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  • Le bonheur en lisière-5

    • Le 09/02/2021

     

    Le contempoorain arrive ou dissidente sans le savoir

    A l'époque je n'avais pas eu le temps de m'immerger comme ce sera le cas plus tard dans ce que  je nomme mon art (ça fait souvent sourire, voire ricaner mais tant pis!)  , mais ce n'était plus pour moi un loisir de détente et de divertissement pas plus que la littérature, c'était un langage qui venait prendre sa place dans mon  parcours et dont j'ai dit l'importance à cette époque où ma famille s'agrandissant, j'avais moins de concentration et de disponibilité d'esprit pour écrire. Et c'est aussi pour cela que la construction  fragmentaire des blocs dits américains me convenait. Le fait aussi que je n'avais pas d'endroit où installer un atelier.

    Ce que disaient les "grandes" dont je respectais l'oeuvre , ne me paraissait pas alors  sujet à discussion , bref j'étais encore une bleue qui apprenait son métier .Pourtant , je ne comprenais déjà pas le besoin de scinder en deux les personnes qui créaient des surfaces textiles , selon le genre d'ouvrage qu'elles concevaient . Je m'admettais "artisane" puisqu'on prétendait alors que seules étaient "artistes" les personnes qui faisaient du "contemporain", c'était présenté comme "indiscutable" et je n'en savais pas assez pour oser discuter.  Je  sentais bien  que mes surfaces étaient tout autant des créations , qu' elles venaient  de moi, que ce n'était pas  quelque chose que je faisais pour respecter une tradition  quelconque -mes quilts ne ressemblent pas à des quilts anciens- mais un  des genres que j'avais choisis pour m'exprimer, comme en littérature on élit la poésie ou le roman . Un roman d'aujourd'hui est souvent encore divisé en chapitres et on ne le traite pas de "traditionnel" pour autant .En patchwork c'est ce que constamment, on a fait !

    Nous sommes en 1992  et se tient à l'hôtel de Sens à la bibliothèque Forney la première exposition de patchworks dits "contemporains" .

    On peut trouver déjà  à cette occasion, un article signé d'une des artistes participantes, de celles  qui ont su se faire un nom et c'est sans aucun doute mérité. J 'ajoute qu'à mes débuts, j'ai beaucoup appris de certains de ses articles et que je ne suis pas en divergence systématique avec ses opinions. Je ne  citerai pas son nom  volontairement . Je ne fais pas d'attaques ad hominem , ce sont les idées que  je discute et parfois combats, quand je les trouve aussi infondées qu'injustes,  pas les personnes  et moins encore les oeuvres que je respecte, même si la réciproque n'est pas souvent  vraie. Je rendrai crédit de cette phrase, cependant si l'auteur me le demande.

    Je voudrais citer deux phrases de cet article qui annoncent et concentrent  tous les mépris à venir : le traditionnel (on entend par là la géométrie régulière comme source graphique)   comme excellent "guide pour apprendre" , se faire la main en somme, et surtout ceci : " le quilt traditionnel est presque toujours composé d'un motif  répétitif symétrique, même si les couleurs changent , les valeurs gardent le même équilibre , l'aspect d'ensemble est d'une stabilité totale la lecture immédiate, la surface a deux dimensions , la réalisation est sans surprise."

    Exécution sommaire  de ce  que moi j'apprenais à faire. à ma façon, hors formatage toutefois des clubs ...  Il s'agissait bien de se démarquer  et de la façon dont parle   Spike Gillespie dans le livre Quilts around the world.

     Méconnaissance  du sujet  aussi : les blocs peuvent très bien  présenter des effets secondaires qui les font disparaître, les mêmes valeurs ne sont pas toujours mises à la même place.  On peut créer avec eux  des effets d'asymétrie , la profondeur y existe tout aussi bien (et il est permis de remarquer que la profondeur d'un quilt ne tient pas que de son graphisme  mais aussi de sa puissance d'expression et des lectures diverses qu'il propose grâce à l'usage des étoffes variées dont il est composé, le matelassage éventuel, le vrai relief et le faux semblant ... ) Je renvoie à mon article sur composer ou dessiner .

    Une analyse rapide  du catalogue  prouve que la géométrie est présente à  presque toutes les pages ou presque et repose souvent encore sur des blocs traditionnels, ou bien des pièces uniques (carrés, rectangles,  triangles une pléthore de bandes , quelques logs cabins détournés. Certaines  formes empruntent aussi beaucoup à l'op art (sans le dire) .Le livre de  Katie Pasquini Isometric perspectives va paraître ....C'est dans l'air du temps, il faut donc suivre (la nouveauté ou ce qui est présenté comme tel)  pour se démarquer, beau paradoxe .

    La répétition de motifs est fréquente , elle sera justifiée souvent ensuite par des  références à ... Warhol.  Émerge le désir de démarquer la peinture, ou tout au moins d'avoir une source noble, côté Beaux-arts , d'y trouver référent -sans toujours l'avouer , il fallait  aussi laisser croire qu'on créait ex nihilo, à la différence des "traditionnelles" qui elles usaient d'un dessin existant  : d'un "poncif" . L'usage du tissu uni en est un signe : rien ne ressemble plus à une surface peinte qu'une surface unie en tissu. Qu'on n'y voie pas critique de "valeur" de ces oeuvres -je sais, moi, que je ne suis pas fondée à le faire-  Mais une analyse de ce  que j'ai sous les yeux et' une réflexion qui ne se laisse pas avoir au prestige, de qui que ce soit, quand les allégations sont démenties par les faits.

    Il m'apparaissait surtout qu'il y avait deux sortes de géométries  :une pour les petites mains, cataloguées  simples artisanes même si elles créaient en appui sur des dessins réguliers de la "tradition" décrite toujours de façon stereotypée,  et en tout cas "non artistique"  et une géométrie noble empruntée à la tradition parfois  plus récente  de la peinture. ..L'une aurait été simplement décorative, et l'autre  aurait eu automatiquement profondeur, le tout sans analyse pertinente des oeuvres; c'était à admettre sans discussion . On décrivait les premières comme réductrices, sans imagination ,comme si avec plus de 4000 blocs -et on en crée toujours de nouveaux aujourd'hui !- cette soi disant tradition-  pouvait produire seulement  ce qu'on nommera un peu plus tard mais avec quel mépris encore les "resucées de traditionnel" - L'autre serait originale  pleine d'innovation et d'ouverture . Or quand on  regarde certains graphismes de ce contemporain présenté comme une révolution : labyrinthe, bandes, spirales, carrés dans un carré, ou cercle dans un cercle(carrés décalés , je ne vois absolument pas en quoi ils témoigneraient d'une quelconque originalité et surtout d'une nouveauté  graphique et si l'innovation était de faire de la peinture abstraite en tissus , ce n'était pas bien une révolution non plus dans les formes  : l'art abstrait étant dans ses débuts  "moderne" (d'avant 1945 )et non "contemporain". Il s'agissait donc bien d'importer un grand art dans un jugé mineur pour lui donner en quelque sorte ses "lettres de noblesse"

    Mais le dire est evidemment très mal perçu .

    On pourrait , si on veut s'appuyer sur l'art muséable, le seul vrai (!) sur le mouvement Pattern Painting dans les années 1970 .Si ces oeuvres-là sont muséables en tant qu'art, côté Beaux arts, grands arts ,  pourquoi pas alors tous les quilts issus d'une création réelle ? Il y aurait une  "bonne" répétition parce qu'issue d'un mouvement  d'art reconnu (au moins un  temps) et le reste serait nul et non avenu , à ne surtout pas sortir de la sphère domestique ? Et pourquoi donc  une couverture ne serait pas alors autant de l'art  qu'un urinoir ? On aurait pu s’approprier le ready made , aussi, ..encore eût-il fallu le connaître .

    Et  les quilts présentés au Whitney  Museum étant anciens seraient, eux, de l'art abstrait ? Et ça n'en serait plus quand une quilteuse moderne compose avec le même vivier de dessins  ? Mais ça en serait si la quilteuse utilise d'autres motifs existant déjà, mais dans un domaine jugé "artistique" ?  Un labyrinthe c'est plus artistique  qu'un nine patch (bloc composé de neuf carrés)  ? Plus symbolique qu'une étoile ? Et tout cela au nom d'une " libération" de notre art ?

     Ce qui me gênait déjà,  c'était  donc surtout ,cette plus-value que ces artistes s'accordaient (et s'accordent toujours) au détriment de  celles qui cherchaient sur d'autres pistes. D'autant plus grave qu'elles étaient juges et parties. Elles ont d'ailleurs leur chef de file, en la personne de l'artiste Michael James  (je rappelle que tout le monde n'avait pas les moyens d'approcher le maître!)  . Si éminent soit-il et je respecte infiniment son oeuvre, -il devrait rester permis d'être artiste, en France,  sans son aval ou celui de ses disciples . Que cet artiste se  soit prévalu, alors,  de la peinture et dédaigne les autres sources jugées trop artisanales à son gré, le concerne mais j'aimerais qu'on me prouve que c'est une vérité indiscutable autrement que par des arguments du genre : "c'est un très grand artiste donc ce qu'il dit  fait "autorité", c 'est indiscutable etc.". On peut voir  ce que je réponds à ce sujet en 2002 , lorsque  le même maître se plaindra qu'en contemporain  il y ait tant de "clones" ! Et pour cause!

    Toute mon oeuvre crie  le contraire de cette mouvance,   de toute la force de ses combinaisons de tissus et de couleurs...elle se veut précisément 'impossible à peindre" et même en étoffes on ne peut pas vraiment les reproduire  littéralement, on aura une imitation pas l'original puisque chaque  "tesselle" telle qu'elle a été choisie et placée a son  importance .... Je plonge dans les imprimés  y compris les plus surchargés,   alors que les autres chantent les louanges de la merveilleuse sobriété de l'uni -roi ! qui rend l'ouvrage automatiquement artistique et contemporain (car c'est ce qu'on lit , et ce qu'on voit , aussi !) Mais je le fais pas ni pour être "dans la tradition", ni pour me singulariser, tout simplement parce que  c'est ce  que j'aime et ce  que j'ai, moi, envie de faire.

      Je ne voyais pas non plus  les choses non comme les traditionnelles accrochées à leur fidélité à l'antique et à la perfection de leurs petits points, et à leur reproduction de tissus anciens, qu'il ne fallait surtout  pas désassortir !  à leur notion du "bon  goût"  ni  non plus comme ces nouveaux "maîtres" de notre petit monde.

    J'étais ignorée des unes par mon "genre" - et le choix de mes tissus imprimés multiples , mon refus des graphismes épurés en  deux couleurs unies , qui ne m'auraient pas autant comblée  et rejetée des autres par ma liberté de conception et le choix de mes couleurs et ma distance envers le "fini-fini" parfait des bonnes faiseuses .

    J'étais déjà  mal barrée , comme on dit . Mais si heureuse à la barre . Libre !

     Ma passion c'était les tissus dans leur diversité et mon appel dire quelque chose avec ceux que je continuais inlassablement de collecter (et pas seulement d'acheter), passion croisée avec les dessins abstraits de la géométrie dont je n'avais rien à faire au fond qu'elle fût américaine, chinoise ou papoue, ou inspîrée  de Kandinsky,  Klee, puis  Vasarely,  qu'importe .  Le tissu reste pour moi l'essentiel de mon art non les formes seules   ou plus exactement l'adéquation des deux à une expression personnelle .  Le langage que je tentais d'établir passait justement dans l'affrontement de ces morceaux disparates et en désaccord initial. Ma tâche : rétablir une harmonie . Petit dessein quand on  se heurte   à    de grands noms,  pour qui ce travail est, et est resté dérisoire.  La célébrité vaut autorité . Ma conception est pourtant exactement celle de l'artiste Edrica Huws , même si celle-ci, éminemement figurative, déteste les géométries que j'affectionne  : (tissus) qui  "dans un même vêtement, paraîtraient vulgaires et bizarres peuvent acquérir une valeur propre quand ils sont employés comme pigments ou mosaïques dans une construction" et elle ajoute " vous dépendez des hasards des tissus crées pour un emploi totalement autre " ('interview accordée à Smaranda Bourgery dans les Nouvelles du patchwork en septembre 1993.)

     Témoin ce Canicule, composé  à partir du bloc Echelle de Jacob .  J'espère qu'il prouve assez que le soi disant "traditionnel" peut aussi se lire comme du contemporain ou plus exactement que cette distinction par la source graphique choisie est tout à fait discutable . Les tissus  sont tous  imprimés , et allient une bordure en  tissu tahitien, une en tissu provençal, des échantillons de tissus américains et des faux ikats français achetés à un  collectionneur ...Un quilt pas tout coton ... c'était ma façon à moi d'être personnelle et authentique et surtout de laisser la parole aux tissus, dans un art qui tout de même était fondé, au départ , sur leur usage en mélange . (à suivre)

    Canicule2

    Canicule 1994- piécé et  matelassé main  (paru dans les Nouvelles du patchwork en juin 1997)

  • Le bonheur en lisière -4

    • Le 04/02/2021

    Au  cours des années 90, j'ai commencé ma collection de   livres américains achetés chez Brentano's, le plus souvent , puis diffusés par les commerçantes- artistes quilteuses de l'époque , si on voulait  vivre de son art, il fallait  déjà en passer par là , vendre des modèles, des kits, des tissus, organiser des stages.  La machine commerciale était en route.   Point trop de salons et un art pas encore vendu aux marchands du temple, cependant. Ma première  grande influence fut l'artiste Nadine Rogeret à qui j'achetais mes premiers tissus américains . Ce furent longtemps, les seuls. J'aimais sa façon de créer en mélangeant dans ses oeuvres une inspiration qui venait de la géométrie et des compositions tout à fait personnelles. On voit nombre de ses oeuvres dans le livre de Claude Fauque Le patchwork ou la désobéissance . Si une me fut exemple, dans mes débuts en mosaïque de tissus, ce fut elle et je la salue au passage .

    Je m'intéressais donc à cette géométrie dite traditionnelle et américaine ,  parce qu"elle coïncidait, en moi, à mille manières de construire avec des tissus. J'ai toujours aimé mettre beaucoup d'étoffes différentes dans ce que je fais , parce que pour moi c'est une sorte de richesse de vocabulaire.  A mes yeux, c'était de la mosaïque, de la marqueterie,  arts qui m'ont toujours fascinée et dont je n'ai jamais compris qu'ils soient jugés comme décoratifs et mineurs sauf quand un  grand nom s'en empare , que la peinture s'en inspire ou qu'un mouvement d'arts plastiques en vogue les récupère.  J'ai expérimenté évidemment, depuis, d'autres voies et certaines de mes créations actuelles sont toutes différentes, mais cette variété est la pierre angulaire de ce qu'on me pardonnera d'appeler ma démarche. Or, mettre énormément de tissus, de motifs et de couleurs venus non de chez un marchand qui vous les a assortis mais des découvertes et trouvailles un peu partout - neuf et ancien mêlés - exige pour équilibrer une rigueur que la géométrie des blocs et leur répétition me donnaient . La miniaturisation  des morceaux aussi.

    J'en étais donc là, à prospecter dans ma collection de tissus et les différents dessins issus de ce qu'on nomme "tradition" - J'envoyais en guise de voeux à l'association une photo d'un de mes patchworks, , on était début  92 et à ma grande surprise la directrice de publication Suzanne Lambert  me répondit , et m'encouragea. Elle fit mieux elle publia comme modèle ce premier quilt  réalisé d'ailleurs bien des années avant d'après un bloc trouvé dans une revue. Ce fut pour moi un puissant déclencheur, le geste qui me donna confiance . Mon livre lui est dédié. Sans elle, je n'aurais pas cru en moi. Je croiserai plus tard d'autres personnes (et aujourd'hui encore!) qui m'aideront à dépasser mes doutes, à continuer, car seule et souvent à contre-courant ,  ce n'est pas si facile.  Je veux saluer celle qui fut pour moi à l'origine de ce  que je nomme ma  seconde vocation  (la première, comme on le sait, était l'écriture ).    et je préfère oublier les réflexions inévitables du genre "on te l'a pris parce qu' à l'époque, 'on manquait de modèles". Car oui , c'est ce qu'on entend au sein de notre corporation. (à suivre)

    Pour

     Pour Guillaume -1990- parution   1993 Nouvelles du Patchwork

    tissus américains et de récupération

  • Le bonheur en lisière-3

    • Le 04/02/2021

    En 1984, France patchwork fut créée. Je possède encore presque  tous les numéros de la revue depuis le  numéro 20 jusqu'en 2012 où j'ai décidé de ne plus en faire partie .. Et je n'ai pas l'intention de m'en séparer. Malgré les divergences, la vie de cette association participe de mon parcours . Du moins dans ses débuts et jusqu'en 2012 où je l'ai quittée.

    J'avais rencontré le patchwork dans les revues féminines et notamment Cent Idées. J'ai défendu dans  un article intitulé Modèles (que je republierai vu la disparition du site Art-up )  ce moyen de répandre la culture textile ( si moqué ou complètement ignoré des grands penseurs en art ! ) . Nous n'en avions pas d'autres : à l'époque pas de stages, pas accès à internet : qu'on ne l'oublie jamais avant de décrier. Les créatrices de ces revues créaient, elles, réellement , c'était un métier, pas un loisir.  C'était aussi un accès à l'art textile, d'un prix modique,  abordable par toutes. Pas besoin d'être agrégée d'arts plastiques pour tenter avec ses fils et étoffes de se mettre en route.  

    J'ai donc  adhéré  à  France Patchwork en 1989 .Mais , entre temps  j'avais découvert ce qu'on nomme le patchwork américain en blocs (carrés de mosaïques) l'année d'avant, dans un  livre . L'association  à ses débuts me fournit en  connaissances techniques , en 'informations diverses. J'avais surtout besoin de voir les ouvrages et oeuvres des autres  et déjà pas pour les copier , mais m'en nourrir , acquérir ce que je vais nommer une culture dans ma valence. Et déjà, me situer par rapports aux "courants" que j'évoquerai ensuite. Culture que j'ai élargie dès que j'ai pu par la lecture de livres et pas seulement de livres pratiques . En comparant, en me questionnant, en n'acceptant pas tout comme "sainte parole" dispensée d'en haut et surtout en expérimentant par moi-même J'ai toujours détesté les dogmes et les catéchismes.

    La première chose qui m'a surprise, c'est l'organisation en clubs et en délégations  mais à l'époque, on acceptait fort bien les indépendantes et on ne les soupçonnait pas d'égocentrisme. On se référait evidemment à la tradition américaine, dominante,  des réunions de femmes style quilting bees ou autres  talk and show mais nous n'avions pas forcément le même mode de vie que les pionnières, dont on dit qu'elles se réunissaient aussi , dans les débuts, pour parfaire leur pratique de l'anglais et s'intégrer, nécessité que nous n'avons pas .  Je ne suis pas une pionnière américaine, je maîtrise ma langue assez bien et j'ai assez d'amis pour ne pas avoir envie de me faire des relations de club ou de groupe.  J'ai toujours aidé, et j'aide toujours "en free lance" donc discrétement et je n'aime pas trop un bénévolat exercé pour qu'on vous en louange et qui comporte au dévouement -dont on vous rebat les oreilles- certaines compensations. Des aides apportées, je n'ai eu le plus souvent ni estime, ni gratitude, mais oubli et indifférence, mais cela importe peu : l'essentiel était d'être efficace dans le moment .

    Le célèbre partage du patchwork, qui serait à nuancer aussi bien dans le passé (la tradition américaine n'est pas monolithe et varie selon états et époques ) et surtout elle n'est pas la seule "tradition" de l'assemblage d'étoffes, encore moins la première, évidemment. Tout ce que  j'ai pu lire depuis le confirme et dans le présent où il peut se pratiquer tout autrement , comme n'importe quel autre art.. Pour ma part, j'avais trois raisons qui me poussaient à expérimenter seule : mon indépendance native -et farouche!-, je suis incapable de me concentrer en société et j'ai dû mal ,même dans les trains ou salles d'attente ...mon travail et mes trois enfants . J'y ajouterai une paresse certaine à me déplacer. Cette attitude  -qui n'est préjudiciable à personne- n'implique pas que ce qu'on crée ainsi soit en aucune façon inférieur à ce qui est fait en clubs ou ateliers, Pourtant, aujourd'hui,  cette attitude maintient en lisière.

    La deuxième c'est l'obligation du matelassage, présentée alors  comme incontournable , et j'avoue que ce diktat, dont je sais maintenant un peu mieux les causes , m'a beaucoup gênée. Pourtant, j'ai appris à le faire, à ma façon un peu iconoclaste , mais passablement . J'y reviendrai dans un article séparé. (à suivre )

     

    Tentationexemple de matelassage main sur le Quilt La tentation de la quilteuse

    qui montre aussi ma passion des "petits" bouts

    exposé en 2004 à l'exposition Fragments

  • Le bonheur en lisière 2

    • Le 03/02/2021

     NB les liens sont donnés pour éviter de refaire des démonstrations  déjà faites .

    Il y a donc une histoire du patchwork et de l'art textile en France, une histoire ignorée et même occultée, qu'on commence à redécouvrir  mais toujours à l'arrière -plan . On a longtemps cru (et moi aussi) que le patchwork, c'était exclusivement anglo-saxon, et surtout américain (certaines américaines le croient aussi!) , mais il m'étonnait qu'en France , on n'ait jamais rien créé en ce domaine. On sait maintenant qu'il n'en est rien. cf ce lien pour en savoir plus

    Et une  histoire récente un "revival" comme on dit outre-Atlantique,qui commence chez nous dans les années 70. On voyait d'ailleurs à cette époque beaucoup de tissus imitant le patchwork, mais précisément le patchwork tel qu'on le caricature et ainsi, il ne m'attirait pas . C'était l'époque où j'avais acheté les livres de Marie Jeanine Solvit.

    J'ai raconté comment en 1982, j'ai rencontré l'assemblage d'étoffes dans mon livre Jeux d'étoffes impressions, expressions . Ignorant tout des règles du patchwork dit  américain , je traçais avec des formes simples , je faisais des couvertures pour mes enfants. Celle qu'on voit ci dessous est une des premières , composée dans le Var où j'étais en vacances pour mon fils aîné. Elle date de 1987, ne comporte aucun tissu à cet usage ( j'en ignorais l'existence) et mélange allégrement lainages, synthétiques et coton . Elle obéit déjà à une stratégie d'assemblage : un imprimé et un uni soigneusement  assorti , c'est forcément une création puisque je ne disposais d'aucun livre ou revue , mais toute  création n'est pas forcément un chef d’œuvre. J'ajoute  qu'elle a été lavée des dizaines de fois , et sur  la photo a été prise en 2010 , on voit qu'elle a tenu la route... elle n'est pas non plus  matelassée parce  que pour moi un patchwork n'est pas et ne sera jamais forcément un quilt .  Je n'avais pas besoin qu'on me dise comment placer les couleurs, ni même les unités qui ne sont pas des blocs   à proprement parler : j'avais une idée personnelle-bonne ou mauvaise- de la chose.

    Pict0075couvertures -1987

    C'étaient déjà des surfaces"expressives"  que je composais , et là sans influence au vu de mon ignorance en la matière. J'étais dans ce qu'on pourrait appeler ma période primitive . Il est à noter qu'une couverture comme celle  appelée Simplicité qui date des années 86-87 pour la conception mais fut terminée en 1992  'était déjà du "contemporain" sans le savoir au vu que j'ignorais à ce moment les "blocs" américains. Je n'allais d'ailleurs pas tarder à entrer dans l'enfer du célèbre clivage traditionnel-contemporain ... mais c'est une autre histoire... (à suivre)

    Simpliciteg

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  • Le bonheur en lisière -Prologue

    • Le 31/01/2021

     

     

    NB Je reproduis ici en plusieurs billets le long article que j'ai écrit sur mon parcours textile . Il dit l'essentiel de ce que j'ai vécu . J'ai commencé en 1982, ce n'est donc déjà pas pour moi un "loisir de retraitée " qui s'ennuie.  Il complète l'index que j'ai achevé il ya quelques mois .

    I-Prologue

    . J'ai souvent eu l'impression que mon parcours en art textile était une suite de malentendus, voire de contretemps, signe  d'une inadaptation foncière aussi à ce qu'il aurait fallu être et faire !

    D'avoir vécu en lisière de la vie  de ce qu'on nomme le "monde du patchwork et de l'art textile" où je ne suis ni inconnue, ni vraiment reconnue. Et très peu souvent comprise L'impression d'exercer le même art , mais avec un point de vue totalement marginal . Ce n'est pas volontaire; je ne peux absolument pas me contraindre à le vivre autrement .

    Et  c'est aussi en même temps, l'exercice d'un grand bonheur, d'une plénitude, parce que d'une grande liberté où précisément ce que je suis, ma nature, mon essence si on me permet  ce mot, peuvent se développer . Je dirai même que ces malentendus, cet écart, ces hiatus  ont été pour moi une chance, que je mesure  : ils m'ont permis d'aller aussi loin que possible, dans ce que moi, je voulais créer. N'y voyez pas orgueil, ou alors, pas seulement, mais appel, vocation . Je n'ai jamais dit une seule fois que ce que je faisais était mieux que les travaux des  autres, d'abord parce  que je trouve cela stupide, ensuite parce  que je n'y crois pas. Je crois en  revanche, à la singularité de ce que je crée  comme étant une œuvre particulière, témoignant de moi, et en ce qu'elle est aussi incluse dans une époque, un contexte inhérent aux arts qu'elle exerce ,  et soumise à des influences. Mais une influence n'est pas un formatage .

    Une chance pour créer, mais un ostracisme pour être publiée et exposée . Là il vaut mieux nager dans le sens du courant et taire ses divergences . Je laisse le lecteur juge de voir si c'est justifié.

    Parcours croisé forcément, avec le monde du patchwork, parfois au sens très étroit du terme et que je suis de très près, attentive à ses évolutions. et  à la différence de beaucoup d'artistes traditionnelles , je ne me suis pas fermée à ses mutations, mais s'y ouvrir n'a jamais signifié pour moi faire autre chose que ce qu'un désir, une envie une force puissante m'incitait à Faire. Ainsi ai-je suivi mon évolution et non celle qu'il "fallait" suivre. On ne m'a pas vu  abandonner la géométrie régulière sous la poussée de boutoir du destructuré dit contemporain, ni les tissus sous le bulldozer du mixed media déguisé en art textile, ni penser que la 3 D c'est mieux qu'une surface, plus " original" . Juste que tout cela est différent et que je n'avais rien à suivre qui ne s'intègre à mon propre parcours . Perméable mais pas influençable au point de perdre mon identité dans les tendances pour être sur un  podium

    Je livre mon expérience dans l'espoir de croiser des personnes dont le parcours est réellement proche. J'en sais quelques-unes et si les autres pouvaient sortir de l'anonymat et m'écrire je serais comblée. Non pas pour m'approuver forcément en tout ce que  j'écris : mon expérience comme tout parcours est unique et comme tel subjectif. Je ne cherche pas des compliments , mais une réflexion sur notre art qui dépasse les querelles de personnes et de chapelles et surtout ne s'appuie pas sur les poncifs d'une pensée généreusement dispensée dans clubs, ateliers et revues. Les faits rapportés de l'histoire du patchwork,  sont eux, incontournables. C'est bien comme cela que ça s'est passé et j'en ai les preuves dans les innombrables livres et revues que je lis, relis et médite. Et dans les relations que j'ai entretenues, parfois pendant de longues années et maintenant encore.

    Aux yeux des pratiquantes, je  "fais" du patchwork  traditionnel  et à côté de l'art textile contemporain . Le regard des spécialistes en art, quand d'aventure il se pose sur moi ce qui est déjà un bien grand honneur,  est sensiblement différent, car ils n'ont pas été formatés  revues,  clubs de patchwork et n'ont pas grand chose à faire avec  les clivages nés dans notre petite sphère. Et je peux vous dire: la plupart s'en moquent bien  du "traditionnel", du "contemporain" et de "l'art textile " , ils regardent comme dans un autre art : la composition, la texture, ce qui en émane (ou pas). Certains entrent et d'autres restent à la porte.   Certains hommes notamment, dès qu'ils voient des fils et des tissus,  s'écartent de la couture comme s'ils risquaient rien qu'en la regardant, a fortiori en admirant ,  de perdre leur virilité, et  certaines femmes féministes autrement que je ne  le suis, tiennent l'aiguille pour un signe de servage ...Nobody is perfect.

     A  ne pas lire  donc comme un xième récit des malheurs de l'auteur en patchwork ...je suis pas malheureuse dans mon art, mille fois non .Je suis souvent en colère, en révolte, en position militante , car j'aimerais tellement changer le "regard sur", d'autant que je sais que c'est possible, pour y être parvenue quelquefois.

    Je suis bien dans mon œuvre , où je n'ai surtout pas  voulu faire carrière   parce qu'à travers elle, j'ai visité tant de "mondes" imaginaires et ce n'est pas terminé, jusqu'à mon dernier jour je rêverai la vie en tissus, en fils, et en formes de couleurs à toucher ...

    L'histoire du patchwork-assemblage de tissus variés-  tel qu'il s'est répandu -essentiellement comme loisir dit créatif  en France à partir des années 80 mais tentant de devenir un art en éliminant ce qui avait fait jusqu'alors son  essence ,  est inconnue de celles qui l'abordent aujourd'hui et plus encore du public et ne disons rien du monde de l'art officiel dont il est d'office exclu.

     Je voudrais souligner en quoi je ne me suis  pas sentie adhérer à pas mal d'opinions tellement répandues qu'elles vaudraient " vérité" et de pratiques .  Et plus j'ai approfondi ma connaissance des arts textiles et du patchwork, et celles des arts tout court aussi, plus je me sentais dissidente par rapport à une attitude générale et un discours officiel  véhiculé par les "grandes , entendons par là les  "dominantes" officielles du moment. Jusqu'à me demander si nous parlions du même art , parfois ! ce n'est pas un réglement de compte mais une tentative de démythification et aussi de démystification : je sais trop comment certaines réputations se sont faites et se font.

    Pour parler musique :  je préfère être la tonique que la dominante, en cette mélodie parfois grinçante.

    Je  voudrais retracer ici ce double parcours, le mien et celui de ce que  je nomme la "corporation" .Je le voudrais aussi parce que  le patchwork reste largement ignoré en France, et que les personnes qui l'exercent  en loisir de divertissement en donnent une image faussée. Majoritaire, mais faussée aux yeux du grand public. 

    On me reprochera la longueur, je le sais, mais on ne peut aborder un sujet complexe en quatre phrases et deux photos . Il ne s'agit pas  ici non plus de séduire ou complaire, mais de témoigner d'une expérience. J'ai espoir qu'il existe au monde un lecteur capable de lire tout sans se lasser.

    (à suivre)

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  • Lineaire C ou les points des crazy quilts

    • Le 19/01/2021

    Lorsque j'étais étudiante en grec ancien, j'ai forcément entendu parler sans toutefois l'étudier de ce qu'on nomme linéaire B ; voici ce qu'en dit Wikipedia :

    Le linéaire B est un syllabaire utilisé pour l'écriture du mycénien, une forme archaïque du grec ancien.

    Il se compose d'environ 87 signes. (..). Le linéaire B est complètement oublié dès le début du premier millénaire avant notre ère1 ; il sera par la suite remplacé par l'alphabet grec, avec lequel il n'a aucun lien1.

    Un coup doeil sur un tableau représentant ces signes vous fera saisr le titre de cet article.Et de l'ouvrage en cours.

    Pour les crazys quilts voir sur ce lien

     Il est bien évident que le lien que j'établis n'est pas scientifique , ni rationnel . Mais on le sait pour moi les signes sur les tissus qu'ils soient imprimés, tissés ou brodés sont des écritures non pas  intelligibles, directement traduisibles e nun discours "logique "  mais qui passent par les sens et l'esthétique; une sorte de code qui reste secret , et pour pour moi toute écriture en tant que signe garde sa part de mystère, de double sens, de non-dits  .Je crois que personne ne trace un signe sur quelque support que ce soit, sans que celui-ci puisse être interprétable. Je ne suis pas sémiologue non plus .  Juste une intution de ce que ça recouvre de possibles imaginés , donc. esprits cartésiens, s'abstenir..

     Quand j'ai découvert les crazys quilts dansles années 80 , j'ai été frappée par l'existence de plusieurs types de broderies; celles qui ornent les morceaux  qui ressemblent à celles que l'on trouve sur vêtements ou acessoires ,  motifs figuratifs pas si différents de ceux de nos napperons ou tableautins mais avec déjà beaucoup plus de symboles et celles  sur les coutures ou en motifs géomtriques isolés. Si on ouvre un livre les recensant par exemple  celui de Carol  Samples A  Treasure of crazy. quilt   stitches

    Crazy points livre samples

    On comprendra aisément regardant cette page, la parenté avec  un langage  des temps premiers de l'écriture .

    On peut objecter  que les utlisant , les femmes brodant jadis des crazy quilts n'avaient peut-être pas désir d'en faire un langage, juste d'orner leurs coutures  . Mais justement,  pour orner il y a tout le reste : les brodeire en motifs complexes et figuratifs les impressions sur les tissus, les embellissements, alors la question se pose toujours pour moi pourquoi ce choix de motifs -là  ? Et pourquoi ces dessins-là qui offrent tant de parenté avec des signes écrits pour signifier quelque chose ?Et même si on n'a rien voulu signifier avec eux,  qui nous dit qu'on n'a pas le droit d'y voir un langage ?

    Ces broderies sont souvent simples à exécuter (plus que la peinture à l'aiguille par exemple) et donnent à ce grenre "crazy quilts" un aspect qui lui est propre
    Parce que le plus souvent ils suivent les coutures (qu'ils cachent ) ils ont donc cet aspect linéaire qui aussi les fait ressembler à  des sortes  d'ideogrammes .

    Cette écriture crazy quiltique procède à partir de points de bases  et en général bien maîtrisés   :point de tige bien sûr, point de chausson, point d'épine, point de feston , point de noeuds , de chaînette , point crétois pour citer les plus courants, sans oublier le plus basique de tous ; le point lancé qui permet de faire une infinité de motifs avec des points  droits séparés ou se recoupant et se superposant.

    Une autre caractéristique de ces points , c'est qu'ils se combinent entre eux pour composer des lignes complexes de signes enchevêtrés parfois ou juxtaposés .

    Il en existe pas mal de recensions, et on trouve des propositions de combinaison dans la plupart des livres  de crazy quilts.
     Le premier livre sur le sujet que j'ai possédé à dire vrai longtemps le seul c'est le petit livre couleur craft de Dorythy Bond qu'on trouve toujours et qui est très précieux :

    Razy livre bond

     

    L'arlequin fou a été fait avec pour  base ce seul ouvrage :

    Arlequin fou2 red jacqueline fischer art textile

     

    J'ai souvent une envie de tester ces points ou combinaisons ou motifs comme iune écriture    en ligne , et pour ce projet quoi de mieux qu'un livre textile ? Et en gardant la  base pragmatique de ce genre d'ouvrage qui est aussi un aide-mémoire et un apprentissage  pour tester  des points en composition, des harmonies de couleurs , des fils divers (l'écriture seule m'intresse mais je veux que le textile -le support- et les fils y disent aussi quelque chose . Donnent vie aux signes donc et âme .

     Ainsi ai-je commencé en cet automne car ma vue se fatigue vite sur des motifs plus fins à réaliser ces bandes de motifs sur des bandes de soies récupérées  et qui n'étaient pas toutes droites ...j'ai gardé de leur irrégularité.Je ne les ai pas  raidies par un  stabilisateur je déteste broder sur du raide (et mon arthrose du pouce encore plus !)

    Pages donc monochromes pour le support réduit à quelques couleurs en harmonie pour les "écritures" avec ajout de dentelles blanches ou  écrues ou quelques rubans dans le ton . Le tout fixé main parce que je préfère.

     Je voudrais repréciser une fois de plus : mon écriture n'est pas calligraphique et pour moi ces carnets brodés correspondent donc à une écriture singulière, personnelle  non à quelque chose qui va  être espacé en comptant les millimètres entre les points.

     Pas du salopé non plus.. Je l'espère du moins . juste cette part de vie qui échappe au calibrage rigoureux  tant en vigueur chez les  brodeuses  "parfaites". je le répète ; je révère cette perfection  mais ce n'est pas ma visée pas plus  que  d'avoir des bandes alignées au cordeau .C'est de la poésie textile qui rejoint ma devise : le jardin du poète n'est pas aligné au cordeau. je compte le broder sur la page de garde pour  contrer   les  regards de géomètre

    Voici donc ces quelques images sur la ligne suivant , j'espère pouvoir en ajouter quelques autres :

    Adden dum Novembre 2021  :

     Le livre est achevé

    253782985 10220384760235571 5672879117135150997 ncray

     

    254293134 10220384765035691 8007267492496443554 ncrazy

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  • Le salon des refusés

    • Le 09/01/2021

    Je rappelle ici que l'art textile n'est pas un art classé Beaux-arts, d'office. Donc qui a peu accès aux galeries, murs côté grands arts et surtout pas si on a un point de départ jugé traditionnel .Le mot qui tue . Et encore ùmoins si on fait du "patchwork". le mot qui fait ricaner.

    Ceci posé, pour exposer si on le souhaite via clubs guildes et associations existent un certain nombre de sélection-concours.

    J'admets la sélection (les murs ne sont pas extensibles), j'aimerais parfois plus de clarté sur la compétence à juger et évaluer des jurys à cet égard car si on parle beaucoup d'artistes auto -déclarés il est très malvenu et totalement déconseillé si on ne veut pas se desservir (!) de  s'informer  sur la valeur à juger des  "évaluatueurs !" Surtout en assemblage de tissus vu que les disciplines Beaux arts n'étudient pas chez nous l'histoire de ce   ringard  de  patchwork ! Mais passons !

    Je n'ai pas ressenti tout de suite le désir d'exposer .Je n'ai jamais fait partie d'aucun club même si j'ai adhéré à France patchwork pendant plus de 25 ans. Je suis une indépendante. C'était admis et compris  au début des années 90 beaucoup moins par la suite. J'ai commencé le patchwork  en 1982 j'ai exposé pour la première fois vingt ans plus  tard, poussée par des visiteuses  qui me disaient toutes la même chose : il faut montrer .

    Maheureusement  à peu près tous les lieux d'exposition collectives  obligent à  concours  et de prix avec classement dont on sait  combien; en  matière de création, je les désapprouve  . J'ai expliqué pourquoi mais voilà si on voulait montrer il fallait bien le faire en suivant sans les approuver les règles du jeu  social inhérent à  notre art et aux mentalités actuelles. 

     Donc  en 2001 -2002 j'ai tenté ma chance à une exposition de de crazy quilt  à  La Bourboule. Le thème était "les continents" et j'ai décidé d'illustrer les pôles , et mon  goût pour les jeux de mots m'en a fourni le titre: Pôle position .

    49624218 10213466359799884 154610949980946432 n

    Je l'ai réalisé en bleu et blanc,  utliisant des morceaux beaucoup plus petits que ceux dont on use généralement en crazy quilt ; cette fragementation pour moi symbolisait celle de la  glace. J'ajoute que  je déteste encoller  durcir et lifter les étoffes ce qui m'a valu bien des déboires, les jugeuses partout dans le monde fuyant   le "bulk" " le gonflement, jugé inesthétique  et moi j'aime que mes soies aient l'air de vivre , de respirer ... A moi toute seule, évidemment, j'ai conscience que je  ne pourrai pas imposer d'autres manières de considérer la chose, mais au moins je l'aurais tenté et j'aurais justifié ma propre  conception d'une esrhétique des étoffes assemblées.

    Donc refusé pour cause de "ça gondole"  même si j'avais expliqué mon dessein artistique (puisque c'était demandé) .Je montre un détail pour qu'on juge à quel point c'était mal fait !

    Pole position detail jacqueline fischer crazy quilt

     Le curieux de la chose c'est que refusée pour cet ouvrage qui correspondait au thème, je vis mon Arleqin fou  (cf index des ouvrages )  que je n'avais pas présenté- sélectionné -parce qu'il était grand" me dit-on ..J'ajoute il  gondole  tout autant par endroits et pour les mêmes raisons mais celles des jurys me restent , à tout jamais impénétrables.

    Mon deuxième refusé ce fut plus tard lors d'une exposition d'ouvrages faits à partir des carrés brodés par des femmes afghanes . Il s'agissait de construire autour une oeuvre associant leur travail et le nôtre.Iil existe d'ailleurs toujours des projets humanitaires en ce sens . L'idée me semblait belle et j'ai participé   (ou voulu partciper) à la première exposition avec un ouvrage intitulé "le nichoir aux oiseauxé et qui associait tissus patchwork et broderies (dont certaines au point compté associant mes initiales à celles des brodeuses aghanes puisqu'il s'agissait d'unir deux formes d'inspiration en une surface unique ).

     Celui-ci aussi contenait un vice de forme  -il n'était pas équerré-  et surtout les tissus à fleufleurs dans une instance plutôt contemporaine ça ne passait pas ! .  Refusé car trop rustique  -sic. certainement les carrés d'origine, eux, ne l'étaient pas ! (on en voit un à droite, celui avec des zig zags grenat et rose)

    Nichoir aux oiseaux

     

     Actuellement il orne les murs de la maison de ma fille qui elle l'aime bien et l'a adopté illico.

    Ensuite il   y eut l'aventure de l'ouvrage Réflexions , un quilt de proestation contre l'intitulé d'u concours à  Saintes Marues aux Mines en 2012 où le thème était en gros de faire du mixed media "pour échapper au carcan de la fibre" . La douceur du tissu comme "carcan" , ça n'a pas paru absurde  à personne . A moi si et j'explique ma démarche en détail ici

    Mon oeuvre était précisément une réflexion sur le statut des arts textiles,intégrant des surfaces réflécissantes (encore un jeu de mot,  les jurys semblent ne pas les aimer) , les textes de réflexion sur l'art textile étaient imprimés à l'envers , les techniques traditionnelles... ou moins étaient rejetées dans les encadrements pour signifier leur relégation hors contemporain.

     Je crains que ce  n 'ait été trop complexe pour être perçu ressenti et compris et je trouve tout de même dommage que cette idée d'une oeuvre changeant selon l'endroit où elle était exposée et reflétant éventuellement  les oeuvres des autres et les spectateurs, idée  qui ne me semble pas si courue, n'ait pas permis une sélection . Sans doute y avait-il encore quelques défauts techniques rhédibitoires, là je n'ai pas su les raisons du refus.

    . L'oeuvre peut être vue en salle des machines  :

    Jacqueline-Fischer-reflexionsred.jpg

    jacqueline-fischer-reflexions2red.jpg

     

    Cet été j'ai décidé de présenter une oeuvre au concours de mini textiles contemporains d'Angers. Je viens d'apprendre qu'elle est refusée (sans trop de surprise  au vu des sélections précédentes ). Mais le thème  "mesure et demésure" m'amusait  j'ai eu envie de le traiter à ma manière.

    J'avoue que je suis curieuse de voir ce que de plus talentueux (ou plus chanceux) que moi ont réalisé sur le thème.

     L'idée pour moi était encore fondée sur un jeu de mots : le dé mesure (il est vrai intraduisible en anglais et le concours est international ). C'est de plus un text-île puisque le poème écrit au verso fait partie pour moi de ma démarche principale : associer les mots et les textes . Mais bon le concours est anonymé -un bon  point pour ses organisteurs-  et c'est pour cela que je l'ai fait.  Le dé et le mètre ajouts non textiles ont un rapport avec  la couture  le dé est autant une mesure que le mètre ; à dire vrai comme je n'étais nullement certaine que ça agrée (je connais un peu les "exigences" en matière de contemporain) je l'ai fait une fois de plus selon mes critères :

    Dscf5919 red

     

    Dscf5920 red

     

    .

    NB en juillet 2021 : on peut voir quelques-unes des oeuvres primées sur ce lien .

    Je ne considère pas ces refus comme des échecs. Les oeuvres existent  Je sais beaucoup des coulisses des sélections ayant eu  des membres de jurys dans mes relations ou des personnes qui sans décider ont vu comment ça se déroulait (surtout quand ce n'est pas anonymé !)

     Je ne suis ni aigrie, ni découragée .Je n'en veux pas aux sélectionneurs lorqu'ils sont qualifiés pour ce faire ((ce qui est le cas de ce dernier essai !)  Je sais juste que je ne fais pas de "contemporain" assez contemporain  et de traditionel assez normé bonne faiseuse pour plaire à un des deux courants de l'époque. Je fais du  "comme je l'entends" et j'ai bien l'intention de continuer.Pas la peine de me le dire.

     J'ajoute j'ai eu plus de quilts  et ouvrages retenus que refusés  (mais c'était avant le grand changement de "l'art textile plus contemporain que le contemporain"  des années 2000) , j'ai été créatrice  pour deux revues, j'ai exposé en galerie d'art à Paris en solo et récemment dans ma région avec un groupe d'amies (expositions sans concours) . J'ai pu montrer mes ouvrages ceux d'autres artistes aussi et expliquer la démarche en  salle des machines.Je n'ai pas de raisons d'être aigrie, je ne cherche pas à faire carrière je l'ai dit mille fois, ni à vendre du moins pour le moment et quand je le ferai ce sera au bénéfice d'une ou de plusieurs oeuvres s'occupant de causes qui  me sont chères,  mais je voulais  rédiger cet article car pour moi il ya souvent un manque de questionnnement dans les modes d'exclusions et de rejets. (ou d'acceptation, les critères restent flous, parfois infondés ou injustifiés et surtout très soumis aux modes et courants de pensée du temps, si bien qu'y glisser une démarche qui  propose un tout autre point de vue, hors des clivages acceptés,  est impossible)  .

     

     

     

     

     

  • Un site de brodeuse

    • Le 21/12/2020

    Parmi les blogs visités ces derniers jours , j'ai un faible pour celui de la brodeuse Jill Verbick-0Leary

    dont j'aime la liberté ... il est en anglais mais avec un traducteur même imparfait on arrive à saisir, je présume.

     Regardez d'abord les broderies (les tutoriels sont aussi très motivants en matière d'inspiration de broderie "libre").

    Notez que cette brodeuse admet les noeuds  sur l'envers -et moi aussi ayant horreur des diktats castrateurs imposés aux autres.comme "'indiscutables". Un noeud discret n'apparaît pas sur l'endroit contrairement à ce qu'on lit partout. Je naccepte rien que mon expérience n'ait vérifié .

    Et elle  travaille le plus souvent sans tambour . Elle explique aussi comment la broderie peut être plus qu'un idéal de perfection mesurée au compas et regardée à la loupe pour voir s'il ne reste pas un défaut, un reflet de nos états d'âme.  C'est  sur cette page , et c'est très encourageant pour toutes celles que ces exigences contestables ont fait renoncer à cet art . ça oxygène!

     Je respectz, je l'ai dit nla perfection quand elle ne bride pas l'expression personnelle .Je dirai même que dans des disciplines comme les broderies  blanches elle me semble nécessaire -et c'est pourquoi j'y ai renoncé -  qu'elle est un choix signifiant , collant à la visée de l'artiste pas une pénitence imposée façon abnégation dévolue aux femmes. Ou rite d'intitiation éliminateur et excluant. Même si on pratique la broderie en art et non en loisir . Justement . il n'y a jamais et   de vraie réflexion à ce sujet puisque la scission contemporain (où on a tous les droits et le salopé devient par la magie du discours signifiant !  -traditionnel (où on est tenue à normer ) n'est pas contestée . Ni celle art/ artisanat d'art sur laquelle on pourrait réfléchir autrement . J'invite à la faire depuis 40 ans . Sans grand succès mais j'enfonce le clou àchaque fois. Je me dis qu'à force ... peut-être !

    Je déteste les conformismes et les "on a toujours pensé comme ça"  ou 'fait comme ça". Eh bien moi non . Et je suis heureuse chaque fois que je croise une brodeuse qui  démontre par son art que je n'ai pas forcément tort ! Je me sens un peu moins seule .

    Notre brodeuse pourtant crée des broderies qui sont tout sauf maladroites. Il ya maîtrise totale des gestes mais .. différemment . Donc si vous avez du mal à suivre le normes et diktats des vrais maïtres  maîtresses en "couture" et broderie au derrière propre et au lifté lifté ,mesureuses de tout ... prenez le temps de lire les conseils de Jill et de les tester et méditer .

    Elle n'invite pas au salopé -moi non plus- , mais mais à une expression libre . Eet de plus c'est joyeux, c'est beau !