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  • oeuvre poétique 1966-2020

    Parution fin février 2021 de cette oeuvre poétique 1966-2020

    Elle regroupe tous mes recueils et un bo nnombre de pièces "éparses" .

    Plus les illustrations qui ne sont pas là pour enjoliver .

    520 pages sur papier 115g couché satiné dont 183 en couleurs , comportant des pohtos de textiles, des images numériques et des reproductions de manuscrits.

    La couverture comme la maquette, c'est de moi aussi (comme dirait Numerobis!)

     

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    Plus quelques coquilles  et une erreur de pagination (un texte fait doublon mais il n'en manque aucun ! )  qui m'ont échappé , mais la perfection m'échappera toujours!

    Les premiers 50 exemplaires sont déjà partis , plus vite que nel ne l'escomptais ,vers des bibliothèques amies . Il reste un peu de stock du retirage . Ce sera tout et donc si le veut ; se dépêcher .Ce livre n'est pas en librairie .

    M'écrire sur chiffondart@aol.com.

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    Je précise il n'y a pas d'éditeur je n'en ai pas cherché,  aucun ne l'aurait accepté du moins comme moi je le voulais  c'est aussi un moyen de réduire le coût .    J'espère en votre absence de préjugés et votre liberté de jugement à cet égard et que tout comme moi vous êtes capables d'apprécier un texte sans sélection préalable ...que je n'ai pas tentée .

     On peut lire deux critiques le littéraire.com

    et le salon littéraire


     

  • un peu d'ironie

    Publié hier sur facebook (un article plus sérieux sur ce sujet suivra) et un sur le découpage des mots en français (et ses raisons étymologiques)

     J'aime les mots et les tissus et je n'aime pas qu'on découpe n'importe comment .

    Désormais pour faire plaisir à mes ami.e.s , partisan .e .s de l’inclusive

    Je demande une féminisation des pronoms personnels . Les pronoms désignent des personnes genrées et sexuées et eux n'ont pas été touchés par cette grâce de l'inclusivité . Il faut absolument y remédier.

    Quand on veut par ce moyen si efficace et si simple changer les mentalités, obtenir que cesse toute discrimination envers les femmes, car nous avons observé depuis l'usage de cette mirifique graphie que le nombre des violences envers elles a baissé y compris dans les pays où cet ignoble accord où le masculin l'emporterait n'existe pas linguistiquement, nous avons vu aussi reculer à leur égard, le machisme et les préjugés sexistes. Tout le monde sait aussi que le latin  pratiquait souvent un accord dit de proximité et que les Romains traitaient leurs femmes bien mieux que nous au XXI siècle ce qui prouve éminemment que l'accord influe sur le comportement social. . Les salaires sont égaux à fonction égale, et le plus absolu respect des personnes quel que soit leur sexe règne.

    Pourquoi s'arrêter en si bon chemin?. Cet effet étant si patent et si épatant je suggère (que dis-je j'impose qu'on en use et j'enlèverai des points aux réticent.e.s puisqu'il paraît qu'on donne des bonus dans certaines universités aux militant.e.s de cette salutaire pratique; qui paraît-il s'établit dans l’équité et la tolérance et le respect de l'usage validé par l’assentiment de tout.e.s. )

    donc

    qu'on féminise le pronoms je, tu, lui, leur, nous, vous. Pourquoi se borner à la troisième personne?

    Je s'écrirait Jee pour les femmes et je tout court pour les garçons

    Tue pour les filles (si ça pousse au meurtre , je décline toute responsabilité) et tu pour les garçons.

    Lui s'écrirait luie dans la tournure "je lui parle" si ce lui est une femme . Tant pis si les mômes confondent avec il luit et lui collent un -t ce qui ne va pas manquer d'arriver mais bon on compte sur les esprits brillants qui imposent cette écriture pour y remédier . On ne doute pas que toutes les conséquences sur la langue et ses divers usagers en aient été soigneusement mesurées . Que dis-je esprits brillants désignant celui de femmes aussi n'est pas assez "inclusif " va falloir je je trouve une solution fissa . Vous avez une suggestion ?

    Nous et vous sont des pluriels excluant le féminin il ne se voit pas , pas plus que dans tous qu'on écrit désormais et fort heureusement tou-te.s , bizarre qu'on ne les ai pas inclusivisés ceux-là (ou alors ça m'a échappé), écrire nou.e;s et vou;e;s si des femmes sont incluses me semblerait tout à fait pertinent et logique.

    Leur : (je leur parle) : déjà que c'est un pluriel sans -s en plus il n'a pas non plus sa petite chose en plus pour marquer le féminin , quel crime ! s'il en est. donc , pareil, on é rit Leur.s

    Certes l'étymologie n'est pas respectée mais il faut choisir ces zones de respect aussi même si au passage les enfants qui apprennent, les aveugles les mal voyants les personnes (c'est féminin ouf!) dont le cerveau a appris cet ancien français de la laïque jadis, ce français des vi.eu. eille. s ) con.ne.ss quoi, ne sont guère respectés dans l'affaire. .. On ne peut pas contenter tout le monde et là le profit collectif est si grand , pour une moitié de l'humanité qu'il faudrait songer à élargir cette inclusivité, si bénéfique, pertinente, efficace , pour le bien de tou.te.s je compte sur vos cerveaux fertiles pour élargir ces suggestions . Je veux bien me faire votre porte- parole (merde c'est pas féminisé comment fais-je ?) .-

    pS- Je suppose qu'il est inutile de préciser que j'use d'ironie ...

     

  • Le bonheur en lisière 10

     En guise de conclusion : en décousu .

    Donc il a existé cet assemblage d'étoffes, au si vilain nom  , dont on dit à tort qu'il n'a pas existé en France , mais à la différence de  la broderie, il n'a jamais pu  trouver une existence autonome en tant qu'art , même pas décoratif, pour différentes raisons.

    Il faut dire on fait quand même tout ce qu'il faut dans la pratique , parfois, pour le maintenir dans le panier à ouvrages. C'est un droit, je n'en discute même pas.
    Mais j'ai le droit moi, de dire ici, une fois encore, ce que j'aurais souhaité, voulu, aimé ,et qui n'a pas eu lieu. On ne fait pas avancer les choses à coup d'autosatisfaction  vaniteuse , et de "c'est comme ça et ça restera toujours tel" ou "ça a  toujours été ainsi" Quand on voit la variété des oeuvres textiles d'assemblage au cours des siècles et dans tous les pays,  le" comme ça" a des chatoiements qui changent selon l'optique.

    Voici donc la mienne.

    On dit que la France n'a pas de culture "patchwork" et c'est vrai mais elle a eu un passé à cet égard, ce n'est pas parce qu'on laisse se détruire les ouvrages par manque de considération  qu'ils n'ont pas existé. Et l'assemblage est déjà noté dans un lai de Marie de France entre autres (ce sont souvent les livres anglo-saxons qui nous l'apprennent !).

    Les associations chargées de  promouvoir le patchwork, puis l'art textile -comme si déjà le patchwork n'en était pas un - on le colle à part systématiquement -  ont certes fait des efforts, mais je crois très sincèrement que ça ne dépasse pas beaucoup notre "petit monde" et pour cause : expositions entre soi, reconnaissances que je dirai "consanguines" entre personnes qui ont la même conception des choses, étant issues du même sérail, de travaux où se mélangent des oeuvres crées et des copies de modèles , j'y reviens toujours mais le point est crucial, on ne saurait être considéré, vraiment , en dehors de nos cercles,  en confondant les deux, systématiquement .Et même si on ne confond pas à estimer que la reproduction parfaite d'un modèle diffcile est l'équvalent (voire supérieure!) à une création venue d'une conception personnelle ; Il ya là tout un flou, nullement artistque, qu'il ne fait pas bon de lever.

    L'homme de la rue voit toujours le patchwork comme un loisir et un ouvrage de dame et la corporation peine à le reconnaître comme un véritable "art textile" , sinon pourquoi cette scission des termes ? Il  est  donc toujours exclu de l'art textile sauf lors des retours de conservatisme ringard, ce dont je ne saurais me satisfaire, ne l'ayant jamais exercé ainsi . IL s'agit de retour "dans la :mode" et non de  promotion en tant qu'art. On en parle davantage, pendant quelque temps, toujours de manière stéreotypée (voir les émissions de télé à  ce sujet  sur un créneau horaire consacré aux "inactifs"  )mais c'est toujours un strapontin, voire un siège éjectable, pas une vraie reconnaissance .De l'art pas que de mon oeuvre!


    On me dit souvent que "j'exige trop" et je  ne trouve pas . Comment croire en ce qu'on fait, y mettre tant de soi et accepter que ce soit traité comme un sous-genre dans un art qui peine déjà tant à se faire reconnaître qu'il se croit obligé de singer les autres, les grands, les muséables ?
    Je travaille autant que mes amis peintres et graveurs, mais à leur différence, je dois d'abord persuader mes interlocuteurs que je ne fais pas "mumuse" avec mes chiffons ....

    Un art et des artistes qui l'exercent  sont reconnus quand on leur permet d'exister dans le monde de l'art, à l'égal des autres, quand on a un accès  égal aux lieux d'exposition, à l'histoire de l'art, le vrai, pas seulement  côté folklore-patrimoine à conserver entre deux tessons de bouteille mérovingiens-  Quand on fait quelque chose pour la conservation des oeuvres d'artistes en tant qu'individus créant autour d'une démarche tout aussi respectable qu'une autre ,  non pas  globalement comme témoin d'une mode textile d'une époque donnée . Or tout cela, on ne l'a pas et il y a fort à parier qu'on ne l'aura jamais.

    On peut se grouper certes pour partager l'activité mais en quoi ce serait une obligation ? c'est une tradfition anglo-saxonne. Est-on obligé de la suivre si on sait qu'il a existé au VIII siècle des quilts géométriques chinois ?  On peut suivre cette tradition dans ses sources graphiques sans se sentir inféodé à son fonctionnement et si on veut l'imiter il faudrait le faire alors dans l'honnêteté au niveau copyright et dans l'effort de conservation du patrimoine textile : ce qui en France n'est pas fait s'agissant des "créations" actuelles Il  ne m'est pas égal qu'elles finissent à  la poubelle  ou dans un panier pour chien. Et je ne serais qu'à moitié satisfaite  d'une conservation purement "historique" sans  référence à la valeur artistique éventuelle  des oeuvres, aux parcours et démarches de celles qui les créent  et qui à la différence d'autrefois, ne sont plus anonymes.

     Or , pour cela, il faut bien un peu dépasser les clubs, ateliers et occupations associatives, qui certes ont un intérêt dans le moment pour celles qui organisent et participent, pour un public restreint qui ne sait pas toujours vraiment ce qu'il regarde , parce qu'on se garde trop souvent de le lui signaler.

    Et si on le dit (on est bien obligée de répéter puisqu'on ne veut pas entendre!) on passe au mieux pour une empêcheuse de quilter en rond , au pire pour une vieille radoteuse un peu aigrie et parano . J'en ai toujours pris le risque et il n'était pas nul : toutes mes relations patchwork se sont évaporées depuis qu'ayant assez de faire semblant, je dis nettement ce que je crois et pense mais non sans l'étayer sur ce que je lis et connais (donc mon avis peut changer au fil des découvertes!) .  Des personnes qui ne supportent pas une manière de faire et de penser différente de leurs certitudes m'intéressent assez peu : je n'ai rien à leur apporter et réciproquement .

    Souvent les femmes qui cousent n'aiment pas qu'on "réfléchisse",  elles appellent cela se "prendre la tête" ou se prendre trop au sérieux . Il  est triste de se dire ; plus je réflechis sur l'art que je pratique, plus  j'approfondis mes connaissances , moins j'ai de relations dans le monde du patchwork . Triste, non pas pour moi,  mais pour qui veut rester alors médiocre ? C'est une provocation : détrompez-moi !

     Ce n'est pas avec cette attitude qu'on fera de notre art autre chose que de l'occupe doigts dévalué. C'est en osant dire comment on compose, comment on s'est mis en route,  pourquoi cette surface-là qu'on montre, publie ou expose existe,  avec cet aspect-là .  Revenir aux tissus, tous les tissus comme medium . D'où vient le dessin, comment a-t-on composé avec ? Qu'est ce qui a présidé aux choix des tissus ? Quelle est l'importance accordée aux motifs, ou à leur absence, aux couleurs, aux valeurs ? Aux tissages ? Aux techniques , si elles sont signifiantes ? Quelle vision, quelle émotion; quelle envie vous a mis(e )en route ?
    Si on le fait avec son coeur, son âme,son ventre : cela se verra!

    Et aussi si c'est juste "je suis partie de la revue Bidule où j'ai pris le plan, j'y ai mis les blocs de Madame Truc, la bordure de cet autre ouvrage ,  et les couleurs de la gamme Machin pour faire joli". ce qu'on lit ('ou décode!) sur maints blogs .

     On a le droit , certes, de faire ainsi mais on peut aussi faire tout autre chose et c'est tellement plus passionnant .

    Quand on est écrivain on ne passe pas sa vie à recopier les pages des autres,  avec une belle écriture .Ni même à faire un texte en recomposant avec  des phrases prises à d'autres. On peut le faire ça s'appelle un "centon' mais aucun écrivain digne de ce nom ne passerait sa vie à tels exercices .

    On aurait pu  notamment :

    - Profiter du Revival pour faire enfin  entrer  l'assemblage d'étoffes dans les livres d'art , les histoires de l'art , essayer de convaincre les critiques , chroniqueurs, directeurs de revues et mêmes  galeristes d'art (ces trois expériences, je les ai faites , souvent involontairement , et je n'ai même pas cherché toujours à convaincre ... ) et si seule je l'ai pu , alors pourquoi en groupe et associations, on se contente de ses petites gloires pour soi et entre soi, au lieu d'avoir des ambitions non pour soi- même intra corporation en quelque sorte  mais pour l'art qu'on exerce ? Si j'ai pu ,moi qui ne suis rien ? Toutes celles qui ont la force du groupe, ne pouvaient-elles, un peu la faire servir à cela ?

    - Rédiger des biographies d'artistes en insistant sur la manière dont ils  créent et composent plutôt que sur la façon dont c'est cousu ou ça tient ensemble (demande-t-on  essentiellement à un peintre comment il met sa peinture sur la toile ?)

     - Obtenir des endroits où  les oeuvres puissent être exposées et conservées, et sans exclure aucune sorte de  création  textile, mais en distinguant la création authentique  de ses copies et interprétations ; c'est vital et cela repose -malheureusement- sur la seule bonne foi de celles qui "font" du patchwork .

    - Faire des index permettant de recenser  tout  ce qui est créé en art textile   avec la même exigence d'honnêteté .

    - Organiser de temps à autre des rétrospectives et sans oublier celles qui ne créent pas forcément en suivant les modes ...et surtout à l'écart des objectifs commerciaux. Et si c'est trop cher en vrai ,sans l'aide des sponsors, le faire en virtuel ...

    Il  n'y a pas d'indépendance si on s'inféode aux marques ! Il n 'y en a pas non plus si suit la mode .
    On aurait pu aussi  :

     - Aider même surtout  les artistes  en patchwork, actuelles, sinon contemporaines,  or on ne le fait que  quand il s'agit de quilts anciens (ou de leurs reproductions) : une bonne mosaïste d'étoffes est une mosaÏste morte !

    On aurait pu  surtout éviter cette éternelle querelle des Anciens et des Modernes en  ne bornant pas le caractère contemporain des créations aux seuls ukases de quelques-unes qui sont parfois expertes auto-déclarées ... On peut d'ailleurs être artiste valable et mauvais juge des autres .et sans conaissance de la partie de l'art textile qu'on a choisit d'ignorer ou d'abandonner .

     On aurait pu se mettre en route avec son amour des étoffes ses émotions - tout le monde en a - et sans  clivage, sans étiquettage, sans concours de ci ou de ça, sans thèmes "tartes à la  crème"  imposés . Sans copier ou calquer par manque de confiance ou pour se parer des plumes du paon  sans le dire .On aurait pu ...la liste serait encore longue , je m'en tiens là ...

     Je m'étonne pourtant d'être si seule à penser tout cela    ouvertement du moins , et quand on m'écrit qu'on pense comme moi souvent les pratiques démentent les paroles : cela me laisse  songeuse . Pas mal de personnes m'ont tout de même emprunté mes articles ...mon site est lu (je ne parle pas des visites)  par une bonne cinquantaine de personnes par mois ,  et qui y reviennent , souvent . Certaines y passent plus d'une demi-heure . Si j'en crois ces chiffres, je parle dans le silence, mais pas tout à fait dans le désert.

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     Mirage - textile :  broderie sur feutrage, dans le Textilionnaire

    .

     

  • le bonheur en lisière -9

     

    De 2002 à  2010 Méconnaissances -reconnaissances

    En 2002, je décidais d'arrêter ma carrière de professeur de Lettres pour me consacrer à mes créations textiles et littéraires. Il y a d'autres raisons plus personnelles et familiales à cette décision, mais ce fut la principale. Je ne le souligne que pour qu'on comprenne que lorsque qu'on me parle d'un  "loisir fait pour (me) désennuyer,ou m'occuper" j'ai envie de hurler .

    En 2003 je rencontrais un poète qui accepta que j'illustre ses œuvres et ce fut l'aventure des Text-iles . J'avais déjà commencé avec mes poèmes , puis d'autres poètes de la Galerie Racine acceptèrent ce mode d' illustration.

    Jacqueline

    Une exposition eut lieu et je dois dire que ce fut pour moi comme une sorte de petit miracle, sans doute "le quart d'heure de gloire" dont parle Warhol, bien  que de gloire , bien sûr, il n'y eut pas (et je ne m'en soucie guère (!).

    On n'y vit guère de personnes de notre petit monde  du patchwork  et de l'art textile ...

    Je remercie au passage arts-up (qui n'existe plus en ligne depuis 2020 ) d'avoir bien voulu m'offrir une page pour en parler .

    Depuis sites et  livres explorent le créneau ... c'est devenu "tendance", mais je continue mes expériences dans l'anonymat le plus complet ( seuls les grands noms de l'art textile muséable et officiel trouvent écho et éditeurs sur le sujet    mais enfin  si  d’aventure mes recherches, même émanant d'un petit nom et d'un parcours atypique  peuvent mener  à une réflexion, je le publie ici...

    Peu de temps, après parut dans Magic patch un article dans la rubrique  Portrait d'artiste, signé Suzanne Lambert (ce qui me valut encore quelques réflexions peu amènes du genre "c'est un beau cadeau" ) . Je ne le souligne que pour qu'on prenne la mesure de la  mesquinerie certaine d'un milieu dans lequel je me sentais de plus en plus  à l'étroit el mal à l'aise . Un article que j'apprécie parce qu'il me "cerne" exactement et souligne le refus que j'ai de séparer le soi disant traditionnel du soi disant contemporain . et on n'est pas légion à le faire et c'est à mon avis, infiniment dommage.

    Et c'est là que je voudrais dire que j'apprécie la reconnaissance et que je la distingue de la gloriole ou célébrité et du renvoi d'ascenseur (nous ne devions rien l'une à l'autre !) . La reconnaissance tient à la compréhension et la sensibilité face à une œuvre, la célébrité est souvent basée sur une mouvance à laquelle on adhère et dans laquelle on entre, souvent parce qu'on a dit que c'était grand , beau ou bien,  ou que tout le monde en parle ,  quand elle n'est pas aussi l'effet de réseaux et de copinages divers (cela n'empêche pas le talent, non plus, je le concède, mais à quel prix, et surtout pour combien de temps, parfois?) . L'une je la ressens comme  profonde et  sincère et l'autre comme  superficielle et artificielle .

      L'expérience de la galerie Racine me mit par le jeu des rencontres en contact avec d'autres artistes , souvent écrivains aussi.

    Ils  ne comprenaient absolument pas cette distorsion entre mes oovrages géométriques et le reste. Pour eux une pièce unique créée avec son imagination et sa sensibilité pouvait être oeuvre d'art et si elle l'était ça ne dépendait pas de sa forme de base ou de sa source d'inspiration, mais de la force expressive  en quelque sorte du résultat, Ce que c'était reposant de ne plus s'entendre  demander :  "mais alors tu fais du traditionnel ou du contemporain ?"
    Pour eux j'étais enfin ce que j'aurais aimé être dans le milieu patchwork -art textile : quelqu'un qui se servait des tissus, comme d'autres de la peinture ou de la glaise pour dire avec ce qui lui importait. Toute la différence est là . Finis les regards un peu de biais sur des points un peu trop apparents, finis les nez froncés devant mes audaces de couleurs  et les réflexions sur les erreurs d'équerrage, finis  les allusions aux techniques qui rendraient avancées, imaginatives ou novatrices et celles qui maintiendraient on ne sait pourquoi dans le décoratif-artisanal joli mais sans profondeur . . je découvrais aussi des personnes qui, lors de leurs expositions, n'avaient aucune honte à signaler qu'elles s'inspiraient de tel ou tel peintre, reconnaissaient leur filiation et leurs influences, sûres qu'elles étaient que l’originalité d'une oeuvre ne vient pas de son  point de départ !

     Eh bien je vais vous dire : ça fait un bien fou ! Même si tout le monde n'aime pas tout et c'est normal (moi-même je n'aime pas tout ce  que j'ai fait également, j'ai raté à mes yeux beaucoup de choses ..mais raté ne veut pas dire  "mal cousu" ou à l'équerrage imparfait pou mal fini .. mais non conforme à la vision que j'en avais, trop loin d'elle )

    Je trouvais des personnes qui vivaient leur art  à ma manière et ne me trouvaient pas ridicule à coudre mes chiffons et à   prétendre que ça pouvait  bien être de l'art, ça aussi, je pouvais parler de ce qui m'importait : la création, telle que je la vis,  mot malheureusement mis à toutes les sauces à notre époque.
     

    C'est ainsi qu'en 2008, je fus admise comme membre du collectif Lése-art , dont je  suivrai  aussi l'aventure en poésie.

    Je travaille aussi depuis 2006 en images numériques , et certaines servent de point de départ à d'autres aventures textiles, d'autres resteront ce qu'elles sont : des images .

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    Adoration- tableau à partir d'une image numérique

    Je crée aussi mes propres tissus, quand le besoin s'en fait sentir, en utilisant mes  graphismes .

    Je dois dire que plus je fréquente les artistes d'autres disciplines, mieux je me sens comprise, même  si, comme je le soulignais au début ,certains d'eux (et d'elles) ont une réticence certaine envers ce qu'ils ou elles ne voient que comme couture. Il est diffcile d'admettre que ce qui n'a jamais été montré comme un art véritable, à l'égal des autres, puisse en  être.

    Je défends toujours le patchwork ce qui me vaut parfois  des débats et rencontres plus qu'intéressantes. on peut lire ici les articles  témmoignant d'une reconnaissance  qui compte beaucoup dans mon parcours . Lien vers les articles de JEan-Paul Gavard -Perret

    Et c'est ce qui me donnera l'envie d'écrire mon premier livre.

     C'est aussi l'époque où je participe en pigiste aux revues Création patchwork puis Broderie d'art .

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    Un peu plus tard IMAGinE revue d'art publiera mon portrait mais surtout plusieurs articles pour montrer   le patchwork comme art textile à part entière, ce dont je sais infiniment gré à ses créateurs . Nb mofifcation de 2020 : la revue n'xiste plus, et par coséquent mon portrait n'est plus en ligne , mais le document lui que je possède toujours est envoyable à qui voudrait le lire . Ainsi vont les tribulations d'internet et des relations ....

    J'ai en revanche cessé d'adhérer à  France patchwork pour diverses raisons .Je passe sur la manière dont on me m'a vraiment pas aidée pour mon livre (c'est un euphémisme,  alors que le statut de l'association le prévoit ...) La principale étant qu'on ne m'y reconnaît pas en tant qu'artiste,  que mes démarches (réduite à l'étiquette" faire de jolies  choses avec de petits bouts"  n'intéressent  pas ses dirigeantes actuelles et  très peu de ses adhérentes  qui préfèrent les modèles tout faits , et qu'on n'y a absolument pas besoin de ma réflexion et de mes créations , alors je les montre ailleurs , là où je rencontre un véritable partage , ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais quand la façon de voir les choses est à ce point divergente , il n'y a guère d'entente possible.  Je ne vois pas non plus ce qu'on aurait pu mettre en oeuvre pour faire reconnaître le patchwork en  art véritable de la même façon , du tout  , je m'en expliquerai dans la page suivante.     Je ne dis pas que j'ai raison et puisque cela convient au plus grand nombre ... c'est même que je dois avoir tort puisque l'avis du plus grand nombre est toujours le meilleur.

    Mais n'étant pas masochiste , je me suis rapprochée des  gens qui m'estiment vraiment et me comprennent, ce qui, passé les années 2000 ne fut dans cette structure, ni dans les cercles d'artitses new style ,  plus jamais le cas et j'ai expliqué pourquoi .Je note quand même que l'article que j'ai écrit en 2009  Qui a peur du mot patchwork m'est souvent emprunté et encore maintenant par des adhérentes ... et même par plus connue que moi ! Officieusement . Sous le manteau, dirait-on. On ne m’approuve qu'en privé, comme si je risquais de donner la peste .

     Ayant trouvé ailleurs une estime que je n 'ai eue qu'à mes débuts , je poursuis mon chemin en artiste textile  solitaire, mais toujours solidaire de qui a besoin de moi ,  continuant à faire des choses comme ça :

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    et comme ça  ;vert-jaune-brun.jpg

     Je sais qu'on ne trouve guère  de lieux ,  ni souvent de regards, où les deux soient pris en égale considération , mais je continue .

  • le bonheur en lisière-8

    L'art textile, le vrai, le grand, celui que je ne pratique pas .

    NB je envoie également sur l'article plus récent  "L'art txtile, les mots confisqué"s, celui où o apptend "que l'art textile est plus contemporain et plus cnceptuel que le contemporain" ou mon dialogue sur le contemporain en art txtile  en fréponse à un sodage

    Pendant ce temps , la corporation vivait sa deuxième révolution . Après le contemporain dont on nous assénait que  "pas vraiment artiste" sans cela,  voilà que débarquait l'art textile evidemment toujours sous l'influence des USA -et du Royaume-Uni) . Les personnes qui lisaient bien l'anglais et qui en avaient les moyens,  lasses sans doute de jouer avec les tissus , même en "contemporain" et sentant qu'il faut changer quand on  le dit (elles appelaient cela innover !) se mirent à appliquer les recettes de livres cultes et de magazines en vogue où le mixed-media était roi. Sous  couvert de "récupération" , on allait produire bien des fumées toxiques avec plastiques autres matériaux travaillés   au  fer à souder et masque à gaz ... tout ça dans un but écologique, revendiqué ,  d'ailleurs.

     Présenter cela comme une évolution du patchwork était ce type de supercherie que l'art contemporain affectionne .  A la rigueur, évolution de la broderie  : oui : il s'agissait souvent de rebroder dessus, spécifiquement à la machine. et j'ai beaucoup appris de ces techniques et notament d'artistes comme Maggie Grey et le célèbre duo Beaney et Litteljohn ...mais toujours en les appliquant aux étoffes et aux fils   "classiques" , qui restent ma matière "élue" . Je ne voyais pas la nécessité de lier l'innovation à l'invention de nouveaux produits, dont le toucher déjà me rebutait . J'ai essayé, car je ne rejette rien sans au moins aller y voir  Mais je n'allais pas non plus y passer ma vie, ayant fort à faire avec tout le reste (étoffes et fils, par exemple). Et la seule innovation qui m'ait vraiment conquise, c'est la machine à feutrer.

    Art

     printemps -  feutrage laine et tissus (collection privée)

    De plus  dire  textile pour ce qui était souvent du mixed media , cela se discute  cf ce lien . Lequel existait dans les arts tout court, comme le fameux "contemporain" depuis des lustres .,Alors faire croire qu'on était les " premières" à mêler peinture, papier, et tissus  fait sourire .En art, ça se faisait déjà, certains peintres d'avant-garde ne s'en étaient  pas privés ! Mais le petit monde des quilteuses n'est pas forcément instruit en histoire de l'art contemporain . Je ne suis pas experte, très loin de là,  mais  enfin personne n'est empêché de suivre sans se questionner et s'informer. Ni forcé  de rejeter en bloc, d'ailleurs, sans au moins aller y voir. Ce que je fis.

    On pouvait lire des phrases de la sorte dans la revue de l'association. Celle-ci date de 2003.  Comme précédemment, si l'auteur en veut crédit, je le lui donnerai volontiers, je ne gomme le nom que pour éviter les querelles de personnes , seule l'idée m'intéresse et ce n'est qu'une phrase parmi beaucoup d'autres reprenant la même  "thèse."

    "Il n'y a pas d'antagonisme entre le patchwork traditionnel et sa forme contemporaine , mais un enrichissement réciproque, l'un apporte ses racines, ses bases techniques, les fondamentaux d'une part  d'un art  aujourd'hui reconnu , l'autre une recherche permanente, une  nouvelle création "

    Pas moins  qu'une" nouvelle création" : on voyait grand et on  ne péchait pas par la modestie .

    En  regard on pouvait observer   des sculptures avec un peu de tissu, beaucoup de bois et de métal ou des installations de papier calque reliées par des fils, ou encore des capsules de bière plantées à l'aide de fils métalliques sur un  socle et quand  c'était tout tissu il était peint ou teint. Pas le moindre petit imprimé fleuri ou à pois, qui aurait pu entacher de sa roture cette noble entreprise !  La valeur artistique de ces oeuvres n'est absolument pas en cause et je n'en suis pas juge . Mais de tels plasticiens ont bien d'autres endroits et occasions pour exposer, publier,  se faire un nom et une carrière. iLs ont les galeries d'art que nous n'aurons jamais, nous.  mosaÏstes d'étoffes, et d'étoffes humbles et variées.  Nous n'avions que les pages d'une revue censée nous défendre aussi en tant qu'artistes.  Et prétendre que c'était une "évolution du patchwork" est, une fois de plus, un tour de passe passe. Présenter ces oeuvres-là comme étant de l'art textile "majeur", à côté du patchwork '"art mineur"   et avec quelle superbe parfois et quelle condescendance -je sais de quoi je parle !- rejetait  nos humbles  "couvertures "dans le panier à ouvrages côté modèles à reproduire (car on se dédouanait  aussi ainsi : "voyez on respecte le patchwork traditionnel puisqu'on donne des modèles "... et également en louant "la virtuosité" (couturière) des reproductrices d'anciens.

     Ce respect-là, je n'en  veux pas ! Car ce n'en était pas, le vrai repose sur la compréhension et la sensibilité, l'ouverture d'esprit  véritable. Comment respecter déjà, quand on se colle  d'office une étiquette de "plus avancée " dans  "l'innovation", ça veut dire quoi, d'ailleurs ,  "avancée " ? S'il s'agissait d'expérimenter : on expérimente tout aussi bien en essayant de dire des choses différentes avec des étoffes et de fils ... on  n'était pas plus "avancée" à y mettre du bois, des agrafes ou du plastique, de la peinture de la colle ou du plastique on faisait juste autre chose ! Ainsi, je pouvais admettre qu'on pouvait bien essayer tout ce qu'on voulait : l'artiste est libre du choix de ses matières . Et bien justement non :  puisque nous si nous usions d'étoffes à "fleufleurs" on nous taclait, quelle que que soit la surface qu'on obtienne avec. L'artiste est libre des formes qu'il choisit mais justement non  : nous on nous taclait si on usait d'une géométrie régulière, issue des blocs,  quelles que soient les recherches qu'on pouvait faire autour !

    L'artiste est libre du choix de ses matières mais  dire "textile" ce qui  ne l'est pas ...est plus délicat, même s'il règne en ce domaine une ambiguité que j'ai pu qualifier de structurelle .

     A noter que nos "contemporaines " de l'époque précédente y laissèrent aussi , parfois quelques plumes, hors celles qui sautaient dans chaque wagon de l'évolution globale, imposée comme "novatrice" . Parfois peut-être un peu aux dépends de leur évolution personnelle : il faut savoir hurler avec les louves !  Certes, on peut rester soi-même en s'adaptant. On peut aussi comprendre qu'il fallait choisir entre ses inspirations et aspirations profondes et ses ambitions promotionnelles carriéristes : cela n'exclut pas le talent mais ce n'était pas ma manière, puisque ce que je voulais faire était incompatible avec ces nouvelles normes .

    On   me pressentit à ce moment-là pour faire partie de plusieurs groupes d'art textile branché où il ne fallait surtout pas  "faire du patchwork" . J'ai toujours refusé, l'assemblage d'étoffes fait partie de mon oeuvre, et je ne voulais pas, moi être amenée à considérer comme moindre et minorée  la partie majeure de mes  créations, ni devenir schizophrène, non plus. Tout cela en moi trouvait sa juste place , sa juste importance, il s'agissait de "dire" avec des étoffes et le genre et les formes choisies correspondait aux différentes visées et  visions textiles  que j'avais. Je ne voyais rien de "dépassé" dans mes mosaïques -pas plus que dans les nus ou dans les paysages- et donc je voulais pouvoir les intégrer à mes projets .Exactement comme un peu plus tard, j'y mêlerai mes découvertes en imagerie numérique .Ni plus, ni moins.

    Le mot texture mis à la place du mot textile  fit le glissement . . . texture :  le mot magique,suffisamment vague pour y caser  à peu près tout ce qui comporte un relief , un toucher fût-il du fromage blanc séché ou des plantes, des  cailloux, du bois :  toutes matières eminemment "textiles" . ... Je me demande pourquoi dans ce qu'on nous montrait alors on ne voyait pas aussi des coupelles de sauce puisque qu'une sauce peut elle aussi avoir de la "texture". Donc on peut arguer que la sauce c 'est de l'art textile innovateur , pourquoi pas ?  De même dans les expositions d'art du fil pourquoi pas le gruyère ou les spaghettis , on admettait déjà les tuyaux  d'arrosage ou les fils électriques, pourquoi s'arrêter en si bon chemin?  Je trouvais moi que ces nouvelles innovations restaient bien timides à l'égard de ce qu'on peut faire quand le but principal est de détrôner les ringardises d'avant bonnes à mettre aux orties, et de montrer que tous les jours on est capable de réinventer son art en changeant le matériau de base en l'appelant textile par le biais de la texture ...ou de vagues coutures ou assemblages rebaptisés "connexions" . Le concept est d'ailleurs très intéressant, sans plaisanter, mais c'est la façon dont on nous l'assénait comme étant "supérieur"  à ce que nous faisions qui était méprisante , déplaisante et à mon avis inacceptable.

    Soyons sérieux : le tissu y suffisait : il a des dizaines voire des centaines de textures différentes par l'art du tissage, justement . Et il est déjà parfois mixed media (mélange de matières) . Avec ça on pouvait quand même mener une recherche personnelle sans fuir le textile et les fils jugés "routiniers" . et je ne parle même pas des motifs, encore moins des couleurs ... Ou était ce là le vrai manque d’imagination(ou de motivation ?)  en  ce domaine, comme on n'y trouvait plus rien , les autres n'avaient pas non plus le droit à  créer valablement et artistiquement avec tout cela.

      Et précisément c'est ce que moi je faisais . Je ne considère pas une source comme étant tarie quand elle ne l'est pas, je ne considère pas qu'une recherche à partir du textile  vaille mieux exercée sur des formes que  plutôt d'autres et encore moins sur d'autres matériaux que le textile en s'attribuant  bien sûr toujours une plus-value.(à suivre)

    Pict0302

     

  • Le bonheur en lisière-7

    Du crazy quilt àl'art textile

    Avant d'aborder le problème dit de l'irruption de l'art textile, ce qu'on a appelé ainsi, du moins-  je voudrais dire comment  j'y suis venue . Tout simplement par mes essais en "crazy quilt", ces surfaces irrégulières et la visée était toujours la même : faire quelque chose qui soit de moi avec les tissus que j'avais . Le quilt l'Arlequin Fou me tint de 1991 à 2002 , et je conçus le plan entièrement manuellement , avec un  placement de couleurs qui   ne se voit pas  si souvent . C'est presque un  "watercolor" en crazy , en quelque sorte . Il y aussi souvent dans  ce type d'ouvrages, une poésie bien  particulière, celle qui m'amènera aux Text-iles.

     

    JacquelineL'arlequin Fou détail 1991-2002

    L'idée me vient d'autres assemblages , toujours sur tissu de fond mais disons obéissant moins aux règles du crazy victorien, j'y ajoute notamment des broderies de laines pour combler les interstices, dans des compositions très libres

    ArtInstinctivement (collection privée)

     Et c'est aussi la période où je déciderais d'illustrer des contes en crazy quilts, ce qui me donnera l'envie ensuite de tenter la même chose sur des poèmes, mais en petits formats.Art la grue blanche - illustration d'une légende japonaise

    SI j'élargis la variété des tissus et techniques utilisées , je reste fidèle aux étoffes, aux fils : il y a tant dire, juste avec ces deux mediums, déjà ...( à suivre )

  • le bonheur en lisière-6

    1998 est la date de l'arrivée de l'informatique dans ma vie. J'avais possédé divers traitements de textes électroniques, à la fois pour mon métier de professeur et mes activités d’écriture personnelle.

    Mais rien à voir avec les ordinateurs de cette époque. En fait il fallait s'y mettre, côté métier et de plus j'avais à ce moment-là un  premier projet de livre, et l' éditrice voulait des dessins de "pros" . J'acquis donc une des premières versions de Quilt-Pro , et là je fus conquise .Et puis quelque temps plus tard Electric quilt 3 et surtout l'encyclopédie Blockbase . Ainsi je vécus une libération, moi, dans cette géométrie qui semblait tellement  "emprisonner" des vraies artistes reconnues . Et je continue, n'ayant toujours pas trouvé en quoi c'était la geole ou le carcan qu'on me décrivait  puisque partout on lisait que les "vraies artistes" devaient s'en "libérer", que c'était bon pour les débutantes enfin toujours les mêmes "arguments"  Tout au contraire. Je pouvais enfin concevoir ce que je voulais, comme je le voulais , même des dessins très complexes qui auraient été laborieux à obtenir avec compas  crayon et équerre. J'ai découvert (et encore maintenant ) combien leurs combinaisons, déformations , altérations , positionnements pouvaient m'ouvrir de compositions bien personnelles (il ne s'agit pas que de juxtaposer des blocs existants et de les colorier comme il m'a été dit !)  sans compter , evidemment, des tracés que je créais ,  comme celui du quilt Le temps des lilas, conçu à cette époque .

    Temps 1Le temps des lilas- détail -matelassage Simone Struss

    J'ai créé depuis 1998  à  ce jour des mllliers  de plans de quilts, qui sont mes créations de "designer" en quelque  sorte.. au début j'en ai donné beaucoup, en 2000 la revue les Nouvelles publiera un de ces modèles virtuels décliné en plusieurs versions de couleurs et  qui sera réalisé  par d'autres  en tissus .

     Inutile  de dire que j'avais alors beaucoup de relations. Je partagerais encore volontiers ces plans , si j'étais certaine qu'on  respecte la propriété intellectuelle du designer  et si ça intéressait encore quelqu'un, ce dont je doute.. Or ,si aux Usa celui-ci figure obligatoirement sur les publications , en France la coutume est de ne rien dire . Même omerta pour les travaux délégués qu'ils soient d'assemblage ou plus fréquemment de matelassage . Je le dis et j'en suis fière, et certaine que ça n'ôte rien à la valeur de mon travail, si ça n'ôte rien à celui des grands qui délèguent à de "petites mains", il ne saurait y avoir en la matière deux poids et deux mesures.

    En 2001, j'arrivais sur internet et les relations augmentèrent d'autant .  Si peu me sont restées,  ce sont  celles qui m'estimaient et /ou me comprenaient  vraiment et c'est l'essentiel. J'ai fait des échanges de tissus , j'étais la bonne fille qui peut vous trouver dans son  "magasin" juste l'imprimé dont vous aviez besoin pour exprimer ceci ou cela . Beaucoup de débats et de disussions à l'époque , des débats d'idées. Depuis il semble que l'intérêt se soir déplacé ailleurs , et la recherche de modèles ou de matériel, les conseils techniques envahissent les Forums .  Du reste, je me suis fait traitée de "trop intello" comme dans les cours de récré  par des personnes qui ne savent pas bien ce que le mot veut dire car je n'ai rien, strictement RIEN d'une intellectuelle qui pose au grand penseur. Si réfléchir un peu donne cette impression-là ... c'est navrant .

    C'est l'époque où venaient chez moi pas mal de personnes pour voir ... je montrais et à chaque fois et constatais une surprise . Je me demandais en quoi mes surfaces que jusqu'alors j'avais trouvées bien ordinaires, étaient différentes . Les couleurs, me disait-on souvent . Mais pas que les couleurs . Souvent on me disait : " il faut finir celui-là , il faut exposer, il faut partager, tu ne peux pas garder tout ça pour toi". Car jusque-là, aucune envie d'exposer pour une raison que je peux confier maintenant. A force de lire partout des exigences techniques extrêmes,  équerrage parfait, rien qui plisse , aussi beau à l'envers que sur l'endroit etc. je me disais que c'était des expositions  "concours de couture ", et que moi ce n'était pas essentiellement de la couture  normée, comme pour le prêt à porter, que je faisais. Les thèmes, de plus, imposés ne me convenaient pas souvent, j'avais mes propres idées, mes propres  envies . On m'a "seriné" maintes fois  que c'était une occasion  de se  confronter  à des contraintes et de se dépasser soi-même -encore ue expression à la mode ! -mais je n'ai jamais été totalement convaincue . Je ne peux pas "me dépasser "au vu que je ne me suis pas encore trouvée  ! 

     C'est aussi l'époque où on me demanda d'organiser des stages pour expliquer comment j'arrivais à mettre tant de tissus et de couleurs et que ça reste harmonieux. J'y ai réfléchi et j'en ai conclu que ce n'était pas possible. D'abord parce que  je travaillais encore.  Pour moi les stages sont surtout faits pour transmettre des techniques à partir desquelles on peut s'exprimer. Ma singularité  ne venait pas des techniques, mais de mon usage des tissus et des couleurs et motifs .  Cela me paraissait difficilement transmissible par une pédagogie classique , il s'agissait pas de trucs et recettes à appliquer , mais d'une harmonie qui était en moi, pas dans la roue de couleurs . Une harmonie pleine de risques de dérapages, d'ailleurs et qui était très loin de séduire tout le monde, surtout pas celles pour qui le bon goût "classique" est essentiel et que les audaces révulsent .

    PICT0012.JPGtata yoto  couleurs vives et tissus fantaisies

    J'ai pu cependant plus tard livrer quelques unes de ce  que je nommais mes "stratégies" dans mon livre mais elles étaient établies après coup . En fait c'est trop instinctif pour être analysé.Le but justement était d'inciter les personnes qui "font" du patchwork à regarder les tissus vraiment autrement, à s'interroger sur toutes leurs possibilités d'expression (et Dieu sait s'il y en a vu que j'en découvre encore!), et à ne pas se borner aux seuls tissus américains à cet usage, sauf à faire passer la facilité d'entretien avant la création.

    Je suis alors beaucoup trop de pistes de recherche  pour en rendre compte ici (sinon je n'aurais pas besoin d'écrire là dessus des livres entiers ) . Mon oeuvre approchait alors les 100 ouvrages, depuis je ne compte plus !

    Entre autres voies j'explore les surfaces que j'appelle mes "quilts jardins" J'avais déjà commencé en 1994 et j'en créé toujours .  C'est vrai qu'au départ, j'ai été influencée par les watercolors, mais mes jardins ne sont pas des "watercolors"  tels qu'on les décrit dans les livres. Ils portent cependant l'influence de ma rencontre avec l'artiste britannique Deirdre Amsden par livre interposé . Cela  ne signifie pas qu'ils ne soient pas entièrement de moi dans la composition , mais que de voir  ces oeuvres-là m'a mise en route pour  ces compositions-ci !  ( à suivre)

    Jacqueline

     détail du quilt Cascade-  matelassage Simone Struss

     

  • Le bonheur en lisière-5

     

    Le contempoorain arrive ou dissidente sans le savoir

    A l'époque je n'avais pas eu le temps de m'immerger comme ce sera le cas plus tard dans ce que  je nomme mon art (ça fait souvent sourire, voire ricaner mais tant pis!)  , mais ce n'était plus pour moi un loisir de détente et de divertissement pas plus que la littérature, c'était un langage qui venait prendre sa place dans mon  parcours et dont j'ai dit l'importance à cette époque où ma famille s'agrandissant, j'avais moins de concentration et de disponibilité d'esprit pour écrire. Et c'est aussi pour cela que la construction  fragmentaire des blocs dits américains me convenait. Le fait aussi que je n'avais pas d'endroit où installer un atelier.

    Ce que disaient les "grandes" dont je respectais l'oeuvre , ne me paraissait pas alors  sujet à discussion , bref j'étais encore une bleue qui apprenait son métier .Pourtant , je ne comprenais déjà pas le besoin de scinder en deux les personnes qui créaient des surfaces textiles , selon le genre d'ouvrage qu'elles concevaient . Je m'admettais "artisane" puisqu'on prétendait alors que seules étaient "artistes" les personnes qui faisaient du "contemporain", c'était présenté comme "indiscutable" et je n'en savais pas assez pour oser discuter.  Je  sentais bien  que mes surfaces étaient tout autant des créations , qu' elles venaient  de moi, que ce n'était pas  quelque chose que je faisais pour respecter une tradition  quelconque -mes quilts ne ressemblent pas à des quilts anciens- mais un  des genres que j'avais choisis pour m'exprimer, comme en littérature on élit la poésie ou le roman . Un roman d'aujourd'hui est souvent encore divisé en chapitres et on ne le traite pas de "traditionnel" pour autant .En patchwork c'est ce que constamment, on a fait !

    Nous sommes en 1992  et se tient à l'hôtel de Sens à la bibliothèque Forney la première exposition de patchworks dits "contemporains" .

    On peut trouver déjà  à cette occasion, un article signé d'une des artistes participantes, de celles  qui ont su se faire un nom et c'est sans aucun doute mérité. J 'ajoute qu'à mes débuts, j'ai beaucoup appris de certains de ses articles et que je ne suis pas en divergence systématique avec ses opinions. Je ne  citerai pas son nom  volontairement . Je ne fais pas d'attaques ad hominem , ce sont les idées que  je discute et parfois combats, quand je les trouve aussi infondées qu'injustes,  pas les personnes  et moins encore les oeuvres que je respecte, même si la réciproque n'est pas souvent  vraie. Je rendrai crédit de cette phrase, cependant si l'auteur me le demande.

    Je voudrais citer deux phrases de cet article qui annoncent et concentrent  tous les mépris à venir : le traditionnel (on entend par là la géométrie régulière comme source graphique)   comme excellent "guide pour apprendre" , se faire la main en somme, et surtout ceci : " le quilt traditionnel est presque toujours composé d'un motif  répétitif symétrique, même si les couleurs changent , les valeurs gardent le même équilibre , l'aspect d'ensemble est d'une stabilité totale la lecture immédiate, la surface a deux dimensions , la réalisation est sans surprise."

    Exécution sommaire  de ce  que moi j'apprenais à faire. à ma façon, hors formatage toutefois des clubs ...  Il s'agissait bien de se démarquer  et de la façon dont parle   Spike Gillespie dans le livre Quilts around the world.

     Méconnaissance  du sujet  aussi : les blocs peuvent très bien  présenter des effets secondaires qui les font disparaître, les mêmes valeurs ne sont pas toujours mises à la même place.  On peut créer avec eux  des effets d'asymétrie , la profondeur y existe tout aussi bien (et il est permis de remarquer que la profondeur d'un quilt ne tient pas que de son graphisme  mais aussi de sa puissance d'expression et des lectures diverses qu'il propose grâce à l'usage des étoffes variées dont il est composé, le matelassage éventuel, le vrai relief et le faux semblant ... ) Je renvoie à mon article sur composer ou dessiner .

    Une analyse rapide  du catalogue  prouve que la géométrie est présente à  presque toutes les pages ou presque et repose souvent encore sur des blocs traditionnels, ou bien des pièces uniques (carrés, rectangles,  triangles une pléthore de bandes , quelques logs cabins détournés. Certaines  formes empruntent aussi beaucoup à l'op art (sans le dire) .Le livre de  Katie Pasquini Isometric perspectives va paraître ....C'est dans l'air du temps, il faut donc suivre (la nouveauté ou ce qui est présenté comme tel)  pour se démarquer, beau paradoxe .

    La répétition de motifs est fréquente , elle sera justifiée souvent ensuite par des  références à ... Warhol.  Émerge le désir de démarquer la peinture, ou tout au moins d'avoir une source noble, côté Beaux-arts , d'y trouver référent -sans toujours l'avouer , il fallait  aussi laisser croire qu'on créait ex nihilo, à la différence des "traditionnelles" qui elles usaient d'un dessin existant  : d'un "poncif" . L'usage du tissu uni en est un signe : rien ne ressemble plus à une surface peinte qu'une surface unie en tissu. Qu'on n'y voie pas critique de "valeur" de ces oeuvres -je sais, moi, que je ne suis pas fondée à le faire-  Mais une analyse de ce  que j'ai sous les yeux et' une réflexion qui ne se laisse pas avoir au prestige, de qui que ce soit, quand les allégations sont démenties par les faits.

    Il m'apparaissait surtout qu'il y avait deux sortes de géométries  :une pour les petites mains, cataloguées  simples artisanes même si elles créaient en appui sur des dessins réguliers de la "tradition" décrite toujours de façon stereotypée,  et en tout cas "non artistique"  et une géométrie noble empruntée à la tradition parfois  plus récente  de la peinture. ..L'une aurait été simplement décorative, et l'autre  aurait eu automatiquement profondeur, le tout sans analyse pertinente des oeuvres; c'était à admettre sans discussion . On décrivait les premières comme réductrices, sans imagination ,comme si avec plus de 4000 blocs -et on en crée toujours de nouveaux aujourd'hui !- cette soi disant tradition-  pouvait produire seulement  ce qu'on nommera un peu plus tard mais avec quel mépris encore les "resucées de traditionnel" - L'autre serait originale  pleine d'innovation et d'ouverture . Or quand on  regarde certains graphismes de ce contemporain présenté comme une révolution : labyrinthe, bandes, spirales, carrés dans un carré, ou cercle dans un cercle(carrés décalés , je ne vois absolument pas en quoi ils témoigneraient d'une quelconque originalité et surtout d'une nouveauté  graphique et si l'innovation était de faire de la peinture abstraite en tissus , ce n'était pas bien une révolution non plus dans les formes  : l'art abstrait étant dans ses débuts  "moderne" (d'avant 1945 )et non "contemporain". Il s'agissait donc bien d'importer un grand art dans un jugé mineur pour lui donner en quelque sorte ses "lettres de noblesse"

    Mais le dire est evidemment très mal perçu .

    On pourrait , si on veut s'appuyer sur l'art muséable, le seul vrai (!) sur le mouvement Pattern Painting dans les années 1970 .Si ces oeuvres-là sont muséables en tant qu'art, côté Beaux arts, grands arts ,  pourquoi pas alors tous les quilts issus d'une création réelle ? Il y aurait une  "bonne" répétition parce qu'issue d'un mouvement  d'art reconnu (au moins un  temps) et le reste serait nul et non avenu , à ne surtout pas sortir de la sphère domestique ? Et pourquoi donc  une couverture ne serait pas alors autant de l'art  qu'un urinoir ? On aurait pu s’approprier le ready made , aussi, ..encore eût-il fallu le connaître .

    Et  les quilts présentés au Whitney  Museum étant anciens seraient, eux, de l'art abstrait ? Et ça n'en serait plus quand une quilteuse moderne compose avec le même vivier de dessins  ? Mais ça en serait si la quilteuse utilise d'autres motifs existant déjà, mais dans un domaine jugé "artistique" ?  Un labyrinthe c'est plus artistique  qu'un nine patch (bloc composé de neuf carrés)  ? Plus symbolique qu'une étoile ? Et tout cela au nom d'une " libération" de notre art ?

     Ce qui me gênait déjà,  c'était  donc surtout ,cette plus-value que ces artistes s'accordaient (et s'accordent toujours) au détriment de  celles qui cherchaient sur d'autres pistes. D'autant plus grave qu'elles étaient juges et parties. Elles ont d'ailleurs leur chef de file, en la personne de l'artiste Michael James  (je rappelle que tout le monde n'avait pas les moyens d'approcher le maître!)  . Si éminent soit-il et je respecte infiniment son oeuvre, -il devrait rester permis d'être artiste, en France,  sans son aval ou celui de ses disciples . Que cet artiste se  soit prévalu, alors,  de la peinture et dédaigne les autres sources jugées trop artisanales à son gré, le concerne mais j'aimerais qu'on me prouve que c'est une vérité indiscutable autrement que par des arguments du genre : "c'est un très grand artiste donc ce qu'il dit  fait "autorité", c 'est indiscutable etc.". On peut voir  ce que je réponds à ce sujet en 2002 , lorsque  le même maître se plaindra qu'en contemporain  il y ait tant de "clones" ! Et pour cause!

    Toute mon oeuvre crie  le contraire de cette mouvance,   de toute la force de ses combinaisons de tissus et de couleurs...elle se veut précisément 'impossible à peindre" et même en étoffes on ne peut pas vraiment les reproduire  littéralement, on aura une imitation pas l'original puisque chaque  "tesselle" telle qu'elle a été choisie et placée a son  importance .... Je plonge dans les imprimés  y compris les plus surchargés,   alors que les autres chantent les louanges de la merveilleuse sobriété de l'uni -roi ! qui rend l'ouvrage automatiquement artistique et contemporain (car c'est ce qu'on lit , et ce qu'on voit , aussi !) Mais je le fais pas ni pour être "dans la tradition", ni pour me singulariser, tout simplement parce que  c'est ce  que j'aime et ce  que j'ai, moi, envie de faire.

      Je ne voyais pas non plus  les choses non comme les traditionnelles accrochées à leur fidélité à l'antique et à la perfection de leurs petits points, et à leur reproduction de tissus anciens, qu'il ne fallait surtout  pas désassortir !  à leur notion du "bon  goût"  ni  non plus comme ces nouveaux "maîtres" de notre petit monde.

    J'étais ignorée des unes par mon "genre" - et le choix de mes tissus imprimés multiples , mon refus des graphismes épurés en  deux couleurs unies , qui ne m'auraient pas autant comblée  et rejetée des autres par ma liberté de conception et le choix de mes couleurs et ma distance envers le "fini-fini" parfait des bonnes faiseuses .

    J'étais déjà  mal barrée , comme on dit . Mais si heureuse à la barre . Libre !

     Ma passion c'était les tissus dans leur diversité et mon appel dire quelque chose avec ceux que je continuais inlassablement de collecter (et pas seulement d'acheter), passion croisée avec les dessins abstraits de la géométrie dont je n'avais rien à faire au fond qu'elle fût américaine, chinoise ou papoue, ou inspîrée  de Kandinsky,  Klee, puis  Vasarely,  qu'importe .  Le tissu reste pour moi l'essentiel de mon art non les formes seules   ou plus exactement l'adéquation des deux à une expression personnelle .  Le langage que je tentais d'établir passait justement dans l'affrontement de ces morceaux disparates et en désaccord initial. Ma tâche : rétablir une harmonie . Petit dessein quand on  se heurte   à    de grands noms,  pour qui ce travail est, et est resté dérisoire.  La célébrité vaut autorité . Ma conception est pourtant exactement celle de l'artiste Edrica Huws , même si celle-ci, éminemement figurative, déteste les géométries que j'affectionne  : (tissus) qui  "dans un même vêtement, paraîtraient vulgaires et bizarres peuvent acquérir une valeur propre quand ils sont employés comme pigments ou mosaïques dans une construction" et elle ajoute " vous dépendez des hasards des tissus crées pour un emploi totalement autre " ('interview accordée à Smaranda Bourgery dans les Nouvelles du patchwork en septembre 1993.)

     Témoin ce Canicule, composé  à partir du bloc Echelle de Jacob .  J'espère qu'il prouve assez que le soi disant "traditionnel" peut aussi se lire comme du contemporain ou plus exactement que cette distinction par la source graphique choisie est tout à fait discutable . Les tissus  sont tous  imprimés , et allient une bordure en  tissu tahitien, une en tissu provençal, des échantillons de tissus américains et des faux ikats français achetés à un  collectionneur ...Un quilt pas tout coton ... c'était ma façon à moi d'être personnelle et authentique et surtout de laisser la parole aux tissus, dans un art qui tout de même était fondé, au départ , sur leur usage en mélange . (à suivre)

    Canicule2

    Canicule 1994- piécé et  matelassé main  (paru dans les Nouvelles du patchwork en juin 1997)

  • Le bonheur en lisière -4

    Au  cours des années 90, j'ai commencé ma collection de   livres américains achetés chez Brentano's, le plus souvent , puis diffusés par les commerçantes- artistes quilteuses de l'époque , si on voulait  vivre de son art, il fallait  déjà en passer par là , vendre des modèles, des kits, des tissus, organiser des stages.  La machine commerciale était en route.   Point trop de salons et un art pas encore vendu aux marchands du temple, cependant. Ma première  grande influence fut l'artiste Nadine Rogeret à qui j'achetais mes premiers tissus américains . Ce furent longtemps, les seuls. J'aimais sa façon de créer en mélangeant dans ses oeuvres une inspiration qui venait de la géométrie et des compositions tout à fait personnelles. On voit nombre de ses oeuvres dans le livre de Claude Fauque Le patchwork ou la désobéissance . Si une me fut exemple, dans mes débuts en mosaïque de tissus, ce fut elle et je la salue au passage .

    Je m'intéressais donc à cette géométrie dite traditionnelle et américaine ,  parce qu"elle coïncidait, en moi, à mille manières de construire avec des tissus. J'ai toujours aimé mettre beaucoup d'étoffes différentes dans ce que je fais , parce que pour moi c'est une sorte de richesse de vocabulaire.  A mes yeux, c'était de la mosaïque, de la marqueterie,  arts qui m'ont toujours fascinée et dont je n'ai jamais compris qu'ils soient jugés comme décoratifs et mineurs sauf quand un  grand nom s'en empare , que la peinture s'en inspire ou qu'un mouvement d'arts plastiques en vogue les récupère.  J'ai expérimenté évidemment, depuis, d'autres voies et certaines de mes créations actuelles sont toutes différentes, mais cette variété est la pierre angulaire de ce qu'on me pardonnera d'appeler ma démarche. Or, mettre énormément de tissus, de motifs et de couleurs venus non de chez un marchand qui vous les a assortis mais des découvertes et trouvailles un peu partout - neuf et ancien mêlés - exige pour équilibrer une rigueur que la géométrie des blocs et leur répétition me donnaient . La miniaturisation  des morceaux aussi.

    J'en étais donc là, à prospecter dans ma collection de tissus et les différents dessins issus de ce qu'on nomme "tradition" - J'envoyais en guise de voeux à l'association une photo d'un de mes patchworks, , on était début  92 et à ma grande surprise la directrice de publication Suzanne Lambert  me répondit , et m'encouragea. Elle fit mieux elle publia comme modèle ce premier quilt  réalisé d'ailleurs bien des années avant d'après un bloc trouvé dans une revue. Ce fut pour moi un puissant déclencheur, le geste qui me donna confiance . Mon livre lui est dédié. Sans elle, je n'aurais pas cru en moi. Je croiserai plus tard d'autres personnes (et aujourd'hui encore!) qui m'aideront à dépasser mes doutes, à continuer, car seule et souvent à contre-courant ,  ce n'est pas si facile.  Je veux saluer celle qui fut pour moi à l'origine de ce  que je nomme ma  seconde vocation  (la première, comme on le sait, était l'écriture ).    et je préfère oublier les réflexions inévitables du genre "on te l'a pris parce qu' à l'époque, 'on manquait de modèles". Car oui , c'est ce qu'on entend au sein de notre corporation. (à suivre)

    Pour

     Pour Guillaume -1990- parution   1993 Nouvelles du Patchwork

    tissus américains et de récupération

  • Le bonheur en lisière-3

    En 1984, France patchwork fut créée. Je possède encore presque  tous les numéros de la revue depuis le  numéro 20 jusqu'en 2012 où j'ai décidé de ne plus en faire partie .. Et je n'ai pas l'intention de m'en séparer. Malgré les divergences, la vie de cette association participe de mon parcours . Du moins dans ses débuts et jusqu'en 2012 où je l'ai quittée.

    J'avais rencontré le patchwork dans les revues féminines et notamment Cent Idées. J'ai défendu dans  un article intitulé Modèles (que je republierai vu la disparition du site Art-up )  ce moyen de répandre la culture textile ( si moqué ou complètement ignoré des grands penseurs en art ! ) . Nous n'en avions pas d'autres : à l'époque pas de stages, pas accès à internet : qu'on ne l'oublie jamais avant de décrier. Les créatrices de ces revues créaient, elles, réellement , c'était un métier, pas un loisir.  C'était aussi un accès à l'art textile, d'un prix modique,  abordable par toutes. Pas besoin d'être agrégée d'arts plastiques pour tenter avec ses fils et étoffes de se mettre en route.  

    J'ai donc  adhéré  à  France Patchwork en 1989 .Mais , entre temps  j'avais découvert ce qu'on nomme le patchwork américain en blocs (carrés de mosaïques) l'année d'avant, dans un  livre . L'association  à ses débuts me fournit en  connaissances techniques , en 'informations diverses. J'avais surtout besoin de voir les ouvrages et oeuvres des autres  et déjà pas pour les copier , mais m'en nourrir , acquérir ce que je vais nommer une culture dans ma valence. Et déjà, me situer par rapports aux "courants" que j'évoquerai ensuite. Culture que j'ai élargie dès que j'ai pu par la lecture de livres et pas seulement de livres pratiques . En comparant, en me questionnant, en n'acceptant pas tout comme "sainte parole" dispensée d'en haut et surtout en expérimentant par moi-même J'ai toujours détesté les dogmes et les catéchismes.

    La première chose qui m'a surprise, c'est l'organisation en clubs et en délégations  mais à l'époque, on acceptait fort bien les indépendantes et on ne les soupçonnait pas d'égocentrisme. On se référait evidemment à la tradition américaine, dominante,  des réunions de femmes style quilting bees ou autres  talk and show mais nous n'avions pas forcément le même mode de vie que les pionnières, dont on dit qu'elles se réunissaient aussi , dans les débuts, pour parfaire leur pratique de l'anglais et s'intégrer, nécessité que nous n'avons pas .  Je ne suis pas une pionnière américaine, je maîtrise ma langue assez bien et j'ai assez d'amis pour ne pas avoir envie de me faire des relations de club ou de groupe.  J'ai toujours aidé, et j'aide toujours "en free lance" donc discrétement et je n'aime pas trop un bénévolat exercé pour qu'on vous en louange et qui comporte au dévouement -dont on vous rebat les oreilles- certaines compensations. Des aides apportées, je n'ai eu le plus souvent ni estime, ni gratitude, mais oubli et indifférence, mais cela importe peu : l'essentiel était d'être efficace dans le moment .

    Le célèbre partage du patchwork, qui serait à nuancer aussi bien dans le passé (la tradition américaine n'est pas monolithe et varie selon états et époques ) et surtout elle n'est pas la seule "tradition" de l'assemblage d'étoffes, encore moins la première, évidemment. Tout ce que  j'ai pu lire depuis le confirme et dans le présent où il peut se pratiquer tout autrement , comme n'importe quel autre art.. Pour ma part, j'avais trois raisons qui me poussaient à expérimenter seule : mon indépendance native -et farouche!-, je suis incapable de me concentrer en société et j'ai dû mal ,même dans les trains ou salles d'attente ...mon travail et mes trois enfants . J'y ajouterai une paresse certaine à me déplacer. Cette attitude  -qui n'est préjudiciable à personne- n'implique pas que ce qu'on crée ainsi soit en aucune façon inférieur à ce qui est fait en clubs ou ateliers, Pourtant, aujourd'hui,  cette attitude maintient en lisière.

    La deuxième c'est l'obligation du matelassage, présentée alors  comme incontournable , et j'avoue que ce diktat, dont je sais maintenant un peu mieux les causes , m'a beaucoup gênée. Pourtant, j'ai appris à le faire, à ma façon un peu iconoclaste , mais passablement . J'y reviendrai dans un article séparé. (à suivre )

     

    Tentationexemple de matelassage main sur le Quilt La tentation de la quilteuse

    qui montre aussi ma passion des "petits" bouts

    exposé en 2004 à l'exposition Fragments