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question de regard- La salle des machines
- Le 12/10/2015
A la salle des machines, on peut ouvrir, feuilleter et regarder nombre de livres d'art et d'art textile, posés côte à côte comme les oeuvres-hélas- ne seront jamais montrées dans les musées, ni dans les livres. et parfois je m'amuse à des mises en regard .
Ainsi cette photo qui montre en haut un crazy quilt de la fin du XIX siècle et un tableau de Paul Klee, postérieur à l'oeuvre textile. Laquelle créée par une anonyme- même signée, ce serait alors par une inconnue!- et évidemment personne ne la connaît sauf les personnes qui s'intéressent à l'art textile (et encore !). la question qui se pose : l'oeuvre textile est-elle à ce point inférieure artistiquement qu'elle mérite l'oubli total, elle qui était déjà de l'abstraction ?
La deuxième montre en haut une oeuvre textile se revendiquant comme "contemporaine" par rapport à ce qui existait avant, bien sûr, des années 1990 la grande époque où il fallait sinon copier les peintres, au moins faire "dans leur esprit" pour être considérée comme une vraie artiste, remplie d'imagination, . L'oeuvre de Klee mise en regard est évidemment bien antérieure à l'oeuvre textile. Bien sûr, c'est un hasard me dira-t-on et je veux bien le croire. Une "influence" tout à fait acceptable si à la même époque on n'avait pas commencé à considérer les abstractions issues de la tradition textile comme inférieures ....(voir l'article le bonheur en lisière pour le détail de l'histoire)
Pourquoi ces parallèles ? mais parce qu'ils montrent mieux encore que l'argumentation le problème de la place de l'art textile dans l'art tout court et du patchwork à source plus ancienne -et pas forcément "traditionnelle" dans l'art textile.
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Ce que les tissus me donnent
- Le 28/09/2015
- Dans opinions
Un de mes plaisirs d'artiste en tissus assemblés , c'est justement de m'absorber en eux, de m'en imprégner . De voir ce qu'ils me donnent, tels qu'ils sont.
Ce que le tissu me donne c'est :
Des matières diverses : soie, coton , divers synthétiques . et comme je ne crée pas d'abord dans le but d'un lavage facile en machine à laver, je mélange allègrement, surtout dans les crazys qulits ou tableaux en "collage" qui, construits sur tissu de fond, permettent d'user même d'épaisseurs d'étoffes très différentes.
détail de la série Nous où les tissus sont employés pour leurs matères autant que pour leurs couleurs
Cela donc permet de jouer sur les reliefs, les touchers différents, chose qui reste plus difficile si on s'en tient aux petites cotonnades faciles à assembler, que j'aime aussi beaucoup-pour des raisons contraires .
Des types de tissage, qui permettent de jouer eux aussi sur les reliefs et en même temps ils sont motifs - ce qu'on nomme "texture"- .Mot que je n'aime pas trop quand il sert de justificatif au mépris des dites petites cotonnades ... parmi lesquelles on peut trouver piqué et gaufré voire plissé et froissé ...
Le tableau Text-ile Elément sur un poème de Jean-Marc Riquier où les épaisseurs d'étoffes et les tissages jouent leur rôle.(photo JMR)
Des motifs et des couleurs
Il existe des milliers de motifs créés par les designers spécialisés et je l'ai déjà dit souvent, j'ai toujours mélangé dans mes surfaces tissus anciens venus de vêtements , reproductions d'anciens et tissus contemporains et depuis quelquees années mes propres dessins textiles .Si on croise ceux-là avec les créations conçues pour un autre usage, on s'ouvre un champ.. Ces couleurs, ces motifs,depuis des années je les observe, parfois, je les redessine . ils m'inspirent evidemment en composition avec d'autres.
Le quilt Simplicité où unis et imprimés, soies synthétiques , tissus neufs et de récupération sont mêlés.
La matière pour moi est liée au toucher . toucher de la laine, toucher de la soie , toujours différent. Certaines soies sont dures et rèches,.le lisse, le rugueux et chacun avec ses variantes ..Si on se borne à deux ou trois types d'étoffes faciles à assembler ou à entretenir, on se prive forcément de cet aspect-là. Il est vrai, les soies et les cotonnades jugées généralement "adéquates" aux quilts offrent déjà un champ plus que suffisant de possibilités de combinaisons expressives . mais j'aime trop tout pour me cantonner à certains tissuis et pas d'autres. Souvent, devant une étoffe qui me résiste, je cherche des années durant comment l'intégrer à un "oeuvrage" .
Au toucher est liée l'épaisseur. j'ai du mal avec les étoffes très épaisses je l'avoue parce qu'elle me semblent trahir cet autre caractéristique du tissu : sa souplesse , c'est aussi pourquoi pour assembler je préfère coudre que coller et même coudre à la main qu'à la machine qui donne une sorte de raideur impeccable au montage . On peut aimer le contraire ..et y voir des avantages que je n'apprécie pas .
C'est aussi ce qui m'a éloignée de certaines pratiques de mixed media avec textile intégré , qui se revendique comme art textile, ne l'étant pas toujour: plastique , colles, agrafes durcissent les surfaces. On dira : les perles aussi et certaines broderies de fils de métal mais moins aujourd'hui qu'autrefois, où on travaille avec des perles plus légères et du fil souple . J'ai fait beaucoup d'essais de tissus "collés" y compris en mixed media ert ça m'arrivera encore , mais sensuellement j'y trouve moins de plaisir qu'à assembler de vrais tissus ou des tissus seulement .C'est pourquoi j'ai besoin de tout ce que j'élis pour m'exprimer, sans exclure au nom de la tradition ou de la tendance art textile du moment . Ce qui m'intéresse, c'est avant tout le langage des étoffes: ce qu'elle me disent, ce que je peux visionner et construire par tout ce qu'elles me donnent . à noter que ,pour les mots, c'est exactement la même chose .
Et c'est aussi la transparence, la possibilité de superposer -j'ai travaillé avec des tulles , des voiles, ou de froisser plier, voire feutrer ...
détail du tableau Coquelicot, voile feitré machine et rebrodé
Les motifs enex-mêmes m'ont inspirée la série Motivations que je présenterai bientôt ; il s'agit -là de partir d'un motif sur une étoffe retracé et retravaillé-y compris en images altérées numériquement et de voir ce qu'on peut en faire et qui et souvent tellement infini qu'un choix s'impose . Mais c'est une autre histoire , qui vous sera contée une autre fois comme dit Kipling .
Motuvations-1 d'après un motif de tissu ancien (circa1960)
Pour le travail sur les motifs et les couleurs voir l'article Les palettes d'une textilienne qui approfondit cette approche .
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La salle des machines-nouvelles
- Le 14/09/2015
La salle des machines a reçu cet été plusieurs visites -et ce n'est pas fini-
En juillet deux amies sont passées et l'une d'elles a pris des photos qu'elle m'a autorisée à publier. Je partage donc avec joie (et espoir que ça donnera envie à d'autres, au moins à toutes celles et ceux qui sont de passage dans le Nord ou y habitent )
J'aime bien qu'on tripote, qu'on déploie et qu'on farfouille et qu'on photographie ce qu'on aime. Ce qu'on entend souvent dire, c'est qu'en photo ce n'est pas pareil et qu'il voir en vrai et surtout toucher !
Je joue les marchandes de tapis ....
On pose devant un tableau ....
Même les chiens sont les bienvenus -quand ils sont sages (!)
Au fil des découvertes, quelques photos
La visite se poursuit parfois jusqu'à la chambre atelier (allergiques au désordre et à la poussière s'asbtenir)
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Flicage, nous dit-on
- Le 25/05/2015
- Dans opinions
Ce billet d'humeur vient d'un propos qui m'a été rapporté de la part d'une amie qui comme moi est soucieuse d'exactitude et d'honnêteté dans les sources des ouvrages montrés sur blogs et sites. Alors qu'elle signalait , comme il m'arrive de le faire aussi , que l'oeuvre revendiquée par une "confectionneuse" qui la signait était la copie d'un quilt connu, elle se vit assassiner en ces termes révélateurs "vous devez être bien malade, pour passer votre temps à fliquer les autres".
Moi même je me suis vu taxer maintes fois de radotage ou de paranoÏa ...
Alors oui, je vais radoter encore une fois puisque la pratique semble diffcile à éradiquer et de plus on attaque celles qui tiennent à cette rigueur. En fait, ce n'est pas moi qui radote mais l'histoire de la pratique du patchwork qui bégaie . Je dénonce, une fois encore, cette détestable habitude de confondre copie et création avec l'aval et les yeux fermés de tant d'animatrices de clubs ! Qu'on me prouve le contraire, je ferai amende honorable qu'on me montre les étiquetages précis, les présentations honnêtes différenciant le modèle de sa copie ou de son interprétation, qu'on me montre surtout que le patchwork ce pauvre art -art du pauvre peut être autre chose qu'un pur exploit de virtuosité couturière technique dont la création ne doit rien strictement rien à la main qui ose le signer. Oui, qu'on me le montre. On me fera plaisir. Car c'est souvent le contraire que je vois . Il ne s'agit pas de fliquer qui que ce soit mais de rendre à César ce qui lui appartient. Je suppose qu'un expert en peinture qui décèle un "faux" est aussi un maniaque pervers qui s'ignore ...
On peut s'inspirer de ce que fait cette quilteuse honnête, j'admire plus sincèrement quand je sais ce que je regarde.
D'autre part si on se sent victime de "flicage" c'est donc qu'on a le sentiment quelque part de commettre quelque chose de pas très "réglo" non ? Ou bien et c'est plus grave, car cela repose sur une sorte de lâcheté consentie qui se réfugie derrière le nombre , qu'on estime cette malhonnéteté légitime, puisque "tout le monde le ferait" - on notera la pertinence et la loyauté de l'argument !
Mesdames, si vous reproduisiez un tableau de Renoir en peinture au numéro vous n'auriez pas, je présume, le culot de dire que c'est votre oeuvre (quoique à lire certains blogs j'en doute !)- évidemment Renoir est connu et bien reconnaissable - et même si les créatrices de patchwork et broderie etc... ne sont pas estimées grandes artistes,inconnues et ignorées, que vu le nombre d'ouvrages inspirés sans le dire de l'original celui-ci est diffcile à discerner dans le lot, leur travail, il me semble mérite tout autant le respect. Sans elles vous ne pourriez pas parader devant cette magnifique copie-baptisée parfois abusivement "interprétation "- qui, oui, je sais vous a demandé x heures de travail et de dextérité et vous a valu le premier prix au club de X . Premier prix de couture certes.
Si maladie il y a celle de la sotte vanité en est tout autant une que l'exigence de sincérité d'honnêté et de rigueur .
L'amour de son art et non l'amour de la gloriole personnelle usurpée .....
Si tout le monde est sincère et rigoureux, pas besoin de "gendarmes". Ni de flicage. Confondre la cause et la conséquence est aussi une maladie de l'esprit . Prouvez-moi le contraire !
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Pour en finir avec les ouvrages dits de dame
- Le 19/05/2015
- Dans opinions
Je m'adresse ici autant à ce qu'on nomme le grand public qu'aux personnes qui pratiquent les arts textiles (à divers degrés)
Les ouvrages de dames sont liés à l'essor d'une presse "féminine , qui au départ se voulait aussi féministe à sa façon, c'est à dire proposant aux femmes des articles sur des sujets censés les intéresser elles et pas les hommes. Le domestique et son "économie" étaient alors dûment enseignés - et comportaient tout le travail autour du linge (marquage notamment ) et décoration. Pas toujours du "loisir" au sens où on l'entend aujourd'hui et rarement créatif dans la mesure où dès que les modèles sont apparus ils ont été reproduits, et copiés. On peut penser cependant que déjà certaines interprétaient avec plus de liberté et d'imagination que d'autres. Composaient au moins et s'écartaient de la copie stricte d'autant que souvent dessins et explications étaient fort succincts . Rien des tutoriels style assistanat de A à Z en pas à pas abondamment illustrés de notre époque. Plus on assiste, moins on donne le désir d'indépendance et de création et plus on renforce le désir d'avoir le même bel objet exactement semblable qui est un désir de possession par la fabrication reproductive, non de création .
Je voudrais rappeler que la création peut résider aussi dans le choix et la composition à partir de motifs déjà dessinés -dits poncifs- comme on le voit dans certains marquoirs ou samplers, dûment signés . Il ne s'agit pas alors de suivre une grille où tout a été décidé et choisi par un ou une autre, mais d'un entraînement doublé d'une composition vraiment personnelle.
Parallèlement à ces publications dans la presse féminine, on trouvait des manuels techniques à cet usage et nous avons toutes en mémoire celui, très célèbre, de Thérèse de Dillmont , lié à la manufacture DMC.
Je remets le lien du site Antique patterns auquel j'ai consacré un article, en feuilletant les ouvrages on pourra constater que les dessins sont le plus souvent en noir et blanc, sans composition d'ensemble si on excepte quelques-uns avec déjà des planches en couleurs et des explications fort détaillées .
Mais bien avant sur le site Gallica par exemple on peut trouver des ouvrages de poncifs datant de la Renaissance.
La création - était cependant surtout en deça : il y avait dans l'ombre des concepteurs et probablement des réalisatrices de ces "modèles" Tant que tout était en noir et blanc , l'imagination personnelle de celle qui en bout de chaîne utilisait ces motifs ou poncifs pouvait venir tout comme aujourd'hui d'une composition, d'un choix des couleurs, des fils personnels. Il y avait donc parfois re-création , comme je l'ai souligné maintes fois, mais comme pas plus autrefois qu'aujourd'hui on ne le notait au dos de l'ouvrage , impossible de savoir si la main qui a exécuté est aussi le cerveau (et le coeur) qui les ont conçus. Pour beaucoup ce point crucial ne revêt aucune espèce d'importance. On voit la "belle ouvrage" et on s'arrête-là. C'est pourtant là qu'il faudrait -enfin- engager une réflexion. Et cette réflexion ne peut s'établir faute d'informations sur la genèse des dits "ouvrages" : savoir qui a fait quoi me semble indispensable. Pas de genèse sans générique. Imaginons qu'on ait à établir un art de la peinture fondé uniquement sur les peintures de reproduction de maîtres ou faites au numéros ... on aurait le même problème. Il faut quand même rappeler qu'il fut un temps où les brodeurs étaient considérés comme les égaux des peintres, voire supérieurs. Mais c'était alors professionnellement et au sein de corporations d'artisans d'art, régies par des lois strictes.
L'ouvrage de dame lui, a été cantonné côté maisons et loisirs quasi dès le départ. Est-ce à dire que pour autant , il n'y avait pas réellement une expression personnelle par ce moyen ( et à mon avis plus en patchwork qu'en broderie pour la raison simple que le patchwork demande des capacités de composition toutes différentes. )
Mais je me sens bien seule en ce domaine, parce que la plupart des femmes qui aiment les arts textiles côté panier à ouvrages, n'exercent pas en créatrices ni en artistes, elles se font juste plaisir, comme elles me disent. Ou bien croient sincèrement être artistes parce techniciennes parfaites du modèle qu'elles copient .Voire du kit. Le tollé que j'ai soulevé en évoquant le problème me le confirme. Et les artistes des autres arts s'intéressent au leur en priorité, c'est humain ! La plupart admettent la division Beaux -arts et arts mineurs .J'en vois tous les jours se lamenter sur le triste sort fait aux peintres ,graveurs, photographes - les vrais arts, quoi! - mais presque aucun n'aurait l'idée de se demander s'il n'y a pas créateurs plus mal lotis ! Quant aux critiques d'art, ou personnes autorisées à analyser , ils ne sont pas légion à oser un papier sur une créatrice textile obscure (raison au passage de saluer ceux qui osent le faire ) qui ne sont pas que de"petites mains" au sens d'exécutantes des oeuvres d'un maître ! Le terme même est dévalorisant qui réduit à la bonne faiseuse celle qui met son âme autant qu'un artiste de Beaux-arts dans ce qu'elle crée ! Mais qui le sent ? Qui veut le voir ? Qui veut le savoir ? Personne ou presque quand encore ça ne fait pas ricaner. Il est vrai : les ricanements des sots sont louanges .
Il y a à s'interroger déjà sur l'anonymat de ces oeuvres domestiques -ou religieuses- côté conception, alors que certaines signaient et signent encore orgueilleusement des reproductions où elles montrent juste leurs capacités techniques. Anonymat qui longtemps a été imposé aux créatrices pour revues féminines. On trouvait le nom du photographe de la broderie, mais presque jamais le nom de celui ou celle qui l'avait dessiné, conçu et brodé ou cousu. Une sorte de négation première de l'acte de créer , en ce domaine puisque sa seule utilité était de fournir des modèles aux autres . Et c'est resté . "je l'ai fait moi-même" semble une caution suffisante pour s'approprier ce travail en deça pour lequel la créatrice est payée certes (mal ) quand elle l'est. Le vol d'idées est courant sans reconnaissance aucune de source puisque "c'est fait pour ça" pour "donner des idées aux autres".On sait aujourd'hui que pour qu'une oeuvre soit reconnue comme telle il qu'elle soit intégrée à la démarche d'un grand nom exerçant un grand art. Enfin du moins ça aide. Et voilà pourquoi des géométries peintes par des hommes postérieures de très loin aux compositions géométriques textiles, tout aussi uniques et intéressantes créées par des femmes anonymes n'ont pas à valeur esthétique et profondeur égale le droit de cité dans les histoires de l'art.
Sans " état civil ni pedigree, ni oeuvre ni homme n'existent aux yeux des sociétés, même si elles vivent ! On obéit des critères positifs-majorants
- d'un côté peinture/ homme/ nom célèbre(professionnel/ sphère artistique-professionnelle/ / démarche reconnue et consciente/ accès aux galeries d'art-muséable, recensions et critiques / présence possible dans les livres d'art côté grands arts.
et de l'autre des critères négatifs-dévalorisants :
couture/ femme/ anonyme ou inconnue/amateur/autodidacte/ sphère domestique/ démarche instinctive ou inconsciente , ignorée /pas d'accès aux galeries d'art- non muséable (sauf folklore-patrimoine- pas de recensions et critiques / absence des livres d'art comme objet d'expression personnelle et sensible .
Pourtant si on met côte à côte les résultats, on devrait interroger la pertinence de ces critères. Mais à ma connaissance, très peu le font et surtout pas en France, patrie du prestige (et du préjugé assorti !)
Si on excepte la célèbre Sonia Delaunay exception qui confirme la règle ... pour qui les critères donneraient : couture et surtout peinture/ femme/ professionnelle/ sphère artistique /formation artistique / démarche consciente et formulée / accès à la critique.
Ce qui, à patchwork égal, si j'ose dire change le regard et la considération sur l'objet textile assemblé. Un travail comparable créé par une inconnue répondant aux critères dévaluants sus-cités .... est nul et non avenu. Pas inscrit du bon côté de la rue de la création , pas né au bon endroit, au bon moment . Sans appartenance d'école, de caste, d'intelligentsia , de milieu . Voire d'époque. Ou de lieu (il n'est bon bec que de Paris ou autre capitale culturelle !)
L'ouvrage d'une femme obscure voire anonyme faisant sans le savoir dans sa cuisine -ou son salon- comme le souligne Claude Fauque, de l'art abstrait ou brut sans le savoir, bien avant que celui-ci existe en peinture, évidemment ne jouira jamais de la même considération . Puisque nous, dit-on cette brave dame était censée n'avoir aucune profondeur intérieure. Si on le dit !!
J'aimerais qu'on regarde sur ce site la neuvième oeuvre faite par une femme anonyme en 1885 . qu'on me dise en quoi elle est inférieure en puissance d'expression aux peintures abstraites qui ont suivi... Et de tels quilts ne peuvent avoir été faits d'après modèles.
Ouvrage de dame ? oeuvre d'art ignorée injustement -et il y en a des millliers comme ça !- je vous laisse juge
Le premier travail d'un historien de l'art en tissus et art textiles devrait être fondé pourtant sur cette distinction capitale . création/reproduction/interprétation et ce d'où que provienne l'oeuvre . Et si l'oeuvre est création ne pourrait-on la regarder alors comme si elle était d'un grand art ? Je suis certaine qu'un critique qui sait voir et lire y trouverait autre chose dans beaucoup de cas que du " joli- décoratif" ou du "intéressant pour la valeur patrimoniale et historique" -qu'on nous concède (comme à un vieux tesson de bouteille ) ..
Pour qu'on saisisse mieux ce que je veux dire , je vais prendre trois exemples dans mes propres "oeuvrages"
- Celui-ci offert par un commerçant était imprimé sur tissu et donné avec diagramme fils et indication des pôints . c'est ma fille qui l'a réalisé dans son enfance , (j'ai longtemps cru que c'était moi rectificatif donc! ).C'est de l'ouvrage de dame pur sans aucune création ni recherche. Certes, il faut savoir faire les points et suivre un diagramme, mais je vous assure avoir entendu une dame de ma connaissance se targuer d'être artiste pour si peu !
Celui-ci inspiré des broderies de François Lesage , le dessin n'est pas de moi, les indication de points non plus, mais comme il est difficile de trouver les mêmes matériaux...j'ai usé des miens sans respecter strictement les indications il y a une petite part d'interprétation et le niveau technique requis est nettement supérieur à celui nécessité par l'ouvrage précédent.
- Cet ouvrage créé pour la revue broderie d'art a été dessiné, par moi et le choix des couleurs, points et fils m'incombe entièrement : on est donc dans la création, certes pas ex nihilo, mais que je nomme personnelle n'aimant pas le mot original
Je pense qu'on peut compter aussi comme création de broderie- et de patchwork- tous les ouvrages qui partent d'une source existante (et si possible reconnue honnêtement, ça ferait avancer ma connaissance de notre art ) mais dont l'élaboration textile est due au concepteur. Il existe des re-créations par métamorphose ou passage dans un autre art .... qui demandent une élaboration et un investissement indéniable. Témoin cette pochette dont j'ai emprunté le dessin (en noir et blanc) parce que l'aimais -je sais dessiner une guirlande de fleurs par moi-même mais je voulais celle-là !) le choix des matéraux soies perles fils d'or ,et le travail purement textile est de ma conception propre. Alors création ou pas ? Art ou ouvrage de dame ? Je me suis laissé dire que dans la Haute-Couture, on devait bien de temps à autre fonctionner ainsi !
Le brodeur ou le quilteur mettent autant d'eux dans ce genre d'ouvrages que le photographe composant avec une "réalité" qu'il n'invente pas et ne dessine pas davantage. Ce qui ne signifie nullement , je le précise, parce qu'on me comprend toujours à l'envers, que je tienne pour création des surfaces de perfection technique pure , où l'âme du concepteur, ses émotions, ses désirs, sa vision de l'espace ou du monde ne se perçoivent pas, et qu'une autre main tout aussi habile aurait fait de la même manière . Il faut tout de même un minimum d'apport personnel pour qu'on puisse prétendre au titre d'artiste créateur autre qu'artiste technicienne maîtrisant son art sur le bout des doigts . Confondre sans cesse les deux n'arrange certes pas le statut de notre art, mais les bonnes faiseuses qui sont la majorité s'en satisfont . Elles ne sortent pas au fond l'art du panier ouvrages , se reconnaissent s'exposent et se congratulent entre elles, appelant cela "reconnaissance" : Ce n'est pas de celle-là que je veux parler, on le sait .
Mais si nous composons nous-mêmes , que nous faisons preuve d'imagination et d'inventité dans l'usage de nos matériaux et techniques même ancestrales (la peintuire n'est-elle pas une technique ancienne ? ) bref si on voit que c'est de nous au premier coup d'oeil pourquoi serions-nous les seul(e)s à devoir faire preuve de capacités hors notre valence ? Apprendre à broder, en broderie d'art, ce n'est pas seulement apprendre les points-et les matériaux support, fils- mais à s'en servir comme d'un langage . Pas plus de l'ouvrage de dame que peintures, gravures; sculptures ne seraient ces ouvrages d'hommes , alors ? A souligner que sur le créneau ouvrage dits de dame tous les créateurs hommes sont des génies, adulés et encensés par les femmes elles-mêmes ...
On ne refait pas le monde même à coups d'aiguille !
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La salle des machines
- Le 10/05/2015
- Dans présentation
La salle des machines : un lieu d'art-mitié, d'arts mixés
Pourquoi La salle des machines ?
Je rêvais d'un lieu
qui soit à la fois privé, intime (comme l'est par essence mon oeuvre) inclus dans le "domestique", le quotidien et en même temps ouvert sur demande ...
- qui unisse le travail , l'élaboration qui m'est chère et les créations qui en résultent, au moins en partie.
- qui contienne aussi une partie des oeuvres de mes amis peintres, collagistes, graveurs
- qui concilie les Beaux- arts et l'art textile dans sa partie jugée "artisanale" .
- où les quilts de création soient considérés et montrés comme autre chose que de la couture d'experte
- qui réunisse mes trois "valences" : écriture, art textile et art numérique.
- qui évolue au fil des créations, des rencontres , des acquisitions.
- qui ne lie pas l'exposition à la vente obligatoire des oeuvres .
- qui soit à l'écart des fonctionnements habituels de l'exposition et de ses rites mondains ou d'intelligentsias et codes .
- un lieu officieux et privé qui ne m'oblige pas à x démarches administratives fastidieuses .
- un lieu d'affinités électives , loin des mondanités ...
- un lieu à la fois réel où on peut venit voir en vrai, mais aussi virtuel et dont l'évolution sera présentée ici et sur les réseaux sociaux.
- un rêve que j'ai fait et que je tente de rendre vrai.
et bien d'autres choses encore !
Que contient la salle des machines ?
Sur les murs et les surfaces adéquates :
des quilts et d'autres ouvrages textiles (les miens , pour le moment !)
Des oeuvres de mes amis dons , acquisition, échanges...
Sur les meubles
: les machines evidemment et le côté atelier work in progress
mais auss les livres textiles et mixed media que j'ai réalisés et qu'on pourra feuilleter
Sur le reposoir ; une pile d'ouvrages à étaler et tripoter. J'ai réalisé plus de cent grandes pièces, je ne peux toutes les mettre sur les murs :
Dans les tiroirs - et sur les étagères
Des oeuvres fragiles craignant lumière ou poussière, ou en attente d'être exposées .
-un stock d'images numériques imprimées appelées "épreuves d'artistes"
On pourra aussi y feuilleter mes livres ...et bien d'autres choses ....Le lieu est évolutif il y aura donc un turn-over des oeuvres ... On va dire les photographies ne sont pas contractuelles ! Et evidemment ne montrent pas tout !
Comment y venir ?
C'est situé dans le nord , près de Douai . Si vous désirez voir et surtout toucher : vous prenez contact avec moi , on fixe une date et le tour est joué.
Ecrire sur chiffondart@aol.com
C'est ouvert dès maintenant et selon mes disponibiltés , bien sûr ..et les vôtres .... possibilité d'hébergement ( gratuite et à la bonne franquette )pour les visiteurs venus de loin selon le plan d'occupation des sols !! .
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Poésie -réflexion -1
- Le 30/03/2015
- Dans opinions
Il est rare que je m'exprime au sujet de la poésie, pour la raison simple que la littérature croule depuis le début des temps sous gloses, commentaires et théories , histoires dignes de ce nom , études, chroniques , critiques , tandis que l'art textile tel que je le conçois a certes au mieux des historiens, mais aucune analyse comparable en tant qu’objet d'art et de création. C'est pourquoi j'en parle davantage . .
Cependant je publie ce texte pour les personnes qui, sait-on jamais tout comme moi , auraient un intérêt et des valences multiples . A voir le nombre de sites ou publications reliant textes et textiles créés après le mien, je pense que je ne suis certainement pas seule à m'interroger sur ces sujets .
Pour mon parcours en écriture indépendamment de l'art textile je renvoie sur l'article bibliographie .Bien sûr ce que j'écris ici n'a d'autre autorité que celle de mon expérience (j'ai quand même fait des études de Lettres mais je n'ai pas arrêté de lire et de découvrir une fois quittée l'Université ). Les livres - surtout de poésie- font partie tout autant que les tissus de mon univers quotidien. donc à lire si vous le voulez bien ... comme un témoignage .
Je n’ai pas l’âme à théoriser et encore moins à ériger ma pratique personnelle (mes expériences multiples !) au rang de dogmes à suivre. Même pas de « conseils » . Les conseils ne peuvent porter, à mon sens, que sur la partie technique de l’œuvre et une technique détachée de la vie intérieure a pour moi quelque chose d’un peu desséché, momifié. Voire sclérosé.
L’émotion d’abord, au sens de ce qui met l’âme en mouvement jusqu’à bouleverser dans le meilleur des cas, celle de celui qui crée, comme celle de celui qui regarde,écoute ou lit .
J’ai fait l’école pour gagner ma vie en tant que professeur. J’ai dû bien évidemment transmettre méthodes et savoir-faire, je m’efforçais toujours de ne pas en imposer une unique, la seule, la bonne, la vraie.
Dans le domaine de la création, je n’ai aucun « dogme » à transmettre, je ne veux pas « faire école ». Je rejette (à tort ou à raison) les systèmes avec maîtres et disciples, du moins un maître unique qui formate parfois des clones ou des imitateurs qui le confortent dans l’idée qu’il détient la Vérité sur son art, non . Cela ne me va pas, même si je reconnais humblement tout ce que je dois aux créations des autres . Ils ne sont pas mes maîtres : ils sont mes parents nourriciers ! Je choisis d’en "manger" ou pas . La différence est pour moi capitale ; je n’ai rien d’un mouton bêlant ni d’un esclave soumis ! Ma responsabilité partout est dans mon pouvoir de choisir, de décider par moi-même et d’écarter ce qui ne va pas avec ce que je sens d’impérieux et de nécessaire en moi qui veut se dire et se faire selon mes modes pas forcément celles des autres ; orgueil peut-être si on me comprend mal . Force contre laquelle moi-même je ne puis lutter . Celui qui a toujours besoin des idées -béquilles des autres pour s’exprimer ne peut absolument pas entrer dans ce que je dis : j’ai besoin des idées et des œuvres des autres pour m’en nourrir, les digérer. Voir du côté de ce que les humanistes appelaient l’innutrition, qui n’est pas l’imitation .
Au point de ma vie où je suis, disons le tout net : je me fous des juges dogmatiques qui cherchent des thuriféraires pour leur ressembler et les cloner -voir se faire de l‘argent avec ça- ça ne m’intéresse pas . Avoir mille « followers » non plus . Quelques regards attentifs me suffisent . Ils ont bien plus de prix à mes yeux . Je serais embarrassée aussi des disciples béats souvent sincères il est vrai , mais l’admiration de cette sorte me gênerait : je ne me sentirais pas la mériter.. Ces petits jeux-là de vanité humaine, j’y suis définitivement réfractaire. A cela je préfère de beaucoup le partage entre deux êtres libres qui respectent chacun leurs propres cheminements, et s’enrichissent autant de ce qui les joint, que de ce qui les dissocie ; et ce partage-là, j’ai eu le bonheur de le trouver plusieurs fois dans ma vie , c’est une chance que je goûte . Il est, pour moi, dans une relation duelle, pas dans le groupe . Définitivement pas .
. Que ça choque, je le conçois , c’est que je ne place pas l’humilité face à l’acte de création dans l’obédience aux reconnus par la société et les académismes divers . Ma liberté est là aussi . Celle de me tromper aussi, je l‘admets mais la plus grande erreur serait de me forcer à être autre que je ne suis . Un « je » tout habité de milliers d’autres, je précise .Et toujours en accueil de ce qu’ils sont.
Le seul conseil valable que je pourrais donner : être toujours sincère c'est-à-dire authentique. Fidèle à cette émotion ou vision première, et sachant que cette fidélité n’est nullement stagnation car cette émotion fluctue, varie, vibre . Se méfier des procédés qui deviennent comme des outils de production, non de création .
Cette émotion, cette vision que j’évoquais , il faut la saisir sans trop la figer faire de la vie avec l’inerte des mots et en ce qui me concerne des étoffes et aussi, via la création numérique des formes, des couleurs aussi, détachées de tout autre support que l’écran .
Pour moi j’ai conscience que tout ce que je fais vient de là . De ces émotions , de ces visions. Quand je parle d’intérieur je ne veux surtout pas dire regarder son nombril. Ce « je » qui s’exprime est un je imprégné chaque jour et depuis des années de ce que font, sont, vivent et créent beaucoup d’autres . C’est un « je » creuset où mes émerveillements et mes rejets parfois, aussi bouillonnent . Je ne suis pas une tiède, mais une passionnée . Mes peurs, mes extases, mes colères , mes apaisements . Mais aussi ceux que j’ai ressentis via l’œuvre (ou la vie) des autres. Ce travail-là, d’observation en soi et hors de soi me semble primordial ; je regrette que l’introspection, la réflexion sur ce qui se déroule en nous soit assimilée à du nombrilisme, de l’autisme , narcissisme etc et j’en passe . Si on s’est fait tamis c’est ayant recueilli auparavant tant d’êtres, d’histoires de vie , de spectacles, de moments, de petites « choses » et de plus grandes.
Un auteur de chanson écrit « c’est moi que j’aime à travers vous » moi je dirai « c’est de vous que je parle à travers moi » et même « c’est vous qui parlez à travers moi » . Ce que je crée, tout ce que je crée, n’a d’intérêt qu’en ce qu’il vous rencontre, connu ou inconnu.
le carnet vert où j'ai écrit de 1967 à 72 mes premières poésies .
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L'art textile et l'imagination
- Le 05/03/2015
- Dans opinions
Art textile, suspension et imagination ....
Je réagis ici à une photo vue sur un site d'art textile très "branché" et sur un réseau social, Il s'agit une œuvre exposée en milieu art textile , je le précise.
Ou plus exactement aux commentaires qu'elle suscite, dans le même milieu.
L’œuvre en elle-même, je ne suis pas critique d'art et je l'ai pas vue en réalité, je noterai que c'est une de ces innombrables présentations en suspensions .... de matériaux divers ...la caution textile, comme toujours est le fil et la fibre -non tissées, mais enfin comme le souligne mon article l'art textile une ambiguité structurelle ..il faut s'habituer à ce manque de rigueur des étiquettes, par peur de passer pour ringard . Du moins si on mange de ces fibres-là ....tout cela ne me dérangerait pas si les artistes qui osent encore utiliser du tissu selon des techniques plus anciennes n'étaient pas reléguées sous l'étiquette" traditionnelles" quoi qu'elles fassent ! et si on leur donnait, à elles aussi un peu d'espace pour exposer en solo quand elles ont une oeuvre digne de ce nom à montrer .Las : on peut rêver . Le patchwork c'est souvent côté kits, modèles à reproduire et commerce. et c'est aussi trop souvent le fait de celles qui "font" du patchwork ...sans créer, mais le croyant.
Cette œuvre est étayée, évidemment , par une démarche". Je ne discuterai pas de la valeur artistique de telles œuvres.
J'ai quand même quelques lueurs en art contemporain et plus encore en art textile qui se veut "innovateur" depuis la fin des années 1990, où j'ai vu s'installer lesdites installations dans notre espace commun.
Je note aussi que l'artiste se définit comme "sculpteur" et non "artiste textile" et que nous sommes donc toujours dans le même glissement qui consiste à trouver géniale une œuvre en la sortant de sa catégorie . Si une sculpture qui n'est pas essentiellement "textile" et encore moins d'art du tissu devient le summum en matière d'innovation "textile" et d'art du tissu forcément, tout ce qui restera conforme au genre premier paraîtra obsolète ! On pose là un axiome ...
Si je déclare qu'une peinture c'est un "concept de sculpture plate et en 2D " , j’aurai sans doute du succès via le même procédé, à l'envers. Ou comment réinventer l'Amérique ..ou le fil à couper le beurre ... l'astuce, c'est de changer de rubrique.
Car enfin cette sculpture est exposée dans le cadre d'une manifestation d'art textile "novateur" dont les assemblages géométriques sont bannis . qu'on ne me dise pas le contraire : j'ai encore aux oreilles les "tout sauf du patchwork'" des personnes qui élisent les élues !!Revenons-en aux commentaires que suscite presque à chaque fois ce genre d'installation.
Certain(e) s soulignent la profonde "originalité" de l’œuvre.
Je reste tout de même un peu sceptique : Des suspensions en art , déjà ça ne date pas d'hier les seventies en ont vu fleurir un lot Tapez : suspensions art ou mobiles dans un moteur de recherche regardez les réalisations et les dates, Comparez, revenez à l’œuvre dont on vante la sublime originalité - quelle qu'elle soit - essayez de voir vraiment et après comparaison ce qu'elle apporte de vraiment nouveau et d'original et à l'art tout court et à l'art textile surtout .. honnêtement et sans préjugé favorable ou défavorable.
Ensuite on en reparle ! Et si possible au cas par cas . il y a des œuvres suspendues qui sont de petits miracles de délicatesse et de magie il y en qui ne sont faites visiblement que parce que "ça le fait" de' faire dans la suspension ! Je m'explique :
Calder l'inventeur des mobiles est né en 1898.... c'était pas hier tout de même ! On suspend beaucoup depuis (et sans doute avant !) , en art et en art textile - J'ai vu défiler un peu de tout suspendu : des capsules de bouteilles, des bouts de métal, de papier calque , de fibres diverses , de ferraille , des cailloux, du bois .. et evidemment même des étoffes .. . Tout cela, comme dans tout procédé artistique (suspendre en est un au même titre qu'assembler) avec des réussites plus ou moins patentes. Seulement exposé côté "art textile" cela a toujours l'aura de la merveilleuse "innovation" par rapport à un agencement de surface (mais le relief existe dans l'art textile depuis de vieilles lunes voir l'article précédent, au moins en bas-relief!) .
Ce qu'on nomme l'art du fil depuis les early 2000 a exploité à fond le créneau, du fil auquel on pend quelque chose .. je devrais dire le fil long....
Les premières suspensions que j'ai vues se revendiquant d'un "art textile novateur" -sic- datent de la fin des années 1990, possible qu'il y en ait eu avant surtout de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique (chez nous innover égale importer sans le dire , si souvent !) . Nous sommes en 2015 .... donc nouveauté mais de quoi donc ? Originalité ? Sans doute si le procédé sert une véritable force créatrice . Comme tout autre procédé, ni plus, ni moins .
Me fait tiquer davantage encore le commentaire suivant que je reproduis :" ça, au moins, c'est de l'imagination créative.." ce qui sous entend que le reste -tout ce qui ne ressemble pas à ces installations new look-enfin déclarées telles!- n'en serait pas ...
On est dans ce mépris mille fois signalé, dans cette façon d' accaparer et le textile , et l'art et de plus l’imagination et la création.
Tout se passe comme si côté arts appliqués et décoratifs tout était issu de kits et de modèles reproduits et que les créations n'existaient que pour donner des idées à celles qui n'en ont pas (et se les approprient le plus souvent sans vergogne, puisqu'on n'arrive pas à faire comprendre que réaliser de ses mains un objet conçu par quelqu'un d'autre n'est pas créer ! )
Ce qui sera l'objet d'un autre article sur les ouvrages dits de dame ...