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  • L'art textile , les mots confisqués

    • Le 20/09/2020


      Je poserai comme préalable que ce n'est ni une justification, ni une plainte. Un constat. De faits ,d'affirmations, de pratiques.Une histoire ignorée .

    No plain no complain mais explain explain  explain . Et prouver. Car qui le sait ? Dans les autres arts ça ne fonctionne pas comme chez nous. Déjà que nous sommes rangées, tout à fait arbitrairement,  côté  paniers à ouvrages !  Affaire de vocabulaire , d'étiquettes, de préjugés, de  clivages  admis sans l'ombre d'une étude, d'une recherche  . Là encore on répète ce qui se dit dans clubs, groupes , revues .  On admet les classements, les exclusions, surtout si on n'en  pâtit point et plus encore quand on en bénéficie.

     La preuve ? Une parmi des centaines d'autres . J'ai la documentation !

    Nous sommes en 2007 et dans un article des Nouvelles du patchwork (et de l'art textile déjà !) on peut trouver une phrase comme celle-ci censée répondre dit son auteur, une autorité en la matière  aux interrogations des visiteuses d' une exposition d'art textile  (le vrai, pas le mien !) demandant la différence entre contemporain et art textile

    donc  on lit cette sublime phrase  L' art textile est plus contemporain et plus conceptuel que le contemporain" -sic 

    La phrase qui tue art textile

    Vous ne comprenez pas ? Moi si .très bien et je dirai même trop bien.

     On pouvait lire aussi sous la plume d'une artiste contempoaine dont  je prise  fort  les oeuvres :" l'art textile est un phénomène récent "(comprendre le vrai art textile pas tout le reste!-qui est en fait le plus souvent du mixed media avec textile  ou encore  sur un blog "le patchwork est un art textile mais ce n'est pas de l'art textile"

     Là c'est plus franc comme exclusion c'est dit net, quoi.

     Le pourquoi du comment comme toujours passe par  l'histoire. Pour comprendre, il faut repasser le film un peu en arrière. Celles qui viennent à l'art textile aujourd'hui ou par d'autres portes, ignorent tout de ces faits. Histoire restée evidemment confidentielle puisque hors culture générale-parce qu'on le place, là déjà,  et in microcosme "arts textiles" . C'est pourquoi  j'y reviens (répéter de diverses manières est le nerf de tout enseignement !).

    J'ai déjà developpé ce sujet d'une autre manière dans deux articles d'un  débat portant sur la notion de "contemporain" dans l'art textile  On peut lire de débat ici et ici .

    Oui je sais c'est aussi trop long pour lecture sur écran . Mais je n'écris pas non plus pour la culture du survol rapide. Et ça peut s'imprimer .

    En clair   d'abord il y a  eu des arts textiles redécouverts aux alentours des années 70 dans la mouvance hippie aux USA,  parmi lesquels le patchwork .et qui ont culminé aux USA  avec l'exposition Abstract design in American quilts initié par le collectionneur Jonathan Holstein   et qui voyagea partout y compris en  France Voir ce lien

     .Le but était justement de montrer que sa place n'était pas que côté folklore et arts appliqués mais que même si créées comme couvertures et à des fins décoratives et/ou utilitaires, ces surfaces pouvaient  être  regardées autrement, déjà la position verticale sur un mur permet un autre abord.  Il est  évident que même aux USA cela ne fit pas l'unanimité . En  France on proposa pour exposer le musée des Arts décoratifs, fait  sur  lequel l'auteur ironise (la France n'a pas de culture patchwork).

    Et même dans les pays où  la culture patchwork-quilt existe le Royaume -uni par exemple, en 1997 dans un article du Daily Telegraph, une artiste comme Deidre  Amsden (pourtant classée contemporaine) déplore que le mot "quilt" fasse fuir les milieux "vrai art". L'historienne et artiste Spike Gillespie le note aussi dans son livre sur d"histoire des quilts (Quilts around the world)  . Le professeur d' histoire de l'art Roger Dunn souligne l'exclusion de tout ce qui vient du féminin et n'imite pas les arts des hommes (Stitching Resistance) .  .Les musées ça veut bien accueillir les urinoirs côté grand art, ready made,pas les couvertures donc ne me dites pas c'est pareil pour les peintres  ou artustes classés Beaux arts  . Non ce n'est pas pareil. Le statut dans l'art officiel, n'est absolument pas le même.

    . La pratique s'est developpée en France fin des années 80  avec des cours dispensés par Sophie Campbell ou côté Rouvray par l'équipe de Diane de Obaldia  Toutes deux  venues des USA;  Il s'est fondé une association Française du patchwork  dont je fus membre de 1992 jusqu'en 2013 . Je lui dois beaucoup à mes débuts du moins, je lui ai donné aussi quelques modèles et contributions de réflexion -dont on n'a pas toujours voul,  j'ai expliqué dans mon article le bonheur en lisière ce qui m'en avait éloignée .Je n'ai pas changé d'avis .

     J'ai souligné qu'il existait en France avant cet enseignement venu des USA , des personnes qui déjà pratiquaient cet art comme le livre de Michel Perrier Mosaïques d'étoffes  en atteste pour les quilts du XIXe siècle, qui ont leur cachet   bien  français (j'en trouve de temps  à autre sur les sites d'enchères en ligne bien connu ). Ainsi cette pochette qui fait partie de ma collection est un ouvrage français du XIXe siècle :

     

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    Et plus récemment justement dans les années 70 on voit des créations originales dans le livre de Marie Janine Solvit .Comme celle-ci  :

    francoise-schneider-quilt-001.jpg

     Patchwork de Fançoise Scheider années 70 (à l'époque on ne parlait pas ni de matelassage obligatoire, ni de contemporain, ni de traditionnel, ni d'art textile qui serait le vrai )

    Signe qu'il y avait des pratiquantes  certes  pas autant qu'au Royaumue Uni et aux USA mais déjà différemment  et entre nous soit dit ces quilts ou tableaux textiles pour être moins nombreux ne sont pas moins signifiants . S'ils le sont moins c'est qu'ils ont été traités avec moins d'égards !  Et sont aussi "contemporains" que ce qui adviendra peu après. .Aimable loisir jugé sans valeur , aussi ,parfois ,  trop souvent par celles et ceux qui le pratiquaient, encore que lorsque c'est un homme il a tout de suite une plus value et ce, même aux  yeux  de certaines  femmes .

    Et puis donc le patchwork s'installe partie comme activité de  créatrices  authentiques (je songe à Nadine Rogeret que je découvris à mes débuts il en est beaucoup d'autres  ), partie comme loisir de clubs . Je ne dis pas qu'on ne pouvait pas  créer dans un club, mais  on peut très bien préférer faire toute seule . Et on n'exige ni d'un peintre ni d'un  graveur qu'il aille rejoindre un groupe pour créer!  Créer était moins le but pour beaucoup que de trouver des idées (celles des autres) au mieux pour les adapter et interpréter  ou des modèles 'ceux des autres" bref d'avoir quelque chose à coudre ou broder ou les deux.Et papoter  autour d'une activité partagée .Rien d'infamant à cela il existe aussi des clubs d'arts plastiques pour d'autres disciplines  acceptées elles à l'exposition hors clubs- dans les lieux que je nomme "généréalistes".

    Il y eut jusqu'à la fin des années 90 un grand essor de ces activités . Avec plus ou moins de création et déjà hélas des copies de kits exposées et primées non avouées ou des prix décernés à des copies intégrales  sans citation de source voir l'histoire de la grande étoile dite des quatre saisons .

    Et puis à la fin des années 90 nous arriva ce concept de "contemporain" . On sait bien la révolution et les ravages que le mot a fait dans les grands arts, ceux qui comptent .Aux Usa on disait plutôt "art quilts" Définis par des  historiens  du quilt, surtout du quilt américain sans  contestation possible. Juste que j'aime fouiller ailleurs  . Comparer. Les USA n'ont pas inventé le patchwork, non plus . Même qsi l'activité  s'y est incroyablement développée et sans doute pour des raisons autant commerciales qu'artistiques (ce qu'il ne faut pas dire bien sûr).

    Déjà on peinait à le définir, ce contemporain

    On peut  résumer  : éviter les tissus à petits imprimés et éviter les géométries  régulières jugées sans imagination et répétitives  sans "surprise" (quoi même pas celle d'y insérer à chaque pièce un morceau d'étoffes celui-là et pas un autre, comme on écrit une phrase pour un poème ou un roman ?) et déjà y ntégrer des matériaux non textiles  : on était plus contemporaine en assemblant des canettes de sodas  que des étoffes juste que le monde des étoffes est plus immense que celui des canettes de sodas ou autres boissons; du reste c'était bien du patchwork  (ou de la mosaïque ? ) mais plus du textile .  Ce compte la marqueterie c'est du patchwork innovant en bois ! (puisque l'innovation vient de la matière autre qu'étoffe!) Cela annonçait la deuxième révolution celle  dite de l'art textile .

    Il  y a eu à ce moment-là un glissement sur l'évaluation des quilts  : était jugé  artistique parce  que contemporain tout ce qui en gros ressemblait à de la peinture abstraite (avec pas mal de démarques des peintres abstraits Klee notamment( voir ici)   ou Vasarely pour l'op art) .Le figuratif aussi puisque qu'il y eut aussi un retour à la figuration en peinture.   Ses sources étaient nobles et celle fondées sur  des blocs  jugés traditionnelles . A partir de là on n'a plus regardé ce qui pour moi rstait essentiel à me yeux :  ce que cet art d'assemblage d'étoffes diverses pouvait dire, exprimer  en  tant que langage textile à part entière.  Ce qui disaient ensemble des tissus réunis. On fuyait les imprimés qui faisaient "trop patchwork) et pas assez peinture  (on peignait , on teignait ) .  Certes, ça a donné de très belles oeuvres , où le graphisme, la peinture la teinture , là parlaient mais plus autant les tissus mis enemble. C'est là qu'il ya profonde incompréhension et relégation .  On a présenté comme contemporaines  des formes qui existaient déjà (en peinture) et on a de nié la création'"contemporaine"  chez celles qui comme moi continuaient à chercher autour des tissus "faits" et des motifs en recomposition (tâche inépuisable) ou des fameuses géométries dites "traditionnelles" dont les combinaisons déformations modifications restent infinies .. On a présenté cela comme un stade à dépasser bon pour des débutantes et comme si surtout c'était "fini épuisé"  . Toutes les biographies des  artistes se disant contemporaines commençaient par : : "j'ai commencé par du patchwork  traditionnel(sic)  et puis je suis devenue enfin  artiste et  créative  et  j'ai abandonné .  J'y reviens pour me délasser ." Des phrases comme ça j'en ai lu des dizaines et aujourd'hui encore.Considdérer  le patchwork en blocs comme n stade pour débutantes est déjà  d'un mépris à couper au couteau ! . Evidemment si on ne regarde pas où elle est, la création,  on  ne saurait la voir .

     Le problème c'est que ce "contemporain" on peinait à le définir (plus facile de dire ce qu'il n 'était pas, que ce qu'il était et encore ! ) Les premières expositions de patchwork  dit contemporain marquent ce flottement (j'ai les catalogues) .  Un livre récent , 1000 quilt inspirations,  de  Sandra Sider, (2015)

    qui est  prodigieusement   riche,, ec qui fait son intérêt ,   classe ainsi

     Ceci est classé traditionnel :

    Bloc dit traditionnel will duyst

    Ceci est classé  art quilt abstraction  (l'équivalent de notre "contemporain)  remarquer que côté USA le mot "art était déjà confisqué il y avait des Art quilts et les traditionnelles qui  n'étaient donc ni contemporains, ni de l'art. Ben voyons!

    Bloc abstrait art quilt

    Les deux montrent des bandes . Parallèles mais point trop . Qu'est- ce qui a pu faire classer le premier dans traditionnel ?   : les formes ne le sont absolument pas !

    L'usage de l'imprimé très probablement et d'une dentelle en embellissement . Le deuxième étant fait d'unis fortement contrastés est donc classé comme de l'art abstrait . Juste que dans les mêmes parties du même livre on peut trouver l'exact contraire ...ce qui reste troublant .Les deux  blocs reposent sur une abstraction  et pour moi les deux sont de l'art tout à  fait "contemporain" . Je  vous passe la catégorie Modern quilts encore une valence du début XXIe siècle)

    De plus  l'usage de l'uni dans des formes aux couleurs fortes ça a déjà été fait bien  avant dans les quilts Amish et Gallois. Voir l'article sur les géométries ici et ici

    Aux alentours de l'an 2000  deuxième coup de boutoir . Vint se greffer sur l'activité patchwork en  utilisant ses structures qui plus est ,tout un mouvement très intéressant     appelé Artextures chez nuous Fiber art ailleurs  qui au fond regroupaient des plasticiennes issues des Beaux-arts et excluait évidemment complètement le pachwork jugé traditionnel puisque déjà non contemporain . Plusieurs de mes amies ou relations en font partie et 'j'ajoute que je respecte  et souvent admire leur travail . Je fais moi, cet effort d'intérêt et d'ouverture . Juste que la réciproque est très rarement vraie  ou se borne à une reconnaissance de tout sauf  l'acte de création   cataloguée donc non contemporaine vlan, et non  art textile repaf . KO le patchwork !

      Il ne s'agit pas de rejeter ce mouvement qui a donné de fort belles oeuvres bien que lui nous rejette  totalement.Restez dans vos ouvroirs -sic fut-il même écrit .   Ce que je  n'admettrai jamais  c'est ce regard de supériorité  et la confiscation des mots "art textile" au profit d'une partie récente de cet art-qui plus est trop  souvent celle où les tissus parlent le moins . On ne me  fait pas prendre des vessies pour du textile. Ni un discours creux pour du profond. 

     Et dans les discussions internes ça donne ceci :

    Tu fais quoi ? Du traditionnel ou de l'art textile ? (le mot contemporain a tendu à disparaître ou à se confondre avec l'art textile, le vrai  pas le nôtre  ) .

    à quoi je répondrai :

     Je fais ceci :

    Melting pot 3Melting Pot ce serait  :  classé traditionnel ni contemporain art textile bien sûr ! Pas contemporain car j'ai usé comme source d'un bloc inscrit dans les recueils (dessin en noir et blanc) j'ai juxtaposé mes blocs (pas un n'est identique à une autre) c'est une surface, et  en  art textile vrai on préfère la 3D . ou la suspension .ou l'installation ou la performance .Le même roulé en boule en expliquant par exemple que j'ai voulu y montrer le  rétrécissement  de la planète ou je ne sais quel boniment de même farine aurait peut-être une chance . Ou bien en le maculant de taches ou en le déchirant,  peut-être (là les discours symboliques tout faits ne me manqueraient pas )  . Voyez : je saurais moi aussi : mais je ne VEUX pas .

     Que j'aie pu avoir une démarche de femme bien de son  temps le faisant, non ça ça ça ne compte pas . Si on veut savoir laquelle c'est ici :

    Mais je fais aussi ceci : Le feu sacr jacqueline fischer art textilejpg

    Le feu sacré là celui-là vu la  prédominance  des formes et des couleurs sur l'usage d'étoffes variées  on me le classerait contemporain juste que pas de chance le contemporain dont je parle ci était démodé quand je l'ai terminé . Modern quilt serait une chance de rattrapage .N'est-ce  pas risible ?

    je fais aussi ceci :chimere-apprivoisee-2p-3.jpg

    La chimère apprivoisée série Nous. A noter c'est toujours du patchwork puisque constitué de morceaux de tissus .Mais ouf jai monté en grade j'ai abandonné la géométrie .  Juste que là j'ai oublié le bout de bois , de fil de fer qui pourrait me donner l'estampille vrai art textile et puis c'est une surface cf ci -dessus etc .Bref peut mieux faire!

    Et puis là je deviens carrément conceptuelle  : (youpie enfin après trente ans d'efforts ! vous pensez!) Le temps qu il fait jacqueline fischer land art textile

    Voir sur ce lien pour la noble démar che  du jour om je suis devenue enfin une vraie artiste textile .C'est pourtant le moins textile de mes ouvrages (sur papier lidée resterait la même !)
    Sérieusement tout est de moi, tout est aussi contemporain(ou pas!à) et je ne suis pas suiviste c'est tout. De l'art?  Je laisse les autres  en décider .  Je veux bien m'ouvrir aux innovations (ou se disant telles!) , mais je ne vois pas pourquoi une partie de ce que je fais deviendrait obsolète parce que  d'autres en décident avec des critères sans fondement et arbitraires . Je continue donc simultanément mes recherches dans tous le genres d'un art textile que je souhaite depuis plus de vingt ans débarrassé de ces absurdités  et qui donne accès à toutes pourvu qu'elles créent   à tous les lieux où où il peut être montré sans qu'on vous dise : surtout pas de patchwork  !Au panier à ouvrages patchwork ! sage!  pas contemporain pas art textile,  tu  l'auras ton susucre de "bien cousu" "quel  travail " valable aussi pour celle qui  copiera  ta création .  Rien de plus.. Est- ce juste? je vous en laisse juge.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • dialogues textiles -livre d'art

    • Le 11/08/2020

    Ce livre s'inscrit dans mes études de motifs , ici l'idée a été de faire dialoguer deux tissus analogues et le fond sur lequel je les ai appliqués avec d'autres détails : boutons, broderies rubans ou appliqués repris des motifs un peu comme dans une conversation on s'appuie parfois sur les mots de l'interlocuteur pour répondre .

    Eloignement quand on digresse aussi  Chaque page peut donc se lire comme une recherche de signes qui rapprochent les deux étoffes et leur fond, l'une empruntant à l'autre et réciproquement . Emprunt de couleurs souvent , de formes insérées dans le décor   comme ici l'étoile en dentelles reprend le dessin du ruban ancien  et les rubans appliqués sur les bords le travail de bandes en échelles :

    Dialogues textiles jacqueline fischer 5Ou bien encore quand le motif du fond d'une étoffe,  dicte la broderie de la page d'en face , mais en empruntant les couleurs  au motif du centre (un très bel échantillon de soie des années 30)   qui lui-même  a fiurni d'autres motifs floraux ainsi que le galon à la jonction des deux  volets de la composition  ; la digression c'est la touche de vert, rajoutée .

    Dialogues textiles jacqueline fischer 3Certains motifs sont un clin d'oeil aux poncifs du patchwork, témoin cette variation sur le thème de l'hexagone , le tissu de fond lui invitait à explorer les rosaces (ce qui est repris en broderie et dans le motif des boutons)  :Dialogues textiles jacqueline fischer 1 Parfois le même tissu  se parle à lui-même (ne le faisons-nous pas ?) comme dans ces deux morceaux de très belle broderie blanche issus d'une coiffe très très abîmée dont j'ai récupéré tout ce qui pouvait être ainsi revalorisé . J'ai choisi de broder au fil floche de soie , les chardons directement sur la broderie, laissant l'orginal en regard :

    Dialogues textiles jacqueline fischer 7

    Sur cette page (la première réalisée) j'ai mis en conversation deux fragments de tissus avec des roses. La noire est issue d'un chemisier que j'ai porté, la rouge sest une pièce "vntage" comme on di,t d'une très vieux foulard issu de l'époque où on utilisait encore la garance, la finesse du dessin m'a aussi séduite . Les lignes de fond du premier tissu sont repris sur l'autre page et un regard attentif vous permettra de saisir d'aurtres connivences  :

    Dialogues textiles jacqueline fischer 8

     

    La page aux éléphants m'a parmis de relier deux restes de vieux foulards issus de la période où on s'habillait "indien" dans les seventies . Deux inerprétations pourtant différentes du même animal . Les deux pachydermes ont été par leurs créateurs respectifs  ornés de motifs qui m'ont guidée pour l'agencement de l'ensemble :

    Dialogues textiles jacqueline fischer 2

    Le motif dit cachemire (paisley en anglais) est extrêment fréquent sur beaucoup d'étoffes j'ai sélectionné celui-ci encore un morceau de foulard qui m'a permis aussi de digresser sur les motifs complémentaires le quadrillage du fond  reproduit à plus grande échelle par l'application de petits échantillons de tissus des années 30 et en écho un tissu de fond où il est repris en ton sur ton ; l'échantillon marine est issu lui aussi de ma collection d'échantillons d'époque ici années 50  .

    Dialogues textiles jacqueline fischer 6

    Pour la couverture j'ai longuement hésité  et retrouvé ce morceau tronqué d'un précieux ruban de Saint-Etienne  je l'ai complété par un appliqué libre en relief de fleurs taillées  dans de l'organza de soie. :

     

    Dialogues textiles jacqueline fischer 4

     La visée principale reste de souligner ce  que les motifs sur les étoffes peuvent dire en mis en relation les uns avec les autres -ce que mes quilts font constamment depuis plus de 30 ans mais las dans  les quilts on ne veut voir que de jolies couvertures aux jolies couleurs et avec tant de travail  tout sauf celui d'a élaboration personnelle et signifiante et les livres textiles sont très à la mode ! -  et avec aussi les autres moyens d'expressions liéés au textile : boutons et broderies applications, motif sur les rubans . Et bien sûr les couleurs ! Mais les couleurs ne sont pas le propre des textiles et d'un travail d'artiste des tissus assemblés . Le reste, si !

    Autre  motivation  : celui de caser das un livre comme dans le keepsake (mais avec une visée différente) des petites pièces que j'aime à voir ainsi mses en valeur et vivre autrement que dans un "catalogue" ou un tiroir. Même si le livre lui-même va y passer l'essentiel de ses jours.

  • Article sur arts-up restitution (suite)

    • Le 03/08/2020

    Le site d'arts-up dont je fus  artiste partenaire  pendant plusieurs  années, sans maintenance depuis longtemps, a cessé d'exister . Ce site m'a permis de rencontrer des artistes   de publier des tribunes libres aussi dont j'ai restitué ici plusieurs, déjà et  je continuerai au fil des mois . Je publie aujourd'hui l 'article datant de 2008 sur mon travail par Jean-Paul Gavard Perret (avec évidemment son aimable autorisation )  et j'y ajoute du même auteur la préface à mon livre Jeux d'étoffes . Impressions expressions .

    Avec un grand merci à l'auteur parce qu'un tel regard  sur  mon travail  est rarissime venant du monde de l'art officiel et  des décideurs .  en  ce que serait le "vrai art textile" . Et que cela m'a beaucoup aidée, je tiens à le dire .

     AVEC TOUT LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS:
    JACQUELINE FISCHER



    Il arrive qu'on retrouve une artiste par la grâce d'une polémique
    ouverte maladroitement par soi-même. J'ai écrit en effet dans un article
    à propos de l'art textile : "Mais patchwork, macramé et autres points de
    croix sont passés par là de même que la réduction du matériau tissé à
    une forme d'utilitarisme chez nous( à l'inverse d'autres cultures où il
    possédait un rôle rituel)." Il s'agissait pour moi de faire comprendre
    que l'art textile ne se limitait pas à ces techniques mais la
    formulation pouvait engendrer un certain mépris était méprisable.
    Une artiste textile Jacqueline Fischer dont le travail est passionnant
    m'a répondu avec une exquise délicatesse ce qui est rare dans la
    polémique. Mais sur ce plan lors de débats les femmes possèdent une
    dimension majeure sur les mâles. On peut la synthétiser de manière
    grossière mais juste : elles n'éprouvent pas le besoin de montrer
    qu'elles en ont une plus grosse que leurs opposants. D'où ces mots
    envoyé par l'artiste du Nord : "Je pense que le patchwork et le point
    compté sont tout autant des moyens de créer que tout autre
    discipline-tout dépend comment on les exerce- mais que ce ne sont pas
    eux qui réduisent l'art textile à des choses qu'on sent sous votre plume
    un peu mesquines et méprisables ou alors j'ai mal compris, c'est bien
    plutôt l'œil qu'on porte sur ces disciplines qui est le plus souvent
    réducteur (...). J'en ai beaucoup souffert, j'en souffre encore
    d'ailleurs, bien que je sois capable de m'exprimer autrement et de façon
    moins dévalorisée dans l'imaginaire collectif parce que pour moi qui
    pratique tout cela depuis si longtemps, c'est une voie d'expression tout
    aussi valable que les autres , simplement l'assemblage d'étoffes est
    relié à des choses peu prestigieuses: la pauvreté, l'ouvrage féminin,
    bref victime des préjugés ordinaires... je passe sur l'usage de la
    géométrie (on devrait écrire à l'inverse de Platon sur les écoles d'art
    "nul n'entre ici s'il est géomètre"). Et elle conclut "On a le droit de
    ne pas aimer, mais pourquoi égratigner au passage?"
    Dont acte donc pour une artiste dont le travail ne mérite pas le mépris
    tant s'en faut. Qu'on retrouve ses "Torsades" (Patchwork main et
    machine) ses "Gardiens du trésor" (Patchwork fait main) ou encore ses
    "Pépites" (idem) ou encore "Complexité" (Textile sur un poème pour
    comprendre que l'aspect artisanal que l’on reproche au patchwork peut
    être parfaitement erroné.


    Jacqueline Fischer prouve que de telles approches sont bien plus que le
    médium d'un loisir libérateur et qu'elles peuvent figurer au tableau
    d’honneur de l’action créatrice. Il n'y a pas de sous techniques, il n'y
    a que des créateurs imaginatifs et des copieurs. Cela est vrai partout.
    Et à travers une tradition qu'elle revisite, l'artiste peut se
    revendiquer d’une création à part entière. Elle affirme une approche
    alternative à la connaissance d’une technique bien établie en combinant
    un processus de répétition et de création qui renvoie doublement à la
    praxis par ses aspects techniques et à la poïétique par ses aspects
    esthétiques et ouverts à l’imagination créatrice. Chevillée par sa terre
    là où le textile veut dire quelque chose, dans sa modestie et sa
    discrétion, offre un univers profond qui n'a rien de "décoratif". Il
    existe dans ses œuvres ce qu’on pourrait appeler un modèle
    thermodynamique. Et si la légèreté n’est pourtant pas absente de
    certaines pièces, c'est avant tout une forme de gravité qu'on retient.
    Les pans de couleurs deviennent vibrants mais laisse planer une sorte
    d'apesanteur aérienne. Jacqueline Fischer trouve là son moyen de vaincre
    l’inertie et le silence du monde. Et L'affect de l'artiste parle à
    travers la fibre du textile, parle par des battements rythmiques
    supraliminaires de couleurs sans que les masses volumineuses du corpus
    d'ensemble deviennent ballottantes ou lourdes. La métamorphose est
    toujours délicate comme si elle s’accompagnait de rituels sécurisants et
    de conduites maniaques mais pour que la création soit incandescente.

    La tension, la peur, l’impatience jubilatoire sont les sentiments et
    émotions sui filtrent dans une œuvre féconde et empreinte d'un vertige
    intérieur. Et si ce travail conduit aux retrouvailles avec un art
    ancestral, Jacqueline Fischer lui donne une énergie nouvelle où le
    conflit anthropo-cosmique de tout humain est posé. Il existe en effet
    dans de telles créations une harmonie qui réconcilie l’homme et sa
    dimension spéculaire. Chaque œuvre devient donc une sorte de
    célébration de l'être et du monde.



    J-P Gavard-Perret

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    Préface au livre Jeuxx d'étoffes Impressions -expressions 

     

    JACQUELINE FISCHER : LE CHAS, LA Clé.

     

    Il y a le silence mais aussi tout ce qu'on peut en montrer. Il y a ce voyage aux abîmes du temps. L'image qui s'y réfère n'ignore rien de ses déferlantes. Mouvement incisif dans les limites, dans les frontières des pans, auxquelles l'œuvre de Jacqueline Fischer donne toujours une densité "de surface" mais pur ouvrir des profondeurs.

    Ne pas chercher pourtant l'artiste de Raches où elle n'est pas, c'est-à-dire dans le romantisme d'un monde immaculé. Elle revient à une autre présence, une présence et rupestre douce à la fois. Chaque fois retrouver le mystère du montages des divers morceaux épars, tout ça pour dire :"Je suis encore et je vois".

    Recréer, retrouver le clair empire de la présence : la couseuse en fait jaillir une mémoire ouverte, une douleur, une espérance dont on ne saura rien mais où viennent "jouer" (entendons ce verbe ici dans le sens qu'une porte joue) les formes et les schémas.

    Il faut  se laisse aller à ce cheminement, à ce balisement d'étapes qui émergent. Voir ce qui se trame dans un agencement (un rituel - sans quoi l'art n'est rien) qui n'est plus simulacre mais une révélation. Jacqueline Fischer nous fait sentir cette présence par la matière même qu’elle travaille obstinément.

     

    Le fil lui même a des exigences. Sa souplesse n’est que relative et l’artiste en connaît les diamètres, les coefficients de résistance autant que les couleurs. Chaque œuvre possède dès lors non seulement son schème mais sa densité.

    Tenter de voir jusqu'aux limites, aux interstices, aux coutures comment cela monte un ensemble : il faut monter, descendre en un magma de matière, dans l'emprise d'éléments épars-homogènes qui en constituent la matière dans leur fragmentation.

    Il faut suivre ces différentes "marches" ou des situations statiques bougent forcément comme se meuvent les vagues pour dresser un labyrinthe de l'être, un labyrinthe spatial autant que temporel. Mais il ne s'agit plus de se perdre il faut  se retrouver même si on entre là pour ne plus en sortir en suivant l'injonction d'un fil « rouge ».

    Mais il convient aussi de prendre cette recherche textile comme une arme pour se battre contre notre propre spectre, contre le revenant qui nous hante et tenter - à travers de rares indices que Jacqueline Fischer nous accorde, de savoir ce que ça cache, de savoir sur quel fondement s'arrime notre propre image.

    La conceptrice nous indique le moyen de refaire surface en des franges, des frontières. On se dit qu’on finira bien par sortir de ce labyrinthe. Car dans le corps de l'œuvre s'engouffre quelque chose de l'ordre du désir : celui de partir ou de revenir, de ne jamais bouger mais aussi de se mettre en mouvement.

    Pour connaître l'espace il faut donc se promener dans de tels  lieux où la matière ourlée tremble d'une émotion première, d'une émotion perdue capable non de se dire mais de se montrer par effet de suggestion. Il faut en suivre les lignes, les rythmes, les paquets de couleurs, les esquisses.

    Il faut percer la nuit même si l’artiste pourrait affirmer "La nuit se pend encore à cela qui me hante". Oui, il s’agit de remonter la trame et « prendre la navette ». Que la mort ne vienne plus se coller à l'image, qu'elle en sorte. Pour une résurgence.

    Voir le visible ne suffit plus. L'artiste nous entraîne plus loin. Par la force de son imaginaire il s'agit de voir le voir : comment nous voyons lorsque nous voyons. Rejoindre une expérience originelle de la venue au monde: l'oeil ému par l'impact du monde à travers le travail textile.

    Pensons alors en terme de naissance : quelque chose se fomente, reste en marche contre la mort du temps puisque le patchwork devient un vecteur  du temps qui entre à nouveau dans le cycle de la vie pour que celle-ci  garde sens.

    Jacqueline Fischer continue de chercher la cause première, le pressentiment d'un mystère dont rien pourtant ne sera donné - rien ou presque. Soudain les images se dérobent mais le travail peut réellement commencer.

    Le besoin de coudre est lié à l'approche de ce point où, de l’art textile, il ne peut rien être dit, où l'on sait qu'en continuant ainsi on se perd, comme on le perd. En effet l'artiste ne commence à coudre qu'en ce point : celui où la parole perd son sens, n'aboutit qu'au naufrage et que les images, elles, peuvent prendre le relais.

    Contours et volumes. Vibration de leurs traces. Il faut accompagner leur dérive pour se souvenir de la lumière et de l'ombre où ils naquirent, dériver sur cette déferlante de pigments qui fomente des formes essentielles sur le fond. L'être en devient le sujet écarté, comme biffé parfois, mais omniprésent. Alors, au bout de cette marche forcée une seule question nous est posée : Serons-nous un jour au bout des indices posés par Jacqueline Fischer ?

    Pour le savoir, au lieu de les multiplier l'artiste joue de l'économie foncière afin de retrouver l'intimité, la solitude première qui sont peut-être - sans doute même - à la naissance de l'être comme de l'art..  On dépasse un devenir classique : on est dans ce retournement, dans cette primarité essentielle à qui sait que la modernité se reconquiert sans cesse par rapport à l'attrait de la tradition.

    Pour en arriver là, la couseuse a déjà parcouru un long chemin, sachant pourtant s'esquiver de toute maîtrise ou plutôt du piège de la maîtrise. Chaque fois l'œuvre tente de nouvelles voies même si bien sûr ce sont toujours les mêmes images-mères qui reviennent et où tout repose sur un retrait.

    L’œuvre est aussi errante que fixe, toujours hors d'elle-même pour plus de "dedans". Elle est le silence devenu espace. Comme si l'on retournait à l'essence de vie sans se soucier des apparences puisqu'on est au-delà. L'image "pieuse" (qui protège) bascule dans le vide afin qu'une autre se déploie. Elle frisonne d'un parfum inconnu afin d'éprouver nos images-repères. Par une insurrection de formes très anciennes quasiment rupestres.

    Nous ne sommes plus ces prostrés de Blake que Dieu méprise de tous ses muscles de catcheur ivre, mais des prostrés qui se soulèvent en cette résurrection de matière. Il ne s'agit plus de rêver : la dérive exclut la pure rêverie. Le geste a un mandat à assurer. L'œuvre exige une retenue - il ne faut pas qu'elle réponde à l'appel du vide par une alacrité. Il faut piquer encore, piquer : percer pour reconstruire et lier.

    Un tel travail fomente un monde des recommencements, un monde qui n'est ni maternel ou maternant - mais qui restitue au patchwork sa dignité, sa force. Il nous fait atteindre la plus grande intimité, nous rappellent en les métamorphosant les traces où tout a commencé mais en les portant vers un  équilibre, une étendue  ignorés.

     

    Jean-Paul Gavard-Perret

     

     

     

  • Le collectif lèse -art et la revue Re-mue

    • Le 29/07/2020

    Le collectif lèse -art et la revue RE-mue à laquelle j'ai eu la joie et l'honneur de participer autour des années 2010 a republié ses liens vers les artistes et la revue.

     A  mon avis ça mérite qu'on le lise et regarde. Pas seulement parce que j'y suis (je ris)  mais parce que l'esprit qui y règne est oxygénant . Moi -même ça m'a beaucoup aidée dans une période où la corporation boycottait proprement mon livre Jeux d'étoffes et me snobait de toutes les façons . Trouver là une audience différente m'a aidée à respirer dans cet étouffement de mes forces vives (et un peu dissidentes et non conformistes ).

     Merci à Boris , et Josiane Hubert entre beaucoup d'autres pour cette aventure, ces rencontres cette "vie" .Parcourez les 32 numéros de la revue Re mue qui fut faite avec  amour (désintressé!)  de l'art et effervescence !

    c'est là lien vers le Collectif lèse art

    Je me permets de signaler sur l'art textile le livre préfacé par Josiane Hubert et demandé par Boris Eloi Dutilleul qui en avait assez d'entendre parler de l'art textile comme d'un art mineur  lien vers illustration d'un art obscur.

     

    nne lecture !

     

  • Les palettes d'une textilienne -les fils

    • Le 19/07/2020

      Le fil que j'évoquerai aussi c'est celui-ceux plutôt avec lesquels on brode, bien que ceux qui servent à assembler ne me soient pas indifférents .Et que coudre et broder puissent en bien des .... points se rejoindre, et qu'on puisse broder avec n'importe quel fil et même avec n'importe quel matériau en broderie   contemporaine ) . Je me bornerai pour cet article à ceux que j'utilise .

    Chez moi ils sont répartis en trois catégories  : les boîtes où ils sont rangés soit par couleur , soit par catégories,  comme pour les tissus, j'ai oscillé toute ma vie entre ces deux types de classement selon le type d'ouvrage que je faisais (tout en considérant que je n'en ai pas qu'un en route très loin de là !!) , les écheveaux de réserve , et les fouillis de bouts  que je stocke dans poche et trousses diverses . Je dis toujours que le meilleur moment pour moi c'est celui où je choisis mes fils, quitte à changer d'avis en cours de route .

     

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     J'ajouterai les poches et boîtes où je stocke les  fournitures nécessaires pour un ouvrage .Et que j'oublie parfois de ranger une fois l'ouvrage terminé.

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    Les fils c'est un monde bien spécial , c'est proche des tissus -et en même temps c'est très différent. Comme les tissus les regarder peut me mettre en route, mais j'ai moins souvent créé une broderie pour utiliser un fil que créé une surface d'assemblage pour utiliser un tissu . Deux langages différents :  assembler n'est pas déposer sur ...La broderie est plus proche pour moi d'une écriture voire parfois d'une calligraphie .Et bien sûr assemblage et broderie peuvent s'associer comme dans les crazy quilts notamment .

    Le fil est porteur de tant de symboles et celui dominant de la durée d'une vie . Tout le monde connaît les expressions "filer un mauvais coton" ou bien "sa vie ne tien qu'à un fil" , sans oublier "le fil des jours" .

    Jacqueline

    Mes premiers fils à broder  je les ai achetés avec les piécettes que ma mère m'abandonnait des commissions .  Il  y avait au village une mercerie tenue par Madame D , une femme brune d'humeur assez peu commode. J'aimais   l'odeur  de ce magasin  : poussière, cire et quelque chose de presque  sucré issu   des fils et tissus neufs (l' amidon  peut-être) . Le plancher grinçait . J'entrais là comme à l'église  et je demandais à la grande prêtresse  du lieu des fils à broder . Pour moi le fil à broder c'était le coton mouliné . Sur les revues féminines que ma mère lisait, on recommandait le brillanté d'Alger Cartier Bresson . Mais la mercière à chaque fois me demandait  : - Du coton floche? -Je ne  savais  pas ce  que c'était . Elle   ouvrait des tiroirs vers des fils ronds et indivisibles; je répondais invariablement  : " Non du  brillanté" . Presque un rite, ce dialogue d'ouverture. Et c'est là qu'elle ouvrait les boîtes à moulinés DMC. Je vivrai mille ans que je ressentirais toujours la même émotion comme devant des  objets très précieux pliés dans du papier de soie . Il y a dans les courbes de  ces écheveaux, leur abandon, la manière dont ils se serrent les uns contre les autres quelque chose pour moi de sensuel et de volupueux. Et bien sûr l'empire des couleurs, même si la commerçante ne disposait pas des 600 et quelque  nuances de la gamme.

     

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    Je faisais mon choix (souvent du vert et du rose ) parfois je proposais de venir aider à ranger et la mercière qui avait bon coeur sous des dehors rébarbatifs, m'abandonnait donc  parfois un écheveau ou deux . Vers mes dix ans j'avais un petite collection d'une  trentaine d'é'cheveaux, avec quelques couleurs favorites le vert  907 DMC  notamment (déjà le vert jaune de Jacqueline, celui que j'aimerais à glisser dans mes patchworks, pour dissoner un peu ).

    'J'ai brodé avec eux mes premiers napperons , je décalquais des motifs en noir et blanc, j'improvisais avec eux compositions et je choisissais mes points évitant ceux  qui me paraissaient hors de ma compétence. J'ai longtemps eu peur du le passé empiétant . Mais je me débrouillais bien avec feston et passé plat .  J'acquis un peu plus tard le savoir  broder de u magazine Femmes d'aujurd'hui , que j'ai toujours et qui fut mon principal professeur . De  ce temps lointain il ne me reste que  quelques broderies  et deux ou trois écheveaux perdus au milieu des autres . Telle cette broderie sur un drap :

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    De soie , en   revanche il n'y avait pas , à l'époque, dans ma campagne . Trop fragile, trop cher et plus trop usité puisque justement les cotons  avaient été créés pour les remplacer . La soie est entrée dans ma vie de brodeuse bien plus tard -il a fallu attendre Internet . Mes premières soies furent des Guterman pour boutonnières , et je les affectionne encore pour les broderies des crazy quilts , ce sont des fils perlés et bien ronds qui donnent relief aux coutures de surlignement.

    Ensuite j'ai découvert pas mal de sortes  et notamment les soies d'Alger que j'affectionne et utilise encore beaucoup . J'ai longtemps été cliente de  Victoria Clayton une américaine  qui teignait des fils et rubans de soie et mes boîtes contiennent encore beaucoup de fils issus de ces gammes. Hélas souvent les créatiuces artisanales disparaissent et le réassortiment est impossible- ce qui mène à mixer avec autres choses car,  comme ailleurs, j'aime le mélange et jouer avec épaisseurrs et textures comme dans ce pavot :

    pavot-image-6.jpg

    Et  justement le coton perlé je l'utilisais peu jusqu'en 2005 où je décidais de m'offrir la gamme complète des Ispe -nullement épuisée 15 ans plus tard . Et  eux c'était pour rendre mes images numériques en broderie  de "texture"  comme pour peindre mais d'un trait plus  épais  que les fines broderies fil à fil de ce  que les anglo saxonnes appellent silk shading et nous, peinture à l'aiguille  .C'est aussi plus rapide et moins fatigant pour les yeux, moins lisse surtout, même si j'aime  retrouver les soies  floches et ou retordues pour des fleurs un peu à l'ancienne comme dans ce panneau d'Archives du Nord:Archives du nord5 det jacqueline fischer

     

    Mes apprenttissages me firent constater pas mal de choses . A savoir que le même point n'a pas du tout la même apparence selon le fil utilisé , le nombre de brins , le tissu de dessous .Et que dans la même gamme certains coloris sont plus ternes que d'autres et moins couvrants . D'où cette habitude que j'ai prise de tester avant de me lancer dans un  projet  important (à mes yeux s'entend).,Et lorsque je travaillais pour des revues bien bien plus tard , systématiquement jusqu'à faire parfois x versions du motif avant de décider de la bonne !Ou bien parfois des pages d'essai comme celle-ci, consacrée aux différents aspects d'une forme en passé plat  sur toile de lin :

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    Je ferai une mention spéciale pari tous ces fils pour le retors à broder DMC destiné à la tapisserie à laiguille mais qu'on peut tout à fait utiliser à autre chose, liés pour moi au souvenir des cours de travail manuel où on nous faisait broder du gros point de croix sur grosse toile avec ce coton , je détestais !

    Au  début de mon mariage et de ma vie professionnelle qui coÏncidèrent (!) ,  je brodais encore et j'ai fait une première incursion dans la tapisserie à l'aiguille au demi-point  et au point de Hongrie , et j'ai redécouvert le retors . Et aujourd'hui du fait que j'ai hérité  du stock d'une amie je m'y suis remise avec plaisir , pourvu  que je crée la surface moi-même et j'adore faire des samplers de points avec ce fil  :

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    Il faudrait aussi faire une mention des fils métalliques (réputés diffciles à broder) . Non pas la vraie broderie d'or avec cannetille et jaseron -que je n'ai jamais pratiquée mais l'usage des fils  métalliques  auxquels on adjoint souvent des perles pour des broderies très précieuses. Gail Marsh dans so livre sur la broderie au XVIII° siècle note que les brodeuses aux fils et pierres précieuses étaient mieux rémunérées que les autres  .

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    Restent les laines à broder  sur toile ou tapisserie qui sont le domaine de la broderie dite crewel . J'en ai peu fait , mais j'ai découvert grâce  à une amie suédoise ces broderies venues des pays nordiques dont j'ai fait un coussin  pour la revue Broderie d'art .

    coussin-sudois-photo-1.jpg

    Aux fils fabriqués pour brder s'ajoute tous ceux qui ont éé créés pour un autre usage et détournés, notamment les fils de laines fantaisies . Pour moi c'est le domaine du fil dit "couché c'est à dire fixé sur la toile de fond par des points . Ainsi est né ce "fertilité "

    Fertilite

     

     

     Le fil, et  c'est ce qui le rapproche du tissu -varie selon ses couleurs, la manière dont il est filé -je ne ferai pas un cours là dessus, mais quand on brode c'est comme pour les tissus il vaut mieux connaître un peu ce qu'on utilise , sa brillance , sa couvrance, sa tenue au lavage (si on  veut  laver ) .Fils points et support réunis constituent en eux-même un langage avec lequel une expression personnelle est tout à fait possible sans pour autant être virtuose de tout. Je ne le suis pas . Je regrette souvent , exactement comme pour les tissus, que la variété immense de fils "'classiques" dont nous disposons incite si peu à explorer ce qu'on pourrait bien dire de PERSONNEL avec cela. Ils nous donnent des touchers différents, des brillances , des reliefs -selon les points choisis et jouer avec tout cela est un art comme nn autre . On peut considérer que la virtuosité "reproductrice" de kits ou modèles en est un aussi puisque, las ,le souci de posséder une belle chose permet de montrrer son savoir-faire prime depuis toujours l'imagination ; le brodeur-et surtout la brodeuse!-  n'étant perçu  souvent que comme exécutant -comme si ce n'était rien déjà d'interpréter un dessin en points fils et couleurs ,qu'il soit de soi ou d'un autre .  Sauf à imiter une fois de plus les peintres , dans les sujets comme les matières  mais qui cherche avec ce que  les fils a  de "bien à  eux " qui précisément les distingue des "grands" arts et du mixed media , c'est exactement comme en patchwork : voué à l'incompréhension et la méprise engendrant le mépris inconscient ( art mineur, ce n'est pas du contemporain de plus qui sauverait la mise, , alors tout est dit!) . Sauf à y adjoindre des matériaux tendances  ou pris aux autres arts ; peinture, plastiques , tyvek, colles fils de fer bref faire du mixed media avec un peu de fil pour la caution textile . Que ce soit intéressant je n'en doute pas, que ça puisse donner des chefs d'oeuvre non plus. Juste que qui joue sur la variété du matériel habituel  est à peu près sûr d'être dévalué soit parce qu'on l'assimile illico à celles qui copient les modèles , soit parce qu'on l'assassinera d'u  "pfft joli décoratif " etc . Je sais les écueils et les blessures et je sais aussi ce  que je veux faire. Et je le fais .avec bonheur qu'on se rassure et si je souligne, une fois de plus les incompréhensions c'est toujours dans cet espoir de changer un peu les regards sur ces arts .

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    NB Si vous voulez tout savoir sur le brilanté, le mouliné et la soie  d'Alger, je vous envoie sur  l'excellent site Ouvrages de dames et sur le fin du  fin  matière d'utiliser les fils dans une technique parfaite sur celui de Mary Corbet .

  • Licornes et sortilèges

    • Le 27/05/2020

    PARUTION  :

     

     

    Licornes et sortileges nicole pessin jacqueline fischer garde

     

     

    Une deuxième aventure cette année d'oeuvre en duo .  J'admirais depuis longtemps les oeuvres graphiques de Nicole  Pessin que j'appelais, à part moi "l'enlumineresse" compromis entre enlumineuse et enchanteresse.  Ses   univers et l'harmonie entre les textes de "ses" poètes et les illustrations . Je possédais déjà quelques-unes de  ces merveilles .

    On peut visiter son site ici

     Aussi quand Nicole m'a demandé si j'acceoterais d'écrire sur ses images , c'était un peu comme un rêve qui se réalisait . Donc ce furent les licornes et leur aventure . Les textes se sont imposés à moi sans trop de peine, tant l'univers graphique m'était évocateur. Plutôt que d'écrire une histoire unique j'ai préféré une forme poétique  qui tend des fils au dessus des possibles  et laisse place à l'imaginaire du lecteur :

    Se dressant vers le ciel  et avançant vers  nous

    Le château invitait à des jeux

    dont les règles à jamais resteront inconnues

     Je ne sais si les textes sont réussis, il m'est interdit d'en juger mais  ce fut un réel plaisir ce travail à deux . Non ! :  à trois puisque Jean Paul Gavard -Perret a eu la gentillesse  de  préfacer l'ouvrage .:

    "Licornes et sortilèges"

    Poésie de Jacqueline Fischer agrémentée de 10 reproductions, aquarelles de Nicole Pessin.

    Préface de Jean-Paul Gavard-Perret
    Format : 21 cm x 15 cm.
    Achevé en mars 2020 pour le compte et le plaisir des éditions Varia poetica. Saint-Laurent-du-Pont (Isère)

    Livre d'artiste dont chaque exemplaire possède une couverture unique.

    On peut se le procurer sur le site de Nicole Pessin

    Licornes et sortileges nicole pessin jacqueline fischer c1

     

     

    Licornes et sortileges nicole pessin jacqueline fischer i 1

  • Simples écritures de Jeanne Maillet

    • Le 22/05/2020

    Lorsque Denise Jardy-Ledoux m'a demandé si je voulais bien illustrer le recueil de Jeanne Maillet Simples écritures -avec l'accord de l'auteur s'entend !-  j'ai d'abord demandé à lire le texte.

     Et entrant à l'intérieur des mots, j'ai été si vite séduite par le rythme et les images  et mieux encore par  ce que je ressentais comme un voyage possible  que j'ai accepté avec enthousasme.

     Cependant aussi appréhension . J'avais peur de trahir les mots ...la simplicité n'étant pas ce qu'il y a de plus aisé à illustrer avec justesse ..

    J'espère y être au moins un peu parvenue .

    J'invite surtout  à lire le texte que je ne voudrais pas trop déflorer, je cite juste ce passage qui m'a mise en route  :

     Mets ta robe bleue

    Fillette

     Ta  robe bleue clair celle qui affole le ciel

    Puis cours,

    Cours vite,

    Ils pourraient bien te rattraper

    Là-bas

    Dans la moiteur de l'antichambre.

    La couleur bleue est très présente dans le recueil comme un fil rouge auquel sont venues s'accrocher tant d'autres images .Bleu des volubilis aussi .. Et une robe de marquise qui semble attendre ses noces .. Plus loin, la vision d' un orient qui est sans doute aussi un peu le paradis,   du moins pour moi qui lisais en textiles.

    Et bien sûr ce titre si parlant pour moi qui tiens les points de broderies et les motifs des étoffes pour des  écritures ayant  signifcation ..pour les sens , sinon rationnellement . Chaque image comporte un morceau de ruban vert, comme les herbes de la pharmacopée évoquée par l'auteur, orné de points simples : épine, chevron etc.

    Les trente  images  de l'édition de tête sont toutes différentes..  textiles fixés et brodés main .

    Le livre est disponible chez l'éditeur : collection Les carnets du douayeul

    éditions du Douayeul 196 avenue Denis Cordonnier

     59500 Douai

    Chez L'auteur Jeanne Maillet (présente sur Facebook)

    Et moi-même .

    Soit cette édition de tête  numérotée et dont chaque volume (couverture faite sur papier fait main par Denise Jardy-Ledoux ) est unique .

    Soit l'édition ordinaire  ornée de Lettrines et de photographiesen nir et blanc  de quelques  textiles

    Simples ecritures jeanne maillet ilulstrations jacqueline fischerSur la page suivante quelques-unes des illustrations dont j'aimerais qu'elles jouent leur rôle de lumière jetée sur un texte que je vous invite vraiment  à découvrir .

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  • couture et patchwork

    • Le 04/05/2020

     NON je ne suis pas (plus!) une bonne couturière ou Sisyphe aide-moi !

    En cette période où coudre des masques est devenu un hobby forcé national , je sais que je déçois beaucoup de personnes en disant que .... je ne suis pas  douée  pour ce genre de choses. Et très peu motivée qui plus est étant donné que patchwork et broderie rendent inefficients lesdits masques ! sauf si on tient à s'amuser avec cela, .J'avoue que là c'est hors de ma zone d'humour !

    J'ai déjà écrit des milliers de fois que le patchwork pour moi n'est pas de la "couture" . Je ne "couds" pas j'assemble ! Et assembler un bloc en patchwork ça n'a pas grand chose à voir avec un  sac, robe ou  objet,  même si ce n'est pas toujours plus "facile" c'est tout simplement autre chose . Comme peindre un mur de cuisine après l'avoir poncé et rebouché ce n'est pas peindre une toile de création . Il y faut des qualités différentes, les deux sont respectables et du reste on peut  avoir les deux sortes de compétences .

    Mais moi, non ! ou du moins plus.  D'autre  part  je ne suis jamais venue au patchwork par amour de la couture, mais par amour des assemblages de tissus VARIES  et même  tout court des tissus et étoffes .Je couds parce que  je n'aime pas l'aspect raide du collé et pour le symbole-et les différents aspects, le lâche comme le serré, le visible comme le caché-  aussi de ce geste d'assemblage main comme "connexion" de matériaux , c'est pourquoi il arrive que les connexions se voient;  aucune norme de points serrés parfaits ne me va.  Ce n'est pas "moi" ce n'est pas ce que je veux faire !Ni montrer par mes assemblages. Le dire n'est pas en convaincre, ce qui oblige donc à redire . Sisyphe, aide-moi !

    De même je brode -j'ai brodé bien avant de faire du patchwork que je n'ai découvert qu'en 1982 et la broderie n'est pas non plus de la couture  même si certains points de broderie étaient utilisés jadis en couture main (je couds pour ma part avec une alternance de points avant et de points arrière )

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    Ceci n'est pas de la couture !

    C'est là qu'il faut parler de couture main et de couture machine . J'ai beaucoup cousu de vêtements à la machine , jadis. Par nécessité. La machine de ma mère une Singer fonctionnait avec un moteur électrique (qu'on n'utilisait pas ou rarement)  et une manivelle tournable à la main, à son rythme. sans cet outil, j 'aurais eu du mal .  Il me fallait réguler la vitesse moi-même ; j'avais des notions de courture d'habillement , que je perfectionnais, à l'époque j'aimais cela. Je n'aime plus parce que dès que j'ai découvert le patchwork , justement c'est l'aspect beaucoup de tissus pour dire avec quelque  chose qui m'a pris l'âme, donné l'envie.Rien d'une pro en couture donc. Monter une manche avec fronces j'ai su et même des choses plus compliquées, mais je ne pratique plus tout cela et j'ai donc oublié les gestes .  J'arrive encore en me forçant beaucoup à monter un sac très simple ou une pochette  voire à doubler un gilet correctement -parce que  j'étais obligée à des fins professionnelles de publication à l'époque !- mais rien à voir avec mettre ensemble 2500 bouts de tissus quasi tous différents pour en composer une harmonie qui me corresponde    ça n'a STRICTEMENT RIEN A  VOIR. RIEN. (Sisyphe aide-moi -bis) :
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    ceci n'est pas non plus essentiellement de la couture ...

    .Je n'aime pas  assembler  à la machine mes patchworks, j'ai expliqué pourquoi des dizaines de fois et je n'en ai rien à faire qu'à notre époque "les plus grandes" soient des championnes de leur  "bécane" -oui on dit aussi comme ça parfois ou que ça permette d'aller vite..   Moi ce que  j'aime  c'est hésiter laisser ce tissu-là reprendre cet autre  J'aime la lenteur dans ma vie aussi c'est vous dire si je suis définitivement inadaptée à notre époque mais enfin  Vinci n'a pas peint la Joconde avec un spray qui lui permettre de remplir ses surfaces plus vite, non plus ..Ni Van  Gogh ni aucun peintre digne du nom d'artiste . . et précisément je n'ai nullement une perspective couturière , ni  régulée par  des moeurs où les juges posent des équerres sur les oeuvres et les brodeuses mesurent leurs points quasi  au millimètre et sont malades si à la loupe ça dépasse d'un poil . Si c'est leur idéal, je le respecte je veux bien admirer l'exploit de virtuose,  ce n'est pas le mien .. . L'art n'a pas à se plier à de telles normes quand il ne s'agit pas de fabrication .. qu'une robe de Haute-Couture soit  chiadée à cet  égard oui, une surface d'expression personnelle, non, pas forcément.Toujours la différence entre écriture personnelle et calligraphie.

    Il y a du travail d'orfèvre dans cette élaboration pas d'ouvrière à la chaîne (que  je ne méprise nullement,  vu que je serai incapable de faire  ce qu'elles font) .Elles sont de vraies  couturières, moi pas selno les règlese du siècle du moins ....  et je n'en ai absolument pas besoin .  

    Certes cet assemblage -là demande aussi une précision d'ajustement , mais ce n'est pas la même technique justement main et machine. En  patchwork machine on coud sur les marges de couture et donc c'est plus raide, plus serré, aspect impeccable. En couture main la marge de couture reste libre donc c'est souple, articulé en quelque sorte . Et pour moi ce côté-là compte alors que pour la plupart de mes consoeurs c'est l'inverse elles veulent du fini fini impeccable sans péché donc j'ai déjà dit je suis une grande pécheresse...et sur ce point je sais que je peux me faire entendre j'ai 99,99 pour cent de la coporation contre moi-sauf à faire du vrai art textile dont on sait que le patchwok ne serait pas . Ce que j'ai le plus vite compris c'est que blocs égale traditionnel   égale obligation de perfection technique pour compenser le manque d'imagination qui est censé aller de pair. Il suffit de lire les articles dans les revues spécialisées de l'époque ! c'est éloquent !

    J'ai  eu  cependant  plusieurs  machines à coudre  cependant . une qui  ressemblait à la vieille Singer mais sans manivelle pour la tourner à la main (je n'ai jamais eu de machine à pédales) , quelquees électriques très basiques je m'en servais pour monter sacs , housses de coussins ou ourler des  draps ou des rideaux rien que de très basique , et  aussi fixer les biais et bordures sur mes quilts  (quand je ne rabattais pas tout simplement la bordure à la main ) .

       Quand j'ai été embauchéeen 2007  par la revue Creation patchwork puis un peu plus tard Broderie d'art, je me suis dit , vu que mon ancienne machine donnait des signes de faiblesse, que je pouvais bien m'offrir mon rêve c'est à dire une machine à régulation électronique "fine" qui peut donc aller très lentement  et  avec des points électroniques décorarifs combinables entre eux  et à a broderie main .Pas pour assembler , non .Mais les combiner comme les signes d'une écriture...

    J'ai donc pas mal texturé avec et je le fais encore. il est certai il ya beaucoup de fonctionnalités que j'ai payées pour rien (comme on me l'a parfois dit avec un peu d'incompréhension quand on achète une telle machine  à coudre et qu'on prétend ne pas coudre avec évidemment , évidemment )  )  mais pour avoir celles qui m'intéressaient, c'était ce modèle-là .Et c'est mes sous que je dépense, pas  ceux des autres, que je sache.

     C'est ainsi qu'est née la série Nous (qui reste ouverte) ou les  patchworks en bandes  pliées retenues par des piqûres machines; et bien d'autres tableaux Ces ouvrages là sont fait quasi entièrement à la machine parce que  ça convient à mon "propos" si je puis dire , dans ce type de tableaux .

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    Espoir-détail-  broderie main et machine : ce à quoi ma machine me sert !

    Lumiere violente javqueline ficher art textile 1Lumière violente entièrement fait machine .Mais coudre des bandes entre elles  et piquer dessus n'est pas du travail "couturier" !

    et ce n'est pas l'intérêt du tableau, ,je l'espère .

    La machine me sert aussi à monter les livres à finaliser certains bords -c'est selon le projet-  Je m'en sers  par à coups en quelque sorte . Mais pour la couture "ménagère" très peu et juste pour dépanner . C'est ainsi .

    Je ne saurais donc pas actuellement faire cent masques sur la journée-je n'ai du reste pas le matériel  pas de mercerie  .. de même je ne pourrais en garantir la stérilité pérenne non plus et si d'aventure j'étais contaminée sans le savoir c'est un risque que je ne ferais donc pas courir pour avoir l'air généreuse et solidaire .Mais si un voisin ou ami  a fortiori une infirmière du voisinage me demandait de dépanner , j'accepterais dans la mesure de mes moyens .  J'ajoute  que mes vertèbres dans leur état actuel le permettent mal .(même pour texturer ce que donc je fais moins, aussi que jadis) . Le corps a ses raisons  et je brigue pas l'étiquette  héros de la nation .. . J'espère que des masques  vraiment efficaces pourront être accessibles à tous . J'ai préféré en revanche partager un tutoriel qu me semble "pensé" c'est aussi un moyen d'être utile, aider finacièrement côté matériel à acheter ... toutes choses où je me sens plus utile et efficiente . Et que dorénavant on me  blâme on me loue / j'en veux faire à ma tête etc.  (le Meunier son fils et l'âne)