger et jours, perlages , ou bien encore utilisation des points décorarifs machine en préparation du canevas ou au dessus. Pas de modèles à suivre, et c'est un bien, à mes yeux!

    The Needle point  book de Jo Ippolito Christiensen  1997 -en anglais,  est de loin de plus fouillé, ardu et complet. D'un aspect austère , en noir et blanc, si on excepte les planches du milieu conscrées aux oeuvres-  il est cependant très clair et quasiment exhaustif si on veut tout savoir des qualités des toiles, fibres , et avoir des explications quasi scientifiques sur le sujet c'est le livre idéal.On y explique aussi des techniques diffciles à trouver ailleurs comme appliquer un canevas de texture différente sur un autre (un plus fin par exemple pour rendre des détails dans une zone précise)  les points sont nombreux et s'y ajoutent ceux de la broderie traditionnelle, qu'on peut tout à fait utiliser sur  ce support ou en surépaisseur. on peut évidemment créer en 3 D.

    La tapisserie à l'aiguille  de Rachel Doyle traduit en français (éditions de Saxe), 2013 .L'auteur a été formée à la Royal Needle School et c'est un gage de perfection technique !  C'est un excellent livre pour apprendre à composer, nuancer -ombrer les zones-  et ainsi bâtir soi-mêmes ses tableaux, souvent figuratifs dans le livre, et également l'ordre à suivre pour exécuter sa composition de manière à obtenir une surface nette. Le meilleur de ceux que j'ai lus pour le nuançage des fils, notamment .

     J'ai eu un coup de coeur pour 71 carrés de tapisserie aux points insolites de Dominique Siegler Lathrop et Jeannette Mougenot Editions Tutti Frutti 2013 : même pour moi qui n'aime pas refaire, on le sait , ils sont si beaux que j' ai   envie  au moins de les adapter en d'autres couleurs par exemple... . au delà les points sont très bien expliqués et c'est une mine d'idées pour bâtir des surfaces géométriques ou non. Et il est conseillé de créer ses carrés soi-même ou unités  en re-mélangeant des points. Des combinaisons qu'on trouve rarement ailleurs.

    Les auteurs ont un site qu'on peut visiter et où on peut acheter les fournitures nécessaires à l'exécution de ces carrés.

     Pour ma part, la tapisserie à l'aiguille reste un art que j'ai assez peu exploré (je n'aime pas compter les fils... ) mais il n'est pas exclu que je m'y mette!

     

  • Art textile (?) contemporain (suite)

     Je continue à observer ce qu'on affirme être de l'art textile contemporain.

     D'abord le  redire; je ne mets nullement en cause ces artistes dont je vais décrire lle travail. J'ai mon appréciation sur ces oeuvres, elle n'est pas forcément négative, mais ce n'est pas ce qui est en cause.  Faute d'avoir le droit d'en montrer les photos, je les décris. .( en privé je le peux à qui me le demandera).

    Qu'elles soient de tel ou tel artiste ici ne m'intéresse pas, ici. C'est la manière dont on les classe textiles qui est l'objet  de mon questionnement.

    Une première oeuvre qui s'intitule tapisserie  il s'agit de fibres optiques juxtaposées, sur lesquelles joue une lumière couleur arc-en- ciel. Bien sûr le mot "fibre" suffit à assurer la caution "textile" .Pourquoi n'est ce pas de l'art optique ;   valence sons et lumières? Pourquoi ce mot de tapisserie qui correspond à tout autre chose ? La tapisserie  présuppose qu'on tisse ou qu'on brode quelque chose sur un support. Là bien sûr on me dira c'est la lumière qui est déposée sur des fibres . Alors quand la lumière joue dans les brindilles ou des cheveux c'est aussi du textile via le fiber art ?

    En élargissant cette notion de tapisserie au sens de n'importe quoi de déposé sur n'importe quel support qui , lui,  aura toujours une texture ou pourra se scinder en molécules , ou sera constitué de fibres  c'est du textile ?

    Je peux peindre sur mes flocons d'avoine , c'es de la fibre ce  sera de la tapisserie ou de l'art textile ? c'est une question, pas seulement une ironie.

    .A ce compte tatouage et maquillage  sont de l'art textile (support   plus quelque chose dessus !) . Somme la peau est un tissu  vivant, ce serait plus logique si cela n'a pas déjà été fait.
    et la peinture, les toiles des peintres, pourquoi alors ce n'est pas de l'art textile, à ce compte? une toile c'est tissé que je sache ... ah me dit-on mais c'est la peinture le medium . certes  je l'entends bien, mais alors dans l'art textile le medium c'est le textile ! ce n'est pas un simple support !!

     Une deuxième oeuvre est constituée  une paire de chaussures vraisemblablement en cuir d'où émergent précisément des sortes de brindilles. Là je présuppose que la caution textile vient du fil nécessaire pour assembler la chaussure et qui ne l'a pas été par l'artiste (peu importe me dira-t-on) et que les branchages peuvent représenter la fibre.ou le fil (je le répète mon assiette de spaghettis au gruyère aussi)  et puis il est vrai là il y a du concept derrière (je n'ai pas cherché lequel , mais sûr il y en a !). 

    Une troisième oeuvre montre  un plan blanc vraisemblablement en polystyrène  sur lequel des  épingles sont plantées, des épingles à tête de couleur noire et blanche  Entre certaines de ces épingles on a fait circuler un fil noir . Là c'est évident : nous sommes dans le minimalisme, j'avais bien saisi  C'est ce type de "broderie" oùon  pique quelque chose sur un support , ce qui va évidemment plus vite aussi que de broder vraiment , mais passons. c'est de l'art du fil, incontestablement et l'épingle ça fait couture, soit.

    Je pourrais, dans cet "esprit" qu'on m'en permette un peu de mauvais au passage , exposer ma propre  pelote d'épingles car au fond elle retrace dans le temps les marques d'un travail qui lui restera occulté ... et on peut aussi y trouver un concept plus approfondi côté rapport au temps et au fil. le temps est un concept commode, comme le fil on peut tout lui faire dire !

    Ma question est toujours la même : en quoi est-ce textile ?

    En quoi est-ce aussi,  plus contemporain que ce qu'on fait côté vraies étoffes tissées, brodées?

    Ah oui la nouveauté du matériau, le concept au kilomètre, en veux-tu en voilà. Je reste très sceptique sur la valeur de ces arguments. Très.


    Pourquoi ces oeuvres ont le phare de la renommée braquées sur elles en tant que summum de l'art textile ? et contemporain ?
    Pourquoi ont-elles  la faveur en tant que "textile" des musées et galeries d'art, alors qu'on nous dit à nous "surtout pas de tissu" ou "surtout pas de patchwork". Depuis quand un tissu n'est-il plus textile ? 

    Les artistes non suiveurs de modes ou courants hors-école sont-ils donc moins contemporains que leurs contemporains ? Et là nous rejoignons un problème fondamental  de l'art de notre époque.
     

     Pourquoi s'octroyer une étiquette qui ne correspond pas ?   . Suis-je donc la seule à sentir ce courant ainsi ? Je ne le refuse pas en tant qu'art, je m'insurge contre une place "textile" qui est usurpée alors que,  pendant ce temps-là les mosaïques textiles , broderies sur étoffes sont ignorées ou déclassées comme "arts mineurs" . Une promotion au stade "grand art"  est incidentelle,  après on les remet côté patrimoine-folklore (et encore en France sur la conservation des oeuvres textiles et leur mise en valeur il y aurait à dire, beaucoup. Et  à faire encore davantage.
    Pourquoi suis-je, semble-til devant le silence radio qui me répond la seule à poser la question en termes d'histoire de l'art, de la signification des mots auxquels on ne peut quand même pas faire tout dire et n'importe quoi ... même si on appelle cela" ouverture".Un peu de rigueur et d'honnêteté intellectuelle seraient très bien venues.

  • Musée des tissus de Lyon

    • Le 19/12/2015

    Au retour d'un voyage à Lyon, j'appprends que le magnifique musée des tissus et de l'art décoratif est menacé de fermeture. c'est pourtant un lieu remarquable ,  utile tant aux artistes textiles, aux métiers du textile et de la mode, aux étudiants sur ce sujet  qu'à toutes les personnes qui sont sensibles, juste, à la beauté des étoffes comme oeuvres d'art.

    Si vous voulez le défendre, une pétition est  en cours sur Change.org.