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Echouez-mieux...
- Le 20/02/2023
"Être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir. Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke "
Il ya quelques années , j'ai reçu , dans les innombrables mails commerciaux tentant de me persuader de payer quelqu'un pour me promouvoir,ou des murs pour exposer mes chiffons d'art -ou les deux - cette liste de judicieux anti-conseils, qui du reste, si on veut "faire carrière" sont souvent parfaitement valables en prenant naturellement le contrepied de ces affirmations , ou tout simplement si on trouve nécessaire de vendre ses oeuvres, j'entends par là qu'on a vraiment besoin pour vivre ou que tout simplement on pense que tout travail mérite salaire. On dira que c'est une "chance" que ce ne soit pas mon cas . (je rappelle toutefois que ce devrait être un choix et non une obligation pour "compter" dans le monde de l'art ) .
Je ne VEUX PAS, je n'ai jamais voulu faire une CARRIERE mais une OEUVRE et je vous rassure, là, sur mon dessein essentiel j'ai parfaitement réussi en échouant, donc . C'est à dire que ces conseils ironiques je les ai suivis d'instinct quasi tous, à la lettre.
Mais si vous voulez, vous, faire carrière,ou tout au moins vous faire "reconnaître " (pour moi la reconnaissance a un autre sens) c'est tout différent. Il n'est pas indécent de vouloir exposer, avoir un CV de compétition ( mais l'art est-il du sport ?) ;vendre , ni même de rêver qu'on est le Picasso ou le Léonard de Vinci ddu XXI° siècle en sa discipline. . On a le droit de rêver à la gloire et on ne vit pas d'amour de l'art et d'eau fraîche, mais l'important c'est de savoir ce qu'on veut et de déjouer les pièges -ceux de la vanité ne sont pas les moindres. Je n'entends pas comme vanité la légitime fierté du travail accompli .
A vous de choisir! moi c'est fait et je peux chanter comme Edith Piaf : non, je ne regrette rien ...ce fut au prix du mépris et de l'indifférence des milieux "où ça compte" mais on ne peut tout avoir,non plus.
Je comprends parfaitement un parcours inverse et des opinions, à cet égard , diamétralement opposées aux miennes. La preuve : il m'arrive d'acheter aux artistes qui vendent; et je trouve normal de payer alors leur oeuvre au prix qu'ils en demandent et si ce n'est pas dans mes moyens il me reste la joie gratuite de les avoir admirées.
J'ajoute certes, je le peux mais pas parce que je suis une nantie, j'ai "acheté" ce droit en quelque sorte et ce n'est pas sans contrepartie ni renoncements.
NB Je ne rappelle plus le nom de l'auteur qu'il me pardonne, je reçois énormément de courriels tentant de me "commercialiser" et promouvoir contre rétribution, donc j'ai oublié de qui il émanait, mais s'il se reconnaît et veut que je cite son nom ou qu'offensé il préfère que j'enlève cet article, je le ferai volontiers.
Or donc, voici la chose :
Comment échouer en tant qu'artiste -
.1-Croire que les artistes ne gagnent jamais leur vie.
Jeffs Koons, si très bien , merci . Soyons sérieux.
Je connais des dizaines d'artistes, beaucoup arrivent à exposer, se disent ou se présentent comme "pros" mais aucun à ma connaissance ne vit uniquement de son art, sauf à donner des cours, organiser des stages de "créativité", voire en art textile vendre du matériel, des kits etc. J'ai moi-même vendu des modèles, un moment, je ne juge donc pas cela comme un crime ! Certains m'ont avoué aussi faire des "petits trucs" qui se vendent , eux, bien, alors que par désir profond ils n'adhèrent pas à ce genre de "création", pour faire bouillir la marmite. Si c'est "vivre de son art" je veux bien . Pour moi ce n'est pas ça. .Soyons honnêtes et réalistes, une oeuvre d'art a une cote qui dépend de la notoriété. Or les vraiment cotés suffisamment pour en vivre sont rarissimes. Je rappellerai aussi que la valeur financière(en l'époque où l'artiste vit !) et la valeur artistique, non mille fois non, ça n'a rien à voir.
Deuxième objection : on fait quoi si on exerce un art qui n'en est pas un ?Un dont les galeristes vous disent "ah non surtout pas de patchwork!" . On fait comment si on en exerce trois en les reliant ? Bref si on est un sujet artiste non identifiable d'un art relégué ?
2-Avoir un book de présentation mal préparer(sic) avec des photos de mauvaise qualité.
NB - Mettre la bonne orthographe est aussi un plus , pour un commercial. Bon il peut s'agir d'une étourderie .Mais j'ai publié un excellent livre à ce sujet (je ris!)
Objection : Là , si vous n'avez pas les moyens de vous payer les services d'un pro, vous êtes voué à l'échec. On me l'a faite celle-là quand j'ai voulu publier mes livres sur le patchwork. Cela revenait à dépenser des sommes très importantes pour un droit d'auteur des plus réduits et seulement en cas de vente. Bref si vous voulez être artiste, soyez riches d'abord (ou trouvez-vous un mécène ). Faut banquer, pour tout ça ! Sans garantie aucune de récupérer la mise. on dira c'est le sens du risque.. Voire ... on peut concevoir le risque autrement, aussi .
C'est vrai il vaut mieux que l'emballage soit "cadeau" et donc qu'une bonne présentation est indéniablement un plus, on le voit en matière d'accrochage, notamment.. Mais si la valeur de l'oeuvre se juge à la qualité de la photo, c'est le photographe qui est l'artiste !
D'autre part si votre photo met en valeur un peu trop une oeuvre qui décevra de visu ... il y a comme un hic ! on ne vend pas une apparence, mais l'oeuvre dans sa réalité ....
3- Rédiger une présentation vague, décousue, que personne ne comprend et dans laquelle on apparaît prétentieux.
Ben là, j'avoue, les bras m'en tombent ! Le vague et le décousu, OK , je veux bien. Quand je lis les "discours" qui accompagnent les oeuvres très cotées ou en vue de certains artistes conceptuels j'avoue que je ne suis pas du tout d'accord. Quand c'est clairement documenté, appuyé sur une connaissance des arts qu'on exerce , c'est là qu'on a toutes les chances d'échouer( c'est honnête et ennuyeux! ).
Un certain public adore ne pas comprendre, qu'on lui jette de la poudre aux yeux,, du moins celui des snobs des intelligentsias qui régentent le monde de l'art. Il faut un baratin et si possible bourré de mots abstraits et abscons auquel nos snobinards de service, n'y comprenant rien -vu que ça ne veut réellement rien dire!- s'exclameront : "Mon Dieu que c'est profond!" C'est même un des rares cas où on rencontre des humains se sentant intelligents plus que les autres parce qu'ils n'y comprennent rien. J'ajouterai qu' en art textile, quand c'est venu nous envahir on a atteint des sommets dans l'abscons prétentieux . Et qui plus est péremptoire. Voir notamment L'art textile : les mots confisqués.
4-Attendre la dernière minute pour répondre aux appels de candidatures ou envoyer vos demandes de stand.
Là rien à dire . Juste qu'en général ces demandes de stand sont payantes et qu'on dit aussi qu'un vrai artiste ne paie jamais des murs où quoi que ce soit pour exposer. Et même un amateur comme moi : quand j'ai exposé en galerie d'art, c'était gratuit. et pas d'appel de vendeurs de prestations mais ... l'heureux hasard des rencontres et affinités. Appel oui mais pas "commercial" Ce que je faisais plaisait on me l'a demandé. Tant pis si ça paraît "prétentieux" de le dire , c'est la vérité des faits.
5-Ne pas répondre aux appels téléphoniques ou aux messages.
Lesquels ? Les commerciaux ? Parce qu'un vrai galeriste ne va pas venir chez vous vous prier à genoux de bien vouloir condescendre à exposer chez lui ... après avoir vu une de vos oeuvres sur un réseau social. Ne rêvez pas: ce n'est pas leur façon de faire , et nous sommes des millions en lice . (pour moi la lice se borne aux fils du tissage, je ne m'inscris dans aucune course à l'échalote ou au yoyo en bois du Japon..).
6-Ne pas s’occuper des visiteurs lors d’expositions ou de salons – rester à l’écart et distant !
Là je suis d'accord. Et l'échange avec le public, répondre à ses questions est un moment émouvant, même pour l'amateur indécrottable que je reste farouchement ! Justement quand on n'est pas mû par le désir de se vendre on peut parler de ce qu'on fait si librement, sans peur de déplaire à un client éventuel . On doit, même amateur, avoir le respect de son public et le premier respect c'est d'être sincère, et authentique dans ce qu'on crée, pas de servir de l'esbrouffe et de la frime pour impressionner le chaland! Honnête aussi sur ses sources et filiations, le cas échéant.
4- Ne pas mettre à jour votre blog ou site et avoir les dernières infos qui datent d’un an ou plus !
Là d'accord aussi ; cependant vous comprenez nous sommes dans une conception de l'art où on veut des perdreaux de l'année , les oeuvres ayant comme les yaourts une date. de péremption, puisqu'elles suivent les modes tendances et goût du jour (consolez-vous si vous vivez assez lontemps, vous pourrez les vendre comme vieilleries vaguement patrimoniales d'ici 40 à 50 ans ) . De plus vous vous devez de tout le temps créer et si possible du nouveau -même si ce nouveau est une exploitation de votre "ancien" ad libitum comme ad nauseam si vous tenez un filon bon sang exploitez-le jusque ce que ça ne soit plus le bon(vérifiez de temps à autre si vous êtes toujours dans le 'ce qui se fait" c'est importantissime ! ) L'art conçu comme un produit ordinaire. C'est ça qu'il faut faire... Produit donc, pas créé.Est-ce encore de l'art, à ce compte ? c'est une question qu'il vaut mieux ne pas (se) poser.
6-Sous estimez (sic) le prix de ses œuvres.
7-Surévaluer le prix de ses œuvres.
Je commenterai ces deux dernières tout ensemble. pour les arts cotés et notamment la peinture , il existe des barêmes; mais s'évaluer justement demeure mission impossible sauf pour les cotés officiellement . Pour le reste ,le vulgum pecus qui ne l'est pas, coté, moi qui suis aussi - quand je le peux - acheteuse d'oeuvres- je vois bien que le prix c'est un peu au hasard Balthazar . Et j'achète selon mon budget et mes coups de coeur .Je me fous de la notoriété, la mienne comme celle des autres. Je l'ai dit mille fois : c'est une affaire d'amour pas de spéculation. On devrait TOUJOURS acheter une oeuvre parce qu'on l'aime la choisir comme on choisit un ami. C'est ce que je fais. Il est vrai je ne choisis pas non plus parce que ça va bien avec la couleur des murs de telle ou telle pièce de ma maison ..Tant d'artistes m'ont raconté le coup du "tu peux pas me faire le même en bleu ? parce qu'en vert, chez moi ça jurerait ..) .La coutume veut que le temps de l'artiste ne compte pas (ce préjugé nobiliaire qui fait que l'artiste ne doit à aucun moment se donner l'allure d'un banal artisan pfft !!mais en même temps se comporter comme un commercial de ses productions , consumérisme oblige., débrouillez-vous avec ça. . Je passe sur l'impossibilité qui existe à évaluer des arts pas jugés Beaux-arts ... qui comme le mien ont le cul entre deux chaises . On créée des oeuvres uniques, jaillies d'une imagination, par les moyens d'un medium et de diverses techniques, mais le medium déjà les déclasse. . et les évaluer devient parfois kafkaïen comme expliqué ici . Lien vers pourquoi je reste amateur
8-Refuser de participer ou d’être volontaire lors de manifestations concernant l’art.
NB - Faut déjà qu'on y accepte votre art . Avec un des miens, c'est pas gagné ! Il ne figure dans quasi aucun appel à candidatures.
Lesquelles ? L'art conçu comme une participation au "social" quoi .? L'artiste englué dans son temps ou l'artiste intemporel ? Moi j'ai choisi . De plus j'ajouterai que la récupération des malheurs de notre époque, des "causes" au profit de son oeuvre pour se montrer militan , généreux, compatissant, bien inclus dans les "problématiques" de son temps etc. dans la mêlée -apparemment- pas narcissique trop, quoi, je veux bien. J'aime mieux quand ça va jusqu'à vendre ses oeuvres au profit des grandes causes qu'on dit illustrer ou défendre ...Bref si les actes et les professions de foi coïncident. si on est sincère, ça passe, mais passera aussi la mode de ce sujet sociétal-là et dans dix ans voire moins on se demandera parfois pourquoi, le lien sera imperceptible.... .On peut aussi centrer son oeuvre sur des sujets moins connotés contemporains socio-politiques et tous les marronniers qui fleurissent à cet égard (c'est aussi une merveilleuse source d'inspiration pour qui est à court d'idées personnelles ) et aider à côté là où besoin est d'une autre manière. On peut être un artiste "art pour art" et un humain engagé .. aider ailleurs.et autrement; et même discrètement . Et si je ne l'avais pas fait je ne sentirais pas le droit de le dire.NB : je ne refuse pas, en ce qui me concerne quand ..je me sens moi, concernée mais ma liberté d'abord. Du reste je sais pas créer sur injonction. La broderie de Philomèle qui illustre cet article notamment a été conçue pour illustrer un article de revue protestant contre les violences faites aux femmes. Mais je l'aurais faite un jour ou l'autre... ce mythe me tenant à coeur!
9-Eviter le monde du business et les évènements des réseaux artistiques.
Plongez-y à fond donc. Je vous observerai depuis le rivage; S'il vous reste ensuite assez de temps d'energie et de concentration pour, revenu de cette foire aux vanités, créer vraiment une vraie oeuvre (pas un produit !) vous me direz !! Il n'est pas sûr du tout que par ce moyen vous ayez plus que le quart d'heure de gloire dont parle Warhol, ce qui certain c'est que pris par le courant des inévitables mondanités et snobismes et' ce qui se vend et qui plaît, .vous risquez bien de passer à côté de votre oeuvre , la vraie, l'authentique celle qui vous correspond et émane de votre être profond pas des sirènes du monde du buisness qui, on le sait corrompt tout ce qu'il touche puisque c'est le profit , la rentabilité ses axes de vie; pas le diable ; certes, mais qu'on s'en serve pour vendre du papier toilette alors pas des oeuvres d'art. C'est mon avis net et là je ne fais pas dans la dentelle ! Pardon si je choque.
Cela posé oui il vous faut un réseau si vous voulez montrer et vendre , mais l'amical et celui par affinités dites électives et sélectives aussi parfois, s'il ne procure ni gloire, ni cote est, je peux en attester tellement plus enrichissant (y compris pour votre oeuvre . par les rencontres et partages desintéressés niveau fric mais intéressés et intéressants niveau démarche.. ).10-Ne pas continuer à se former sur les techniques artistiques et sur la commercialisation de son art.-
Les techniques OK, et celles du passé aussi Il est bon de suivre ce qu'il est convenu d'appeler "innovation" -et qui en sont rarement, du reste- mais quel rapport entre les techniques et la commercialisation ? L'art conçu comme du high tech ? Seul ce qui serait commercalisable vaudrait ? c'est là que je m'écrie comme Philaminte : "Mon Dieu que cet esprit est d'un étage bas !"Soyez plutôt comme Janus un oeil tourné vers le passé-on a créé dans votre art avant vous- et l'autre vers l'avenir en connaissance du présent mais pas forcément pour suivre. Ne suivez jamais les autres, mais vos instincts à vous, vos envies vos appels ! Sauf évidemment si ça coïncide ...Cela vous fera un joli prétexte !
11 -Négliger de mettre à jour son site web avec ses dernières créations.
Rien à dire voir réponse au 4
12-Trouver des excuses pour dire que son travail ne se vend pas et les mettre souvent en avant.
Là je ris dans les expos où je suis invitée, il arrive que je refuse de vendre . D'ailleurs ça vous rend désirable, si vous saviez ! Et j'ai vendu un tableau à ma première exposition à Paris en galerie d'art . Vous voyez je ne prêche pas "pour ma paroisse" tout à fait. et je parle ni en aigrie ni en amateur qui ne e serait jamais frottée au vrai monde de l'art. Mais je ne crée pas "pour vendre" .Je crée pour faire exister quelque chose sous cet aspect-là, et qui sans moi n'existerait pas, analogue certes à d'autres oeuvres, mais singulier par mes choix propres . . et c'est un droit absolu que je revendique. Je le paye et de la difficulté à montrer mes oeuvres, - du mépris de certaines "arrivées" , de l'indifférence, d'un certain nombre d'incompréhensions . qu'on a pour l'amateur quand on se dit "pro" etc pour la non contemporaine et la non conceptuelle que je suis aussi. . Je rappelle aussi que j'ai demandé qu'après moi tout ce que mes enfants ne voudraient pas garder soit vendu au bénéfice de personnes qui en ont plus besoin que moi . choix fait aussi ya lontemps étant donné qu'aucun lieu de conservation ne s'encombrera des chiffons d'une quasi inconue . . La seule raison qui me pousserait à me promouvoir pour donner valeur marchande à ce que je fais serait celle-là : avoir plus d'argent pour ceux qui manquent du nécessaire. . Naturellement, on n 'en croit rien quand je le dis, mais pourtant, c'est ainsi .
13-S’excuser pour son art – dire que vous n’êtes pas réellement un artiste.
Oui mais si vous dites que vous en êtes un ou une on vous dira "auto-déclaré" ou outrecuidant ; J'ai testé. Si vous être amateur, surtout suivez ce conseil : affectez une fausse modestie. Vous pouvez aussi expliquer que ce n'est pas un titre de noblesse ni une plus value et qu'il vaut mieux être bon artisan que mauvais artiste ! Vous pourrez aussi -et c 'est ce que j'ai fait- attendre que des personnes autorisées vous "adoubent" . Ces choses-là fonctionnent par cooptation interne!Vous ne ferez pas l'unanimité, mais ça garantira votre modestie officielle! Du moins le temps que les critères ayant présidé à votre adoubement sont en vigueur. C'est pas garanti à vie.
Soyons sérieux; c'est quoi un artiste ?
14-Qui a besoin de marketing ? Vous n’êtes pas commercial !
Non précisément, mais l'auteur de ces conseils, lui l'est. Le but est de vous persuader que vous avez besoin de lui pour vous vendre. et il a raison si vous voulez vous vendre hélas vous êtes dans la spirale du consumérisme. Peu ou prou !
15- Critiquer les personnes qui ne comprennent rien à votre travail.
Ne les critiquez pas;. Soupirez. Personne de toutes façons ne vous comprendra jamais, même vous-même ! Non sans blaguer le monsieur a raison là . Expliquez, montrez et acceptez d'entendre le contraire de ce que vous aimeriez qu'on vous dise. et même si on veut acheter un livre d'art textile brodé main en soie et tissus fragiles pour en faire un doudou pour un bébé -ça m'est arrivé- souriez, ne vous fâchez pas . ça part d'un bon sentiment (ceux dont l'enfer est parfois pavé mais c'est une autre histoire) . Du reste si vous créez surtout pour vendre, à quoi diable vous servirait d'être compris ? On ne peut pas tout avoir , non plus!
16-Avoir un atelier désorganisé et désordonné.
et Bacon alors ??Là je suis morte de rire. On peut être artiste et aimer le bordel organisé. Moi dans l'ordre je ne crée rien je me sens dans un cimetière ou une clinique. . Vient-on voir un atelier en bonne ménagère ? Ou en respect des modes de créer de l'artiste ? J'en sais de très grands (quoique pas universellement connus) dont l'atelier est un géant foutoir organique sinon organisé ! Rangez au millimètre si c'est votre nature , laissez du bordel si ce n'est pas . le cas. Vous êtres maître chez vous et vraiment on juge votre oeuvre à cela, je dirai jugez , vous, les critères de ce jugement inadaptés voire mesquins et étriqués !
17-Accepter l’échec – vous convaincre que votre art est un échec.
C'est quoi l'échec ?
Il y faudrait une dissertation et relire Beckett , aussi.
Un échec parce que vous ne vendez-pas ? ce fut le lot de tant de grands ..on sait bien quand même que l'échec commercial n'est que ce qu'il est : commercial. Le succès quantitatif n'est une preuve de rien, des oeuvres plébiscitées à un moment tombent dans l'oubli le plus total le lendemain .
Si l'échec en revanche veut dire : avoir le sentiment que ce que vous faites est médiocre, que vous n'arrivez jamais à ce que vous voulez ... le doute perpétuel a saisi les plus grands qui du reste n'étaient pas forcément des tiroirs-caisses (enfin , pas tous!!) . le sentiment qu'on peut toujours aller plus loin sinon faire "mieux" approcher de ce qu'on voudrait vraiment et qu'on n'atteint jamais -parce que c'est comme l'horizon ça recule au fur et à mesure ça peut être très stimulant aussi , acceptez et accueillez cet "échec-là".
La réussite d'une oeuvre par apport à votre visée, à vous, n'a rien à voir ni avec l'accueil qu'elle pourra avoir, ni avec le fait qu'elle se vende ou pas. Savoir ce qui vous conduit : avoir des compliments, voire des papiers de critiques , ête hypersollicité là où ça expose dru en ce moment , là où c'est prestigieux, ou encore approcher sinon atteindre votre "inaccessible étoile !" . Si vous étudiez par exemple l'art au XIX° siècle celui où les marchands d'art ont commencé à se manifester, vous verrez qu'il ya des carrières très réussies à l'époque d'artistes ayant pignon sur rue et qui aujourd'hui sont complètement oubliés dont on juge les oeuvres accessoires .. D'autres qui galéraient sont devenus célèbres après leur mort. On trouve tous les cas de figures possibles. Donc cette notion d'échec, il est important de réfléchir à ce qu'on entend par là et croyez-moi c'est une spécialiste de l'échec réussi qui vous parle et qui a eu le temps d'y réfléchir en 40 ans de pratique. Echec sociétalement et dans son siècle (et surtout dans a corporation!) mais épanouissement dans son oeuvre protéiforme. Et honnêtement je préfère mille fois cela à l'inverse. si on a les deux, tant mieux, j'applaudis bien volontiers. Mais pour moi ce n'était pas possible et je l'ai toujours su. Voyez si ça l'est pour vous.
18-Ignorer les délais.
Là d'accord, s vous avez pris un engagement tenez-le. Dans tous les métiers du reste et même dans la vie de tous les jours.19-Laisser tomber trop vite.
Je suppose qu'on veut dire "à tenter de se vendre et de se faire une place sur le marché" , on peut aussi voir les choses autrement ...
D'accord, il ne faut jamais renoncer mais ..à créer par découragement justement de pas "se vendre" ., de ne pas "plaire" à suffisamment de monde . A l'à quoi bonite, quoi . C'est inutile de le dire à qui crée par amour de son art, c'est une vocation si impérieuse ,une nécessité si profonde quu'il le fera; mais il faut s'entendre sur ce qu'on "laisse tomber". Pour ne pas laisser tomber l'essentiel, il faut mettre à l'écart tout ce qui pour vous, ne l'est pas.Ce que je vous dirai c'est que lorsque d'entrée on renonce à cela : se promouvoir, on a une liberté si précieuse et totale qu'elle vaut, si on se place hors optique commerciale, justement ,tous les prix, les ventes les évaluations et que de plus ça n'empêche pas d'être au moins un peu reconnu. Reconnu c'est à dire compris, senti, apprécié pas parce qu'on dit que ça vaudrait mais parce qu'on aime , tout simplement qu'on se sent en accord en harmonie avec votre oeuvre, et non d'être aimé pour votre renom, dans l'ignorance totale ou presque de votre travail de ses visées et démarches; songez que les très célèbres n'ont pas toujours cela qui pour moi compte tellement .que je ne l'échangeraisi au prix de nulle gloire ou gloriole fugitive. Quelqu'un qui est très riche ne saura jamais si c'est lui qu'on aime ou son argent, un artiste qui perce ignorera toujours ensuite pour peu que ça dure (ce qui n'est pas non plus certain) si on l'aime parce que ça fait bien d'en parler et de le connaître (de faire semblant de..) que d'approcher ses oeuvres pour elles-mêmes en oubliant tout le reste. Idée que j'ai bien du mal à partager, mais à laquelle je tiens même si elles est si contraire aux moeurs de notre temps, et très paradoxale .Et que même on croit que je triche quand je la dis. Mais moi je sais que je suis sincère. Pas naïve. Sincère.
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Ne t'occupe pas de ce qu'on en dit...ou le Sisyphe heureux
- Le 22/12/2022
Est un conseil qu'on me donne souvent sur Facebook .
- Continue .
Mais c'est un peu à côté de ce que je veux faire comprendre. Il n'a jamais été question que je me décourage ou m'arrête .
Je réponds invariablement de choses comme cela"
Je ne sais pas si je suis artiste ni poète quand je lis ce qu'il "faut" être pour être rangée là .Ceux qui en jugent, je ne sais pas quelle science exacte ils possèdent pour en avoir l'air si sûrs . Moi je ne suis jamais sûre de rien, à cet égard . Pour un ça vaut, pour l'autre c'est de la m.. (ça m'a été dit tel quel) Qui a raison ? Les deux se croient autorisés à en juger .Ils le sont puisqu'on leur reconnaît cette compétence même en des arts où ils ne savent rien .. . Je ne m'en soucie pas , je regrette juste que cela exclut souvent de murs pour montrer car ce jugement des autres(pairs et experts en tête autoproclamés souvent eux aussi !) dont on dit qu'il faut se moquer c'est bien joli mais la possibilité de partager ce qu'on fait en dépend, on le sait aussi . ,On est obligée de rester "confinée" dans un cercle intime mais finalement ce n'est pas plus mal . Peu de regards mais des vrais . J'ai l'air d'en souffrir , c'est surtout par rapport aux préjugés sur deux de mes arts de référence : le patchwork -le mot fait toujours ricaner- et l'art numérique "où l’ordinateur fait tout" . Qu'on imagine un peintre à qui on dirait à chaque fois que la peinture est juste un artisanat ou un aimable passe-temps alors qu'il crée ..ou u photographe à qui on dirait "ah mais tu ne l'as pas dessiné toi-même ouh, la honte !" .. c'est mon quotidien quand je montre . Mais il n'est pas question que ça me bloque -il suffit de voir ce que je publie ici et sur mon site- ou que je suive autre chose que ce que je sens nécessaire et essentiel pour moi . Je râle juste contre des préjugés qui souvent pésent lourd sur la considération qu'on a pour .
Car exercer un art reconnu comme art et un qui ne l'est pas eh bien non ce n'est pas du tout la même chose.. Le moindre gribouilleur sur papier s'il dit : "je dessine ou je peins" on lui sert de l'artiste à la louche. Moi c'est mémère qui occupe sa ratraite . Nuance de taille. Qui , de plus, a des "pretentions" ou qui souffre de "mal de reconnaissanc" . pas pour moi seulement , bon sang mais pour mes arts pour la preuve que j'ai toujurs à faire que c'en est un déjà . Et sans jamais y parvenir que partiellement, ponctuellement .sans que côté culture générale et choses admises "parce que c'est comme ça" ça change d'un iota, queles que soient mes efforts. Un côté mythe de Sisyphe. Mais je suis un Sisyphe heureux ! Parfaitement en phase avec ce que j'ai choisi de faire (ou qui m'a choisie pour que je le fasse, allez savoir !) .
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Une découverte historico-littéraire
- Le 03/12/2022
J'aime flâner chez les bouquinistes y compris ceux en ligne . c'est là que cherchant autre chose (souvent des vieux livres de broderie !) je tombe sur une couverture style roman populaire ou de colporteur (la maison de mes parents en abritait un bon nombre) vous savez de ces textes qui étaient lus, parfois par beaucoup de monde -mais hors intelligentsias et parisianisme- à la fin du XIX° siècle et au début du XX° .
Le titre déjà était accrocheur : comment? pourquoi ? Journal d'une calomniée . Particularité le texte est anonyme. Un texte anonyme publié dont l'auteur semble être une femme , voilà qui était déjà intrigant.
N'eût été que cela, je ne m'y serais point attardée . Mais il y avait aussi le scan de deux pages . Et les lisant j'ai ressenti comme un appel voire un choc. Le style d'abord sans fioritures .Direct. J'oserai dire presque actuel si les auteurs qui écrivent pour "témoigner" de nos jours, savaient aussi bien manier notre syntaxe .et usaient d'un vocabulaire plus étendu.
Dès que j'ai lu le livre, j'ai été confirmée dans ma première impression, aucune faiblesse dans aucune page. Une fermeté de plume, d'analyse, de soi, des proches, de la situation même dans les égarements de la souffrance parfois hallucinatoires.
L'éditeur Felix Juven dans la présentation dira avoir reçu ce manuscrit anonyme signé de "trois larmes" -sic' et avoir décidé de le publier pour ses qualités littéraires, mais aussi pour donner parole à qui n'avait pas été entendue. Il a eu amplement raison , à mon avis. Il fait aussi allusion à une "affaire". L'édition date de 1905.
Ce journal est plutôt une confession qui prend la vie de la narratrice à ses débuts de femme. Veuve avec une fille de 11 ans elle a épousé un professeur d'histoire, doté d'ambition politique. Un amour qu'elle décrit sans ambages, une sorte amour vache, dirait-on aujourd'hui , mais qui selon elle, persiste malgré sa "jalousie". Fondée semble-t-il.
Elle se décrit sans complaisance, ce qui est déjà remarquable, et sans fausse modestie; non plus.
Elle reconnaît ses ambitions , qui sont grandes . "Je suis belle" écrira-t-elle plusieurs fois mettant en regard les descriptions peu flatteuses de la presse à scandale de l'époque. Car cette femme se dit mêlée à un crime , qui pourrait être politique ...Son mari a été retrouvé mort asphyxié dans son cabinet. Il est question aussi de détournement d'argent; et de relations incestueuses entre le mari et sa belle-fille.D'autres turpitudes aussi de la part du monsieur. Les pages où sont analysés les sentiments ambigus et contradictoires, fluctuants surtout, de cette mère -qui se dit froide- envers sa fille rivale mais rivale aimée et aimante toutefois, mal mariée elle aussi ,les cheminements d'une âme partagée entre colère et acceptation presque pour son "confort", sont à mon avis ce qui plaide pour l'authenticité de ce texte (et d'une lucidité remarquable dans l'analyse de ce qu'on appellerait aujoud'hui "ressenti".) La veracité des détails aussi quand elle décrit la reconstitution du crime .Un esprit très caustique aussi à l'égard des milieux qu'elle fréquente. La manière dont elle déchire une rivale potentielle traitée de bas bleu "elle a tant marché qu'il lui en reste des varices qu'elle couvre de sa littérature) p 88
La narratrice ne mâche pas ses mots,entre vitriol et scalpel fût-ce à son égard, à elle. On la sent aussi osciller aussi bien envers son époux que sa fille entre une rancune parfois haineuse dictée par la jalousie -elle ne le cache pas, ne se dédouane pas - et un amour quasi addictionnel . L'époux, lui est décrit comme à double visage ce qui reste très crédible , homme honorable et admiré désigné même comme un "héros" sans qu'on dise nettement pourquoi , mais sur le point d'être lâché par les siens car frôlé par deux scandales un soupçon de détiurnement de fonds et ce soupçon d'inceste. Cela a suffi pour qu'on conclue au suicide "probable" . .Mais ledit époux donc tripoterait sa belle fille (elle avait 11 ans lors du mariage de sesa mère) et sa femme dit l'avoir surpris dans des ébats ancillaires (elle s'afflige moins d'être trompée que du mauvais goût de son mari !) Bref l'époux meurt, on le retrouve asphyxié près de sa cheminée, mais dès avant le fait , l'auteur de cette confession haletante fait état de ce meurtre dont elle se dit "accusée" . Et le but du livre est donc d'expliquet "comment" et pourquoi c'est possible car selon elle son mari n'a pas été assassiné (quoiqu'un moment on soupçonne ses adversaires politiques) mais il ne s'est pas non plus suicidé. Alors comment ? pourquoi ? il faut attendre les dernières pages pour le savoir, selon du moins la version de ce livre singulier et bien que le texte soit difficile à trouver, (il reste trois exemplaires chez un vendeur américain de livres d'occasion) je ne veux pas gâcher la découverte de lecteurs éventuels. L'explication fournie est du reste psychlogiquement plausible , mais ....personne ne l'a crue.
A partir delà , j'ai evidemment voulu savoir d'abord si c'était une histoire vraie .Une telle relation aurait pu être inventée et demandée par l'éditeur à un écrivain professionnel (l'histoire devait être "vendeuse") , et même si c'est le cas , reste que je me demandais, aussi et surtout de quelle affaire il s'agissait. A quoi ce texte fait-il allusion ? Car tout y est crypté . Les prénoms sont changés, les noms propres sont voilés (elle use de périphrases) sauf le chimiste Berthelot et Zola évoqué dans un détail assez cru ... J'ai donc cherché trace en vain dans la presse écrite de l'époque . Je suis arrivée à identifier le "tyran" c'est à dire Emile Combes qui au moment des faits présidait le conseil depuis 1902 et le bloc des gauches vainqueur aux élections de la même année. Une autre édition me donna un indice : là le texte était sous titré "la vérité sur l'affaire S. J'ai eu l'idée de chercher le mode d'assassinat 'asphyxié dans sa cheminée" et là bingo : je tenais notre homme et toute l'histoire . Il s'agirait de Gabriel Syveton (Pierre dans le livre) , qui fut professeur d'histoire et membre d'une des nombreuses ligues d'extrême droite anti dreyfusarde de l'époque (la sienne ne se voulait pas antisémite ) . célèbre pour avoir giflé un ministre de la guerre à la suite de l'affaire dite des fiches. .. L'histoire est là . Tout concorde. Les dates, les faits.
J'ai recoupé avec d'autres articles il existe plusieurs livres d'historiens ou de journaliste sur le sujet.Aucune mention n'est faite de ce texte qui étant publié aonymement et "à clefs" , pouvant être apocryphe, n'était pas susceptible d' être pris en compte "scientifiquement." Jean Jaurès se fendit d'un article dans l'Humanité dont le manuscrit est encore en vente .. En 1934 on parlait encore de cette affaire, vu la situation , et au moment même des faits elle semble avoir largement alimenté la presse de l'époque (les "nouvellistes" dont la narratrice se plaint !!) . On peut d'ailleurs voir sa photo et celle de sa fille sur la page de wikipédia et on constatera qu'elle n'a pas menti sur sa beauté .
Reste ce texte, le drame de cette femme,vrai ou fantasmé, et de sa fille. Cette confession est émouvante sans trop sombrer dans le pathos (sauf quelques élans dans le style déploratoire de l'époque ) . Sa vérité, à elle sur les faits, les policiers (la scène de la reconstitution du crime est un chef d'oeuvre de réalisme psychologique, ) ) . Il ya aussi en filigrane l'histoire de cette période et la troisième République (que je connais mal ce fut l'occasion de la revisiter) , les clivages abrupts gauche/ droite qui ne sont pas sans rappeler d'autres temps, un pays encore ébranlé par la guerre de 70 , la répression de la Commune, les luttes entre laïcs et eligieux, et surtout la récente affaire Dreyfus. Tout cela sous la plume de la probable Madame Syveton s'anime et vit. Bien des romanciers de profession sont moins passionnants que cette femme qui dit ne pas savoir écrire...
Une voix de femme qui vraie ou reconstituée donne un texte qui mériterait d'être réédité -si les droits le permettent le texte est anonyme, il est vrai et vieux de plus de 70 ans -- si possible par quelqu'un qui pourrait le diffuser. Moi je ne peux, je n'ai ni notoriété , ni relations, ni autorité, juste mon enthousiasme "littéraire" qu'on jugera peut-être excessif ! Mais je lance l'appel ... et je suis certaine que cela se lirait aisément et que ce texte parlerait à mes contemporains!
Ci dessous quelques pages du texte pour se faire une idée.
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Chères vieilles choses, livre textile
- Le 29/10/2022
Chères vieilles choses ou 40 ans d'amour de l'assemblage des étoffes ...
Surtout quand rien n'est au départ assorti ! (j'ai toujours détesté viscéralement les assortiments spécial patchwork ! les kits et le pré-choisi )
Pour fêter mes quarante ans d'assemblage textile -assemblage pas forcément "couture normée", j'ai élaboré cet album autour de fragments de patchworks restant des ouvrages terminés , mais aussi de débuts d'ouvrages qui n'ont pas abouti sauf à cette page . J'y ai adjoint un peu tout ce que j'aime : des broderies blanches (pas faites par moi), des restes de vieux napperons récupérés dont les fils parfois ont déteint , des broderies personnelles créées comme "échantillons" , des dentelles et des boutons... alliant mon travail à celui d'autres inconnus ..et le passé dans mon présent.
Après la perfection à couper le souffle de l'album de Gabrielle montré dans l'article précédent , et qui ne suscite guère de regards ni d'amiration sauf outre manche et outre Atlantique, (pauvre Gabrielle !) , j'avais quelque scrupule à montrer mes pages imparfaites qui comme d'habitude échappent à un calibrage trop strict et plus encore à l'équerrage. ... et ce n'était pas le but de l'ouvrage . Pas une collection pour montrer ma maîtrise, mais une promenade dans diverses créations abouties ou inachevées.
Il fallut donc pour chaque page composer avec de l'extrême hétéroclite . Bien sûr la couleur y a aidé et le blanc qui est un des liants les plus "faciles" -mais à dire vrai c'était moins pour cette raison que je l'ai utilisé que pour mon amour des broderies blanches et du travail de blanc, avec toujours une pensée pour les brodeuses qui les ont réalisées ou, quand il s'agit de broderie mécanique, les ouvriers qui y ont contribué (ce qui a permis que ce textile-là que j'utilise existe) . Morceaux choisis à l'instinct au feeling comme on dit. ça avec ça parce que je le sentais et voulais ainsi.
Et comme c'est un livre , plutôt que des numéros , je voudrais à ces pages donner des noms. Chacune a son histoire. J'en conte ici quelques-unes.Il y a d'abord les deux pages consacrées aux quilts perdus . Le bloc (carré ou fragment) restant est donc est parfois tout ce qui en reste . L'histoire du coffret rose est racontée ici . La page s'est organisée autour de ce vestige et du souvenir de ma mère à qui il fut offert pour son avant dernier anniversaire. Et qui disparut mystérieusement jamais retrouvé à son décès.
IL ya aussi la page du quilt disparu dans un incendie, d'après le bloc dit Monkey Wrech ; de celui-là il me restait pas mal de blocs j'en ai élu un pour la douceur de ses tons pastels . Le quilt entier est visible dans l'index lettres H-I. Le quilt a été détruit dans l'incendie de la maison des amis à qui il avait été offert. Depuis la maison a été reconstruite et un autre quilt a pris sa place .
Certains ouvrages sont centrés autour d'une couleur , le rouge assez souvent . ils aboutissent ou non . Cette page comporte un début de quilt datant de mes essais d'utilisation du logiciel Quilt-Pro, je m'amusais beaucoup avec les formes . (années 98-99)
Et puis il ya les restes de quilts finis et qui exisent encore , eux, ici ou chez des proches ; Par exemple la page avec les feuilles rappelle le quilt "feuilles en folie" : (index lettre F )
Et celle consacrée aux coeurs contient un fragment du quilt Jardin d'amour et un autre d'un projet abandonné qui sera peut-être refait en "rogaton" . (lettre J1) ;
Il ya aussi la page du tissu "petit Chaperon rouge" , l'histoire du quilt "loup y es-tu " est racontée dans le livre Jeux d'étoffes. ! . Ici le tissu utilisé est un tissu de reproduction retrouvé plus tard , le quilt lui a été bâti autour du morceau d'origine , cette étoffe,je l'ai appris plus tard- a eu beaucoup de succès (d'où les rééditions avec dessins à échelle réduite) :
J'aimerais revenir sur la couverture , dont l'assemblage a été fait dans mes tout débuts au commencement des années 80 avec des tissus qu'une collègue lilloise et professeur de travaux manuels allait glâner pour moi dans les poubelles des usines textiles (las aujourd'hui fermées pour la plupart) . Début de ce qui sera une grande collection toujours en mouvement ..et une aventure comme un voyage .... ce fameux vocabulaire textile riche et varié qui m'est indispensable . -Je n'ignore pas qu'on peut créer tout aussi valablement sans, mais c'est ma manière!)
Les broderies, motifs ajoutés sur d'autres étoffes, le blanc souvent "sculpté" en bas relief par les broderies , sont un peu comme les citations dans un texte. il me frappe aussi que les blocs de patchwork ne parlent pas du tout de la même façon dans un livre et un composition autre que dans un quilt et je persiste pourtant à demander qu'on lise mes quilts comme des pages juxtaposées mais aussi des pages qui se recoupent et s'enchevêtrent et quae l'oeil peut donc découper à sa guise; cet aspect-là du patchwork n'est quasi jamais étudié puisqu'on le juge comme de la peinture (et qu'on tend depuis 20 ans à l'y faire ressembler) . J'y reviendrai plus tard. Les livres sont - tant mieux ou hélas pour moi qui aime à faire les deux- infiniment plus à la mode. Pour moi c'est deux manières différentes de publier une expression textile par assemblage. Et là la joie pure de composer et d'assembler ces 20 pages ....
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L'album merveilleux de Gabrielle
- Le 13/10/2022
On le sait je suis collectionneuse, et notamment de cahiers ou exercices de broderie et couture. J'en possède un certain nombre, cahiers d'écolières , mais aussi d'apprentissage professionnel . J'en ai montré , ici ,plusieurs . J'ai trouvé récemment sur un site de vente aux enchères ce trésor .
C'est un album relié comportant une vingtaine de pages, chacune présentant un travail de broderie ou couture, quelques pages vierges à la fin qui ne sont pas des manques (rien n'a été décollé) réalisés par une certaine Gabrielle Gruson en 1888 au pensionnat des dames de Saint Maur d'Armentières. Pourtant on ne dirait pas un cahier scolaire (pas de notes, pas d'appréciations) et c'est présenté comme un album de collection comme si la jeune fille avait voulu rassembler les réussites d'un impeccable apprentissage .
Car la qualité d'exécution est d'une perfection à couper le souffle surtout sur des formats si petits (de l'ordre de 10 cm de haut). Les photos de détails agrandis trahissent un peu cette impression d'extrême finesse . A l'oeil nu, en grandeur réelle, c'est époustouflant ! Les toiles utilisées comme support sont extrêment fines (du linon probablement ) et même la broderie d'or qui clôt le travail textile est faite avec des cannetilles minuscules .
C'est surtout ce don pour la miniaturisation qui ici est remarquable. Qui s'est essayé à coudre une robe de mannequin pour une poupée Barbie sait combien il est difficile d'être précis et minutieux dans du si petit. De plus tout est monté avec un soin extrême les échantillons sont encadrés de dentelle (parfois frebrodée) , collés sur du satin uni lui-même tendu sur un carton . C'est impeccable ! Une majorité d'échantillons est consacrée à la broderie blanche ou au travail sur tissu blanc (plis notamment avec jours et broderies) . J'ai craqué pour ce joli motif de toile d'araignée ( 1cm et demi en taille réelle) .
Mais toutes les pages sont intéressantes de ce travail au blanc . J'en montre ci dessous quelques-unes en leur ensemble :
Parfois les broderies blanches et insertions de dentelles sont rehaussées de broderies de couleur :
Il ya plusieurs samplers aux points de croix tous très harmonieux au niveau du choix des motifs et des couleurs restées très fraîches pour un ouvrage de cette ancenneté :
Quelques détails (agrandis) :
Et v ce merveilleus mini alphabet, 10 cm environ de hauteur totale les lettres sont minuscules et le tissu très très fin
Quelques exercices de pose de pièces en couture dont une sur motifs avec des raccords qui doivent coïncider de manière à rendre la réparation moins visible.
Des échantillons de crochet, certains sont restés libres dont le petit bonnet qui fait 3 cm de haut !
Des "découpis" ces motifs découpés cans un carton perforé qui imitent les motifs brodés :
Et merveille des merveilles quatre petits vêtements (hauteur moyenne 12 cm) faits main avec un soin qui défie toute concurrence , les points sont minuscules les finitions impeccables C'est fait main naturellement avec coutures anglaises et rabattues) on imagine la dextérité nécessaire pour poser une patte de moins de 2 cm sur un si petit vêtement . La broderie anglaise du petit corsage est elle aussi faite main (sur une largeur d'un centimètre et demi j'ai agrandi pour voir !) .
Quelques détails des finitions :
Vous imaginez mon extase et mon émeveillement . Et je n'ai pas tout montré !
. J'ai cherché sur es sites de généalogie qui pouvait être cette Gabrielle aux doigts de fée , ce pourrait être celle née en 1872 à Armentières elle aurait eu 16 ans au moment de la réalisation de ces travaux et décédée hélas l'année de ses noces à Reims en 1905 . Ou une autre du même patronyme née en 1875 ce qui fait 13 ans pour ces travaux et dont la trace s'arrête là.(cela me semble un peu jeune pour une telle maîtrise de la couture,mais tout dépend de l''âge où on a commencé) .
J'ai voulu partager un peu de ce trésor (bien plus beau en réalité qu'en photographies) . Toutefois si une amie brodeuse voulait refaire un sampler ou une broderie qu'elle me le dise, je pourrai reprendre des clichés !
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Modèles: une expérience de créatrice
- Le 28/09/2022
- Dans présentation
Je voudrais évoquer ici une expérience en liaison avec l'article précédent Modèles.
Ma première phrase sera pour regretter que dans notre pays, réaliser des modèles pour des revues de loisirs créatifs soit se déconsidérer, trop souvent, au plan artistique.C'est vrai ça ne fait pas très intellectuel, ni prestigieux , ça ! Les vrais artistes textiles, souvent plasticiens de mixed media ne s'abaissent pas à cette sorte de transmission permettant la reproduction de leurs oeuvres A la rigueur ils organisent des stages, ou écrivent des livres. pour livrer quelques "recettes"censées rendre "créatif" . Quelque chose qui peut se "reproduire" n'est pas à leurs yeux digne du titre d'oeuvre d'art (c'est oublier les faussaires ! et tous ceux qui imitent pour s'entraîner ! ) mais chut ne mélangeons pas une fois de plus torchons et toiles de maître , l'ouvrage dit de dames et les Beaux-arts.
J'aime bien , on le sait, titiller les préjugés ordinaires et universellement admis, lorsqu'ils me semblent non justifiés.
Ce n'est pas le cas aux USA ou au Royaume-uni où il n'est pas rare dans les revues on voit passer le nom d'une artiste reconnue (et qui expose parfois en galerie ou musée ) .Il n'y a pas ce clivage, ou du moins pas autant. La remarquable revue de broderie britannique Stitch à laquelle je fus longtemps abonnée est un modèle du genre qui allie aussi tradition et modernité . Un autre esprit!
J'avais déjà donné à la revue Les Nouvelles du patchwork -dès 1992-une petite dizaine de modèles , mais là je fournissais juste les photos et les rédactrices se chargaient du travail explicatif et des schémas. Et ces modèles étaient fournis gratuitement, tout le monde étant bénévole. Et puis, on a mis huit ans pour publier mon quilt Patience dans l'azur et j'ai compris à mi-mot ("les temps changent" m'avait-on dit ) qu'on n'en voulait plus, là que j'étais has been, sans doute . La mode ne m'intéressant pas en art ni en littérature, j'ai suivi mon chemin .Fin 2007 quand la revue Creation patchwork m'a demandé des modèles , comme pigiste, j'ai un peu hésité .D'autres relations contactées aussi, ont refusé pas assez prestigieux pas assez remunéré. On a même parfois sous entendu qu'on recrutait vraiment n'importe qui. Sympa pour moi ! On n'évite pas ces rosseries un tantinet mesquines.
Et puis je me suis rappelée que j'avais appris à broder et à coudre des robes grâce à des magazines. puis le patchwork non pas en copiant les modèles des autres mais en y apprenant les techniques et en m'imprégnant aussi de ce à quoi j'avais alors accès.
J'estime que lorsqu'on brode, il vaut mieux savoir maîtriser les points de broderie et explorer tout ce qu'on peut exprimer avec eux. Mais pas forcément dans une optique de perfection normée , mais d'expression personnelle. Mais pour explorer un point il faut en connaître l'existence et savoir d'abord le faire ordinairement, si je puis dire, avant de tenter d'en faire autre chose, c'est même à mes yeux ce qui fait la différence entre un(e) artiste qui sait son art et en joue , et un(e) autre qui fait du salopé ou du maladroit parce qu'elle ne sait pas faire autrement.(il est vrai si ça colle à ce qu'il ou elle veut dire, rien à reprocher, je ne fronce les sourcils que lorsque cela semble donner une plus-value ) , De même quand j'écris, j'aime disposer et d'un vocabulaire précis et riche (même si je n'en use pas toujours!) et maîtriser suffisamment les subtilités syntaxiques de notre langue . Pour écrire si j'ai beaucoup appris de l'imprégnation par la lecture et l'analyse d'oeuvres littéraires, une connaissance pointue de l'étymologie , de la phonétique du français, de la grammaire et de la conjugaison ne m'ont pas semblé inutiles. Qui peut le plus peut le moins, mais pas souvent l'inverse . Même s'il faut parfois savoir oublier ce qu'on sait , pour ne pas avoir l'esprit trop encombré. Or les points de broderie,c'est dans les revues et quelques manuels édités par lesdites revues que je les ai appris au fil de ma vie . C'était une transmission hélas féminine et populaire. Hors champ de la culture pour intelligentsias qui plus est . Sauf quand un grand nom de la littérature, je songe à Régine Desforges, vient mettre le phare sur le point compté. Si c'est Madame Lambda evidemment, le regard ne sera pas le même.
Alors je me suis dit que je pouvais tenter l'aventure. Mes grands enfants étaient étudiants, ça me faisait aussi un peu de sous pour leurs études. surtout comme je venais de prendre ma retraite ça me rendait un rôle "actif" dans la société, même si on peut trouver ce rôle ridicule et dérisoire. J'avoue que lorsque pénétrant chez mon marchand de journaux, je voyais une de mes créations sur la couverture (et parfois plusieurs) , j'ai éprouvé comme une naïve fierté .
En patchwork géométrique, je n'ai pas vraiment créée de modèles exprès pour la revue ,je proposais ce qui était déjà fait vu le temps qu'il me faut j'ai donné le mode d'emploi pour avoir un objet ressemblant. Pas semblable, c'est impossible. Le but n'était donc pas dans mon esprit d'inciter à une copie sans interprétation personnelle. Ainsi les rares fois où j'ai pu voir ce que d'autres en avaient fait, j'étais heureuse de voir que c'était des adaptations, des interprétations.
Ces quilts avaient été créés le plus souvent non pas pour la revue, mais comme toute oeuvre d'art unique pour exprimer ce que je voulais dire avec ces tissus -là dans cette surface-là. En les publiant comme "Modèles" je leur aurais enlevé, semble-t-il, leur statut d'oeuvre unique, non reproductible etc. En donnant un tutoriel, je les dévaluais , selon l'opinion admise.. Je demeure persuadée que toute oeuvre peut en décomposant chaque étape être l'objet d'un tutoriel (plus ou moins complexe) . Vrai aussi que lorque je créais ces surfaces, il entrait dans ma composition beaucoup d'instinct et d'improvisation, mais après coup on peut toujours tout decomposer pour expliquer au moins dans les grandes lignes. Le détail appartient à la "patte" de l'artiste ! Et si on songe qu'en cet art c'est le détail qui donne sa vibration, son sens, sa tonalité, son expresion à l'ensemble, mon oeuvre resterait donc "unique".Ainsi ce jardin de l'abeille -un des modèles les plus complexes à expliquer où chaque hexagone ou presque est différent des autres et signifie, pour moi quelque chose par sa couleur et ses motifs.
Le jardin de l'abeille
Donner la possibilité de reproduire n'était donc pas vraiment permettre de copier ou de démarquer de trop près .
Le vrai travail, celui qui était rémunéré en droit d'auteur (et non d'artiste!), était un travail de pigiste technique .Ce sont même les droits d'auteur "écrivant" les plus élevés que j'ai jamais perçus (la littérature ne nourrit que rarement son homme, et on en est presque à payer pour être édité!) . J'ajouterai perfidement et très immodestement que si tout le monde peut écrire et considérer que c'est original et génial - puisque de soi -moi y compris ! -, rédiger de telles piges exigeait un certain nombre de compétences spécifiques. nonobstant celles d'être capable de créer les oeuvres originales (qui ne sont pas le modèle, à elles seules!)
Il fallait d'abord évaluer le matériel nécessaire, ce qui n'est pas simple quand on use de 2000 tissus différents ou qu'on mélange les fils ... récupérés un peu partout. Ensuite il y fallait des explications, claires, si possibles -c'est là où trente ans d'enseignement ne sont pas tout à fait inutiles- et surtout des schémas conçus à l'ordinateur, et la maîtrise du logiciel quilt- pro, inégalable pour montrer comment monter les morceaux s'est révélée indispensable. Ce qui donnait des pages comme ça dans la revue (après travail de la maquettistepour la mise en page) . Je ne les regarde jamais sans une obscure et vaniteuse satisfaction . (je ris!) :
S'ajoutaient les photos dites d'ambiance. Celles-ci étaient parfois réalisées par moi parfois par la directrice de la revue ce qui exigeait des envois risqués. J'y ai perdu ainsi un couvre-livre . Sans proposition d'indemnisation , bien sûr. Et les frais d'envoi à l'aller étaient aussi à ma charge. Et même si je garde de cette expérience (qui dura jusqu'en 2012) un excellent souvenir, il y eut forcément les hiatus et les bémols , comme dans tout parcours humain ! Par exemple les titres changés , sans doute pour être plus "accrocheurs", ou bien les photos déformées sur une couverture où mon quilt Noctambule est passé au miroir déformant .. Les problèmes de résolution (nombre de pixels par centimètre ou de points par pouce. ) La difficulté d'obtenir la mention "création"et non réalisation" sur ce qui pourtant en était quand on l'attribuant d'office à d'autres , sans doute mieux cotées que moi , même quand je partais d'un dessin original . Mais j'étais toutefois plus chanceuse que les créatrices des années 60 -70 dont le nom n'était même pas cité. Il y avait eu un progrès. Plutôt que "réalisation" j'aurais aimé parfois le terme interprétation surtout en broderie où l'essentiel n'est pas, mille fois non, dans le dessin. Je tiens aussi à la rigueur des mots, et de leur sens. Ce qui me rend très chiante, je le sais.
Les crazys quilts que j'ai créés à cette époque l'ont été à la demande souvent en accord avec un thème : Noël pour cette étoile des neiges :
ou le thème Les cérémonies pour Célébration, quilt conçu comme cadeau de mariage.
Pour les crazys quilts, je n'ai jamais donné de patron de détail , juste le plan d'enemble, car pour moi l'esprit crazy d'origine, tient aussi à la forme irrégulière de morceaux à sauver et à ennoblir par la broderie dans leur forme pour en perdre le moins possible. Et trop tenir la main (ou le pied?) dans ces "pas à pas" c'est bloquer toute initiative personnelle.
Un peu plus tard la revue Broderie d'art s'est créée et j'ai été aussi du voyage !
Travail un peu différent, pas de schéma de montage, sauf en la partie couture, mais des photos décomposant chaque étape d'un point :
et évidemment l'explication de la répartition des points et des fils par zone ou détail. C'était très long pour les créations complexes. Il fallait donner pour chaque détail une photo vierge d'indications et la photo "fléchéé" plus la légende correspondante (trois documents donc pour un détail !) ,On imagine quand il y avait ue bonne vingtaine de photos (parfois plus) la maquettiste se chargeant de remodeler cela de manière plus esthétique.
Les modèles de broderie, eux , ont tous été créés -sauf un- selon un cahiér de charges , lequel indiquait souvent une technique , et un objet dans lequel la broderie devait s'inclure. la France a la passion de l'objet d'art décoratif , tandis que dans les revues du Royaume-Uni on voit beaucoup plus de broderies encadrées. il m'est arrivé de refuser de créer des maniques en broderie fine . Car si c'est pour servir vraiment de manique on n'use pas d' un ouvrage unique et fragile qui va être abîmé aux premières utlisations, et si c'est pour le décor fût-ce celui d'une cuisine autant alors encadrer l'objet et le protéger.
L'objet était imposé , la technique ou le style parfois (précieux, rustique ) mais j'étais libre du reste -ce qui est pour moi l'essentiel; J'ai usé parfois de dessins existant dans les vieilles planches d'ouvrages (toujours en le signalant) mais le travail de brodeuse était ma création : point couleurs, matières. (et ce n'est pas rien !) .
Coussin rustique, desin emprunté , mais choix personnel de tout le reste.
J'ai aussi usé de dessins personnels :
Ou de photographies personnelles ou données par ma famille :
Jardin à Madère sur une photo de Michèle Lefebvre
J'ai ainsi fait un cetain nombre de sacs et de coussins ,écharpes, châles, quelques tableaux aussi , des pochettes... En simplifiant ce qui relevait de la couture, je ne suis pas une bonne finisseuse d'objets complexes ! Cette expérience m'a appris à broder plus vite, à adapter mes points et leur régulaité à la visée de ce que je voulais obtenir. Quand les commandes arrivaient, j'acceptais ou je refusais, et je m'établissais un planning , il fallait tout envoyer à la date fixée (ah ! l'enfer des x fichiers à télécharger ) . la pensée me vient souvent que de tout ce que j'ai créé il ne restera pour un public large que ces créations dans quelques revues . Beaucoup vivant dans l'instant, trouvent que c'est vaniteux de vouloir une conservation des oeuvres textiles de la sorte, autre et digne du temps et de l'imagination qu'on y déploie .Mon avis est inverse . C'est un art aussi qui est à revaloriser, dans toutes ses facettes, pas juste celles qui ressemblent aux Beaux arts ou qui sont exercés par des plasticiennes. Pas que mes chers chiffons personnels . J'ai même rêvé d'une étude autour de tous ces créateurs et créatrices de l'ombre, d'abord anonymes, et aujourd'hui méconnus encore et ce n'est guère aisé justement . Si j'étais historienne de l'art, je crois que je me pencherais sur cet aspect-là .
Et puis un jour, on ne m'a plus passé de commandes et j'ai compris que mon "emploi" n'existait plus .J'ai constaté ultérieurement que la même pige (c'était prévu au contrat) était repassée dans d'autres numéros, voire des livres de "synthèse" sur un thème . C'est ainsi et c'était aussi bien !
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sur la notion de modèle
- Le 02/09/2022
J'avais publié il y a une dizaine d'années dans la tribune libre d'arts-up un article sur la notion de modèle . Le site a disparu et j'avais égaré cet article , aujourd'hui retrouvé . Je le republie. J'expliquerai dans un prochain article mon expérience ponctuelle de créatrice de modèles. Sur la différence entre source graphique et modèles on peut lire cet article .
Art, modèle et reproduction
Le point de départ de cette réflexion a été la remarque qu’on m’a souvent opposée, arguant que les modèles des magazines de loisir dit créatif ne sauraient être de l’art, ni de la véritable création , puisqu’ils sont donnés (ou vendus) pour être reproduits.
On va même plus loin outre que les modèles proposés sont automatiquement dévalorisés par le fait même qu’on les « donne » à reproduire, la personne qui les crée disparaît complètement : elle ne laisse ni oeuvre, ni nom, ni trace juste la possibilité improprement appelée de « création » quand elle n’est que de fabrication ou réalisation.
La confusion est habilement entretenue à des fins commerciales, elle culmine avec l’existence du kit qui permet de posséder l’objet inventé par quelqu’un d’autre de complètement oblitéré et de dire « c’est moi qui l’ai fait ». Elle repose, historiquement sur une scission entre l’artisanat voué à la transmission et à la reproduction de poncifs et l’art qui serait toujours plus profond, plus inspiré, plus original, et sociologiquement : ce mode de transmission d’un « art » au sens large du mot a surtout été le fait des femmes et des arts d’aiguille., même si on trouve aussi nombre de stéréotypes sur les femmes pratiquant pour se désennuyer et à partir de modèles pris eux dans la réalité l’aquarelle.
L’idée m’est alors venue qu’il y a modèle et modèle. Les peintres , les sculpteurs travaillent parfois, eux avec des modèles réels ou vivants devant leurs yeux, on le reconnaît le droit à ce cette source et on dit souvent que l’art naît de l’écart avec le modèle.
il est bien évident qu’on ne saurait réduire leur travail à la reproduction de lignes (même avec interprétation personnelle) ou de mise en oeuvre d’un patron.
Le peintre peut donc créer à partir d’un modèle qu’il retrace (même si certains usent projecteur certains peinent sans dessin préalable du tout) Celui ou celle qui compose dans un but jugé a priori non artistique quelque chose que d’autres tenteront d’imiter ne créerait rien justement que cette possibilité de reproduire , considérée parfois comme un empêchement à l’imagination , ce qui sous-entend que l’imagination fonctionnerait comme une sorte de table rase sans source, sans point de départ. Ou que le point de départ donnerait selon la façon dont les sociétés le perçoivent valeur à l’oeuvre dans une sorte d’a priori resté indiscutable. Il y aurait des sources d’inspiration nobles et les autres... les plus récentes étant jugées « contemporaines » voire « novatrices » et « originales », même si pour un observateur lucide et attentif les parentés entr telle ou telle forme, manière de composer ou façon de représenter apparaîtra assez vite, et on pourrait recréer pour chaque période des recueils de poncifs. seulement depuis quelques décennies, il ne convient pas de le dire et il faut absolument faire croire qu’on a tout sorti de son cerveau génial.
Il n’est que de voir combien il est difficile de dire qu’on crée des modèles de broderie dans un milieu artistique où s’exercent des arts reconnus : on vous regarde avec ironie et commisération voire indignation : qu’ose-t-on dire là ?
Pourtant l’activité comporte du dessin (même basique, ), le choix du support, et celui des fils ou matériaux qui seront fixés sur le support, et les points qui serviront à le faire, composition, texture et couleurs, même pour faire une serviette brodée (la même dans un cadre évidemment pourrait plus légitimement se dire artistique..
)
Les concepteurs en ce domaine (puisque souvent on leur refuse même le nom de créateurs) ne mériteraient donc d’autre reconnaissance que la rémunération éventuelle perçue pour ce faire, tandis que les vrais créateurs en Beaux-arts qui partiraient d’un modèle extérieur à eux pour le métamorphoser et le sublimer auraient seuls droit à cette reconnaissance ; distance entre l’ouvrage (souvent de dame) et l’oeuvre une visée de « prestige » dont la perception actuelle des arts se dégage mal. Aujourd'hui c'est renforcé par le côté commercial de la chose (on ne vend pas l'objet brodé on vend le moyen d'en faire un prétendûment semblable, lui ôtant aux yeux des spécialistes le peu de crédibilité"artistique" qu'il aurait pu avoir , alors que le fait de vendre des produits dérivés d'une oeuvre célèbre, ou de réduire à une peinture au numéro en permettant le plagiat souvent maladroit ... ne déconsidère pas l'original , pour nous fournisseuses de modèles l'original n'a pas de valeur :ce qui compte ce sont les copies où on pourra montrer sa dextérité...d'où la confusion incessante et soigneusement entretenue à des fins commerciales entre l'original et son plagiat autorisé.
On a le droit d’avoir un modèle donc, mais on déchoit à en créer de façon disons utilitaire et quotidienne. Voire pédagogique. La transmission « noble » se fait plutôt par stages ou atelier, celle vulgarisée par les magazines a souvent... mauvaise presse, il n’est que de lire en art textile, les commentaires d’artistes confirmées sur ces malheureux modèles manquant d’originalité, coupant toute forme d’imaginaire....
Nombre de femmes de ma génération ont appris les techniques de base leur permettant de s’exprimer en art textile dans les nombreux magazines proposant justement ces fameux « modèles » ; si on les regarde de près on s’aperçoit que si beaucoup d’entre eux se ressemblent dans leurs thèmes d’inspiration, voués à la décoration, c’est vrai et à l’ornementation intérieure, on peut s’en débarrasser du revers d’un « décoratif » sans plus rien regarder.
Même , les gens qui les créaient savaient dessiner, composer et celles ou ceux qui les exécutaient -si ce n’est pas la même personne forcément- devaient encore choisir matières , fils et points pour rendre. le motif. Et il n’est pas tout à fait saugrenu de penser qu’à travers ce travail d’interprétation personnelle quelque chose se disait qui n’était peut-être pas si différent de ce qu’exprime un peintre avec ses pinceaux en rendant la réalité d’un nu ou d’un paysage.ou interprètant le dessin , comme on interprète aussi sans qu’on vous conteste aucunement le titre d’artiste, la musique d’un compositeur.
Les créateurs restaient le plus souvent anonymes, ce qui est évidemment un très grand handicap, dans un monde où le nom, la signature a tant d’importance.
Les livres d’art ne comportent pas d’explications permettant de réaliser parce qu’on présume que ce serait impossible , voire iconoclaste, cela obéit çà une sorte de sanctification de l’oeuvre d’art.
Pourtant s’existe des faussaires, si dans pas mal d’ateliers d’arts plastiques on commence son apprentissage de nos jours encore en copiant les maîtres, c’est que l’imitation est possible, Une oeuvre d’art se reconnaît-elle seulement à ce qu’elle ne pourrait pas être imitée ?
N’est-ce pas plutôt que certains arts se protègent contre la reproduction (sauf autorisée par l’artiste et toujours limitée en nombre de tirages) et que d’autres fonctionnent plus humblement par une transmission « vulgarisée » par la presse spécialisée en ce domaine (livres et revues abondent qui promettent de rendre créatif : en fait on ne le devient qu’une fois qu’on sait créer par soi-même quelque chose qui éventuellement pourra servir de modèle à d’autres. Mais le saurait-on sans l’avoir appris ? d’une manière ou d’une autre appris les techniques à mettre en oeuvre pour créer librement ?
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De l'utilisation honnête des articles d'autrui !
- Le 09/08/2022
Je suis encore tombée par hasard sur une publication Facebook citant mon nom en reprenant une des phrases de mon article Qui a peur du mot patchwork , émanant de Madame S... . Cela commence bien avec mon nom (sans lien sur Facebook où c'eût été facile de m'identifier pourtant ! )
Outre que je l'ai écrit ici mille fois, j'aimerais que si on me cite, surtout sans m'en prévenir et de manière eminemment tronquée ou déformée on renvoie au moins par lien sur l'ensemble de l'article.
Il y a plus gênant / Est-ce seulement oubli ou maladresse de présentation ? J'accorde souvent le bénéfice du doute, mais là , je n'en ai guère . Mon mauvais esprit dira-t-on l'emporte!Madame S continue avec un habile mixage -ou patchwork- de phrases prises dans cet article et un autre le tout sans guillemets et sans me rendre crédit de mes tournures de phrases pourtant bien reconnaissables - se les appropriant pour aboutir à un ..éloge de soi ! . et de nous montrer en face la photographie d'un quilt qui certes est beau par l'harmonie des tissus, mais sans dire qu'il s'appuie sur le dessin traditionnel nommé Inner city souvent interprété en patchwork dont on peut voir une interprétation dans mon quilt Blues (qui lui cite ses sources ! et se classe comme "interprétation" ) Superbe tirage de couvertrue à soi où on pourra toujours dire : "de quoi elle se plaint, cette vieille folle je cite son nom" etc. Il en est même qui agissant ainsi, pensent avoir amélioré votre style ! Si si ...
Ce sont souvent les mêmes qui plagiant un modèle ou pillant à droite à gauche estiment le résultat supérieur à l'oeuvre de départ. Possible, mais ça n'ôte pas le souci de le dire.
Certes je me réjouis que mes idées circulent et qu'on en use, mais une fois de plus j'appelle à l'honnêteté intellectuelle et au respect.Il se peut bien, du reste, que j'ai commencé le patchwork quand cette dame n'était pas née. Je pense avoir montré ici que je connaissais aussi un peu l'histoire de cet art -et pas qu'aux USA-
Ce que jécris c'est en coulisses des heures de lectures de livres et d'articles, de visites de blogs, de comparaisons , de questionnements, de recoupements, bref de recherche personnelle (qui continue!) . sans compter le temps pour rédiger, mettre en page etc. c'est surtout appuyé, lié à mes expériencs textiles donc à mes ouvrages.
J'aimerais donc que si on cite mon nom on me le signale -du moins sur Facebook où c'est facile_ qu'on mette le site en lien (il arrive qu'une amie tombée sur la publication par hasard, le fasse à ma place !) , ou tout au moins l'article dont on use! Je sais qu'on le fait avc les vraiment célèbres mais avec les obscurs, on ne se gêne pas! . C'est payer la rançon d'une célébrité et reconnaissance qu'on n'a même pas . Et je rappelle aux égards qui sont dus, en démocratie , légalement et selon le droit aussi; et sans esprit de caste, aux petits comme aux grands quand on use de quelque chose qu'on leur emprunte! Cela me rappelle les articles qui me citent (toujours sans renvoi sur ce site) , mais montrent systématiquemen en regard de mes idées l'oeuvre d'une autre qui parfois illustre le contraire de ce que je veux faire et dire . C'est à la fois un hommage.. et un camouflet, mais.. on ne le sent pas !
Il est vrai qui publie s'expose à ce risque. Mais pas une raison pour tout acceoter sans rien dire ! Donc en ce qui me concerne, j'aimerais, si on cite une phrase d'un article qu'on renvoie sur l'article entier. Qu'on évite de paraphraser ou de faire du pâté de morceaux pris ça et là, ou qu'on paraphrase souvent en écrivant moins bien ce que j'ai exprimé fort clairement . Que si on évoque mon oeuvre - et notamment ce qui concerne la partie texte-textiles- on fasse de même, on renvoie sur ce blog, je ne vais pas jusqu'à demander qu'on montre un de mes text-iles puisqu'on semble préférer des réalisations plus avant gardistes de plus célèbres ! Et j'ajoute : si je n'écris pas pour faire la promotion de mes ouvrages (je ne vends rien !) je n'écris pas non plus pour faire sans le savoir la promotion personnelle de telle ou telle artiste qui pille alors ma pensée et mon travail de réflexion pour se faire valoir.Citer mon nom ne suffit pas, c'est dédouaner à bon compte. Si on ne sent pas à quel point c'est malhonnête c'est que nous ne partageons décidément pas les mêmes valeurs .J'écris pour défendre cet art d'assemblage quand il est de création pas pour mettre en valeur l'égo de Madame Chose, si douée soit-elle ! Si Madame Chose, en revanche a la délicatesse ' d'écrire : "j'ai un abord de mon art comparable à celui que Jacqueline Fischer évoque dans cet article" (avec lien), oui là O K ; Il y a l'art et la manière.
En revanche si on m'emprunte ma manière de présenter son propre travail en parlant de ses sources, de son point de départ, sa démarche, et ce qui a poussé à construire ainsi cette surface-là, ce objet-là,avec ces tissus-là choisis par soi, j'en serais ravie. De même si on me pique l'idée de faire un index honnête des ouvrages textiles crées et réalisés en patchwork ou autre discipline textile, avec indication claire de ce qui est de soi et ce qui est pris aux autres ou à la tradition, j'en serais ravie même si on oublie cde dire qu'on a trouvé l'idée chez moi, je ne suis pas la seule ni la première à l'avoir eue, je suppose .Il s'agit de donner un élan, une impulsion pas d'inciter au plagiat ou l'appropriation en remix de mes phrases sans le signaler ! Je veux bien servir à, mais pas n'importe comment !Pas être malhonnêtement -ou maladroitement ? - exploitée !
Merci .
ci dessous mon quilt d'interprétation personnelle du bloc Inner City voir sur l'index pour la genèse .J