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Les broderies en relief
- Le 02/03/2015
- Dans histoire et techniques de broderie
Lisant dans un blog , à propos de l’exposition des broderies Shams à l' Aiguille en fête 2015 que ce serait une "invention" de la broderie en relief, j'ai envie de dire ce que j'ai appris au fil des ans sur les broderies reliefées et la broderie en relief.
IL va de soi que je suis preneuse de tout commentaire de personnes qui sur le sujet en sauraient plus que moi. Ou sauraient autre chose que j'ignore . Ce n'est pas trop difficile, je ne suis pas spécialiste en histoire de la broderie mais je possède des ouvrages de référence dont l'encyclopédie Autour du Fil entre autres ..
L'ouvrage en question précise fort justement que toute broderie par ajout de quelque chose sur un support est forcément "en relief" mais qu'on a coutume d'employer le terme lorsque les points sont posés sur un "renfort" : carton, bois, fils, feutre sont les plus couramment utilisés. Et ce depuis fort longtemps et dans diverses techniques .
On pourra aussi consulter ce site
J'élargirai pour ma part aux autres types de reliéf, jusqu'à ceux de la broderie contemporaine. Pour voir des réalisations dans le respect du droit (je n'ai pas le droit de publier des photos d'ouvrages qui ne sont pas les miens sans autorisation ...et le temps d'obtenir une réponse positive éventuelle !) le plus simple est de faire une recherche d'images en entrant le nom de la technique de broderie sur un moteur de recherche. J'avais préalablement mis cette recherche en lien mais ça ne fonctionne pas .
D'autre part et bien qu'ayant travaillé pour la revue Broderie d'art en tant que "créatrice -réalisatrice" -et non simple exécutante- , je m'estime en broderie "amateur éclairé" et non vraiment professionnelle , donc si un(e) pro passe par là et estime que je me trompe ( l'oeil :-) , qu'elle me le dise (ou peut compléter, rectifier ...
Faisons d'abord un sort aux dites broderies Shams qui sont certes magnifiques et d'un style de dessins, couleurs et matières particuliers mais le procédé qui consiste à rembourrer avec des fils de coton meilleur marché que la soie (ou l'or!) et de rebroder dessus ne date pas de l’avènement de ces broderies. On le trouve bien evidemment dans nos broderies d'or et de soie médiévales où il était un des procédés de "rehaussage" du motif. Le site de Mary Corbet que j'ai donné en lien précédemment montre comment l'artiste a restauré une broderie d'or médiévale et refait ce reliéfage ...
On peut constater que dans la broderie Haute-Couture du style François Lesage que j'ai un peu pratiquée (en amateur!) il existe un procédé de reliéfage sur coton retors tout à fait analogue. Donc l'invention n'est pas dans le relief , mais dans les résultats et le style de cette broderie particulière.
Le procédé existe dans d'autres broderies reliéfées par exemple dans la broderie dite Casalguidi on travaille sur un faisceau de brins de cotons qu'on recouvre ensuite de point de tige.
Lien vers un tutoriel de Casalguidi
On peut reliéfer tout simplement en superposant plusieurs épaisseurs de fils, ce qui se fait couramment en peinture à l'aiguille quand on veut donner du relief à un endroit. On peut voir des exemples sur ce lien ou en tapant peinture à l'aiguille ou shaded silk dans un moteur de recherche. Outre que le procédé d'ombrage en lui-même peut donner l'illusion d'un relief parfois d'un réalisme criant de vérité, en trompe-l'oeil .
On peut aussi et les brodeuses de blanc le savent bien, reliéfer en remplissant de petits points la surface à broder. Le point dit de plumetis un passé plat rembourré est réalisé ainsi .
Le relief peut d'ailleurs sans renfort être obtenu par le point lui-même et le fil employé, ainsi la broderie en relief dite brésilienne par exemple ou les points de poste et de cast on stich (une sorte de séries de mailles montées sur l'aiguille comme pour un tricot), de picot sont couramment employés.
lien vers un tutoriel de broderie brésilienne
Et puis il y a le célèbre stumpwork , chéri au Royaume-Uni, qui a connu un retour de faveur dans les années 2000, qui lui, utilise toutes sortes de moyens de reliéfage : des points tenant au support pour le départ mais traités en liberté pour le reste, des perles ou autres supports recouverts de points, des ajouts en trois dimensions brodés élément par elément... c'est tout un monde !On y trouve même des figures détachables en trois D , ce sont de véritables sculptures en broderies alliant le bas relief pour ce qui reste lié au fond et la ronde-bosse pour certaines figures détachables .
L'encyclopédie Autour du fil à la rubrique relief note que l' apogée du stumpwork date du XVII siècle, et qu'au XVIII on serait revenu, là, comme partout à plus de "simplicité" -relative.
lien vers un tutoriel entre mille autres....
Proche du stumpwork sont les broderies de l'australienne Helan Pierce dont je possède deux livres, j'ai réalisé ces feuilles perlées avec armature métallique non en suivant ses modèles, mais sa technique -ce qui pour moi est différent !-
Un des reliefages les plus connus (et à mon avis un des plus faciles à maîtriser ) c'est la broderie aux rubans de soie dite autrefois "rococo" , celle -ci est abondamment illustrée dans moult tutoriels, et sites. Le reliéfage, pour un effet naturel doit laisser assez de liberté au ruban et une bonne brodeuse arrive à le modeler de manière à lui donner un aspect naturel et vivant . Les fleurs que j'ai réalisées sur des modèles de Lesage sont faites sur ce principe pour beaucoup mais avec aussi ajouts de perles, de raphia etc ...On pourra citer l'artiste Die van Nierkerk
Ci dessous un jardin fait selon ses techniques mais encore une fois la création est personnelle, sur une photo de Michèle Lefebvre, que j'ai auparavant retravaillée en art numérique de manière à lui donner l'aspect d'une aquarelle.
Ce qui nous amène evidemment à la broderie de perles qui peut-être de perles pures sans rien d'autre, être sur un tissu uni ou associée à un imprimé , et aussi se mêler aux autres types de reliéfage par exemple le quilting ou matelassage.. Je citerai encore le Brodeur François Lesage , mais cette photo est une composition création personnelle en ruban de soies et perles sur écharpe, réalisée pour la revue Broderie d'art .
Il faut évidemment faire un sort au reliefage style "capiton" à savoir boutis, trapunto et..matelassage . Ce ne sont à proprement parler des broderies au sens de fixer quelque chose sur un support, mais ils s'y rattachent par l'emploi des points (le point devant ou avant , parfois de piqûre ou les piqûres machine en piqué libre) . A noter que le tissu dit "piqué" est une sorte d'imitation de ces matelassages.
Dans cette rubrique on peut ranger les trapuntos embellis de Martine House, qui sont à la fois broderie et rembourrage .Le livre existe encore aux éditions de SAXE .
qui m'ont inspiré cet ouvrage (toujours création personnelle d'après une technique "inventée" par une autre artiste )
Et bien sûr il faudrait ajouter les smocks, les manières de plisser et texturer les étoffes, tout ce qui dans l'art textile contemporain comporte de rajouts de matériaux divers (coquillages, mais aussi objets trouvés, épaisseurs de tissus superposées, mélanges de matières non textiles ( , d'inventions chimiques actuelles le célèbre tyvek -il m'est arrivé de le travailler- et autres moyens de reliéfer "modernes" qu n'ont plus grand chose à voir avec la définition stricte de la broderie en relief .... ni même parfois de la broderie tout court (et qui est souvent art de mixed media: peinture, plastique, papier, bois verre tout ça mêlé à un peu de fil et de tissu pour la caution textile et parfois-souvent!- pour le plaisir de nos yeux, mais avec hélas souvent aussi une sorte d'arrogance par rappport à l'imagination dans les œuvres fondées sur des techniques et matériaux plus anciens. Comme si l’imagination dépendait de la mode et de la nouveauté du matériau utilisé, de sa "modernité" ...
Je citerai sur ce sujet le livre de Maggie Grey Raising the surface with machine embroidery . Resterait aussi à aborder le feutrage qui naturellement rembourre et se rebrode .... On voit qu'on n'en aurait jamais fini !
Feutrage et broderie armée sur broderie anglaise dans ce tableau Coquelicot
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Un site très riche
- Le 14/02/2015
Le site de Mary Corbet est une mine pour celles qui aiment broder ... il est en anglais , mais il comporte pas mal de pas à pas en photos très bien faits et qui peuvent aider , même les expérimentées (on ne sait jamais tout et parfois une autre façon de e faire ouvre des portes ou débloque une situation .. ).. C'est un site où j'aime flâner de liens en liens ., découvrant toujours de nouvelles choses, je vous recommande par exemple la partie où mary explique comment broder des visages et des yeux, c'est géant !! Je n'ose m'y risquer , mais pour admirer c'est idéal !
Lien vers le site De Mary Corbet..
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A ma façon . Melting Pot
- Le 11/01/2015
- Dans opinions
Ce n’est pas un tirage de couverture à soi(e) mais à voir comme un étend-art .
Je lis sur un blog -l'esprit n'est pas au patchwork- eh bien si pour moi plus que jamais !
Tellement à dire et ne pas vouloir ajouter à tout ce qui se dit . de haineux ou d'approximatif de partiel et de partial .
Alors je voudrais vous parler de mon engagement d'artiste qui pour moi ,n'est pas événementiel ni ponctuel . je n’ai jamais aimé les commémorations ou les trucs qu’on fait pour
un événement fût-il marquant et qu’on oublie le lendemain dans le fond d’un tiroir .
Il est depuis longtemps de toute ma personne. Tous les jours .Oh je sais bien, ces petits bouts de tissus que je couds ensemble c'est au mieux dérisoire au pire de l'ouvrage de dadame qui fait du « joli » et du « tant de travail oh là là « croyant être une artiste c’est pas du grand art « rengagez-vous qu’ils disaient » et pour cause c’est de l’art ‘de femme » !
Mes petits bouts de tissus ils sont tissés par des hommes et surtout des femmes -ils en sont morts parfois tout autant que les mineurs dans les mines- ils sont déjà, un travail , ils sont une vie ils sont le reflet parfois de civilisations différente de pays différents d’époque différentes : ils sont pour les riches ou pour les pauvres peu importe : ils sont ce qu’ils sont ..comme les hommes.
Mon art n’est pas de tisser mais d’assembler des étoffes déjà faites .Il daterait de L’Egypte ancienne et il aurait été importé chez nous après les croisades . Justement
J'y mets souvent toutes les couleurs que je peux, tous les graphismes.Tous les symboles , tous les langages qui ne sont pas que décors hâtifs. c'est pas fait pour aller ensemble mais je veux moi que ça aille ensemble et j’y mets cette chose sans quoi rien ne colle : de l’amour. Comme c’est naïf n’est ce pas …il se peut que j'y réussisse . Je les couds je les colle pas parce que coudre c'est réparer et assembler et je m'en contrefous que ce soit bien ou mal cousu , l’important c’est que ça tienne ! ce que je voudrais c'est que , comme moi humble couseuse, en ce jour donc les hommes les femmes dans leurs différences puissent s'accorder ensemble et de la même façon car mes assemblages, eux, n’explosent à la gueule de personne quand je couds un croissant à côté d’une étoile ou d’une croix, ou d’une fleur ..Le blanc y côtoie le noir et les autres couleurs pour le bonheur des yeux . et s’ils s’affrontent c’est pour un jeu joyeux pas pour se tuer l’un l’autre .Ce que je puis, d'autres le peuvent, d'autres façons . c'est mon message d'engagement unique et que j’aimerais tellement universel .Je n’ai pas de pinceau, pas de crayon je n’ai que mes mots et mes aiguilles j’aimerais que ça serve alors j’essaie, j’essaie . même sans y croire .…
Cette œuvre dessous contient des tissus de tous les continents des achetés parce que non le commerce c’est pas toujours le diable, des récupérés, des échangés des artisanaux et des industriels . il est pour moi comme une conciliation perpétuelle de qui s’oppose s’affronte et se tue parfois . Je le tends ici comme on tendrait une main -qui coud) pour réparer le monde .Je l’ai appelé Melting Pot. -
Un recueil de broderie datant du XVI siècle
- Le 19/11/2014
Le bibliothèque Gallica publie cette merveille datant de 1530.
L'invention de l'imprimerie n'a pas encore cent ans d'âge .
Ces livres qui'on appelle recueils de poncifs, lesquels se renouvelaient selon modes et découvertes. L'art du brodeur résidait dans son interprétation et la manière dont il allait composer avec ces motifs mais aussi tissus, fils et points .
Je signale sur le site de Gallica un livre de la dentelle et d'autres merveilles...pour celles qui ne connaîtraient pas .
Rappel pour des commentaires éventuels, si vous avez un problème pour les poster ici, utlisez mon adresse mail chiffondart@aol.com.
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Une légende pour les brodeuses
- Le 11/11/2014
- Dans récit
Ecrit dans le cadre d'un atelier d'écriture ce texte qui peut-être plaira à ceux et celles qui passent ici:
Dans le nid, dès la sortie de l’oeuf sa mère l’avait regardé d’une drôle de façon
Ce n’était pas un oeuf de coucou qu’elle avait réchauffé sous ses plumes , tout de même, mais là de ses yeux ronds d’oiselle, elle mesurait l’anomalie vivante qui piaillait au milieu de sa couvée ordinaire.
Ce rejeton hors normes était recouvert d’un duvet d’un drôle de jaune, un jaune foncé, alors que ses frères étaient gris.
Papa moineau lui aussi regardait tout cela d’un drôle d’air à moins que papa ne fût maman, J’entends par là que les oiseaux se moquent un peu de la théorie des genres et dans cette famille-là , les parents avaient couvé tour à tour ; et maintenant que le petit dernier était sorti de sa coquille ils s’apprêtaient à les nourrir, tour à tour, tout aussi bien.
Les autres oisillons ouvraient déjà large leur béjaune mais celui-là, il avait déjà le bec pointu, plus mince, plus long que les autres, le cou aussi qu’il tendait pourtant avec autant de vigueur que ses frères et soeurs. De plus, chétif, maigrelet plus encore que les autres. Quand il criait, c’était un couinement plaintif qui rappelait les lames de vieux ciseaux mal aiguisés.
La mère et le père moineaux auraient bien, d’un geste souverain , comme les pater familias dans la Rome antique, jeté la créature disgraciée hors du nid pour préserver la pureté de l’espèce, mais il faut croire que chez les oiseaux comme chez les hommes, il arrive que certains se montrent plus pitoyables que d’autres, ou moins fermes, c’est selon le point de vue.
Ils commencèrent donc à nourrir le petit bizarre comme ses frères et soeurs et bien leur en prit car quelque temps plus tard toute la couvée mourut d’une maladie , sauf le rejeton au plumage jaune, quasi couleur de fiente et au grand bec. Son cou s’était encore allongé , et ses plumes devenues d’un beau jaune d’or foncé, brillaient au soleil.
Il grandit donc tout en inélégance, sauf si on veut considérer que ce bec long et fin et ce plumage brillant recelaient des charmes. Les parents eux, mesuraient surtout la différence entre leur fils et les autres moineaux des couvées du voisinage : tous ronds, tous gris et bruns et chantant gaiement , tandis que leur rejeton continuait ses couinements ridicules ; quelque chose comme un « wi « « wi » très doux et obstiné , pourtant et qui finissait, invariablement par agacer les nerfs.
Quand il voulut marcher on s’aperçut sur ses pattes étaient recourbées vers l’intérieur, les griffes de deux d’entre elles se touchaient presque formant une sorte de cercle, presque fermé ; si bien que ses parents qui en avaient observé sur les patins à roulettes des enfants du jardin public se demandèrent si par hasard cet engin curieux ne s’était pas hybridé avec leur oeuf. Il est à noter que le père moineau, un moment, soupçonna bien sa femelle oiselle de quelque infidélité avec un exotique échappé du jardin animalier voisin, mais l’idée ne resta pas longtemps dans sa cervelle de volatile .
Et l’oiseau donc grandit, tant bien que mal, boitillant à terre , mais par chance, il volait et plutôt bien .
Sa couleur voyante surtout l’obligeait, plus que ses infirmités, à se tenir à l’écart. Il savait bien que le premier chat qui passerait par là le remarquerait ou bien quelque humain attiré par son plumage inhabituel, peut-être bien une de ces élégantes qu’il voyait dans les allées et qui arboraient sur leur chapeau les restes de ses malheureux congénères.
A terre, il ne restait que le temps de creuser le sol , et là, son bec très long lui était avantage. Il se fit même quelques amis, heureux qu’il puisse, en temps de sécheresse, dégoter des vers de terre un peu plus profond que la longueur de leur bec normal leur permettait d’atteindre.
Le temps passe vite chez les oiseaux et il voulut dès février suivant chercher compagne pour s’apparier. Ses parents (mais avait-il encore des parents ?) , eux, avaient mis en route,dès sa sortie du nid, une couvée supplémentaire.
Inutile de vous dire qu’il n’y eut point d’oiselle qui dans son jardin natal voulut bien considérer ses avances . Il eut beau battre des ailes, chanter -enfin grincer serait plus juste - dès qu’elles le voyaient brinquebaler en oscillant sur ses pattes malformées en battant des ailes pour s’équilibrer , elles s’esclaffaient à qui mieux mieux . Et puis était-il bien de leur espèce ? Rien n’était moins sûr.
Il n’avait pas de pair en son petit royaume , et dans ces cas-là ce qu’on a trouvé de mieux comme remède, c’est d’aller sous d’autres cieux voir si par hasard, la vie n’y serait pas plus douce, ou si d’aventure on n’y trouverait pas davantage des oiseaux qui vous ressemblent . Ou tout au moins une oiselle qui voudrait bien faire nid commun avec lui .
Je ne sais pas si notre animal avait lu le conte d’Andersen qui traite d’un cas un peu semblable, mais encore bien : il était resté trop petit, trop malingre pour avoir quelque espoir un jour de se métamorphoser en cygne . Avorton doré il était, avorton doré il resterait , et de plus sans descendance, donc sans utilité aucune au sein de la nature. Enfin c’est ce qu’il se disait aux moments inévitables de désespoir.
Mais un jour différent, un jour d’envol vers les attentes, il se mit en chemin pour ne plus revenir.
Il arriva ainsi dans un village où vivait une communauté d’artisans et de commerçants, un de ces petits villages comme on en voit encore parfois , sous la neige, sur les cartes postales de voeux. sauf que là c’était de nouveau, la belle saison. Un village , aussi, hors du temps , comme il n’existe plus que dans le contes, précisément.
Il avisa dans la cour d’une demeure une haie de thuyas suffisamment dense à la base pour le dissimuler aux prédateurs, la terre semblait grasse et fertile , il n’aurait pas de mal à se nourrir. La nuit, comme il en avait coutume, il se blottirait sous les branches, dans cet entrelacs inextricable que produisent ces conifères .
La maison était celle d’une brodeuse . Une femme d’âge moyen, toujours vêtue de gris ou de bleu, une de ces femmes qu’on croise dans la rue sans rien en remarquer et qui sont comme des ombres vivantes . Elle habitait seule depuis son veuvage et n’avait pas d’enfant . Son atelier donnait sur la cour et était percé d’une très grand fenêtre, car broder exige une bonne lumière , et il n’y avait pas de rideaux.. C’était pourtant une femme gaie et vive et souvent il l’écoutait chanter le matin quand elle se mettait à l’ouvrage .
Notre oiseau se mit à observer la brodeuse tous les jours en tous ces gestes, il ne savait pas pourquoi ces activités-là le fascinaient à ce point :il aimait surtout quand elle déroulait les pièces d’étoffes et qu’elle prenait de grands ciseaux pour découper dedans , les morceaux qu’elles venaient de broder,après les avoir dégagés du métier , devant lequel elle se tenait le plus clair du temps.
Les lames des ciseaux faisaient un bruit que l’oiseau entendait quand la croisée était ouverte une sorte de criaillement plaintif qui lui plaisait . Il lui venait alors des pensées un peu folles , il se disait que c’était bien dommage qu’il n’y eut pas dans le voisinage une moinelle qui eût chanté ainsi .
La brodeuse décorait à longueur de journée nappes d’autel , chasubles mais aussi des ouvrages plus ordinaires , corsages ou tablier , bas de jupons ou revers de gilets .Son atelier était bien achalandé et il y voyait entrer plusieurs fois le jour bourgeoises et commerçantes pour leurs commandes . Ces dames discutaient beaucoup de couleurs , et effleuraient les écheveaux d’une main déjà pleine de désir de posséder la parure que d’autres mains plus laborieuses réaliseraient; la brodeuse écoutait, conseillait, et prenait note.
On arriva ainsi à l’automne
Un soir, un jeune homme vint visiter la brodeuse. C’était le plus jeune fils de la filandière et la brodeuse le connaissait bien , sa mère lui fournissait une bonne partie du matériel nécessaire à son art . Un beau garçon , souriant et d’un naturel assez enjôleur. De son métier, ,il dessinait tout ce dont les artisans avaient besoin comme motifs et son talent était réputé. Il alliait le savoir faire sans lequel, à l’époque on n’eût point gagné le respect de ses pairs, à une prodigieuse imagination . Et ce jeune homme venait de se fiancer, à la fille du forgeron. Son désir à lui était simple, était fou . Il avait vu dans un vieux livre , un dessin d’une broderie , inconnue en ce village et qui ressemblait à une dentelle par des découpures multiples et ses motifs intriqués. Il voulait pour sa promise un corsage de mariée et un bas de jupe fait de cette manière, il désirait qu’elle fût une mariée dont on se souviendrait . Il lui montra les dessins qu’il avaient tracés : tout un enchevêtrement de tiges et de fleurs , mêlés d’oiseaux et d’animaux fantastiques. Du travail de ciseleur , d’orfèvre . C’était d’une beauté telle que le brodeuse en fut émerveillée et aussi touchée de l’amour sincère de ce grand garçon enthousiaste . Flattée aussi qu’il lui fît si totale confiance pour réaliser son projet . Elle réfléchit et donna ses conditions précises. Elle prit le temps en artisane consciencieuse d’examiner longtemps le dessin .
Pour la broderie, je saurai, dit-elle, mais il faudra du temps et que ta mère me fasse du fil selon mes recommandations . Pour le tissu de fond il me faudra une toile très fine et solide et si tu sais me la trouver, nous pourrons faire affaire. Le problème, ce sera les découpes...
Le jeune homme insista , il dit que les découpes, c’était pour lui , essentiel : il voulait cette légèreté pour sa bien-aimée , ces vides valorisant le relief des motifs. Elle hocha la tête ...L’affaire fut conclue.
Les semaines suivantes, le matin dès qu’il faisait assez jour elle se mettait devant les pièces de fin linon blanc , et avec un fil de même couleur et si mince et fragile qu’elle ne pouvait utiliser que des aiguillées courtes, aussi courtes que son souffle qu’elle retenait parfois dans un excès de concentration sur un motif plus délicat encore que les autres , elle interprétait donc les dessins fous du jeune homme amoureux. Malgré la difficulté, elle avançait .
L’oiseau lui, la regardait et il s’était trouvé un poste d’observation sur le rebord de la fenêtre Ce travail-là le fascinait, peut-être était-ce à cause des branches et des entrelacs ou bien encore de ces bêtes qui n’existaient que dans l’imaginaire. Au travers de la vitre , il n’avait aperçu d’abord que cette grande blancheur, puis tendant son long cou, il avait discerné un peu mieux les motifs et reconnu tout un paysage étrange , envahi de la neige, qui ne tarderait peut-être pas à tomber .Il se tenait tout près de l’artisane, tout juste séparé d’elle par la minceur froide du verre.
Il ne cherchait plus rien : lui aussi vivait au rythme du travail de la femme, ne s’en écartant que pour manger et dormir . Quelque chose en lui attendait .
Une par une, la brodeuse acheva les pièces, et un jour, et il lui fallut se mettre au découpages et ciselures commanditées par son client . Elle avait plusieurs paires de ciseaux, tout ce que l’industrie d’alors avait pu inventer en la matière, mais rien qui fût assez pointu pour de telles découpes. Elle prit cependant le plus affûté, mais au premier essai, elle se rendit compte qu’elle n’y parviendrait jamais avec un tel outil . Le mariage approchait , les autres commandes attendaient, il lui fallait pourtant finir son travail . Elle essaya de nouveau mais les découpes n’étaient pas nettes, les ciseaux inadaptés se plaignaient . et l’oiseau sur la fenêtre hochait la tête .
Elle fut prise alors, malgré sa nature calme en apparence, d’un grand accès de doute et de découragement, comme si elle avait travaillé, habitée par la folie du jeune fiancé et que tout à coup la réalité reprît brusquement ses droits.
La broderie était-là : presque féerique : toute une forêt qui courait sur les morceaux de corsage et le bas de la jupe, tout un réseau de points soigneusement calibrés de fils amoureusement passés , tout ce travail qu’un geste maladroit, un seul, risquait de détruire . Comment faire ? Elle se jeta alors les ciseaux inadéquats par terre , et leva les yeux vers la fenêtre.
L’oiseau se tenait là , sur ses pattes atrophiées, couleur d’or. Immobile, l’oeil intense cependant lui aussi fixait la brodeuse, qui ne voyait plus qu’une chose : son bec pointu , fin allongé , juste ce qu’il lui aurait fallu pour ce travail délicat :un outil qui n’existait pas encore et qui pourtant eût été tellement précieux, même dans les travaux requérant moins de soin . L’oiseau alors poussa un cri différent de ce « wi » « ‘wi’ » habituel et plaintif .
La femme ouvrit la fenêtre , il se laissa saisir. Entre ses mains , le petits corps prit une froideur de métal, s’aplatit. Les doigts de la brodeuse se retrouvèrent dans les anneaux dorés des pattes, le bec était devenu deux fines lames tranchantes et pointues à souhait.
Elle porta l’objet à ses lèvres et le caressa de ce geste tendre de reconnaissance qu’ont parfois les ouvriers pour leurs outils . Et elle commença de découper, joyeuse, toute cette fantasmagorie de végétation blanche où notre oiseau doré trouva enfin sa place .On dit que de ce jour, les brodeuses de tous les pays du monde, réels ou imaginaires, ne voulurent plus pour découper leurs ouvrages que des ciseaux dorés en forme d’oiseaux au bec fin .
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echantillons -1
- Le 21/10/2014
- Dans petits trésors
Entre autres manies, j'ai celle d'adorer les échantillons d'étoffes, que j'ai souvent utilisés dans mes quilts; il m'arrive aussi de rechercher des catalogues anciens , que je garde à titre documentaire en quelque sorte. Certains comme celui-ci, ont servi de cahier de jeux et coloriage à des enfants d'alors. Bien que sans date apparente, d'après la mode et les motifs des étoffes, je le situerai volontiers à la fin des années 40 ou les early fifties. Il m'a été vendu à un prix très réduit en raison des gribouillages, mais comme "complet" c'est à dire sans manque.
De fait, complet, il l'est, mais la petite fille qui l'a "amélioré" d'une façon charmante a visiblement comblé les manques à sa façon avec des étoffes de coton plus ordinaire que les belles soies annoncées (dans les collections d'échantillons c'est souvent le plus grand morceau qui a été récupéré) mais il est à noter qu'elle l'a fait avec un sens des couleurs et de ce que je nomme l'assortissage remarquable. Visiblement elle avait l'oeil ! Témoin la photo ci-dessous où l'imprimé à carreaux ne jure pas avec les petits bouts de soie d'origine.
Comme pas mal de catalogues de l'époque, celui-ci comporte un certain nombre de modèles de robes et tenues , dessinées , par un ou une styliste anonyme. Là encore notre petit lutin transformeur a frappé ... la plupart des dames ont été adornées d'une moustache .
Parfois les silhouettes ont été habillées de tulle noir, comme celle-ci :
Ou celle-ci, qui, épargnée par la pilosité supplétive des autres figurines , est drapée avec beaucoup d'adresse et je sais des artistes textiles qui ne la renieraient pas dans leurs propres créations
Enfin sur les pages vierges de l'album , la petite fille prénommée Martine a dessiné .... ses rêves :
En résumé une acquisition qui m'a touchée et amusée plus qu'un catalogue intact et sans défauts....
Vous pouvez sur la suite du billet voir quelques images de plus .
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Copyright : le passage d'un art dans un autre. questions .
- Le 30/09/2014
- Dans opinions
On le sait , quand il s'agit de notre art -ou activité - je suis assez "intraitable" sur l'honnêté face au copyright, c'est à dire au respect du travail d'une autre personne à l'intérieur d'une même discipline.
Mais il m'arrive aussi de m'interroger sur la rigueur du copyright quand on passe d'un art dans un autre.
Voici ce que dit la loi française à cet égard
Mais on peut aussi lire l'article de wikipédia , qui cerne bien la différence entre copie et oeuvre dérivée.Et parle effectivement d'un flou dans la jurisprudence .
Certaines lectures sur des sites de photographes très chatouilleux, voire pinailleurs sur leurs droits d'auteur -ce que je comprends aisément si on leur vole leur cliché et qu'on l'uitlise tel quel sans leur autorisation.- m'ont laissée rêveuse !
Je comprends moins quand il s'agit d'une adaptation dans un autre art totalement différent.
J'adapte souvent des dessins ou photos dont je suis l'auteur, et je sais la différence qu'il ya entre ce travail et le vol pur et simple d'une photo ou d'un dessin tel qu'il est . En moi la photographe et l'artiste numérique n'utilisent pas du tout les mêmes compétences que la brodeuse ou l'artiste textile . Il est certain que si je retrouvais une de mes images numériques adaptées en textile sans que mon nom soit cité , ça ne me ferait pas plaisir, mais je comprendrais au vu du caractère de la loi mais cela ne vaut pas autorisation à le faire . mais si on cite mon nom, je serais heureuse d'avoir créé quelque chose de générateur et de matriciel.
D'ailleurs le terme d'adaptation est souvent impropre quand il s'agit parfois d'une véritable métamorphose. Cela pose le problème de la liberté de l'inspiration, ni plus ni moins. Quand la source est ancienne, pas de problème , sauf que vu la difficulté à user d'une source non "libre de droits" contemporaine, on condamne plus ou moins l'inspiration à une certaine sclérose...ce que je nomme une "assignation à résidence" .
Sur un site, une dessinatrice portraitiste signale fort justement que si elle respecte à la fois le droit à la représentation de la personne et celui du photographe dont elle s'est éventuellement inspirée, elle ne peut créer qu'avec des sources déjà choisies par d'autres qu'elle-même, les "autorisées", donc dans des rails ...Or je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais quand je ne dessine pas ou que je ne photographie pas par moi-même, j'aime être libre de mon point de départ et l'idée de servir moi-même de point de départ à d'autres n'est soumise qu'à une condition : citer sa source.en particulier lorsqu'elle est unique et reconnaissable. Malheureusement au yeux de la loi, ça ne suffit pas .Il est vrai : problèmes d'argent là -dessous, je m'en doute...
La création graphique ou picturale d'après photographie ne date pas d'hier, Témoin le peintre Utrillo qui peignait, dit-on, souvent d'après des cartes postales : je doute fort qu'il en ait demandé l'autorisation à quiconque pour ce faire et encore moins qu'il ait payé des droits d'adaptation à l'auteur de la photographie de la carte postale !...Et même que celui-ci ait songé à les lui demander; autres temps autres moeurs... Si je me trompe, dites-le moi .
Donc si on on ne considère pas ce fait comme une malhonnêteté, parce que c'est un grand peintre, Pourquoi alors en blâmer voire sanctionner pénalement les artistes d'aujourd'hui qui font la même chose ? On devient de plus en plus procédurier à cet égard !
On va jusqu'à affimer que les collagistes devraient demander une autorisation pour chaque image découpée ..du moins selon le droit français appliqué à la lettre, On imagine : ce serait la mort de cet art, à court terme.C'est comme si nous autres quilteuses nous devions un copyright sur chaque tissu de créateur utilisé en recomposition, même ayant acheté le tissu...
De plus le temps que l'autorisation éventuelle soit accordée, et que tous ces problèmes de droit soient réglés, l'inspiration, elle, qui est volatile par excellence ce sera peut-être évaporée .
J'aimerais qu'on réfléchisse à cela . Quand on "vole" une photo, un dessin, un modèle de quilt ou de broderie et qu'on le fait passer pour sien, on n'est tout de même pas dans la même optique que l'artiste qui s'inspire de tout ce qu'il voit et pour qui la photo n'est qu'un point de départ comme un autre. Un point de départ qui a un auteur, certes mais pourquoi ne suffit-il pas de le citer ? Surtout si l'oeuvre n'est pas créée pour être vendue, mais juste publiée sur un site . Souvent quand l'artiste s'en aperçoit -trop tard- il risque plus à le dire qu'à le taire -peu de chances d'être reconnu...surtout si l'adaptation est vraiment métamorphose- et beaucoup croient de bonne foi être dans leur droit tant ils ont investi d'eux-mêmes dans ce passage dans un nouvel art . Cela n'a rien à voir avec la dame qui copiant un modèle de quilt dans une revue s'imagine que le coudre c'est c'est le créer... et pourtant juridiquement c'est traité de façon proche au niveau du "délit" !
.il faudrait alors pousser le raisonnement appliqué à l'art de la photographie -qui semble le plus sourcilleux de ses droits d'adaptation - !Mettons que je prenne une photo de rose , créée par un pépiniériste (et c'est un sacré boulot de créer une nouvelle rose ... qui peut être considéré comme artistique )- cette photo sera donc bien stricto sensu une adaptation de la rose de l'art du pépiniériste dans l'art de la photographie. Sans parler de l'art du jardinier ou du paysagiste qui l'a fait pousser et éclore . Il est évident que la beauté de ma photo devra beaucoup à la beauté de la fleur que je n'ai pas créée . Or personne en ce cas n'aurait idée de demander l'aval du créateur de la rose , ou de payer un droit sur chaque cliché de rose prise à tous les pépiniéristes du monde .La rose est pourtant protégée par des droits (on n'a pas le droit de la bouturer et de la reproduire pour la vendre ..) Mais si moi, je veux adapter en broderie la photo d'une rose prise par une autre personne, je devrais alors lui demander autorisation, voire lui payer un droit d'adaptation ? Eh bien je le ferai le jour où tous les photographes du monde , en arroseurs arrosés ne pourront plus rien photographier sans demander l'aval de qui l'a fait et là ça risque d'être fort complexe. C'est d'ailleurs déjà en train, tant faire de l'argent avec tout et n'importe quoi est encouragé sous couvert de "protéger".
Ce qui se passe en réalité c'est que vu le nombre de clichés sur internet, les artistes adaptent ou utliisent sans demander la permission par peur de la voir refusée ou de devoir payer et ne disent plus leur source graphique. L’honnêteté et la sincérité n'y gagnent pas et on atteint parfois des sommets d'absurdité côté tracasserie .Je ne parle pas, je le répète, des personnes qui se servent de la photo telle quelle .
Puisque la loi reconnaît le statut de création aux re-créations d'après une source identifiée ,qu'on exige juste cette reconnaissance de source quelle que soit la date de cette source. Sans autorisation à demander ou droit parfois exorbitant à acquitter, pourvu que le nom du créateur de l'oeuvre première qui n'est "orginale" que dans sa discipline soit citée.Si l'auteur n'est pas d'accord pour qu'on le cite, il pourra le dire (admettons qu'il trouve que ma broderie déshonore sa sublime photographie ). Car ce sont surtout les photographes qui montent au créneau ...sur ce droit de passage dans un autre art ...Ce serait à mon avis un encouragement à se monter honnête , alors que le droit actuel -outre qu'il est souvent ignoré, de bonne foi - conduit au contraire à dissimuler .On obtient le résultat contraire à celui escompté par excès de rigueur (et encore rigueur sélective comme le montre l'exemple de la photo de la rose ... ).
Je rappelle que si vous avez un problème pour poster un commentaire vous pouvez m'écrire sur chiffondart@aol.com
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Toujours méchante jamais contente
- Le 22/09/2014
- Dans opinions
On me faisait la remarquer sur un Forum récemment que je songeais toujours à critiquer et pas pas à encourager. Je le voudrais bien , mais comment le pourrais-je, souvent ? quand j'admire, j'aime savoir déjà, ce que je regarde
Promenade sur les blogs au hasard de publications,je tombe sur un site adorné d'un quilt présenté comme l'oeuvre "superbe" de X, une dame du club, probablement .
Le problème c'est qu'au premier coup d'oeil je reconnais, étant du métier, que l"oeuvre imputée à la quilteuse X qui a si "superbement "travaillé en couture -je n'en disconviens même pas- n'est pas.. "son" oeuvre comme affimé, ou alors le mot a changé de sens pendant la nuit sans que je m'en aperçoive !- mais la copie conforme d'une oeuvre de l'artiste américaine bien connue Caryl Bryer Fallert qu'on peut voir ici.sous le titre Flying free 2.
Certes l'artiste en vendant modèles, patrons et kits autorise la copie de ses oeuvres, mais elle n'autorise pas qu'on s'en approprie la propriété intellectuelle : le voudrait-elle, elle ne le pourrait pas , c'est "inaliénable" .Non : le fait de payer le patron ne donne pas le droit de se l'approprier en tant que créateur. Dans le même esprit sur un autre site on voyait naguère, une dame réclamer des copyrights sur ses "oeuvres" parmi lesquelles on reconnaissait entre autres une oeuvre célèbre de Joan Colvin, faisant la couverture d'un de ses livres. .. Copyright sur quoi ? Si on n'a pas conçu c'est à dire composé sa surface soi-même et surtout si on a utilisé un dessin contemporain bien reconnaissable, pris , avec son aval ou non , à un(e) artiste connue, Non même si on a payé, on n'a pas le droit de le publier comme oeuvre de soi-même ,
Nous avons peu de public, sans doute, mais ce n'est pas une raison pour l'induire en erreur. Tout au contraire, on éviterait par un abord honnête et sincère, les ricanements sur l'activité ou a contrario les admirations mal orientées de spectateurs qui croient, légitimement, que si on met son nom sur le tableau textile, ce n'est pas pour avoir acheté le kit ou le patron,mais pour avoir composé élu couleurs valeurs et étoffes soi-même. Comment pourrait-il savoir le public que ce qu'il regarde n'existe que par un autre travail réellement créateur celui-là -et non créatif!- puisqu'on le lui cache et souvent sciemment, pour se faire valoir?
Car je pense que nombre de quilteuses sont persuadées que "le coudre de ses mains, c'est le "créer" tant le mot loisirs créatifs si impropre a fait commercialement son œuvre. Mais ce n'est pas le commerce qui fixe le sens des mots et qui change la réalité des faits ni le droit de la propriété intellectuelle : il produit une illusion dans le but de vendre . C'est son rôle .
il suffit de réfléchir un peu . L'oeuvre superbe de madame X signalée plus haut d'abord existe déjà et sous cette forme exacte. donc Madame X ,n'en est pas l"'auteur , donc madame X ne peut signer , ni publier sous son nom. madame X et la responsable du site qui la publie devraient dire : conçu par Caryl Bryer Fallert et re- cousu par Madame X; d'autant que Madame X n'est pas non plus la "petite main attitrée de l’artiste, comme il en existe pour certains artistes hommes, qui conçoivent sans coudre. Non c'est l'acheteuse d'un kit ou d'un modèle qui a su le réaliser; Fort bien , certes, tout le monde n'en est pas capable OK; Mais ça n'empêche : ce n'est pas "son" œuvre.
Ce n'est que deux exemples, je ne passe pas mon temps à fliquer les autres, mais je voudrais pour admirer savoir ce que j'admire. Depuis des années je songe, je vous l'ai dit, à créer un index sur le net des oeuvres textiles patchwork mosaïque inclus - et je ne puis le faire. J'envisage ce travail avec rigueur et honnêteté sinon c'est du temps perdu et je ne me vois pas passer x heures à enregistrer des copies ou des kits réalisés comme "oeuvres originales" de la personne qui les a juste cousues.Une telle entreprise ne pourrait reposer que sur ma confiance en l'auteur "déclaré". Comme on ne peut pas faire de reconnaissance de paternité pour les quilts ...on voit l'étendue du problème Malheureusement, on voit du mépris dans ce que je dis, alors que c'est juste un rappel de comment "scientifiquement" et légalement le monde de l'art - fût-il art appliqué ou décoratif- et son histoire en tant que science, fonctionnent. Ce n'est pas anodin .C'est tout de même la manière dont fonctionne aussi ce qui dans d’autres pays (Royaume-uni, USA ) est tout de même considéré aussi comme un art. Mais ce n'est possible que par une certaine rigueur dans la reconnaissance des sources graphiques et autres "modèles" utilisés, même légalement .On peut faire comme on veut, mais à condition de ne pas mentir (et se mentir à soi-même non plus!) par omission!
Internet est un espace public !Pas votre maison où vous montrez en privé pour faire admirer votre talent de couturière experte à votre famille et vos amis.
Il y a fort heureusement des blogs honnêtes où on montre le livre ou la revue qu'on a suivie pour créer ce qu'on nous met sous les yeux. Si c'est dit, c'est bien : on sait ce qu'on regarde et nous pouvons toutes participer justement à revaloriser l'image du patchwork assez désastreuse en milieu artistique et pour cause. Il n'y a pas de honte à en faire un loisir de reproduction ou de démarque proche en revanche donner comme je le vois aussi des tutoriels d’œuvres où a juste changé un détail pour se les approprier sans mention du travail original ..et parfois même les vendre relève de la malhonnêteté.
Même si dans l'idéal, j'aimerais mieux qu'on montre plus souvent des élaborations vraiment personnelles , avec démarche : le" comment on est arrivé à ce qu'on voit". Normalement dans une création, même si la source graphique-le dessin , le bloc- n'est pas de vous, tout le reste -qui n'est pas rien- l'est et il vous reflète, vous : votre sens de la composition et des couleurs, pas forcément du "dessin d'art qui est une autre discipline , votre choix d'étoffes -car oui un choix d'étoffes peut être une expression personnelle. C'est même l'origine de notre art : se dire par le moyen de tissus-qu'on choisit soi même- assemblés . sinon on reste dans la simple compétence technique et c'est tout autre chose.
Qu’on aime surtout coudre pour avoir de belles choses faites de sa main , qu'on soit fière de sa capacité à le faire ; je le comprends aisément . Mais qu'on ne différencie pas une réalisation d'après kit ou patron d'une création authentique et qu'on fasse tout pour créer le doute en sa faveur me questionne sur les abimes soit de vanité, soit d'ignorance de ce qu'est un parcours artistique et réellement de création ...que cela présuppose.
Un artiste concepteur- je n'ose plus dire créateur tant la création est mise à toutes les sauces - vous savez c'est quelqu'un qui travaille beaucoup et notamment au niveau de la conception personnelle de ses oeuvres , c'est son travail que vous piétinez à chaque fois que vous agissez ainsi laissant croire que le patchwork ce n'est que cela : de la belle couture d'après modèles dont on devient l'auteur parce qu'on le coud !
Si vous recopiez une page de Victor Hugo, même en calligraphie vous n'êtes pas l'auteur du texte de Victor Hugo, mais vous pouvez revendiquer votre talent de calligraphe. Seulement, une exposition de calligraphie n'est jamais montrée comme étant de la création "littéraire" sauf si auteur et calligraphe coïncident .
Les activités d'un club quel qu'il soit sont evidemment publiables, mais celles qui gèrent les pages devraient avoir conscience un peu plus de leur responsabilité à la fois à l'égard du droit (publier sous un autre nom la création d'un autre reste illégal , même ci cet autre ferme parfois les yeux pour ne pas perdre son chaland !) et aussi à l'égard de l'activité que d'autres exercent autrement .Et qu'on ne se dédouane pas en disant "tout le monde le fait, alors "... d'abord c 'est faux (les blogs honnêtes que je signalais) et ensuite ce n'est pas une excuse c'est aggraver son cas par une sorte de lâcheté collective.
Ce que je signe, même si ce n'est pas "superbe" c'est au moins de moi , c'est' mes idées, mes rêves , ma passion, mes recherches, mes erreurs et mes errances, mes "ratés" . Mes sources sont citées et mes emprunts aux autres œuvres textiles reconnus. Je me demande parfois si ce n'est pas pour cette raison, que reconnue, en milieu "quiltique", je le suis peu et exposée encore moins ! Le travail que je délègue l'est aussi.Permettez- moi d'en être plus fière que d'un bel ouvrage que j'aurais cousu grâce au travail d'une autre sans le signaler. Je ne comprends même pas qu'on puisse agir ainsi et y trouver un quelconque plaisir, puisque mon plaisir à moi c'est d'imaginer ...non sans inspiration, certes mais je l'ai dit mille fois s'inspirer de, c'est s'imprégner non d'une œuvre unique qu'on reproduit quasi telle quelle, mais de tout ce qu'on voit et admire.
A quand un signalement et étiquetage honnête de tous les patchworks et œuvres textiles exposées ? On me verrait alors, peut-être, vraiment admirative.