art textile livres- inspiration
-
La vogue du "slow stitch"
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 03/09/2021
- 0 commentaire
Les livres anglo-saxons et américains depuis quelques années , ainsi que les blogs et sites regorgent de publications sur cette "nouvelle" manière d'aborder la broderie et l'assemblage d'étoffes.
Or tout ce qui est manière d'assembler des tissus différents entre eux m'intéresse ! J'ajoute que si je ne suis pas les modes, j'en intègre ce qui me semble recouper mes propres envies et désirs par rapport aux diffférentes façons de connecter les étoffes entre elles et surtout de s'exprimer par ce moyen. C'est encore des moyens de "dire avec".On y trouve des surfaces, des livres, des vêtements, , des sculptures ... Le point commun reste la récupération de textiles qui ont un vécu, la lenteur du geste main, le renoncement à une perfection normée pour une expression plus libre . Et évidemment chaque artiste lorsqu'elle crée véritablement et a une personnalité forte y imprime sa marque et son expression.
La couleur penche vers le beige-écru- blanc (mais rien n'interdit d'utiliser des couleurs vives, peut-être ces tons délavés ou très pastels ont-ils une implication aussi écologique (moins de teintures agressives pour la nature ) Un des directives celle qui me plaît le mieux c'est faire avec ce que vous avez sous la main, éviter les modèles tout faits, improviser ....et pour ma part , je ne m'interdis pas d'utiliser des tissus neufs de ma collection "spécial patchwork", si pour moi ils ont une signification, un appel particuliers.
Le point de broderie dominant est le point avant (ou devant) se recommandant du boro japonais ou du point de Kantha indien (ce qui n'est pas tout à fait la même chose) en passant par notre point de reprise . Mais on peut y trouver des broderies beaucoup plus complexes et élaborées. Si on gomme l'aspect méditation et spiritualité que certaines pratiquantes aiment attacher à ce genre de geste (moi pas du tout ! ) , le rôle de ce point simple à faire est d'unifier les fonds, souvent pour poser dessus appliqués et broderies , objets trouvés, citations de textes ou de poèmes. Histoires de vie (la je me sens déjà plus adhérer !) qui se recoupent celles des brodeuses couseuses d'autrefois et "marques" personnelles de l'artiste qui recompose avec .
Si vous tapez "slow stitch" dans un moteur de recherche " vous aurez une idée de ce à quoi ces surfaces ressemblent. et de l'abondance d'articles et d'ouvrages qui lui sont consacrés. Comme souvent quand quelque chose se fonde aux USA , il ya comme pour les Modern quilts, un "mouvement"
iL ya à cette vogue plusieurs visées ou explications ou justifications...
Le retour à un geste main , lent qui porterait à la méditation ... venu des USA où on aime à la fois les psycho- philosophies vaguement encore imprégnées de new âge en réaction à un pays où la machine est reine dans les arts textiles ... où tout est fait machine (time is money !) depuis belle lurette et où la démocratisation des machines dites long arms qui permettent de matelasser de grandes surfaces avec des motifs complexes a donné naissance à des kyrielles de Modern quilts depuis une quinzaine d'années - vague de quilts comportant souvent de grandes surfaces unies dites négatives" " se voulant minimalistes ou dépouillées 'elle aussi au nom d'une "philosophie" ) . Sans caution 'spirituelle" point de salut (un peu comme on faisait des mandalas dans les années 2000 jadis sans trop avoir approfondi ce que cela signifiait vraiment dans l'hindouisme et le bouddhisme ) . Certains livres abondent de considérations de coaching personnel censé vous mettre en relation avec votre essence, votre intérieur et votre essentiel . Autant vous dire que je n'adhère pas trop à cet aspect des choses , mais si ça fonctionne sur vous, pourquoi pas ! Moi ce qui me plaît c'est comment les tissus s'harmonisent ensemble pour dire..une histoire personnelle .
Le geste main par sa lenteur même s'il ne me porte pas à méditer me détend .. c'est un autre aspect de l'activité . J'ai toujours préféré coudre à la main, on le sait n'ayant recours à la machine que pour des aspects qu'elle seule peut me donner ou une solidité de couture ou l'aspect des points décoratifs .et ce, depuis bientôt quarante ans que j'assemble des étoffes en quilts, qui racontent tout autant des "histoires", étant donné que je ne suis pas un modèle pour avoir un joli couvre-lit ou du moins pas seulement ! Et que même ces jolis couvre-lits quand ils sont créés de manière personnelle peuvent dire une histoire de vie comme relaté dans Anonymous is a woman .
Pas pour la méditation mais parce que le geste main permet de sertir morceau par morceau, de changer d'avis que c 'est aussi un geste de contact étroit et sensuel avec la matière travaillée.
L'aspect qui m'intéresse c'est aussi celui qui est de l'ordre du collage d'étoffes et de leur application à bords vifs le plus souvent (dans la plupart des cas des lignes de point avant les reouvrent droites ou en cercles concentriques , avec des compositions de "pages" on en trouve beaucoup dans les livres en textiles plus ou moins élaborées. Je n'aime pas trop l'entassement "sans air et sans grâce" comme aurait dit jadis ma mère. J'aime que la beauté des tissus et des dentelles que je révère soit mise en valeur c'est pourquoi j'ai toujours préféré juxtaposer à recouvrir , même si le slow stitch se pratique en couches souvent. Le chevauchement de morceaux cependant est une voie à creuser...pour moi s'entend par rapport à mes visées à moi, mes exigences comme je dis.
..
Ce sont des créations en style libre le plus souvent où l'artiste improvise peu ou prou (cet aspect-là me sied mieux), il semble d'ailleurs que les rouleaux vont remplacer peut-être la vogue des livres.,) on reviendra donc aux sources des livres sous formes de volumina(qui a donné notre mot "volume" ) des Romains. Jadis les brodeuses faisaient déjà des samplers (échantillonnages de points) en rouleaux , mais là ce qui séduirait c'est l'aspect informel , improvisé on prend un départ, on s'arrête quand on veut à la "ligne" ou au motif suivant .Pour moi qui suis hantée par l'idée de n'avoir pas le temps de finir , j'aime l'idée d'un ouvrage qui le serait dans son inachèvement . J'ai quelques débuts en cours ...en ce sens, auquel j'adjoins evidemment les tissus "patchworks" imprimés évités par les autres en ce genre d'ouvrages-si on excepte les vieux blocs classiques pour le "recyclage" .
le dorica castra qui s'inscrit dans une série sur les figures de style, en est un exemple.Le recyclage me préoccupe moins - que la nouvelle vie esthétique de quelque chose fait par d'autres mains. L'artiste Mandy Patullo dit lui préférer le mot de "reworking" retravail, transformation La nuance est difficile à faire saisir je ne fais pas cela pour sauver la Nature ou la planète a fortiori mais pour que ne se perdent pas des heures de vie et de travail textile industriel ou manuel ou tout simplement un fragment que je trouve beau, qui me dit, à moi quelque chose de particulier .. Ce n'est pas tout à fait l'optique conforme aux doxas actuelles, mais comme on le sait je suis mon chemin et précisément ces oeuvres en "déroulement" -et non déroulé (autre mot à la mode !) sied à cette époque de ma vie . Cela n'exclut pas d'en faire aussi des livres textiles , le trois fois rien" en étant un parmi d'autres en cours, ou bien encore ce Keepsake réalisé avec des étoffes précieuses à conserver.
ou bien encore ces morceaux choisis-1 un deuxième est en cours; pour illustrer .l'histoire des tissus des années 30 .
J'ai une grande admiration pour le travail de Mandy Patullo (qu'on peut voir sur ce site ) Et qui a écrit deux livres très inspirants sur le sujet.
et celui de Karen Duane différent .Slow stitch est le livre de base de Claire Wellesley Smith qui a écrit aussi un Resilient Stitch . Disons que je suis asez éloignée comme dit ci dessus de cet aspect résilience, thérapie ou penser à travers le geste -que je ne renie pas, mais mes accès sont différents.
Une mention pour Tilly Rose dont j'apprécie beaucoup le Souvenirs brodés (que j'ai en version originale)
Il en existe beaucoup d'autres.
J'ajouterai qu'il est dommage à mon avis que, parce que ce n'est pas du "contemporain", on n'ait pas sur certains quilts de création juste parce qu'on a usé d'un bloc comme point de départ ou d'un tissu pas de "récupération" le même regard , car au fond coudre à la main mille petits bouts différents pour dire sa vie, ses sentiments ses émotions c'est ce que font les artistes textiles jugées si injustement-à tous les sens du terme!- "traditionnelles" donc démodées depuis..la nuit des temps . Dans ce retour au geste main, à la recomposition de quelque chose à partir de bribes, de tesselles de fragments une surface élaborée à coutures cachées a aussi à dire , et même e usant de tissus neufs ou spécial patchwork demain ils seront vintage ! tout va si vite ! mais... on ne l'entend jamais, ce n'est pas "mode" ... Quand sortira -t-on de ce type de regard sur l'art textile, quand le regardera-t-on sans préjugés sans classement-relégation d'office, pour ce qu'il est vraiment ?
-
Le bonheur en lisière 2
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 03/02/2021
- 0 commentaire
NB les liens sont donnés pour éviter de refaire des démonstrations déjà faites .
Il y a donc une histoire du patchwork et de l'art textile en France, une histoire ignorée et même occultée, qu'on commence à redécouvrir mais toujours à l'arrière -plan . On a longtemps cru (et moi aussi) que le patchwork, c'était exclusivement anglo-saxon, et surtout américain (certaines américaines le croient aussi!) , mais il m'étonnait qu'en France , on n'ait jamais rien créé en ce domaine. On sait maintenant qu'il n'en est rien. cf ce lien pour en savoir plus
Et une histoire récente un "revival" comme on dit outre-Atlantique,qui commence chez nous dans les années 70. On voyait d'ailleurs à cette époque beaucoup de tissus imitant le patchwork, mais précisément le patchwork tel qu'on le caricature et ainsi, il ne m'attirait pas . C'était l'époque où j'avais acheté les livres de Marie Jeanine Solvit.
J'ai raconté comment en 1982, j'ai rencontré l'assemblage d'étoffes dans mon livre Jeux d'étoffes impressions, expressions . Ignorant tout des règles du patchwork dit américain , je traçais avec des formes simples , je faisais des couvertures pour mes enfants. Celle qu'on voit ci dessous est une des premières , composée dans le Var où j'étais en vacances pour mon fils aîné. Elle date de 1987, ne comporte aucun tissu à cet usage ( j'en ignorais l'existence) et mélange allégrement lainages, synthétiques et coton . Elle obéit déjà à une stratégie d'assemblage : un imprimé et un uni soigneusement assorti , c'est forcément une création puisque je ne disposais d'aucun livre ou revue , mais toute création n'est pas forcément un chef d’œuvre. J'ajoute qu'elle a été lavée des dizaines de fois , et sur la photo a été prise en 2010 , on voit qu'elle a tenu la route... elle n'est pas non plus matelassée parce que pour moi un patchwork n'est pas et ne sera jamais forcément un quilt . Je n'avais pas besoin qu'on me dise comment placer les couleurs, ni même les unités qui ne sont pas des blocs à proprement parler : j'avais une idée personnelle-bonne ou mauvaise- de la chose.
couvertures -1987
C'étaient déjà des surfaces"expressives" que je composais , et là sans influence au vu de mon ignorance en la matière. J'étais dans ce qu'on pourrait appeler ma période primitive . Il est à noter qu'une couverture comme celle appelée Simplicité qui date des années 86-87 pour la conception mais fut terminée en 1992 'était déjà du "contemporain" sans le savoir au vu que j'ignorais à ce moment les "blocs" américains. Je n'allais d'ailleurs pas tarder à entrer dans l'enfer du célèbre clivage traditionnel-contemporain ... mais c'est une autre histoire... (à suivre)
.
-
Femmes de l'ombre
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 16/05/2019
- Dans opinions
- 0 commentaire
Intimité et créativité dans les arts textiles de la fin du XIX° au milieu du XX °siècle
Auteur : Danièle Véron-Denise
Silvana Editoriale -cité internationale de la tapisserie d'Aubusson.
2018
en français
Livre en trois parties après diverses présentations, une partie éclaire avec beaucoup de photos les notions techniques de tapisserie à l'aiguille (ce qui n'est nullement inutile pour qui ne la pratique pas ou de manière dilettante !) et même les brodeuses confirmées apprendront par exemple l'existence du "point de Nantes",Il est à noter que les applications sur étoffes sont rangées-là ... alors que c 'est tout autant sinon davantage du patchwork (j'y reviendrai car ce point me titille!) .Il est vrai: patchwork et appliqué sont rattachés tantôt à la broderie, tantôt à la tapisserie . Et le mot "patchwork" continuant de susciter des ricanements absurdes, il est évident qu'il vaut mieux, pour l'aura de l'activité "appliqué" la rattacher à la noble "tapisserie" .
La seconde présente donc les artistes et leurs partenaires d'exécution textile et la genèse des oeuvres est developpée aussi -c'est sans doute à mes yeux, celle qui nous apprend le plus tant elle est fouillée et précise , parfaitement documentée - comme l'ensemble du livre du reste.
La dernière est le catalogue des oeuvres textiles exposées .
Les oeuvres présentées dans ce catalogue d'exposition sont donc souvent "duelles"...Il s'agit de rendre hommage aussi aux compagnes de grands artistes textiles (brodeurs et tapissiers surtout) et de montrer leur importance dans ce travail de l'ombre, si on peut dire, car elles n'ont évidemment pas souvent laissé trace dans l'histoire de l'art autre que fugitive et "au service" de leur mari, fils, d'amant ou de compagnon...ou en tout cas elles sont beaucoup moins connues -à part des spécialistes! Et, je souligne, ledit compagnon n'est pas non plus toujours très connu, non plus.
Chaque parcous est détaill , de manière extrêmement précise , avec détails sur les techniques utilisées , et aussi la mention d'oeuvres disparues.
Je ne peux résumer le parcours de tous ces artistes et de leurs "interprètes" et j'invite à lire le livre qui est passionnant sur le sujet . Je focalise(arbitrairement!) sur ceux qui ont retenu mon attention par une opinion ou une réflexion sur l'art textile en duo qui me porte à méditer et sur cet art , et sur le rôle et la place et...la reconnaissance surtout des femmes dans un art moins prestigieux que la peinture ou la sculpture notamment .
Emile Bernard selon les auteurs broda un peu lui-même réalisa un tableau intitulé les Bretonneries (en patchwork) IL fit broder ses oeuvres -à grands points drpits le plus souvent- par ses diverses compagnes : Maria dont le nom de famille est resté inconnu, Haneanah Saati et Andrée Fort soeur du poète Paul Fort . Oeuvre dont on nous dit qu'elle reste mal connue . L'article conclut "aucune pièce ne figure dans un musée français" ..Et à voir les oeuvres en question , c'est bien dommage !
Aristide Maillol (qui fut tapissier et céramiste avant d'être sculpteur ) écrivit : "J 'ai inventé un point très simple (le point lancé! ) de telle façon que je puis faire exécuter mes tapisseries par les femmes les moins intelligentes "-sic - ! mais il appréciait quand même que ses ouvrières aient été " très jolies". Il abandonna la tapisserie en raison de problèmes de vue et devint le sculpteur que l'on sait ; sa compagne Clotilde Narcis lui servit de brodeuse et de modèle et devint sa femme.
On connaît bien Jean Lurçat pour ses tapisseries tissées, on sait moins qu'il s'intéressa aussi la tapisserie à l'aiguille en créant des cartons pour "canevas" , sa mère fut l'exécutante de sa première broderie . Il est noté que la tapisserie à l'aiguille a des exigences propres et justement celle qui l'interprète n'est pas dans la simple exécution (il faut penser la surface en matières et en points sans parler des couleurs qui ne jouent pas de la même façon sur les points que sur de la peinture) Il semble notamment que Marthe Hennebert qui broda beaucoup des tapisseries à l'aiguille du maître et qui fut amie du poète Rilke, puis l'épouse de Lurçat ait été bien plus qu'une simple exécutante .Il s'agit bien de donner vie et une vie textile à un carton qui est un dessin essentiel certes mais il existe une part indéniable de création par points et fils dans le passage d'un art à un autre.
La compagne de Roger Bissière dite Mousse -les tapisseries de Roger Bissière sont des patchworks d'appliqués -mais on dit tapisseries puisque le mot patchwork reste, hélas dépréciatif- elle, créait carrément ... en composant avec des étoffes choisies par son partenaire. j'avoue avoir un coup de coeur pour ces tableaux-là. Et ce sont même les rares patchworks que les musées accueillent , -(il suffit de ne pas dire que ça en est et surtout qu'il y ait un grand art exercé comme caution artistique du travail d'étoffes. Le travail d'étoffes seul lui, surtout si c'est du patchwork, s'avouant tel, n'est pas considéré de la même façon , surtout s'il est hors courant et intelligentsias.
Pourtant Bissière lui-même écrivit :" Le tableau qu'il soit à l'huile, à l'eau ou qu'il soit fait d'étoffes, de ciment ou de la boue des chemins n'a qu'une signification la qualité de celui qui l'a créé".
J'ajouterai : ou de celles et que les celles en question ont été à travers les siècles étellement plus nombreuses à créer avec fils et étoffes pas seulement à reproduire ou interpréter des modèles ... qu'on aille y voir , bon sang qu'on aille y voir !
Dans cette partie Jeanne Kosnick Kloss Freundlich est la seule a être présentée comme créatrice "à part entière" encouragée toutefois par son mari l'artiste Otto Freunlich qui périt en camp de concentration . On la connaît surtout comme peintre , mais elle a créé dans d'autres disciplines avec bonheur et réussite y compris celui du chant lyrique. Son Apthéose des couleurs est une tapisserie brodée magniqfique.
il faudrait citer aussi :
Paul Eliee Ranson et France Rousseau, Laure Lacombe.
Fernand Maillot et Fernande Sévry
Paul Deltombe et Yvonne Berthault
Georges Braque et Octavie Eugénie dite Marcelle Lapré
Henry de Waroqiuier et Marie Joséphine Louise "Suzanne" Plassard
Bernard Pomey et Madelene Biardot dite Manon et un dernier chapitre intitulé : et quelques autres (prmmi lesquels Blanche Ory Robin (qui créait seule
et Sophie Tauer-Arp dont il est dit qu'elle créait tellementet en symbiose avec Jean Arp qu'il est impossible de savoir qui a créée quoi (et sans doute inutile !)
Et j'en ai sûrement oublié !
Et on conclut par un chapitre sur le rôle de ces femmes insistant sur leur qualité d'interprètes et la part active prise à l'exécution de l'oeuvre.
Ce livre est magnifique et il nous apprend énormément sur une partie peu connue de l'art textile..Les photographies sont également de grande qualité.
Je suis pour ma part dans une position plus militante ... on le sait.J'aimerais qu'un travail soit fait sur les artistes femmes qui créent seules leurs surfaces textiles, en commençant par une étude des oeuvres qui ne soit plus uniquement histirique ou de technique, mais s'interroge et interroge sur l'expression artistique qui s'en dégage. Il est vrai : très peu de personnes en France semblent juger que c'est nécessaire et même simplement pertinent ("c'est comme ça depuis des siècles et donc si c'était vraiment un art,ça se saurait"et autres arguments aussi peu fondés .) Et dans ses parties les plus ignorées (comme le patchwork, la tapisserie à l'aiguille ou la broderie de création- création en broderie pas forcément en dessin ! )on en est très loin.
On est toujours dans l'optique pour être artiste en art textile il faut à côté avoir exercé un grand art ( ou l'execer en imitant les grands arts), ou encore être la compagne de quelqu'un qui exerce un grand art . Seule dans son coin notre "anonymous woman" reste niée et dans sa création et dans son expression personnelle, on lui concèdera toujours un bel ouvrage et :"ah quel travail !" qu'on sert aussi à celle qui ne crée pas . Au pire on lui préferera la parfaite exécutrice virtuose d'un kit difficile.
Ce livre fait la part belle au travail des interprètes (et dans ce type de passage d'un art à un autre il y a effectivement ue grande part de création pas uniquement technique L'auteur fait une comparaison avec l'artiste interprète en musique .Et sur ce point la comparaison est juste : il s'agit de donner une vie textile au carton d'origine.. Il ya création donc dans le passage d'un art à un autre et création à part entière, surtout quand l'interprète y introduit des modifications qui viennent d'elle, de ses décisions propres.
Je soulignerai toutefois que si une composition musicale a besoin d'interpètes pour être entendue, un carton a besoin d'interprètes textiles pour exister en tant que pièce unique, on donne vie à quelque chose qui n'existait pas , une oeuvre en kit ou en modèle style "pas à pas" à suivre, non : on refait ce qui existe déjà . C'est rappelé aussi dans ce livre et c'est bien.Le livre souligne aussi que, pour beaucoup d'oeuvres, on ne sait pas on où elles se trouvent et en quel état .Alors pour des complètemet anonymes vous pensez !
Les oeuvres textiles, il est vrai, exigent une manutention coûteuse et dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres on ne fait d'efforts que pour ce qui est ancien ( ou au contraire dans la dernière mouvance au goût du jour ) . On conserve mieux les échantillons d'étoffes du patrimoine industriel -et on a raison- que les oeuvres créées avec des tissus et des fils. Il faudrait un travail d'indexation et un travail honnête , reconnaissant sources, emprunts. Et des analyses côté art à visée expressive et esthétique pas seulement technique ou historique. Seul moyen que ça glisse un jour côté culture générale et non oeuvres qui n'auraient d'intérêt que pour les spécialistes .. Comment savoir si on refuse d'aller vraiment y voir ?
-
Livres textiles
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 07/11/2018
- Dans opinions
- 0 commentaire
Au début des années 2000, la vogue des livres textiles qui faisait déjà une percée aux USA et au Royaume-uni commença à arriver en France par le truchement d'artistes influencées parfois par les revues américaines Quilting arts notamment .
Et évidemment , on ne peut éviter la mention de l'Ode à l'oubli de Louise Bourgeois, mais j'invite à voir ce que font des artistes moins connues comme par exemple Mandy Patullo dont j'aime l'amour des étoffes ! sur ce lien.
C'est une parmi une infinité d'autres créées antérieurement à cet ouvrage célébrissime.
Ces livres étaient souvent des souvenirs centrés sur une personne de la famille dont on voulait honorer la mémoire,-le plus souvent en mixed media papier-tissus , ou bien encore des livres à thèmes ou des keepsakes , recueils de morceaux aimés et de souvenirs textiles, et enfin des livres altérés qui existent indépendamment de l'art textile mais peuvent intégrer des étoffes.. Dans ce cas on retravaille sur les pages d'un livre existant en palimpseste en quelque sorte , mais en palimpseste qui montre la couche du dessous . On peut voir des livres altérées ou textiles en tapant ces termes dans un moteur de recherche.
Coutume qui dure, on peut voir actuellement beaucoup d'oeuvres peintes ou réimprimées sur des pages de livres ou de magazines, qu'elles soient en livres ou le plus souvent indépendantes. Notre époque aime la superposition (layering) et le faux palimpseste . Dans les vrais on grattait le support pour faire disparaître autant que faire se pouvait le texte précédent, là il est juste recouvert d'autre chose.
Symbole d'une sorte d'intellectualisation de l'art textile, avec en fiilgrane l'idée de le valoriser toujours en imitant un art majeur ou ..libéral comme était classée jadis la littérature. un livre ça vous pose mieux dans les intelligentisias qu'une surface assimilable à une couverture (même si les livres en ont aussi !)
On pourrait sur ce point , justement, citer les couvertures de livres brodés qui sont une tradition très ancienne, et certains samplers : ces recueils d'échantillons de points, étaient parfois présentés sous forme de livres (et non de bandes ou de tableaux )et le sont toujours .
Ce site en montre un qui me plaît beaucoup (et on peut réaliser le sien, les explications y figurent) .
Pour les livres txtiles actuels du texte est naturellement parfois associé qu'il soit de la créatrice ou emprunté : il va de la coupure de journal au poème de l'auteur. Sur la valeur littéraire je dirai pour rester gentille que c'est très inégal.
Pour moi il y a d'abord eu le sentiment non pas de faire un livre textile, mais de lier textes et textiles , ce qui est tout différent . J'ai commencé à chercher autour de cette relation (je n'ignorais pas l'étymologie du mot texte étant latiniste de profession, jadis.). A noter qu'à présent tous les artistes travaillant sur le créneau nous la rappellent. En 2004 lors de mon expo textes -textiles c'était moins couru. En fait pour moi c'était moins cette étymologie (et le tissage) que les motifs sur les étoffes, comme une écriture. Je veux bien qu'un texte soit tissé , mais il est aussi déposé sur un support même virtuel (comme une broderie) et les mots y sont assemblés comme les tesselles d'étoffes d'un patchwork , qui ne sont pas que juxtaposées sans recherche ,c'est pourquoi cet art -que mes soeurs tisseuses me pardonnent- me semblait plus proche de ce que j'écrivais que le travail de la navette, mais le tissu reste ma matière essentielle : les mots de mes textiles comme de mes textes ont déjà été tissés par d'autres. C'est un point de vue singulier, discutable, mais c'est mon approche.
Et la liaison texte textile s'est d'abord faite pour moi par le patchwork géométrique et j'aurais aimé qu'on regarde mes quilts aussi -c'est une lecture possible- comme les pages d'un livre ou juxtaposées....surtout les quilts en blocs ou chaque "carré" est comme une sorte de chapitre , avec d'ailleurs des structures analysables . J'ai beaucoup insisté sur l'importance pour moi des motiifs sur les étoffes -choix qui me place complètement à contre-courant de ce qui se fait en art textile actuellement : le glissement vers les quilts dits contemporains ou autres "art quilts" évinçait à la fois les géométries répétitives jugées je l'ai dit mille fois "plan-plan" ennuyeuses ou superficiellement décoratives .et l'art textile branché préfére les volumes aux surfaces .
Mon début est tout simple quilt fait pour ma fille sur le thème du Petit Chaperon rouge , ave un tissu ancien dont j'ai appris ensuite qu'il était très célèbre et dont il s'est vendu des mètres ...ce qui explique qu'un morceau donné par une amie se soit retrouvé entre mes mains .Pas un livre, mais un quilt qui raconte une histoire. C'est ce qui a mené au reste.
De là l'idée d'ilustrer des contes en crazy patchwork , Peau d'âne notamment ou le conte Japonais de la grue Blanche :
Ces crazys quilts m'ont amenée à songer à illustrer mes poésies de cette manière puis celle d'autres artistes et ce fut ce que je nomme l'aventure des textes-iles. Un beau moment de ma vie d'amitié et de création .On peut en voir l'histoire sur ce lien :
Parallèlement j'avais accepté de travailler en duo sur un calendrier textile dont l'histoire est racontée ici :
Pour revenir dans le Textilionnaire à des tableaux séparés ;
J'hésite du reste toujours actuellement pour mes petits formats à les présenter en séries de tableaux séparés ou sous forme de livres textiles. C'est pourquoi le chant des Couleurs se présente sous forme de livrets séparés en double page (voir dans la partie textiles et textes les deux liens) :
A cette époque j'ai mis en route aussi le livre pour 'elle écrit pour ma mère , qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour compléter :
J'ai continué mes aventures textes textiles avec ces livres tissés mariant papier et tissus fondés sur deux recueils de poésies : Trames et chaînes écrits antérieurement :. La structure tissée ici ne vient pas de la tendance à lier textes et textiles mais de ce travail poétique antérieur :
Dans le même temps et sur une autre inspiration je fais les petits port-folios tri-arts nommés Avatars :
PUis je mettrai en route les livres blancs et un livre d'or fait en feutrine sur laquelle j'ai appliqué et brodés des pages de motifs textiles : (aventure qui se continuera sans doute)
Et pour revenir au patchwork mais en le développant côté images numériques je crée la série très traits :
Entretemps vient s'ajouter un livre mixed media de fleurs fantaisistes brodées, avec leur histoire intitulé précis de botanique alternative :
Le dernier achevé fut cet hommage à deux "cousettes" par une troisième : Lucette et Jacqueline(s)
On peut voir le détail de l'histoire sur ce blog
A lheure de la rédaction cde ce billet il existe au moins (!) trois autres livres en cours qui vous seront montrés dans des articles futurs (si j'en viens à bout et que ma vue qui me fait quelques soucis actuellement ne me lâche pas ) .
-
Mythologie et figures féminines -1
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 25/07/2018
- 0 commentaire
Parallèlement à l'index en cours j'aimerais regrouper ici certaines de mes oeuvres par thèmes ou unité d'inspiration, c'est comme on veut .
Dans les contes et les légendes de mon enfance, parce que j'étais fille, (même si on le devient, moi j'ai toujours eu le sentiment de l'être "par essence" , pas seulement de le devenir par fabrication sociale ou éducative!) j'accordais une grande importance aux personnages féminins et plus tard quand j'ai étudié la mythologie gréco-latine , il m'a frappé que les déesses illustraient des sortes d'archétypes des différentes facettes de la féminité. Dans le théâtre grec aussi bien que dans la poésie latine je les ai retrouvées ; les plaintes d'Ariane dans Catulle, Didon l'abandonnée préfigurant Bérénice, Philomèle, ou bien encore Antigone.
J'ai vécu mon enfance et mes études imbibées par ces légendes et aussi en filigrane les fées et les princesses des contes. C'est pourquoi vers mes vingt ans j'ai commencé à écrire Oléis le premier "volet" de ce qui sera plus tard, bien plus tard, les Mythologies intérieures. Et comme l'a souligné un de mes lecteurs, ces histoires volontairement situées dans un passé indéfini et une géographie inventée sont à lire en relation avec l'histoire de notre temps (Armine notamment a été rédigé sur fond de guerre en Afghanistan - )
Au delà beaucoup de mes textes sont centrés sur des figures de femmes ou de petites filles comme la Chloé de la Demeure Mentale , ou la Rose du Jeu de la Rose sans doute mes oeuvres diverses ne sont elles que le déploiement de psychés féminines sous des aspects divers choix délibéré : on a si souvent laissé les hommes parler de nous mes soeurs, jusqu'à nous dire même qui nous sommes !
Je voudrais en préalable à la présentation de mon travail textile renvoyer sur cette oeuvre de l'artiste Judy Chicago The Dinner Party , dont je n'ignore pas qu'elle fut très contestée . Comme référent donc : lien
Dans mes oeuvres textiles j'ai abordé ces figures à ma manière qui est celle d'une assembleuse de tissus. Lesquels sont pour moi liés à la féminité et à sa sensualité. Je dirai sans ambages que c'est cela qui me met en route beaucoup plus que des discours savants sur tel ou tel principe féminin . Mon approche n'est pas d'une personne cherchant à faire une étude (que je pourrais fournir cependant) sur le sujet. Pour moi la question était quels tissus pour dire ce mythe ? Et comme toujours ceux-là et pas d'autres choisis par moi en accord avec ce que justement le mythe crée de visions à l'intérieur de moi. Rien d'une approche à "caution intellectuelle", donc. J'ajoute que pourtant j'ai vécu souvent "imbibée" des histoires autour des personnages évoqués, de leurs représentations .
Les tissus pour ...
A la différence des tableaux textiles centrés sur l'illustration d'un mythe les tissus pour restent ce qu'ils sont : à mi chemin du tissu utilisable par ses dimensions pour se réchauffer ou se parer et l'évocation d'un mythe par le textile assemblé.
Tissu pour Aphrodite
Ces belles soies saumon et bleues m'évoquaient Aphrodite/ Vénus . Souvenir aussi du tableau si connu de Botticelli et de l'Aphrodite de Cnide découverte dans mon enfance dans un livre sur Athènes et qui pour moi incarna longtemps l'idéal d'un corps féminin tel que j'eusse aimé l'avoir (qu'on ne rie pas trop de ma sincérité , il y a prescription de toutes façons ). Pour qui connaît le mythe d'Aphrodite tout est dans les tissus mais aussi dans la forme choisie (la colombe est l'oiseau de Vénus, le bleu fait allusion à sa naissance marine), mais chacun des morceaux d'étoffes évoque soit le mythe dans son ensemble (l'impression qui m'en est restée et non quelque chose de cherché après coup dans une encyclopédie) et ses détails la rose, notamment. J'espère qu'au delà du "joli" et du " bien fait" et du "temps qu'il faut pour "on sentira ce principe de vie saisi en étoffes et dans son élan.
Manteau de Flore
Là ce sont les tissus récupérés de la Haute-Couture qui m'ont donné l'envie de ce dessin et de cette redondance de fleur en fleur...
Le tissu pour Ariane
Dont on peut lire l'histoire ici , ou comment de plusieurs nuanciers de soie on reconstruit un labyrinthe de fils chatoyants où l'oeil se perd
Tissu pour Iris ou la couverture aux rubans :
Qui a aussi son histoire ... Comment redire l'arc en ciel, écharpe d'Iris, la fleur et le symbolisme et l'iris de l'oeil avec des rubans et des bandes de soie :
-
L'art textile et l'imagination
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 05/03/2015
- Dans opinions
- 0 commentaire
Art textile, suspension et imagination ....
Je réagis ici à une photo vue sur un site d'art textile très "branché" et sur un réseau social, Il s'agit une œuvre exposée en milieu art textile , je le précise.
Ou plus exactement aux commentaires qu'elle suscite, dans le même milieu.
L’œuvre en elle-même, je ne suis pas critique d'art et je l'ai pas vue en réalité, je noterai que c'est une de ces innombrables présentations en suspensions .... de matériaux divers ...la caution textile, comme toujours est le fil et la fibre -non tissées, mais enfin comme le souligne mon article l'art textile une ambiguité structurelle ..il faut s'habituer à ce manque de rigueur des étiquettes, par peur de passer pour ringard . Du moins si on mange de ces fibres-là ....tout cela ne me dérangerait pas si les artistes qui osent encore utiliser du tissu selon des techniques plus anciennes n'étaient pas reléguées sous l'étiquette" traditionnelles" quoi qu'elles fassent ! et si on leur donnait, à elles aussi un peu d'espace pour exposer en solo quand elles ont une oeuvre digne de ce nom à montrer .Las : on peut rêver . Le patchwork c'est souvent côté kits, modèles à reproduire et commerce. et c'est aussi trop souvent le fait de celles qui "font" du patchwork ...sans créer, mais le croyant.
Cette œuvre est étayée, évidemment , par une démarche". Je ne discuterai pas de la valeur artistique de telles œuvres.
J'ai quand même quelques lueurs en art contemporain et plus encore en art textile qui se veut "innovateur" depuis la fin des années 1990, où j'ai vu s'installer lesdites installations dans notre espace commun.
Je note aussi que l'artiste se définit comme "sculpteur" et non "artiste textile" et que nous sommes donc toujours dans le même glissement qui consiste à trouver géniale une œuvre en la sortant de sa catégorie . Si une sculpture qui n'est pas essentiellement "textile" et encore moins d'art du tissu devient le summum en matière d'innovation "textile" et d'art du tissu forcément, tout ce qui restera conforme au genre premier paraîtra obsolète ! On pose là un axiome ...
Si je déclare qu'une peinture c'est un "concept de sculpture plate et en 2D " , j’aurai sans doute du succès via le même procédé, à l'envers. Ou comment réinventer l'Amérique ..ou le fil à couper le beurre ... l'astuce, c'est de changer de rubrique.
Car enfin cette sculpture est exposée dans le cadre d'une manifestation d'art textile "novateur" dont les assemblages géométriques sont bannis . qu'on ne me dise pas le contraire : j'ai encore aux oreilles les "tout sauf du patchwork'" des personnes qui élisent les élues !!Revenons-en aux commentaires que suscite presque à chaque fois ce genre d'installation.
Certain(e) s soulignent la profonde "originalité" de l’œuvre.
Je reste tout de même un peu sceptique : Des suspensions en art , déjà ça ne date pas d'hier les seventies en ont vu fleurir un lot Tapez : suspensions art ou mobiles dans un moteur de recherche regardez les réalisations et les dates, Comparez, revenez à l’œuvre dont on vante la sublime originalité - quelle qu'elle soit - essayez de voir vraiment et après comparaison ce qu'elle apporte de vraiment nouveau et d'original et à l'art tout court et à l'art textile surtout .. honnêtement et sans préjugé favorable ou défavorable.
Ensuite on en reparle ! Et si possible au cas par cas . il y a des œuvres suspendues qui sont de petits miracles de délicatesse et de magie il y en qui ne sont faites visiblement que parce que "ça le fait" de' faire dans la suspension ! Je m'explique :
Calder l'inventeur des mobiles est né en 1898.... c'était pas hier tout de même ! On suspend beaucoup depuis (et sans doute avant !) , en art et en art textile - J'ai vu défiler un peu de tout suspendu : des capsules de bouteilles, des bouts de métal, de papier calque , de fibres diverses , de ferraille , des cailloux, du bois .. et evidemment même des étoffes .. . Tout cela, comme dans tout procédé artistique (suspendre en est un au même titre qu'assembler) avec des réussites plus ou moins patentes. Seulement exposé côté "art textile" cela a toujours l'aura de la merveilleuse "innovation" par rapport à un agencement de surface (mais le relief existe dans l'art textile depuis de vieilles lunes voir l'article précédent, au moins en bas-relief!) .
Ce qu'on nomme l'art du fil depuis les early 2000 a exploité à fond le créneau, du fil auquel on pend quelque chose .. je devrais dire le fil long....
Les premières suspensions que j'ai vues se revendiquant d'un "art textile novateur" -sic- datent de la fin des années 1990, possible qu'il y en ait eu avant surtout de l'autre côté de la Manche ou de l'Atlantique (chez nous innover égale importer sans le dire , si souvent !) . Nous sommes en 2015 .... donc nouveauté mais de quoi donc ? Originalité ? Sans doute si le procédé sert une véritable force créatrice . Comme tout autre procédé, ni plus, ni moins .
Me fait tiquer davantage encore le commentaire suivant que je reproduis :" ça, au moins, c'est de l'imagination créative.." ce qui sous entend que le reste -tout ce qui ne ressemble pas à ces installations new look-enfin déclarées telles!- n'en serait pas ...
On est dans ce mépris mille fois signalé, dans cette façon d' accaparer et le textile , et l'art et de plus l’imagination et la création.
Tout se passe comme si côté arts appliqués et décoratifs tout était issu de kits et de modèles reproduits et que les créations n'existaient que pour donner des idées à celles qui n'en ont pas (et se les approprient le plus souvent sans vergogne, puisqu'on n'arrive pas à faire comprendre que réaliser de ses mains un objet conçu par quelqu'un d'autre n'est pas créer ! )
Ce qui sera l'objet d'un autre article sur les ouvrages dits de dame ...
-
Les broderies en relief
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 02/03/2015
- Dans histoire et techniques de broderie
- 0 commentaire
Lisant dans un blog , à propos de l’exposition des broderies Shams à l' Aiguille en fête 2015 que ce serait une "invention" de la broderie en relief, j'ai envie de dire ce que j'ai appris au fil des ans sur les broderies reliefées et la broderie en relief.
IL va de soi que je suis preneuse de tout commentaire de personnes qui sur le sujet en sauraient plus que moi. Ou sauraient autre chose que j'ignore . Ce n'est pas trop difficile, je ne suis pas spécialiste en histoire de la broderie mais je possède des ouvrages de référence dont l'encyclopédie Autour du Fil entre autres ..
L'ouvrage en question précise fort justement que toute broderie par ajout de quelque chose sur un support est forcément "en relief" mais qu'on a coutume d'employer le terme lorsque les points sont posés sur un "renfort" : carton, bois, fils, feutre sont les plus couramment utilisés. Et ce depuis fort longtemps et dans diverses techniques .
On pourra aussi consulter ce site
J'élargirai pour ma part aux autres types de reliéf, jusqu'à ceux de la broderie contemporaine. Pour voir des réalisations dans le respect du droit (je n'ai pas le droit de publier des photos d'ouvrages qui ne sont pas les miens sans autorisation ...et le temps d'obtenir une réponse positive éventuelle !) le plus simple est de faire une recherche d'images en entrant le nom de la technique de broderie sur un moteur de recherche. J'avais préalablement mis cette recherche en lien mais ça ne fonctionne pas .
D'autre part et bien qu'ayant travaillé pour la revue Broderie d'art en tant que "créatrice -réalisatrice" -et non simple exécutante- , je m'estime en broderie "amateur éclairé" et non vraiment professionnelle , donc si un(e) pro passe par là et estime que je me trompe ( l'oeil :-) , qu'elle me le dise (ou peut compléter, rectifier ...
Faisons d'abord un sort aux dites broderies Shams qui sont certes magnifiques et d'un style de dessins, couleurs et matières particuliers mais le procédé qui consiste à rembourrer avec des fils de coton meilleur marché que la soie (ou l'or!) et de rebroder dessus ne date pas de l’avènement de ces broderies. On le trouve bien evidemment dans nos broderies d'or et de soie médiévales où il était un des procédés de "rehaussage" du motif. Le site de Mary Corbet que j'ai donné en lien précédemment montre comment l'artiste a restauré une broderie d'or médiévale et refait ce reliéfage ...
On peut constater que dans la broderie Haute-Couture du style François Lesage que j'ai un peu pratiquée (en amateur!) il existe un procédé de reliéfage sur coton retors tout à fait analogue. Donc l'invention n'est pas dans le relief , mais dans les résultats et le style de cette broderie particulière.
Le procédé existe dans d'autres broderies reliéfées par exemple dans la broderie dite Casalguidi on travaille sur un faisceau de brins de cotons qu'on recouvre ensuite de point de tige.
Lien vers un tutoriel de Casalguidi
On peut reliéfer tout simplement en superposant plusieurs épaisseurs de fils, ce qui se fait couramment en peinture à l'aiguille quand on veut donner du relief à un endroit. On peut voir des exemples sur ce lien ou en tapant peinture à l'aiguille ou shaded silk dans un moteur de recherche. Outre que le procédé d'ombrage en lui-même peut donner l'illusion d'un relief parfois d'un réalisme criant de vérité, en trompe-l'oeil .
On peut aussi et les brodeuses de blanc le savent bien, reliéfer en remplissant de petits points la surface à broder. Le point dit de plumetis un passé plat rembourré est réalisé ainsi .
Le relief peut d'ailleurs sans renfort être obtenu par le point lui-même et le fil employé, ainsi la broderie en relief dite brésilienne par exemple ou les points de poste et de cast on stich (une sorte de séries de mailles montées sur l'aiguille comme pour un tricot), de picot sont couramment employés.
lien vers un tutoriel de broderie brésilienne
Et puis il y a le célèbre stumpwork , chéri au Royaume-Uni, qui a connu un retour de faveur dans les années 2000, qui lui, utilise toutes sortes de moyens de reliéfage : des points tenant au support pour le départ mais traités en liberté pour le reste, des perles ou autres supports recouverts de points, des ajouts en trois dimensions brodés élément par elément... c'est tout un monde !On y trouve même des figures détachables en trois D , ce sont de véritables sculptures en broderies alliant le bas relief pour ce qui reste lié au fond et la ronde-bosse pour certaines figures détachables .
L'encyclopédie Autour du fil à la rubrique relief note que l' apogée du stumpwork date du XVII siècle, et qu'au XVIII on serait revenu, là, comme partout à plus de "simplicité" -relative.
lien vers un tutoriel entre mille autres....
Proche du stumpwork sont les broderies de l'australienne Helan Pierce dont je possède deux livres, j'ai réalisé ces feuilles perlées avec armature métallique non en suivant ses modèles, mais sa technique -ce qui pour moi est différent !-
Un des reliefages les plus connus (et à mon avis un des plus faciles à maîtriser ) c'est la broderie aux rubans de soie dite autrefois "rococo" , celle -ci est abondamment illustrée dans moult tutoriels, et sites. Le reliéfage, pour un effet naturel doit laisser assez de liberté au ruban et une bonne brodeuse arrive à le modeler de manière à lui donner un aspect naturel et vivant . Les fleurs que j'ai réalisées sur des modèles de Lesage sont faites sur ce principe pour beaucoup mais avec aussi ajouts de perles, de raphia etc ...On pourra citer l'artiste Die van Nierkerk
Ci dessous un jardin fait selon ses techniques mais encore une fois la création est personnelle, sur une photo de Michèle Lefebvre, que j'ai auparavant retravaillée en art numérique de manière à lui donner l'aspect d'une aquarelle.
Ce qui nous amène evidemment à la broderie de perles qui peut-être de perles pures sans rien d'autre, être sur un tissu uni ou associée à un imprimé , et aussi se mêler aux autres types de reliéfage par exemple le quilting ou matelassage.. Je citerai encore le Brodeur François Lesage , mais cette photo est une composition création personnelle en ruban de soies et perles sur écharpe, réalisée pour la revue Broderie d'art .
Il faut évidemment faire un sort au reliefage style "capiton" à savoir boutis, trapunto et..matelassage . Ce ne sont à proprement parler des broderies au sens de fixer quelque chose sur un support, mais ils s'y rattachent par l'emploi des points (le point devant ou avant , parfois de piqûre ou les piqûres machine en piqué libre) . A noter que le tissu dit "piqué" est une sorte d'imitation de ces matelassages.
Dans cette rubrique on peut ranger les trapuntos embellis de Martine House, qui sont à la fois broderie et rembourrage .Le livre existe encore aux éditions de SAXE .
qui m'ont inspiré cet ouvrage (toujours création personnelle d'après une technique "inventée" par une autre artiste )
Et bien sûr il faudrait ajouter les smocks, les manières de plisser et texturer les étoffes, tout ce qui dans l'art textile contemporain comporte de rajouts de matériaux divers (coquillages, mais aussi objets trouvés, épaisseurs de tissus superposées, mélanges de matières non textiles ( , d'inventions chimiques actuelles le célèbre tyvek -il m'est arrivé de le travailler- et autres moyens de reliéfer "modernes" qu n'ont plus grand chose à voir avec la définition stricte de la broderie en relief .... ni même parfois de la broderie tout court (et qui est souvent art de mixed media: peinture, plastique, papier, bois verre tout ça mêlé à un peu de fil et de tissu pour la caution textile et parfois-souvent!- pour le plaisir de nos yeux, mais avec hélas souvent aussi une sorte d'arrogance par rappport à l'imagination dans les œuvres fondées sur des techniques et matériaux plus anciens. Comme si l’imagination dépendait de la mode et de la nouveauté du matériau utilisé, de sa "modernité" ...
Je citerai sur ce sujet le livre de Maggie Grey Raising the surface with machine embroidery . Resterait aussi à aborder le feutrage qui naturellement rembourre et se rebrode .... On voit qu'on n'en aurait jamais fini !
Feutrage et broderie armée sur broderie anglaise dans ce tableau Coquelicot
-
l'art textile une nouveauté
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 01/10/2013
- 2 commentaires
Exceptionnellement, je mets ici en lien pour commentaires éventuels (l'espoir fait vivre!) mon dernier article de la rubrique Opinions.
-
mon livre
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 22/09/2013
- 0 commentaire
On n'est dit-on jamais si bien servi que par soi-même, dit-on surtout quand on est seule . Donc je me permets de signaler ..
-
Mille manières de créer
- Par FISCHER JACQUELINE
- Le 18/09/2013
- 2 commentaires
TItre: Mille Manières de créer
Auteur : Françoise-Tellier Loumagne
éditions de La Martinière 2010
Toutes celles qui ont approché l'art textile en ses mouvances actuelles ont entendu parler de l'auteur, professeur émérite et artiste reconnue. Je dirai même sans la connaître, rien qu'à l'avoir lue : artiste généreuse comme celle de l'article précédent mais différemment . J'espère qu'il ne paraîtra pas outrecuidant que la petite main que je suis se permette d'avoir une opinion sur le livre d'une grande , et grande à très juste titre. Les livres sont faits pour être lus et commentés et de plus la préface invite au débat.
Ce qui frappe d'abord dans ce livre, ce sont les photographies, points de départ de l'inspiration , comme dans Broderies du même auteur que je possède aussi. Le fil conducteur de ce livre est le thème des cailloux et d'image en image, de réflexion en réflexion on parcourt, en petit poucet, tout un cheminement de création vivante, débouchant sur des ouvrages qu'on peut "refaire".
Les photographies en elles-mêmes peuvent donner envie de prendre son appareil pour chercher des points de départ .. mais on explore aussi d'autres manières de se mettre en route. Il est noter que les tissus que l'artiste pourtant "sait" en experte , n'interviennent pas à ce niveau , mais ensuite. C'est pourquoi celles qui comme moi ont l'habitude de partir des étoffes pour ce faire auront du mal peut-être à entrer dans le mouvement inverse : de la réalité à la photo, de la photo à une réalisation qui vise au réalisme plastique ... mais se confronter à ce dont on n'a pas l'habitude fait partie des conseils judicieux de l'auteur.Il est impossible de recenser ici toutes les "ouvertures" . Je dirai qu'on propose des pîstes sous la forme : un chemin a toujours deux sens au moins.. et des bas côtés ! Mieux que de pistes donc des carrefours. Cela peut décontenancer les personnes qui ont l’habitude qu'on pense et décide pour elles et qui ont besoin d'une guidance qu'on dira autoritaire.
Ce livre est un livre qui se lit presque comme un traité de philosophie de la création et je crois qu'un artiste d'une autre discipline y trouverait tout autant son profit. Les conseils sont présentés à l'infinitif... c'est pédagogique, certes. un peu injonctif peut-être pour qui invite à trouver ses propres voix .. Exercice difficile qui consiste à guider sans enfermer ... j'aime bien les passages où l'auteur s'exprime à la première personne, ...même si nous sommes dans un pays où le "moi est haïssable ".
Pour les ouvrages proposés , il ne s'agit évidemment pas d'ouvrages conventionnels à reproduire ...quelques explications sont fournies , parfois détaillées, parfois plus succinctes, mais qu'on ne s'attende pas à des pas à pas" à l'américaine" où on vous tient la main à chaque étape et de ce fait, je crois sincèrement que si on veut vraiment refaire ce qui est proposé, il vaut mieux avoir des bases sérieuses en art textile : et un certain nombre de matériaux adéquats, surtout si on reste dans une perspective d'imitation ou d'adaptation.
C'est un peu ce qui me gêne dans ce livre où , si je suis éminemment d'accord avec presque toutes les phrases, les réflexions sur la création et les invites à s'y lancer , je trouve que ces exercices, si on les suit, mènent à l'exact contraire de ce qui est énoncé...puisqu'il s'agit de trouver ses propres voies. Comment trouver ses propres voies en refaisant la même chose que l'auteur de la même façon sauf à titre d'entraînement pratique ? J'entends par là : on n'a pas forcément envie de partir de photos de minéraux. Ce qui est fait sur les cailloux évidement peut s'appliquer à l'herbe ou au à tout autre élément naturel ou non de notre environnement, mais les ouvrages eux, alors seront difficilement faisables avec les mêmes techniques et si on doit trouver les siennes propres, alors ces exercices me semblent moins utiles.
C'est à ce niveau une façon de créer déclinée en mille facettes et variantes , plutôt que mille façons de créer puisque la source graphique est unique (la nature, les cailloux), ce qu'on peut observer réellement .. par exemple si on a des visions intérieures et qu'on part de ses rêves colorés , de ses émotions mises en abstractions, ou d'un texte poétique ...et non de la réalité tangible et observable, ou tout simplement des tissus, et de leurs motifs, c'est plus difficilement applicable.
Pourtant , dans ces mille facettes, il à peu près impossible de pas trouver une réflexion, une piste recoupant ses propres cheminements créatifs.
Je signalerai les développements sur la perfection aussi qui est entendue autrement que comme les points toujours égaux et sagement alignés , plutôt une sorte d'exigence par rapport à ce qu'on désire obtenir (sachant toutefois y renoncer ), ce qu'elle dit des erreurs qui sont des ouvertures , de la fantaisie , de la révolte contre les sempiternels thèmes des revues de loisirs créatifs, je ne puis qu'y adhérer de toute mon âme, si j'ose dire.
En résumé utile pour méditer, réfléchir sur ses propres pratiques , s'emplir les yeux de beauté, certaines réalisations coupent littéralement le souffle .. mais pas un livre à démarquer et copier, ce qui pour moi reste une qualité et non une critique et pas non plus un livre pour débutantes au niveau technique s'entend. En revanche j'en recommanderai la lecture à toute personne qui a envie de se précipiter dans un club de loisirs dits créatifs pour apprendre trop souvent (pas toujours !) ...à faire ce qui se fait parce qu'on a appris qu'il "fallait " faire comme ça.