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Faire ses livres soi-même -mise au point
- Le 04/12/2018
Essayer d'expliquer . Once more. suite à une conversation ce matin .
Je le répète; je respecte infiniment les petits éditeurs qui parfois ont été les miens.Je sais leurs diffccultés. Je dirai : justement ! . D'abord parce que je n'ai quasiment jamais envoyé de manuscrits de poésie à une maison d'édition J'excepte les ouvrages à deux voix, deux mains .
Pourquoi ? C'est difficile à expliquer . D'abord je n'ignore pas que nous sommes très nombreux à écrire ce que nous nommons poésie . J'en ai comme tout un chacun ma conception elle coïncide rarement avec les tendances littéraires du siècle -il me suffit de lire ce qui est prisé pour m'en convaincre-
Ensuite parce que contrairement à que certains pensent je n'ai désir de gloire ni d'éloges. La reconnaissance c'est différent mais je ne m'épuiserai pas à expliquer la nuance et je l'ai déjà fait . Zut qu'on aille y voir ! Je suis humaine j'aime quand on aime ce que j'écris mai ce n'est pas ma visée première. J'aime surtout quand l'autre en face me dit avoir éprouvé une émotion même si parfois c'est pas du tout celle que j'espérais susciter . C'est le jeu des lectures ... des approches. Pour moi elle est libre comme je me sens moi libre .j'aime quand s'établit un dialogue un échange . Même conflictuel.
Ma visée première c'est d'approcher d'une sorte de saint Graal poétique nommé justesse , et comme j'ai le sentiment que ce n'est jamais tout à fait cela, je continue.
Ensuite j'aime l'objet livre et déjà bien avant de croiser l'ombre d'un éditeur, je me les faisais moi-même . Ensuite bon quand j'ai été éditée -pas en poésie je le répète- on m'a expliqué qu'il y avait des problèmes de diffusion surtout pour les petits. Donc finalement , si je voulais bien écouler mon stock moi-même -le rachetant à prix réduit- ça arrangeait tout le monde. Seulement me suis-je dit pourquoi embêter ces éditeurs croulant déjà sous les manuscrits ,les stocks à gérer et peinant à diffuser et à faire la promo etc.J’ajoute j'ai le sentiment de ne plus avoir ma vie et ma vue surtout devant moi pour ce faire . Je ne peux donc pas attendre des mois une éventuelle réponse d'éditeurs surchargés ..
Puisque le coût de l'impression a baissé même pour un très petit tirage , pourquoi pas gérer tout moi-même . Je dis bien moi-même sans prestataire de service style édition à compte d'auteur.
Erreur fatale : si on n 'a pas l'aval d' un comité de lecture c'est donc qu'on s'auto-évaluerait bon (pourquoi pas génial ?) Non mille fois non moi je veux juste faire un livre , je n'oblige personne à l'aimer ni à le trouver bon mais on comprendra que l'avis a priori de quelqu'un qui le rejetterait pour ce motif d'autofabrication sans même l'avoir lu , parce que ça n'a pas été cautionné est nul et non avenu. On lit d'abord on juge ensuite c'est rigoureusement indiscutable .
Et ici je donne à lire gratuitement pour tous ceux qui n'ont pas forcément envie d'acheter ...J"ai besoin de lecteurs pas de louanges de réactions pas de dithyrambes ! Je comprends ceux qui ne peuvent pas, n'ont pas les moyens, ceux qui ne veulent pas, ceux qui n'aiment pas ceux qui aiment mais bôff pas assez pour .
C’est permis de faire exister ce qu'on crée hors circuit ? Sans jugement péremptoire ? Maintenant si un éditeur passant par là me dit ça me botte j'aimerais faire un livre avec vous ... qu'il le dise maintenant ou se taise à jamais (là je suis sûre de la réponse ) . (publié sur facebook ce 4 décembre 2018) -
Livres textiles
- Le 07/11/2018
- Dans opinions
Au début des années 2000, la vogue des livres textiles qui faisait déjà une percée aux USA et au Royaume-uni commença à arriver en France par le truchement d'artistes influencées parfois par les revues américaines Quilting arts notamment .
Et évidemment , on ne peut éviter la mention de l'Ode à l'oubli de Louise Bourgeois, mais j'invite à voir ce que font des artistes moins connues comme par exemple Mandy Patullo dont j'aime l'amour des étoffes ! sur ce lien.
C'est une parmi une infinité d'autres créées antérieurement à cet ouvrage célébrissime.
Ces livres étaient souvent des souvenirs centrés sur une personne de la famille dont on voulait honorer la mémoire,-le plus souvent en mixed media papier-tissus , ou bien encore des livres à thèmes ou des keepsakes , recueils de morceaux aimés et de souvenirs textiles, et enfin des livres altérés qui existent indépendamment de l'art textile mais peuvent intégrer des étoffes.. Dans ce cas on retravaille sur les pages d'un livre existant en palimpseste en quelque sorte , mais en palimpseste qui montre la couche du dessous . On peut voir des livres altérées ou textiles en tapant ces termes dans un moteur de recherche.
Coutume qui dure, on peut voir actuellement beaucoup d'oeuvres peintes ou réimprimées sur des pages de livres ou de magazines, qu'elles soient en livres ou le plus souvent indépendantes. Notre époque aime la superposition (layering) et le faux palimpseste . Dans les vrais on grattait le support pour faire disparaître autant que faire se pouvait le texte précédent, là il est juste recouvert d'autre chose.
Symbole d'une sorte d'intellectualisation de l'art textile, avec en fiilgrane l'idée de le valoriser toujours en imitant un art majeur ou ..libéral comme était classée jadis la littérature. un livre ça vous pose mieux dans les intelligentisias qu'une surface assimilable à une couverture (même si les livres en ont aussi !)
On pourrait sur ce point , justement, citer les couvertures de livres brodés qui sont une tradition très ancienne, et certains samplers : ces recueils d'échantillons de points, étaient parfois présentés sous forme de livres (et non de bandes ou de tableaux )et le sont toujours .
Ce site en montre un qui me plaît beaucoup (et on peut réaliser le sien, les explications y figurent) .
Pour les livres txtiles actuels du texte est naturellement parfois associé qu'il soit de la créatrice ou emprunté : il va de la coupure de journal au poème de l'auteur. Sur la valeur littéraire je dirai pour rester gentille que c'est très inégal.
Pour moi il y a d'abord eu le sentiment non pas de faire un livre textile, mais de lier textes et textiles , ce qui est tout différent . J'ai commencé à chercher autour de cette relation (je n'ignorais pas l'étymologie du mot texte étant latiniste de profession, jadis.). A noter qu'à présent tous les artistes travaillant sur le créneau nous la rappellent. En 2004 lors de mon expo textes -textiles c'était moins couru. En fait pour moi c'était moins cette étymologie (et le tissage) que les motifs sur les étoffes, comme une écriture. Je veux bien qu'un texte soit tissé , mais il est aussi déposé sur un support même virtuel (comme une broderie) et les mots y sont assemblés comme les tesselles d'étoffes d'un patchwork , qui ne sont pas que juxtaposées sans recherche ,c'est pourquoi cet art -que mes soeurs tisseuses me pardonnent- me semblait plus proche de ce que j'écrivais que le travail de la navette, mais le tissu reste ma matière essentielle : les mots de mes textiles comme de mes textes ont déjà été tissés par d'autres. C'est un point de vue singulier, discutable, mais c'est mon approche.
Et la liaison texte textile s'est d'abord faite pour moi par le patchwork géométrique et j'aurais aimé qu'on regarde mes quilts aussi -c'est une lecture possible- comme les pages d'un livre ou juxtaposées....surtout les quilts en blocs ou chaque "carré" est comme une sorte de chapitre , avec d'ailleurs des structures analysables . J'ai beaucoup insisté sur l'importance pour moi des motiifs sur les étoffes -choix qui me place complètement à contre-courant de ce qui se fait en art textile actuellement : le glissement vers les quilts dits contemporains ou autres "art quilts" évinçait à la fois les géométries répétitives jugées je l'ai dit mille fois "plan-plan" ennuyeuses ou superficiellement décoratives .et l'art textile branché préfére les volumes aux surfaces .
Mon début est tout simple quilt fait pour ma fille sur le thème du Petit Chaperon rouge , ave un tissu ancien dont j'ai appris ensuite qu'il était très célèbre et dont il s'est vendu des mètres ...ce qui explique qu'un morceau donné par une amie se soit retrouvé entre mes mains .Pas un livre, mais un quilt qui raconte une histoire. C'est ce qui a mené au reste.
De là l'idée d'ilustrer des contes en crazy patchwork , Peau d'âne notamment ou le conte Japonais de la grue Blanche :
Ces crazys quilts m'ont amenée à songer à illustrer mes poésies de cette manière puis celle d'autres artistes et ce fut ce que je nomme l'aventure des textes-iles. Un beau moment de ma vie d'amitié et de création .On peut en voir l'histoire sur ce lien :
Parallèlement j'avais accepté de travailler en duo sur un calendrier textile dont l'histoire est racontée ici :
Pour revenir dans le Textilionnaire à des tableaux séparés ;
J'hésite du reste toujours actuellement pour mes petits formats à les présenter en séries de tableaux séparés ou sous forme de livres textiles. C'est pourquoi le chant des Couleurs se présente sous forme de livrets séparés en double page (voir dans la partie textiles et textes les deux liens) :
A cette époque j'ai mis en route aussi le livre pour 'elle écrit pour ma mère , qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour compléter :
J'ai continué mes aventures textes textiles avec ces livres tissés mariant papier et tissus fondés sur deux recueils de poésies : Trames et chaînes écrits antérieurement :. La structure tissée ici ne vient pas de la tendance à lier textes et textiles mais de ce travail poétique antérieur :
Dans le même temps et sur une autre inspiration je fais les petits port-folios tri-arts nommés Avatars :
PUis je mettrai en route les livres blancs et un livre d'or fait en feutrine sur laquelle j'ai appliqué et brodés des pages de motifs textiles : (aventure qui se continuera sans doute)
Et pour revenir au patchwork mais en le développant côté images numériques je crée la série très traits :
Entretemps vient s'ajouter un livre mixed media de fleurs fantaisistes brodées, avec leur histoire intitulé précis de botanique alternative :
Le dernier achevé fut cet hommage à deux "cousettes" par une troisième : Lucette et Jacqueline(s)
On peut voir le détail de l'histoire sur ce blog
A lheure de la rédaction cde ce billet il existe au moins (!) trois autres livres en cours qui vous seront montrés dans des articles futurs (si j'en viens à bout et que ma vue qui me fait quelques soucis actuellement ne me lâche pas ) .
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Des gestes -et de la geste- du textile...
- Le 03/09/2018
- Dans opinions
Les gestes de l'art textile sont souvent un peu partout mélangés et confondus. Et leurs résultats aussi.
Le grand public, surtout masculin - qu'on me pardonne ce "sexisme" !- je sais qu'il est d'heureuses exceptions- lui , ne sait toujours pas bien la différence entre tissage, filage assemblage et broderie. Dentelle, macramé, tricot, tapisserie, broderie,crochet et patchwork, tout ça c'est pareil. Une affaire de bonnes femmes, presque, voire de grand-mère, les stéréotypes faisant des dégâts-sexisme et âgisme étant en filigrane- (sauf, je le souligne encore, quand on est dans la case qui convient, celle qui n'est pas toujours très textile, du reste...).
Tant de fois on m'a dit, désignant mes quilts : "ton crochet , ton tricot, ta tapisserie"... Or ce n'est rien de tout ça. Plus de différence entre eux cependant qu'entre l'aquarelle et la gouache ! Et c'est parfois signe de mépris involontaire ...ou inconscient. Connaître c'est déjà un petit peu apprécier ou du moins si on n'aime pas, on sait alors de quoi on parle, vertu qui tend à se perdre !
Démêlons un peu tout cela. Et si possible dans l'ordre d'apparition.
Assembler- Coudre
Coudre : c'est assembler des morceaux (pas forcément de tissu) avec une aiguille. Le geste d'assembler d'attacher, de "connecter" a précédé celui de tisser et celui de filer (on peut assembler avec des lanières de peau ou de végétaux du crin animal, des tendons séchés aussi etc. ) puisqu'on assemblait des peaux pour se vêtir, se protéger, et pourquoi pas décorer (sans oublier que lesdits ornements pouvaient avoir valeur symbolique, sociale, magique ou religieuse) .
Côté aiguilles -car oui l'aiguille est bien le premier objet d'un art d'assemblage sinon textile : en 15000 avant JC- 18000 dit le site du Musée de l'homme, spécalistes, pas d'accord comme d'habitude !- apparaissent les aiguilles à chas, bien avant pour celles qui servaient juste à percer .
L'assemblage par application (quand on pose une forme sur une autre et qu'on la fixe sur ce support) est aussi un des plus anciens (on en trouve dans l'ancienne Egypte -en peaux toutefois ). Il est à noter qu'à notre époque son "classement" hésite entre broderie et patchwork, puisqu'il participe des deux. Pour le détail des techniques on peut voir cet article.
L'assemblage d'étoffes, hélas pour lui, n'a pas ses mythes et ses déesses.. Pas de Pénélope ni d'Arachné dans lesquelles se draper, si je puis dire ... mais il a ses contes et son folklore (cf la veste rapiécée) et tout le monde connaît le petit tailleur qui tuait les mouches et les célèbres habits neufs de l'empereur ( à noter que dans ces contes ce sont souvent des hommes - artisans professionnels- qui cousent.) et les merveilleuses robes de Peau d'âne dans le conte de Perrault . Et les chansons populaires aussi comptent nombre de "cousettes" , lingères et autres ouvrières .
Je pense d'ailleurs que l'invention de l'aiguille à chas est pour les arts textiles aussi importante que celle du tissage, mais les spécialistes n'étant point de mon avis, c'est filage et tissage qui ont prédominé dans l'imaginaire collectif.
Le geste d'assembler des morceaux pour en faire une surface n'a pas trouvé ses lettres de noblesse et il ya sûrement à méditer là-dessus ....
Le patchwork est un art d'assemblage,qu'on assemble par juxtaposition(couture dit piecing en anglais) ou par superposition (appliqué). Lié à la notion d'économie , à la pauvreté parfois volontaire dans les religions orientales, il est aussi paradoxalement parfois tout aussi bien signe de richesse et signe par lequel on montre qu'on peut s'offrir plusieurs étoffes différentes, parfois très luxueuses, pour un seul vêtement . Il est art de mosaïque, mais aussi de couture, de la broderie vient parfois s'y rajouter et il est parfois rattaché à cet art, notamment les crazys quilts.
Le tissu déjà est une matière assez variée pour permettre aux assembleuses de tissus de dire par ce moyen mille choses mais l'art, force est de le reconnaître reste mal connu et souvent déprécié, sauf à imiter la peinture, la sculpture ou tout autre art qui a droit de cité déjà dans les musées consacrés aux "grands " arts. Quand on expose de l'art textile, même en surfaces d'étoffes assemblées, et si on excepte l'exposition du Whitney museum en 1971 le quilt géométrique de création reste à la porte et confiné dans les expositions spéciales pour, si je puis dire.
FilerC'est fabriquer du fil, c'est à dire amalgamer des fibres et en faire une sorte de long et fin cylindre, ça se faisait généralement au début avec une quenouille (parfois avec les doigts (on ne vous dit pas dans quel état ils devaient être !) puis un rouet.
Aujourd'hui le fil est fabriqué dans des usines, mais pendant longtemps l'activité de filage est restée à la campagne une tâche féminine comme à peu près tout ce qui est long, ennuyeux, répétitif et parfois rebutant au prétexte que "ça ne nécessite pas de force physique" . Voire ...
On trouve encore actuellement de fileuses artisanes d'art , qui créent des fils , organisent des stages et transmettent ce savoir.
L'art du fil a ses manitestations artistiques et le fil lui-même ses chefs d'oeuvre (sculptures en 3 D , notamment ). Taper sculptures en fils dans un moteur de recherche pour voir ce qu'on peut en faire . Mais utiliser du fil : ce n'est pas filer , c'est isoler un élément , pas vraiment "textile" puisque non tissé, pour créer avec lui
Le rouet d'Omphale qui contraignit Hercule à en user, est célèbre et dans les contes celui de la Belle au bois dormant (entre autres !)
Les Moires chez les Grecs filaient la vie des êtres humains et étaient au nombre de trois Clotho la fileuse Lachésis la répartitrice son nom évoque le tirage au sort chacun sa part courte ou longue et Atropos, l'implacable , l'inévitable, le coupe .Elles ont sous le nom de Parques un rôle analogue chez les Romains avec des noms différents Nona, Decima et Morta. Nona étant à l'origine chez les latins unique. On peut remarquer que le langage courant sélectionne souvent le nom latin pour l'ensemble des trois soeurs et les noms grecs pour les désigner. On les trouve evidemment dans d'autres mythologies .
Il existe d'innnombrables contes, légendes et mythes mettant en scène des fileuses.
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BRODER
On lit parfois que la broderie est venue, elle aussi, après l'invention du tissu et j'en doute. On peut broder sur des peaux de bêtes (du cuir ) et sur des écorces (cela se fait encore ); juste que de nos jours quand on brode sur autre chose que du tissu, on appelle cela curieusement "innover", alors qu'historiquement parlant on retrouve les origines. Simplement, l'invention du tissu évidemment a pu donner essor à cet art (et à bien d'autres ), le support étant idéal pour le geste . Le tissu par sa structure se transperce facilement, il permet aussi de compter les fils . Mais broder c'est déposer ou attacher quelque chose sur un support : ce quelque chose peut-être des motifs de fils , mais des perles, des pierreries , des plumes (même si le métier de plumassier s'est différencié au fil du temps.) . La variété des supports et des ajouts tenus par un fil ( bien qu'actuellement il y ait un goût pour les tesselles collées sur étoffe en loisir créatif ) n'est pas absolument pas une invention de notre époque, juste que nous adaptons l'art aux matériaux dont nous disposons.
Il est vrai les définitions habituelles de la broderie incluent quasiment toutes le support textile qui reste le favori.
Sur l'histoire de la broderie on peut lire Claude Fauque et Françoise Cousin La Broderie, splendeurs mystères et rituels d'un art universel mais aussi pour un point de vue différent Rosika Parker The subversive stitch et les articles du dictionnaire culturel du tissu " et également l'excellente Encyclopédie "Autour du fil" , pour ne citer que quelques ouvrages.
Broder est un geste assimilé symboliquement à la richesse (de ceux qui portaient les vêtements brodés ) et il y a eu très tôt tout autour de cette activité un artisanat d'art et un commerce . Motifs tissés et motifs brodés étant parfois en concurrence, et les gestes parfois proches puisque pour coucher les fils (les déposer à la surface de l'étoffe avant de les maintenir par de petits points) dans les figures importantes on utilisait des "broches" et que le brochage est aussi une technique de tissage. Zola dans son roman Le Rêve décrit ce travail. Il est à noter deux choses : que si les artisans brodeurs chefs d'atelier étaient souvent considérés comme des artistes à part entière, les "petites mains" elles étaient parfois très mal payées et travaillaient dans des conditions plus que difficiles. Et restaient -et restent encore souvent, anonymes- ceci pour les professionnelles.
Hélène de Troie dit-on au chant III de l'liade brodait sur un voile pourpre ou d'un blanc éclatant selon la leçon du texte grec qu'on privilégie, les exploits guerriers auxquels elle assistait, le texte grec signale sur un tissu à double face. On n'extrapole guère là-dessus -plus facile de décrire les actes guerriers que de montrer une brodeuse en action , sans doute!
D'autre part, la fonction de broderie domestique rendue nécessaire par le marquage du linge , mais également d'agrément ou de décoration des vêtements et maisons a toujours été regardée comme un domaine dévalorisé puisque a- ça ne rapportait pas d'argent du moins en activité dite de loisir b- ce sont les femmes qui le faisaient. Le cliché de la dame n'ayant rien d'autre à faire de ses dix doigts que de la tapisserie à l'aiguille dans un coin du tableau qu'elle décore, elle aussi par sa présence, genre potiche oisive (!) est encore bien imprimé dans la mémoire collective. Il faut noter cependant et certains romans sentimentaux en attestent que c'était à la fin du XIXe siècle, pour une jeune fille de la noblesse désargentée , un moyen jugé honorable de gagner sa vie avec lectrice- dame de compagnie et dans des milieux moins huppés le travail de broderie à domicile était un moyen de gagner de l'argent. . Si on n'a pas peur de déchoir en lisant un roman de Delly ma Robe couleur du temps montre un personnage de jeune femme ruinée qui brode pour les maisons de Paris .
C'est pourquoi il est si diffcile de faire saisir qu'on peut travailler chez soi, en amateur et créer vraiment en brodeuse c'est à dire choisir ou dessiner son motif (en noir et blanc pas déjà tout interprété par quelqu'un d'autre ) composer avec lui un ensemble, choisir les points, les couleurs et les fils.
Il existe des dizaines de styles de broderies différentes. J'ai évoqué les broderies en relief et la broderie "tapisserie à l'aiguille", je pense écrire d'autre articles au fil de mes apprentissages (qui continuent) .
Broder c'est aussi littérairement parlant partir d'un thème et inventer à l'infini des variations sur le thème. Et en musique : En harmonie tonale, une broderie est une note étrangère qui s'éloigne conjointement d'une note réelle pour y revenir aussitôt1 (source Wikipedia) et on y retrouve , l'idée d'ajouter pour nuancer ou rompre en restant lié à ensemble cohérent .
Tisser
Tisser suppose un entrecroisement de fils de chaîne (les longs ) et de trame qui traversent les précédents .
Le lien entre le fil et les mots passe acteullement par la déconstruction encore très tendance via la figure de Pénélope, souvent convoquée . L'histoire de Pénélope est bien connue.L'est moins le fait qu'elle tissait le linceul de son beau-père et non une "tapisserie" . Le mot grec utlisé est iston qui vient de la position du métier à tisser ( dressé devant la tisseuse) et a donné aussi notre Histoire par l'intermédiaire du verbe istèmi, qui en dehors d'avoir fait le desespoir des apprentis héllénistes par les difficultés de sa conjugaison, désigne une forme de savoir (le grec n'a jamais qu'un seul verbe pour désigner les opérations de l'esprit et elles sont souvent couplées avec des savoirs techniques ).
Arachné filait sans doute aussi mais c'est comme tisseuse "tapissière"qu'elle s'opposa à Athéna et pour cause : comment voulez- vous que sur un fil elle ait pu représenter les amours de Zeus ? Arachné fut par vengeance d'Athéna transformée en araignée , les dIeux antiques détestaient qu'on osât s'égaler à eux , défaut qu'ils nommaient "ubris" noté parfois hybris - une araignée, file et tisse sa toile d'une manière absolument fascinante de justesse et de précision .
Pour la fêtes des Panathénées les jeunes Athéniennes mettaient quatre ans à tisser le voile de la déeesse. De ces tissages antiques nous ne savons pas grand chose et seulement par les textes souvent épiques ou "fabulés" et bien sûr par l'iconographie. Broderie et tapisserie se rejoignent chez nous dans le terme "tapisserie à l'aiguille" -qui reste, toutefois une broderie.
Athéna était entre autres beaucoup d'attributions une sorte de protectrice des travailleuses textiles ( tisseuses en particulier) .
Philomèle qui fut violée et mutilée par son beau-frère Térée (ce qu'Ovide nous raconte dans ses Métamorphoses où il a sans doute beaucoup "brodé" lui-même ) communiqua avec sa soeur par le moyen d'un récit (où elle raconte les exactions dont elle fut victime) dans ce qu'on juge être un "tissu" , le texte latin dit en mêlant les fils rouges et blancs . J'ai pensé, tirant la couverture à moi, que se pouvait aussi bien être une broderie (une brodeuse peut mêler les fils rouges aux fils blancs de la toile et pour reproduire une histoire surtout sous surveillance à mon avis broder c'est plus discret ! ) Même si nous sommes dans un mythe dans lequel aucun réalisme n'est requis. C'est cette broderie que j'ai illustrée ici dans une ATC (carte d'artiste pour échange).
Pour qui connaît le tissage et les métiers à tisser primitifs cela laisse rêveurs du reste ... sur la réalité de ces "tissages" mais pas impossible non plus que les hommes poètes qui racontaient ces mythes aient confondu tissage et broderie :-) comme c'est si souvent le cas de nos jours.
Et la dentelle ?
La broderie d'une certaine façon est aussi l'ancêtre de la dentelle : les mêmes points mais sans support ou alors par le tirage de fils, le tissage en "filets" etc. Dentellières et brodeuses sont souvent aussi confondues d'autant qu'il existe des dentelles à l'aiguille. Le fuseau avec lequel on croise les fils sur un carreau est aussi souvent représenté (la dentellière de Vermeer notamment).
Le macramé (encore un mot qui fait ricaner) se fait avec des noeuds et la frivolité avec des sortes de petites navettes et je le souligne ces disciplines peuvent donner aussi des oeuvres d'arts authentiques, uniques par le travail personnel de création qui les anime. Il existe aussi du crochet d'art et du tricot d'art dont le résultat est de la dentelle même si certains le contestent car tricot et crochets sont des arts populaires, surtout pratiqués par des femmes et domestiques : toujours le même écueil tout ce qui touche au tissu, à la mode n'évite pas la notion de "prestige" .
Mais alors que la broderie se fait sur un support qu'on conserve, la dentelle, elle se fait sur un support qu'on détruit (ou sans support en cas en crochet) ou en dentelle au tricot. Les broderies à jours, sur filet, sur tulle ou découpées (Richelieu, Renaissance, Broderie anglaise etc. sont souvent assimilées à de la dentelle). Sur les dentelles mécaniques voir ce lien
Tricoter
Bien qu'on en ignore la date d'apparition le tricot est une technique textile très ancienne . Ainsi peut-on voir dans un tableau de Beltram de Minden peintre du XIVe siècle une Vierge à l'enfant tricotant :
On utilise en général des aiguilles longues sur lesquelles on monte des boucles de fil (de la laine le plus souvent ) appelées mailles mais les célèbres cottes de maille ne se tricotent pas avec du fil de métal (beaucoup trop rigide) elles se sertissent (je l'ai vu faire) . Jadis on apprenait à tricoter aux filles-et à certains garçons- dans l'enfance. Ce n'est pas si facile, le geste demande une coordination fine des mouvements . Les points eux-mêmes sont parfois très complexes et requièrent une grande concentration -et doivent se comprendre dans leurs combinaisons - c'est donc une activité plus intelligente et moins automatique qu'on ne le pense. De plus là encore modèles copiés à la lettre, interprétations et créations se mélangent dans les résultats.
Le tricot comme le crochet peuvent totalement se détacher d'un rôle utile, et dès les années 70 on a vu des créatrices souvent anglo saxonnes , américaines ou australiennes faire des tableaux ou des constructions textiles avec ces deux arts (je pense à l'artiste Jan Messent, notamment) ou pour le crochet à l'artiste Prudence Mapstone.
En conclusion quand vous voyez une personne penchée sur un ouvrage textile , pensez qu'elle ne "tricote" pas forcément des chaussettes selon un modèle, mais qu'elle crée peut-être bien tout autant qu'un peintre devant son chevalet, ou un photographe derrière son appareil ..quand vous regardez une tapisserie célèbre dans un musée, ayez une pensée pour les autres arts textiles qui en sont exclus, souvent, parce que "ça s'est toujours fait comme ça" et "qu'on n'en voit pas dans les livres d'art". Allez voir ce que font les artistes souvent inconnues ou très peu connues sauf des spécialistes ... il existe des milliers de sites qui le permettent. Connaître mieux, c'est souvent le début d'apprécier pour ce que c'est et non selon des des stérotypes coriaces .
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Figures féminines : les anonymes
- Le 11/08/2018
Très loin des déesses ou personnages célèbres évoqués précédemment , je regroupe ici les femmes anonymes auxquelles ces tableaux ou objets textiles rendent hommage.
Statue quo hantée (série avatars)
Un hommage à la femme issu d'un travail numérique, cette silhouette a évoqué pour moi cette créature quasi fantômatique. L'oeuvre unit mes trois arts :
La série Stigmates qu'on peut voir ici en entier : démarche - tableaux et textes
Créés à partir de "marques" techniques sur des rebuts de la Haute-Couture, ces trois états de la femme :
Roses blanches d'un corps fou (série over rose)
Ce tableau conçu comme un hymne au corps féminin dans ses extases est fondé sur un bloc appelé en patchwork "crazy rose" ; le crazy étant un "genre" de quilt (cf questions de vocabulaire ) , la pose étant empruntée à plusieurs tableaux et photgraphies et redessinée pour l'adaptation en textile .
Sens dessus dessous ou les Bouguereautes :
Ici les corps silhouettes empruntées à l'artiste peintre Bouguereau et retravaillées aussi en fonction de l'adaptation textile sont constitués entièrement en dentelles destinées aux dessous féminins ce dessous devient à la fois le corps et la peau de la femme .
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Mythologie et figures féminines 2
- Le 08/08/2018
A la différence des tissus pour ... ces tableaux évoquent une figure féminine de la mythologie plus directement, non pas l'idée d'un textile qu'elle pourrait aimer ou porter comme précédemment mais ce qu'en tissus le mythe et la figure ont évoqué pour moi :
Antigone :
Tableau construit à partir de restes, où le mythe est évoqué par des formes abstraites et des couleurs et des textures : avec comme fil rouge l'idée d'une ardeur emmurée . Figure aussi dans le tableau un morceau de l'hymne à Eros en grec ancien que j'avais écrit au pinceau sur un bustier, extrait de la pièce de Sophocle que j'ai étudiée de près pour le plaisir autant que pour mes études .. Et ses paroles : " je ne suis pas née pour partager la haine, mais l'amour" que j'avais si présentes à l'esprit en improvisant cette surface.
Le jardin de Pomone :
Là j'ai élaboré à partir d'un dessin à la main quelque chose qui évoque la déesse des vergers et des fruits un peu comme un jaillissement ...
Les hésitations de Salomé
Qui n'est évidemment pas pas une figure de la mythologie grecque , son histoire étant racontée par FLavius Josèphe et fait partie ce que je nomme mes tableaux ironiques. J'ai imaginé Salomé choisissant des voiles pour sa célèbre danse en hésitant tout simplement parce j'avais recueilli de longes bandes de voiles précieux et que je voulais comme d'habitude créer autour d'eux. Danse des sept voiles dont du reste Flavius Josèphe ne souffle mot, mais qui a inspiré vu sa charge mystico-érotique, beaucoup d'oeuvres . En filigrane Herodiade, la mère de Salomé qui dans la pièce de Mallarmé se confond semble-t-il avec sa fille (le rôle maternel étant assumé par la nourrice). l"Hérodiade de Mallarmé me fascinait dans ma jeunesse, même si ma Salomé ne lui est guère apparentée . Il faudrait citer aussi l'Herodias de Flaubert. La décapitation de Saint Jean est ici appliquée au modèle qui a bien voulu prêter son corps à condition de garder l'anonymat . J'ai donc usé aussi d'un camouflage ... et d'un masque évoquant pour moi une autre oeuvre Le masque de mort rouge d'Edgar Poe.
Danaé
L'idée de ce tableau est venue de très beaux voiles de soie en lamé ou tissé de pois d'or et d'un morceau de soie rose qui représentait pour moi le corps de Danaé réduit ici à une sorte de vallonnement passif qui attend la fécondation. Passivité et stagnation voire lourdeur plus que recherche d'une esthétique "plaisante" -donc.. Le fond évoque la muraille puisque Danaé est enfermée dans une tour . J'ai adjoint aux dessins des moellons très simplifiés des miroirs -qui sont collés et non rebrodés -je les voulais sans bordure- annonçant le mythe de Méduse et sa fin . Persée son meurtrier est conçu , à cet instant . Zeus est ici un peu féminisé par la souplesse des étoffes ... et la pluie d'or sur la photo paraît plus sombre qu'elle n 'est en réalité , je me suis laissé dire que les cheveux de ladite Méduse se mêlaient aussi à l'histoire ...
D'autres tableaux sont envisagés ... seront-ils réalisés? C'est une autre affaire où ..le temps a à faire .
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De l'humilité
- Le 04/08/2018
- Dans opinions
Je sais bien qu'en parlant d'oeuvre en ce qui concerne mon travail de madame Lambda, je prends le risque du reproche d'outrecuidance. J'ai expliqué pourquoi je l'appelais ainsi. Le reproche c'est un peu :" si Madame Lambda avait le moindre talent depuis tout ce temps , ça se saurait ..". Ou bien: " quoi Madame Lambda a de ridicules "prétentions littéraries" doublées de prétentions artistiques" et n'est même pas foutue de trouver un éditeur (un vrai donc un grand, car il n'est de bon que de grand et célèbre , ça aussi "ça se sait" ) , ni un galeriste pour l'exposer ? .Pfff . ! "
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Je me bats depuis des années pour qu'un travail artistique ou littéraire soit regardé d'abord pour ce qu'il est et non selon la notoriété de qui il émane qui fait écran et préjugé à toute attribution de "valeur" surtout qu'en ce domaine aussi le jeu social joue à plein et que c'est certes beeaucoup moins facile à une provinciale mère de famille -une bouseuse, quoi!- âgée de surcroît . Ces gens- tels les aristocrates, jadis- savent tout ,eux, de ce qui vaut ou pas et ce sont eux encore qui vous taxeront de manquer d'humilité ! C'est assez plaisant pour qui n'a pas d'ambition de cet ordre.
Il est heureusement et j'en ai croisé, des personnes "autorisées" comme on dit qui ne raisonnent pas ainsi se sentent libres de leur jugement hors réseaux et influences, elles se reconnaîtront si elles me lisent et je voudrais une fois de plus les remercier.
Je me bats aussi et surtout pour qu'un de mes arts essentiels l'assemblage d'étoffes soit reconnu et intégré à l'histoire de l'art autrement qu'il ne l'est , avec de vraies études de ce que montrent ces surfaces comme tout autre surfaces créées, d'où l'idée de cet index (que j'invite toutes les créatrices textiles ayant site ou blog à faire) . Oui je montre mon oeuvre textile telle qu'elle est, dans son ensemble, parce que personne ne le fera à ma place et que j'estime que même si elle n'a évidemment rien de génial , ni de révolutionnaire,ni de réellement "grand", elle peut néanmoins présenter un intérêt pour quelques-uns.
Je voudrais aussi témoigner de ceci qui est simple : oui on peut passer une bonne partie de sa vie à se consacrer à ce que je nomme une oeuvre au sens d'un ensemble tout de même conséquent de travaux divers (la quantité ne prouve nullement la qualité certes, mais. le contraire non plus !) et n'y chercher et trouver autre chose que cela : montrer qu'elle existe. Non pas aux yeux du monde, là serait la prétention . Montrer ce qu'on a fait ce n'est pas non plus chercher désespéremment à exister comme s'il n'y avait rien d'autre dans votre vie (comme je l'entends et le lis souvent) . Non : on est aussi des êtres humains faisant à côté tout ce que d'autres font ... nous femmes, nous sommes souvent épouses, mères, grand-mères parfois et oui nous pouvons quand même aussi faire tout cela à côté non par ennui ou pour nous distraire, mais parce que c'est vital . Non pas comme un "hobby" mais comme des parcelles de vie intérieure arrachées au quotidien. Non pour exister mais pour vivre de cette manière-là, aussi. C'est la fibre et le tissage de nos vies dont l'oeuvre n'est absolument pas coupée . Tout ce que j'ai vécu et vit encore en tant que femme très ordinaire est dans ce que je crée, je n'ai donc pas besoin de montrer ce que je fais pour exister mais je voudrais montrer ce qu'en être vivant j'ai créé . Nuance . Sans qu'on me taxe de "mal de reconnaissance "ou de je ne sais quel poncif dénigrant et méprisant à la mode .
Cela pour l'art.
Pour la littérature ou l'écriture (pour moi la création est un tout !) :
Des expériences ont été faites d'oeuvres célèbres envoyées aux éditeurs sous un autre nom et refusées y compris quand elles ont été expédiées , parfois, par l'écrivain célèbre lui-même ous un autre nom. Et plus discrètement d'oeuvres refusées envoyées par courrier qu'on acceptait ensuite (la même!) parce que quelqu'un pouvait vous introduire et glisser votre écrit entre les bonnes mains. Qu'on ne me dise pas que ce n'est pas ainsi, les éditeurs l'avouent eux-mêmes consultez l'annuaire AUDACE par exemple (quand on lit manuscrits publiés 80 pour cent par courant relations! 60 pour cent au mieux ! et inconnus 00,1 pour cent !!) ) Je n'invente rien. c'es un fait, vérifiable.
Ce qui tend à prouver que les hiérarchies arbitraires, le jeu social des arrivés, et surtout des réseaux , le goût du jour, influent sur les critères même d'évaluation sans tomber dans un relativisme systématique (non tout ne se vaut pas ).
Je sais en revanche ce qu'est pour moi l'humilité .
D'abord de ne pas faire la fausse modeste me semble primordial . Ayant par exemple beaucoup écrit quand même et étant inscrite comme "romancière" (!) à la BNF , me dire écrivain ne me semble pas absolument un comble de fatuité . Ce le serait si je prétendais être un grand écrivain, ou un écrivain reconnu ou un écrivain de talent etc. Toutes choses que je ne ferai jamais au vu que je ne suis pas dans cette course-là Mon seul challenge c'est d'essayer d'atteindre ce que j'ai à signifier et comme je n'y parviens jamais, je continue. C'est à à peu près impossible à faire compendre.
Mon humilité c'est de savoir que nous sommes beaucoup à écrire et créer et qu'il existe beaucoup aussi qui le font tout aussi bien ou mieux que moi . De me sentir un grain de sable parmi d'autres mais de vouloir être quand même ce grain de sable qui constitue la plage . Si on l'enlève certes personne ne s'en apercevra mais que si on les enlevait tous il n'y aurait plus de plage , non plus . Et si sur ladite plage on ne voit que ceux qui sont dans la lumière et brillent , ils ne brillent pas eux non plus quand les projecteurs s'éteignent . La plage elle, reste là tant qu'il ya assez de grains de sable . Après , il se peut que dans ces grains il y ait poussière de quartz et de diamant. Il se peut : je n'en sais rien et encore moins si je serais l'un ou l'autre ou tantôt l'un , tantôt l'autre . Il se peut aussi que le quartz hors du quantitatif du "ce qui est rare est cher", vaille autant que le diamant tout dépend du rôle qu'on lui assignerait. Je mourrai sans savoir .
Et c'est aussi bien .
Mon humilité c'est de faire les choses pour les faire. Hier ça n'était pas , aujourd'hui c'est là devant mes yeux, devant les yeux de qui peut aimer au moins quelques secondes avant de passer à autre chose . Grâce à mon travail et à ceux qui avant moi m'ont "innutrie" , mon humilité c'est de savoir qu'on ne crée rien ex nihilo.Mon humilité c'est précisément d'écrire vers , façon bouteille à la mer. Je conçois ce que je fais comme un don et un don hélas c'est gratuit en une période où tout ce qui ne se monnaye pas est censé ne rien valoir, se dévalue ipso facto. Je n'entre pas dans ce jeu-là .
Mon humilité c'est de ne pas croire que parce que j'ai créé beaucoup (et dans trois valences différentes mais qui pour moi sont "une" ) que j'ai forcément créé des choses qui mériteraient qu'on s'y arrête : on le fait si on veut . Sincèrement, sans tricher . Sans complaisance. Sans obédience . Certes . Mais alors sans doute aussi sans intérêt et sans valeur sinon universellement reconnue, sans valeur du tout dans l'instant où je vis. Dit sans aucune espèce de regret , signaler n'est ni se plaindre , ni regretter. Je regretterai bien davantage de me saborder à entrer dans des systèmes que je réprouve et qui détruiraient mes forces vives (ou du moins ce qu'il en reste) et ma façon d'entrer en création.Je voudrais souligner quand même au delà de mon petit cas personnel cette double peine des artistes et écrivains qui bossent beaucoup, savent qu'ils n' en tireront pas grand regard sur et qui en plus se font traiter de vaniteux dès qu'ils osent dire : "voilà ce que j'ai fait". Montrer, ce n'est pas exiger un regard encore moins de la reconnaissance. C'est juste ce que c'est . Ce n'est pas dire "j'existe "mais "mon travail est là voilà ce qu'il est" . Notre travail si souvent assimilé à un selfie qu'on montre justement pour avoir le statut de star ! La différence est capitale, mais souvent pas saisie. C'est tellement plus facile de parler "de créateurs en mal de reconnaissance" que d'aller regarder ce qu'ils font puisque ce n'est pas connu, si on pouvait s'abstenir aussi de toute opinion définitive sans avoir approfondi l'approche ... combien prétendent vous connaître qui n'ont fait qu'effleurer . Ce qu'on a passé une vie à faire bon ou mauvais, il faut plus qu'un regard superficiel pour s'en faire une juste idée . Si on n'est pas prêt à l'accorder et donc à approfondir , qu'on ait l'honnêteté alors de se garder de jugement ou d'une vague pitié condescendante serait la moindre des choses . L'humilité de qui regarde et prétend juger devrait exister aussi . Et en tant que lectrice et spectatrice des oeuvres des autres je sais aussi quelle est la mienne : celle d'un regard qui ne se croit pas infaillible et d'un être qui se sait trop impliqué dans ses créations pour prétendre évaluer celles des autres , comme je suis honnête j'ajouterai que je n'en ai ni le temps, ni le désir . Quand je fais un retour (rarement) sur une oeuvre littéraire ce n'est pas pour l'évaluer et dire si elle vaut ou pas c'est pour dire ce que j'y ai vu , compris, ressenti et n'oubliant jamais que je ne suis pas omnisciente même si mes diplômes de Lettres me conféreraient au moins pour les textes quelque légitimité à le faire . En revanche je partage tout ce que j'aime le plus que je peux. Je parle des gens dont les écrits ou les oeuvres m'ont remuée , émue, surprise, ravie aux autres, je les offre à qui elles pourraient plaire . J'essaie d'éviter autant que faire se peut un sentiment de rivalité et je n'exige absolument pas qu'on me rende la pareille : ce serait une politique de "marchandage" ou de renvoi d'ascenseur.
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Mythologie et figures féminines -1
- Le 25/07/2018
Parallèlement à l'index en cours j'aimerais regrouper ici certaines de mes oeuvres par thèmes ou unité d'inspiration, c'est comme on veut .
Dans les contes et les légendes de mon enfance, parce que j'étais fille, (même si on le devient, moi j'ai toujours eu le sentiment de l'être "par essence" , pas seulement de le devenir par fabrication sociale ou éducative!) j'accordais une grande importance aux personnages féminins et plus tard quand j'ai étudié la mythologie gréco-latine , il m'a frappé que les déesses illustraient des sortes d'archétypes des différentes facettes de la féminité. Dans le théâtre grec aussi bien que dans la poésie latine je les ai retrouvées ; les plaintes d'Ariane dans Catulle, Didon l'abandonnée préfigurant Bérénice, Philomèle, ou bien encore Antigone.
J'ai vécu mon enfance et mes études imbibées par ces légendes et aussi en filigrane les fées et les princesses des contes. C'est pourquoi vers mes vingt ans j'ai commencé à écrire Oléis le premier "volet" de ce qui sera plus tard, bien plus tard, les Mythologies intérieures. Et comme l'a souligné un de mes lecteurs, ces histoires volontairement situées dans un passé indéfini et une géographie inventée sont à lire en relation avec l'histoire de notre temps (Armine notamment a été rédigé sur fond de guerre en Afghanistan - )
Au delà beaucoup de mes textes sont centrés sur des figures de femmes ou de petites filles comme la Chloé de la Demeure Mentale , ou la Rose du Jeu de la Rose sans doute mes oeuvres diverses ne sont elles que le déploiement de psychés féminines sous des aspects divers choix délibéré : on a si souvent laissé les hommes parler de nous mes soeurs, jusqu'à nous dire même qui nous sommes !
Je voudrais en préalable à la présentation de mon travail textile renvoyer sur cette oeuvre de l'artiste Judy Chicago The Dinner Party , dont je n'ignore pas qu'elle fut très contestée . Comme référent donc : lien
Dans mes oeuvres textiles j'ai abordé ces figures à ma manière qui est celle d'une assembleuse de tissus. Lesquels sont pour moi liés à la féminité et à sa sensualité. Je dirai sans ambages que c'est cela qui me met en route beaucoup plus que des discours savants sur tel ou tel principe féminin . Mon approche n'est pas d'une personne cherchant à faire une étude (que je pourrais fournir cependant) sur le sujet. Pour moi la question était quels tissus pour dire ce mythe ? Et comme toujours ceux-là et pas d'autres choisis par moi en accord avec ce que justement le mythe crée de visions à l'intérieur de moi. Rien d'une approche à "caution intellectuelle", donc. J'ajoute que pourtant j'ai vécu souvent "imbibée" des histoires autour des personnages évoqués, de leurs représentations .
Les tissus pour ...
A la différence des tableaux textiles centrés sur l'illustration d'un mythe les tissus pour restent ce qu'ils sont : à mi chemin du tissu utilisable par ses dimensions pour se réchauffer ou se parer et l'évocation d'un mythe par le textile assemblé.
Tissu pour Aphrodite
Ces belles soies saumon et bleues m'évoquaient Aphrodite/ Vénus . Souvenir aussi du tableau si connu de Botticelli et de l'Aphrodite de Cnide découverte dans mon enfance dans un livre sur Athènes et qui pour moi incarna longtemps l'idéal d'un corps féminin tel que j'eusse aimé l'avoir (qu'on ne rie pas trop de ma sincérité , il y a prescription de toutes façons ). Pour qui connaît le mythe d'Aphrodite tout est dans les tissus mais aussi dans la forme choisie (la colombe est l'oiseau de Vénus, le bleu fait allusion à sa naissance marine), mais chacun des morceaux d'étoffes évoque soit le mythe dans son ensemble (l'impression qui m'en est restée et non quelque chose de cherché après coup dans une encyclopédie) et ses détails la rose, notamment. J'espère qu'au delà du "joli" et du " bien fait" et du "temps qu'il faut pour "on sentira ce principe de vie saisi en étoffes et dans son élan.
Manteau de Flore
Là ce sont les tissus récupérés de la Haute-Couture qui m'ont donné l'envie de ce dessin et de cette redondance de fleur en fleur...
Le tissu pour Ariane
Dont on peut lire l'histoire ici , ou comment de plusieurs nuanciers de soie on reconstruit un labyrinthe de fils chatoyants où l'oeil se perd
Tissu pour Iris ou la couverture aux rubans :
Qui a aussi son histoire ... Comment redire l'arc en ciel, écharpe d'Iris, la fleur et le symbolisme et l'iris de l'oeil avec des rubans et des bandes de soie :
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Index de mes ouvrages et oeuvres textiles
- Le 18/06/2018
Je vous le dis : j'ai la folie des grandeurs . N'ayant pas droit à grand chose en matière de murs offerts par exemple pour une rétrospective ou tout au moins une exposition personnelle, (tant qu'à être mégalo ne le soyons pas à moitié: !) j'ai donc décidé d'indexer ici la quasi totalité de mes ouvrages textles et de mixed media où le textile (et les textes) ont signifiance.
J'ai souvent demandé à mes soeurs en art textile de faire de même sur leur propre site , mais de manière sincère et honnête . Je ne compte pas pour création les quelques ouvrages que j'ai démarqués de modèles pris à mes débuts dans les revues, je ne compte pas comme oeuvres d'art non plus beaucoup de choses, même créées, qui sont des "essais" ou tout simplement des oeuvres de débutante qui ne connaissait alors rien à son art. Mais je n'exclus rien de ce dont j'ai gardé trace et références (il manquera sans doute à ce recensement quelques objets style coussins ou petits tableaux offerts il y a longtemps, ce n'est donc pas exhaustif mais aussi complet que possible. Réussites, essais , grands projets et petites choses douces et tendres mêlées .
Entreprise qu prendra probablement plusieurs mois , à l'heure où j'écris 425 références à rentrer, des photos manquantes à reprendre ou à scanner, à ce propos je dois aussi calibrer pour ne pas dépasser l'espace qui m'est imparti, le but n'est pas de montrer des photos d'art de chaque objet mais de donner une idée de ce à quoi il ressemble.
J'ai opté pour l'ordre alphabétique parce qu'il est pour moi le plus commode , et puis j'aime bien que sur la même page le passé et le présent se mêlent.
Je ne crois pas trop au "progrés" en matière d'art autres que techniques (et encore quand on vieillit on perd sa précision de vue et de gestes) mais à une évolution : on pourra la saisir en regardant les dates .
C'est pour moi un très gros travail et j'aimerais bien qu'on y jette un regard autre que rapide ....ou qu'on y revienne éventuellement (mégalo et exigeante, en plus !). Je souhaite surtout que tout cela puisse inspirer d'autres personnes, leur donner envie de créer elles aussi avec ces merveilleux chiffons qui ont tant embelli ma vie ou tout simplement réjouir les regards.